đŸđđ Eat's business đđ·đ§ 2025-26
Bonjour Ă toutes et Ă tous, Eat's Business est une newsletter dans laquelle vous trouverez une revue de presse de quelques articles sur le monde de lâalimentaire qui mâont semblĂ© intĂ©ressants dans la semaine prĂ©cĂ©dente.
Pour ceux qui veulent la formule ristretto, les 3 articles que je vous conseille de lire en priorité cette semaine sont :
Le
Bonne lecture et bonne semaine Ă toutes et Ă tous!
Pour celles et ceux dâentre vous qui ont plus de temps pour la formule lungo :
Le Monde, La Ruche qui dit oui ! passe sous pavillon espagnol, 16/09/2025
La Ruche qui dit oui !, pionniĂšre des circuits courts alimentaires en ligne, change de main : elle a Ă©tĂ© rachetĂ©e par la sociĂ©tĂ© espagnole CrowdFarming. LâopĂ©ration, nĂ©gociĂ©e en avril 2025 mais rendue publique en septembre, marque une Ă©tape importante pour cette start-up française créée en 2010 par Guilhem ChĂ©ron et Marc-David Choukroun. AprĂšs une pĂ©riode de forte croissance durant la crise du Covid-19, lâentreprise a subi un retournement brutal liĂ© Ă la reprise des habitudes dâachat classiques et Ă lâimpact de lâinflation causĂ©e par la guerre en Ukraine.
DĂšs 2022, sous la direction de Philippe Crozet, la Ruche a Ă©tĂ© restructurĂ©e : fermeture des boutiques physiques, arrĂȘt de la livraison Ă domicile et recentrage sur son modĂšle dâorigine. Ce modĂšle repose sur un rĂ©seau de 800 âruchesâ locales dans sept pays, dont la moitiĂ© en France. Chaque ruche est animĂ©e par un responsable indĂ©pendant qui organise des distributions hebdomadaires de produits commandĂ©s en ligne auprĂšs de producteurs partenaires. Le modĂšle Ă©conomique fonctionne via une commission de 20 % rĂ©partie entre la Ruche (11,6 %) et le responsable local (8,4 %).
MalgrĂ© un chiffre dâaffaires de 25 millions dâeuros en 2024, lâentreprise reste dĂ©ficitaire. Elle Ă©tait dĂ©tenue Ă 80 % par quatre fonds dâinvestissement (Astanor, Felix Capital, Quadia et Cipio) jusquâĂ son rachat. Le nouvel acquĂ©reur, CrowdFarming, fondĂ© en 2018 par Gonzalo Urculo, partage une vision similaire : rapprocher producteurs et consommateurs. Mais son modĂšle se distingue par une livraison Ă domicile dans une trentaine de pays et des formules dâabonnement.
CrowdFarming sâest dâabord dĂ©veloppĂ© dans la vente de fruits (agrumes, avocats, mangues) produits en Espagne, et travaille aujourdâhui avec 315 producteurs dans huit pays, souvent certifiĂ©s bio. En acquĂ©rant la Ruche, elle Ă©tend son champ dâaction aux produits frais locaux, renforçant sa stratĂ©gie europĂ©enne et logistique.
Ce rapprochement illustre Ă la fois la fragilitĂ© Ă©conomique des modĂšles alternatifs de distribution alimentaire et leur potentiel de transformation du secteur. Lâalliance entre une structure numĂ©rique puissante et une marque française reconnue pourrait redonner un Ă©lan Ă la consommation responsable et locale, tout en ouvrant la voie Ă une nouvelle Ăšre du circuit court âconnectĂ©â.
Le Parisien, Lavazza, la crÚme du café italien, 19/09/2025
Ă travers une immersion au cĆur du siĂšge de Lavazza Ă Turin, cet article retrace lâhistoire et les ambitions contemporaines de la marque emblĂ©matique du cafĂ© italien. FondĂ©e en 1895 par Luigi Lavazza, lâentreprise familiale sâest hissĂ©e au rang de gĂ©ant mondial (3,35 milliards dâeuros de chiffre dâaffaires) tout en conservant une forte identitĂ© italienne et familiale, incarnĂ©e aujourdâhui par la quatriĂšme gĂ©nĂ©ration.
Lâarticle dĂ©crit dâabord le savoir-faire qui fait la rĂ©putation de Lavazza, illustrĂ© par une sĂ©ance de « cupping » menĂ©e par Francesco Viarizzo dans le centre de formation de Turin. Ă travers des gestes prĂ©cis et rigoureux, le spĂ©cialiste Ă©value les arĂŽmes, lâaciditĂ© et lâamertume des cafĂ©s. Lavazza a bĂąti un rĂ©seau de 50 Ă©coles de cafĂ© dans le monde, qui perpĂ©tuent la culture de lâespresso italien.
Lâentreprise a su conjuguer tradition et innovation. Elle est pionniĂšre dans la technique du « blend » (mĂ©lange de grains), et a su crĂ©er des produits adaptĂ©s aux diffĂ©rents marchĂ©s. En France, son premier marchĂ© Ă lâĂ©tranger, elle a consolidĂ© sa position en rachetant Carte Noire puis MaxiCoffee, devenant le numĂ©ro un hors domicile (restaurants, hĂŽtelsâŠ). Son musĂ©e « Nuvola », inaugurĂ© en 2018, incarne cette alliance entre mĂ©moire et modernitĂ©, avec une scĂ©nographie immersive retraçant les grandes Ă©tapes de son dĂ©veloppement.
Lavazza se distingue aussi par un marketing créatif et une stratégie de montée en gamme, notamment avec sa nouvelle collection « 1895 Coffee Designers » représentée par le chef étoilé Yannick Alléno. Ces cafés « de spécialité » aux arÎmes complexes visent une clientÚle gastronomique et haut de gamme. Des recettes comme Petal Storm ou Cocoa Reloaded illustrent ce positionnement.
MalgrĂ© les tensions sur le marchĂ© (hausse du prix de lâarabica, rĂ©chauffement climatique), Lavazza investit dans lâagroforesterie avec sa gamme Reserva de Tierra et innove avec la machine Tabli, sans plastique ni aluminium. La marque veut ainsi conjuguer performance, durabilitĂ© et raffinement pour rester un leader mondial du cafĂ©, tout en honorant ses racines italiennes.
Le Parisien, « Faire des cuvées originales, plus fraßches et plus faciles à boire » : comment les viticulteurs réinventent leur métier, 05/09/2025
Alors que la consommation de vin en France est en chute libre, une nouvelle gĂ©nĂ©ration de vignerons tente de rĂ©inventer le modĂšle viticole. Le reportage sâouvre sur Clara et Hugo Fischer, frĂšre et sĆur trentenaires qui reprennent le ChĂąteau Revelette, domaine familial de 34 hectares en Provence. Leur dĂ©marche : ancrer leur production dans le terroir tout en innovant. Ils introduisent des pratiques plus Ă©cologiques, testent de nouvelles mĂ©thodes de culture et dĂ©veloppent une activitĂ© de nĂ©goce pour diversifier les revenus, face Ă la volatilitĂ© des rĂ©coltes due au changement climatique.
Le dĂ©samour des Français pour le vin est mis en perspective par lâĂ©conomiste Jean-Marie Cardebat, qui explique que la consommation annuelle a chutĂ© de plus de 70 % depuis les annĂ©es 1960. Le vin est de moins en moins prĂ©sent Ă table et cĂšde la place Ă des boissons perçues comme plus modernes : biĂšre, cocktails, boissons "sans". Les jeunes gĂ©nĂ©rations plĂ©biscitent les produits lĂ©gers, bio, voire sans alcool. RĂ©sultat : des milliers dâhectares sont arrachĂ©s, des domaines sont en vente et le secteur souffre, malgrĂ© ses 500 000 emplois et 92 milliards dâeuros de chiffre dâaffaires.
Face Ă cette crise structurelle, des vignerons innovants comme FrĂ©dĂ©ric Auriol dans le Bordelais proposent des vins inĂ©dits, comme un vin de glace Ă base de raisins congelĂ©s ou un blanc Ă partir de cabernet sauvignon. Ces cuvĂ©es hors normes rejoignent le collectif "Bordeaux Pirate", qui milite pour un renouveau du vin bordelais en sortant des carcans des appellations traditionnelles. Dâautres misent sur des vins nature, sans intrants chimiques, ou sur le No-Lo (sans ou peu dâalcool), un segment en plein essor (+6 % en France en 2024).
Les initiatives se multiplient Ă©galement dans le domaine de lâoenotourisme, devenu une ressource Ă©conomique complĂ©mentaire pour les exploitants. Le ChĂąteau Revelette ou le domaine Denis dans le Maine-et-Loire diversifient leur offre : balades Ă vĂ©lo, dĂ©gustations thĂ©matiques, soirĂ©es guinguette, etc. Autant de moyens de recrĂ©er un lien avec les consommateurs, dans un contexte oĂč lâidentitĂ©, la traçabilitĂ© et lâauthenticitĂ© priment.
Les Ăchos, Lactalis Ă l'offensive face Ă la baisse de la consommation des produits laitiers,16/09/2025
Dans un contexte marquĂ© par le recul de la consommation des produits laitiers en France, Lactalis, leader mondial du secteur, dĂ©ploie une stratĂ©gie Ă la fois dĂ©fensive et offensive. Alors que le groupe avait annoncĂ© en 2024 une rĂ©duction de sa collecte de lait de 450 millions de litres dâici 2030 â soit une baisse de 8,8 % â, dĂ©cision mal accueillie par la filiĂšre, il affirme aujourdâhui son engagement Ă moderniser son outil industriel sur le territoire national.
Jean-Marc Bernier, directeur gĂ©nĂ©ral France de Lactalis, a profitĂ© dâune visite de la laiterie de LâHermitage (Ille-et-Vilaine) pour prĂ©senter un plan dâinvestissement massif dâun milliard dâeuros dâici 2030. Lâobjectif : amĂ©liorer la performance et la compĂ©titivitĂ© des 69 sites de transformation du groupe, essentiellement localisĂ©s dans le Grand Ouest. Ă travers cette modernisation (robotisation, nouveaux Ă©quipements logistiques ou fromagers), Lactalis entend renforcer ses positions tout en soutenant lâamont agricole.
Le groupe met en avant la rĂ©silience de ses marques fortes â PrĂ©sident, Lactel, Galbani â, qui, selon lui, rĂ©sistent mieux que les marques de distributeurs. MalgrĂ© un marchĂ© français en repli de 0,3 % au premier semestre 2025, Lactalis a progressĂ© de 1,4 %, portĂ© par les fromages (+2,7 %), tandis que le lait et le beurre poursuivent leur chute (-3 %).
Pour soutenir cette dynamique, Lactalis augmente de 3 % son budget publicitaire, atteignant 100 millions dâeuros. Par ailleurs, le groupe mĂšne 2 000 opĂ©rations promotionnelles en grande distribution chaque annĂ©e. Il lance aussi une centaine de nouveaux produits par an, en misant sur les « nouveaux usages chauds » (fromages Ă fondre, rĂąpĂ©s, etc.), adaptĂ©s aux habitudes de cuisine Ă domicile.
Cette stratĂ©gie vise Ă rĂ©pondre Ă un double dĂ©fi : maintenir la rentabilitĂ© du groupe malgrĂ© la contraction de la demande, et rassurer les Ă©leveurs sur lâengagement industriel du groupe en France. Le message est clair : malgrĂ© une croissance accrue Ă lâinternational (AmĂ©rique du Nord, Asie), le marchĂ© français reste stratĂ©gique. Lactalis entend continuer Ă jouer un rĂŽle central dans lâagroalimentaire hexagonal tout en sâadaptant aux Ă©volutions des prĂ©fĂ©rences alimentaires.
Les Ăchos, Brita s'attaque de front aux industriels de l'eau en bouteille, 16/09/2025
Leader du marchĂ© de la filtration domestique de lâeau, la marque allemande Brita adopte une stratĂ©gie audacieuse en sâinstallant directement dans le rayon eaux des grandes surfaces françaises. Son objectif : concurrencer frontalement les gĂ©ants de lâeau en bouteille comme Cristaline en proposant aux consommateurs des alternatives plus durables, plus Ă©conomiques et sans plastique Ă usage unique. Cet Ă©tĂ©, un meuble aux couleurs de Brita a Ă©tĂ© installĂ© dans un hypermarchĂ© Carrefour Ă Rambouillet, avec pour ambition dâĂȘtre dĂ©ployĂ© dans 130 magasins dâici fin 2026.
Selon Antoine Giutini, directeur gĂ©nĂ©ral de Brita France, cette initiative vise Ă interrompre les habitudes dâachat automatiques des consommateurs et Ă les inciter Ă adopter des pratiques plus responsables. Lâapproche repose sur un discours pĂ©dagogique mettant en avant les avantages environnementaux et financiers de la filtration Ă domicile. Le succĂšs croissant de cette solution repose aussi sur un marchĂ© dynamique : la filtration domestique a connu une croissance de 7 % en 2024, pour un chiffre dâaffaires de 75 millions dâeuros.
Brita cible une clientĂšle en plein renouvellement, notamment les 35-45 ans, de plus en plus sensibles aux enjeux environnementaux. Lâentreprise mise sur lâinnovation avec le lancement de produits adaptĂ©s aux nouvelles attentes : gourdes filtrantes, carafes en verre (dĂ©sormais 20 % des ventes de carafes), ou encore un distributeur dâeau filtrĂ©e chaude ou tempĂ©rĂ©e nommĂ© « Cube », pensĂ© pour un usage domestique.
En France, Brita est prĂ©sente dans un foyer sur cinq et fait partie des cinq plus gros marchĂ©s mondiaux du groupe. Avec un chiffre dâaffaires mondial de 727 millions dâeuros en 2024 (contre 691 millions en 2023), lâentreprise continue dâafficher une croissance solide. Si deux tiers de ses revenus proviennent des particuliers, Brita dĂ©veloppe Ă©galement ses activitĂ©s en B2B, notamment via des fontaines Ă eau pour bureaux, des filtres pour machines professionnelles dans la restauration ou encore des cartouches pour les fours de boulangerie.
En sâimposant dans le rayon eaux, Brita franchit un cap symbolique : celui de la confrontation directe avec les industriels de lâeau embouteillĂ©e. Elle incarne une alternative crĂ©dible dans un contexte oĂč les enjeux de durabilitĂ©, de sobriĂ©tĂ© plastique et dâĂ©conomie dâusage prennent une place croissante dans les comportements dâachat.
Les Ăchos, « C'est notre dernier tour de table avant la rentabilitĂ© » : Lucas Lefebvre lĂšve 31 millions pour La Fourche et ses supermarchĂ©s bio en ligne, 16/09/2025
La Fourche, supermarchĂ© bio en ligne fondĂ© en 2018 par Lucas Lefebvre, Boris Meton et Nathan Labat, annonce une levĂ©e de fonds de 31,5 millions dâeuros en sĂ©rie C. Cette opĂ©ration marque un tournant pour lâentreprise, qui vise dĂ©sormais la rentabilitĂ© et un chiffre dâaffaires de 100 millions dâeuros dâici fin 2025. Dans un contexte Ă©conomique incertain, lâarrivĂ©e de nouveaux investisseurs tels que Bpifrance et Astanor, aux cĂŽtĂ©s des partenaires historiques, tĂ©moigne de la soliditĂ© du modĂšle dĂ©veloppĂ© par la start-up.
Lâambition de La Fourche reste claire : dĂ©mocratiser lâaccĂšs au bio, en maintenant des prix abordables grĂące Ă un systĂšme dâadhĂ©sion (environ 60 euros par an) et Ă la vente en ligne directe depuis un entrepĂŽt situĂ© Ă Mitry-Mory, en Seine-et-Marne. La plateforme propose des produits de sa marque propre et de 150 fournisseurs partenaires, avec une attention particuliĂšre portĂ©e Ă la durabilitĂ©, la santĂ© et la transparence. Lâobjectif est aussi dâaugmenter les volumes pour amĂ©liorer la rentabilitĂ©, selon la logique du e-commerce alimentaire.
Les fonds levĂ©s serviront notamment Ă renforcer la filiale allemande Ackerherz, lancĂ©e il y a trois ans, et Ă automatiser davantage la logistique. L'article souligne le parcours engagĂ© de Lucas Lefebvre, ancien Ă©tudiant dâHEC, trĂšs sensibilisĂ© aux questions environnementales. Sa volontĂ© de rendre le bio plus accessible Ă tous repose sur une double critique : le coĂ»t prohibitif des produits sains et lâoffre limitĂ©e dans les grandes surfaces. En sâattaquant Ă ces freins, La Fourche cherche Ă se positionner comme une alternative militante et efficiente.
Avec 150 000 adhĂ©rents et 250 salariĂ©s, lâentreprise a intĂ©grĂ© le classement FT120 des start-up Ă fort potentiel. Son comitĂ© dâimpact et son ancrage dans lâĂ©conomie sociale et solidaire renforcent son image dâacteur responsable. L'article Ă©voque aussi les ambitions futures, notamment une possible expansion en Autriche.
La rĂ©ussite de La Fourche sâinscrit dans un mouvement de reprise du bio en France aprĂšs la crise post-Covid. Son modĂšle hybride, Ă mi-chemin entre commerce militant et efficacitĂ© technologique, pourrait prĂ©figurer lâavenir dâun e-commerce alimentaire plus vertueux, rĂ©solument tournĂ© vers lâimpact social et environnemental.
Le Monde, Biocoop va bien et veut ouvrir 160 nouveaux magasins dans les quatre ans, 18/09/2025
AprĂšs une pĂ©riode de turbulence pour lâensemble de la filiĂšre bio, Biocoop, leader français de la distribution alimentaire biologique, retrouve le chemin de la croissance. En 2024, ses ventes ont progressĂ© de 8,5 % pour atteindre 1,67 milliard dâeuros, et la dynamique sâest poursuivie au premier semestre 2025 (+7,5 %). Fort de ce regain, le groupe coopĂ©ratif a prĂ©sentĂ© un ambitieux plan stratĂ©gique pour la pĂ©riode 2026-2029, visant notamment lâouverture de 160 nouveaux magasins pour atteindre un rĂ©seau de 900 points de vente Ă lâhorizon 2029.
Ce plan ne se limite pas Ă lâexpansion physique. Biocoop entend Ă©galement renforcer sa prĂ©sence en ligne et proposer des services de livraison Ă domicile. Henri Godron, prĂ©sident de la coopĂ©rative, souligne que lâobjectif central reste de « soutenir lâagriculture biologique et rendre le bio accessible et dĂ©sirable ». Une ambition qui passe aussi par une meilleure couverture territoriale, le dĂ©veloppement de gammes à « prix engagĂ©s » (plus abordables), et le soutien Ă des filiĂšres agricoles fragilisĂ©es.
Le retour Ă la croissance sâexplique aussi par une transformation des habitudes de consommation. Déçus par lâoffre bio rĂ©duite de la grande distribution, de nouveaux clients rejoignent Biocoop, tandis que les clients fidĂšles reviennent plus frĂ©quemment. Pour fidĂ©liser encore davantage, lâenseigne compte porter le nombre de produits « prix engagĂ©s » de 200 Ă 500 dâici 2029. Elle poursuit Ă©galement la rĂ©vision des recettes de ses produits Ă marque propre pour Ă©viter lâultratransformation et supprimer les additifs controversĂ©s, comme les nitrites dans la charcuterie.
Biocoop accentue aussi son rĂŽle dâacteur solidaire : 3 millions dâeuros ont Ă©tĂ© allouĂ©s en 2025 pour soutenir les producteurs bio, dans le prolongement dâune initiative menĂ©e en 2024. En parallĂšle, lâenseigne vise une montĂ©e en puissance dans la restauration collective. Elle ambitionne de faire passer son chiffre dâaffaires dans ce secteur de 18 Ă 40 millions dâeuros, en fournissant cantines, hĂŽpitaux et restaurants scolaires.
L'article met en lumiĂšre la rĂ©silience et l'adaptabilitĂ© de Biocoop dans un contexte post-crise. Lâentreprise, fidĂšle Ă ses valeurs coopĂ©ratives et Ă son ancrage local, veut incarner une alternative crĂ©dible et durable Ă la grande distribution classique. Sa capacitĂ© Ă conjuguer croissance Ă©conomique et engagement Ă©cologique pourrait en faire une locomotive du bio en France dans les annĂ©es Ă venir.
Le Monde, Quand les diplĂŽmĂ©s dâĂ©coles de commerce se piquent de gastronomie, 18/09/2025
Cet article explore une tendance croissante : lâessor de diplĂŽmĂ©s dâĂ©coles de commerce dans le secteur de la restauration. Ă travers les exemples de groupes comme Big Mamma, Bao Family ou encore Eleni Group, il montre comment ces jeunes entrepreneurs, souvent formĂ©s Ă HEC ou Ă lâESSEC, investissent un univers historiquement dominĂ© par les chefs. Leur approche ? Appliquer les mĂ©thodes du management et du marketing Ă la gastronomie, tout en rĂ©pondant Ă une quĂȘte de sens et Ă une envie dâentreprendre autrement.
Le phĂ©nomĂšne sâillustre par la rĂ©ussite Ă©clatante de Big Mamma, qui en une dĂ©cennie est passĂ© dâun unique restaurant Ă 30 Ă©tablissements en Europe. ValorisĂ© Ă 270 millions dâeuros, le groupe mise sur des lieux spectaculaires, des prix abordables et une exĂ©cution industrielle optimisĂ©e. Une formule reprise par dâautres acteurs comme La Nouvelle Garde ou Maslow Group, oĂč la standardisation, la rapiditĂ© de dĂ©ploiement et la puissance de lâimage sont clĂ©s.
DerriĂšre ces projets, on retrouve souvent un storytelling autour du terroir, de lâauthenticitĂ© et de la convivialitĂ©. Mais plusieurs critiques Ă©mergent : des chefs pointent un manque de crĂ©ativitĂ© culinaire, une cuisine trop formatĂ©e et une obsession du rendement. Certains dĂ©noncent aussi une forme de marketing dĂ©guisĂ© en sincĂ©ritĂ© gastronomique, Ă lâimage de recettes standardisĂ©es produites en laboratoire.
Les entrepreneurs interrogĂ©s assument nĂ©anmoins leur approche rationnelle. Pour eux, la restauration est un mĂ©tier de rigueur Ă©conomique, oĂč les marges sont faibles et les erreurs coĂ»teuses. La data, les tableaux de bord et lâoptimisation logistique y sont omniprĂ©sents. Cette rigueur permet aussi dâatteindre une clientĂšle plus large, notamment Ă travers des propositions vĂ©gĂ©tariennes, festives ou dâinspiration internationale.
Lâarticle souligne Ă©galement une volontĂ© de rĂ©enchanter le mĂ©tier. Pour beaucoup, il sâagit de projets de reconversion ou de vocation tardive. Leur parcours est souvent nourri de motivations personnelles, comme un deuil, un rejet du monde financier ou un attrait pour lâartisanat. En ce sens, ces nouveaux restaurateurs cherchent Ă concilier performance Ă©conomique et valeurs humaines.
Si la gastronomie façon business school suscite autant dâenthousiasme que de mĂ©fiance, elle redĂ©finit les contours de la restauration contemporaine. En intĂ©grant les codes du digital, de la marque et de lâexpĂ©rience client, ces acteurs contribuent Ă structurer un segment intermĂ©diaire entre fast casual et bistronomie, avec une ambition : rendre la bonne cuisine accessible au plus grand nombre.
LSA, Funkie, Cherico, Fiers... Ces start-up de l'épicerie sucrée qui jouent dans la cour des grands, 14/09/2025
Dans un marchĂ© de lâĂ©picerie sucrĂ©e dominĂ© par les grands industriels, une nouvelle gĂ©nĂ©ration de start-up tente de se faire une place avec des produits innovants, responsables et souvent engagĂ©s. Cet article de LSA met en lumiĂšre les dĂ©fis et les opportunitĂ©s de ces jeunes pousses, qui, malgrĂ© leur taille modeste, affichent de grandes ambitions.
Le marchĂ© global de lâĂ©picerie sucrĂ©e reprĂ©sente 22 milliards dâeuros de chiffre dâaffaires, avec une dynamique contrastĂ©e : les volumes baissent lĂ©gĂšrement (-0,5 %), mais la valeur progresse (+2,4 %) grĂące Ă une montĂ©e en gamme. Des catĂ©gories comme les tablettes de chocolat connaissent une envolĂ©e des prix (+17,2 % en valeur), liĂ©e notamment Ă la flambĂ©e du cacao, tandis que dâautres produits comme les cookies ou le cafĂ© subissent un repli en volume.
Face Ă cette situation, les start-up misent sur des propositions diffĂ©renciantes. Certaines se positionnent sur la "gourmandise saine", en sâappuyant sur des formulations naturelles, sans additifs, avec peu de sucre ou Ă base dâingrĂ©dients bio. Dâautres explorent des formats originaux, des emballages Ă©coresponsables ou des recettes vĂ©gĂ©tales. Le but : se dĂ©marquer dans un univers oĂč 72,6 % des ventes en valeur sont captĂ©es par les marques nationales, et oĂč certaines catĂ©gories (confiserie chocolatĂ©e, desserts prĂȘts Ă consommer) dĂ©passent mĂȘme les 90 % de parts de marchĂ© pour les marques.
Cependant, la bataille est rude pour exister dans les linĂ©aires. La visibilitĂ© reste un enjeu crucial, tout comme la capacitĂ© Ă sĂ©curiser les financements nĂ©cessaires Ă la croissance. Les jeunes marques doivent convaincre Ă la fois les distributeurs et les consommateurs, dans un contexte inflationniste oĂč le prix reste un critĂšre de choix dĂ©terminant.
Certaines rĂ©ussissent dĂ©jĂ Ă Ă©merger grĂące Ă une forte prĂ©sence sur les rĂ©seaux sociaux, une communautĂ© engagĂ©e ou des partenariats avec des influenceurs. Lâarticle souligne que pour percer, il ne suffit pas dâavoir un bon produit : il faut aussi raconter une histoire, incarner des valeurs et offrir une expĂ©rience client cohĂ©rente.
Ă la croisĂ©e du plaisir, de lâĂ©thique et de la praticitĂ©, ces start-up incarnent une nouvelle maniĂšre de consommer les produits sucrĂ©s. Si la route est semĂ©e dâembĂ»ches, leur capacitĂ© Ă innover et Ă rĂ©inventer les codes pourrait bien les installer durablement dans la cour des grands.
Forbes, Food Companies, Farmers And Restaurants Navigate Reality Of Tariffs, 13/09/2025
Lâarticle analyse les effets Ă long terme de la guerre commerciale entre les Ătats-Unis et la Chine, notamment dans le secteur agroalimentaire. Si la couverture mĂ©diatique des tarifs douaniers sâest estompĂ©e, les consĂ©quences, elles, sont toujours bien prĂ©sentes. Agriculteurs, entreprises alimentaires et restaurateurs amĂ©ricains doivent aujourdâhui composer avec une nouvelle rĂ©alitĂ© : un environnement Ă©conomique marquĂ© par la volatilitĂ© des Ă©changes, la reconfiguration des chaĂźnes dâapprovisionnement, et une incertitude persistante sur la politique commerciale amĂ©ricaine.
Pour les producteurs agricoles, les impacts ont Ă©tĂ© considĂ©rables. Le soja, notamment, a vu ses exportations vers la Chine chuter, forçant les agriculteurs Ă trouver de nouveaux dĂ©bouchĂ©s. Le gouvernement fĂ©dĂ©ral a bien tentĂ© de compenser les pertes par des aides, mais lâinstabilitĂ© a engendrĂ© une perte de confiance Ă long terme. Les entreprises alimentaires, de leur cĂŽtĂ©, ont dĂ» rĂ©organiser leurs circuits logistiques, diversifier leurs sources dâapprovisionnement et absorber des hausses de prix sur certaines matiĂšres premiĂšres importĂ©es.
Les restaurateurs, quant Ă eux, subissent des coĂ»ts accrus sur les produits de base (porc, fruits de mer, alcool) et doivent rĂ©percuter, au moins en partie, ces augmentations sur leurs menus. Certains groupes comme Panda Restaurant Group ou Darden Restaurants ont mis en place des stratĂ©gies dâachat plus souples, voire anticipĂ© des stocks avant les hausses tarifaires. Dâautres cherchent Ă localiser davantage leurs approvisionnements pour Ă©viter les surtaxes.
Lâarticle souligne que, malgrĂ© la volontĂ© initiale de protĂ©ger les industries amĂ©ricaines, les tarifs douaniers ont souvent eu un effet contre-productif, notamment en renchĂ©rissant les coĂ»ts pour les entreprises en aval. Par ailleurs, la Chine a rĂ©ussi Ă rĂ©orienter une partie de ses achats agricoles vers d'autres pays comme le BrĂ©sil ou la Russie, rĂ©duisant la dĂ©pendance envers les Ătats-Unis.
Enfin, lâarticle met en Ă©vidence un changement structurel : la guerre commerciale a accĂ©lĂ©rĂ© la transformation du commerce alimentaire mondial. Les acteurs doivent dĂ©sormais intĂ©grer les risques gĂ©opolitiques dans leur stratĂ©gie Ă long terme. Pour beaucoup, cette situation est devenue la nouvelle norme â un climat oĂč la rĂ©silience, la flexibilitĂ© et la capacitĂ© Ă anticiper les chocs deviennent des atouts incontournables.
Financial Times, Whatâs the buzz? Around the world in 15 coffee-shop trends, 18/09/2025
Cet article explore lâĂ©volution mondiale de la culture du cafĂ© Ă travers 15 tendances observĂ©es dans les coffee shops. Lâauteur, par une approche Ă la fois journalistique et immersive, dĂ©crypte les nouveaux usages, goĂ»ts et attentes des consommateurs dans diffĂ©rents pays. Le cafĂ© nâest plus seulement une boisson matinale, mais un vĂ©ritable marqueur culturel et identitaire, support de valeurs sociales, environnementales et esthĂ©tiques.
Parmi les tendances majeures identifiĂ©es : le dĂ©veloppement des cafĂ©s de spĂ©cialitĂ© et des micro-torrĂ©facteurs. Ces Ă©tablissements valorisent lâorigine des grains, les mĂ©thodes dâextraction douces (V60, Chemex, siphon...) et le rapport direct avec les producteurs. Le cafĂ© devient ainsi un produit de dĂ©gustation comparable au vin, avec ses terroirs, ses millĂ©simes et ses notes aromatiques.
Lâarticle met Ă©galement en lumiĂšre la montĂ©e des alternatives au lait animal, comme lâavoine, le soja ou lâamande, dĂ©sormais incontournables dans les grandes villes. Cette mutation rĂ©pond Ă des attentes de durabilitĂ©, de santĂ© et de diversitĂ© alimentaire. De mĂȘme, les cafĂ©s hybrides â librairies, galeries, espaces de coworking â se multiplient, transformant lâacte de consommer en expĂ©rience globale.
Ă Tokyo, certains coffee shops misent sur une esthĂ©tique ultra-minimaliste inspirĂ©e du zen, tandis quâen Australie, le cafĂ© est souvent associĂ© Ă une cuisine saine et locale. En Scandinavie, le rituel du fika (pause cafĂ© accompagnĂ©e dâune douceur) ancre le cafĂ© dans une tradition conviviale. En Colombie, des producteurs intĂšgrent verticalement la chaĂźne de valeur en ouvrant leurs propres Ă©tablissements, rapprochant ainsi les buveurs urbains des zones de production.
Le design des lieux est aussi un vecteur clĂ© dâattractivitĂ©. Lâarticle Ă©voque la tendance des espaces ultra-photogĂ©niques, pensĂ©s pour Instagram, qui participent Ă la viralitĂ© des marques. Les coffee shops deviennent des « marqueurs sociaux » que lâon affiche, partage et recommande.
Enfin, lâarticle souligne une Ă©volution vers des pratiques plus durables : tasses rĂ©utilisables, dĂ©chets limitĂ©s, circuits courts et implication communautaire. Cette dimension Ă©thique, longtemps marginale, devient centrale dans la dĂ©finition dâun cafĂ© de qualitĂ©.
Ce tour du monde des tendances cafĂ© montre que le coffee shop contemporain est bien plus quâun simple point de vente : câest un lieu de culture, dâinnovation et de lien social, qui reflĂšte les mutations profondes de nos sociĂ©tĂ©s urbaines.
Financial Times, How James Hoffmann became king of the coffee nerds, 20/09/2025
James Hoffmann, figure emblĂ©matique du cafĂ© de spĂ©cialitĂ©, est devenu lâun des plus grands vulgarisateurs de la culture cafĂ© Ă travers le monde. Ancien champion du monde barista (2007) et cofondateur de Square Mile Coffee Roasters Ă Londres, il sâest imposĂ© comme une rĂ©fĂ©rence incontournable grĂące Ă sa chaĂźne YouTube, qui cumule des millions dâabonnĂ©s. Son approche unique, mĂȘlant rigueur scientifique, pĂ©dagogie et accessibilitĂ©, a conquis un large public, des nĂ©ophytes aux passionnĂ©s les plus pointus.
Initialement rĂ©fractaire au cafĂ©, James Hoffmann sây est intĂ©ressĂ© en travaillant pour des marques de machines espresso. FascinĂ© par la complexitĂ© de lâextraction, il sâest lancĂ© dans une exploration mĂ©thodique, documentant ses dĂ©couvertes dans des blogs, puis dans des vidĂ©os. Aujourdâhui, ses contenus allient expĂ©riences techniques (sur la mouture, lâextraction, lâeau ou la tempĂ©rature) et rĂ©flexions critiques, tout en cultivant une image de gentleman-nerd exigeant mais bienveillant.
Il incarne une gĂ©nĂ©ration de consommateurs qui veulent comprendre ce quâils boivent, de lâorigine des grains aux mĂ©thodes de torrĂ©faction, en passant par la qualitĂ© de lâeau ou les types de filtres. Son influence a participĂ© Ă faire Ă©merger une vĂ©ritable communautĂ© de coffee nerds, oĂč chacun traque la tasse parfaite Ă lâaide de balances de prĂ©cision, dâanalyses chimiques et de discussions enflammĂ©es sur Discord ou Reddit. Durant la pandĂ©mie, sa chaĂźne a connu un essor fulgurant : pour beaucoup, prĂ©parer un bon cafĂ© est devenu un rituel maĂźtrisable dans un monde incertain.
James Hoffmann ne se veut pas Ă©litiste. Il ne mĂ©prise pas les amateurs de cafĂ©s sucrĂ©s ou de capsules industrielles ; au contraire, il accompagne la montĂ©e en compĂ©tence des consommateurs, Ă©tape par Ă©tape. Câest cette approche inclusive et rigoureuse qui fait de lui un leader respectĂ© â mais parfois critiquĂ© pour son influence quasi hĂ©gĂ©monique. DerriĂšre son obsession du dĂ©tail, il reste conscient des limites du systĂšme : la filiĂšre cafĂ© reste fragile, les producteurs mal rĂ©munĂ©rĂ©s, et le changement climatique menace les terroirs dâexception.
Son objectif : valoriser le cafĂ© comme on le fait pour le vin, en augmentant la connaissance, lâexigence et le prix payĂ© aux producteurs. Sans prĂ©tendre atteindre la perfection, il cĂ©lĂšbre lâidĂ©e que chaque tasse peut ĂȘtre optimisĂ©e â et que la quĂȘte elle-mĂȘme vaut autant que le rĂ©sultat.
Wall Street Journal, Big Brands Play Down Their Americanness Abroad, 13/09/2025
Cet article analyse comment certaines grandes marques amĂ©ricaines â telles que Dominoâs, Wendyâs, ou Kelloggâs â adaptent leur communication Ă lâinternational pour attĂ©nuer leur image « amĂ©ricaine », souvent perçue de maniĂšre ambivalente Ă lâĂ©tranger. Lâobjectif : sâaligner avec des sensibilitĂ©s culturelles locales tout en restant compĂ©titif sur des marchĂ©s parfois critiques vis-Ă -vis des Ătats-Unis ou de leur mode de consommation.
Le patriotisme de marque, longtemps affichĂ© fiĂšrement (« Made in USA », drapeaux, slogans patriotiques), tend Ă sâeffacer dans les campagnes globales, voire Ă ĂȘtre totalement Ă©vitĂ©. Ainsi, au Royaume-Uni, Wendyâs ne met en avant ni son origine amĂ©ricaine ni son storytelling typiquement US. En Inde ou au Japon, Dominoâs valorise les recettes locales, vĂ©gĂ©tariennes ou Ă©picĂ©es, en mettant en avant des ingrĂ©dients natifs.
Plusieurs raisons expliquent cette évolution :
Le rejet de lâhĂ©gĂ©monie amĂ©ricaine dans certains pays,
Une aspiration croissante à la souveraineté alimentaire ou à des produits plus « authentiques »,
Une concurrence accrue avec des marques locales plus agiles culturellement.
Les marques amĂ©ricaines adoptent donc une stratĂ©gie de « glocalisation » : elles conservent une partie de leur savoir-faire ou de leurs standards industriels, mais adaptent les produits, les recettes et la communication aux normes et goĂ»ts locaux. Le cas de Kelloggâs est emblĂ©matique : la marque sâĂ©loigne de lâimage du petit dĂ©jeuner sucrĂ© Ă lâamĂ©ricaine pour mettre en avant des cĂ©rĂ©ales enrichies, sans sucre ou bio, en lien avec les tendances locales.
Certains groupes vont plus loin encore, en changeant totalement leur nom ou leur identitĂ© visuelle dans certains pays. Le but est de sâancrer dans le paysage culturel local, en Ă©vitant les stĂ©rĂ©otypes associĂ©s Ă lâamerican way of life. Cette stratĂ©gie est perçue comme essentielle pour les marchĂ©s Ă©mergents ou ceux oĂč le soft power amĂ©ricain dĂ©cline.
Lâarticle conclut que lâamĂ©ricanitĂ© nâest plus un argument marketing universel. Les marques qui rĂ©ussissent Ă lâinternational sont celles qui savent conjuguer puissance industrielle et agilitĂ© culturelle, pour sĂ©duire des consommateurs de plus en plus attachĂ©s Ă la proximitĂ©, Ă lâauthenticitĂ© et Ă la diffĂ©renciation locale.
Fast Company, Why the future of food starts with smarter ingredients, 18/09/2025
Lâarticle met en lumiĂšre lâĂ©mergence de nouveaux ingrĂ©dients dits « intelligents », qui pourraient redĂ©finir lâavenir de lâalimentation. Face aux enjeux du changement climatique, de la sĂ©curitĂ© alimentaire et des attentes consommateurs pour des aliments plus sains, les entreprises de la foodtech misent sur la science des ingrĂ©dients pour concilier nutrition, durabilitĂ© et performance sensorielle.
Lâarticle commence par Ă©voquer les limites des substituts ultra-transformĂ©s (comme certaines viandes vĂ©gĂ©tales) dont les listes dâingrĂ©dients sont longues et peu lisibles. La nouvelle gĂ©nĂ©ration dâacteurs entend sâen distinguer, en crĂ©ant des ingrĂ©dients fonctionnels, naturels, traçables, souvent issus de la fermentation, de la biotechnologie ou de la rĂ©gĂ©nĂ©ration agricole.
Des start-up comme Shiru, Equii ou Planetarians travaillent Ă produire des ingrĂ©dients protĂ©inĂ©s ou texturants Ă partir de rĂ©sidus agricoles (tourteaux de tournesol, drĂȘches de brasserie, fibres de poisâŠ), optimisant ainsi les flux de matiĂšres premiĂšres tout en rĂ©duisant le gaspillage. Ces ingrĂ©dients sont conçus pour remplacer ou amĂ©liorer les composants clĂ©s (gluten, blanc dâĆuf, stabilisantsâŠ), tout en apportant des bĂ©nĂ©fices nutritionnels et environnementaux.
Un autre levier dâinnovation rĂ©side dans la personnalisation : certains acteurs dĂ©veloppent des plateformes dâingĂ©nierie molĂ©culaire capables de formuler des ingrĂ©dients sur mesure en fonction des besoins nutritionnels ou des profils sensoriels ciblĂ©s. Lâenjeu est aussi industriel : ces ingrĂ©dients doivent ĂȘtre compatibles avec les chaĂźnes de production existantes, Ă coĂ»ts maĂźtrisĂ©s.
La chaĂźne de valeur alimentaire pourrait ainsi Ă©voluer vers un modĂšle oĂč les ingrĂ©dients deviennent des briques technologiques, au cĆur de la formulation et de la diffĂ©renciation produit. Lâarticle met en avant le rĂŽle croissant des partenariats entre jeunes pousses et grands groupes agroalimentaires, soucieux de verdir leurs portefeuilles sans sacrifier la qualitĂ© perçue par les consommateurs.
En conclusion, lâarticle suggĂšre que le vĂ©ritable changement dans lâalimentation ne viendra pas seulement du remplacement des produits finaux (viande, lait, Ćuf), mais bien de la rĂ©invention des ingrĂ©dients eux-mĂȘmes, plus durables, plus fonctionnels et plus transparents. Une rĂ©volution silencieuse, mais dĂ©terminante, dans la transformation du systĂšme alimentaire mondial.
New York Times, How Beli Ate Yelp, 15/09/2025
Cet article analyse le succĂšs de Beli, une application de recommandations de restaurants qui connaĂźt une croissance rapide, au moment oĂč des plateformes historiques comme Yelp perdent en influence. En mettant lâaccent sur lâexpĂ©rience personnalisĂ©e, Beli transforme la maniĂšre dont les consommateurs dĂ©couvrent les restaurants, en se basant sur les prĂ©fĂ©rences alimentaires individuelles, le goĂ»t, les habitudes de consommation et mĂȘme les avis de leurs cercles sociaux.
Beli se distingue de Yelp ou TripAdvisor par une interface minimaliste, une approche centrĂ©e sur la recommandation algorithmique et non la notation brute, et une logique de curation plutĂŽt que de masse. Lâutilisateur nâa pas Ă naviguer parmi des milliers de critiques souvent contradictoires ; il reçoit des suggestions adaptĂ©es Ă ses goĂ»ts spĂ©cifiques, via un « score Beli » personnel.
Lâapplication tire parti de lâĂ©volution des usages : les jeunes gĂ©nĂ©rations accordent moins de crĂ©dit aux Ă©valuations publiques anonymes, et recherchent des avis plus contextualisĂ©s, provenant de sources perçues comme proches ou fiables. Beli intĂšgre ainsi les prĂ©fĂ©rences dâamis ou dâinfluenceurs suivis, crĂ©ant une bulle de recommandation affinĂ©e qui favorise la dĂ©couverte de lieux alignĂ©s avec ses attentes.
Le modĂšle Ă©conomique de Beli repose pour lâinstant sur la monĂ©tisation des donnĂ©es et des partenariats potentiels avec les restaurateurs. Ceux-ci peuvent accĂ©der Ă des informations anonymisĂ©es sur les comportements alimentaires des utilisateurs, leur permettant dâajuster leur offre ou de cibler certaines clientĂšles. Lâapplication ne propose pas encore de rĂ©servations ou de livraisons, mais envisage ces dĂ©veloppements Ă moyen terme.
Lâarticle souligne que ce type de plateforme pose des questions sur la subjectivitĂ© algorithmique : en filtrant lâoffre selon nos prĂ©fĂ©rences, Beli pourrait restreindre la diversitĂ© des expĂ©riences culinaires. Mais ses crĂ©ateurs insistent sur lâobjectif de « faire gagner du temps » tout en respectant la personnalitĂ© de chaque utilisateur.
Enfin, lâarticle note que Yelp, longtemps incontournable outre-Atlantique, souffre aujourdâhui dâune image vieillissante, de pratiques de modĂ©ration critiquĂ©es et dâune expĂ©rience utilisateur datĂ©e. Le succĂšs de Beli illustre la transition vers une nouvelle gĂ©nĂ©ration dâoutils numĂ©riques centrĂ©s sur lâindividu, la simplicitĂ© et la confiance sociale.
Forbes, Inside The Billion-Dollar Red Sauce War: Carbone Vs. Raoâs, 19/09/2025
Lâarticle plonge dans la rivalitĂ© fĂ©roce entre deux marques amĂ©ricaines de sauces tomates haut de gamme : Carbone et Raoâs. Alors que le marchĂ© amĂ©ricain des sauces pour pĂątes est dominĂ© par des gĂ©ants comme Prego ou Ragu, une nouvelle bataille se joue sur le segment premium, portĂ© par une demande croissante de produits perçus comme authentiques, artisanaux et inspirĂ©s de la gastronomie italienne.
Carbone, cĂ©lĂšbre pour son restaurant italo-new-yorkais Ă la fois chic et nostalgique, a lancĂ© en 2020 sa gamme de sauces en pots, misant sur lâimage de son fondateur Mario Carbone et sur une esthĂ©tique raffinĂ©e. TrĂšs prĂ©sente dans les chaĂźnes premium (Whole Foods, Erewhon), la marque se distingue par son storytelling, ses ingrĂ©dients simples, son positionnement haut de gamme (prĂšs de 10 $ le pot) et un marketing trĂšs maĂźtrisĂ© sur les rĂ©seaux sociaux. En quelques annĂ©es, elle est devenue un symbole dâun certain lifestyle italien-amĂ©ricain branchĂ©.
En face, Raoâs, longtemps discrĂšte, a Ă©tĂ© rachetĂ©e par le gĂ©ant Campbell Soup en 2023 pour prĂšs de 2,7 milliards de dollars. Sa recette, inchangĂ©e depuis 1896, et sa rĂ©putation de produit « clean label » sans conservateurs, en ont fait un best-seller dans le segment premium. Avec une croissance Ă deux chiffres et une distribution massive, Raoâs domine largement le marchĂ© en valeur. Son image de tradition et dâauthenticitĂ© italienne en fait une marque culte aux Ătats-Unis.
La « guerre » entre les deux marques ne se limite pas aux parts de marchĂ©. Elle reflĂšte deux visions opposĂ©es du produit premium : dâun cĂŽtĂ©, Carbone et son image glamour, presque hollywoodienne ; de lâautre, Raoâs et sa fidĂ©litĂ© Ă la simplicitĂ© originelle. Les rĂ©seaux sociaux, en particulier TikTok et Instagram, sont devenus des terrains dâinfluence majeurs oĂč les deux marques rivalisent Ă coup de collaborations, de placements et dâesthĂ©tique packaging.
Lâarticle souligne que ce segment haut de gamme est devenu stratĂ©gique, notamment pour les grands groupes agroalimentaires en quĂȘte de marges plus Ă©levĂ©es et de diversification. En valorisant lâhistoire, la qualitĂ© perçue et lâĂ©motion culinaire, ces sauces incarnent une montĂ©e en gamme du quotidien â oĂč la nostalgie italienne devient un levier marketing redoutablement efficace.
Financial Times, The meltdown at Nestlé, 19/09/2025
Cet article examine en profondeur les difficultĂ©s rencontrĂ©es rĂ©cemment par NestlĂ©, gĂ©ant mondial de lâagroalimentaire, Ă un moment oĂč son modĂšle de croissance semble grippĂ©. Face Ă une inflation persistante, une baisse des volumes de vente, et des critiques sur la qualitĂ© nutritionnelle de ses produits, la multinationale suisse doit se rĂ©inventer dans un contexte de remise en cause des ultra-transformĂ©s.
Le titre de lâarticle, The meltdown, fait rĂ©fĂ©rence Ă un recul de la performance financiĂšre de NestlĂ© : les volumes de vente ont baissĂ©, un phĂ©nomĂšne inhabituel pour un groupe historiquement portĂ© par la croissance. Si le chiffre dâaffaires a pu ĂȘtre maintenu par des hausses de prix, celles-ci ont atteint un seuil de tolĂ©rance pour les consommateurs, entraĂźnant des pertes de parts de marchĂ© dans certaines catĂ©gories, notamment les eaux, les cĂ©rĂ©ales et les produits laitiers.
Lâarticle pointe Ă©galement une Ă©volution des attentes consommateurs : les produits NestlĂ©, souvent trĂšs transformĂ©s, sont de plus en plus critiquĂ©s pour leur manque de qualitĂ© nutritionnelle. Une Ă©tude interne citĂ©e par lâarticle rĂ©vĂ©lait que plus de 60 % des produits du groupe nâĂ©taient pas considĂ©rĂ©s comme « sains » selon les standards reconnus. Cela soulĂšve des enjeux dâimage et de stratĂ©gie, notamment sur les marques historiques comme Nesquik, Maggi ou KitKat.
Face Ă ces dĂ©fis, NestlĂ© a lancĂ© plusieurs chantiers : dĂ©veloppement de produits plus naturels ou enrichis en fibres et protĂ©ines, investissements dans la nutrition infantile et mĂ©dicale, montĂ©e en gamme des produits (premiumisation), mais aussi dĂ©sinvestissements dans certaines gammes moins rentables. Lâentreprise cherche aussi Ă renforcer son empreinte sur des segments porteurs comme les complĂ©ments alimentaires ou les aliments pour animaux.
Le PDG Mark Schneider est critiquĂ© pour sa gestion perçue comme trop centrĂ©e sur la finance et pas assez sur lâinnovation produit. Le groupe fait donc face Ă une pression accrue des investisseurs, des ONG et des consommateurs pour revoir son modĂšle de crĂ©ation de valeur.
Cet Ă©pisode pourrait marquer un tournant pour NestlĂ© : celui dâun passage obligĂ© vers un modĂšle plus durable, plus transparent, et plus alignĂ© avec les nouvelles attentes alimentaires â quitte Ă rompre avec certains piliers de son ADN industriel.
Rapporto COOP 2025 - Consumi e stili di vita degli italiani di oggi e di domani
Une fois nâest pas coutume, cette semaine je vous propose un rapport (rĂ©digĂ© en italien) qui dresse un panorama dĂ©taillĂ© des comportements de consommation et styles de vie des Italiens, dans un contexte national et international marquĂ© par lâinstabilitĂ©.
Le rapport souligne lâeffet des conflits gĂ©opolitiques sur lâhumeur des Italiens : la guerre est perçue comme un mode de rĂ©solution dominant, avec une augmentation notable des dĂ©penses militaires mondiales (+17 % en deux ans). Ce climat dâinsĂ©curitĂ© a un impact direct sur les perceptions : le sentiment dâinquiĂ©tude a fortement augmentĂ© (jusquâĂ 39 % des personnes interrogĂ©es), de mĂȘme que la crainte dâun conflit global.
MalgrĂ© une hausse de lâemploi (+840 000 postes), la croissance Ă©conomique reste faible (+0,5 % prĂ©vu en 2025-2026), la productivitĂ© est en baisse (-1,4 %), et les inĂ©galitĂ©s persistent : 10 % de la population dĂ©tient 58 % de la richesse nationale. Cette situation alimente une demande forte en justice sociale, en paix et en rĂ©duction des inĂ©galitĂ©s.
LâĂ©tude met en lumiĂšre une profonde transformation des comportements dâachat : les Italiens rĂ©duisent leurs dĂ©penses superflues et privilĂ©gient lâessentiel, la seconde main, la rĂ©paration, ou encore les biens durables. Le prix reste le premier critĂšre dâachat pour 42 % des Italiens. MĂȘme dans la technologie, la fonctionnalitĂ© prime dĂ©sormais sur le prestige, comme en tĂ©moigne la baisse des ventes de smartphones (-2 millions dâunitĂ©s en deux ans).
Le rapport avec lâalimentation Ă©volue : les Italiens sont moins attachĂ©s Ă la tradition culinaire (22 %, contre 34 % en 2022) et plus ouverts Ă lâinnovation. La consommation hors domicile baisse (-2,2 % au 1er semestre), tandis que les achats en grande distribution augmentent (+3,8 % en valeur), tirĂ©s par les produits frais.
Les comportements deviennent plus conscients et responsables :
70 % lisent les étiquettes nutritionnelles.
Les produits bio, surtout dans le sud du pays, progressent.
Les aliments ultra-transformés sont en perte de vitesse.
Le mouvement « no-alcool » touche 15,4 millions de personnes, surtout les jeunes.
La santĂ© devient un moteur central : lâusage des balances personnelles (+55 %) et de cuisine (+5,5 %) explose. Les rĂ©gimes hyperprotĂ©inĂ©s (17 % de la population) dynamisent les ventes de substituts vĂ©gĂ©taux (+20,9 %), dâĆufs (+7,8 %) et de lĂ©gumineuses (+5,0 %).
Le discount reste fort, mais la grande distribution classique progresse davantage (+2,7 %) grĂące aux produits en promotion (+40 %) et aux marques de distributeurs (+18 %). Lâavenir du retail, selon les dirigeants du secteur, passera par :
Lâinnovation produit et process (53 %)
LâIA pour optimiser la productivitĂ© (+20 % attendus en 10 ans)
Des stratégies RH plus humaines
Câest tout pour aujourdâhui.
Si vous apprĂ©ciez cette newsletter nâhĂ©sitez pas Ă la partager.
Et si vous voulez vous pouvez mĂȘme me payer un cafĂ© ;-)
A la semaine prochaine!
O. Frey