đŸđđ Eat's business đđ·đ§ 2025-34
Bonjour Ă toutes et Ă tous, Eatâs Business est une newsletter dans laquelle vous trouverez une revue de presse de quelques articles sur le monde de lâalimentaire qui mâont semblĂ© intĂ©ressants dans la semaine prĂ©cĂ©dente.
Pour ceux qui veulent la version audio :
Pour ceux qui veulent la formule ristretto, les 3 articles que je vous conseille de lire en priorité cette semaine sont :
Le Monde, San Francisco porte plainte contre Nestlé, Coca-Cola et huit autres géants des aliments ultratransformés, 03/12/2025
Le Figaro, Produits clivants, difficiles à réchauffer ou odorants... Le pari de la haute gastronomie dans les avions, 28/11/2025
Financial Times, The food industry must face up to nature-related risk, 03/12/2025
Bonne lecture et bonne semaine Ă toutes et Ă tous!
Pour celles et ceux dâentre vous qui ont plus de temps pour la formule lungo :
Les Ăchos, « Il faut changer les habitudes de consommation » : la Fondation de la mer sâalarme de la surpĂȘche, 21/11/2025
La Fondation de la mer tire la sonnette dâalarme sur la surexploitation des ressources halieutiques mondiales. Dans une campagne rĂ©cente, elle appelle Ă une consommation de poisson plus responsable, dĂ©nonçant lâopacitĂ© du secteur et lâampleur de la pĂȘche illĂ©gale. Aujourdâhui, 35,5 % des stocks mondiaux sont surexploitĂ©s. La demande croissante, alimentĂ©e par des habitudes de consommation ancrĂ©es, pĂšse sur les Ă©cosystĂšmes. Sept pays, dont la Chine, lâIndonĂ©sie et le PĂ©rou, concentrent Ă eux seuls la moitiĂ© des captures mondiales. En Europe, la France se distingue par une consommation moyenne de 32 kg de poisson par habitant et par an, un chiffre bien supĂ©rieur Ă la moyenne mondiale.
Le thon, trĂšs prisĂ© pour les sushis et les plats prĂ©parĂ©s, est en voie dâĂ©puisement. La Fondation recommande de sortir du trio saumon-thon-crevettes et dâopter pour une consommation plus diversifiĂ©e, respectueuse des saisons et des cycles de reproduction des espĂšces. Une autre prĂ©occupation majeure est la traçabilitĂ©. Si les conserves doivent indiquer la zone de pĂȘche et le type dâengin utilisĂ©, les produits transformĂ©s Ă©chappent souvent Ă toute obligation dâĂ©tiquetage â 38 % ne mentionnent mĂȘme pas les espĂšces de poisson utilisĂ©es. Lâorganisation plaide donc pour une rĂ©glementation renforcĂ©e sur lâĂ©tiquetage des produits transformĂ©s.
Autre enjeu : la pĂȘche illĂ©gale, qui reprĂ©senterait entre 20 et 30 % des captures mondiales, soit jusquâĂ 26 millions de tonnes par an. Ce trafic, lâun des plus lucratifs aprĂšs ceux du bois et des minerais, exploite aussi les travailleurs, parfois rĂ©duits Ă lâesclavage. La Fondation prĂ©conise le recours aux nouvelles technologies pour surveiller les flottes, une meilleure coopĂ©ration internationale et des sanctions dissuasives.
Enfin, malgrĂ© les critiques de certaines ONG, le label MSC reste une rĂ©fĂ©rence utile pour les consommateurs. Des outils comme Mister Good Fish ou Poiscaille facilitent Ă©galement les achats responsables. Lâobjectif global : instaurer des habitudes de consommation plus durables afin de prĂ©server les ressources marines pour les gĂ©nĂ©rations futures.
Les Ăchos, Petits prix, snacking et beautĂ© bio : Naturalia accĂ©lĂšre sa mue, 02/12/2025
Naturalia, enseigne spĂ©cialisĂ©e dans le bio, enregistre une croissance significative, avec une hausse de 8,4 % de son chiffre dâaffaires sur les neuf premiers mois de 2025, portĂ©e notamment par son nouveau concept de magasin « La Ferme » et la progression de son site e-commerce. Le modĂšle « La Ferme », inspirĂ© dâune halle de marchĂ©, sĂ©duit les clients avec ses stands de produits frais, de dĂ©gustation et une ambiance conviviale. Les magasins qui ont adoptĂ© ce format ont vu leur chiffre dâaffaires progresser de 21 % au premier semestre.
Lâenseigne prĂ©voit une extension de ce modĂšle Ă 70 % de ses magasins dâici 2030, soit 150 points de vente sur les 214 actuels. Le dĂ©veloppement par la franchise sera Ă©galement renforcĂ©, avec une part qui devrait passer de 30 % Ă 50 % du parc. Naturalia sâappuie sur un investissement moyen de 100 000 euros par magasin pour cette transformation, avec un retour rapide sur investissement.
Trois axes stratĂ©giques soutiennent cette croissance. Le premier est le snacking bio, en pleine expansion. Dans les neuf magasins pilotes, un corner snacking a gĂ©nĂ©rĂ© une hausse de 60 % du chiffre dâaffaires sur cette catĂ©gorie. Naturalia vise une contribution de 25 % du chiffre dâaffaires global via ce segment dâici 2030. Le deuxiĂšme levier concerne lâoffre beautĂ© et bien-ĂȘtre, segment historiquement dĂ©clinant mais relancĂ© via un repositionnement plus clair, des formats compacts, des marques tendances (corĂ©ennes notamment) et une approche plus pĂ©dagogique. Le test dans les magasins pilotes sâest rĂ©vĂ©lĂ© concluant, avec une croissance de 8 %.
Enfin, la politique de prix attractifs est un Ă©lĂ©ment fort de diffĂ©renciation. Plus de la moitiĂ© des rĂ©fĂ©rences sont proposĂ©es Ă moins de 5 euros, et lâenseigne multiplie les promotions sur les fruits et lĂ©gumes. Ces actions permettent de dĂ©cupler les volumes vendus. Naturalia projette Ă©galement dâexporter ses marques propres dans dâautres enseignes du groupe Casino, comme Spar et Sherpa, pour accroĂźtre sa visibilitĂ© et toucher une clientĂšle plus large.
Avec cette stratégie agile et axée sur la proximité, Naturalia renforce sa position dans le bio, tout en adaptant son offre aux nouvelles attentes des consommateurs.
Le Monde, Pourquoi tous les supermarchés Auchan sont remplacés par des Intermarchés, 26/11/2025
Auchan Retail a annoncĂ© une dĂ©cision majeure : le basculement de lâensemble de ses 261 supermarchĂ©s français sous les enseignes IntermarchĂ© et Netto, appartenant au groupement Les Mousquetaires. Cette stratĂ©gie vise Ă sortir des difficultĂ©s structurelles du groupe nordiste, recentrer ses activitĂ©s sur ses hypermarchĂ©s et ses drives, et sâappuyer sur la dynamique du groupement indĂ©pendant. Une nouvelle entitĂ© juridique, créée par Auchan, exploitera les magasins en franchise pour une durĂ©e initiale de dix ans, tout en conservant leur chiffre dâaffaires dans les comptes du groupe.
LâopĂ©ration, qui inclut potentiellement aussi les 33 magasins franchisĂ©s actuels, concerne 11 400 salariĂ©s et 3,3 milliards dâeuros de chiffre dâaffaires. Elle pourrait aboutir dâici fin 2026, sous rĂ©serve dâautorisations, notamment de lâAutoritĂ© de la concurrence. Ce changement marque un tournant dans la grande distribution française, avec un transfert potentiel de deux points de part de marchĂ© au bĂ©nĂ©fice dâIntermarchĂ©, permettant Ă ce dernier de se rapprocher de Carrefour et de distancer la CoopĂ©rative U.
Pour Les Mousquetaires, cette acquisition indirecte Ă©largit leur parc sans alourdir les charges dâexploitation, tout en renforçant leur logistique (Agromousquetaires) et leur force de frappe auprĂšs des industriels. CĂŽtĂ© Auchan, cette transition sâinscrit dans un vaste plan de redressement initiĂ© en 2024 : fermetures de magasins et entrepĂŽts dĂ©ficitaires, recentrage des formats, et suppression de plus de 2 000 postes â un plan social invalidĂ© par la justice mais toujours en appel.
Cette dĂ©cision choque les syndicats, qui dĂ©noncent lâabsence de concertation et craignent la perte des acquis sociaux et de stabilitĂ© pour les salariĂ©s. Des magasins Auchan se retrouvent parfois proches de points de vente IntermarchĂ© existants, accentuant lâinquiĂ©tude sur dâĂ©ventuelles suppressions de postes.
Plus largement, cette opĂ©ration illustre lâessor des enseignes indĂ©pendantes (Leclerc, IntermarchĂ©, U), qui captent aujourdâhui 55 % du marchĂ© grĂące Ă leur agilitĂ© et Ă un modĂšle adaptĂ© Ă une consommation plus locale. Auchan, en difficultĂ© malgrĂ© un soutien financier de sa maison mĂšre ELO et de ses banques, tente donc un pari audacieux pour se relancer.
Les Ăchos, Comment les caviars français et europĂ©ens se dĂ©fendent face Ă la dĂ©ferlante chinoise, 01/12/2025
Face Ă la domination croissante de la Chine sur le marchĂ© mondial du caviar â avec plus de 450 tonnes produites sur 750 au total â, les producteurs français et europĂ©ens tentent de dĂ©fendre leur spĂ©cificitĂ© en misant sur la qualitĂ©, la traçabilitĂ© et lâunion stratĂ©gique. La rĂ©cente obtention de lâIndication GĂ©ographique ProtĂ©gĂ©e (IGP) « Caviar dâAquitaine », obtenue dĂ©but 2025 aprĂšs douze annĂ©es dâefforts, marque une Ă©tape dĂ©cisive. Ce label concerne quatre producteurs français (Kaviar, LâEsturgeonniĂšre, Caviar de France et Prunier Manufacture), reprĂ©sentant environ 20 tonnes sur les 50 produites en France. Il permet de valoriser le terroir local, lâeau de qualitĂ© et les mĂ©thodes dâĂ©levage contrĂŽlĂ©es.
Laurent Dulau, prĂ©sident de lâassociation Caviar dâAquitaine et directeur gĂ©nĂ©ral du groupe Kaviar, insiste sur lâimportance du « meroir », Ă©quivalent aquatique du terroir viticole. Lâaccent est mis sur une production sans antibiotiques et sur une traçabilitĂ© irrĂ©prochable, Ă©lĂ©ments clĂ©s dans un marchĂ© Ă©clatĂ© et soumis Ă une forte concurrence. Lâenjeu est dâautant plus stratĂ©gique que la demande reste fluctuante, mĂȘme si la consommation mondiale progresse (ventes en hausse de 12 %, production de 15 %), provoquant des tensions sur les prix.
En parallĂšle, des alliances europĂ©ennes se forment pour Ă©largir lâoffre. Caviar de Neuvic, par exemple, sâest associĂ© Ă trois producteurs dâEurope de lâEst et du Sud (Bulgarie, Italie, Espagne) pour proposer de nouvelles espĂšces comme le beluga, le naccari ou le sevruga. Ce partenariat permet un Ă©change de savoir-faire, une mutualisation des ressources commerciales et techniques, et une rĂ©ponse coordonnĂ©e Ă la pression chinoise. Lâobjectif est aussi de rivaliser avec les importateurs et nĂ©gociants qui Ă©coulent massivement du caviar chinois en Europe, souvent Ă prix bas.
Dans un contexte de fĂȘtes de fin dâannĂ©e crucial pour les ventes, les producteurs espĂšrent que lâIGP et les efforts collectifs permettront de faire valoir les valeurs dâauthenticitĂ©, de qualitĂ© et de durabilitĂ© du caviar français et europĂ©en auprĂšs des chefs, des distributeurs et du grand public.
Les Ăchos, Quand la truite fumĂ©e bĂ©nĂ©ficie du rĂ©chauffement climatique pour concurrencer le saumon, 01/12/2025
Longtemps relĂ©guĂ©e au second plan par rapport au saumon fumĂ©, la truite fumĂ©e revient en force dans les rayons des grandes surfaces françaises, notamment grĂące aux effets inattendus du rĂ©chauffement climatique. Habituellement en retrait Ă NoĂ«l en raison de sa disponibilitĂ© limitĂ©e en hiver, elle fait cette annĂ©e lâobjet de nombreuses promotions, une premiĂšre depuis sept ans selon Xavier Boutillot, directeur commercial dâAqualande (marques Ovive et Landvika). En effet, les eaux plus chaudes favorisent la croissance hivernale des truites, augmentant ainsi les volumes disponibles pour le fumage.
Les ventes de truite fumĂ©e ont progressĂ© de 17 % cette annĂ©e, contre une hausse globale de 5,5 % sur le segment des salmonidĂ©s fumĂ©s. En dix ans, la truite est passĂ©e de 10 % Ă 33 % du marchĂ©. Ce succĂšs sâexplique aussi par ses avantages concurrentiels : elle est majoritairement dâorigine française (Ă 75 %), deux fois moins grasse que le saumon fumĂ© et 15 Ă 20 % moins chĂšre. Elle sĂ©duit donc les consommateurs en quĂȘte de produits plus accessibles et locaux.
Cependant, cette croissance rapide crĂ©e des tensions sur les approvisionnements. Le poisson reprĂ©sente environ deux tiers du coĂ»t total de production, et la truite reste tributaire de la pisciculture nationale, oĂč aucune nouvelle installation nâa Ă©tĂ© autorisĂ©e depuis 1973. Ce manque de capacitĂ© freine la structuration du marchĂ© et limite lâexpansion.
Par ailleurs, le contexte gĂ©opolitique (notamment la guerre en Ukraine) a entraĂźnĂ© une flambĂ©e des prix du saumon sur les marchĂ©s internationaux. Cette pression a favorisĂ© lâĂ©mergence de marques premiers prix sur la truite, dĂ©jĂ prĂ©sentes sur le saumon. Ces marques venues dâEurope de lâEst font craindre aux acteurs français une guerre des prix susceptible de nuire Ă toute la filiĂšre, en dĂ©truisant la valeur ajoutĂ©e.
La dynamique actuelle pousse toutefois les industriels Ă innover : nouveaux formats, nouvelles recettes et saveurs. Pour des fĂȘtes de fin dâannĂ©e marquĂ©es par lâinflation, la truite fumĂ©e apparaĂźt comme une alternative crĂ©dible et qualitative, capable de sâimposer face au saumon sur le long terme.
Le Monde, San Francisco porte plainte contre Nestlé, Coca-Cola et huit autres géants des aliments ultratransformés, 03/12/2025
La ville de San Francisco a intentĂ© une action en justice inĂ©dite contre dix gĂ©ants de lâagroalimentaire, dont NestlĂ©, Mars, Coca-Cola, PepsiCo ou encore Kellogg, les accusant dâavoir contribuĂ© Ă une « crise de santĂ© publique » Ă travers la fabrication et la commercialisation dâaliments ultratransformĂ©s. Cette plainte, menĂ©e par le procureur David Chiu, leur reproche dâavoir gĂ©nĂ©rĂ© une Ă©pidĂ©mie dâobĂ©sitĂ©, de diabĂšte, de maladies cardiovasculaires et de cancers, tout en tirant profit de pratiques marketing jugĂ©es trompeuses.
Selon la ville, les produits ultratransformĂ©s reprĂ©sentent plus de 70 % de lâoffre des supermarchĂ©s amĂ©ricains et plus de la moitiĂ© de lâalimentation quotidienne des citoyens. PrĂšs de 40 % des AmĂ©ricains souffrent dâobĂ©sitĂ©, et 16 % sont diabĂ©tiques, ce qui pĂšse lourdement sur les finances publiques locales. Le recours juridique vise Ă obtenir des indemnisations pour compenser les coĂ»ts engendrĂ©s par cette crise sanitaire.
La plainte Ă©voque des mĂ©thodes comparables Ă celles de lâindustrie du tabac, en matiĂšre de publicitĂ© et de dĂ©sinformation : ces entreprises auraient dĂ©libĂ©rĂ©ment dissimulĂ© les effets nocifs de leurs produits, malgrĂ© des connaissances internes sur leur caractĂšre addictif. La Consumer Brands Association, qui reprĂ©sente plusieurs des entreprises visĂ©es, conteste lâaction. Elle insiste sur lâabsence de consensus scientifique autour de la dĂ©finition des aliments ultratransformĂ©s, et critique lâapproche « diabolisante » adoptĂ©e par la municipalitĂ©.
Historiquement, ces produits sont issus des recherches menĂ©es pour nourrir les troupes amĂ©ricaines pendant les guerres mondiales, avant dâinonder les rayons des supermarchĂ©s. Aujourdâhui, leur nocivitĂ© est de plus en plus dĂ©noncĂ©e, y compris par des figures politiques de tous bords. Le ministre de la SantĂ© Robert Kennedy Jr., pourtant controversĂ©, milite activement contre la malbouffe.
Cette action en justice pourrait faire date et ouvrir la voie Ă dâautres procĂ©dures similaires, dans un pays oĂč la malnutrition et ses consĂ©quences constituent un enjeu de santĂ© majeur. Elle marque aussi un tournant dans la responsabilisation des industriels sur les effets sanitaires de leurs produits.
Le Monde, Les traitements antiobésité font le succÚs du Babybel aux Etats-Unis, 03/12/2025
Le Mini Babybel connaĂźt un succĂšs retentissant aux Ătats-Unis, au point de devenir un produit phare du snacking sain, particuliĂšrement prisĂ© dans le sillage de la vague des traitements antiobĂ©sitĂ© comme les mĂ©dicaments GLP-1 (type Ozempic). Ces traitements, qui rĂ©duisent lâappĂ©tit, poussent les consommateurs amĂ©ricains Ă privilĂ©gier des en-cas salĂ©s, riches en protĂ©ines et perçus comme plus Ă©quilibrĂ©s. Câest dans ce contexte que Babybel tire son Ă©pingle du jeu.
Avec 20 000 tonnes vendues chaque annĂ©e outre-Atlantique, contre seulement 8 000 en France, les Ătats-Unis sont dĂ©sormais le premier marchĂ© de Babybel. La marque y enregistre une croissance annuelle de 12 %, un rythme supĂ©rieur Ă la moyenne mondiale (+6 %). Ce dynamisme incite Bel Ă investir 60 millions dâeuros dans une seconde ligne de production Ă son usine de SablĂ©-sur-Sarthe, en France, opĂ©rationnelle dĂšs lâĂ©tĂ© 2026, et Ă envisager une extension de son site amĂ©ricain de Brookings (Dakota du Sud) en 2027.
MalgrĂ© les droits de douane de 15 % sur les importations europĂ©ennes, le site historique dâĂvron (Mayenne), premier centre mondial de production (29 000 tonnes), continue dâapprovisionner en partie le marchĂ© amĂ©ricain. Ce contexte pousse Bel Ă optimiser sa logistique tout en anticipant les futures rĂ©glementations environnementales. Dans ce sens, lâentreprise a lancĂ© le projet « Origami » pour remplacer progressivement lâemballage en cellophane par un papier recyclable, dâici 2027 Ă lâĂ©chelle mondiale, sans compromettre ni la cadence de production (14 portions/minute) ni lâexpĂ©rience consommateur.
Lâentreprise adapte aussi son offre aux attentes nutritionnelles du marchĂ© amĂ©ricain. Elle vient de lancer une version « hyperprotĂ©inĂ©e » de Babybel, enrichie de 20 % de protĂ©ines, identifiable par un emballage noir et blanc. Un pack double portion promettant 10 g de protĂ©ines est aussi commercialisĂ©, ciblant les adeptes de produits protĂ©inĂ©s sous traitement GLP-1. Le taux de matiĂšres grasses, plus Ă©levĂ© quâen France (jusquâĂ 50 %), nâest pas un frein Ă la consommation dans ce segment.
CĂŽtĂ© marketing, Bel ne mĂ©nage pas ses efforts. Un partenariat avec lâĂ©quipe NBA des Chicago Bulls illustre la stratĂ©gie de positionnement sportif et adulte de la marque aux Ătats-Unis, oĂč Babybel se dĂ©cline dĂ©sormais en versions aromatisĂ©es typiquement locales comme mozzarella ou Monterey Jack. Contrairement Ă la France oĂč il reste associĂ© aux enfants, Babybel sâadresse dĂ©sormais prioritairement aux adultes sur le marchĂ© nord-amĂ©ricain.
Bel affiche de grandes ambitions pour Babybel. Lâobjectif est clair : faire de la marque une marque « milliardaire » dans les 4 Ă 5 ans, câest-Ă -dire atteignant un chiffre dâaffaires avoisinant le milliard dâeuros, grĂące Ă une expansion internationale accĂ©lĂ©rĂ©e, portĂ©e par les Ă©volutions des modes de consommation et les nouveaux rĂ©gimes alimentaires liĂ©s Ă la santĂ©.
Le Figaro, Pùté-croûte : le Français Thibault Gonzales sacré champion du monde, 03/12/2025
Thibault Gonzales, artisan charcutier et gĂ©rant de lâEspace Gourmand Ă Thuir (PyrĂ©nĂ©es-Orientales), a remportĂ© le titre de champion du monde de pĂątĂ©-croĂ»te lors de la 16á” Ă©dition du concours organisĂ© Ă Lyon. Avec son « PĂątĂ©-CroĂ»te façon Vannier », Ă©laborĂ© Ă base de poitrine de porc basque, de magret de foie gras de canard des Landes et de ris de veau, il a Ă©galement dĂ©crochĂ© le Prix de la ConfrĂ©rie. Cette double distinction est une premiĂšre dans lâhistoire du championnat, selon les organisateurs.
Le jury, composĂ© de chefs et de professionnels de la gastronomie, a saluĂ© lâĂ©quilibre du plat, son accessibilitĂ© gustative et la qualitĂ© de ses matiĂšres premiĂšres. Gonzales a dĂ©clarĂ© vouloir proposer un pĂątĂ© « Ă la portĂ©e de tout le monde », associant croquant et fondant, avec une attention particuliĂšre portĂ©e aux ingrĂ©dients locaux.
Cette victoire est dâautant plus symbolique quâelle vient interrompre une sĂ©rie de triomphes japonais. Ces derniĂšres annĂ©es, les chefs nippons se sont souvent imposĂ©s par leur maĂźtrise technique et leur crĂ©ativitĂ©, proposant des compositions audacieuses Ă base de yuzu ou de cognac. La rivalitĂ© franco-japonaise dans ce concours est bien ancrĂ©e, et la victoire française est accueillie avec enthousiasme par les organisateurs, qui soulignent lâengagement familial et artisanal de lâĂ©tablissement laurĂ©at.
Le deuxiĂšme prix est revenu Ă Jonathan Dudek, chef Ă la charcuterie Arnaud Nicolas Ă Paris, dĂ©jĂ champion de France en 2025. Ce palmarĂšs illustre la vitalitĂ© de la charcuterie gastronomique française, dans une discipline qui exige Ă la fois rigueur technique, sens du goĂ»t et crĂ©ativitĂ©. LâĂ©vĂ©nement tĂ©moigne aussi dâun regain dâintĂ©rĂȘt pour les produits de terroir et le savoir-faire charcutier, dans un contexte oĂč lâartisanat de bouche est de plus en plus valorisĂ©.
Le Figaro, Produits clivants, difficiles à réchauffer ou odorants... Le pari de la haute gastronomie dans les avions, 28/11/2025
Servir des plats gastronomiques Ă 10 000 mĂštres dâaltitude est un dĂ©fi de taille que relĂšvent des chefs Ă©toilĂ©s aux cĂŽtĂ©s de compagnies comme Air France ou Luxair. Des figures prestigieuses telles quâAnne-Sophie Pic, Daniel Boulud ou Dominique Crenn travaillent avec Servair pour concevoir des plats adaptĂ©s aux contraintes du vol : rĂ©chauffage, dressage, sĂ©curitĂ©, mais aussi perception du goĂ»t altĂ©rĂ©e par la pressurisation.
Les menus haut de gamme se multiplient en classes PremiÚre et Business, avec des plats élaborés selon des cycles saisonniers, intégrant des ingrédients français et durables. Air France, par exemple, sert 20 000 repas en PremiÚre et 2 millions en Business chaque année. Pour rester lisibles en bouche malgré la baisse de sensibilité gustative en vol, les plats sont plus intensément assaisonnés : curry corsé, ail noir, vanille fumée, etc.
Les contraintes sont multiples : éviter les produits trop odorants (chou-fleur), difficiles à réchauffer (brocoli), ou clivants (gibier). Le dressage, réalisé à bord, doit rester impeccable, malgré les aléas du transport. Des pùtissiers renommés comme Yann Couvreur, Nina Métayer ou Claire Heitzler sont aussi impliqués. Couvreur, par exemple, a conçu des entremets aux textures multiples, en travaillant le praliné, la noisette, le caramel ou le chocolat, sans excÚs de sucre.
Sur Luxair, BenoĂźt Potdevin a adaptĂ© ses recettes signatures en jouant sur lâaciditĂ© ou la rĂ©duction des sauces, tout en respectant la saisonnalitĂ©. Lâobjectif est de transformer le repas en vol en vĂ©ritable moment de plaisir, voire de rĂ©confort, face au stress du voyage. Les chefs participent Ă toutes les Ă©tapes : sourcing, tests, ajustements, logistique.
Avec cette stratĂ©gie, les compagnies cherchent Ă se dĂ©marquer sur un critĂšre dâexcellence gastronomique, devenu un argument commercial fort, en particulier auprĂšs des voyageurs dâaffaires et des passagers premium exigeants.
Le phĂ©nomĂšne du dĂźner prĂ©coce, Ă 18 heures, fait une percĂ©e dans certains restaurants parisiens, portĂ© par des influences anglo-saxonnes, scandinaves ou asiatiques. Dâabord marginal, il sĂ©duit dĂ©sormais une clientĂšle variĂ©e : touristes, jeunes actifs, Ă©tudiants, familles avec enfants et expatriĂ©s. Ă Paris, plusieurs Ă©tablissements sâadaptent, comme le restaurant de ramens Ramen Wagaya, la pizzeria Oobatz ou encore la brasserie Lazare dâĂric Frechon. Ouverts dĂšs la fin dâaprĂšs-midi, ces lieux proposent une alternative Ă lâhoraire classique du dĂźner français situĂ© entre 20h et 21h.
Ce changement, encore minoritaire, rĂ©pond Ă diverses motivations : Ă©viter lâattente, profiter de la soirĂ©e aprĂšs le repas, gĂ©rer la fatigue ou les enfants, ou encore respecter des habitudes alimentaires issues dâautres cultures. CĂŽtĂ© restaurateurs, ouvrir plus tĂŽt permet dâĂ©largir la plage horaire de service, dâoptimiser les capacitĂ©s dâaccueil et de satisfaire une clientĂšle internationale habituĂ©e Ă dĂźner plus tĂŽt. Certains Ă©tablissements rĂ©alisent mĂȘme un demi-service supplĂ©mentaire grĂące Ă cette organisation.
Des chefs prestigieux comme Jean-François PiĂšge ou Ăric Frechon ont intĂ©grĂ© ces horaires Ă leur offre, pour mieux accueillir les touristes Ă©trangers et fluidifier les flux en cuisine. De son cĂŽtĂ©, Carrie Solomon, chef amĂ©ricaine Ă la tĂȘte du restaurant Chez Carrie, remarque un engouement croissant pour des rĂ©servations dĂšs 18h30, mĂȘme en dehors des pĂ©riodes touristiques.
Selon Jean-Pierre Poulain, sociologue de lâalimentation, cette mutation sâinscrit dans une Ă©volution historique des rythmes alimentaires, influencĂ©e par la mondialisation, la flexibilitĂ© du travail et les mĂ©dias. Le modĂšle français nâest plus aussi dominant quâauparavant, et les nouvelles pratiques sâancrent progressivement dans les mĂ©tropoles.
Enfin, des arguments de santĂ© viennent conforter cette tendance : dâaprĂšs la nutritionniste Aline Victor, dĂźner tĂŽt favorise une meilleure digestion, amĂ©liore le sommeil et rĂ©duit certains risques cardio-vasculaires. Si lâon nâobserve pas encore de bascule gĂ©nĂ©ralisĂ©e des Français vers un dĂźner anticipĂ©, plusieurs signaux faibles suggĂšrent que cette pratique pourrait sâinstaller durablement dans le paysage gastronomique urbain, Ă lâinterface entre mondialisation culinaire, santĂ© et modes de vie contemporains.
Fooddive, GLP-1 users to make up 35% of food and beverage sales by 2030: report, 25/11/2025
Lâessor des mĂ©dicaments amaigrissants de type GLP-1, tels quâOzempic et Wegovy, est en train de transformer en profondeur le comportement des consommateurs et dâinduire un changement structurel dans lâindustrie agroalimentaire. Selon un rapport de Circana, dâici 2030, les mĂ©nages comprenant un utilisateur de GLP-1 reprĂ©senteront 35 % des unitĂ©s vendues dans le secteur alimentaire et des boissons aux Ătats-Unis. Actuellement, environ 23 % des foyers sont concernĂ©s.
Ces mĂ©dicaments, Ă lâorigine destinĂ©s au traitement du diabĂšte de type 2, sont dĂ©sormais largement utilisĂ©s pour la perte de poids. Ils agissent principalement en supprimant lâappĂ©tit, ce qui pousse les utilisateurs Ă privilĂ©gier des produits riches en protĂ©ines, fibres, Ă©nergie ou hydratation, tout en Ă©vitant les aliments riches en sucres et glucides comme les sodas ou chips.
Cette nouvelle donne reprĂ©sente un tournant stratĂ©gique pour les entreprises de biens de grande consommation (CPG). Des marques comme Conagra, Danone ou encore Nissin ont dĂ©jĂ adaptĂ© leurs gammes pour rĂ©pondre aux attentes de ces consommateurs en quĂȘte de produits compatibles avec leurs objectifs de santĂ©. MĂȘme si ces mĂ©nages achĂštent en plus faible quantitĂ©, leur panier moyen reste plus Ă©levĂ© que celui des non-utilisateurs. Une Ă©tude de lâADM indique que 80 % de ces consommateurs sont prĂȘts Ă payer davantage pour des produits dotĂ©s de bĂ©nĂ©fices nutritionnels, et que 67 % considĂšrent les attributs âGLP-1 friendlyâ comme des critĂšres dâachat importants.
Le rapport souligne Ă©galement une dynamique cyclique : bien que certains arrĂȘtent temporairement les traitements, une majoritĂ© reprend le mĂ©dicament pour limiter les fringales. Environ 65 % des ex-utilisateurs envisagent de recommencer. Pour ces profils, lâindustrie doit proposer des produits Ă haute satiĂ©tĂ©, favorisant la prolongation des habitudes alimentaires saines, mĂȘme hors traitement.
Enfin, prĂšs de la moitiĂ© des anciens utilisateurs dĂ©clarent vouloir recourir Ă nouveau aux GLP-1 Ă lâavenir, ce qui souligne lâimportance pour les marques dâadapter leur offre et leur marketing Ă un public en constante Ă©volution. La clĂ© de leur succĂšs futur rĂ©side dans une comprĂ©hension fine de ce nouveau paradigme nutritionnel et comportemental.
Inc, How Glen Powellâs Smash Kitchen Is Turning Condiments Into Stars, 02/12/2025
LancĂ©e en avril 2025 par lâacteur Glen Powell (Top Gun: Maverick) et les entrepreneurs Sameer Mehta et Sean Kane, la marque californienne Smash Kitchen sâimpose comme un nouveau venu ambitieux sur le marchĂ© des condiments. En seulement six mois de prĂ©sence dans les rayons de Walmart, lâentreprise a gĂ©nĂ©rĂ© 10 millions de dollars de chiffre dâaffaires, grĂące Ă une promesse simple mais puissante : proposer des sauces et huiles de cuisson bio, sans OGM, additifs ni sirops de maĂŻs, Ă des prix accessibles.
Le succĂšs rapide de la marque repose sur un trio complĂ©mentaire : Mehta, ancien cadre de Casper et cofondateur de Jinx (alimentation pour chiens) ; Kane, cofondateur de The Honest Company avec Jessica Alba ; et Powell, fort de ses 2,8 millions de followers Instagram et de son image saine. Leur ambition dĂ©passe les Ă©tagĂšres de Walmart : Smash Kitchenvise les cantines scolaires, les aĂ©roports, les restaurants, ainsi que les stades comme le Crypto.com Arena Ă Los Angeles ou le Leviâs Stadium Ă San Francisco.
Le positionnement de la marque sâinscrit dans un contexte favorable. Les consommateurs amĂ©ricains sont de plus en plus mĂ©fiants envers les produits ultra-transformĂ©s, en particulier depuis la montĂ©e du mouvement « Make America Healthy Again » portĂ© par Robert F. Kennedy Jr. La dĂ©fiance envers les grandes marques alimentaires traditionnelles a atteint des niveaux records aprĂšs lâĂ©lection de 2024, favorisant lâessor de marques comme Smash Kitchen, perçues comme plus authentiques.
Lâun des atouts majeurs de la marque est son prix : toutes les sauces sont proposĂ©es Ă moins de 5 dollars, au mĂȘme niveau que les gĂ©ants du secteur comme Heinz ou Hellmannâs. Cet Ă©quilibre entre goĂ»t, qualitĂ© et prix a convaincu le fonds Collaborative Fund, dĂ©jĂ investisseur dans Olipop ou Sweetgreen, de financer les tours dâamorçage et de sĂ©rie A.
Si les marques soutenues par des cĂ©lĂ©britĂ©s peinent souvent Ă fidĂ©liser, Smash Kitchen semble dĂ©jouer les pronostics, grĂące Ă une distribution stratĂ©gique, une exĂ©cution solide et une image cohĂ©rente. Pour 2026, les cofondateurs visent la rentabilitĂ© et la pĂ©rennitĂ© du modĂšle, avec un objectif clair : faire vivre la marque indĂ©pendamment de la notoriĂ©tĂ© de Powell, en lâancrant durablement dans le quotidien des consommateurs amĂ©ricains.
Fast Company, People love this companyâs automatic espresso machines. Can these new accessories make it an everything coffee brand?,
Terra Kaffe, marque spĂ©cialisĂ©e dans les machines Ă espresso automatiques haut de gamme, ambitionne dĂ©sormais de devenir une rĂ©fĂ©rence globale de lâunivers cafĂ© Ă domicile. Connue pour sa machine phare TK-02, vendue Ă un prix premium, lâentreprise Ă©largit son offre avec des accessoires complĂ©mentaires soigneusement conçus. Lâobjectif : crĂ©er un vĂ©ritable Ă©cosystĂšme de produits cafĂ© alliant design moderne et expĂ©rience intuitive.
La premiĂšre Ă©tape de cette diversification a Ă©tĂ© le lancement de Demi, une version compacte et plus abordable de la TK-02 (Ă 795 $), adaptĂ©e aux petits espaces. En 2026, Terra Kaffe dĂ©ploiera une nouvelle gamme dâaccessoires : un mousseur Ă lait Aero (capable de prĂ©parer aussi du matcha), une verrerie Ă double paroi, des gobelets de voyage, un infuseur de cold brew rapide, un bac Ă glaçons conçu pour ses verres, ainsi quâune carafe Ă cafĂ© filtre. Tous ces produits sâinscrivent dans une esthĂ©tique gĂ©omĂ©trique inspirĂ©e du Bauhaus, fidĂšle Ă lâADN visuel de la marque.
Le mousseur Aero vient combler une limite du modĂšle Demi : son incapacitĂ© Ă prĂ©parer des boissons lactĂ©es. En plus de mousser le lait, il peut fouetter le matcha avec une prĂ©cision automatisĂ©e. Le design et la fonctionnalitĂ© sont au cĆur de chaque objet, souligne le fondateur Sahand Dilmaghani, fils dâarchitectes et passionnĂ© de design industriel. Les matĂ©riaux, les proportions, les sensations au toucher sont pensĂ©s dans les moindres dĂ©tails pour Ă©voquer chaleur, minimalisme et modernitĂ©.
Terra Kaffe se dĂ©marque Ă©galement par son innovation technique. Le futur cold brew maker, par exemple, promet de rĂ©duire un processus traditionnel de 18 Ă 24 heures Ă quelques minutes seulement, en accĂ©lĂ©rant naturellement lâextraction grĂące Ă un systĂšme de rotation.
GrĂące Ă cette expansion, la marque cherche Ă sĂ©duire au-delĂ des amateurs dâespresso, et Ă offrir une expĂ©rience complĂšte Ă domicile, du cafĂ© filtre au matcha, en passant par les boissons froides. Terra Kaffe veut devenir une marque lifestyle Ă part entiĂšre, oĂč chaque accessoire renforce lâunitĂ© de lâexpĂ©rience.
Avec une forte cohĂ©rence visuelle et fonctionnelle, la stratĂ©gie de Terra Kaffe tĂ©moigne dâune volontĂ© de se positionner comme un acteur de long terme dans le segment haut de gamme de lâĂ©quipement cafĂ© domestique, tout en maintenant une touche dâaccessibilitĂ© et dâĂ©lĂ©gance dans chaque dĂ©tail.
Vinepair, What Have We Done to Matcha?, 02/12/2025
Le matcha connaĂźt une explosion de popularitĂ© sans prĂ©cĂ©dent, mais cette ferveur soulĂšve des questions sur la durabilitĂ©, la qualitĂ© et la fidĂ©litĂ© culturelle autour de cet ingrĂ©dient emblĂ©matique japonais. Longtemps associĂ© Ă la mĂ©ditation et Ă lâart de vivre zen, le matcha est dĂ©sormais omniprĂ©sent dans des produits parfois dĂ©routants : dĂ©odorants, pĂątisseries colorĂ©es, lattes infusĂ©s au collagĂšne, donuts, cocktails et mĂȘme hummus. Dans les cafĂ©s branchĂ©s de New York, Los Angeles ou Portland, il sâest imposĂ© comme symbole dâun mode de vie Ă la fois esthĂ©tique, apaisant et instagrammable.
Cette ascension fulgurante, propulsĂ©e par TikTok et le culte du âcalme concentrĂ©â, a fait exploser la demande mondiale, notamment aux Ătats-Unis oĂč les ventes ont bondi de 86 % en trois ans. Certaines chaĂźnes comme Blank Street ont supprimĂ© toute mention de âcoffeeâ pour mieux capitaliser sur cette tendance verte. Toutefois, ce succĂšs planĂ©taire cache une rĂ©alitĂ© plus complexe.
La production de matcha reste profondĂ©ment artisanale : seules les feuilles les plus jeunes de Camellia sinensis, cultivĂ©es Ă lâombre, sont rĂ©coltĂ©es Ă la main et broyĂ©es Ă la pierre selon une mĂ©thode inchangĂ©e depuis neuf siĂšcles. Ce processus dĂ©licat limite les volumes. RĂ©sultat : la flambĂ©e de la demande dĂ©passe dĂ©sormais largement lâoffre, provoquant une envolĂ©e des prix (jusquâĂ cinq fois en deux ans pour certaines rĂ©coltes) et une prolifĂ©ration de faux produits ou de mĂ©langes douteux vendus sous le nom de matcha.
La pression sâaccroĂźt aussi sur les producteurs japonais, confrontĂ©s Ă des dĂ©fis climatiques inĂ©dits (gel soudain, chaleur excessive, orages destructeurs) et Ă une crise dĂ©mographique majeure : lâĂąge moyen des cultivateurs dĂ©passe 69 ans, avec peu de relĂšve. Les efforts de revalorisation locale, soutenus par des marques comme Kettl Ă Brooklyn, sâaccompagnent dâune volontĂ© de reconnecter les consommateurs au terroir, Ă la saisonnalitĂ© et aux artisans derriĂšre la poudre verte.
Mais pour beaucoup, le matcha est devenu une âvibeâ plus quâun rituel. La chef japonaise-amĂ©ricaine Candice Kumai alerte sur le risque dâeffacement culturel dans un monde oĂč les plus bruyants sur les rĂ©seaux sociaux sont rarement les plus qualifiĂ©s. NĂ©anmoins, certains voient dans cette âmatchamaniaâ une porte dâentrĂ©e vers les valeurs profondes du chadĆ, la voie du thĂ© : harmonie, respect, tranquillitĂ©.
Le dĂ©fi de demain ? PrĂ©server la qualitĂ©, lâorigine et le sens de cette tradition millĂ©naire tout en rĂ©pondant Ă une demande globale qui, elle, ne faiblit pas.
Financial Times, The food industry must face up to nature-related risk, 03/12/2025
Dans une tribune engagĂ©e, Dave Lewis, ancien PDG de Tesco et futur dirigeant de Diageo, alerte sur lâaveuglement persistant des conseils dâadministration de lâagroalimentaire face aux risques climatiques et Ă©cologiques. Si les entreprises sont habituĂ©es Ă anticiper les menaces financiĂšres, concurrentielles ou logistiques, elles intĂšgrent encore trop rarement les dĂ©rĂšglements climatiques et lâĂ©rosion de la biodiversitĂ© comme des facteurs de risques immĂ©diats â alors mĂȘme que la stabilitĂ© de la chaĂźne alimentaire repose sur la santĂ© des sols, des saisons rĂ©guliĂšres et un climat modĂ©rĂ©.
Fort de son expĂ©rience chez Tesco, Lewis souligne que la dĂ©pendance au vivant a longtemps Ă©tĂ© ignorĂ©e. Pourtant, sans ressources naturelles fonctionnelles, le systĂšme alimentaire vacille. En quittant la distribution, il sâest engagĂ© aux cĂŽtĂ©s du WWF, pilotant le Retailersâ Commitment for Nature, une initiative rĂ©unissant sept grandes enseignes britanniques, visant Ă rĂ©duire de 50 % lâimpact environnemental des paniers dâachat dâici 2030. Mais Ă moins de cinq ans de lâĂ©chĂ©ance, les rĂ©sultats sont dĂ©cevants. Le dernier rapport du WWF indique que les dix plus grandes enseignes du Royaume-Uni â reprĂ©sentant 90 % du marchĂ© â sont loin des objectifs fixĂ©s.
Les signes dâalerte sont pourtant clairs : volatilitĂ© accrue des prix sur des denrĂ©es importĂ©es comme le cafĂ© ou le chocolat, pĂ©nuries agricoles liĂ©es aux sĂ©cheresses (comme celle qui a provoquĂ© la deuxiĂšme pire rĂ©colte au Royaume-Uni cette annĂ©e), augmentation des risques de rupture de chaĂźnes dâapprovisionnement. Un mĂ©mo anonyme dâindustriels Ă©voque mĂȘme « une menace sur la sĂ©curitĂ© alimentaire sans prĂ©cĂ©dent ».
Lewis dĂ©plore que, malgrĂ© ces signaux, les changements structurels ne suivent pas. Des initiatives existent, mais elles restent marginales, sans montĂ©e Ă lâĂ©chelle ni intĂ©gration stratĂ©gique. Il appelle les conseils dâadministration Ă intĂ©grer les risques liĂ©s Ă la nature et au climat dans la gouvernance, via des reportings prĂ©cis, des analyses dâimpact, des ressources allouĂ©es Ă la transition, et une reconfiguration des modĂšles Ă©conomiques autour de la rĂ©silience.
Les impacts sur les marchĂ©s financiers sont Ă©galement tangibles : selon le National Bureau of Economic Research, les entreprises exposĂ©es Ă la perte de biodiversitĂ© sous-performent en bourse par rapport Ă leurs concurrentes mieux protĂ©gĂ©es. Cela confirme que le facteur environnemental nâest plus seulement une affaire Ă©thique, mais un enjeu Ă©conomique central.
La conclusion est sans appel : si lâon ne peut plus cultiver, que restera-t-il Ă vendre ? Le secteur agroalimentaire doit impĂ©rativement Ă©voluer vers un modĂšle rĂ©gĂ©nĂ©ratif, rĂ©silient et durable, car la stabilitĂ© climatique actuelle pourrait bien ĂȘtre la plus douce de notre existence.
Câest tout pour aujourdâhui.
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A la semaine prochaine!
O. Frey
















