đŸđđ Eat's business đđ·đ§ 2025-25
Bonjour Ă toutes et Ă tous, Eat's Business est une newsletter dans laquelle vous trouverez une revue de presse de quelques articles sur le monde de lâalimentaire qui mâont semblĂ© intĂ©ressants dans la semaine prĂ©cĂ©dente.
Pour ceux qui veulent la formule ristretto, les 3 articles que je vous conseille de lire en priorité cette semaine sont :
Le Monde, Levure ou levain ? Un débat gastronomique difficile à trancher, 11/09/2025
Les Ăchos, « C'est la protĂ©ine animale la moins chĂšre et l'habitude s'est installĂ©e » : la filiĂšre oeuf se mobilise pour rassasier les Français, 08/09/2025
The Washington Post, Why climate change could ramp up our sugar intake, 09/09/2025
Bonne lecture et bonne semaine Ă toutes et Ă tous!
Pour celles et ceux dâentre vous qui ont plus de temps pour la formule lungo :
Le Monde, Halles gourmandes : le succĂšs incertain des usines Ă restaurants de centre-ville, 05/09/2025
Les halles gourmandes connaissent une multiplication rapide dans les centres-villes français. Ces espaces de restauration collective accueillent sous un mĂȘme toit une diversitĂ© de stands culinaires allant de la cuisine asiatique aux spĂ©cialitĂ©s locales, comme au Beau MarchĂ© de Bourg-en-Bresse. PensĂ©es comme des lieux de convivialitĂ© et de dynamisme urbain, elles sont devenues des outils de revitalisation pour les maires souhaitant redonner vie Ă des quartiers commerçants en dĂ©clin. LâidĂ©e : attirer une clientĂšle jeune, urbaine, et friande dâexpĂ©riences gastronomiques hybrides.
Le modĂšle semble sĂ©duisant, mais les rĂ©alitĂ©s Ă©conomiques sont plus nuancĂ©es. Si certains visiteurs saluent la diversitĂ© de lâoffre, dâautres pointent une hausse des prix et une ambiance plus proche dâun centre commercial que dâun marchĂ© traditionnel. Les commerçants, eux, doivent faire face Ă des loyers Ă©levĂ©s, Ă des charges importantes, et Ă lâobligation dâouvrir six jours sur sept. Cette pression Ă©conomique pousse certains Ă abandonner leur stand dĂšs les premiers mois. Des entreprises comme Biltoki, spĂ©cialisĂ©es dans ces structures, ont dĂ» fermer plusieurs Ă©tablissements, Ă Mont-de-Marsan ou Saint-Ătienne, faute de rentabilitĂ©.
Pourtant, les halles bĂ©nĂ©ficient encore dâun soutien politique. Leur format clĂ©-en-main â bĂątiment rĂ©novĂ©, gestion centralisĂ©e, bar commun â rassure les municipalitĂ©s. Ă Bourg-en-Bresse, le maire socialiste y voit un levier dâamĂ©nagement urbain autour du marchĂ© du samedi. Mais les commerçants traditionnels restent parfois sceptiques, craignant une banalisation de lâoffre alimentaire et une perte dâidentitĂ© locale.
Les difficultĂ©s rencontrĂ©es amĂšnent certains opĂ©rateurs Ă rĂ©viser leur copie. Biltoki, par exemple, prĂ©fĂšre dĂ©sormais favoriser les stands de cuisine prĂȘte Ă consommer plutĂŽt que les poissonneries ou boucheries traditionnelles, moins rentables. Le consultant Pascal Madry rappelle que ces halles, encore instables, pourraient ne pas sâimposer durablement. Leur succĂšs repose sur un Ă©quilibre complexe entre attractivitĂ© commerciale, viabilitĂ© Ă©conomique et intĂ©gration urbaine. Pour lâinstant, elles restent Ă la croisĂ©e des chemins : vĂ©ritable innovation ou effet de mode passager ?
Le Figaro, Cachou Lajaunie, une disparition qui reste en travers de la gorge des Français, 12/09/2025
Le cĂ©lĂšbre bonbon Ă la rĂ©glisse Cachou Lajaunie, reconnaissable Ă sa petite boĂźte jaune et noire, ne sera plus produit. Cette dĂ©cision du groupe Perfetti Van Melle, annoncĂ©e cette annĂ©e, marque la fin dâune longue histoire commencĂ©e Ă Toulouse Ă la fin du XIXá” siĂšcle. Créé par le pharmacien LĂ©on Lajaunie, ce petit carrĂ© noir, Ă base de cachou, de rĂ©glisse et de rĂ©sine, Ă©tait Ă lâorigine conçu pour soulager les troubles digestifs et rafraĂźchir lâhaleine. Peu sucrĂ©, fort en goĂ»t, il a rapidement sĂ©duit au-delĂ du monde mĂ©dical.
Pendant plus dâun siĂšcle, le Cachou est devenu un symbole de la culture populaire française. Son format unique, son goĂ»t intense et ses campagnes publicitaires marquantes â notamment le spot culte des annĂ©es 1980 â lâont Ă©levĂ© au rang dâicĂŽne. Sa fabrication artisanale, qui nĂ©cessitait neuf jours, restait inchangĂ©e malgrĂ© les Ă©volutions industrielles. Toutefois, la marque a connu une sĂ©rie de rachats successifs : de Kraft Ă Mondelez, puis Ă Perfetti Van Melle. MalgrĂ© des tentatives de relance post-Covid visant un public plus jeune, les ventes ont chutĂ©, passant de 10 millions dâunitĂ©s dans les annĂ©es 1980 Ă 3 millions en 2021.
La fin annoncĂ©e du Cachou Lajaunie a dĂ©clenchĂ© une vague dâĂ©motion sur les rĂ©seaux sociaux, rĂ©vĂ©lant son importance affective pour de nombreux Français. Certains y voient la perte dâun pan de patrimoine gustatif, dâautres dĂ©noncent le dĂ©sintĂ©rĂȘt croissant des multinationales pour les marques historiques Ă faible rentabilitĂ©. Des tentatives de sauvetage Ă©mergent, comme celle dâun entrepreneur hĂ©raultais prĂȘt Ă reprendre la production. Mais lâopĂ©ration sâannonce complexe, tant au niveau juridique quâindustriel.
Au-delĂ du cas Lajaunie, câest toute la question de la pĂ©rennitĂ© des produits emblĂ©matiques qui est posĂ©e. Dans un marchĂ© dominĂ© par lâinnovation permanente, les bonbons « dâantan » peinent Ă survivre. Pourtant, la disparition de ce petit carrĂ© noir rĂ©vĂšle un besoin de mĂ©moire et dâenracinement culturel. Le Cachou nâĂ©tait pas un simple bonbon : il incarnait un goĂ»t, une Ă©poque, et un lien entre gĂ©nĂ©rations.
Libération, Vin : les cépages hybrides, à la croisée des chais, 09/09/2025
Longtemps dĂ©nigrĂ©s dans le monde du vin, les cĂ©pages hybrides suscitent aujourdâhui un regain dâintĂ©rĂȘt parmi les vignerons soucieux de durabilitĂ©. Ces variĂ©tĂ©s, issues de croisements entre diffĂ©rentes espĂšces de vignes (Vitis vinifera et autres), prĂ©sentent une rĂ©sistance naturelle aux maladies cryptogamiques comme lâoĂŻdium ou le mildiou. Dans un contexte de rĂ©chauffement climatique, de pressions rĂ©glementaires sur les pesticides et de quĂȘte de sobriĂ©tĂ©, ils apparaissent comme une alternative sĂ©rieuse aux cĂ©pages traditionnels, plus vulnĂ©rables.
Des vignerons pionniers, comme Didier Grappe dans le Jura ou Valentin Morel, ont fait de ces cĂ©pages un levier dâexpĂ©rimentation. Leur approche est autant agronomique que politique : produire un vin vivant, sans intrants chimiques, dans un esprit de libertĂ© crĂ©ative. Ils cultivent des variĂ©tĂ©s parfois inconnues du grand public â Seyval, Vidoc, Souvignier gris, Solaris â capables de produire des vins originaux avec une forte identitĂ© aromatique. Pour eux, les hybrides ne sont pas un pis-aller, mais un outil pour rĂ©inventer le goĂ»t du vin.
En France, ces cĂ©pages ne reprĂ©sentent que 1 Ă 2 % du vignoble, contre 6 % dans dâautres pays comme les Ătats-Unis ou lâAllemagne. Leur reconnaissance officielle reste difficile. La lĂ©gislation europĂ©enne nâautorise que certains hybrides pour la vinification en AOP, ce qui freine leur dĂ©veloppement commercial. Des associations militantes comme Vitis Batardus Liberata plaident pour une reconnaissance Ă©largie et une libertĂ© de plantation plus grande. Pour les tenants des vins nature, le refus de lâuniformitĂ© passe aussi par lâexploration de ces variĂ©tĂ©s souvent oubliĂ©es ou interdites.
Leur utilisation reste cependant controversĂ©e. Certains Ćnologues leur reprochent un profil aromatique parfois « rustique », ou un manque de complexitĂ©. Dâautres mettent en garde contre une standardisation gĂ©nĂ©tique. Mais ces critiques sont nuancĂ©es par lâexpĂ©rience des vignerons eux-mĂȘmes : bien vinifiĂ©s, les hybrides offrent une palette aromatique originale et permettent de rĂ©duire drastiquement le nombre de traitements, jusquâĂ 90 % dans certains cas.
Alors que le climat bouscule les Ă©quilibres de la viticulture, les cĂ©pages hybrides sâimposent comme un champ dâexploration fertile, entre nĂ©cessitĂ© agronomique et audace stylistique. Encore marginaux, ils pourraient bien devenir les piliers dâun vin rĂ©silient et visionnaire.
LibĂ©ration, Vin en vrac, quâimporte le flacon, 09/09/2025
Dans les grandes villes françaises, une ancienne pratique revient en force : la vente de vin en vrac. Loin de lâimage poussiĂ©reuse des cubitainers de supermarchĂ©, ce mode de consommation sĂ©duit une nouvelle gĂ©nĂ©ration de cavistes et de consommateurs Ă la recherche de qualitĂ©, dâĂ©coresponsabilitĂ© et dâaccessibilitĂ©. Ă Marseille, la cave ChĂąteau Pompette propose des vins nature Ă la tireuse, que lâon peut goĂ»ter avant dâemplir sa propre bouteille consignĂ©e. Le client paie le vin au litre et peut revenir avec son contenant pour le recharger. Un geste simple, Ă©conomique, et dĂ©sormais branchĂ©.
Ce retour du vin en vrac correspond Ă une triple aspiration : rĂ©duction des dĂ©chets, transparence dans la production, et dĂ©mocratisation du bon vin. Des enseignes comme En Vrac Ă Paris, Soif Ă Pigalle ou encore Le Zinc Ă Toulouse participent Ă cette dynamique. Certains vont jusquâĂ proposer des verres Ă la pompe, dans un esprit proche du bar Ă biĂšres artisanales. La notion dâorigine et de traçabilitĂ© est centrale : les bouteilles sont Ă©tiquetĂ©es avec le nom du domaine, du cĂ©page, du millĂ©sime, et souvent une brĂšve histoire du vigneron.
Pour les producteurs, ce canal de distribution reprĂ©sente un dĂ©bouchĂ© direct, libĂ©rĂ© des contraintes liĂ©es Ă lâembouteillage : Ă©tiquetage, bouchons, cartons, logistique⊠Des vignerons engagĂ©s dans le bio ou les vins nature y voient un moyen de garder la main sur leurs prix, tout en favorisant une relation directe avec les consommateurs urbains. Le vrac leur permet aussi dâĂ©couler des volumes plus importants sans rogner sur la qualitĂ©.
Longtemps perçu comme un produit de moindre valeur, le vin en vrac change donc de statut. Il devient synonyme de sobriĂ©tĂ© Ă©lĂ©gante, de militantisme discret et de plaisir immĂ©diat. Pour certains clients, câest aussi une maniĂšre de consommer moins mais mieux, dans un rituel plus flexible et dĂ©complexĂ©. Le flacon importe peu, tant que le contenu respecte des critĂšres de goĂ»t, dâĂ©thique et de transparence.
Reste une difficultĂ© : convaincre les plus traditionnels que le vin ne perd pas son Ăąme en sortant de sa bouteille. Mais Ă lâheure des crises climatiques, du retour des consignes et de la quĂȘte de lien producteur-consommateur, le vin en vrac semble avoir trouvĂ© une nouvelle jeunesse.
Challenges, Pourquoi les agriculteurs français ne veulent toujours pas du Mercosur, 04/09/2025
Lâaccord de libre-Ă©change entre lâUnion europĂ©enne et les pays du Mercosur (BrĂ©sil, Argentine, Uruguay, Paraguay) continue de susciter une vive opposition en France. ValidĂ© fin aoĂ»t 2025 par la Commission europĂ©enne, ce texte vise Ă faciliter les Ă©changes entre les deux blocs, notamment en rĂ©duisant les droits de douane sur des produits agricoles. Mais pour les agriculteurs français, il sâagit dâun coup dur portĂ© Ă leur compĂ©titivitĂ©, Ă leurs efforts environnementaux et Ă la souverainetĂ© alimentaire europĂ©enne.
La FNSEA, principal syndicat agricole, Ă©voque un « tournant dramatique », tandis que la Coordination rurale parle de « trahison programmĂ©e ». En cause : lâarrivĂ©e massive attendue de viande bovine, de volaille, de sucre, de riz, dâĂ©thanol ou encore de miel, produits Ă bas coĂ»t dans des conditions sanitaires, sociales et environnementales bien moins strictes quâen Europe. Le secteur cĂ©rĂ©alier, bien que moins concernĂ©, partage Ă©galement les craintes dâun nivellement par le bas.
Lâaccord prĂ©voit une clause de sauvegarde en cas de dĂ©sĂ©quilibres majeurs sur le marchĂ©, ainsi quâune enveloppe de 7 milliards dâeuros pour soutenir les filiĂšres en difficultĂ©. Mais ces garanties sont jugĂ©es trĂšs insuffisantes par les professionnels, qui y voient des compensations a posteriori plutĂŽt quâun vrai mĂ©canisme de protection. Le rapport de force gĂ©opolitique ne joue pas non plus en faveur de la France : une majoritĂ© qualifiĂ©e dâĂtats membres de lâUE suffira pour valider dĂ©finitivement le traitĂ©, ce qui limite les possibilitĂ©s de blocage par un seul pays.
Au-delĂ de la concurrence, les agriculteurs redoutent un affaiblissement du modĂšle agricole europĂ©en, fondĂ© sur des normes strictes, une rĂ©munĂ©ration Ă©quitable et une transition Ă©cologique engagĂ©e. Ils sâinquiĂštent aussi de voir ce traitĂ© devenir un prĂ©cĂ©dent pour dâautres accords commerciaux en discussion, notamment avec lâInde, la ThaĂŻlande ou la Malaisie. Pour faire front, certaines organisations paysannes envisagent des alliances avec les ONG Ă©cologistes, elles aussi opposĂ©es Ă lâaccord pour des raisons de dĂ©forestation et dâimpact climatique.
Ce rejet du Mercosur traduit un malaise plus large du monde agricole face Ă la globalisation. Il questionne le rĂŽle de lâEurope : veut-elle dĂ©fendre un modĂšle agricole durable ou cĂ©der aux logiques du commerce international au dĂ©triment de ses producteurs ? La rĂ©ponse reste, pour lâinstant, suspendue aux Ă©quilibres politiques bruxellois.
LâExpress, RĂ©gime "IG bas", "glucose rĂ©volution"⊠Ces modes alimentaires qui inquiĂštent les scientifiques, 07/08/2025
La nutrition est devenue un terrain dâinfluence majeure sur les rĂ©seaux sociaux, oĂč se multiplient conseils, programmes et complĂ©ments alimentaires sans validation scientifique. Lâune des derniĂšres tendances en date, popularisĂ©e par lâinfluenceuse française Jessie InchauspĂ©, alias «âŻGlucose GoddessâŻÂ», repose sur la thĂ©orie selon laquelle contrĂŽler les pics de glycĂ©mie permettrait dâamĂ©liorer santĂ©, Ă©nergie et poids. Son livre Ă succĂšs et ses publications Instagram (plus dâ1,5 million dâabonnĂ©s) ont sĂ©duit un large public, principalement fĂ©minin, en quĂȘte de solutions simples et naturelles.
Le concept est sĂ©duisant : il sâagirait de lisser la courbe glycĂ©mique en adaptant lâordre des aliments, en prenant du vinaigre avant les repas, ou encore en Ă©vitant les glucides Ă jeun. Jessie InchauspĂ© a mĂȘme lancĂ© sa propre gamme de complĂ©ments alimentaires censĂ©s «âŻbloquerâŻÂ» les hausses de glucose. Mais les scientifiques sâinquiĂštent de la diffusion de ces mĂ©thodes, souvent prĂ©sentĂ©es comme rĂ©volutionnaires, sans fondement clinique sĂ©rieux. Aucun essai randomisĂ© nâa Ă©tĂ© menĂ© pour valider lâefficacitĂ© des recommandations de la «âŻglucose rĂ©volutionâŻÂ».
Pour les endocrinologues, ces pics de glycĂ©mie postprandiaux sont physiologiques chez les personnes non diabĂ©tiques. Les rĂ©gimes IG bas (index glycĂ©mique) ne sont pas nouveaux, mais leur efficacitĂ© est variable selon les individus. De plus, lâindex glycĂ©mique dâun aliment isolĂ© ne reflĂšte pas celui dâun repas complet. Lâobsession actuelle autour du glucose risque donc de favoriser des comportements restrictifs, voire orthorexiques, notamment chez les adolescents et jeunes adultes.
Les nutritionnistes appellent Ă la prudence : sâil est utile de limiter les sucres rapides, le discours simpliste de Jessie InchauspĂ© occulte les fondements dâune alimentation Ă©quilibrĂ©e. Les recommandations officielles (PNNS) restent claires : manger variĂ©, limiter les produits ultra-transformĂ©s, privilĂ©gier les fibres, bouger. Le succĂšs du « glucose marketing » souligne surtout le besoin dâune Ă©ducation nutritionnelle plus accessible, dans un monde saturĂ© dâinformations contradictoires.
Au-delĂ de la mode, ce phĂ©nomĂšne rĂ©vĂšle une tension croissante entre science, bien-ĂȘtre et Ă©conomie de lâattention. Il questionne aussi la responsabilitĂ© des influenceurs dans la diffusion de pratiques aux effets encore mĂ©connus. Entre fascination pour les solutions miracles et mĂ©fiance vis-Ă -vis des experts, la santĂ© alimentaire devient un champ de bataille culturel autant que mĂ©dical.
Le Monde, Levure ou levain ? Un débat gastronomique difficile à trancher, 11/09/2025
Le dĂ©bat entre levure et levain divise boulangers, pizzaiolos et amateurs de pain. Dâun cĂŽtĂ©, les partisans de la levure valorisent sa rapiditĂ©, sa simplicitĂ© dâutilisation et sa capacitĂ© Ă produire une pĂąte lĂ©gĂšre et bien aĂ©rĂ©e. De lâautre, les dĂ©fenseurs du levain â mĂ©lange naturel de farine et dâeau â mettent en avant ses bĂ©nĂ©fices gustatifs, nutritionnels et digestifs. Ce dĂ©bat va bien au-delĂ de la technique, car il cristallise des visions opposĂ©es du mĂ©tier et de la consommation alimentaire.
Le levain permet une fermentation longue, qui libĂšre des arĂŽmes complexes et confĂšre aux produits une meilleure conservation. Il facilite aussi la digestion grĂące Ă lâaction des bactĂ©ries lactiques, qui prĂ©digĂšrent une partie des amidons. Des artisans comme Adriano Farano, fondateur de Pane Vivo et Pizza Viva Ă Paris, en ont fait leur marque de fabrique, au nom dâune boulangerie plus naturelle et respectueuse du corps. Dâautres, comme Bartolo Calderone, vont jusquâĂ ouvrir des Ă©coles dĂ©diĂ©es Ă la fermentation naturelle. Cette approche sĂ©duit une nouvelle gĂ©nĂ©ration de professionnels, souvent en reconversion, attirĂ©s par une alimentation plus vertueuse.
Mais cette mĂ©thode requiert une technicitĂ© poussĂ©e, une attention constante et une plus grande sensibilitĂ© aux variations de tempĂ©rature, dâhydratation ou de farine. Guillaume Grasso, pizzaiolo napolitain traditionnel, rappelle quâun produit rĂ©ussi demande une stabilitĂ© difficile Ă atteindre avec le levain. Il dĂ©fend la levure comme outil de prĂ©cision, fidĂšle aux recettes familiales hĂ©ritĂ©es de Naples. Certains, comme BenoĂźt Castel, optent pour une solution hybride : un usage maĂźtrisĂ© du levain combinĂ© Ă une faible dose de levure, pour gagner en souplesse sans sacrifier la qualitĂ©.
Le dĂ©bat dĂ©passe aussi la sphĂšre artisanale : il touche Ă la question du goĂ»t du consommateur, de la transmission des savoir-faire et du rĂŽle nutritionnel du pain. Si le levain apporte plus de complexitĂ© et de satiĂ©tĂ©, il reste moins consensuel. Les deux mondes peuvent coexister, chacun rĂ©pondant Ă des attentes spĂ©cifiques. Lâessor du levain marque en tout cas un retour Ă une approche plus artisanale, mais aussi plus exigeante, du mĂ©tier de boulanger.
Le Monde, A Paris, des glaces Ă en perdre la boule, 12/09/2025
Ă Paris, la scĂšne des glaciers connaĂźt une rĂ©volution sensorielle. Lâoffre sâest en effet considĂ©rablement diversifiĂ©e, portĂ©e par des artisans crĂ©atifs et des influences venues des quatre coins du monde. DĂ©sormais, lâube (igname violette dâAsie), le pandan, le matcha ou encore le ComtĂ© sâinvitent dans des glaces au design audacieux et aux textures inattendues. Cette explosion de crĂ©ativitĂ© sâinscrit dans une redĂ©finition plus large du dessert glacĂ©, devenu une expĂ©rience Ă part entiĂšre.
Les adresses comme KapĂ© (Paris 11e), La Glacerie (Paris 4e) ou JJ Hings (Paris 10e) proposent des crĂ©ations qui brouillent les frontiĂšres entre pĂątisserie, street food et gastronomie. Chez CafĂ© Isaka, par exemple, la glace est frite Ă la minute dans une chapelure panko, une idĂ©e importĂ©e du Japon. Le duo Philippine Jaillet et Charles Neyers (BorĂ©al,Paris 18e) ose quant Ă lui une crĂšme glacĂ©e au mont dâor pour accompagner une tarte au vin jaune. Ă la Glacerie, les glaces sont enrichies de morceaux de pĂąte Ă cookie crue ou de coulis fondants, pour une expĂ©rience ultra-gourmande.
Cette nouvelle gĂ©nĂ©ration de glaciers privilĂ©gie aussi une approche artisanale, avec des ingrĂ©dients bruts, peu sucrĂ©s, et parfois bio ou en circuit court. La texture est retravaillĂ©e grĂące Ă des techniques inspirĂ©es de la haute pĂątisserie, tandis que le visuel devient un outil de communication essentiel, largement diffusĂ© sur Instagram et TikTok. En plus des boutiques, les glaciers investissent les restaurants gastronomiques ou les cafĂ©s tendance, comme au BorĂ©al (Paris 18e), oĂč la glace au fromage accompagne un dessert sucrĂ©-salĂ©.
Ce renouvellement sâinscrit dans une Ă©volution des attentes des consommateurs, plus ouverts aux nouvelles saveurs et attentifs Ă lâorigine des produits. Les glaces deviennent un terrain dâexpĂ©rimentation culinaire, oĂč se croisent hĂ©ritages culturels, souvenirs dâenfance et innovations techniques. Elles racontent aussi une histoire plus intime : celle de glaciers cosmopolites qui revisitent leurs racines. Plus quâune tendance, cette mutation de la glace traduit un changement de regard sur le dessert, dĂ©sormais lĂ©gitime sur les meilleures tables.
Le Figaro, «Tout le monde en veut ! » : quel est ce nouveau dessert qui fait saliver Madrid ?, 13/09/2025
Ă Madrid, la « tarta de queso », un gĂąteau au fromage fondant et crĂ©meux, est devenue bien plus quâun dessert : un phĂ©nomĂšne culturel. HĂ©ritĂ©e du Pays basque, cette version revisitĂ©e du cheesecake connaĂźt un engouement sans prĂ©cĂ©dent dans la capitale espagnole. Chaque jour, des dizaines de clients patientent devant des enseignes devenues cultes, comme celle du pĂątissier Alex CordobĂ©s. Loin du gĂąteau dense et sucrĂ© Ă lâamĂ©ricaine, la tarta de queso madrilĂšne sĂ©duit par sa texture lĂ©gĂšrement coulante au centre, son goĂ»t prononcĂ© de fromage, et lâabsence de croĂ»te, offrant une dĂ©gustation onctueuse et intense.
Le phĂ©nomĂšne dĂ©passe la seule sphĂšre gastronomique : il sâimpose comme un rituel social. Ă chaque repas entre amis ou en famille, la question du dessert est tranchĂ©e dâavance â ce sera une tarta de queso. PartagĂ©e, photographiĂ©e, commentĂ©e sur les rĂ©seaux sociaux, elle est devenue un emblĂšme gourmand, au mĂȘme titre que la tortilla ou les churros. Sa viralitĂ© sâexplique aussi par son esthĂ©tique minimaliste mais appĂ©tissante, idĂ©ale pour les formats courts de TikTok ou Instagram.
Les pĂątissiers madrilĂšnes rivalisent de crĂ©ativitĂ© pour rĂ©inventer ce dessert tout en respectant ses fondamentaux : des fromages locaux comme le manchego, une cuisson prĂ©cise qui laisse le cĆur Ă peine pris, et des portions gĂ©nĂ©reuses. Certains proposent des versions parfumĂ©es (citron, vanille, chocolat), dâautres misent sur la simplicitĂ© et la qualitĂ© des produits. Ă lâinternational, la tarta de queso sâexporte avec succĂšs : on la retrouve dĂ©sormais Ă Paris, Londres ou Tokyo, souvent dans des cafĂ©s branchĂ©s ou des restaurants espagnols.
Cette popularitĂ© soulĂšve aussi des questions stratĂ©giques pour les pĂątissiers madrilĂšnes : comment maintenir la qualitĂ© artisanale tout en rĂ©pondant Ă une demande massive ? Certains misent sur la distribution en ligne, dâautres ouvrent des franchises, tandis que quelques puristes prĂ©fĂšrent conserver un modĂšle de vente locale et exclusive. Quoi quâil en soit, ce succĂšs dĂ©montre lâattachement des consommateurs Ă des desserts qui racontent une histoire, expriment un territoire, et procurent un plaisir immĂ©diat. La tarta de queso est ainsi devenue le symbole dâune gastronomie populaire, gĂ©nĂ©reuse et en perpĂ©tuelle rĂ©invention.
Les Ăchos, « C'est la protĂ©ine animale la moins chĂšre et l'habitude s'est installĂ©e » : la filiĂšre oeuf se mobilise pour rassasier les Français, 08/09/2025
Face Ă une demande en constante augmentation (+4 Ă 5 % par an), la filiĂšre française de lâĆuf se mobilise pour renforcer sa souverainetĂ© alimentaire. En 2025, 15 milliards dâĆufs ont Ă©tĂ© produits en France, assurant 97 % dâautosuffisance. Pourtant, pour maintenir cet Ă©quilibre, il faudra produire 350 millions dâĆufs supplĂ©mentaires chaque annĂ©e dâici 2027, selon les professionnels du secteur. Cela reprĂ©sente l'Ă©quivalent dâ1,5 million de poules pondeuses en plus, ce qui suppose des investissements lourds dans les Ă©levages, lâoutil industriel et la logistique.
L'Ćuf sâimpose comme un produit refuge en pĂ©riode dâinflation : Ă©conomique, riche en protĂ©ines, adaptable Ă tous les rĂ©gimes alimentaires. Ce retour en grĂące sâobserve aussi chez les jeunes consommateurs, sĂ©duits par sa praticitĂ© et sa naturalitĂ©. La profession mise donc sur cette dynamique pour asseoir une croissance durable, tout en poursuivant sa transition vers des Ă©levages plus respectueux du bien-ĂȘtre animal. En 2025, plus de 68 % des Ćufs coquille vendus en grande distribution provenaient dĂ©jĂ dâĂ©levages hors cages, un chiffre que la filiĂšre espĂšre porter Ă 80 % dans les deux ans.
Outre la production de coquilles, le segment de lâĆuf transformĂ© (utilisĂ© dans les industries agroalimentaires ou la restauration collective) reprĂ©sente un enjeu stratĂ©gique. Les producteurs investissent dans lâinnovation : pasteurisation, ovoproduits en poudre, emballages Ă©coresponsables ou encore blockchain pour la traçabilitĂ©. Ces efforts doivent permettre de se diffĂ©rencier face Ă la concurrence europĂ©enne, voire mondiale, dans un contexte dâouverture des marchĂ©s.
Mais des incertitudes demeurent. Les crises sanitaires rĂ©currentes (grippe aviaire), la volatilitĂ© des prix des matiĂšres premiĂšres (alimentation animale, Ă©nergie) et la pression environnementale obligent la filiĂšre Ă sâadapter en permanence. Des aides publiques et une meilleure concertation entre Ă©leveurs, industriels et distributeurs sont jugĂ©es indispensables pour sĂ©curiser lâavenir. Enfin, la communication auprĂšs des consommateurs reste un levier essentiel : pour faire de lâĆuf un produit dâavenir, il faut aussi lui redonner du sens et une valeur perçue Ă la hauteur de ses atouts nutritionnels et Ă©conomiques.
New York Times, Why 7-Eleven and Other Convenience Stores in Japan Are So Special, 09/09/2025
Au Japon, les konbini â ces supĂ©rettes de quartier ouvertes 24h/24 â sont bien plus que des commerces de proximitĂ©. VĂ©ritables piliers du quotidien, ils offrent une gamme de services trĂšs Ă©tendue : restauration rapide, paiement de factures, envoi de colis, billetterie pour concerts, impressions de documents ou encore guichets automatiques bancaires. Avec plus de 55 000 Ă©tablissements rĂ©partis sur tout le territoire, ces magasins incarnent un modĂšle de service de proximitĂ© unique au monde.
Parmi les nombreuses enseignes (FamilyMart, Lawson), 7-Eleven est la plus emblĂ©matique, avec prĂšs de 22 000 points de vente sur lâarchipel. Son implantation japonaise remonte Ă 1974, avec une premiĂšre ouverture Ă Tokyo. DĂšs 1975, le concept de magasin ouvert 24h/24 est lancĂ© et sâest rapidement gĂ©nĂ©ralisĂ©. Par la suite, en 1991, lâentreprise japonaise Ito-Yokado devient majoritaire dans le capital de la maison-mĂšre amĂ©ricaine, et depuis 2005, 7-Eleven est entiĂšrement japonaise via le groupe Seven & i Holdings. Aujourdâhui, 7-Eleven exploite plus de 83 000 magasins dans 19 pays, dont 13 000 en AmĂ©rique du Nord, oĂč lâentreprise prĂ©voit dâinvestir 13,6 milliards de dollars pour renforcer sa prĂ©sence.
Ce qui distingue les konbini japonais, câest leur polyvalence et leur rĂŽle dans la vie sociale. Dans les zones rurales touchĂ©es par le vieillissement dĂ©mographique, ces commerces sont parfois les derniers points de service disponibles. Lors de catastrophes naturelles, ils deviennent des lieux de refuge, de ravitaillement et dâĂ©change dâinformations. Ils sont Ă©galement des lieux de socialisation informels, oĂč il est acceptĂ© dâentrer sans consommer.
Les magasins sont rĂ©putĂ©s pour leur propretĂ©, leur organisation minutieuse et la qualitĂ© de leur offre alimentaire. Bento frais, onigiri, plats chauds (curry, croquettes, poulet frit), machines Ă cafĂ© ou smoothies, glaces, desserts saisonniers⊠tout y est. Certains Ă©tablissements disposent mĂȘme de tables, de micro-ondes et de fontaines dâeau chaude pour consommer sur place. Lâoffre Ă©volue au grĂ© des saisons et des rĂ©gions, avec par exemple des spĂ©cialitĂ©s comme les Okinawa Soba dans les konbini dâOkinawa.
The Washington Post, Why climate change could ramp up our sugar intake, 09/09/2025
Alors que les canicules deviennent plus frĂ©quentes, une nouvelle Ă©tude rĂ©vĂšle un effet inattendu du changement climatique sur lâalimentation des amĂ©ricains : les tempĂ©ratures Ă©levĂ©es augmenteraient la consommation de produits sucrĂ©s, notamment les boissons gazeuses et les desserts glacĂ©s comme les glaces. Cette tendance pourrait, Ă long terme, aggraver les problĂšmes de santĂ© publique liĂ©s Ă une alimentation trop riche en sucres ajoutĂ©s.
MenĂ©e par des chercheurs en Ă©conomie, climatologie et nutrition, lâĂ©tude sâappuie sur 16 annĂ©es de donnĂ©es recueillies auprĂšs de consommateurs amĂ©ricains (2004â2019), croisĂ©es avec les tempĂ©ratures locales. Selon Pengfei Liu, Ă©conomiste Ă lâUniversitĂ© de Rhode Island et co-auteur de lâĂ©tude publiĂ©e dans Nature Climate Change, les individus augmentent spontanĂ©ment leur consommation de produits sucrĂ©s pour se rafraĂźchir, sans avoir conscience de lâimpact nutritionnel.
Les rĂ©sultats montrent que les achats de sodas, jus sucrĂ©s et glaces augmentent significativement entre 12 et 30°C. Au-delĂ de 32°C, lâeffet diminue, car lâappĂ©tit est alors naturellement rĂ©duit. Le pic de consommation concerne notamment les personnes Ă faibles revenus ou peu diplĂŽmĂ©es, souvent plus vulnĂ©rables Ă la chaleur et Ă la dĂ©sinformation nutritionnelle. Ces populations vivent aussi dans des rĂ©gions oĂč lâeau potable est parfois contaminĂ©e, ce qui pousse Ă consommer des boissons industrielles comme substitut hydratant.
Ă terme, sous un scĂ©nario pessimiste de rĂ©chauffement climatique, les chercheurs estiment que chaque AmĂ©ricain pourrait consommer en moyenne 3 grammes de sucre en plus par jour dâici 2095, uniquement en raison de la hausse des tempĂ©ratures. Si cette quantitĂ© peut sembler faible, son effet cumulatif sur des dĂ©cennies est prĂ©occupant : diabĂšte, obĂ©sitĂ©, maladies cardiovasculaires ou encore cancer sont en ligne de mire.
Pour lutter contre ce phĂ©nomĂšne, les auteurs de lâĂ©tude recommandent des programmes dâĂ©ducation nutritionnelle, voire des taxes sur les produits sucrĂ©s, afin de sensibiliser les consommateurs Ă leur comportement alimentaire, surtout en pĂ©riode de forte chaleur. LâĂ©quipe de recherche entend dĂ©sormais Ă©largir son Ă©tude Ă dâautres pays, notamment en Asie, pour analyser lâimpact du climat sur des produits locaux comme le bubble tea.
Food Dive, 4 food trends that could define the rest of 2025, 27/08/2025
LâannĂ©e 2025 est particuliĂšrement rude pour les grands groupes agroalimentaires amĂ©ricains. Lâinflation persistante, la baisse de la consommation, lâaugmentation des coĂ»ts de production et les pressions rĂ©glementaires poussent lâindustrie dans ses retranchements. Si les ventes ralentissent, les consommateurs attendent paradoxalement davantage de qualitĂ© nutritionnelle et dâinnovation de la part des marques, les obligeant Ă investir massivement dans des ingrĂ©dients fonctionnels premium.
Des acteurs comme Kraft Heinz ou Conagra Brands anticipent des baisses de chiffre dâaffaires malgrĂ© une Ă©ventuelle reprise au second semestre. En parallĂšle, les tarifs douaniers â notamment sur lâaluminium et lâacier â imposĂ©s par lâadministration Trump alourdissent la facture (jusquâĂ 200 millions de dollars supplĂ©mentaires pour Conagra), et les coĂ»ts des matiĂšres premiĂšres (Ćufs, cacaoâŠ) continuent de grimper. RĂ©sultat : licenciements en chaĂźne (General Mills, Post Holdings, Brown-Forman) et restructurations deviennent monnaie courante pour prĂ©server les marges.
CĂŽtĂ© croissance, les groupes misent dĂ©sormais sur des acquisitions ciblĂ©es plutĂŽt que sur des mĂ©ga-fusions risquĂ©es. Des opĂ©rations comme le rachat de Poppi (soda prĂ©biotique) par PepsiCo ou de LesserEvil (snacking sain) par Hershey tĂ©moignent dâun recentrage sur des segments porteurs, notamment les boissons fonctionnelles et les snacks sains. Lâaccent est mis sur des marques Ă forte identitĂ© capables de rĂ©pondre aux attentes des consommateurs en matiĂšre de santĂ©, bien-ĂȘtre et naturalitĂ©.
Le marchĂ© est aussi dynamisĂ© par une nouvelle vague dâingrĂ©dients fonctionnels. Si la protĂ©ine reste plĂ©biscitĂ©e (surtout dans le contexte de lâessor des traitements GLP-1), les attentes Ă©voluent vers des produits aidant Ă rĂ©guler lâhumeur, le sommeil, la santĂ© intestinale ou la peau. Des acteurs comme ADM ou Darling investissent dans les postbiotiques et le collagĂšne, tandis que Coca-Cola lance des sodas fonctionnels sous sa marque Simply.
Enfin, le mouvement MAHA (Make America Healthy Again), soutenu par le secrĂ©taire Ă la SantĂ© Robert F. Kennedy Jr., amorce un tournant. AprĂšs lâĂ©limination des colorants artificiels, les regards se tournent vers les additifs chimiques et les aliments ultratransformĂ©s. Les nouvelles lignes directrices alimentaires amĂ©ricaines, attendues pour fin 2025, pourraient reflĂ©ter les convictions controversĂ©es de Kennedy, suscitant lâinquiĂ©tude des nutritionnistes. Une rĂ©forme du systĂšme alimentaire amĂ©ricain semble en cours, mais son orientation reste incertaine.
BBC, Whey to go: Is cheese the new reason to travel?, 08/09/2025
Le fromage ne se contente plus de sĂ©duire les papilles : il devient une vĂ©ritable clĂ© de lecture du territoire français. Ă travers musĂ©es, caves dâaffinage, routes fromagĂšres et rencontres avec les producteurs, de plus en plus de voyageurs â français comme Ă©trangers â explorent lâHexagone en suivant la piste de ses fromages. Le phĂ©nomĂšne sâinscrit dans une tendance plus large du tourisme culinaire, en forte croissance selon les projections de Future Market Insights.
Ă Paris, le MusĂ©e Vivant du Fromage, ouvert prĂšs de Notre-Dame, incarne cette volontĂ© de dĂ©mocratiser la culture fromagĂšre. Il offre une immersion ludique et pĂ©dagogique dans les savoir-faire, les terroirs et les traditions, avec une scĂ©nographie immersive et un large comptoir de dĂ©gustation. Pour Guillaume Gaubert, responsable du musĂ©e, cet engouement sâexplique par un retour des Français Ă leurs racines rurales et culinaires. Chaque rĂ©gion revendique fiĂšrement son fromage emblĂ©matique : le Munster en Alsace, le Camembert en Normandie, lâOssau-Iraty au Pays basque ou encore le Beaufort en Savoie.
Hors de la capitale, le Jura attire les amateurs de ComtĂ© avec des sites emblĂ©matiques comme La Maison du ComtĂ© Ă Poligny et le Fort Saint-Antoine, oĂč 100 000 meules sont affinĂ©es dans dâanciennes casernes militaires. Ici, les affineurs Ă©valuent chaque meule Ă lâoreille, rĂ©vĂ©lant lâart ancestral de lâaffinage. Le tourisme fromager y a bondi de 23 000 visiteurs en 2019 Ă 35 000 en 2024. MĂȘme la Vache Qui Rit possĂšde son propre musĂ©e Ă Lons-le-Saunier, retraçant son histoire depuis les fruitiĂšres jurassiennes jusquâĂ sa transformation en icĂŽne mondiale.
La diversitĂ© des terroirs sâĂ©tend jusque dans le Massif Central, oĂč les caves naturelles de Roquefort profitent de failles gĂ©ologiques pour affiner ce fromage au goĂ»t puissant, ou en Corse, oĂč la Route des Sens Authentiques relie Ă©leveurs, vignerons et producteurs de brocciu. Ces itinĂ©raires offrent bien plus quâune dĂ©gustation : une rencontre avec des familles qui perpĂ©tuent des traditions parfois millĂ©naires.
Des agences spĂ©cialisĂ©es, comme Cheese Journeys, proposent des voyages immersifs autour du fromage, mĂȘlant culture, nature et histoire. Pour sa fondatrice, Anna Juhl, le fromage permet de « comprendre la France par ses terroirs et ses hommes ». Une promesse de voyage authentique, sensoriel et profondĂ©ment humain.
The Magnum Ice Cream Company (TMICC) Presentation
Cette prĂ©sentation rĂ©alisĂ© par Unilever pour expliquer la cotation en bourse de son segment glaces est bourrĂ©e dâinformations sur ce secteur. En voici une synthĂšse.
Taille et dynamique du marché
MarchĂ© mondial de la glaceâŻ:
En 2024, il pĂšse environ 75 milliards dâeuros.
Fait partie du marchĂ© Ă©largi du snacking (~470 milliards âŹ).
PĂ©riode 2014-2029âŻ: croissance constante prĂ©vue, Ă un rythme annuel de +3-4âŻ% (CAGR).
RĂ©silience exceptionnelleâŻ: la pandĂ©mie Covid a peu affectĂ© la croissance, comparaison favorable avec dâautres segments snacking.
Occasions de consommationâŻ:
La glace se consomme lors de nombreux moments de la journĂ©e â rafraĂźchissement, indulgence, partage.
Les innovations crĂ©ent des âoccasionsâ supplĂ©mentaires (formats snacking, etc.), Ă©largissant la base de consommation.
Tendances structurelles
Premiumisation
Dans les pays dĂ©veloppĂ©s (PIB/hab. >35âŻ000âŻ$, exâŻ: Europe de lâOuest, USâŠ), la gamme âpremiumâ croĂźt plus vite que la moyenne.
En 2024, le premium reprĂ©sente 41âŻ% de la valeur du marchĂ© (vs 37âŻ% en 2016).
Cette montĂ©e en gamme sâappuie sur la recherche de produits plus innovants, gourmands et/ou plus sains.
Emphase sur la disponibilité et la distribution
La densitĂ© des points de vente (ou âoutlet penetrationâ) reste le dĂ©terminant clĂ© de la consommation, notamment dans les pays Ă©mergents.
Les pays Ă©mergents offrent un potentiel de croissance de +50âŻ% par simple extension des rĂ©seaux de distribution et dâarmoires rĂ©frigĂ©rĂ©es.
E-commerce
Le digital explose sur le segment (e-commerce, quick-commerceâŠ).
PrĂ©visionâŻ: croissance annuelle de +9âŻ% sur 2024-2029, nettement au-dessus du marchĂ© global.
Structure concurrentielle
Marché concentré
Deux groupes âpure playersâ de la glace Ă Ă©chelle mondialeâŻ: The Magnum Ice Cream Company (ex-Unilever) â 21% de part de marchĂ©, et Froneri â 11%.
Suivent des acteurs multi-catĂ©goriesâŻ: General Mills, Yili, NestlĂ©, Ferrero, MarsâŠ
Segmentation géographique et canaux
Développés vs émergents
MarchĂ© mature en OccidentâŻ: fort en valeur, croissance tirĂ©e par lâinnovation et le premium.
Forte marge de progression sur les marchĂ©s Ă©mergents (Chine, Inde, Mexique, IndonĂ©sieâŠ), oĂč la distribution et la pĂ©nĂ©tration par habitant restent faibles.
Environ 30âŻ% du revenu de âTMICCâ en 2024 provient des pays Ă©mergents, avec une anticipation de croissance deux fois plus rapide quâen marchĂ©s dĂ©veloppĂ©s.
Canal At-Home / Away-from-Home / e-commerce
La totalité du marché se répartit sur
consommation âat-homeâ (via grande distributionâŻ: ~retail)
consommation âaway-from-homeâ (hors-foyer, via des frigos)
digital commerce (vente en ligne et livraison rapide).
TMICC dĂ©tient la plus grande flotte mondiale dâarmoires rĂ©frigĂ©rĂ©esâŻ: ~3 millions.
Tendances consommateurs et produits
Nouvelles attentesâŻ: contrĂŽle des portions, nutritionâŠ
Influence modĂ©rĂ©e Ă court terme des mĂ©dicaments type GLP-1 (rĂ©gulateurs dâappĂ©tit), limitĂ©es gĂ©ographiquement aux USA.
Apur, Lâalimentation Ă Paris, Edition 2025
Outre les 2,11âŻmillions de rĂ©sidents, 3,6âŻmillions de personnes, incluant les travailleurs, les Ă©tudiants et les touristes vivent Ă Paris au quotidien. Lâanalyse de leurs comportements alimentaires met en lumiĂšre tant des pratiques diverses que des situations spĂ©cifiques Ă Paris et parfois variables selon les quartiers.
Elle permet aussi de relier la diversitĂ© des profils socio-Ă©conomiques avec leurs attentes alimentaires. Un accent particulier est mis notamment sur lâanalyse du dĂ©veloppement de la restauration hors domicile, sur lâĂ©volution des consommations de produits biologiques, durables, carnĂ©s et de fruits et lĂ©gumes ainsi que sur la progression des situations de prĂ©caritĂ©, notamment chez les jeunes et les Ă©tudiants.
Shake Up Factory a quelques places disponibles cet automne dans ses bureaux de Station F à Paris pour des startups agroalimentaires. Pour celles et ceux qui sont intéressés vous trouverez toutes les informations nécessaires ici.
Câest tout pour aujourdâhui.
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A la semaine prochaine!
O. Frey