đŸđđ Eat's business đđ·đ§ 2025-30
Bonjour Ă toutes et Ă tous, Eatâs Business est une newsletter dans laquelle vous trouverez une revue de presse de quelques articles sur le monde de lâalimentaire qui mâont semblĂ© intĂ©ressants dans la semaine prĂ©cĂ©dente.
Pour ceux qui veulent la version audio :
Pour ceux qui veulent la formule ristretto, les 3 articles que je vous conseille de lire en priorité cette semaine sont :
LibĂ©ration, De la start-up au rachat dâune chaĂźne de restaurants, les recettes du succĂšs de Bao Family, 11/10/2025
LâUsine Nouvelle, VĂ©ritĂ©s et contre-vĂ©ritĂ©s sur la consommation de viande : ce que disent les chiffres, 15/10/2025
Financial Times, Food industry at âtipping pointâ amid demographic shifts, says Danone boss, 19/10/2025
Bonne lecture et bonne semaine Ă toutes et Ă tous!
Pour celles et ceux dâentre vous qui ont plus de temps pour la formule lungo :
Le Figaro, «Berceau de la gastronomie, la France doit redonner à ses enfants le goût du bien manger», 17/10/2025
StĂ©phane Layani, prĂ©sident du MarchĂ© international de Rungis, sonne lâalarme sur un paradoxe français : patrie de la haute cuisine et des terroirs, la France voit pourtant ses enfants sâĂ©loigner du « bien manger », sur fond dâobĂ©sitĂ© croissante, de maladies chroniques liĂ©es Ă lâalimentation et de filiĂšres agricoles fragilisĂ©es. Pour lui, lâĂ©ducation alimentaire nâest pas un luxe mais un droit fondamental au mĂȘme titre que lire, Ă©crire ou compter, conditionnant la santĂ© tout au long de la vie et la souverainetĂ© alimentaire du pays . Former le goĂ»t revient Ă former le jugement : apprendre Ă rĂ©sister aux sirĂšnes de lâultra-transformĂ©, valoriser le travail agricole et retisser le lien entre ville et campagne. LâĂ©cole est la premiĂšre courroie de transmission, plus efficace quâune Ă©niĂšme campagne anti-malbouffe, Ă condition dâincarner cette Ă©ducation au quotidien, dans lâassiette et les pratiques des cantines .
StĂ©phane Layani avance trois leviers immĂ©diats. Dâabord, reconnaĂźtre officiellement les MarchĂ©s dâIntĂ©rĂȘt National (MIN) comme relais stratĂ©giques des achats publics alimentaires, afin de sĂ©curiser qualitĂ©, traçabilitĂ© et sanitaire pour les cantines du territoire. Ensuite, flĂ©cher des financements pĂ©rennes vers des actions concrĂštes (formation des personnels de cantine, potagers pĂ©dagogiques, visites de fermes, retour des cours de cuisine en 6e), en affectant rĂ©ellement le produit des taxes sur les boissons sucrĂ©es Ă la santĂ© publique et Ă lâĂ©ducation alimentaire. Enfin, rĂ©concilier les programmes scolaires et la restauration collective : aujourdâhui, le « coĂ»t matiĂšre » ne reprĂ©sente quâenviron 20 % du coĂ»t total dâun repas scolaire â soit prĂšs de 2 ⏠pour un repas facturĂ© 10 ⏠â, ce qui bride la capacitĂ© Ă cuisiner frais et local. Sans moyens accrus, les objectifs Egalim resteront des injonctions sans effet .
Au-delĂ de la santĂ© publique, Layani inscrit lâĂ©ducation alimentaire dans un projet de sociĂ©tĂ© : prĂ©server le patrimoine gastronomique, soutenir les territoires ruraux, et redonner aux jeunes la joie transmissible du « bien manger », rappelĂ©e par la Semaine du GoĂ»t. Lâambition, dit-il, est de transformer chaque repas en leçon vivante de saisonnalitĂ©, de diversitĂ© et de lutte contre le gaspillage â une « rĂ©volution tranquille » Ă mener par lâĂ©cole, les cantines et la puissance publique, de concert .
Le Figaro, «Aujourdâhui, le client au restaurant recherche lâeffet waouh»: la mythique bande du Crillon se confie sur la cuisine contemporaine, 10/10/2025
Dans cet article trois figures emblĂ©matiques de la gastronomie française issues du cĂ©lĂšbre HĂŽtel de Crillon (Christophe Hache, chef Ă©toilĂ© ; Boris Campanella, chef pĂątissier ; et Xavier Thuizat, sommelier multi-rĂ©compensĂ©) livrent une rĂ©flexion lucide et parfois critique sur lâĂ©volution de la restauration française, entre quĂȘte dâĂ©motion et diktat de lâ« effet waouh ». Ce terme, devenu central dans les attentes des clients, symbolise Ă la fois lâexigence dâune expĂ©rience sensorielle totale et la dĂ©rive dâun certain spectacle culinaire.
Les trois anciens du Crillon constatent que la clientĂšle, de plus en plus connectĂ©e et habituĂ©e Ă partager ses repas sur les rĂ©seaux sociaux, cherche avant tout lâinstant de surprise ou de stupĂ©faction : un plat photogĂ©nique, une mise en scĂšne, un produit rare. La cuisine sâest ainsi transformĂ©e en performance, oĂč lâĂ©motion visuelle prend parfois le pas sur la cohĂ©rence gustative. Cette Ă©volution, disent-ils, oblige les chefs Ă trouver un Ă©quilibre dĂ©licat entre crĂ©ativitĂ© et sincĂ©ritĂ© : sĂ©duire sans trahir.
Christophe Hache plaide pour un retour à « lâĂ©motion juste » : celle dâune cuisson maĂźtrisĂ©e, dâune sauce travaillĂ©e, dâun produit magnifiĂ©. Selon lui, la gastronomie française ne doit pas cĂ©der Ă lâeffet de mode mais sâappuyer sur sa profondeur technique et sa culture du goĂ»t. Boris Campanella, lui, souligne que la pĂątisserie contemporaine sâest transformĂ©e en art graphique, parfois au dĂ©triment du plaisir simple ; il dĂ©fend la lisibilitĂ© du dessert et la vĂ©ritĂ© des saveurs. Xavier Thuizat, enfin, rappelle le rĂŽle du vin comme fil conducteur du repas et comme partenaire du chef : un dialogue sensoriel plus quâune juxtaposition dâeffets.
Tous trois sâaccordent sur un constat : la jeune gĂ©nĂ©ration de chefs est brillante, mais trop souvent sous pression â Ă©conomique, mĂ©diatique, ou liĂ©e aux guides. Lâavenir de la haute gastronomie passera selon eux par un rĂ©enracinement dans lâĂ©motion sincĂšre, la saisonnalitĂ©, et la transmission. La vraie modernitĂ© nâest pas dans lâ« effet waouh », conclut lâarticle, mais dans la justesse et la simplicitĂ© retrouvĂ©es du goĂ»t.
LibĂ©ration, De la start-up au rachat dâune chaĂźne de restaurants, les recettes du succĂšs de Bao Family, 11/10/2025
Lâarticle retrace lâascension fulgurante de la Bao Family, un groupe de restaurants chinois parisiens fondĂ© par CĂ©line Chung et Billy Pham. En quelques annĂ©es, ce duo franco-chinois a rĂ©ussi Ă dĂ©poussiĂ©rer lâimage figĂ©e de la cuisine chinoise en France, longtemps cantonnĂ©e aux buffets standardisĂ©s et aux clichĂ©s. Leur rĂ©ussite repose sur un savant mĂ©lange dâauthenticitĂ©, de design, et de storytelling, qui a su sĂ©duire une clientĂšle jeune, curieuse et connectĂ©e.
Tout commence en 2018 avec Petit Bao, un premier restaurant dans le 2e arrondissement de Paris, conçu comme un hommage à la cuisine de Shanghai et aux dim sums familiaux. Puis viennent Gros Bao, Bao Express, Bao Kitchen et plus récemment Bao Family Studio, un laboratoire créatif dédié à la R&D culinaire et au design. La clé de leur succÚs ? Une approche globale qui combine excellence du produit, architecture intérieure inspirée des « cha chaan teng » hongkongais et communication léchée sur les réseaux sociaux. Chaque établissement raconte une histoire, entre nostalgie et modernité, et fait de la cuisine chinoise un univers esthétique et émotionnel.
Lâarticle souligne que cette rĂ©ussite sâinscrit dans une tendance plus large : la montĂ©e en puissance des restaurateurs issus de la diaspora asiatique, porteurs dâune double culture et dĂ©cidĂ©s Ă rĂ©habiliter leur patrimoine culinaire. Chez Bao Family, la Chine nâest pas rĂ©duite Ă une identitĂ© uniforme : les recettes proviennent de multiples rĂ©gions, de Canton Ă Sichuan, mais sont rĂ©interprĂ©tĂ©es avec rigueur et sensibilitĂ©, loin du folklore. Lâapprovisionnement est Ă©galement travaillĂ© : lĂ©gumes frais, bouillons maison, viandes françaises, et sauces artisanales.
Sur le plan entrepreneurial, la Bao Family a bĂąti un modĂšle de croissance maĂźtrisĂ©e, sans franchise, en misant sur la formation interne et la culture dâentreprise. Le collectif compte aujourdâhui plus de 250 employĂ©s et prĂ©voit des ouvertures Ă lâĂ©tranger. CĂ©line Chung revendique une ambition claire : « faire pour la cuisine chinoise ce que Big Mamma a fait pour lâitalienne » â dĂ©mocratiser sans dĂ©naturer, Ă©lever sans exclure.
Ainsi, lâarticle dĂ©crit la Bao Family comme un symbole de la nouvelle restauration identitaire : consciente, exigeante, ancrĂ©e dans le rĂ©el et fiĂšre de ses racines. Une success story qui, au-delĂ de la mode, redonne Ă la cuisine chinoise ses lettres de noblesse dans le paysage gastronomique français.
LâUsine Nouvelle, La MĂšre Poulard a cĂ©dĂ© sa biscuiterie bretonne pour se concentrer sur ses activitĂ©s touristiques, 16/10/2025
Lâarticle revient sur un tournant majeur pour lâune des marques emblĂ©matiques du patrimoine gastronomique français : La MĂšre Poulard, cĂ©lĂšbre pour ses biscuits et son auberge au Mont-Saint-Michel. Lâentreprise, fondĂ©e en 1888 par la cuisiniĂšre lĂ©gendaire Annette Poulard, a annoncĂ© la cession de sa biscuiterie bretonne Ă un groupe agroalimentaire français. Lâarticle analyse les raisons Ă©conomiques et stratĂ©giques de cette vente, ainsi que les perspectives pour la marque et la filiĂšre rĂ©gionale.
Depuis sa reprise dans les annĂ©es 2000 par le groupe japonais Akiyama, La MĂšre Poulard avait cherchĂ© Ă moderniser sa production et Ă conquĂ©rir les marchĂ©s asiatiques. Si la notoriĂ©tĂ© internationale sâest renforcĂ©e, notamment au Japon et en Chine, la marque a souffert en revanche dâune Ă©rosion de ses ventes en France et dâun positionnement ambigu : entre produit premium artisanal et biscuit industriel de grande distribution. La hausse du coĂ»t des matiĂšres premiĂšres (beurre, Ćufs, farine) et de lâĂ©nergie, combinĂ©e Ă la baisse du pouvoir dâachat, a fragilisĂ© la rentabilitĂ© de la biscuiterie installĂ©e Ă Saint-Ătienne-en-CoglĂšs, en Ille-et-Vilaine.
Selon lâarticle, la vente de la biscuiterie Ă un acteur français sâinscrit dans une logique de recentrage sur lâhĂŽtellerie et la restauration autour du Mont-Saint-Michel, cĆur historique de la marque. Lâusine, qui emploie environ 80 salariĂ©s, poursuivra la production sous licence, garantissant une continuitĂ© industrielle et des emplois maintenus Ă court terme. Cependant, cette cession soulĂšve des interrogations : lâidentitĂ© artisanale et rĂ©gionale de La MĂšre Poulard peut-elle survivre Ă la logique industrielle dâun nouveau propriĂ©taire ?
Lâarticle Ă©voque aussi un enjeu plus large : la fragilisation du patrimoine agroalimentaire français face aux restructurations de marchĂ©. Les marques historiques, souvent perçues comme âauthentiquesâ, peinent Ă concilier tradition, compĂ©titivitĂ© et innovation dans un contexte de concentration croissante. La MĂšre Poulard nâĂ©chappe pas Ă ce dilemme. Pour certains observateurs, la cession pourrait nĂ©anmoins offrir une seconde vie Ă la marque, si le repreneur investit rĂ©ellement dans la qualitĂ©, la communication et le rayonnement du âmade in Bretagneâ.
LâUsine Nouvelle, VĂ©ritĂ©s et contre-vĂ©ritĂ©s sur la consommation de viande : ce que disent les chiffres, 15/10/2025
Un article qui dĂ©monte les idĂ©es reçues qui entourent la consommation de viande en France, Ă travers une analyse statistique prĂ©cise et des donnĂ©es issues de FranceAgriMer, de lâINSEE et de lâIfop. Alors que le dĂ©bat sur lâalimentation durable et les impacts environnementaux du bĂ©tail occupe le devant de la scĂšne, le magazine sâefforce de replacer les tendances dans leur contexte socio-Ă©conomique et nutritionnel, loin des caricatures.
PremiĂšre vĂ©ritĂ© : les Français mangent de moins en moins de viande, mais pas aussi drastiquement quâon le croit. Depuis vingt ans, la consommation annuelle est passĂ©e dâenviron 90 kg par personne dans les annĂ©es 2000 Ă prĂšs de 82 kg en 2024, soit une baisse de 9 %. Ce recul est particuliĂšrement marquĂ© pour le bĆuf, en raison de son prix Ă©levĂ© et de sa mauvaise image climatique, alors que la volaille poursuit sa progression constante (+15 % sur la mĂȘme pĂ©riode). Le porc reste stable, ancrĂ© dans la culture charcutiĂšre nationale.
DeuxiĂšme vĂ©ritĂ© : la motivation Ă©cologique des consommateurs est rĂ©elle, mais souvent secondaire face aux contraintes Ă©conomiques. Lâarticle montre que le prix est le premier facteur de rĂ©duction de la viande, devant les considĂ©rations Ă©thiques ou sanitaires. Les jeunes gĂ©nĂ©rations, plus sensibles aux discours vĂ©gans et climatiques, sont surreprĂ©sentĂ©es parmi les flexitariens, mais continuent de consommer de la viande lors dâoccasions conviviales.
TroisiĂšme vĂ©ritĂ© : le secteur de lâĂ©levage sâadapte, en misant sur la qualitĂ©, le local et le label. Les filiĂšres Label Rouge, Bio ou âBleu-Blanc-CĆurâ connaissent une croissance continue, compensant partiellement la baisse des volumes. Les industriels investissent aussi dans la traçabilitĂ© et la rĂ©duction de lâempreinte carbone, sous pression de la grande distribution et des rĂ©glementations europĂ©ennes.
Enfin, lâarticle dĂ©monte deux âcontre-vĂ©ritĂ©sâ rĂ©pandues : non, la France ne se âvĂ©gĂ©taliseâ pas Ă grande vitesse (la part des vĂ©gans reste infĂ©rieure Ă 1 %), et non, les alternatives vĂ©gĂ©tales ne remplacent pas la viande, mais sây ajoutent dans les pratiques hybrides des consommateurs. En revanche, lâimage sociale de la viande Ă©volue profondĂ©ment : elle nâest plus un symbole de rĂ©ussite ou de virilitĂ©, mais un plaisir ponctuel, raisonnĂ©, voire coupable.
En conclusion, lâarticle plaide pour un dĂ©bat apaisĂ© et informĂ©, fondĂ© sur les donnĂ©es plutĂŽt que sur les postures idĂ©ologiques. La viande reste un pilier culturel et Ă©conomique majeur, mais son avenir passe par une transformation durable du modĂšle dâĂ©levage et par la rĂ©conciliation entre goĂ»t, Ă©thique et environnement.
Les Ăchos, « On ne veut pas dâaides, on veut des vaches » : le recul de lâĂ©levage en France dĂ©stabilise le marchĂ© europĂ©en de la viande de boeuf, 17/10/2025
Lâarticle explore la crise structurelle de lâĂ©levage bovin en France, un secteur en dĂ©clin rapide malgrĂ© son rĂŽle clĂ© dans lâĂ©conomie rurale et lâĂ©quilibre alimentaire europĂ©en. Le titre, empruntĂ© Ă la colĂšre dâun Ă©leveur du Cantal, rĂ©sume la situation : les producteurs ne rĂ©clament plus de subventions, mais des animaux â autrement dit, la pĂ©rennitĂ© de leur mĂ©tier et le renouvellement des cheptels.
Depuis vingt ans, le nombre dâĂ©leveurs bovins français a chutĂ© de plus de 40 %, et le cheptel national a perdu prĂšs dâun million de vaches depuis 2016. Cette Ă©rosion tient Ă plusieurs facteurs : faible rentabilitĂ©, poids administratif, vieillissement des exploitants, mais aussi dĂ©saffection des jeunes pour un mĂ©tier jugĂ© trop dur et peu valorisĂ©. Les dĂ©parts Ă la retraite ne sont plus compensĂ©s, et les installations ne suivent pas. RĂ©sultat : la France, longtemps premier producteur de viande bovine en Europe, devient importatrice nette, notamment depuis lâIrlande et la Pologne.
Lâarticle souligne que cette Ă©volution fragilise tout le marchĂ© europĂ©en. La baisse de la production française crĂ©e des tensions sur les prix et dĂ©sĂ©quilibre la filiĂšre, alors que la demande reste stable, portĂ©e par la restauration hors domicile et lâexportation vers le Maghreb. Bruxelles redoute un effet domino : si le dĂ©clin sâaccĂ©lĂšre, lâautosuffisance europĂ©enne en viande rouge pourrait reculer de 10 % dâici Ă 2030.
Face Ă cette situation, les Ă©leveurs dĂ©noncent lâinefficacitĂ© des aides de la PAC, trop centrĂ©es sur les surfaces plutĂŽt que sur lâactivitĂ©. Ils rĂ©clament un soutien Ă la production, un plan de revalorisation du mĂ©tier, et une politique publique qui redonne sens Ă la transmission des exploitations. Certains syndicats agricoles prĂŽnent mĂȘme un plan Marshall pour lâĂ©levage bovin, incluant des primes Ă la vache allaitante, la simplification des normes et la relocalisation des abattoirs.
Mais au-delĂ des chiffres, lâarticle met en lumiĂšre un enjeu humain et culturel : la disparition progressive dâun pan du paysage français. Dans les zones rurales, lâĂ©levage structure encore la vie Ă©conomique, sociale et paysagĂšre. Sa disparition risquerait dâentraĂźner friches, dĂ©sertification et perte dâun savoir-faire sĂ©culaire.
Lâarticle se conclut sur une note alarmante mais lucide : sans renouvellement gĂ©nĂ©rationnel rapide, la France pourrait devenir dĂ©pendante des importations pour une viande autrefois symbole de son excellence agricole. Un basculement historique, qui interroge la souverainetĂ© alimentaire et lâavenir du modĂšle agricole europĂ©en.
Les Ăchos, Kamel Saci, champion de judo et maĂźtre boulanger, 16/10/2025
Lâarticle dresse le parcours atypique de Kamel Saci, un homme qui incarne la rĂ©ussite par le travail, la passion et la transmission. Ancien champion de judo, devenu artisan boulanger reconnu Ă New York, Kamel Saci symbolise la nouvelle gĂ©nĂ©ration dâentrepreneurs du goĂ»t : cosmopolites, crĂ©atifs et profondĂ©ment attachĂ©s Ă la qualitĂ© artisanale.
NĂ© Ă Lyon de parents algĂ©riens, Kamel Saci grandit dans un environnement modeste oĂč lâeffort est une valeur cardinale. Le sport, puis la boulangerie, deviennent pour lui deux Ă©coles de rigueur et de discipline. AprĂšs avoir dĂ©crochĂ© un brevet de maĂźtrise et travaillĂ© dans plusieurs maisons rĂ©putĂ©es, il quitte la France au dĂ©but des annĂ©es 2000 pour tenter lâaventure amĂ©ricaine. Ă New York, il fonde Le District et collabore avec plusieurs concepts de boulangerie haut de gamme, avant de devenir consultant pour de grandes enseignes de la restauration.
Ce qui distingue Kamel Saci, selon lâarticle, câest sa vision de lâartisanat comme acte culturel et Ă©ducatif. Dans un pays oĂč la baguette vient tout juste dâĂȘtre inscrite au patrimoine immatĂ©riel de lâUNESCO, il sâimpose comme ambassadeur du savoir-faire français. Ses pains, brioches et croissants, produits avec des farines bio et levains naturels, incarnent une exigence qui sĂ©duit les chefs new-yorkais autant que les consommateurs en quĂȘte dâauthenticitĂ©.
Mais au-delĂ du succĂšs professionnel, Kamel Saci met son expĂ©rience au service des jeunes. Il a créé des programmes de formation pour adolescents dĂ©favorisĂ©s, convaincu que lâartisanat peut ĂȘtre une voie dâĂ©mancipation. Son message : âLa main, le geste et le goĂ»t sont des outils de libertĂ©.â Pour lui, la boulangerie, comme le judo, apprend la patience, le respect et la persĂ©vĂ©rance.
Lâarticle souligne aussi sa rĂ©flexion sur le statut social de lâartisan en France. Kamel Saci regrette que les mĂ©tiers de bouche soient encore trop souvent perçus comme des choix par dĂ©faut, alors quâils exigent une technicitĂ©, une endurance et une crĂ©ativitĂ© comparables Ă celles des grands mĂ©tiers dâart. En exportant son savoir-faire, il veut changer cette perception et rendre Ă la boulangerie son prestige.
Le Monde, Fraßche, frite ou fumée : la « mozzarella di bufala » dans tous ses états, 09/10/2025
Un article riche et documentĂ© qui explore le monde fascinant de la mozzarella di bufala campana, emblĂšme de lâItalie du Sud et symbole dâune gastronomie Ă la fois simple et sophistiquĂ©e. Lâarticle retrace lâhistoire, les mĂ©thodes de fabrication, les enjeux Ă©conomiques et les dĂ©bats identitaires autour de ce fromage dĂ©sormais mondialement connu, mais souvent mal compris.
La mozzarella di bufala est produite Ă partir du lait de bufflonne, principalement en Campanie, autour de Caserte et de Salerne. Elle bĂ©nĂ©ficie dâune appellation dâorigine protĂ©gĂ©e (AOP) depuis 1996, garantissant son authenticitĂ© et sa traçabilitĂ©. Lâarticle rappelle que cette AOP reprĂ©sente Ă la fois une fiertĂ© et un dĂ©fi : si la demande explose â plus de 50 000 tonnes produites chaque annĂ©e â, le marchĂ© est aussi saturĂ© de contrefaçons et de copies industrielles. Hors Italie, plus de 70 % des fromages vendus sous le nom de âmozzarella di bufalaâ ne respecteraient pas les cahiers des charges europĂ©ens.
Lâarticle dĂ©taille le processus artisanal qui fait la singularitĂ© du produit : lait frais caillĂ© le jour mĂȘme, filage Ă la main dans de lâeau chaude, façonnage rapide pour prĂ©server la texture crĂ©meuse et lâaciditĂ© lĂ©gĂšre. Cette maĂźtrise exigeante est menacĂ©e par la mĂ©canisation croissante et la pression de la grande distribution. Certains producteurs tentent dây rĂ©sister, comme les maisons historiques Il Casolare ou Tenuta Vannulo, qui misent sur le bio, le circuit court et la transparence.
Au-delĂ de la technique, lâarticle sâintĂ©resse au renouveau gastronomique autour de la mozzarella. Longtemps relĂ©guĂ©e Ă la simple salade tomate-basilic, elle connaĂźt aujourdâhui une revalorisation dans les restaurants haut de gamme : servie tiĂšde, fondante, accompagnĂ©e dâanchois, dâhuile dâolive millĂ©simĂ©e ou de zestes dâagrumes. Des chefs comme Massimo Bottura ou Simone Tondo en font une matiĂšre premiĂšre noble, Ă la croisĂ©e du terroir et de la crĂ©ativitĂ© contemporaine.
Mais la mozzarella di bufala porte aussi des enjeux sociaux et environnementaux. Les Ă©levages de bufflonnes posent la question du bien-ĂȘtre animal et de la durabilitĂ©, notamment sur la gestion des dĂ©chets laitiers et des pĂąturages. Face Ă cela, le Consorzio di Tutela multiplie les contrĂŽles et prĂŽne une production plus Ă©thique.
Modern Retail, AI has changed how Kellanova thinks about its customers, 06/10/2025
Lâarticle explore comment Kellanova utilise lâIA pour transformer sa comprĂ©hension des consommateurs et repenser sa stratĂ©gie marketing. Lâentreprise, dĂ©sormais centrĂ©e sur les snacks et cĂ©rĂ©ales Ă forte valeur ajoutĂ©e (Pringles, Pop-Tarts, Cheez-ItâŠ), fait de la donnĂ©e et des algorithmes un levier majeur pour adapter son offre dans un marchĂ© alimentaire en mutation rapide.
Depuis sa sĂ©paration dâavec WK Kellogg Co (focalisĂ©e sur les cĂ©rĂ©ales de petit-dĂ©jeuner traditionnelles), Kellanova sâest repositionnĂ©e comme une entreprise dâalimentation âintelligenteâ, fondĂ©e sur lâanalyse comportementale et la personnalisation de lâexpĂ©rience client. Selon son Chief Growth Officer, lâIA est devenue un moteur de dĂ©cision stratĂ©gique, capable de dĂ©tecter des signaux faibles dans les habitudes de consommation, de prĂ©voir les tendances gustatives et dâoptimiser le lancement de nouveaux produits.
ConcrĂštement, lâIA intervient Ă plusieurs niveaux :
⹠Analyse prédictive des ventes à partir de millions de données de points de vente, pour ajuster les volumes de production.
⹠Optimisation marketing : grùce au machine learning, les campagnes publicitaires sont adaptées en temps réel selon les profils de consommateurs et les canaux les plus performants.
âą Innovation produit : des algorithmes analysent les avis clients, les publications sur les rĂ©seaux sociaux et les comportements dâachat afin de concevoir de nouvelles recettes (par exemple, des versions Ă©picĂ©es ou âprotein boostĂ©esâ de snacks populaires).
Parton note que cette rĂ©volution technologique sâaccompagne dâun changement culturel chez Kellanova : les Ă©quipes marketing, R&D et supply chain travaillent dĂ©sormais de façon intĂ©grĂ©e autour de la donnĂ©e. Lâentreprise forme ses collaborateurs Ă lâinterprĂ©tation des modĂšles dâIA, tout en veillant Ă Ă©viter le piĂšge de la âdĂ©cision dĂ©shumanisĂ©eâ. Lâobjectif nâest pas de remplacer lâintuition marketing, mais de la nourrir.
Lâarticle souligne aussi lâimpact de lâIA sur la relation client : Kellanova a mis en place des outils de segmentation avancĂ©e permettant de mieux comprendre les attentes Ă©motionnelles liĂ©es Ă la consommation de snacks â plaisir, rĂ©confort, partage. Ces insights servent Ă dĂ©velopper une communication plus personnalisĂ©e, centrĂ©e sur lâexpĂ©rience plutĂŽt que sur le produit.
Enfin, lâarticle rappelle les enjeux Ă©thiques de cette transformation : respect des donnĂ©es personnelles, transparence algorithmique et lutte contre les biais marketing. Kellanova affirme adopter une approche âresponsible AIâ, avec audits internes et chartes de bonne pratique.
Financial Times, Food industry at âtipping pointâ amid demographic shifts, says Danone boss, 19/10/2025
Dans cet entretien, Antoine de Saint-Affrique, directeur gĂ©nĂ©ral de Danone, estime que lâindustrie agroalimentaire mondiale est arrivĂ©e Ă un point de bascule historique, sous lâeffet conjuguĂ© des mutations dĂ©mographiques, de la rĂ©volution scientifique et de lâĂ©volution des attentes des consommateurs. Lâalimentation, longtemps perçue comme un secteur mature, se rĂ©invente dĂ©sormais comme un levier de santĂ© publique.
Le dirigeant français, Ă la tĂȘte du groupe depuis 2021 aprĂšs la mise Ă lâĂ©cart dâEmmanuel Faber, met en avant une conviction : la prochaine frontiĂšre du âmanger mieuxâ passe par la nutrition de prĂ©cision et la science du microbiome intestinal. Danone, dĂ©jĂ propriĂ©taire de marques comme Activia et Evian, a investi prĂšs de 500 millions dâeuros en recherche et innovation en 2024, soit une hausse de 10 % en un an. Ces investissements ciblent la microbiologie, la nutrition mĂ©dicale et la rĂ©duction des sucres et additifs dans les produits grand public.
Selon Antoine de Saint-Affrique, de nombreuses maladies chroniques trouvent leur origine dans un dĂ©sĂ©quilibre du microbiote â consĂ©quence dâune alimentation industrielle appauvrie et dâune surconsommation dâantibiotiques. Danone souhaite donc âreconstruire le lien entre alimentation et santĂ©â, en concevant des produits capables dâavoir un impact physiologique positif, une logique que le groupe âdĂ©fend depuis toujoursâ. Cette approche fait Ă©cho Ă la nouvelle politique de santĂ© publique amĂ©ricaine, impulsĂ©e par le secrĂ©taire Ă la SantĂ© Robert F. Kennedy Jr., qui milite pour une lutte renforcĂ©e contre lâobĂ©sitĂ© et les additifs alimentaires â une orientation que le patron de Danone juge âparfaitement alignĂ©eâ avec sa stratĂ©gie.
Sur le plan financier, le groupe affiche un redressement spectaculaire : ventes en hausse de 4,2 % sur les six premiers mois de lâannĂ©e, croissance portĂ©e par les volumes plutĂŽt que les prix, et performance boursiĂšre supĂ©rieure Ă celle de ses concurrents NestlĂ© ou Unilever (+20 % depuis janvier). Danone a profondĂ©ment remaniĂ© son portefeuille, cĂ©dant les activitĂ©s non stratĂ©giques comme Horizon Organic, rĂ©duisant les effectifs de 1 600 personnes et rĂ©orientant la gouvernance vers le long terme.
Enfin, la transformation culturelle est centrale : chaque membre du comitĂ© exĂ©cutif doit rencontrer directement les jeunes salariĂ©s sur le terrain. Pour Antoine de Saint-Affrique, ces Ă©changes informels permettent de âcomprendre la rĂ©alitĂ© de lâentreprise en cinq minutesâ. Danone, dĂ©sormais recentrĂ© et solvable, prĂ©pare de nouvelles acquisitions ciblĂ©es â Ă lâimage de Kate Farms (nutrition mĂ©dicale bio) et de la biotech belge Akkermansia Company, pionniĂšre du microbiome.
Food Dive, Inside Ferreroâs push to become Americaâs next packaged food giant, 09/10/2025
Lâarticle analyse la stratĂ©gie ambitieuse du groupe Ferrero pour sâimposer comme un gĂ©ant de lâagroalimentaire aux Ătats-Unis, au-delĂ de ses emblĂ©matiques Nutella, Ferrero Rocher et Tic Tac. Longtemps perçue comme une marque europĂ©enne de confiserie haut de gamme, lâentreprise familiale luxembourgeoise entend dĂ©sormais rivaliser directement avec Hershey et Mars, en devenant le principal acteur du marchĂ© amĂ©ricain des produits sucrĂ©s emballĂ©s.
Depuis 2018, Ferrero a menĂ© une sĂ©rie dâacquisitions spectaculaires : Butterfinger, Keebler, Power Crunch, Halo Top, et plus rĂ©cemment WK Kellogg pour 3,1 milliards de dollars. Cette derniĂšre opĂ©ration, finalisĂ©e en septembre 2025, ouvre Ă Ferrero les portes du petit-dĂ©jeuner amĂ©ricain, grĂące Ă des marques phares comme Frosted Flakes ou Rice Krispies. Ă contre-courant des grandes entreprises qui se scindent (Kraft Heinz, Keurig Dr Pepper), Ferrero adopte une stratĂ©gie dâintĂ©gration et de diversification, combinant croissance externe et expansion organique.
Cette approche porte ses fruits : le chiffre dâaffaires amĂ©ricain du groupe a atteint 3 milliards de dollars en 2025, soit quatre fois plus quâen 2018, avec une croissance annuelle moyenne de 7,9 % â un rythme supĂ©rieur Ă celui de ses concurrents. Michael Lindsey, prĂ©sident de Ferrero North America, souligne que peu dâentreprises rĂ©ussissent Ă âfaire du big M&A et de la forte croissance organique simultanĂ©mentâ. Lâobjectif affichĂ© est clair : devenir le premier groupe sucrĂ©-packagĂ© des Ătats-Unis.
Mais si Ferrero a bĂąti un empire discret, sa notoriĂ©tĂ© auprĂšs des consommateurs amĂ©ricains reste limitĂ©e. Pour y remĂ©dier, la sociĂ©tĂ© prĂ©pare la plus grande campagne marketing de son histoire : plus de 100 millions de dollars investis en 2026, autour du Super Bowl et de la Coupe du monde de football. Cette offensive vise Ă repositionner Ferrero comme une marque globale, prĂ©sente dans toutes les catĂ©gories â du chocolat Ă la glace, du biscuit au petit-dĂ©jeuner.
Lâinnovation est au cĆur de cette stratĂ©gie : nouveaux formats pour Ferrero Rocher, lancement du Butterfinger au caramel salĂ©, introduction du Tic Tac Chewy, et arrivĂ©e de Nutella Ice Cream et Kinder Bueno Frozen Desserts aux Ătats-Unis. En parallĂšle, Ferrero poursuit une expansion industrielle massive, avec 5 milliards de dollars investis en AmĂ©rique du Nord depuis 2019 pour renforcer sa production et ouvrir son premier centre dâinnovation hors dâEurope, Ă Chicago.
Pour Michael Lindsey, cette audace sâexplique par le statut privĂ© de Ferrero : âNous sommes lâun des rares groupes capables dâinvestir massivement, mĂȘme en pĂ©riode dâincertitude.â Lâentreprise, forte de son indĂ©pendance et de son hĂ©ritage familial, entend bien dĂ©montrer que la qualitĂ© artisanale et la puissance industrielle peuvent coexister â et que lâavenir du goĂ»t sâĂ©crira aussi en AmĂ©rique.
Wired, The Bourbon Industry Is in Turmoil. Could Tech Provide the Shot It Needs?, 17/10/2025
Lâarticle propose une enquĂȘte approfondie sur la crise actuelle du bourbon amĂ©ricain et sur la rĂ©ponse inattendue dâune nouvelle distillerie high-tech du Kentucky : Whiskey House, symbole dâune possible renaissance du secteur par la technologie.
AprĂšs une dĂ©cennie dâeuphorie, le marchĂ© du whiskey sâeffondre. Des marques rĂ©putĂ©es comme Bulleit et Wild Turkey voient leurs ventes chuter (â7 Ă â8 % au premier semestre 2025), tandis que Kentucky Owl et Garrard County Distilling ont dĂ©posĂ© le bilan. MĂȘme Uncle Nearest, star montante de la diversitĂ© dans le bourbon, est passĂ© en redressement judiciaire. Dans ce climat morose, le lancement de Whiskey House Ă Elizabethtown (Kentucky) pourrait sembler suicidaire. Pourtant, ses fondateurs David Mandell et John Hargrove, anciens dirigeants de Bardstown Bourbon Company, y voient une opportunitĂ© : rĂ©inventer la distillation Ă lâĂšre des donnĂ©es et de lâautomatisation.
Leur pari : une distillerie sans visiteurs, sans marque grand public, 100 % dĂ©diĂ©e Ă la production sous contrat pour dâautres labels, de Calumet Farms Ă Clyde Mayâs. LâĂ©difice de 110 000 mÂČ ressemble davantage Ă un data center quâĂ une distillerie traditionnelle. Plus de 1 500 capteurs surveillent en continu chaque Ă©tape du processus â fermentation, distillation, tempĂ©rature, reflux â tandis que les opĂ©rateurs, peu nombreux (7 par Ă©quipe), travaillent via des interfaces de contrĂŽle prĂ©dictif. Lâobjectif : Ă©radiquer lâalĂ©atoire humain et garantir une constance de qualitĂ© inĂ©dite dans lâhistoire du bourbon.
Whiskey House produit dĂ©jĂ 120 000 barils par an, avec la possibilitĂ© de personnaliser chaque recette. Chaque fĂ»t est Ă©tiquetĂ© dâun QR code rĂ©sistant Ă la chaleur, intĂ©grĂ© Ă une base de donnĂ©es qui permet aux clients de suivre vieillissement, humiditĂ© et âangelâs shareâ (Ă©vaporation naturelle). Une IA en cours de dĂ©veloppement analysera bientĂŽt les donnĂ©es des chais pour repĂ©rer les conditions idĂ©ales dâaffinage et optimiser la sĂ©lection des meilleurs fĂ»ts.
Dans un marchĂ© saturĂ© oĂč la surproduction menace, David Mandell reste confiant : âNotre avenir, câest la prĂ©cision et la flexibilitĂ©.â Pour les experts comme Jeff Hopmayer, ancien magnat du bourbon, ce modĂšle pourrait annoncer la mutation inĂ©vitable de lâindustrie. LâintĂ©gration de lâintelligence artificielle, affirme-t-il, ârend la fermentation et les arĂŽmes dâune rĂ©gularitĂ© stupĂ©fiante.â
Financial Times, Are weight loss drugs killing off the business lunch?, 15/10/2025
Lâarticle une mutation inattendue des pratiques professionnelles et gastronomiques: la montĂ©e en puissance des mĂ©dicaments anti-obĂ©sitĂ©, comme Ozempic et Mounjaro, bouleverse les habitudes de table â notamment le rituel historique du âbusiness lunchâ dans les milieux dâaffaires britanniques et amĂ©ricains.
Selon les donnĂ©es citĂ©es par lâarticle, prĂšs de 12 % des AmĂ©ricains et 1,4 million de Britanniques ont dĂ©jĂ eu recours Ă ces injections coupe-faim, qui agissent en rĂ©duisant la sensation dâappĂ©tit. Or, cette rĂ©volution silencieuse commence Ă se faire sentir dans les restaurants : assiettes Ă moitiĂ© pleines, plats sautĂ©s, couverts moins souvent dressĂ©s. Pour les restaurateurs dĂ©jĂ confrontĂ©s Ă lâinflation et Ă la pĂ©nurie de main-dâĆuvre, ce nouveau facteur inquiĂšte.
Dans la City de Londres, plusieurs dirigeants et restaurateurs confient observer un changement net : les repas dâaffaires se raccourcissent, les clients commandent moins, souvent une simple entrĂ©e ou une salade, et lâambiance conviviale cĂšde la place Ă une sobriĂ©tĂ© nouvelle. Pour Julie McKeen (Odgers), ces dĂ©jeuners Ă©taient des moments privilĂ©giĂ©s de nĂ©gociation et de lien humain : âQuand une personne se contente de picorer une salade, lâĂ©quilibre relationnel se rompt.â
Certaines figures du monde des affaires, comme lâavocat Sir Nigel Boardman, assument publiquement leur usage de Mounjaro, quâil compare Ă un âcoach personnelâ pour la santĂ©. Dâautres prĂ©fĂšrent rester discrets, craignant le stigmate social liĂ© Ă ces mĂ©dicaments â perçus comme des raccourcis plutĂŽt que des choix de discipline.
Face Ă ce phĂ©nomĂšne, les restaurateurs sâadaptent. Le chef Ă©toilĂ© Heston Blumenthal propose un âMindful Experienceâ au Fat Duck, menu rĂ©duit en portions et en prix, fondĂ© sur le plaisir plutĂŽt que la satiĂ©tĂ©. Tom Brown, au Capital Hotel, ajuste aussi sa carte, tandis que des enseignes comme Hawksmoor ou les Ă©tablissements du Inception Group testent des offres âsmall platesâ et des menus allĂ©gĂ©s.
Lâindustrie reste cependant partagĂ©e. Certains y voient une menace durable pour la dĂ©pense par client ; dâautres rappellent que la gastronomie a survĂ©cu Ă toutes les modes alimentaires â dâAtkins au 5:2. Comme le rĂ©sume Kate Nicholls, prĂ©sidente de UK Hospitality : âCe nâest pas la fin du business lunch, seulement son Ă©volution.â
Lâarticle conclut sur une note ironique : avant de dĂ©buter son traitement, un cadre londonien prĂ©voit un dernier festin â une âOzempic partyâ â pour savourer une ultime cĂŽte de bĆuf. Symbole dâune Ă©poque oĂč le plaisir de manger devient aussi un acte mesurĂ©, mĂȘme dans le monde des affaires.
Câest tout pour aujourdâhui.
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O. Frey