đŸđđ Eat's business đđ·đ§ 2025-33
Bonjour Ă toutes et Ă tous, Eatâs Business est une newsletter dans laquelle vous trouverez une revue de presse de quelques articles sur le monde de lâalimentaire qui mâont semblĂ© intĂ©ressants dans la semaine prĂ©cĂ©dente.
Pour ceux qui veulent la version audio :
Pour ceux qui veulent la formule ristretto, les 3 articles que je vous conseille de lire en priorité cette semaine sont :
La Tribune, Le succÚs des restaurants à concept pousse la restauration traditionnelle à se réinventer, 03/11/2025
Financial Times, Fried chicken wars shake up fast-food pecking order, 06/11/2025
Wall Street Journal, The Amazonification of Whole Foods Is Finally HereâBring On the Doritos, 01/11/2025
Bonne lecture et bonne semaine Ă toutes et Ă tous!
Pour celles et ceux dâentre vous qui ont plus de temps pour la formule lungo :
LibĂ©ration, «Oreiller de la belle Aurore», un engouement quoi quâil en croĂ»te, 07/11/2025
Lâ« oreiller de la belle Aurore », pĂątĂ© en croĂ»te emblĂ©matique de la tradition charcutiĂšre lyonnaise, connaĂźt un renouveau spectaculaire. Longtemps tombĂ©e dans lâoubli, cette spĂ©cialitĂ© imposante â jusquâĂ 32 kilos pour 60 cm de cĂŽtĂ© â conjugue raffinement et exubĂ©rance avec une farce composĂ©e de gibier, volaille, foie gras, ris de veau et truffes, le tout enveloppĂ© dans une pĂąte bien dorĂ©e. PlĂ©biscitĂ© par les amateurs de produits dâexception et les influenceurs food, ce mets dâapparat bĂ©nĂ©ficie dâun regain dâintĂ©rĂȘt pour la cuisine traditionnelle française, jusquâĂ justifier la crĂ©ation dâun championnat dĂ©diĂ© par JoĂ«l Mauvigney, prĂ©sident de la ConfĂ©dĂ©ration des charcutiers traiteurs.
Câest Pierrick Bougerolle, charcutier de Saulieu, qui a remportĂ© la premiĂšre Ă©dition du concours, avec une version particuliĂšrement Ă©laborĂ©e mĂȘlant huit viandes marinĂ©es sĂ©parĂ©ment. Son oreiller, dĂ©jĂ commercialisĂ© en boutique et sur les marchĂ©s, rencontre un franc succĂšs malgrĂ© un prix Ă©levĂ© â jusquâĂ 70 ⏠le kilo. Difficile Ă rĂ©aliser en amateur, cette prĂ©paration demande savoir-faire, patience et maĂźtrise technique, tant la complexitĂ© des couches, jus, gelĂ©es et pĂątes exige une exĂ©cution rigoureuse.
DerriĂšre ce monument gastronomique se cache une histoire presque lĂ©gendaire : selon Lucien Tendret, neveu de Brillat-Savarin, il aurait Ă©tĂ© conçu en hommage Ă la mĂšre du cĂ©lĂšbre gastronome. ReconstituĂ©e dans les annĂ©es 1950 par Claudius Reynon, la recette est depuis perpĂ©tuĂ©e par sa famille. TrĂšs saisonniĂšre, elle est disponible uniquement autour des fĂȘtes de fin dâannĂ©e, avec des rĂ©servations parfois effectuĂ©es un an Ă lâavance.
Lâoreiller fascine aussi les chefs : Kei Kobayashi, trois Ă©toiles Michelin, lâa rĂ©cemment servi avec une sauce au champagne. Une confrĂ©rie lui est mĂȘme consacrĂ©e, rassemblant charcutiers, restaurateurs et vignerons passionnĂ©s. Si chaque maison y apporte sa touche, tous sâaccordent Ă dire que ce plat incarne lâexcellence charcutiĂšre française. Chez Verot Ă Paris, par exemple, on y ajoute pistaches et morilles pour une version gourmande disponible seulement quatre fois par an. Ainsi, lâoreiller devient bien plus quâun mets : un Ă©vĂ©nement culinaire fĂ©dĂ©rateur, presque sacrĂ©, symbole vivant de notre patrimoine gastronomique.
Libération, «Il faut protéger et préserver les zones clés de production» : au Salon du chocolat, la fiÚvre de cacao, 02/11/2025
Lors de la 30á” Ă©dition du Salon du chocolat Ă Paris, lâĂ©vĂ©nement festif a laissĂ© transparaĂźtre une rĂ©alitĂ© bien plus prĂ©occupante : la forte tension autour du cacao. Avec un prix de la tonne dĂ©passant les 6 000 dollars fin octobre 2025, les artisans chocolatiers oscillent entre inquiĂ©tude et espoir dâun commerce plus Ă©quitable. Cette envolĂ©e des prix, liĂ©e Ă des rĂ©coltes compromises en Afrique de lâOuest (CĂŽte dâIvoire, Ghana), Ă cause dâalĂ©as climatiques (pluies, sĂ©cheresse, El Niño) et de maladies des plantations, a provoquĂ© une flambĂ©e spĂ©culative sur les marchĂ©s. Entre dĂ©but 2023 et fin 2025, les cours ont presque Ă©tĂ© multipliĂ©s par cinq Ă New York.
Pour les producteurs, cette hausse spectaculaire ne sâest pourtant pas traduite en revenus supplĂ©mentaires. Le prix dâachat Ă©tant souvent fixĂ© par les Ătats en amont, les planteurs â dont plus de la moitiĂ© vivent sous le seuil de pauvretĂ© â nâont pas bĂ©nĂ©ficiĂ© de cette manne financiĂšre. Cette injustice nourrit le malaise dans la filiĂšre et alimente des pratiques indignes : travail des enfants, dĂ©forestation, pauvretĂ© chronique. Christophe Eberhart, cofondateur dâEthiquable, rappelle que le prix trop bas payĂ© aux coopĂ©ratives est Ă la racine de ces dĂ©rives.
Pour pallier cette situation, certains acteurs plaident pour un changement structurel. Thierry Lalet, prĂ©sident de la ConfĂ©dĂ©ration des chocolatiers, appelle Ă une meilleure rĂ©munĂ©ration des planteurs et Ă la rĂ©duction du nombre dâintermĂ©diaires. Des initiatives Ă©mergent : collectifs de producteurs, prix dâachat minimums garantis, traçabilitĂ© accrue. Christophe Bertrand, chocolatier francilien, dĂ©fend lâidĂ©e dâun « score dâimpact » pour mieux informer les consommateurs sur lâorigine du cacao.
Face Ă lâinflation (+22 % en 2024 sur le prix des tablettes), les artisans refusent de voir le chocolat devenir un produit de luxe inaccessible. Selon eux, les consommateurs sont prĂȘts Ă payer plus pour une qualitĂ© artisanale, pour peu que la transparence soit au rendez-vous. Loin du catastrophisme, câest une prise de conscience collective que beaucoup appellent de leurs vĆux. Produire mieux, payer plus Ă©quitablement, prĂ©server les zones-clĂ©s de culture : telle est la voie dĂ©fendue pour sauver une filiĂšre aussi gourmande que fragile.
Les Ăchos, Les industriels du chocolat ne profitent pas encore de la baisse des prix du cacao, 06/11/2025
MalgrĂ© un recul notable des cours du cacao entre fin 2024 et fin 2025, les industriels du chocolat ne parviennent pas encore Ă redresser la barre. Le gĂ©ant Barry Callebaut, premier fournisseur mondial de cacao et chocolat, a annoncĂ© une chute de 6,8 % de ses ventes en volume pour lâexercice 2024-2025. Le chiffre dâaffaires, pourtant en hausse de 49 % en raison de la flambĂ©e des prix des matiĂšres premiĂšres, cache une rĂ©alitĂ© moins reluisante : le bĂ©nĂ©fice net rĂ©current a, lui, chutĂ© de prĂšs de 36 % en monnaies locales. La demande, trop volatile, nâa pas suivi la hausse des prix, laissant les industriels dans une situation tendue.
Les principaux groupes du secteur en subissent les consĂ©quences. Mondelez (Milka, CĂŽte dâOr) affiche un bĂ©nĂ©fice trimestriel en baisse de 13 % malgrĂ© une hausse de chiffre dâaffaires. Hershey, de son cĂŽtĂ©, a vu son bĂ©nĂ©fice dâexploitation chuter de 29 % au troisiĂšme trimestre 2025, bien que ses ventes soient en hausse. NestlĂ©, quant Ă lui, reste Ă©galement handicapĂ© par la hausse passĂ©e des cours du cacao, mĂȘme sâil sâefforce de rĂ©duire sa dĂ©pendance en dĂ©veloppant des produits hybrides de type « chocobakery », qui utilisent moins de cacao, comme certains KitKat intĂ©grant gaufrettes et autres Ă©lĂ©ments pĂątissiers.
Pour rĂ©pondre Ă cette pression sur les marges, les industriels cherchent dĂ©sormais des alternatives. Barry Callebaut a signĂ© un partenariat stratĂ©gique avec Planet A Foods, start-up allemande leader dans les substituts au chocolat sans cacao, avec sa solution ChoViva Ă base de graines de tournesol. Une stratĂ©gie visant Ă limiter la dĂ©pendance aux cours volatils et Ă diversifier lâoffre dans un contexte toujours instable.
En effet, mĂȘme divisĂ©s par deux en un an, les prix du cacao restent environ trois fois supĂ©rieurs Ă leur niveau dâavant-crise, fin 2022. Lâimpact de cette baisse rĂ©cente ne se fait sentir quâavec retard sur les coĂ»ts industriels, en raison des stocks et de la logistique. Le transfert partiel de la hausse passĂ©e sur les prix consommateur nâa pas suffi Ă absorber les pertes.
NĂ©anmoins, un vent dâoptimisme souffle. Les industriels espĂšrent un second semestre 2026 plus favorable, portĂ© par des rĂ©coltes prometteuses et la stabilisation du marchĂ©. En attendant, ils sâadaptent, cherchent des alternatives et ajustent leur stratĂ©gie pour traverser une pĂ©riode Ă©conomiquement incertaine.
Les Ăchos, « On va encore ĂȘtre les dindons de la farce » : les vins et spiritueux français redoutent le contrecoup de la taxe Gafam, 05/11/2025
La filiĂšre française des vins et spiritueux tire la sonnette dâalarme face au projet de doublement de la taxe GAFAM votĂ© par lâAssemblĂ©e nationale. Les producteurs craignent une riposte commerciale des Ătats-Unis, qui pourrait avoir des consĂ©quences dĂ©vastatrices pour un secteur dĂ©jĂ fragilisĂ© par les tensions Ă©conomiques internationales. La filiĂšre â qui rĂ©alise 16 de ses 30 milliards dâeuros de chiffre dâaffaires Ă lâexport â redoute particuliĂšrement le retour de droits de douane punitifs. LâexpĂ©rience de lâĂ©tĂ© 2025, oĂč les exportations vers les Ătats-Unis ont Ă©tĂ© divisĂ©es par deux aprĂšs lâentrĂ©e en vigueur dâune taxe de 15 %, reste encore fraĂźche dans les mĂ©moires.
Gabriel Picard, prĂ©sident de la FĂ©dĂ©ration des exportateurs de vins et spiritueux (FEVS), reconnaĂźt que la taxe sur les gĂ©ants du numĂ©rique est lĂ©gitime sur le fond, mais en dĂ©nonce les consĂ©quences potentielles pour une filiĂšre sans lien direct avec le numĂ©rique. Il souligne lâabsence de stratĂ©gie de repli en cas de reprĂ©sailles, ce qui reviendrait à « tuer la filiĂšre ». MĂȘme son de cloche chez Guillaume Girard-Reydet, prĂ©sident de la FFS et de Pernod Ricard France, qui dĂ©plore quâune instabilitĂ© Ă peine rĂ©solue risque de basculer Ă nouveau en crise.
Les reprĂ©sentants de la profession dĂ©noncent Ă©galement un climat politique dĂ©favorable sur le plan intĂ©rieur. Les dĂ©bats autour de nouvelles « taxes comportementales » sur lâalcool, discutĂ©es dans le cadre du PLFSS, fragilisent encore davantage le marchĂ© domestique. Or, comme le rappelle GĂ©raud de La Noue (Campari France), on ne peut dissocier marchĂ© intĂ©rieur et export : une filiĂšre forte Ă lâinternational doit lâĂȘtre dâabord chez elle.
Les chiffres sont inquiĂ©tants : au premier semestre, la filiĂšre a connu un recul de 5 % en valeur et de 3 % en volume. Des signaux faibles comme lâaugmentation des procĂ©dures collectives ou les plans sociaux en prĂ©paration suscitent une vive inquiĂ©tude. La filiĂšre emploie 600 000 personnes directement ou indirectement, majoritairement dans des PME et exploitations viticoles.
La profession appelle Ă une politique Ă©conomique plus stable et cohĂ©rente. Elle rejette les mesures fiscales prises sans concertation ni vision globale, qui risquent de pĂ©naliser lourdement un secteur dĂ©jĂ sous pression. Au cĆur de leurs revendications : le besoin dâun soutien actif et dâune meilleure prise en compte de la spĂ©cificitĂ© de leur activitĂ© dans les dĂ©cisions publiques.
Les Ăchos, Viticulture : la stratĂ©gie des vins de Pays dâOc pour rĂ©sister Ă la tempĂȘte, 03/11/2025
Dans un contexte de crise viticole sans prĂ©cĂ©dent, lâIGP Pays dâOc tire son Ă©pingle du jeu grĂące Ă une stratĂ©gie rigoureuse mĂȘlant structuration de la filiĂšre, rĂ©gulation innovante et marketing ciblĂ©. Alors que la filiĂšre viticole française souffre dâun manque de coordination, le SĂ©nat souligne dans un rapport rĂ©cent lâexemplaritĂ© de deux rĂ©gions : la Champagne et les vins de Pays dâOc. Ces derniers ont su mettre en place des outils efficaces pour stabiliser leur production et prĂ©server les dĂ©bouchĂ©s, en France comme Ă lâexport.
Depuis 2024, lâinterprofession a lancĂ© une stratĂ©gie de segmentation de lâoffre, visant une meilleure adĂ©quation entre production et consommation dâici 2028. Elle repose sur un pilotage concertĂ© entre viticulteurs (amont) et metteurs en marchĂ© (aval), chaque cave bĂ©nĂ©ficiant dâun « besoin individuel » de commercialisation. Ce systĂšme permet de limiter les volumes et dâĂ©viter les excĂ©dents, tout en maintenant des prix stables.
Le positionnement commercial des vins de Pays dâOc sâappuie sur la clartĂ© des cĂ©pages (merlot, chardonnayâŠ) bien plus comprĂ©hensibles pour les consommateurs que certaines appellations complexes. La gamme couvre tous les segments : du vin dâentrĂ©e de gamme Ă lâoffre premium, adaptĂ©e Ă la grande distribution, aux cavistes, Ă la restauration traditionnelle ou gastronomique. La filiĂšre mise aussi sur les formats alternatifs trĂšs prisĂ©s Ă lâexport, comme les Bag-in-Box ou les poches souples, et expĂ©rimente mĂȘme des cocktails Ă base de vin pour sĂ©duire les jeunes gĂ©nĂ©rations.
Sur le plan rĂ©glementaire, lâIGP a obtenu une dĂ©rogation pour produire des vins Ă faible degrĂ© dâalcool (9 %) et a instaurĂ© une rĂ©serve climatique afin de faire face aux alĂ©as, comme le gel de 2021. Elle a aussi validĂ© un accord de durabilitĂ© avec Bruxelles, qui fixe un prix de rĂ©fĂ©rence pour les vins bio et HVE en vrac, incluant une marge bĂ©nĂ©ficiaire allant jusquâĂ 20 %.
Lâinterprofession anime Ă©galement un Club des Marques, mutualisant les budgets promotionnels Ă lâinternational Ă travers des plans triennaux ciblĂ©s. Enfin, elle ambitionne dâinclure les vins effervescents dans son cahier des charges pour renforcer sa prĂ©sence sur les segments festifs et cocktails, un levier stratĂ©gique en lien avec le potentiel du vignoble blanc local.
Avec ses 120 000 hectares, 6 millions dâhectolitres produits par an et 1,9 million exportĂ©s, lâIGP Pays dâOc montre quâune gouvernance cohĂ©rente et une vision Ă long terme permettent de bĂątir une filiĂšre rĂ©siliente, mĂȘme en temps de crise.
Le Monde, En Provence, sur la piste de la pistache, 06/11/2025
Longtemps oubliĂ©e, la culture de la pistache connaĂźt un retour remarquable en Provence, Ă la faveur du changement climatique et dâun nouvel engouement gastronomique pour ce fruit Ă coque aux notes subtiles. Sur le plateau de Valensole, lâagriculteur AurĂ©lien Payan a Ă©tĂ© lâun des premiers Ă replanter des pistachiers, arbres rĂ©sistants Ă la chaleur et Ă la sĂ©cheresse, parfaitement adaptĂ©s aux conditions extrĂȘmes du sud de la France. Sâil a fallu quatre ans pour obtenir une premiĂšre rĂ©colte, les rendements restent modestes â Ă peine 100 kg sur 8 hectares â mais la promesse dâun produit dâexception Ă haute valeur ajoutĂ©e est bien rĂ©elle.
La pistache, trĂšs prĂ©sente en Provence jusquâau XXá” siĂšcle, revient dans les vergers aprĂšs des dĂ©cennies dâabandon. Cette renaissance a Ă©tĂ© accĂ©lĂ©rĂ©e par lâentrepreneur Olivier Baussan, fondateur de marques iconiques (LâOccitane, Le Petit Marseillais), qui, frappĂ© par lâabsurditĂ© dâimporter des pistaches amĂ©ricaines trĂšs gourmandes en eau, a fĂ©dĂ©rĂ© 130 agriculteurs autour du projet « Pistache en Provence ». RĂ©sultat : 500 hectares plantĂ©s et lâobjectif ambitieux dâatteindre 1 000 tonnes de production annuelle Ă moyen terme, sur un marchĂ© français de 10 000 tonnes.
CĂŽtĂ© consommation, la pistache vit un vĂ©ritable boom depuis 2024, notamment grĂące au succĂšs viral du « chocolat DubaĂŻ », une tablette garnie de crĂšme de pistache. Elle sĂ©duit aussi les chefs et pĂątissiers : Yann Couvreur, Philippe Conticini ou Pierre HermĂ© en font un ingrĂ©dient star de leurs crĂ©ations. La Maison de la pistache, nouvelle enseigne dâOlivier Baussan, en valorise toutes les formes (huiles, thĂ©s, glaces, pestos). Dâautres boutiques comme La Pistacherie Ă Paris ou Lyon surfent aussi sur la tendance.
Les restaurateurs provençaux sâapproprient peu Ă peu ce produit local aux saveurs vĂ©gĂ©tales fines. Certains, comme AnaĂŻta Torkmani ou Manuel BarthĂ©lemy, explorent son potentiel en cuisine salĂ©e comme sucrĂ©e : soupe traditionnelle, gaufres, focaccia Ă la stracciatella, ou millefeuille Ă la crĂšme de pistache. La diversitĂ© des variĂ©tĂ©s â Bronte (Italie), Antep (Turquie), Qazvin (Iran), Ăgine (GrĂšce) â enrichit encore lâĂ©ventail des saveurs.
Ce renouveau va de pair avec une exigence de durabilitĂ© : agriculture sĂšche, rĂ©colte manuelle, respect de la biodiversitĂ©. Le dĂ©fi pour la filiĂšre française reste dâassurer la montĂ©e en puissance de la production tout en rééduquant les palais Ă la dĂ©licatesse dâun fruit souvent rĂ©duit Ă sa version salĂ©e et industrielle. Mais en Provence, la pistache sâimpose dĂ©jĂ comme un symbole dâinnovation agricole et gastronomique.
La Tribune, Le succÚs des restaurants à concept pousse la restauration traditionnelle à se réinventer, 03/11/2025
Alors que la restauration traditionnelle traverse une pĂ©riode critique, les Ă©tablissements fondĂ©s sur un concept fort connaissent un essor fulgurant. En 2025, le secteur traditionnel souffre : hausse du coĂ»t des matiĂšres premiĂšres, baisse de frĂ©quentation, explosion des charges, et un panier moyen en recul. Dans le Sud de la France, pourtant soutenu par le tourisme, lâactivitĂ© a baissĂ© de plus de 6 %, et les procĂ©dures collectives ont bondi de 21 % au deuxiĂšme trimestre.
Ă contre-courant, les restaurants Ă concept sĂ©duisent un public en quĂȘte dâexpĂ©riences. Bars Ă cordons bleus, dĂźners dans le noir, cuisines centrĂ©es sur un aliment, ambiances immersives inspirĂ©es dâĂ©poques ou de cultures : ces Ă©tablissements rĂ©pondent Ă une demande contemporaine oĂč le repas devient un prĂ©texte Ă vivre un moment marquant, souvent photogĂ©nique et partageable sur les rĂ©seaux sociaux. Pour LaĂ«titia Faure, experte en tendances marketing, le visuel est devenu central : il faut que lâassiette soit aussi spectaculaire que bonne.
Ă Nice, Jean Valfort incarne ce renouveau avec son Panorama Group : rooftop mĂ©diterranĂ©en, brasserie façon annĂ©es 1920, dĂźner de plage⊠Il affirme que lâimportant nâest plus seulement ce quâon mange, mais le dĂ©cor, lâambiance, la mise en scĂšne. Son chiffre dâaffaires a progressĂ© de 35 % entre juillet et septembre, preuve que le modĂšle fonctionne.
Deux tendances dominent : dâun cĂŽtĂ©, les enseignes « mass market » comme Zara ou Ikea qui lancent leurs concepts food en imitant les codes du luxe ; de lâautre, les chefs et marques premium qui justifient des prix Ă©levĂ©s par lâexpĂ©rience offerte. Ce double mouvement met la restauration traditionnelle sous pression. Pour survivre, elle doit sâadapter, selon Thierry Marx et lâUMIH, en Ă©largissant ses cartes Ă des cuisines du monde et en modernisant lâexpĂ©rience client.
Mais la concurrence est rude : plats Ă emporter, livraison, restauration rapide, chaĂźnes optimisĂ©es. Le ticket-restaurant Ă©largi et les espaces micro-ondes de supermarchĂ©s comme Picard siphonnent la clientĂšle du midi. Face Ă ce bouleversement, les professionnels demandent des mesures fortes : formation obligatoire Ă la gestion pour les restaurateurs, taux de TVA rĂ©duit Ă 5,5 % pour la cuisine faite maison, ou encore un permis dâentreprendre pour Ă©viter les faillites.
La restauration traditionnelle ne disparaĂźtra pas, mais elle ne peut plus ignorer les mutations dâun marchĂ© dĂ©sormais guidĂ© par lâexpĂ©rience et lâĂ©motion.
CNBC, Americaâs food trucks are nearing $3 billion business, but the road to success is getting rougher, 01/11/2025
Le secteur des food trucks aux Ătats-Unis connaĂźt une croissance impressionnante, frĂŽlant les 3 milliards de dollars de chiffre dâaffaires annuel avec plus de 92 000 camions en activitĂ©. Pourtant, derriĂšre cette rĂ©ussite apparente, les dĂ©fis se multiplient. Si la croissance du nombre de food trucks est estimĂ©e Ă +17 % dans les prochaines annĂ©es, leur croissance en chiffre dâaffaires ralentit nettement (+0,2 % seulement en 2025 selon IBIS), signe dâun marchĂ© plus difficile.
Autrefois perçus comme une alternative abordable aux restaurants traditionnels, les food trucks doivent dĂ©sormais faire face aux mĂȘmes pressions Ă©conomiques : inflation sur les ingrĂ©dients et les carburants, nouvelles taxes sur lâaluminium et lâacier (utilisĂ©s dans les Ă©quipements), et hausse des coĂ»ts de fonctionnement. RĂ©sultat : les prix au menu augmentent, parfois jusquâĂ 30 % pour certains produits, comme lâindique Angel Ruiz, gĂ©rant du food truck new-yorkais Birria-Landia. Ce dernier, bien que trĂšs populaire, a dĂ» ajuster ses prix de 12,5 % pour absorber les coĂ»ts, tout en veillant Ă ne pas perdre sa clientĂšle.
Contrairement Ă une idĂ©e reçue, un food truck nâest pas une « solution bon marchĂ© » : lâachat du vĂ©hicule Ă©quipĂ© peut coĂ»ter jusquâĂ 170 000 dollars, auxquels sâajoutent les assurances, les permis sanitaires, les contraintes logistiques et rĂ©glementaires, sans oublier la gestion quotidienne, souvent assurĂ©e par une seule personne. La complexitĂ© administrative, la difficultĂ© Ă obtenir un bon emplacement et la nĂ©cessitĂ© dâavoir un plan B en cas dâimprĂ©vu (chef absent, mĂ©tĂ©o dĂ©favorable, etc.) font de lâactivitĂ© un vĂ©ritable dĂ©fi opĂ©rationnel.
Face Ă ces enjeux, les food trucks Ă©voluent. Beaucoup misent dĂ©sormais sur des services de traiteur, des Ă©vĂ©nements privĂ©s ou des partenariats avec des marques pour gĂ©nĂ©rer lâessentiel de leurs revenus. Le modĂšle hybride, entre cuisine mobile et restaurant fixe, tend aussi Ă se dĂ©velopper, Ă lâimage de Birria-Landia qui prĂ©pare lâouverture dâun point de vente physique Ă New York.
Plus que jamais, le succĂšs passe par lâinnovation culinaire, lâancrage local, une forte identitĂ© de marque et une gestion rigoureuse. Les food trucks ne sont plus seulement une solution pratique : ils deviennent des acteurs Ă part entiĂšre de lâĂ©conomie gastronomique urbaine, mais sur une route semĂ©e dâembĂ»ches.
Washington Post, At 89, sheâs a top nutrition expert. Hereâs what she eats in a day, 05/11/2025
Ă 89 ans, Marion Nestle demeure lâune des voix les plus influentes en matiĂšre de nutrition. Professeure Ă©mĂ©rite Ă lâuniversitĂ© de New York, elle a marquĂ© plusieurs gĂ©nĂ©rations par ses ouvrages critiques sur lâindustrie agroalimentaire et ses conseils nutritionnels sans fard. Son livre majeur, Food Politics (2002), dĂ©nonçait dĂ©jĂ lâimpact massif des industriels sur la santĂ© publique, pointant leur rĂŽle dans la diffusion des aliments ultra-transformĂ©s et leur lobbying actif contre toute rĂ©gulation.
Nestle suit une philosophie alimentaire simple : « Manger de la vraie nourriture, pas trop, surtout des végétaux », inspirée du journaliste Michael Pollan. Elle prÎne une alimentation peu transformée, riche en fruits, légumes, céréales complÚtes et produits laitiers simples. Elle ne diabolise ni les écarts ni les aliments plaisir, et reconnaßt volontiers sa chance : un bon métabolisme, aucun problÚme de poids, un rapport serein à la nourriture.
Son quotidien alimentaire est ancrĂ© dans le rĂ©el : du cafĂ© au lait au rĂ©veil, des cĂ©rĂ©ales complĂštes ou du porridge avec des fruits en saison, des repas improvisĂ©s selon les produits disponibles sur sa terrasse ou au marchĂ©, et souvent des salades. Elle consomme peu mais variĂ© : Ćufs, fromages, fruits, lĂ©gumes croquants, pain, et parfois quelques aliments ultra-transformĂ©s, quâelle choisit avec discernement. Elle Ă©vite ceux dont la liste dâingrĂ©dients est longue ou incomprĂ©hensible.
Marion Nestle aime les glaces â en particulier au gingembre â, les bonbons Seeâs Candies, et les chips de maĂŻs simples. Elle se montre mĂ©fiante envers les complĂ©ments alimentaires, estimant que leur contenu rĂ©el est souvent incertain et leur utilitĂ© discutable. Elle nâen prend pas, prĂ©fĂ©rant sâen remettre Ă une alimentation Ă©quilibrĂ©e.
Son dernier ouvrage, What to Eat Now, est une mise Ă jour de son best-seller de 2006. Il ne sâagit pas dâun guide de rĂ©gime, mais dâun outil pour comprendre les transformations de lâoffre alimentaire : explosion des eaux fonctionnelles, multiplication des laits vĂ©gĂ©taux, dĂ©veloppement des viandes vĂ©gĂ©tales. Elle y rappelle lâimportance de dĂ©crypter les Ă©tiquettes, de fuir les ingrĂ©dients artificiels et dâĂȘtre lucide face Ă une industrie qui vend des produits de moins en moins sains sous couvert de marketing santĂ©.
Marion Nestle continue de militer, par lâexemple et lâĂ©criture, pour une alimentation informĂ©e, modĂ©rĂ©e, locale et joyeuse.
Forbes, Meet The Billionaires Behind A Food Empire Built On Dessert Topping, 02/11/2025
FondĂ© en 1945 par Robert E. Rich Sr., Rich Products est devenu un gĂ©ant mĂ©connu de lâagroalimentaire amĂ©ricain, avec 5,8 milliards de dollars de chiffre dâaffaires annuel et une prĂ©sence dans plus de 100 pays. Ă lâorigine de ce succĂšs : une invention pionniĂšre, la premiĂšre crĂšme fouettĂ©e non laitiĂšre, conçue comme une alternative bon marchĂ©, stable et facile Ă conserver Ă la crĂšme traditionnelle. MalgrĂ© les poursuites du lobby laitier (plus de 40 procĂšs), le produit devient un best-seller dans lâaprĂšs-guerre.
Aujourdâhui, lâentreprise, valorisĂ©e Ă plus de 7 milliards de dollars, appartient toujours Ă 100 % Ă la famille Rich, qui entend la garder privĂ©e âpour lâĂ©ternitĂ©â, selon Bob Rich Jr., fils du fondateur et prĂ©sident honoraire. Son Ă©pouse, Mindy Rich, est prĂ©sidente du conseil depuis 2021. Leur stratĂ©gie repose sur une gestion familiale rigoureuse, des dĂ©cisions rapides, une croissance par Ă©tapes, et une culture dâentreprise rĂ©solument locale et Ă©thique.
Lâentreprise ne se limite plus Ă la chantilly : son portefeuille comprend pizzas, pĂątisseries, pains surgelĂ©s, glaces Carvel, produits de la mer SeaPak, mousse de lait pour coffee shops et desserts industriels pour Walmart, Kroger ou Dunkinâ. Richâs compte dĂ©sormais 60 marques acquises depuis les annĂ©es 1970, et prĂ©voit dâatteindre 10 milliards de dollars de chiffre dâaffaires dâici 2030, en misant sur des produits innovants, simplifiant la logistique des restaurateurs.
Le parcours de Bob Jr., ancien joueur de hockey et hĂ©ritier initialement rĂ©ticent, illustre lâesprit entrepreneurial de la famille. Il a dĂ» apprendre par lâexpĂ©rience, notamment lors de lâĂ©chec dâune premiĂšre production au Canada. Il a ensuite pilotĂ© lâinternationalisation du groupe et renforcĂ© lâancrage local, en rachetant par exemple le club de baseball des Buffalo Bisons pour le maintenir dans la ville.
Richâs reste fermement implantĂ© Ă Buffalo, malgrĂ© les nombreuses offres dâaide au dĂ©mĂ©nagement vers dâautres Ătats. La famille considĂšre cette fidĂ©litĂ© comme un engagement communautaire. Le nom âRich Stadiumâ, premier accord de naming dans lâhistoire de la NFL (1973), symbolise encore cette fiertĂ© rĂ©gionale.
Les hĂ©ritiers ne sont pas automatiquement promus : les enfants doivent dâabord rĂ©ussir ailleurs. Ted Rich, actuel directeur de la croissance, est considĂ©rĂ© comme un successeur possible, mais lâentreprise insiste davantage sur la notion de âstewardshipâ (gestion responsable) que sur la transmission dynastique.
Avec une philosophie rĂ©sumĂ©e par âpas de bon business avec de mauvaises personnesâ, Richâs montre une rare cohĂ©rence entre croissance Ă©conomique, valeurs humaines et enracinement local. Son histoire est celle dâune dynastie discrĂšte mais puissante, qui continue de bĂątir un empire Ă partir dâun simple nuage de chantilly vĂ©gĂ©tale.
Wall Street Journal, Caviar on Everythingâand Other Annoying Restaurant Trends, 30/10/2025
Entre prĂ©sentations spectaculaires, ingrĂ©dients de luxe dĂ©tournĂ©s et expĂ©riences calibrĂ©es pour Instagram, de nombreux professionnels de la restauration dĂ©noncent des tendances devenues contre-productives, voire irritantes, pour les clients comme pour les Ă©quipes en salle. Lâarticle compile leurs griefs et propose une remise en question salutaire du « trop-plein » dans la gastronomie contemporaine.
1. Le caviar Ă toutes les sauces
Longtemps symbole de luxe, le caviar est aujourdâhui utilisĂ© Ă outrance, jusque sur des hamburgers, cheesecakes ou nuggets. Pour la consultante Leith Steel, cette dĂ©bauche nâa souvent aucune logique gustative et relĂšve plus de la dĂ©monstration de statut que du plaisir culinaire. RĂ©sultat : un ingrĂ©dient subtil perd sa noblesse, transformĂ© en simple argument de prix.
2. Les carafes peu pratiques et lâabsence dâeau du robinet
Les bouteilles vintage Ă bouchon mĂ©canique sĂ©duisent visuellement, mais posent problĂšme en salle : trop petites, elles nĂ©cessitent des recharges incessantes, au dĂ©triment du confort client. Autre irritant : certains Ă©tablissements refusent de proposer de lâeau du robinet, ce qui est perçu comme exclusif et Ă©litiste, surtout quand seules les options « pĂ©tillante ou plate » sont offertes.
3. Les décors pour réseaux sociaux
Vespas en salle, murs Ă nĂ©ons, balançoires⊠Les installations conçues pour les selfies peuvent gĂȘner la circulation, dĂ©tourner lâattention du repas et faire douter de la qualitĂ© rĂ©elle de la cuisine, selon plusieurs restaurateurs. Une esthĂ©tique trop travaillĂ©e devient parfois un leurre.
4. Les limites de temps imposées aux clients
HĂ©ritĂ©es des mesures sanitaires, les restrictions de durĂ©e de repas subsistent dans certains restaurants, parfois imposĂ©es dĂšs lâaccueil. Pour Benjamin Berg, cela nuit Ă lâhospitalitĂ© et transforme lâexpĂ©rience en acte purement commercial. Mieux vaut, selon lui, orienter discrĂštement les clients vers la sortie en fin de service plutĂŽt que dâimposer une contrainte dâemblĂ©e.
5. Les fleurs et micro-pousses décoratives
Les Ă©lĂ©ments comestibles dĂ©coratifs â fleurs, herbes minuscules â sont rarement mangĂ©s car les clients doutent de leur comestibilitĂ©. En plus dâĂȘtre coĂ»teux et pĂ©rissables, ils nâapportent pas toujours de valeur gustative. La cheffe Alejandra Espinoza leur prĂ©fĂšre des herbes plus franches comme la coriandre.
6. Les discours trop formatés des serveurs
Des introductions longues et rĂ©citĂ©es sur le menu et lâhistoire du restaurant lassent de plus en plus. Elles peuvent mĂȘme dĂ©shumaniser lâĂ©change avec les clients rĂ©guliers, selon Alexios Milioulis. Un accueil plus naturel, ouvert au dialogue, est prĂ©fĂ©rable.
7. Les mocktails trop exubérants
Les cocktails sans alcool rivalisent parfois dâapparat, avec grands verres, pailles surdimensionnĂ©es et garnitures voyantes. Pour certains chefs comme Jason Hall, ces boissons manquent de subtilitĂ© et de sĂ©rieux. Il recommande plutĂŽt des options sobres, plus cohĂ©rentes avec lâexpĂ©rience gustative attendue.
Financial Times, Fried chicken wars shake up fast-food pecking order, 06/11/2025
Dans lâunivers du fast-food amĂ©ricain, une nouvelle guerre fait rage, et elle ne se joue plus entre le Big Mac de McDonaldâs et le Whopper de Burger King. DĂ©sormais, le poulet frit est au cĆur de la bataille, redĂ©finissant les positions des grandes chaĂźnes dans un marchĂ© devenu ultra-concurrentiel.
La consommation de volaille a explosĂ© aux Ătats-Unis : plus de 45 kg par personne en 2025, contre moitiĂ© moins en 1985, selon le dĂ©partement amĂ©ricain de lâagriculture. Ce boom profite surtout aux formats sans os, comme les tenders et les sandwiches croustillants, plĂ©biscitĂ©s par les consommateurs, notamment les jeunes adultes de la gĂ©nĂ©ration Z, sensibles au prix, Ă la commoditĂ© et au plaisir immĂ©diat.
Paradoxalement, les enseignes historiques du poulet ont du mal Ă suivre. KFC a enchaĂźnĂ© huit trimestres sans croissance aux Ătats-Unis avant dâenregistrer une lĂ©gĂšre reprise. Popeyes, autre acteur majeur, voit ses ventes chuter depuis trois trimestres consĂ©cutifs et a rĂ©cemment remplacĂ© son directeur gĂ©nĂ©ral. Les nouveaux produits â sandwichs Ă bas prix et box Ă©conomiques â visent Ă enrayer la tendance.
Ă lâinverse, des chaĂźnes gĂ©nĂ©ralistes comme McDonaldâs capitalisent sur lâengouement pour le poulet. Son Snack Wrap Ă 2,99 $ â des lamelles de poulet frit dans une tortilla â a contribuĂ© Ă une hausse de 2,4 % des ventes aux Ătats-Unis au dernier trimestre. Le gĂ©ant annonce dĂ©sormais vendre autant de poulet que de bĆuf, et mise fortement sur ce segment pour capter un marchĂ© porteur.
Des challengers comme Wendyâs, en perte de vitesse boursiĂšre, se repositionnent avec de nouvelles gammes (âTendysâ) pour sĂ©duire les jeunes. Mais la vĂ©ritable menace vient de deux chaĂźnes privĂ©es en forte croissance : Chick-fil-A, dĂ©sormais troisiĂšme chaĂźne de restauration aux Ătats-Unis derriĂšre McDonaldâs et Starbucks, et Raising Caneâs, spĂ©cialisĂ©e dans les chicken fingers, qui a surpassĂ© KFC en chiffre dâaffaires aux Etats-Unis lâan passĂ©.
Cependant, lâopportunisme autour du poulet frit ne garantit pas le succĂšs. Des enseignes comme Chipotle et Shake Shack peinent Ă fidĂ©liser les jeunes, confrontĂ©s Ă des difficultĂ©s Ă©conomiques : chĂŽmage, faibles hausses salariales, et pouvoir dâachat en berne.
Dans ce contexte, la taille devient un avantage stratĂ©gique. McDonaldâs, avec des marges trois fois supĂ©rieures Ă celles de Wendyâs, peut soutenir des promotions agressives sans entamer sa rentabilitĂ©. Pourtant, tenir face Ă la crise ne suffit pas Ă relancer les actions des groupes de restauration rapide : tant que les consommateurs Ă faibles revenus resteront sous pression, le secteur restera sous tension.
La guerre du poulet frit ne fait que commencer, et pourrait profondĂ©ment restructurer lâordre Ă©tabli du fast-food amĂ©ricain dans les annĂ©es Ă venir.
Wall Street Journal, The Amazonification of Whole Foods Is Finally HereâBring On the Doritos, 01/11/2025
Huit ans aprĂšs son rachat par Amazon pour 13,7 milliards de dollars, Whole Foods connaĂźt une transformation en profondeur qui marque une rupture avec lâADN historique de lâenseigne, centrĂ©e sur les produits bio, naturels et locaux. DĂ©sormais, lâinfluence du gĂ©ant de la tech sâaffiche au grand jour avec lâarrivĂ©e de robots logistiques, de produits industriels comme Pepsi ou Doritos, et une rĂ©organisation managĂ©riale visant Ă intĂ©grer Whole Foods dans lâĂ©cosystĂšme global dâAmazon.
Ă Philadelphie, des robots appelĂ©s ShopBots permettent de commander via lâapplication Amazon des produits absents des rayons traditionnels de Whole Foods, comme des lessives ou des sodas classiques. Ă Chicago, une boutique Amazon Grocery a remplacĂ© un cafĂ© au sein du magasin, offrant des produits ultra-transformĂ©s au sein mĂȘme dâun espace auparavant rĂ©servĂ© au bio. Cette stratĂ©gie vise Ă retenir les clients dans lâunivers Amazon, en captant leurs dĂ©penses « ordinaires » sans abandonner complĂštement le positionnement premium de Whole Foods.
Jason Buechel, actuel PDG de Whole Foods, a Ă©tĂ© promu Ă la tĂȘte de toute la division alimentaire dâAmazon (y compris Amazon Fresh et Amazon Go), et les employĂ©s du siĂšge de Whole Foods deviendront officiellement des salariĂ©s Amazon dĂšs dĂ©cembre 2025. Ce transfert implique la perte de certains avantages historiques, comme les primes liĂ©es Ă la performance de Whole Foods, ou la remise de 20 % pour les employĂ©s en magasin.
Amazon affirme vouloir rationaliser ses activitĂ©s alimentaires et accĂ©lĂ©rer son dĂ©veloppement dans un secteur oĂč sa part de marchĂ© plafonne Ă 4 %. Depuis lâacquisition, les ventes de Whole Foods ont certes progressĂ© de 40 %, mais Ă un rythme annuel moyen dĂ©cevant de 5 %, bien en deçà de lâĂąge dâor de la chaĂźne dans les annĂ©es 2010. Certains analystes jugent lâopĂ©ration peu rentable et estiment que Whole Foods reste marginal dans la stratĂ©gie dâAmazon.
En interne, les tensions montent. Les critĂšres de performance dâAmazon sâimposent peu Ă peu, les rythmes de travail sâintensifient, et le personnel exprime son malaise face Ă une culture de la rentabilitĂ© perçue comme dĂ©shumanisante. Un mouvement de syndicalisation a mĂȘme Ă©mergĂ© dans certains magasins. CĂŽtĂ© fournisseurs, des voix appellent Ă la prudence pour ne pas diluer lâimage de marque de Whole Foods, prĂ©cieuse mais fragile.
Face aux critiques sur la baisse de qualitĂ© de lâoffre alimentaire et lâuniformisation des magasins, Amazon rĂ©pond par une stratĂ©gie dâhybridation. Des projets comme âProject Fusionâ prĂ©voient que les Ă©quipes de Whole Foods contribuent Ă la gestion logistique dâAmazon Fresh, brouillant toujours plus la frontiĂšre entre les deux marques. Tandis que les clients fidĂšles regrettent lâesprit pionnier des dĂ©buts, dâautres saluent la diversification de lâoffre, plus accessible. En vitrine, un panneau rĂ©sume la posture ambiguĂ« de la marque : « Weâre Still Here! »
Câest tout pour aujourdâhui.
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A la semaine prochaine!
O. Frey














