đŸđđ Eat's business đđ·đ§ 2025-34
Bonjour Ă toutes et Ă tous, Eatâs Business est une newsletter dans laquelle vous trouverez une revue de presse de quelques articles sur le monde de lâalimentaire qui mâont semblĂ© intĂ©ressants dans la semaine prĂ©cĂ©dente.
Pour ceux qui veulent la version audio :
Pour ceux qui veulent la formule ristretto, les 3 articles que je vous conseille de lire en priorité cette semaine sont :
LâUsine Nouvelle, Mercosur : Le BrĂ©sil, ce gĂ©ant qui a toujours plus dâappĂ©tit pour nourrir le monde, 14/11/2025
Les Ăchos, Fromages, foie gras⊠ces crises sanitaires qui ont jouĂ© un mauvais tour Ă la balance commerciale de la France, 19/11/2025
Wall Street Journal, Sauerkraut, Kimchi andâŠGut Nuts? Fermented Foods Are Having a Moment, 11/11/2025
Bonne lecture et bonne semaine Ă toutes et Ă tous!
Pour celles et ceux dâentre vous qui ont plus de temps pour la formule lungo :
Le Figaro, CĂ©sar Troisgros, cuisinier de lâannĂ©e 2026 pour le Gault&Millau, 17/11/2025
Le guide Gault&Millau a nommĂ© CĂ©sar Troisgros « Cuisinier de lâannĂ©e 2026 », consacrant un chef dont la carriĂšre sâinscrit dans lâhĂ©ritage dâune dynastie gastronomique tout en marquant une Ă©volution notable dans lâidentitĂ© de la Maison Troisgros. InstallĂ© Ă Ouches, dans la Loire, lâĂ©tablissement familial demeure lâune des grandes rĂ©fĂ©rences de la haute cuisine française, mais lâarticle souligne comment CĂ©sar, dĂ©sormais en premiĂšre ligne, y impose progressivement une vision personnelle. Sa cuisine se caractĂ©rise par une approche plus vĂ©gĂ©tale, une recherche dâĂ©quilibre et une mise en valeur des produits locaux, dans un registre plus Ă©purĂ© que celui de ses prĂ©dĂ©cesseurs.
La collaboration entre Michel et CĂ©sar apparaĂźt comme une transition harmonieuse, oĂč le pĂšre, garant dâun patrimoine culinaire reconnu, accompagne lâascension du fils tout en lui laissant une grande libertĂ© crĂ©ative. Cette complĂ©mentaritĂ© Ă©vite la rupture gĂ©nĂ©rationnelle et permet Ă la maison de conserver son identitĂ© tout en sâadaptant aux attentes actuelles : davantage de sobriĂ©tĂ©, une attention accrue Ă la durabilitĂ© et une sensibilitĂ© plus marquĂ©e aux influences internationales.
Le reportage met Ă©galement en lumiĂšre la dimension symbolique de cette rĂ©compense. Ă lâheure oĂč les guides culinaires cherchent Ă reflĂ©ter une scĂšne gastronomique plus diversifiĂ©e et ouverte, la nomination de CĂ©sar Troisgros incarne une forme de renouvellement au sein des grandes institutions. Le chef reprĂ©sente une gĂ©nĂ©ration qui conjugue excellence technique et simplicitĂ© apparente, sans renoncer Ă lâexigence historique de la maison.
Ce prix renforce aussi la position de la Maison Troisgros dans un secteur oĂč la concurrence sâintensifie et oĂč le public se montre plus attentif Ă lâauthenticitĂ©. Il confirme la capacitĂ© de lâĂ©tablissement Ă se rĂ©inventer, alors que les repas gastronomiques doivent dĂ©sormais convaincre par leur sens plutĂŽt que par leur seule virtuositĂ©. Enfin, lâarticle suggĂšre que cette distinction pourrait Ă©tendre encore le rayonnement de la maison Ă lâinternational, tout en ouvrant une nouvelle Ă©tape dans lâhistoire de cette famille emblĂ©matique.
Le Figaro, «à Singapour, il pousse partout» : le pandan, cette plante verte dâAsie du Sud-Est qui sĂ©duit les gastronomes, 13/11/2025
Lâarticle dresse un portrait dĂ©taillĂ© du pandan, plante aromatique largement utilisĂ©e en Asie du Sud-Est et devenue emblĂ©matique de la cuisine singapourienne. ApprĂ©ciĂ©e pour son parfum mĂȘlant notes de vanille, de jasmin et dâamande, cette herbe est omniprĂ©sente dans la vie quotidienne : desserts, boissons, bouillons, pains, currys⊠Sa polyvalence en fait un ingrĂ©dient clĂ© de la culture culinaire locale.
Ă Singapour, le pandan est Ă la fois un produit du quotidien et un vecteur de crĂ©ativitĂ© pour les chefs. Plusieurs restaurateurs et pĂątissiers citĂ©s dans lâarticle expliquent comment ils rĂ©interprĂštent cet ingrĂ©dient traditionnel dans des recettes modernes. Le pandan est ainsi dĂ©clinĂ© en glaces, entremets, cocktails ou viennoiseries. Cette capacitĂ© Ă circuler entre street food, pĂątisserie premium et gastronomie Ă©toilĂ©e tĂ©moigne de son importance culturelle.
Lâarticle met en avant sa dimension identitaire : le pandan incarne un lien entre les diffĂ©rentes communautĂ©s qui composent Singapour â chinoise, malaise, indienne â et sert de point dâancrage Ă une cuisine mĂ©tissĂ©e. Les familles lâutilisent depuis des gĂ©nĂ©rations, et son parfum est associĂ© Ă une forme de mĂ©moire culinaire.
Son succĂšs dĂ©passe dĂ©sormais les frontiĂšres rĂ©gionales. Les exportations progressent et les chefs occidentaux sây intĂ©ressent de plus en plus, notamment en Europe et aux Ătats-Unis, oĂč lâon voit Ă©merger des desserts au pandan dans des restaurants asiatiques contemporains. Cet engouement sâinscrit dans un mouvement plus large de valorisation des ingrĂ©dients tropicaux.
Lâarticle souligne cependant que le pandan reste un produit dĂ©licat Ă travailler. Il est rarement vendu prĂȘt Ă lâemploi : pour exprimer son arĂŽme, il faut souvent en extraire manuellement le jus Ă partir des feuilles fraĂźches. Les versions industrielles, moins aromatiques, ne restituent pas toujours la complexitĂ© du produit traditionnel.
En conclusion, le pandan apparaĂźt comme un symbole de la scĂšne culinaire singapourienne : un ingrĂ©dient modeste devenu emblĂšme gastronomique. Sa popularitĂ© croissante illustre la maniĂšre dont la cuisine dâAsie du Sud-Est influence progressivement les tables du monde, tout en mettant en lumiĂšre la capacitĂ© de Singapour Ă se positionner comme un laboratoire de tendances culinaires.
Libération, «Libre, engagé, hors cadre» : le Fooding, 25 ans de choix culinaires qui ont changé la gastronomie, 17/11/2025
Lâarticle retrace les 25 ans du Fooding et sâattache Ă mesurer son impact sur la cuisine française contemporaine. Créé Ă la fin des annĂ©es 1990 pour rompre avec les codes jugĂ©s Ă©litistes et figĂ©s de la gastronomie traditionnelle, le Fooding a imposĂ© une nouvelle maniĂšre dâĂ©valuer les restaurants, basĂ©e sur le dynamisme, la crĂ©ativitĂ© et lâaccessibilitĂ© plutĂŽt que sur les critĂšres classiques des grands guides.
Le reportage revient sur lâesprit originel du mouvement : dĂ©fendre le « goĂ»t de lâĂ©poque », valoriser des chefs jeunes ou autodidactes, encourager les lieux hybrides mĂȘlant influences internationales, street food et cuisine bistronomique. Le Fooding a ainsi contribuĂ© Ă faire Ă©merger une gĂ©nĂ©ration de restaurateurs qui proposaient une cuisine plus libre, souvent moins coĂ»teuse, plus proche du quotidien des urbains.
Lâarticle met en avant plusieurs Ă©volutions majeures attribuĂ©es au Fooding : la dĂ©dramatisation de la gastronomie, la reconnaissance de cuisines mĂ©tissĂ©es autrefois marginalisĂ©es, lâessor des restaurants conviviaux plutĂŽt que formels, ou encore une nouvelle attention portĂ©e Ă lâambiance, Ă la playlist et Ă lâexpĂ©rience globale du repas. Le guide a Ă©galement jouĂ© un rĂŽle dans la mise en lumiĂšre des engagements sociaux et environnementaux de certains chefs, anticipant des prĂ©occupations aujourdâhui centrales.
Bien que parfois critiquĂ© pour son ton dĂ©calĂ© ou son positionnement marketing, le Fooding demeure un acteur structurant du paysage culinaire. Lâarticle souligne que le guide a su influencer jusquâaux institutions quâil voulait bousculer : les guides traditionnels, dont Michelin (qui a fini par racheter Le Fooding), ont eux aussi intĂ©grĂ© davantage de diversitĂ©, de cuisines du monde et de jeunes adresses dans leurs sĂ©lections.
Pour ses 25 ans, le Fooding apparaĂźt comme un mouvement arrivĂ© Ă maturitĂ©, dont lâinfluence dĂ©passe largement la simple recommandation de restaurants. Il a contribuĂ© Ă faire de la gastronomie un reflet de la sociĂ©tĂ©, plus inclusif et plus reprĂ©sentatif des mutations culturelles. Lâarticle conclut en rappelant que, face Ă une scĂšne culinaire toujours en transformation, le Fooding continue de dĂ©fendre une vision vivante, mobile et dĂ©sacralisĂ©e du goĂ»t, fidĂšle Ă son ambition premiĂšre : capturer lâĂ©poque Ă travers ses assiettes.
LibĂ©ration, Danone, Charal, Bel : les arriĂšre-cuisines des gĂ©ants de lâagro-industrie pour vendre leurs produits protĂ©inĂ©s, 14/11/2025
Lâarticle analyse la stratĂ©gie des grandes entreprises agroalimentaires pour sâimposer sur le marchĂ© en forte croissance des produits riches en protĂ©ines. Danone, Charal et Bel cherchent Ă rĂ©pondre Ă une demande accrue du public pour des produits perçus comme plus nutritifs, Ă©nergisants ou adaptĂ©s Ă un mode de vie actif. Ce marchĂ© attire aussi lâattention des marques face au recul de certaines catĂ©gories traditionnelles ou Ă la concurrence grandissante des alternatives vĂ©gĂ©tales.
Le reportage dĂ©voile les mĂ©canismes de communication utilisĂ©s pour promouvoir ces produits, notamment Ă travers des partenariats avec des influenceurs dont la parole est jugĂ©e crĂ©dible par les consommateurs. Jessie InchauspĂ©, alias « Glucose Goddess », figure trĂšs suivie sur les rĂ©seaux sociaux, est citĂ©e comme exemple dâune influenceuse sollicitĂ©e pour valoriser les qualitĂ©s nutritionnelles de certains produits laitiers. Ces collaborations permettent aux marques de bĂ©nĂ©ficier dâun discours pseudo-scientifique susceptible de lĂ©gitimer leurs messages.
Les industriels investissent Ă©galement dans des opĂ©rations dâinfluence plus institutionnelles. Charal organise rĂ©guliĂšrement des rencontres et des tables rondes pour promouvoir les bienfaits des protĂ©ines animales, en sâappuyant sur des chercheurs ou nutritionnistes prĂ©sentĂ©s comme indĂ©pendants. Lâarticle montre cependant que ces intervenants sont souvent rĂ©munĂ©rĂ©s, ce qui soulĂšve des interrogations sur la transparence des liens dâintĂ©rĂȘts.
Lâarticle insiste sur la dualitĂ© du marchĂ© : dâun cĂŽtĂ©, une demande forte pour plus de protĂ©ines ; de lâautre, une dĂ©fiance croissante envers lâultra-transformation et les discours de santĂ© associĂ©s au marketing. Les groupes doivent ainsi composer avec une opinion publique sensible aux enjeux environnementaux et Ă la qualitĂ© nutritionnelle rĂ©elle des produits.
Le texte examine Ă©galement la maniĂšre dont la viande tente de rĂ©sister Ă la montĂ©e des alternatives vĂ©gĂ©tales. Les initiatives de communication de Charal sont dĂ©crites comme des tentatives de recentrer le dĂ©bat sur la valeur nutritionnelle des protĂ©ines animales, en sâopposant implicitement aux substituts industriels.
Au final, lâarticle met en lumiĂšre une guerre dâinfluence dans laquelle les entreprises cherchent Ă orienter la perception du public autour de la notion de « bonne protĂ©ine ». Il souligne la nĂ©cessitĂ© dâune meilleure transparence et dâune distinction claire entre communication scientifique et marketing, dans un contexte oĂč lâalimentation devient un enjeu de rĂ©putation autant que de consommation.
Libération, Cuisiner avec les enfants, «ça les fait grandir et ça les rend autonomes, 14/11/2025
Lâarticle explore les bĂ©nĂ©fices Ă©ducatifs, sensoriels et affectifs associĂ©s Ă la pratique culinaire chez les enfants, en sâappuyant sur les tĂ©moignages de chefs, de parents et de professionnels. Contrairement Ă lâidĂ©e rĂ©pandue que la cuisine pourrait ĂȘtre trop complexe ou dangereuse pour les plus jeunes, plusieurs intervenants expliquent quâelle constitue au contraire un terrain dâapprentissage particuliĂšrement riche. Les enfants montrent en effet une grande curiositĂ© pour les aliments, les textures et les gestes culinaires, souvent avec un enthousiasme supĂ©rieur Ă celui des adultes.
La cheffe Julia Sedefdjian insiste sur lâimportance de ne pas chercher la perfection technique lorsquâon cuisine avec un enfant. Les gestes approximatifs, les morceaux de lĂ©gumes inĂ©gaux ou les prĂ©parations lĂ©gĂšrement dĂ©tournĂ©es du rĂ©sultat attendu font partie intĂ©grante du processus. Lâenjeu est moins dâobtenir un plat impeccable que de permettre Ă lâenfant de manipuler, dâobserver et de comprendre. Selon elle, lorsquâon confie une mission prĂ©cise Ă un enfant, celui-ci se concentre, sâimplique et gagne en autonomie.
Lâarticle montre Ă©galement que la cuisine renforce la confiance en soi. De nombreux parents tĂ©moignent que leurs enfants se sentent valorisĂ©s lorsquâils contribuent au repas familial, quâil sâagisse de prĂ©parer un gĂąteau, dâassaisonner une salade ou de surveiller une cuisson simple. Cette participation crĂ©e une dynamique positive et renforce le sentiment de responsabilitĂ©.
Au-delĂ des aspects pratiques, la cuisine sert de support Ă la transmission culturelle et familiale. Les enfants apprennent Ă reconnaĂźtre les produits, Ă comprendre la saisonnalitĂ© et Ă dĂ©velopper un rapport plus sain et moins anxieux Ă lâalimentation. Ils sont aussi plus enclins Ă goĂ»ter des plats variĂ©s lorsquâils participent Ă leur Ă©laboration.
Lâarticle souligne enfin que cuisiner ensemble favorise la crĂ©ativitĂ© et encourage les Ă©changes intergĂ©nĂ©rationnels. Cette activitĂ© devient un espace dâexpĂ©rimentation oĂč lâenfant peut adapter une recette, proposer des idĂ©es ou dĂ©couvrir des techniques simples. Dans un quotidien souvent rythmĂ© par la rapiditĂ© et lâefficacitĂ©, la cuisine apparaĂźt comme un moment de ralentissement utile, permettant de construire une relation plus apaisĂ©e Ă la nourriture. Lâarticle conclut que cuisiner avec les enfants constitue une pratique formatrice, enrichissante et accessible, contribuant Ă dĂ©velopper autonomie et plaisir de faire.
LâUsine Nouvelle, Mercosur : Le BrĂ©sil, ce gĂ©ant qui a toujours plus dâappĂ©tit pour nourrir le monde, 14/11/2025
Lâarticle propose une immersion dans les rĂ©gions agricoles du BrĂ©sil pour analyser les dynamiques qui font du pays lâun des principaux moteurs de lâagroalimentaire mondial. PremiĂšre puissance exportatrice pour de nombreuses commoditĂ©s â soja, sucre, cafĂ©, jus dâorange, bĆuf, poulet, coton â, la nation consolide annĂ©e aprĂšs annĂ©e un modĂšle fondĂ© sur lâampleur de ses surfaces cultivables, la compĂ©titivitĂ© de ses exploitations et une stratĂ©gie assumĂ©e dâinternationalisation. Le reportage suit notamment le trajet dâun camion chargĂ© vers le port de Santos, symbole des flux colossaux qui irriguent la filiĂšre exportatrice. Dans lâĂtat de SĂŁo Paulo, rĂ©gion pivot pour lâagriculture et la transformation agroalimentaire, la productivitĂ© sâimpose comme un objectif cardinal.
Sur le terrain, les exploitants dĂ©crivent un systĂšme exigeant mais performant, portĂ© par un climat permettant plusieurs rĂ©coltes annuelles et par des investissements constants dans les technologies agricoles. Le soja, culture reine, illustre cette dynamique : largement tournĂ© vers la Chine, son dĂ©bouchĂ© principal, il devrait connaĂźtre une croissance continue dans les prochaines annĂ©es. Les industriels anticipent mĂȘme un doublement des broyages grĂące Ă la progression des agrocarburants. Plus largement, les projections Ă lâhorizon 2035 annoncent une augmentation sensible de la production de bĆuf, de poulet et de maĂŻs, confirmant la place centrale du pays dans lâalimentation mondiale.
Lâarticle montre Ă©galement lâintĂ©rĂȘt accru des grandes multinationales, attirĂ©es par le potentiel du marchĂ© brĂ©silien. NestlĂ© prĂ©voit plus dâun milliard dâeuros dâinvestissements pour moderniser et Ă©tendre ses capacitĂ©s de production locales, notamment dans le cafĂ© et le chocolat en poudre. Dâautres groupes, comme Tereos ou Louis Dreyfus, renforcent eux aussi leur prĂ©sence via de nouveaux sites ou centres logistiques.
Toutefois, cette expansion nâest pas sans controverse. LâUnion europĂ©enne, et en particulier la France, maintient une position critique vis-Ă -vis du Mercosur, notamment en raison des prĂ©occupations environnementales. La rĂ©glementation europĂ©enne contre la dĂ©forestation importĂ©e est perçue au BrĂ©sil comme un frein injuste Ă ses exportations. Sur place, les acteurs insistent sur les progrĂšs rĂ©alisĂ©s en matiĂšre de pratiques agricoles, comme le zĂ©ro labour ou le stockage de carbone dans les sols, tout en reconnaissant la place dominante des pesticides.
Lâarticle conclut que le BrĂ©sil, portĂ© par une stratĂ©gie politique stable et une compĂ©titivitĂ© agricole unique, continuera dâaccroĂźtre son influence dans les Ă©changes agroalimentaires mondiaux, indĂ©pendamment des hĂ©sitations europĂ©ennes.
Les Ăchos, Fromages, foie gras⊠ces crises sanitaires qui ont jouĂ© un mauvais tour Ă la balance commerciale de la France, 19/11/2025
Lâarticle analyse lâimpact des Ă©pizooties successives â grippe aviaire, maladie hĂ©morragique Ă©pizootique (MHE), fiĂšvre catarrhale ovine (FCO) et dermatose nodulaire contagieuse (DNC) â sur les exportations françaises de produits animaux et la balance commerciale. Ces crises, qui fragilisent durablement lâĂ©levage, entraĂźnent des restrictions imposĂ©es par plusieurs pays importateurs, provoquant une chute notable des ventes de certains produits emblĂ©matiques comme le foie gras ou les fromages au lait cru.
Le secteur du foie gras illustre lâampleur de ces consĂ©quences. Le Japon, qui reprĂ©sentait 15 % des exportations françaises en 2015, a suspendu toute importation depuis fin 2023, au dĂ©but de la campagne de vaccination des canards. Cette dĂ©cision a portĂ© un coup sĂ©vĂšre Ă une filiĂšre dĂ©jĂ fragilisĂ©e par les abattages massifs liĂ©s Ă la grippe aviaire.
Les fromages au lait cru, dont le comté, le roquefort ou le rocamadour, sont également touchés. Plusieurs pays, dont le Canada et le Royaume-Uni, ont fermé leur marché à ces produits aprÚs les alertes liées à la DNC dans les deux Savoie, région fortement productrice. Chaque année, plus de 18 000 tonnes de fromages au lait cru sont exportées, et les restrictions représentent une perte coûteuse pour les filiÚres concernées.
Lâarticle rapporte les inquiĂ©tudes du Conseil national des appellations dâorigine laitiĂšres (CNAOL), qui alerte sur une possible disparition du lait cru si aucun plan de sauvegarde nâest mis en place. Les Ă©leveurs doivent composer avec des coĂ»ts sanitaires Ă©levĂ©s, une intensification des mesures de prĂ©caution et des pertes importantes liĂ©es Ă la destruction de lots.
MalgrĂ© les campagnes de vaccination, les difficultĂ©s persistent, car certains pays refusent dâimporter des animaux ou produits issus dâanimaux vaccinĂ©s. LâItalie et lâEspagne maintiennent par exemple un blocage sur les bovins vaccinĂ©s contre la DNC.
Enfin, les autorités vétérinaires françaises mÚnent un travail diplomatique pour convaincre les partenaires commerciaux de la sécurité sanitaire des produits. Certaines avancées sont observées, notamment la réouverture partielle de marchés autrefois fermés aux volailles françaises.
Lâarticle conclut que la rĂ©pĂ©tition des crises sanitaires fragilise durablement la compĂ©titivitĂ© des filiĂšres animales françaises et que leur avenir dĂ©pendra de la capacitĂ© Ă restaurer la confiance internationale grĂące Ă des protocoles sanitaires reconnus et une communication renforcĂ©e.
Les Ăchos, Le plan dâattaque de Picard pour gagner un million « dâaficionados », 17/11/2025
Lâarticle analyse la stratĂ©gie mise en place par Picard pour Ă©largir significativement sa base de clientĂšle fidĂšle, avec un objectif ambitieux dâun million de nouveaux adeptes. Lâenseigne, leader français du surgelĂ©, profite de la pĂ©riode festive â qui reprĂ©sente prĂšs dâun quart de son chiffre dâaffaires annuel â pour dĂ©ployer une offre renforcĂ©e, comprenant environ 150 produits spĂ©cialement conçus pour les fĂȘtes. Ces innovations, qui sâinscrivent dans lâADN culinaire crĂ©atif de la marque, doivent sĂ©duire une clientĂšle Ă la recherche de praticitĂ© mais aussi de produits qualitatifs.
Sous la direction de CĂ©cile Guillou, arrivĂ©e en 2023, Picard cherche Ă moderniser son image tout en maintenant son positionnement fondĂ© sur la simplicitĂ© dâusage, la maĂźtrise des recettes et la fiabilitĂ© de lâoffre. La directrice gĂ©nĂ©rale doit Ă©galement composer avec une croissance ralentie, dans un contexte de reflux de lâinflation. Le chiffre dâaffaires de lâentreprise nâa progressĂ© que de 1,2 % sur lâexercice 2024-2025, malgrĂ© lâouverture de 40 magasins.
Lâarticle souligne que la poursuite du dĂ©veloppement du rĂ©seau reste une prioritĂ©. Lâenseigne prĂ©voit dâintensifier les ouvertures, notamment via la franchise, afin de consolider sa prĂ©sence sur le territoire. Cette stratĂ©gie sâaccompagne dâune rĂ©flexion plus large sur le modĂšle Ă©conomique, Picard devant gĂ©rer une dette importante hĂ©ritĂ©e du rachat via LBO. Une normalisation des coĂ»ts de lâĂ©nergie lui a permis de dĂ©gager de nouvelles marges de manĆuvre.
Lâinternational constitue un autre axe majeur. Bien que la prĂ©sence de Picard en dehors de la France reste limitĂ©e, lâentreprise multiplie les partenariats avec de grandes enseignes Ă©trangĂšres, telles que Ahold Delhaize aux Pays-Bas, Ocado en Grande-Bretagne et AEON en Asie. Lâobjectif est dâaccroĂźtre la visibilitĂ© de la marque dans les rayons surgelĂ©s de marchĂ©s porteurs et de dĂ©velopper un canal de croissance complĂ©mentaire.
Lâarticle conclut que la stratĂ©gie de Picard repose sur une combinaison dâinnovation culinaire, dâexpansion du rĂ©seau et de dĂ©veloppement international. Lâobjectif du million dâ« aficionados » se fonde sur lâidĂ©e que la marque peut renforcer son attractivitĂ© en consolidant son identitĂ© tout en adaptant son modĂšle Ă un marchĂ© en mutation, oĂč le surgelĂ© gagne en lĂ©gitimitĂ© et en diversitĂ©.
Les Ăchos, Vico joue la carte France sur un marchĂ© du snacking trĂšs disputĂ©, 13/11/2025
Lâarticle analyse la stratĂ©gie de Vico, marque historique du snacking salĂ©, qui cĂ©lĂšbre ses 70 ans dans un marchĂ© en forte croissance mais marquĂ© par une concurrence accrue. DeuxiĂšme acteur du segment des chips et produits apĂ©ritifs en France, la marque sâappuie sur un ancrage national fort et sur une diversification continue de son offre pour attirer les consommateurs. Lâarticle rappelle que Vico profite de lâessor du rituel de lâapĂ©ritif, devenu un moment clĂ© de sociabilitĂ©, notamment chez les 25-34 ans. Le marchĂ©, qui pĂšse prĂšs de 3 milliards dâeuros annuels, est en progression rĂ©guliĂšre, ce qui ouvre des opportunitĂ©s pour les marques les plus dynamiques.
Vico, propriĂ©tĂ© du groupe europĂ©en Intersnack, a Ă©largi sa gamme bien au-delĂ de ses chips originelles. Curly, Monster Munch, les mĂ©langes ApĂ©rifruits ou la gamme Naturâ&Bon permettent Ă la marque de couvrir tous les segments, des produits les plus gourmands aux options perçues comme plus saines. Lâentreprise mise aussi sur la crĂ©ativitĂ© gustative, avec des innovations inspirĂ©es des cuisines du monde. Lâexemple de la gamme Vico Street Food illustre cette stratĂ©gie dâinnovation, qui vise Ă sĂ©duire un public jeune par des saveurs originales et « dĂ©paysantes ».
Lâarticle met en avant lâimportance du modĂšle dâapprovisionnement, fondĂ© sur des filiĂšres locales. Vico travaille avec environ 45 agriculteurs dans les Hauts-de-France, parfois depuis trois gĂ©nĂ©rations. Cette relation de long terme permet dâassurer traçabilitĂ©, qualitĂ© et sĂ©curitĂ© dâapprovisionnement. La marque valorise cet engagement comme un argument diffĂ©renciant par rapport aux concurrents internationaux, notamment PepsiCo, qui domine le marchĂ© mais nâa pas dâusines en France.
Sur le plan industriel, Vico a investi 100 millions dâeuros en cinq ans pour moderniser ses lignes de production, rĂ©duire sa consommation Ă©nergĂ©tique et amĂ©liorer la qualitĂ© de ses produits. Ses deux usines françaises, situĂ©es Ă Vic-sur-Aisne et Charvieu-Chavagneux, produisent 45 000 tonnes par an.
Dans ce contexte concurrentiel, Vico mise Ă la fois sur lâancrage national, le renouvellement constant de lâoffre et une communication Ă©vĂ©nementielle appuyĂ©e, comme son partenariat rĂ©cent avec le Tour de France. Lâensemble de ces Ă©lĂ©ments permet Ă la marque de conforter sa position et de se dĂ©velopper dans un marchĂ© oĂč lâinnovation et la transparence sont devenues essentielles.
Les Ăchos, Bernard Magrez rĂ©invente le bordeaux pour sĂ©duire la gĂ©nĂ©ration Z, 11/11/2025
Face Ă une filiĂšre viticole bordelaise en crise, marquĂ©e par des arrachages de vignes et une baisse de consommation chez les jeunes, Bernard Magrez lance une nouvelle gamme baptisĂ©e « bordeaux n°12 ». Lâarticle prĂ©sente ce projet comme une tentative de reconquĂȘte dâun public ĂągĂ© de 25 Ă 35 ans, souvent peu attirĂ© par les vins de Bordeaux, jugĂ©s trop tanniques ou trop codifiĂ©s. Magrez, propriĂ©taire de quarante chĂąteaux dont quatre grands crus classĂ©s, cherche Ă proposer un produit plus accessible, tant par le goĂ»t que par le prix.
Le vin se dĂ©cline en rouge et en blanc, avec une composition pensĂ©e pour offrir une dĂ©gustation plus lĂ©gĂšre et fruitĂ©e. Le rouge associe merlot et cabernet sauvignon, tandis que le blanc est un sauvignon pur. ProposĂ© autour de 5 euros, ce vin doit permettre Ă la marque de toucher une clientĂšle moins habituĂ©e Ă consommer des bouteilles dâappellation bordelaise.
Lâarticle insiste sur lâimportance du design dans la stratĂ©gie de Magrez. LâĂ©tiquette, conçue Ă partir dâune Ćuvre du street-artiste JonOne, introduit un style visuel colorĂ© et contemporain, en rupture avec les codes traditionnels du vignoble bordelais. Dans un rayon oĂč les rĂ©fĂ©rences se comptent par centaines, cet habillage reprĂ©sente un levier dĂ©terminant, dâautant que 70 % des achats se font sur ce critĂšre.
Le lancement de bordeaux n°12 intervient dans un contexte difficile pour la rĂ©gion. Le vignoble bordelais souffre Ă la fois de la concurrence internationale, de lâĂ©volution des goĂ»ts des consommateurs et dâune image perçue comme Ă©litiste. En proposant un produit plus ludique, moins intimidant, Magrez entend rĂ©introduire Bordeaux dans les habitudes des jeunes adultes, qui se tournent davantage vers les biĂšres artisanales, les cocktails ou les vins du Nouveau Monde.
Certains experts citĂ©s dans lâarticle saluent lâinitiative, considĂ©rant quâelle peut remettre Bordeaux en phase avec les tendances actuelles. Dâautres y voient un risque dâaffaiblir lâidentitĂ© historique du vignoble. Lâarticle souligne toutefois que le dĂ©fi nâest pas tant de rompre avec la tradition que de redonner de la visibilitĂ© Ă un vin emblĂ©matique en adaptant ses codes aux attentes contemporaines. Pour Magrez, cette stratĂ©gie pourrait ouvrir la voie Ă un renouvellement plus large de la filiĂšre.
The Guardian, Ultra-processed food linked to harm in every major human organ, study finds, 19/11/2025
Lâarticle prĂ©sente les conclusions de la plus vaste revue scientifique jamais rĂ©alisĂ©e sur les effets des aliments ultra-transformĂ©s (AUT) sur la santĂ© humaine. PubliĂ©e dans The Lancet, cette sĂ©rie de trois Ă©tudes rassemble les travaux de 43 experts internationaux et met en Ă©vidence un lien entre la consommation dâAUT et des atteintes touchant lâensemble des organes majeurs du corps humain. Les auteurs estiment que ces produits constituent une « menace sismique » pour la santĂ© mondiale, en raison de leur omniprĂ©sence dans les rĂ©gimes alimentaires contemporains.
Les AUTâplats prĂ©parĂ©s, cĂ©rĂ©ales sucrĂ©es, sodas, snacks emballĂ©s, barres protĂ©inĂ©es ou fast-foodâremplacent progressivement les aliments frais dans lâalimentation des enfants et des adultes. Dans plusieurs pays, dont le Royaume-Uni et les Ătats-Unis, ils reprĂ©sentent plus de la moitiĂ© des apports quotidiens, avec des niveaux pouvant atteindre 80 % dans les populations jeunes ou dĂ©favorisĂ©es. Selon la revue, les rĂ©gimes riches en AUT sont associĂ©s Ă une douzaine de pathologies : obĂ©sitĂ©, diabĂšte de type 2, maladies cardiovasculaires, dĂ©pression, troubles mĂ©taboliques, et risque accru de mortalitĂ© toutes causes confondues.
Une mĂ©ta-analyse de 104 Ă©tudes de cohorte montre que 92 dâentre elles signalent une augmentation du risque de maladies chroniques. Lâun des auteurs, le professeur Carlos Monteiro, rappelle que les humains « ne sont pas biologiquement adaptĂ©s » Ă consommer des aliments conçus industriellement avec additifs, arĂŽmes artificiels ou Ă©mulsifiants. Monteiro est Ă©galement lâauteur du systĂšme de classification Nova, qui distingue quatre niveaux de transformation, dont le dernier correspond aux AUT.
Lâarticle souligne que les AUT ne se contentent pas dâĂȘtre trĂšs caloriques et pauvres en nutriments : ils sont aussi conçus pour ĂȘtre hyper-appĂ©tents et pour remplacer les repas traditionnels, favorisant la surconsommation. Les entreprises alimentaires mondiales sont accusĂ©es dâalimenter activement cette Ă©volution en mobilisant marketing intensif, lobbying politique et financement de recherches favorables. Selon la troisiĂšme Ă©tude de la sĂ©rie, ce sont ces stratĂ©gies corporatives, davantage que les comportements individuels, qui expliquent la montĂ©e des AUT.
Face Ă lâampleur du phĂ©nomĂšne, les auteurs appellent Ă des mesures rapides : Ă©tiquetage des ingrĂ©dients caractĂ©ristiques des AUT, restrictions publicitairesânotamment envers les enfantsâ, interdiction dans les Ă©coles et Ă©tablissements publics, et rĂ©duction de leur prĂ©sence dans les supermarchĂ©s. Le BrĂ©sil est citĂ© comme exemple positif, avec un programme scolaire excluant la plupart des AUT.
Des scientifiques indépendants saluent la revue, tout en rappelant que des recherches supplémentaires sont nécessaires pour préciser les mécanismes causaux.
Financial Times, In Paris, the next coffee revolution is quietly brewing, 18/11/2025
Lâarticle dĂ©crit lâĂ©mergence dâune nouvelle dynamique au sein de la scĂšne cafĂ© parisienne, marquĂ©e par une montĂ©e en gamme, une recherche accrue de prĂ©cision et une exploration des techniques les plus pointues du secteur. Alors que Paris Ă©tait encore considĂ©rĂ©e dans les annĂ©es 2000 comme un bastion du mauvais cafĂ©, dominĂ© par les robustas amers servis dans les bistrots, la capitale sâimpose dĂ©sormais comme lâun des foyers les plus innovants du cafĂ© de spĂ©cialitĂ©. Ce renouveau sâinscrit dans une Ă©volution en plusieurs vagues : aprĂšs lâĂšre du cafĂ© industriel, puis lâapport des espresso bars inspirĂ©s des modĂšles italiens et anglo-saxons, Paris entrerait aujourdâhui dans une « quatriĂšme vague » centrĂ©e sur la technicitĂ©, la transparence et lâexpression du terroir.
Lâarticle sâappuie sur plusieurs acteurs reprĂ©sentatifs de cette mutation. Joachim Morceau, fondateur de Substance CafĂ© â un bar Ă dĂ©gustation sur rĂ©servation uniquement â incarne cette volontĂ© dâĂ©pure, privilĂ©giant des extractions minimalistes et des cafĂ©s floraux provenant principalement dâĂthiopie ou du Panama. Il rejette toute forme dâajout, y compris le sucre, afin de laisser les arĂŽmes sâexprimer dans leur puretĂ©. Ă ses cĂŽtĂ©s, Alexis Gagnaire et ses cafĂ©s Tanat reprĂ©sentent une approche plus expĂ©rimentale fondĂ©e sur les fermentations avancĂ©es, quâil sâagisse de macĂ©ration carbonique ou de co-fermentations avec dâautres fruits. Ce travail vise autant Ă diversifier les profils aromatiques quâĂ offrir des opportunitĂ©s Ă des producteurs de plus basse altitude, confrontĂ©s aux effets du changement climatique.
Lâarticle Ă©voque aussi Terres de CafĂ© et LâArbre Ă CafĂ©, deux pionniers de la scĂšne parisienne, qui misent sur la biodynamie, la traçabilitĂ© et une attention forte au terroir. Leur dĂ©marche, plus classique dans sa philosophie, promeut une approche visant Ă rĂ©vĂ©ler lâorigine agricole du cafĂ© plutĂŽt quâĂ multiplier les expĂ©rimentations.
Selon les professionnels interrogĂ©s, cette nouvelle scĂšne parisienne se distingue par un niveau de prĂ©cision rarement observĂ©, que ce soit dans les profils de torrĂ©faction, les mĂ©thodes dâextraction ou la sĂ©lection variĂ©tale. Les cafĂ©s lĂ©gers, floraux, presque « thĂ©iformes », deviennent un signe distinctif de la capitale. Les Ă©tablissements pratiquent des prix Ă©levĂ©s, mais misent sur un public prĂȘt Ă considĂ©rer le cafĂ© comme un produit premium, comparable au vin.
Lâarticle conclut que cette « quatriĂšme vague » ne repose pas sur un seul style mais sur la coexistence de dĂ©marches variĂ©es â innovation, puretĂ©, terroir â qui, ensemble, forgent une identitĂ© dĂ©sormais pleinement parisienne.
Slate, Does the Grocery Cart Actually Need a Makeover?, 16/11/2025
Lâarticle retrace lâhistoire du chariot de supermarchĂ© et analyse pourquoi, malgrĂ© des dĂ©cennies dâinnovations technologiques dans la distribution, cet objet central de lâexpĂ©rience dâachat a si peu Ă©voluĂ©. Alors que les magasins se sont transformĂ©s â multiplication des rayons, automatisation, self-checkout, surveillance accrue â le chariot demeure largement inchangĂ© depuis son invention dans les annĂ©es 1930. Lâauteur souligne que cette rĂ©sistance technologique tient en grande partie Ă son efficacitĂ© : le chariot fonctionne, coĂ»te peu Ă produire, supporte un usage intensif et rĂ©pond Ă un besoin simple et universel.
Lâarticle rappelle que le concept de self-service ne date que du dĂ©but du XXe siĂšcle, avec lâouverture de Piggly Wiggly en 1916. Avant cela, les clients donnaient leur liste Ă un employĂ© qui assemblait les produits. Lâessor des supermarchĂ©s dans les annĂ©es 1930 a nĂ©cessitĂ© un outil permettant aux clients de transporter davantage dâarticles â dâoĂč lâinvention du chariot par Sylvan Goldman, propriĂ©taire de la chaĂźne Humpty Dumpty. Son modĂšle initial, composĂ© dâun cadre de chaise pliante muni de paniers, a dâabord Ă©tĂ© accueilli avec scepticisme, perçu comme peu masculin ou trop proche des poussettes. Goldman a dĂ» recourir Ă des mannequins pour normaliser son usage. Lâinnovation suivante majeure, en 1946, a Ă©tĂ© le systĂšme dâemboĂźtement des chariots conçu par Orla Watson, qui a permis leur stockage en sĂ©rie et ouvert la voie Ă la diffusion massive du concept.
Depuis lors, le chariot a peu changĂ©. Des versions miniatures ont Ă©tĂ© introduites, puis les siĂšges-enfants, mais sa fonction reste la mĂȘme : faciliter la consommation massive dans un modĂšle Ă©conomique fondĂ© sur les achats en volume. Selon des chercheurs citĂ©s, cet outil a mĂȘme transformĂ© les comportements dâachat en encourageant la dĂ©ambulation, la distraction visuelle et les achats impulsifs, une logique aujourdâhui prolongĂ©e par les interfaces de commerce en ligne.
Face Ă cette stabilitĂ©, de nouvelles entreprises tentent aujourdâhui dâimposer des « smart carts » intĂ©grant pesĂ©e automatique, scan des articles, systĂšmes de paiement embarquĂ©s ou Ă©crans cartographiant le magasin. Amazon teste par exemple le Dash Cart, tandis que Woolworths et Walmart expĂ©rimentent leurs propres modĂšles. Mais leur adoption reste marginale : coĂ»ts Ă©levĂ©s, risques de pannes, faible rentabilitĂ© et rĂ©ticence des clients Ă changer leurs habitudes freinent leur diffusion.
Lâarticle conclut que, malgrĂ© ces tentatives de modernisation, le chariot traditionnel conserve une place centrale. Il demeure lâun des symboles les plus durables du systĂšme de consommation, et son remplacement massif paraĂźt peu probable Ă court terme.
Washington Post, Chopping chives as competitive sport? Chefs are chasing a perfect score., 21/11/2025
Lâarticle explore la maniĂšre dont la dĂ©coupe de la ciboulette, geste culinaire simple en apparence, est devenue un phĂ©nomĂšne viral et un marqueur de compĂ©tence pour de nombreux chefs professionnels et passionnĂ©s. Au cĆur de cette tendance se trouve le compte Instagram « RateMyChives », créé par un chef britannique restĂ© anonyme. Ce dernier raconte que lâidĂ©e lui est venue aprĂšs un dĂźner dĂ©cevant au cours duquel la mauvaise dĂ©coupe des ciboulettes lui a rĂ©vĂ©lĂ© le manque de rigueur du restaurant. Estimant que ce dĂ©tail pouvait reflĂ©ter une nĂ©gligence plus large, il a créé un compte dĂ©diĂ© Ă lâĂ©valuation de ces dĂ©coupes, sans imaginer quâil deviendrait un phĂ©nomĂšne suivi par plus de 85 000 abonnĂ©s, dont plusieurs chefs mondialement reconnus.
Lâarticle souligne que lâĂ©valuation de ciboulette sâinscrit dans un mouvement plus large, oĂč les internautes jugent en ligne des objets ou situations anodines â bĂątons, styles de marche, chiens â transformant tout en compĂ©tition ludique. Sur Reddit, un utilisateur surnommĂ© « Chivelord » publie quotidiennement une photo de ses ciboulettes hachĂ©es, invitant la communautĂ© Ă en dĂ©tecter les imperfections. Ce dĂ©fi, Ă mi-chemin entre entraĂźnement et performance collective, attire plusieurs millions de visiteurs et suscite une participation enthousiaste.
Du cĂŽtĂ© des professionnels, certains voient dans cet engouement une quĂȘte presque sisyphĂ©enne de perfection. Kenji Hurlburt, professeur Ă lâInstitut culinaire dâAmĂ©rique, note quâil existe une beautĂ© dans la tentative de maĂźtriser un produit naturellement irrĂ©gulier. La dĂ©coupe de la ciboulette Ă©tant particuliĂšrement dĂ©licate â en raison de sa fragilitĂ©, de ses diamĂštres variables et de sa texture changeante selon sa fraĂźcheur â, atteindre une coupe uniforme relĂšve dâun dĂ©fi technique rĂ©el. Hurlburt rappelle que mĂȘme avec de bonnes techniques, il est difficile dâĂ©chapper totalement Ă la critique lorsque les photos sont exposĂ©es Ă des milliers dâinternautes.
Pour le crĂ©ateur de RateMyChives, le succĂšs de la page tient Ă lâesprit de compĂ©tition qui anime les chefs : chacun souhaite prouver sa maĂźtrise, se comparer aux autres ou montrer ses progrĂšs. Il affirme avoir vu des dĂ©coupes mĂ©diocres provenant de restaurants Ă©toilĂ©s, tout comme des rĂ©alisations impeccables faites dans des Ă©tablissements modestes.
Lâarticle conclut que, malgrĂ© lâaspect ludique ou dĂ©risoire du phĂ©nomĂšne, cette tendance rĂ©vĂšle lâimportance accordĂ©e aux dĂ©tails dans la cuisine, tout en soulignant que la ciboulette, finalement, reste un ingrĂ©dient simple dont la dĂ©coupe nâa de valeur que celle quâon veut bien lui attribuer.
Wall Street Journal, Sauerkraut, Kimchi andâŠGut Nuts? Fermented Foods Are Having a Moment, 11/11/2025
Lâarticle dĂ©crit lâessor remarquable des aliments fermentĂ©s aux Ătats-Unis, longtemps cantonnĂ©s Ă des usages marginaux â tels que la choucroute sur un hot-dog â mais aujourdâhui au centre dâun marchĂ© en forte croissance et dâune attention scientifique croissante. La fermentation, qui consiste Ă utiliser des micro-organismes bĂ©nĂ©fiques pour transformer les aliments, gagne en popularitĂ© en raison de ses effets potentiels sur la santĂ©, notamment lâamĂ©lioration du microbiote intestinal et la rĂ©duction de certains marqueurs dâinflammation.
Cette tendance sâappuie sur un marchĂ© estimĂ© Ă plus de 61 milliards de dollars sur un an, en hausse de 27 % par rapport Ă quatre ans plus tĂŽt, selon NielsenIQ. Elle est portĂ©e par un engouement croissant pour la « gut health » et pour des produits perçus comme moins transformĂ©s. De nombreux acteurs, des grandes entreprises aux start-up, multiplient les innovations : noix fermentĂ©es (« Gut Nuts »), crackers Ă base de chou fermentĂ©, sauces piquantes fermentĂ©es ou encore boissons hybrides comme un mĂ©lange bleu de jus de cornichon fermentĂ© et de limonade. Le Portland Fermentation Festival illustre cette dynamique : autrefois dominĂ© par des amateurs, il est dĂ©sormais largement investi par des entreprises professionnelles, et propose des animations pĂ©dagogiques telles quâun « Bacterial Petting Zoo » destinĂ© Ă sensibiliser le public.
Sur le plan scientifique, plusieurs travaux renforcent lâintĂ©rĂȘt nutritionnel pour ces aliments. Des Ă©tudes dâobservation associent la consommation rĂ©guliĂšre de yaourt Ă un risque rĂ©duit de diabĂšte de type 2, dâobĂ©sitĂ© et de maladies cardiovasculaires. Une Ă©tude de Stanford menĂ©e en 2021 a montrĂ© quâun rĂ©gime riche en aliments fermentĂ©s â yaourt, kĂ©fir, kimchi, etc. â pouvait diversifier le microbiote et abaisser certains marqueurs dâinflammation. Dâautres recherches indiquent que les lĂ©gumes fermentĂ©s, comme la choucroute, prĂ©sentent des composĂ©s protecteurs absents dans le produit cru, et que le processus de fermentation peut augmenter la biodisponibilitĂ© de certains nutriments, notamment les vitamines du groupe B. Les scientifiques soulignent toutefois que de nombreuses questions demeurent, notamment sur les types de fermentation les plus bĂ©nĂ©fiques ou les mĂ©canismes prĂ©cis en jeu.
Pour sĂ©duire les consommateurs rĂ©ticents aux saveurs fortes, certaines entreprises proposent des versions adoucies, comme un kimchi sans sauce poisson ou une version « mild ». Les industriels innovent Ă©galement en termes de praticitĂ©, en dĂ©veloppant des produits fermentĂ©s plus transportables et adaptĂ©s Ă la consommation nomade. Lâarticle conclut que ces initiatives visent Ă Ă©largir lâaccĂšs aux aliments fermentĂ©s et Ă capitaliser sur une tendance durable, nourrie par lâintĂ©rĂȘt pour la santĂ© digestive.
Wall Street Journal, How Americaâs Hottest Chicken Chain Keeps Its Secret Sauce a Secret, 18/11/2025
Lâarticle dĂ©taille la stratĂ©gie de Raising Caneâs pour protĂ©ger la recette de son cĂ©lĂšbre « Caneâs Sauce », un Ă©lĂ©ment devenu central dans lâidentitĂ© et le succĂšs de la chaĂźne. FondĂ©e en 1996, lâenseigne compte aujourdâhui prĂšs de 1 000 restaurants et gĂ©nĂšre plus de 5 milliards de dollars de chiffre dâaffaires annuel. Le texte montre que, si le menu trĂšs rĂ©duitâcinq items seulementâcontribue Ă la cohĂ©rence de lâoffre, la sauce maison est perçue comme le vĂ©ritable moteur de la fidĂ©litĂ© des clients.
La recette, Ă©crite Ă la main il y a environ 30 ans par lâun des cofondateurs, est conservĂ©e dans un coffre-fort Ă un emplacement tenu secret. Seules quelques personnes lâont dĂ©jĂ vue. Raising Caneâs a mis en place un ensemble de protocoles pour prĂ©server ce secret : accords de confidentialitĂ© pour les responsables, ingrĂ©dients livrĂ©s dans des sacs non identifiĂ©s, mĂ©lange prĂ©-assaisonnĂ© pour les Ă©pices et fabrication quotidienne strictement rĂ©servĂ©e aux managers en restaurant. MĂȘme ces derniers ne connaissent pas les proportions exactes, ce qui limite les risques de fuite.
Cette culture du secret sâavĂšre Ă©galement un outil marketing puissant, comparable Ă la mystique entourant la formule de KFC. MalgrĂ© les thĂ©ories selon lesquelles la sauce de Caneâs serait proche dâune variante de Thousand Island, les fans insistent sur son caractĂšre plus poivrĂ© et plus relevĂ©, une nuance que la sociĂ©tĂ© attribue Ă son mĂ©lange dâĂ©pices exclusif.
Le volume de consommation tĂ©moigne de lâenthousiasme du public : prĂšs de 800 millions de portions individuelles seraient Ă©coulĂ©es chaque annĂ©e. Les clients demandent frĂ©quemment des supplĂ©ments, certains allant jusquâĂ commander des gobelets de 22 onces remplis de sauce pour un usage domestique. Ce comportement sâest amplifiĂ© sous lâeffet des rĂ©seaux sociaux. Raising Caneâs ne lâencourage pas officiellement, mais lâaccepte tant que cela ne perturbe pas lâactivitĂ©.
Lâarticle souligne Ă©galement que la sauce est devenue un sujet de fascination culturelle. EmployĂ©s interrogĂ©s, influenceurs et chefs amateurs multiplient les tentatives dâimitation, sans parvenir Ă reproduire exactement le goĂ»t original. Quelques consommateurs pensent avoir trouvĂ© un Ă©quivalent chez certaines marques de grande distribution, mais lâentreprise affirme que son mĂ©lange dâĂ©pices reste difficile Ă copier.
En conclusion, le texte montre que le secret autour du Caneâs Sauce fonctionne comme un atout commercial, renforçant lâimage de la marque et contribuant largement Ă son statut de chaĂźne de poulet la plus dynamique du pays.
Forbes, From Fax Machines To AI: How Chipotleâs CTO Revolutionized Its Digital Business, 18/11/2025
Lâarticle retrace la transformation numĂ©rique majeure menĂ©e par Curt Garner, aujourdâhui prĂ©sident et directeur de la stratĂ©gie et de la technologie chez Chipotle. Lorsque Garner rejoint lâentreprise en 2015 en tant que premier chief information officer, il dĂ©couvre une organisation dont les commandes en ligne reposent encore en partie sur des formulaires faxĂ©s aux restaurants â une mĂ©thode archaĂŻque, sans confirmation de rĂ©ception et sans intĂ©gration au parcours client. Face Ă cette fragmentation, il engage une refonte complĂšte des systĂšmes numĂ©riques afin dâaccĂ©lĂ©rer la transition de la chaĂźne vers un modĂšle plus moderne et connectĂ©.
En dix ans, les rĂ©sultats sont spectaculaires : les ventes numĂ©riques passent de 225 millions de dollars (5 % des revenus) en 2015 Ă prĂšs de 4 milliards en 2024, reprĂ©sentant plus dâun tiers de lâactivitĂ©. Chipotle compte dĂ©sormais 20 millions de membres actifs dans son programme de fidĂ©litĂ© et plus de 3 900 restaurants connectĂ©s. MalgrĂ© un contexte Ă©conomique difficile pour le fast-casual, lâentreprise reste lâune des rares sociĂ©tĂ©s cotĂ©es sans dette, un signe de soliditĂ© budgĂ©taire attribuĂ© en partie au succĂšs du numĂ©rique.
Lâarticle souligne que Curt Garner a Ă©galement modernisĂ© la conception des restaurants : plus de 1 100 Ă©tablissements disposent dâun « Chipotlane », une voie dĂ©diĂ©e au retrait des commandes digitales, qui amĂ©liore marges, volumes et rentabilitĂ©. La majoritĂ© des nouvelles implantations adopteront ce format. ParallĂšlement, Garner a rationalisĂ© lâorganisation interne, dĂ©veloppant des outils adaptĂ©s aux Ă©quipes en cuisine pour synchroniser flux digitaux et service en salle, et optimisant la gestion des temps de prĂ©paration.
Le parcours professionnel de Curt Garner est Ă©galement dĂ©taillĂ©. ArrivĂ© par hasard dans lâinformatique lors dâun emploi temporaire chez Wendyâs, il gravit les Ă©chelons avant de rejoindre Starbucks, oĂč il contribue Ă la modernisation du programme de cartes cadeaux et au lancement des commandes mobiles. Chez Chipotle, il intervient Ă©galement Ă un moment critique, aprĂšs les crises sanitaires de 2015 ayant fortement Ă©branlĂ© la marque.
Lâarticle met aussi en lumiĂšre lâimplication de Curt Garner dans Cultivate Next, le fonds de capital-risque de Chipotle dotĂ© de 100 millions de dollars. Il y soutient des projets en robotique, intelligence artificielle, logistique alimentaire et agriculture durable. Lâentreprise dĂ©passe dĂ©sormais ses objectifs annuels dâachats locaux.
Enfin, Curt Garner mise sur la gamification et lâintelligence artificielle pour renforcer la fidĂ©litĂ© client. Le chatbot RH « Avo Cado » a dĂ©jĂ augmentĂ© les candidatures et rĂ©duit le temps dâintĂ©gration. Pour Garner, la technologie doit avant tout amĂ©liorer le quotidien des clients et des Ă©quipes, plutĂŽt que sâimposer comme une finalitĂ©.
Câest tout pour aujourdâhui.
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A la semaine prochaine!
O. Frey



















