đŸđđ Eat's business đđ·đ§ 2025-32
Bonjour Ă toutes et Ă tous, Eatâs Business est une newsletter dans laquelle vous trouverez une revue de presse de quelques articles sur le monde de lâalimentaire qui mâont semblĂ© intĂ©ressants dans la semaine prĂ©cĂ©dente.
Pour ceux qui veulent la version audio :
Pour ceux qui veulent la formule ristretto, les 3 articles que je vous conseille de lire en priorité cette semaine sont :
Les Ăchos, Dans les supermarchĂ©s, pourquoi le rayon oeufs est de plus en plus clairsemĂ©, 29/10/2025
New York Times, Whole Foods, MAHA and the Battle Over Healthy Eating in America, 29/10/2025
New York Times, Going Down the Junk Food Rabbit Hole, 27/10/2025
Bonne lecture et bonne semaine Ă toutes et Ă tous!
Pour celles et ceux dâentre vous qui ont plus de temps pour la formule lungo :
Les Ăchos, Dans les supermarchĂ©s, pourquoi le rayon oeufs est de plus en plus clairsemĂ©, 29/10/2025
Depuis plusieurs mois, les consommateurs français constatent des rayons Ćufs peu fournis dans les supermarchĂ©s. Pourtant, la filiĂšre affirme quâil nâexiste pas de pĂ©nurie Ă proprement parler. Le phĂ©nomĂšne sâexpliquerait davantage par une forte hausse de la demande que par un problĂšme dâoffre. DâaprĂšs Nielsen IQ, les Ćufs connaissent le plus fort taux de rupture en grande distribution : 13,3 % depuis le dĂ©but de lâannĂ©e, contre 5,6 % lâan dernier. Pour David Lecomte, directeur des Ă©tudes chez Nielsen IQ, ce chiffre est alarmant puisque le seuil « normal » se situe autour de 2 %. Et cette situation dure : depuis juin, les taux de rupture dĂ©passent les 15 %, illustrant une tension durable.
Cette hausse de la consommation est portĂ©e par les jeunes adultes, notamment les couples sans enfants de moins de 35 ans, avec une progression de +17 % dans cette catĂ©gorie. Produit peu cher, riche en protĂ©ines et facile Ă prĂ©parer, lâĆuf coche toutes les cases des nouvelles tendances alimentaires axĂ©es sur la praticitĂ©, lâĂ©conomie et la santĂ©. Sur les dix premiers mois de 2025, les ventes ont progressĂ© de 4,5 % en volume et de 8,3 % en valeur.
La filiĂšre avicole rappelle que les poules pondent quotidiennement et en abondance, mais la chaĂźne dâapprovisionnement, trĂšs tendue, ne parvient pas Ă rĂ©pondre aux pics de consommation. Selon le CNPO (lâinterprofession des Ćufs), la demande peut varier jusquâĂ 100 000 unitĂ©s autour dâune moyenne mensuelle de 600 000 Ćufs, rendant la logistique difficile Ă stabiliser.
En parallĂšle, la production reste sous pression. AprĂšs les ravages de lâĂ©pizootie dâinfluenza aviaire en 2021, le secteur peine Ă retrouver ses capacitĂ©s. La construction de nouveaux poulaillers a Ă©tĂ© stoppĂ©e et nâa pas encore repris son rythme. En 2024, lâauto-approvisionnement français en Ćufs Ă©tait de 98,6 %, ce qui laisse un dĂ©ficit structurel dâenviron 300 poulaillers pour rĂ©pondre Ă la demande actuelle.
Ce dĂ©sĂ©quilibre entre consommation croissante et production encore convalescente rend la filiĂšre vulnĂ©rable, malgrĂ© lâabsence de rĂ©elle pĂ©nurie. Il interroge aussi sur la rĂ©silience du modĂšle dâapprovisionnement et la nĂ©cessitĂ© de mieux anticiper les Ă©volutions de la demande.
Les Ăchos, Les laits vĂ©gĂ©taux renforcent la croissance de Danone, 28/10/2025
Danone confirme son dynamisme dans un secteur agroalimentaire marquĂ© par une croissance atone. Pour le quinziĂšme trimestre consĂ©cutif, le groupe enregistre une hausse de son chiffre dâaffaires (+4,8 % en donnĂ©es comparables), portĂ©e principalement par lâaugmentation des volumes (+3,2 %). Ce rĂ©sultat est dâautant plus remarquable quâil contraste avec la tendance gĂ©nĂ©rale du marchĂ©, oĂč la consommation ralentit.
LâEurope, avec +2,6 %, affiche une progression solide. La zone Chine, Asie du Nord et OcĂ©anie se distingue avec une hausse spectaculaire de +13,8 %, malgrĂ© un effet prix nĂ©gatif. En revanche, les Ătats-Unis restent en retrait (+1,5 %), notamment Ă cause dâune concurrence intense sur les produits Ă base de plantes et dans les crĂšmes Ă cafĂ©. Pour renforcer sa position sur ce marchĂ©, Danone mise sur le rachat de Kate Farms, spĂ©cialisĂ©e dans la nutrition mĂ©dicale vĂ©gĂ©tale et bio.
Le segment des produits vĂ©gĂ©taux constitue aujourdâhui un levier stratĂ©gique majeur. La gamme Alpro (laits et yaourts vĂ©gĂ©taux) reprend des couleurs en Europe, aprĂšs une pĂ©riode post-Covid difficile. Danone a revu sa stratĂ©gie en recentrant sa communication sur les bienfaits santĂ© des produits, plutĂŽt que sur leurs ingrĂ©dients, ce qui semble porter ses fruits. En particulier, les yaourts vĂ©gĂ©taux connaissent une croissance soutenue, dans un contexte oĂč les consommateurs recherchent des produits riches en protĂ©ines et plus sains.
ParallĂšlement, dâautres piliers comme les yaourts riches en protĂ©ines (YoPro, Oikos) et la nutrition infantile continuent de soutenir la croissance, de mĂȘme que la catĂ©gorie eaux, tirĂ©e par la marque Evian.
Danone confirme Ă©galement sa volontĂ© de se renforcer sur des marchĂ©s prioritaires comme les Ătats-Unis, lâInde, lâAsie et lâAfrique. Dans ce dernier cas, le groupe a rĂ©cemment nouĂ© un partenariat avec la Coupe dâAfrique des Nations (CAN) pour asseoir sa prĂ©sence. Lâentreprise reconnaĂźt toutefois que sa couverture reste limitĂ©e dans des pays comme lâAfrique du Sud, le Nigeria, le Maroc ou lâAlgĂ©rie, oĂč elle entend accĂ©lĂ©rer son dĂ©veloppement.
Enfin, Danone rĂ©affirme sa stratĂ©gie dâinvestissement axĂ©e sur la santĂ© intestinale et la science, avec pour ambition de consolider son positionnement sur des segments Ă forte valeur ajoutĂ©e.
Les Ăchos, ProtĂ©ines, beurre⊠pourquoi les industriels laitiers sâintĂ©ressent aux activitĂ©s « ingrĂ©dients », 28/10/2025
Souvent mĂ©connus du grand public, les ingrĂ©dients laitiers â comme le beurre industriel, les protĂ©ines ou les casĂ©ines â constituent une source de rentabilitĂ© stratĂ©gique pour les acteurs de la filiĂšre laitiĂšre. Ces produits, destinĂ©s au B2B (industrie agroalimentaire, nutrition spĂ©cialisĂ©e, pharmacieâŠ), reprĂ©sentent un dĂ©bouchĂ© de plus en plus valorisĂ©, Ă la croisĂ©e des enjeux Ă©conomiques, technologiques et environnementaux.
Lâexemple de Fonterra, gĂ©ant nĂ©o-zĂ©landais du lait, illustre bien cette dynamique. AprĂšs avoir cĂ©dĂ© son activitĂ© grand public Ă Lactalis, lâentreprise investit massivement dans la production dâingrĂ©dients laitiers â un milliard de dollars nĂ©o-zĂ©landais dâici 3 Ă 4 ans â avec une orientation claire vers le beurre industriel, plĂ©biscitĂ© pour son goĂ»t et sa naturalitĂ©. La stratĂ©gie de Fonterra vise Ă se recentrer sur son cĆur de mĂ©tier et Ă tirer parti de sa saisonnalitĂ© forte et de ses coĂ»ts de production bas.
En France, les grands groupes comme Bel, Lactalis, Savencia ou Sodiaal sâinscrivent eux aussi dans cette logique de valorisation des coproduits. Bel, par exemple, dĂ©veloppe une production innovante de casĂ©ines Ă partir de petit-lait acide (issu de la fabrication des fromages frais) via un procĂ©dĂ© de fermentation de prĂ©cision. Ce procĂ©dĂ© inĂ©dit permet de transformer un rĂ©sidu jusquâici peu exploitĂ© en ingrĂ©dient stratĂ©gique, destinĂ© Ă des produits comme La Vache qui Rit ou Kiri.
Les protĂ©ines laitiĂšres, notamment les casĂ©ines, rencontrent un fort engouement, en lien avec la tendance des produits enrichis en protĂ©ines. Selon Corentin Puvilland, Ă©conomiste au Cniel, plus un ingrĂ©dient est concentrĂ© en protĂ©ines, plus sa valeur est Ă©levĂ©e â une tendance renforcĂ©e ces trois derniĂšres annĂ©es.
Cette mutation de la chaĂźne de valeur modifie mĂȘme lâĂ©conomie de certains produits finis : dans le cas du cheddar industriel, les coproduits peuvent parfois valoir plus que le fromage lui-mĂȘme. Le beurre ingrĂ©dient, quant Ă lui, est portĂ© par la demande asiatique et moyen-orientale en viennoiseries.
Les performances financiÚres des industriels confirment cette orientation : chez Savencia, les autres produits laitiers (dont les ingrédients) ont progressé de +5,6 % à fin septembre 2025, grùce à un effet prix favorable et à la performance des ingrédients de spécialités.
Les Ăchos, FĂ»ts importĂ©s de France, capteurs high-tech : quand la Chine se met Ă faire du bon vin, 25/10/2025
Dans la province chinoise du Ningxia, aride et reculĂ©e, un vĂ©ritable virage viticole est en cours. Le domaine Xige Estate, créé en 2017 par Zhang Yanzhi, symbolise cette montĂ©e en gamme spectaculaire. DotĂ© dâun chai ultramoderne, Ă©quipĂ© de 4 000 fĂ»ts de chĂȘne français et capable de produire 3 000 bouteilles par heure, Xige ambitionne de produire du vin premium Ă grande Ă©chelle. Lâentreprise investit chaque annĂ©e prĂšs de 12 millions dâeuros et cultive 2 000 hectares de vignes, avec des cĂ©pages variĂ©s allant du cabernet sauvignon au chardonnay.
Xige incarne la nouvelle stratĂ©gie du vin chinois : miser sur la qualitĂ© pour sĂ©duire une clientĂšle locale de plus en plus exigeante, mais aussi conquĂ©rir les marchĂ©s internationaux. Si la consommation de vin en Chine a chutĂ© de 19 % en 2024 â divisĂ©e par trois depuis 2019 â les producteurs misent dĂ©sormais sur la valeur plutĂŽt que les volumes. Ce repositionnement intervient dans un contexte de ralentissement Ă©conomique et de transformation des habitudes de consommation : le vin devient un produit de consommation personnelle, et non plus rĂ©servĂ© aux affaires ou au prestige.
MalgrĂ© la baisse de la production (-17 % en 2024), les revenus des domaines du Ningxia ont progressĂ© de 20 %, atteignant 5 milliards de dollars. Le succĂšs sâillustre aussi par la reconnaissance internationale : les vins chinois ont remportĂ© 181 mĂ©dailles au Decanter World Wine Awards en 2025, dont deux « Best in Show », un record.
Cependant, le dĂ©veloppement du vignoble chinois se heurte Ă plusieurs contraintes : des hivers trĂšs rigoureux qui imposent dâenterrer les vignes chaque annĂ©e, un processus coĂ»teux et trĂšs manuel (plus de 1 500 salariĂ©s chez Xige), et une dĂ©pendance forte aux Ă©quipements importĂ©s. Le chĂȘne français est notamment plĂ©biscitĂ© pour la fabrication des fĂ»ts, faute dâalternative locale.
En parallĂšle, des innovations Ă©mergent, comme le vin en canette lancĂ© en 2023 par Xige, ou des gammes dâentrĂ©e de gamme Ă 150 yuans pour rĂ©pondre Ă une clientĂšle plus large. Le haut de gamme nâest pas abandonnĂ© : la bouteille « 609 » vendue 96 ⏠a Ă©tĂ© servie lors du dĂźner Macron-Xi Jinping.
Entre ambition nationale, technologies de pointe et logique commerciale, le vin chinois poursuit son ascension, mĂȘme sâil reste encore peu compĂ©titif Ă lâinternational.
Le Monde, La frite maison a (presque) tout bon, 30/10/2025
Si la frite est omniprĂ©sente dans lâalimentation française, elle traverse aujourdâhui une crise de saveur. Alors que la production de pommes de terre atteint des sommets â prĂšs de 200 000 hectares cultivĂ©s en 2025, selon le ministĂšre de lâAgriculture â la majoritĂ© des tubercules est destinĂ©e Ă la fabrication industrielle de frites surgelĂ©es, souvent insipides. Produites par des gĂ©ants comme McCain ou Clarebout, ces frites standardisĂ©es dominent le marchĂ©, mais laissent les gastronomes sur leur faim.
Face Ă cette uniformisation, une rĂ©sistance sâorganise dans les Hauts-de-France, berceau historique de la pomme de terre et de la frite. Ă Arras, le championnat du monde de la frite rĂ©unit chaque annĂ©e prĂšs de 70 000 passionnĂ©s autour dâun Ă©vĂ©nement festif et gourmand. Au-delĂ de la dimension populaire, ce rendez-vous permet de remettre Ă lâhonneur les frites maison et les savoir-faire artisanaux. Des chefs comme Florent Ladeyn, ou des friteurs historiques comme Jean-Paul Dambrine, y proposent des frites dorĂ©es Ă la graisse de bĆuf, accompagnĂ©es de sauces rĂ©gionales.
Le concours, trĂšs structurĂ©, comporte six catĂ©gories (frite crĂ©ative, familiale, du monde, etc.), mais câest la frite dite « authentique » qui suscite le plus de convoitise. Ă travers cette Ă©preuve, les participants dĂ©fendent une vision artisanale de la frite, fondĂ©e sur la qualitĂ© des produits et la prĂ©cision des techniques.
La journaliste et militante culinaire Marie-Laure FrĂ©chet, coorganisatrice du championnat et autrice de Ma frite adorĂ©e, rappelle les rĂšgles dâor de la frite parfaite : choisir une bonne variĂ©tĂ© (comme la bintje, lâagata ou la charlotte), respecter la saisonnalitĂ©, opter pour une coupe adaptĂ©e (cheveu, pont-neuf, bĂ»cheâŠ), et maĂźtriser la cuisson en double bain. La matiĂšre grasse (animale ou vĂ©gĂ©tale) joue un rĂŽle crucial, tout comme lâassaisonnement, oĂč les Ă©pices et vinaigres rĂ©gionaux offrent de nombreuses possibilitĂ©s.
Si les frites restent un plaisir calorique, elles peuvent, bien rĂ©alisĂ©es, retrouver leurs lettres de noblesse. Des innovations rĂ©centes, comme les frites infusĂ©es au romarin du chef Siem van Bruggen ou la mayonnaise au piment dâUrfa dâun kebab parisien, montrent quâil est possible dâallier tradition, crĂ©ativitĂ© et raffinement.
LSA, âQuel est lâavenir de la viande?â [tribune], 24/10/2025
Dans cette tribune engagĂ©e, le docteur Jean-Baptiste Bourgeois et lâentrepreneur David Nicolas plaident pour une refondation du modĂšle dâĂ©levage français, articulĂ©e autour dâune alimentation plus durable, plus juste et plus respectueuse du vivant. Ă leurs yeux, lâopposition stĂ©rile entre viande et vĂ©gĂ©tal masque les vĂ©ritables enjeux de la transition alimentaire : non pas la nature des aliments, mais leur degrĂ© de transformation, leur origine et leur mode de production.
Le texte dĂ©nonce les deux impasses actuelles : dâun cĂŽtĂ©, un Ă©levage intensif rentable mais nĂ©faste pour lâenvironnement et la santĂ© ; de lâautre, un Ă©levage extensif, porteur de solutions mais encore marginal. La filiĂšre agroalimentaire, en quĂȘte de marges (plus de 42 %), favorise lâintermĂ©diation et lâultra-transformation, au dĂ©triment des Ă©leveurs et de la qualitĂ© nutritionnelle. RĂ©sultat : la production nationale chute (-12 % en 30 ans), un tiers de la viande consommĂ©e est importĂ©e, et la crise des vocations sâaggrave.
Les auteurs battent en brĂšche deux idĂ©es reçues. Dâabord, croire que lâavenir repose sur lâintensification. Ensuite, penser que consommer moins de viande est une solution universelle. En rĂ©alitĂ©, la diminution de la consommation est souvent une rĂ©action au modĂšle industriel, alors que de nombreux Français (femmes, seniors, sportifs) souffrent de carences en fer ou en micronutriments, accentuĂ©es par une rĂ©duction non compensĂ©e de la viande.
Ils rappellent que la viande a jouĂ© un rĂŽle fondamental dans lâĂ©volution humaine, apportant protĂ©ines, graisses essentielles et nutriments. Ce socle biologique est aujourdâhui mis Ă mal par lâindustrialisation, qui appauvrit le produit, le dĂ©tourne de sa fonction originelle et le rend suspect dans les dĂ©bats de sociĂ©tĂ©.
Lâavenir de la viande passe, selon les auteurs, par une approche fondĂ©e sur la densitĂ© nutritionnelle, la transformation minimale et le respect des Ă©cosystĂšmes. Des Ă©leveurs engagĂ©s montrent dĂ©jĂ la voie, via des pratiques rĂ©gĂ©nĂ©ratives, des bovins nourris Ă lâherbe et une valorisation des abats riches en micronutriments. Ces pratiques offrent des produits au bilan carbone quasi nul, surpassant mĂȘme lâĂ©levage bio intensif.
Ils concluent sur une note Ă©thique : repenser lâalimentation, câest assumer une responsabilitĂ© morale envers les gĂ©nĂ©rations futures. Il est temps que les livres de cuisine deviennent les livres dâhistoire de demain.
Novethic, Gastronomie durable : Le guide Michelin enterre discrĂštement son Ătoile verte, 31/10/2025
LâĂtoile verte, distinction lancĂ©e en 2020 par le guide Michelin pour valoriser les restaurants engagĂ©s dans une dĂ©marche Ă©cologique, semble aujourdâhui relĂ©guĂ©e au second plan. Le pictogramme vert a discrĂštement disparu des outils de recherche en ligne du site et de lâapplication Michelin, rendant les Ă©tablissements concernĂ©s quasiment invisibles â sauf pour ceux cumulant dĂ©jĂ une Ătoile rouge classique. Ce retrait numĂ©rique a Ă©tĂ© constatĂ© par plusieurs acteurs du secteur, dont Fanny Giansetto, cofondatrice dâEcotable, et suscite une incomprĂ©hension gĂ©nĂ©ralisĂ©e parmi les restaurateurs.
Officiellement, le guide Michelin affirme que lâĂtoile verte « existe toujours », tout en prĂ©cisant quâelle nâest ni un label ni une certification, mais une simple reconnaissance complĂ©mentaire. Or, pour nombre dâobservateurs, cette mise en retrait signe en rĂ©alitĂ© la disparition de la distinction. Selon Franck Pinay-Rabaroust, rĂ©dacteur en chef du mĂ©dia Bouillantes, lâinitiative souffrait dĂ©jĂ dâun manque de cadrage : pas de cahier des charges clair, absence de moyens dĂ©diĂ©s, peu de formation des inspecteurs. Face Ă lâessor rapide de la demande pour une gastronomie plus responsable, le Michelin semble dĂ©passĂ©.
Du cĂŽtĂ© des chefs, la dĂ©ception est palpable. Pour Nicolas Conraux, restaurateur breton distinguĂ© Ă la fois par une Ătoile rouge et une Ătoile verte, cette disparition est un non-sens. Il rappelle que de nombreux clients choisissaient son Ă©tablissement prĂ©cisĂ©ment pour ses engagements Ă©cologiques. La distinction servait de repĂšre dans un secteur oĂč la transparence reste rare.
Ce retrait envoie un signal prĂ©occupant pour lâavenir de la gastronomie durable. Alors que 74 % des Français considĂšrent lâimpact Ă©cologique comme un critĂšre de choix lorsquâils sortent au restaurant (selon un sondage Ifop citĂ© par Ecotable), le secteur de la restauration reste en retard : seuls 1 % des aliments proposĂ©s proviennent de lâagriculture biologique. Face Ă cette inertie, Ecotable appelle Ă des politiques publiques ambitieuses : formation des professionnels, affichage environnemental, soutien Ă la transition.
New York Times, Whole Foods, MAHA and the Battle Over Healthy Eating in America, 29/10/2025
Whole Foods, longtemps perçue comme lâemblĂšme du « manger sain » aux Ătats-Unis, se retrouve aujourdâhui au cĆur dâun dĂ©bat idĂ©ologique sur la nutrition. Alors que le mouvement « Make America Healthy Again » (MAHA) gagne du terrain, portĂ© par une frange conservatrice dĂ©nonçant les additifs, les huiles de graines et les aliments ultra-transformĂ©s, la chaĂźne de supermarchĂ©s peine Ă clarifier sa position. Cela crĂ©e un paradoxe : lâentreprise qui a dĂ©mocratisĂ© lâalimentation bio et naturelle semble silencieuse face Ă un discours qui Ă©pouse pourtant certaines de ses valeurs historiques.
Depuis son rachat par Amazon en 2017, Whole Foods a changĂ© de visage. Le sentiment dâexclusivitĂ© a baissĂ©, les prix ont chutĂ©, et la chaĂźne sâest rapprochĂ©e dâun modĂšle plus grand public. Toutefois, son influence reste forte : ses standards et son offre continuent de guider lâindustrie. Mais face Ă MAHA, Whole Foods se montre prudente. Des figures conservatrices comme Alex Clark, animatrice dâun podcast influent, reprochent Ă la marque son manque dâengagement apparent envers les idĂ©es du mouvement, quâelle juge pourtant alignĂ©es avec sa mission originelle.
Dâautres, au contraire, estiment que Whole Foods nourrit la dĂ©sinformation sanitaire en excluant certains ingrĂ©dients jugĂ©s sans danger par la communautĂ© scientifique. Cette ambiguĂŻtĂ© tĂ©moigne dâun repositionnement difficile dans un paysage polarisĂ©, oĂč le « manger sain » est devenu un marqueur politique autant que nutritionnel.
LâhĂ©ritage de John Mackey, fondateur libertarien de Whole Foods, est encore perceptible : un mĂ©lange dâidĂ©alisme communautaire, de capitalisme conscient et de rejet des institutions. Mais cette vision sâaccorde mal avec la stratĂ©gie centralisĂ©e dâAmazon, axĂ©e sur la standardisation, la rentabilitĂ© et lâexpansion.
Sur le plan commercial, Whole Foods continue dâinnover, par exemple avec sa nouvelle campagne « Itâs Whatâs Not in the Bag » (mettant en avant 562 ingrĂ©dients bannis). Elle cherche aussi Ă sĂ©duire les gĂ©nĂ©rations plus jeunes, via une offre Ă©largie, des services numĂ©riques et une mise en avant des produits « fonctionnels ».
NĂ©anmoins, la marque peine Ă retrouver lâaura quâelle avait dans les annĂ©es 2000, lorsque ses magasins incarnaient une utopie alimentaire. CoincĂ©e entre lâindustrie conventionnelle quâelle a autrefois dĂ©fiĂ©e et les mouvements radicaux quâelle a inspirĂ©s, Whole Foods doit redĂ©finir son rĂŽle dans une AmĂ©rique oĂč « bien manger » est dĂ©sormais un champ de bataille culturel.
New York Times, Going Down the Junk Food Rabbit Hole, 27/10/2025
Lâarticle explore les raisons de la domination des aliments ultratransformĂ©s dans lâalimentation amĂ©ricaine. MĂšre active et consciente des enjeux sanitaires, la journaliste admet recourir Ă ces produits pour leur praticitĂ© â une contradiction partagĂ©e par des millions dâAmĂ©ricains. Plus de 50 % des calories consommĂ©es chaque jour aux Ătats-Unis proviennent de ces aliments, malgrĂ© les alertes croissantes sur leurs effets sur la santĂ© (obĂ©sitĂ©, diabĂšte, maladies cardiovasculairesâŠ).
Son enquĂȘte, menĂ©e sur plusieurs mois, retrace lâhistoire des aliments ultratransformĂ©s, de leur essor dans les annĂ©es 1950 Ă leur omniprĂ©sence actuelle. Elle montre comment la publicitĂ© tĂ©lĂ©visĂ©e, les innovations industrielles et le marketing ont ancrĂ© ces produits dans les foyers amĂ©ricains. DĂšs le dĂ©part, lâargument de la commoditĂ© â repas rapides, longue conservation, formats attrayants â a sĂ©duit des gĂ©nĂ©rations de consommateurs.
Fait notable : les premiĂšres alarmes scientifiques ne viennent pas des Ătats-Unis mais du BrĂ©sil, oĂč lâapparition rapide de lâobĂ©sitĂ© a suscitĂ© des recherches pionniĂšres sur les effets spĂ©cifiques des aliments ultratransformĂ©s. Ces travaux ont nourri le concept de classification NOVA, aujourdâhui largement utilisĂ© pour analyser le degrĂ© de transformation des produits alimentaires.
La journaliste sâappuie aussi sur des sources historiques originales : archives dâentreprises agroalimentaires, rapports internes de PepsiCo ou Kraft, et tĂ©moignages dâexĂ©cutifs de lâindustrie. Ces documents rĂ©vĂšlent les stratĂ©gies de segmentation des marchĂ©s, la multiplication des saveurs, ou encore le rĂŽle des entreprises de tabac, autrefois propriĂ©taires de grandes marques alimentaires, dans la diffusion de produits addictifs.
La journaliste revient Ă©galement sur lâĂ©volution du dĂ©bat public, marquĂ© par une prise de conscience croissante, mais aussi par un certain dĂ©sarroi. Beaucoup de consommateurs souhaitent rĂ©duire leur consommation dâaliments transformĂ©s, mais peinent Ă identifier ce qui est rĂ©ellement sain. Lâabsence de rĂ©glementation claire, lâinfluence des lobbies et le flou des labels compliquent la tĂąche.
Enfin, elle plaide pour une approche pragmatique : cuisiner davantage Ă partir dâaliments bruts, sans tomber dans la culpabilisation. MĂȘme elle, en tant que mĂšre, reconnaĂźt la difficultĂ© de concilier alimentation idĂ©ale et contraintes du quotidien.
Food Dive, Out of the box: How food and beverage giants are making their packaging shine, 30/10/2025
Longtemps relĂ©guĂ©e au second plan, lâemballage devient aujourdâhui une prioritĂ© stratĂ©gique pour les gĂ©ants de lâagroalimentaire. Face Ă une concurrence accrue et Ă des consommateurs plus exigeants, les entreprises repensent leurs packagings pour sĂ©duire en rayon, renforcer leur image de marque et stimuler les ventes. Ce virage est portĂ© par des donnĂ©es convaincantes : 80 % des consommateurs affirment avoir achetĂ© un produit parce que lâemballage a attirĂ© leur attention ; prĂšs de la moitiĂ© ont mĂȘme changĂ© de marque pour cette raison.
Des marques comme B&G Foods, Conagra ou Suja Life investissent désormais massivement dans le design, les tests consommateurs et les innovations structurelles. Chez Conagra, par exemple, le packaging du repas surgelé « Mega » a été entiÚrement repensé pour justifier un prix plus élevé. Résultat : un graphisme plus impactant, des mentions nutritionnelles (protéines) mises en avant, et un emballage noir valorisant la qualité perçue. Les ventes ont décollé, faisant de « Mega » un succÚs en grande distribution.
Le packaging ne se limite plus Ă lâesthĂ©tique : il doit informer, rassurer, reflĂ©ter les valeurs de la marque (santĂ©, naturalitĂ©, durabilitĂ©), tout en sâadaptant aux contraintes pratiques (ouverture facile, conservation, recyclabilitĂ©). Suja Life, marque de jus pressĂ©s Ă froid, a ainsi revu toute sa charte graphique pour mettre en avant les ingrĂ©dients, les bĂ©nĂ©fices santĂ© (« gut health », immunitĂ©) et mĂȘme un « thermomĂštre de goĂ»t » pour guider les consommateurs.
Lâarticle souligne aussi les risques liĂ©s aux changements dâemballage. Trop brutaux ou mal accueillis, ils peuvent provoquer une chute des ventes, comme lâa connu Tropicana en 2009 aprĂšs un rebranding rejetĂ©. Frito-Lay, de son cĂŽtĂ©, a dĂ» abandonner un emballage biodĂ©gradable trop bruyant pour ses chips Sun Chips, malgrĂ© son ambition Ă©cologique.
Aujourdâhui, le packaging est perçu comme un levier de croissance, non plus un simple coĂ»t. Les entreprises sâentourent de spĂ©cialistes (designers, ingĂ©nieurs, psychologues du comportement) pour tester des prototypes en conditions rĂ©elles, parfois fabriquĂ©s en quelques heures grĂące Ă des technologies internes comme celles de lâagence PV&COHO.
Food Dive, Food companies can now certify their products as free from ultraprocessed ingredients, 30/10/2025
Face Ă la mĂ©fiance croissante des consommateurs envers les aliments ultratransformĂ©s (UPF), un nouveau label fait son apparition aux Ătats-Unis : le certificat « Non-UPF ». PortĂ© par le nutritionniste Melissa Halas et soutenu par le Food Integrity Collective (Ă©galement Ă lâorigine du label Non-GMO), ce programme vise Ă identifier clairement les produits exempts de transformation excessive, dâadditifs artificiels ou dâingrĂ©dients jugĂ©s nocifs.
Lâobjectif est double : permettre aux consommateurs de faire des choix plus Ă©clairĂ©s et inciter les marques Ă reformuler leurs produits pour rĂ©pondre Ă la demande dâaliments plus sains. Le programme sâappuie sur la classification NOVA, un systĂšme reconnu qui distingue quatre niveaux de transformation. Les UPF, au sommet de cette Ă©chelle, incluent les produits industriels contenant des substances absentes des cuisines domestiques (colorants, arĂŽmes artificiels, Ă©dulcorants, Ă©mulsifiantsâŠ).
La dĂ©marche intervient dans un contexte oĂč 70 % des AmĂ©ricains dĂ©clarent vouloir Ă©viter les aliments ultratransformĂ©s, mais oĂč seuls 37 % sâestiment rĂ©ellement capables de les identifier. Le label « Non-UPF » pourrait donc combler ce dĂ©ficit dâinformation. Il sâajoute Ă dâautres initiatives similaires, comme celle du Non-GMO Project, qui a rĂ©cemment lancĂ© un label pilote sur le mĂȘme sujet.
Cependant, lâabsence de dĂ©finition officielle des UPF pose problĂšme. Ni la FDA ni le consensus scientifique nâont encore tranchĂ© sur les critĂšres prĂ©cis de cette catĂ©gorie. Certains produits considĂ©rĂ©s comme ultratransformĂ©s (barres protĂ©inĂ©es, yaourts aromatisĂ©s) peuvent nĂ©anmoins prĂ©senter un intĂ©rĂȘt nutritionnel rĂ©el. Ce flou pourrait nuire Ă la lisibilitĂ© des nouveaux labels et semer davantage de confusion.
En Californie, un premier pas a Ă©tĂ© franchi avec une loi bannissant les UPF dans les cantines scolaires, intĂ©grant une dĂ©finition lĂ©gale de ces aliments. Cette initiative pourrait inspirer dâautres Ătats et accĂ©lĂ©rer la normalisation de ces certifications.
Si le succĂšs du label « Non-UPF » dĂ©pendra de son adoption par les grandes marques, il marque dĂ©jĂ un tournant : la transformation industrielle devient un critĂšre de choix aussi important que le sucre, les matiĂšres grasses ou le sel. En plaçant la transformation au cĆur des dĂ©bats sur la santĂ© publique, cette nouvelle gĂ©nĂ©ration de labels redĂ©finit les contours de lâalimentation « saine ».
Eater, For Lisbon, the Pastel de Nata Is a Gift and a Curse, 27/10/2025
Symbole incontournable de la gastronomie portugaise, le pastel de nata est devenu lâemblĂšme touristique de Lisbonne. Mais ce succĂšs fulgurant, notamment depuis le boom touristique des annĂ©es 2010, suscite aujourdâhui un malaise croissant chez les habitants. Lâarticle explore la maniĂšre dont cette pĂątisserie Ă base de crĂšme dâĆuf cristallise Ă la fois la rĂ©ussite Ă©conomique et la transformation controversĂ©e de la capitale.
Autrefois simple en-cas local, le pastel de nata est dĂ©sormais omniprĂ©sent. De nouvelles chaĂźnes comme Manteigaria, Nata Lisboa ou FĂĄbrica da Nata ont ouvert des dizaines de points de vente dans le centre-ville. On en trouve dans les cafĂ©s, les hĂŽtels, les aĂ©roports, chez Starbucks ou mĂȘme chez Zara, qui a ouvert un corner pĂątisserie avec lâaide de Castro Atelier, une marque haut de gamme. Certains quartiers touristiques, comme la Rua Augusta, comptent jusquâĂ huit boutiques spĂ©cialisĂ©es sur 100 mĂštres.
Si cette dynamique gĂ©nĂšre de lâemploi et attire les visiteurs, elle contribue aussi Ă lâuniformisation de lâoffre, Ă lâexclusion des habitants (chassĂ©s par la hausse des loyers), et Ă la fermeture de commerces historiques. Le pastel de nata est devenu une « monoculture pĂątissiĂšre », selon les critiques. Des pĂątisseries artisanales proposant des douceurs rĂ©gionales disparaissent, faute de rentabilitĂ© face Ă un produit hyper-standardisĂ©, facilement instagrammable et optimisĂ© pour le rendement.
Certaines marques, comme Castro, revendiquent une exigence de qualité, avec des recettes précises et des procédés de fabrication rigoureux. Mais cette sophistication masque parfois une déconnexion du contexte local : des cafés épurés, interchangeables, qui pourraient se trouver à Copenhague ou Paris, et non dans les ruelles lisboÚtes.
Le pastel de nata est Ă©galement devenu un marqueur de la gentrification lisboĂšte. Lâarticle cite des chiffres alarmants : les prix immobiliers ont explosĂ© de plus de 200 % dans le centre historique ; plus de 70 % des logements y sont aujourdâhui des locations touristiques. Les habitants fuient, les commerces ferment, et les protestations sâintensifient.
Ă travers ce dessert, Lisbonne illustre les contradictions dâun modĂšle Ă©conomique basĂ© sur le tourisme de masse : un produit culte devenu arme Ă double tranchant. Comme le rĂ©sume un pĂątissier : « Les rouages de lâĂ©conomie lisboĂšte sont graissĂ©s Ă la crĂšme pĂątissiĂšre. »
Financial Times, The rise of the eat-at-home economy, 24/10/2025
Le secteur de la restauration traverse une mutation profonde : de plus en plus de consommateurs prĂ©fĂšrent dĂ©sormais manger chez eux, mĂȘme lorsquâils recherchent une expĂ©rience « gastronomique ». Cette tendance, exacerbĂ©e par la pandĂ©mie et la pression inflationniste, favorise lâessor dâune « eat-at-home economy », oĂč les plats premium sâinvitent Ă domicile.
Des marques comme Charlie Bighamâs au Royaume-Uni incarnent ce phĂ©nomĂšne. Le spĂ©cialiste des plats cuisinĂ©s haut de gamme vient de lancer une gamme Brasserie, comprenant des recettes sophistiquĂ©es comme le bĆuf Wellington ou le coq au vin, vendues jusquâĂ 30 ÂŁ. Le message est clair : on peut vivre une expĂ©rience digne dâun restaurant sans quitter son salon. Cette stratĂ©gie cible une clientĂšle qui, auparavant, aurait frĂ©quentĂ© les Ă©tablissements gastronomiques.
Les distributeurs suivent la mĂȘme voie. Tesco a dĂ©voilĂ© sa collection Finest Chefâs Collection, aux prix allant jusquâĂ 20 ÂŁ. De son cĂŽtĂ©, Gousto, spĂ©cialiste des box-recettes, mise sur des options âFine Dine Inâ pour sĂ©duire les gourmets. Tous capitalisent sur un mĂȘme constat : le repas Ă domicile peut rivaliser avec celui du restaurant â en termes de goĂ»t, mais aussi de prĂ©sentation et de rituel.
Cette mutation sâexplique par plusieurs facteurs. Lâinflation a fait bondir les prix dans les restaurants, y compris pour des offres accessibles comme les chaĂźnes ou les gastropubs. Les clients cherchent donc des alternatives Ă©conomiques, sans sacrifier la qualitĂ©. Par ailleurs, la pandĂ©mie a changĂ© durablement les habitudes : les gens sont plus enclins Ă passer leurs soirĂ©es chez eux, parfois avec des amis, dans un cadre maĂźtrisĂ©.
LâĂ©mergence de nouvelles technologies, de services de livraison performants et dâemballages plus soignĂ©s favorise aussi cette transformation. Lâaspect esthĂ©tique des plats prĂȘts Ă consommer Ă domicile sâest nettement amĂ©liorĂ©, tout comme leur composition nutritionnelle.
Enfin, les professionnels de la restauration doivent sâadapter Ă cette nouvelle donne. Certains chefs investissent dans les plats en kit ou les recettes prĂȘtes Ă emporter, tandis que dâautres cherchent Ă rĂ©inventer lâexpĂ©rience sur place pour la rendre plus exceptionnelle et justifier le surcoĂ»t.
Ce « restaurant Ă la maison » nâest plus un pis-aller, mais une vĂ©ritable alternative culturelle et Ă©conomique. Il redĂ©finit la place du repas dans nos vies et bouscule les frontiĂšres entre cuisine domestique, industrie alimentaire et restauration professionnelle.
Wall Street Journal, Chocolate Makers Hopeful That 2026 Brings Cheaper Cocoa, 30/10/2024
Lâindustrie du chocolat traverse une pĂ©riode de forte turbulence, confrontĂ©e Ă une flambĂ©e historique des prix du cacao. Depuis 2023, les cours ont doublĂ©, atteignant des niveaux records sur les marchĂ©s internationaux. Les causes sont multiples : mauvaises rĂ©coltes rĂ©pĂ©tĂ©es en CĂŽte dâIvoire et au Ghana, maladies touchant les cacaoyers, vieillissement des plantations, mais aussi effets du changement climatique avec des sĂ©cheresses et inondations extrĂȘmes.
Ă cela sâajoutent des tensions structurelles. Les deux pays dâAfrique de lâOuest qui assurent ensemble plus de 60 % de la production mondiale ont mis en place des rĂ©formes pour augmenter les revenus des producteurs, via des prix planchers et des taxes Ă lâexportation. Si ces mesures visent une meilleure rĂ©partition de la valeur, elles renchĂ©rissent le coĂ»t pour les transformateurs et industriels.
RĂ©sultat : les fabricants comme Hershey, Mondelez ou Barry Callebaut voient leurs marges fondre. Certains ont commencĂ© Ă rĂ©duire le poids des tablettes, reformuler les recettes, ou encore augmenter les prix en rayon. Dâautres rĂ©duisent leurs promotions, suspendent temporairement certains produits ou dĂ©calent des lancements.
MalgrĂ© cette pression, les industriels espĂšrent un retournement en 2026. Les signaux sont contrastĂ©s. Dâun cĂŽtĂ©, de nouvelles plantations arrivent Ă maturitĂ©. De lâautre, la demande mondiale reste soutenue, notamment en Asie, oĂč la consommation de chocolat continue de croĂźtre. Lâincertitude reste donc forte.
Des analystes tablent sur un lĂ©ger repli des prix si les rĂ©coltes 2025-2026 sâavĂšrent bonnes. Toutefois, la volatilitĂ© des marchĂ©s et les alĂ©as climatiques rendent toute prĂ©vision fragile. Pour se prĂ©munir, certains industriels investissent davantage dans des contrats Ă long terme, des alternatives au cacao traditionnel, ou des programmes de soutien direct aux producteurs afin de sĂ©curiser leur approvisionnement.
En toile de fond, la pression monte aussi du cĂŽtĂ© des consommateurs, soucieux Ă la fois du prix et de la durabilitĂ©. La traçabilitĂ©, les labels Ă©thiques et les pratiques agricoles deviennent des critĂšres dâachat. Les fabricants doivent ainsi composer avec un double dĂ©fi : maintenir une offre accessible tout en renforçant leurs engagements environnementaux et sociaux.
The Guardian, Inside the Republican network behind big sodaâs bid to pit Maga against Maha, 19/10/2025
Lâarticle dĂ©voile les manĆuvres politiques menĂ©es par les gĂ©ants de lâindustrie des sodas aux Ătats-Unis pour contrer le mouvement MAHA, un courant conservateur prĂŽnant une alimentation plus saine, et souvent critique des produits ultra-transformĂ©s, dont les boissons sucrĂ©es. Ironiquement, MAHA, bien que proche de lâĂ©lectorat MAGA (Make America Great Again), attaque frontalement des entreprises historiquement soutenues par les RĂ©publicains.
Face Ă cette menace, des groupes comme lâAmerican Beverage Association (ABA), soutenus par Coca-Cola, PepsiCo ou Dr Pepper, ont activĂ© un rĂ©seau dâinfluenceurs, de think tanks conservateurs et de figures politiques rĂ©publicaines pour discrĂ©diter le mouvement MAHA auprĂšs de la base Ă©lectorale. Lâobjectif : faire passer la rhĂ©torique anti-sodas pour une dĂ©rive liberticide ou Ă©litiste, en lâopposant Ă la « libertĂ© de choix » et Ă lâ« AmĂ©rique populaire ».
Des campagnes mĂ©diatiques et numĂ©riques ont ainsi Ă©tĂ© lancĂ©es, souvent discrĂštement financĂ©es via des groupes de façade. Des vidĂ©os et publications virales accusent MAHA de vouloir imposer un mode de vie rigide, dâinterdire certains aliments ou de stigmatiser les consommateurs modestes. Le message clĂ© : dĂ©fendre le droit de boire un soda sans ĂȘtre jugĂ©.
Ce retournement stratĂ©gique est dâautant plus frappant que le combat contre les boissons sucrĂ©es Ă©tait jusquâici largement portĂ© par les milieux progressistes, via des taxes soda ou des campagnes de santĂ© publique. DĂ©sormais, certains conservateurs dĂ©noncent MAHA comme un avatar puritain, voire autoritaire, dĂ©tournĂ© des valeurs amĂ©ricaines.
En coulisses, les industriels redoutent lâeffet MAHA sur leurs ventes, dĂ©jĂ affectĂ©es par la montĂ©e des eaux plates, des boissons fonctionnelles ou des alternatives plus naturelles. Une adoption plus large de la philosophie MAHA â qui rejette notamment les Ă©dulcorants, les arĂŽmes artificiels et les additifs â pourrait accĂ©lĂ©rer le dĂ©clin des sodas classiques.
Le clivage entre MAGA et MAHA rĂ©vĂšle une fracture au sein mĂȘme de lâĂ©lectorat conservateur : entre culture du plaisir et quĂȘte de santĂ©. Et il souligne Ă quel point la nutrition est devenue un enjeu idĂ©ologique central aux Ătats-Unis, dĂ©passant les simples choix individuels.
Câest tout pour aujourdâhui.
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A la semaine prochaine!
O. Frey
















