đŸđđ Eat's business đđ·đ§ 2025-24
Bonjour Ă toutes et Ă tous, Eat's Business est une newsletter dans laquelle vous trouverez une revue de presse de quelques articles sur le monde de lâalimentaire qui mâont semblĂ© intĂ©ressants dans la semaine prĂ©cĂ©dente.
Aujourdâhui la newsletter est un peu plus longue que dâhabitude car jâai sĂ©lectionnĂ© quelques articles sortis pendant le mois dâaoĂ»t. Je vous souhaite Ă toutes et tous une trĂšs bonne rentrĂ©e.
Pour ceux qui veulent la formule ristretto, les 3 articles que je vous conseille de lire en priorité cette semaine sont :
Les Ăchos, La face cachĂ©e des biĂšres d'abbaye, 27/08/2025
Les Ăchos, Les kiwis obtiennent une allĂ©gation santĂ© autorisĂ©e, un label rare et inĂ©dit pour un fruit, 21/08/2025
Wall Street Journal, Scientists Have Unlocked the Secret That Gives Fine Chocolate Its Great Taste, 27/08/2025
Bonne lecture et bonne semaine Ă toutes et Ă tous!
Pour celles et ceux dâentre vous qui ont plus de temps pour la formule lungo :
Le Monde, Fusion Kraft-Heinz : « Pourquoi la mayonnaise nâa-t-elle pas pris ? », 03/09/2025
Dix ans aprĂšs la fusion emblĂ©matique entre Kraft et Heinz, orchestrĂ©e par le fonds 3G Capital et Warren Buffett, le gĂ©ant amĂ©ricain de lâagroalimentaire annonce sa scission en deux entitĂ©s distinctes. Cette dĂ©cision met en lumiĂšre lâĂ©chec dâun modĂšle capitalistique centrĂ© sur la rĂ©duction drastique des coĂ»ts au dĂ©triment de lâinnovation. Dâun cĂŽtĂ©, une entreprise de 15,4 milliards de dollars regroupera les condiments et produits Ă tartiner (Heinz, Philadelphia), de lâautre, une structure de 10,4 milliards gĂ©rera les snacks et charcuteries (Oscar Mayer, Lunchables, Capri-Sun). La fusion initiale avait Ă©tĂ© saluĂ©e comme un coup de gĂ©nie financier, mais sâest rapidement heurtĂ©e Ă une dĂ©saffection croissante des consommateurs pour les produits ultra-transformĂ©s, alors que la demande Ă©volue vers des aliments plus sains. Les rĂ©ductions de coĂ»ts opĂ©rĂ©es par 3G Capital ont paralysĂ© la capacitĂ© dâinnovation du groupe, piĂ©gĂ© entre le discount des marques distributeurs et lâattrait croissant des produits premium.
Ce changement de paradigme est aussi renforcĂ© par lâessor des mĂ©dicaments anti-obĂ©sitĂ© qui freinent les comportements dâachats impulsifs, et par une politique publique plus hostile Ă la malbouffe. Le prĂ©sident Robert F. Kennedy, soutenu par Donald Trump, mĂšne une campagne contre les sucres, enjoignant mĂȘme Coca-Cola Ă changer ses formulations. Dans ce contexte, les grands groupes revoient leurs stratĂ©gies : Ferrero rachĂšte les cĂ©rĂ©ales Kellogg, Keurig Dr Pepper sâempare du nĂ©erlandais JDE Peetâs, et prĂ©voit lui aussi une scission. Cette recomposition montre que lâagroalimentaire, Ă lâinstar dâautres industries, entre dans une phase de rĂ©ajustement face aux nouvelles attentes sociĂ©tales et rĂ©glementaires. En toile de fond, câest la logique mĂȘme des fusions gĂ©antes et des logiques financiĂšres Ă courte vue qui est remise en question. Ce retour Ă des structures plus agiles sâaccompagne dâune redĂ©finition des portefeuilles de marques autour de valeurs mieux alignĂ©es avec les Ă©volutions de consommation et les prĂ©occupations de santĂ© publique.
LâUsine Nouvelle, Cette Ă©tude dĂ©montre que la consommation d'aliments ultra-transformĂ©s est mauvaise pour la santĂ©, 30/08/2025
Une Ă©tude publiĂ©e dans la revue Cell Metabolism vient confirmer les soupçons pesant depuis des annĂ©es sur les aliments ultra-transformĂ©s (UPF, pour âultra-processed foodsâ). Conduite sur une pĂ©riode de 18 semaines auprĂšs de 43 hommes, elle dĂ©montre que la consommation rĂ©guliĂšre de ces aliments nuit Ă la santĂ© humaine, mĂȘme en lâabsence dâexcĂšs calorique. LâexpĂ©rience repose sur un protocole scientifique rigoureux, avec un systĂšme de rotation entre deux rĂ©gimes : lâun basĂ© sur des aliments bruts, lâautre sur des produits ultra-transformĂ©s, avec un apport calorique identique dans chaque groupe.
Les chercheurs prĂ©cisent que les UPF sont riches en graisses saturĂ©es, sucres raffinĂ©s et autres composants industriels synthĂ©tiques. Ces aliments reprĂ©sentent dĂ©jĂ plus de 50 % de lâapport calorique quotidien aux Ătats-Unis, au Canada, au Royaume-Uni et en Australie. Les rĂ©sultats de lâĂ©tude sont sans appel : les participants suivant un rĂ©gime ultra-transformĂ© ont connu une prise de poids significative, une augmentation de la masse grasse et, fait nouveau, une dĂ©gradation marquĂ©e de la qualitĂ© de leur sperme.
Ce dernier point est particuliĂšrement prĂ©occupant, car il Ă©tablit un lien direct entre alimentation industrielle et fertilitĂ© masculine. Les auteurs insistent : les effets nocifs observĂ©s ne sâexpliquent pas uniquement par une surconsommation de calories, mais bien par la nature mĂȘme des aliments ultra-transformĂ©s. Le design expĂ©rimental permet dâexclure lâhypothĂšse que les consĂ©quences sont dues au simple excĂšs Ă©nergĂ©tique.
Les implications de cette Ă©tude sont majeures pour les politiques de santĂ© publique et pour lâindustrie agroalimentaire. Elle renforce les arguments en faveur dâune alimentation plus naturelle, moins transformĂ©e, et appelle Ă revoir les normes de formulation des produits vendus en grande surface. Le message est clair : pour prĂ©server sa santĂ©, mieux vaut se dĂ©tourner des produits industriels aux listes dâingrĂ©dients interminables, mĂȘme si leur profil nutritionnel semble conforme.
Le Monde, Les clubs Ćnologiques, acteurs discrets de la culture du vin, 05/09/2025
En dĂ©pit de la baisse de la consommation de vin en France, notamment chez les jeunes gĂ©nĂ©rations, les clubs Ćnologiques connaissent un rĂ©el engouement. Souvent informels et discrets, ils rassemblent des amateurs de tous horizons autour de dĂ©gustations thĂ©matiques, organisĂ©es Ă domicile, dans des bars ou des locaux associatifs. Ces clubs cultivent des valeurs de partage, de transmission et de dĂ©couverte, sans Ă©litisme, mais avec rigueur.
Il est difficile dâen quantifier le nombre exact, car beaucoup fonctionnent en dehors de tout cadre officiel. Toutefois, une structure fĂ©dĂ©ratrice existe : la FĂ©dĂ©ration culturelle des vins de France (FCVF), créée en 1997 Ă Illzach. Elle regroupe une cinquantaine de clubs, contre soixante avant la pandĂ©mie. En Ă©change dâune cotisation annuelle, elle fournit aux clubs membres des bouteilles de qualitĂ© pour neuf dĂ©gustations par an, ainsi que le matĂ©riel et les supports pĂ©dagogiques. Les sĂ©ances, trĂšs codifiĂ©es, incitent les participants Ă se documenter pour commenter chaque vin.
Les profils des membres varient selon les clubs. Ă Mulhouse, le club La Quille attire des jeunes de 25 Ă 30 ans, tandis quâĂ LâAigle (Orne), le club Bacchus rassemble des quinquagĂ©naires issus de professions diverses. Certains clubs sont mĂȘme genrĂ©s, comme les Bacchantes, pendant fĂ©minin du club Bacchus. Le but est autant de dĂ©couvrir des crus mĂ©connus que de confronter les goĂ»ts, dans une ambiance conviviale.
ParallĂšlement, des cercles informels se multiplient, souvent connectĂ©s via des forums comme La Passion du vin, qui compte aujourdâhui 25 000 inscrits. Ces groupes organisent leurs propres dĂ©gustations et partagent leurs comptes rendus en ligne, contribuant Ă diffuser la culture du vin au-delĂ des circuits traditionnels.
Dâautres initiatives existent, comme celle dâIsabelle Roberty, Ćnologue et fondatrice de lâĂ©cole Muscadelle, qui anime des ateliers de dĂ©gustation dans le sud-ouest pour des entreprises ou des associations. Ă travers toutes ces formes, les clubs Ćnologiques permettent dâexplorer la diversitĂ© des terroirs, cĂ©pages et vinifications, tout en renforçant les liens sociaux. Ils apparaissent comme des acteurs essentiels de la culture viticole française contemporaine.
LibĂ©ration, Le chef Jean Imbert accusĂ© de violences conjugales : enquĂȘte sur le grand silence de ses prestigieux partenaires, 05/09/2025
Lâimage du chef Jean Imbert sâeffondre sous le poids dâaccusations de violences conjugales. AprĂšs une enquĂȘte rĂ©vĂ©lĂ©e par le magazine Elle en avril 2025, dans laquelle plusieurs ex-compagnes, dont Lila Salet, dĂ©noncent des faits de violences physiques et psychologiques, une procĂ©dure judiciaire a Ă©tĂ© ouverte. Jean Imbert, qui a depuis annoncĂ© publiquement sa mise en retrait de ses Ă©tablissements, nie les faits par lâintermĂ©diaire de ses avocates, mettant en avant lâabsence de preuves et la prescription dâune partie des accusations.
MalgrĂ© la gravitĂ© des faits allĂ©guĂ©s, la majoritĂ© des marques et Ă©tablissements associĂ©s au chef adoptent une stratĂ©gie du silence. Ni le Plaza AthĂ©nĂ©e, ni LVMH, ni Disney, ni The Brando, ni mĂȘme Michelin nâont rompu leurs liens ou pris publiquement leurs distances, se contentant de mentions Ă©vasives ou dâajustements discrets. Seule exception, Nespresso a dĂ©clarĂ© ne plus avoir de partenariat en cours avec Jean Imbert et a rappelĂ© son attachement Ă des valeurs incompatibles avec de tels faits. Lâattentisme du monde de la restauration de luxe et de ses partenaires tĂ©moigne dâun malaise : le chef continue dâincarner la âmarqueâ Jean Imbert, et son nom reste valorisĂ© malgrĂ© les accusations.
Lâarticle interroge la complaisance des entreprises face Ă une figure mĂ©diatique devenue symbole de âfood-entertainmentâ : chef starisĂ© Ă travers les rĂ©seaux sociaux, il a bĂąti un empire sur son image plus que sur sa cuisine. Selon plusieurs experts, Jean Imbert a misĂ© sur une stratĂ©gie de notoriĂ©tĂ© calquĂ©e sur le modĂšle des influenceurs, capitalisant sur des collaborations prestigieuses et une visibilitĂ© omniprĂ©sente. Ce branding efficace, appuyĂ© par des partenariats de luxe et des projets Ă©vĂ©nementiels (comme au Mont-Saint-Michel ou Ă Disneyland Paris), rend difficile pour les marques de se dĂ©solidariser sans impact Ă©conomique ou rĂ©putationnel.
Pour les plaignantes, ce silence Ă©quivaut Ă un soutien implicite. Elles dĂ©noncent lâhypocrisie dâentreprises qui revendiquent des valeurs dâĂ©thique et dâĂ©galitĂ© tout en Ă©vitant de trancher face Ă des accusations graves. Lâaffaire souligne la difficultĂ© persistante pour les industries, y compris gastronomiques, Ă assumer leurs responsabilitĂ©s sociĂ©tales, particuliĂšrement sur les questions de violences faites aux femmes.
LibĂ©ration, Vendanges : une baisse continue de la production sur fond dâĂ©volution de la consommation, 25/08/2025
Le secteur viticole est confrontĂ© Ă une baisse structurelle et durable de la production, accentuĂ©e par lâĂ©volution des habitudes de consommation. Selon lâOrganisation internationale du vin, la consommation de vin en France a encore diminuĂ© de 3,6 % en 2024. Cette tendance sâexplique par une conjoncture Ă©conomique dĂ©favorable, une prise de conscience accrue des effets de lâalcool sur la santĂ©, et un changement des prĂ©fĂ©rences en faveur de produits plus lĂ©gers, plus digestes ou dĂ©salcoolisĂ©s.
Face Ă cette crise, lâarrachage des vignes devient un outil de rĂ©gulation incontournable. Il touche presque toutes les grandes rĂ©gions viticoles : Bordeaux, Sud-Ouest, RhĂŽne, Val-de-Loire et Languedoc-Roussillon. Seule la Champagne est Ă©pargnĂ©e grĂące Ă une rĂ©gulation stricte par lâinterprofession. Ă cela sâajoute lâimpact du dĂ©rĂšglement climatique (sĂ©cheresse, mildiou, gel) qui perturbe lourdement les rĂ©coltes, notamment en agriculture biologique, oĂč les rendements sont naturellement plus fragiles.
Le Beaujolais est prĂ©sentĂ© comme un exemple de reconversion rĂ©ussie. ConfrontĂ©e depuis vingt ans Ă une baisse de la demande, la rĂ©gion a arrachĂ© 40 % de ses vignes et recentrĂ© sa stratĂ©gie sur le cĂ©page gamay, trĂšs apprĂ©ciĂ© pour sa lĂ©gĂšretĂ© et sa buvabilitĂ©. Cette adaptation au goĂ»t du marchĂ© a permis un renouveau partiel, avec des campagnes de promotion ciblĂ©es. Par ailleurs, la production de vins blancs, effervescents et sans alcool connaĂźt un net essor, traduisant une reconfiguration de lâoffre pour rĂ©pondre Ă une demande plus modĂ©rĂ©e et diversifiĂ©e.
Pour lâĂ©conomiste Jean-Marie Cardebat, il ne sâagit pas seulement de rĂ©duire lâoffre mais dâaccompagner lâĂ©volution des usages. Certaines caves qui ont pris le virage du sans alcool sâen sortent mieux. Dans le Beaujolais, lâencĂ©pagement en chardonnay progresse Ă©galement, et lâapproche agroĂ©cologique â rĂ©duction des dĂ©sherbants, retour au labour â devient la norme, au prix de rendements plus faibles.
Le secteur viticole français est ainsi en pleine mutation, tiraillĂ© entre traditions, exigences Ă©cologiques, instabilitĂ© climatique et transformation des usages. Une recomposition en profondeur est en cours, dans lâobjectif de renouer avec la demande tout en garantissant la viabilitĂ© Ă©conomique et environnementale des exploitations.
LibĂ©ration, DĂ©goĂ»ts alimentaires : «Tout ce que nous aimons manger, nous lâavons appris», 18/08/2025
Ă travers une interview de la chercheuse Sandrine Monnery-Patris, spĂ©cialiste en sciences cognitives au Centre des sciences du goĂ»t et de lâalimentation (CSGA, Inrae), lâarticle explore les mĂ©canismes de formation de nos prĂ©fĂ©rences et aversions alimentaires. La chercheuse y dĂ©montre que nos goĂ»ts ne sont pas innĂ©s mais largement acquis, principalement dans les toutes premiĂšres annĂ©es de vie. Selon elle, lâexposition prĂ©coce Ă une grande variĂ©tĂ© de saveurs est dĂ©terminante : elle crĂ©e une familiaritĂ© sensorielle qui favorise lâacceptation de nouveaux aliments.
Les premiĂšres influences apparaissent dĂšs la pĂ©riode utĂ©rine, Ă travers le liquide amniotique, puis lors de lâallaitement. En grandissant, le mimĂ©tisme social et les habitudes familiales jouent un rĂŽle clĂ©. Ainsi, voir un adulte apprĂ©cier un aliment augmente la probabilitĂ© quâun enfant le goĂ»te et lâaime Ă son tour. Ă lâinverse, les pratiques Ă©ducatives autoritaires (forcer Ă finir lâassiette) ou trop permissives (ne proposer que ce que lâenfant aime dĂ©jĂ ) ont tendance Ă refermer le rĂ©pertoire alimentaire.
Sandrine Monnery-Patris insiste Ă©galement sur lâexistence dâune « nĂ©ophobie alimentaire » vers 2-4 ans, phase naturelle de rejet des nouveautĂ©s gustatives, quâil convient dâaccompagner avec patience. Elle souligne quâil faut souvent huit Ă dix essais pour quâun aliment soit acceptĂ©. Lâabsence de familiarisation dans cette pĂ©riode peut crĂ©er des dĂ©goĂ»ts durables Ă lâĂąge adulte. Toutefois, rien nâest figĂ© : comme pour le langage, nos goĂ»ts peuvent Ă©voluer tout au long de la vie, mĂȘme sâils sont plus mallĂ©ables dans lâenfance.
Lâarticle Ă©voque aussi les facteurs physiologiques : si lâhomme naĂźt avec une appĂ©tence pour le sucrĂ© (comme le lait), dâautres saveurs, notamment lâamertume ou les notes soufrĂ©es (choux, abats), nĂ©cessitent un apprentissage plus long. Le rejet de certaines saveurs est aussi liĂ© Ă des mĂ©canismes de protection de lâespĂšce (amertume = poison). La nĂ©ophobie est donc un rĂ©flexe Ă©volutif, qui nâempĂȘche pas lâapprentissage si celui-ci est bien accompagnĂ©.
Enfin, la chercheuse alerte sur la tendance Ă la « nutritionnalisation » de lâalimentation, qui fait passer au second plan le plaisir de manger. Elle encourage la diversitĂ©, la curiositĂ© et la rĂ©appropriation de la cuisine (par exemple, impliquer les enfants dans la prĂ©paration) comme leviers pour surmonter les dĂ©goĂ»ts et enrichir lâalimentation. Lâenjeu nâest pas de tout aimer, mais dâavoir un rĂ©pertoire gustatif suffisamment large pour couvrir les besoins nutritionnels et sâouvrir au plaisir de manger.
LibĂ©ration, Pourboires : commerçants, arrĂȘtez de nous culpabiliser (et payez mieux vos salariĂ©s), 13/08/2025
Lâarticle dĂ©nonce une pratique commerciale de plus en plus rĂ©pandue Ă Paris (et dans dâautres villes de province Ă©galement) : la sollicitation automatique dâun pourboire au moment du paiement par carte, mĂȘme dans des commerces oĂč cela nâest traditionnellement pas dâusage. Ce phĂ©nomĂšne, hĂ©ritĂ© des habitudes amĂ©ricaines, fait son chemin en France sous une forme algorithmique et culpabilisante : les terminaux de paiement suggĂšrent mĂ©caniquement des pourboires, souvent Ă©levĂ©s, sans que le client nâait explicitement manifestĂ© son intention dâen laisser un.
Lâauteure, Kim Hullot-Guiot, illustre cette dĂ©rive avec des cas concrets : un cookie Ă 3,50 ⏠auquel un terminal propose dâajouter jusquâĂ 1 ⏠de pourboire, soit prĂšs de 30 % du prix. Elle critique non pas le principe du pourboire â quâelle juge lĂ©gitime dans certains contextes (livreurs, serveurs, coiffeurs, etc.) â mais la maniĂšre intrusive, quasi-automatisĂ©e, de le demander. Ce systĂšme place les clients dans une situation inconfortable et les salariĂ©s dans une position ambiguĂ«, contraints de dĂ©tourner les yeux pendant que le client dĂ©cide, dans un climat de pression implicite.
Au-delĂ de lâaspect dĂ©sagrĂ©able, lâautrice pointe un problĂšme plus profond : cette nouvelle norme tend Ă faire glisser la responsabilitĂ© de la rĂ©munĂ©ration des salariĂ©s vers les consommateurs. Elle dĂ©nonce une logique oĂč les employeurs, au lieu dâaugmenter les salaires ou de garantir des conditions dignes, espĂšrent compenser par la gĂ©nĂ©rositĂ© des clients. Or, en France, contrairement aux Ătats-Unis, le salaire de base doit couvrir les besoins essentiels sans dĂ©pendre des pourboires.
Lâarticle met aussi en garde contre la normalisation dâun « micro-rajout » systĂ©matique Ă chaque achat, qui pourrait sâinstaller insidieusement dans tous les types de commerce. Ce mĂ©canisme, sâil se gĂ©nĂ©ralise, pourrait freiner la juste revalorisation des salaires dans les mĂ©tiers de services. Elle appelle donc les commerçants Ă ne pas faire peser cette charge sur le consommateur et Ă assumer leurs responsabilitĂ©s dâemployeurs.
Les Ăchos, Quand la Chine sĂšme le trouble dans la filiĂšre française du porc, 05/09/2025
La Chine a annoncĂ© lâimposition, dĂšs le 10 septembre 2025, de droits antidumping provisoires sur les importations de porc europĂ©en, avec un taux de 20 % pour la France. Cette dĂ©cision, prise dans le contexte de tensions commerciales croissantes entre PĂ©kin et Bruxelles, est perçue comme une mesure de rĂ©torsion aprĂšs les sanctions europĂ©ennes sur les vĂ©hicules Ă©lectriques chinois.
La France, troisiĂšme producteur porcin europĂ©en derriĂšre lâEspagne et lâAllemagne, voit sa filiĂšre fragilisĂ©e par cette mesure, la Chine Ă©tant son principal client. En 2024, elle avait importĂ© 115.000 tonnes de produits porcins français, soit 16 % des exportations françaises du secteur. MĂȘme si les volumes sont restĂ©s stables, les prix ont chutĂ© de 10 %, rĂ©duisant la valeur globale des ventes.
La dĂ©cision chinoise inquiĂšte fortement la filiĂšre française, non seulement pour la perte dâun dĂ©bouchĂ© clĂ© â notamment pour des morceaux peu consommĂ©s en Europe comme les oreilles ou les pieds â mais surtout pour le risque dâengorgement du marchĂ© europĂ©en. Les volumes destinĂ©s Ă la Chine devront ĂȘtre redirigĂ©s, notamment depuis lâEspagne, ce qui pourrait faire chuter les prix en Europe. Les Ă©leveurs français, qui commençaient Ă se relever aprĂšs des annĂ©es de crise, redoutent un nouveau recul de leur rentabilitĂ© alors que les prix Ă la production ont dĂ©jĂ commencĂ© Ă baisser cet Ă©tĂ©.
Les Ăchos, Pommes de terre : derriĂšre une rĂ©colte historique, le risque d'un effondrement des prix, 02/09/2025
Alors que la France sâapprĂȘte Ă battre un record de production de pommes de terre de conservation avec une rĂ©colte estimĂ©e Ă 8,5 millions de tonnes, le secteur sâinquiĂšte dâune possible chute des prix, voire dâun effondrement du marchĂ© libre. Ce paradoxe entre abondance et crise tient Ă un dĂ©sĂ©quilibre structurel : une hausse de la production sans augmentation Ă©quivalente des capacitĂ©s industrielles pour lâabsorber.
Selon lâUnion nationale des producteurs de pommes de terre (UNPT), cette rĂ©colte exceptionnelle est le fruit dâune hausse des surfaces cultivĂ©es de plus de 10 % en un an, et de 25 % depuis 2023. Ce boom sâexplique par la dĂ©saffection des agriculteurs pour dâautres cultures peu rentables (blĂ©, maĂŻs, colza, betterave) et par lâattrait relatif de la pomme de terre, jusque-lĂ perçue comme un refuge rentable. Toutefois, la demande industrielle (chips, frites) nâa pas suivi au mĂȘme rythme, les nouvelles usines nĂ©cessaires Ă lâabsorption de cette hausse nâĂ©tant pas encore opĂ©rationnelles.
En consĂ©quence, une part importante de la production, non contractualisĂ©e, se retrouve sur le marchĂ© libre, avec des prix oscillant entre 0 et 15 euros la tonne, contre environ 115 euros Ă la mĂȘme pĂ©riode en 2024. Ă lâopposĂ©, les lots sous contrat, qui reprĂ©sentent habituellement 80 Ă 90 % des volumes industriels, ne couvrent cette annĂ©e que 70 Ă 80 %, laissant un surplus vulnĂ©rable aux alĂ©as du marchĂ©. Pour les producteurs non couverts par ces contrats, notamment les nouveaux entrants, la situation est critique : sans capacitĂ© de stockage et sans acheteur garanti, ils risquent de devoir vendre Ă perte.
Les producteurs historiques, mieux Ă©quipĂ©s, peuvent temporiser en stockant, mais cette crise rĂ©vĂšle une fragilitĂ© structurelle du modĂšle : un excĂšs dâoffre face Ă une chaĂźne de transformation rigide, et une dĂ©pendance Ă une contractualisation qui sâeffrite. Du cĂŽtĂ© des industriels, cette situation est vue dâun bon Ćil : elle leur garantit un approvisionnement abondant Ă bas prix, renforçant leur pouvoir de nĂ©gociation.
Ce dĂ©sĂ©quilibre met en lumiĂšre les limites de la rĂ©gulation actuelle et pose la question dâune meilleure planification entre amont agricole et aval industriel. LâĂ©pisode pourrait aussi entraĂźner une reconfiguration du secteur, avec une sĂ©lection Ă©conomique impitoyable parmi les producteurs, Ă commencer par les plus vulnĂ©rables.
Les Ăchos, La face cachĂ©e des biĂšres d'abbaye, 27/08/2025
DerriĂšre lâimage traditionnelle et monastique vĂ©hiculĂ©e par des marques comme Leffe, Grimbergen ou Affligem, lâarticle dĂ©voile une rĂ©alitĂ© industrielle bien Ă©loignĂ©e des abbayes. En France, une seule vĂ©ritable biĂšre est encore brassĂ©e dans un monastĂšre : celle de lâabbaye de Saint-Wandrille, en Normandie, oĂč le moine FrĂšre Matthieu perpĂ©tue cette tradition. En revanche, les grandes marques dâabbaye sont dĂ©sormais produites par des multinationales : AB InBev (Leffe), Carlsberg (Grimbergen) et Heineken (Affligem), dans des usines industrielles souvent situĂ©es loin des abbayes dont elles revendiquent lâhĂ©ritage.
Ces biĂšres sâappuient sur un marketing puissamment Ă©vocateur : blasons religieux, dates de fondation mĂ©diĂ©vales, mise en scĂšne de recettes ancestrales⊠En rĂ©alitĂ©, la plupart nâont plus aucun lien organique avec les moines, mĂȘme si des contrats commerciaux prĂ©voient des royalties et un droit de regard pour les abbayes concernĂ©es. Par exemple, Grimbergen est brassĂ©e Ă Strasbourg dans une usine Kronenbourg, alors que son abbaye est en Belgique. Seuls des volumes trĂšs limitĂ©s y sont encore produits Ă des fins symboliques.
En France, aucun encadrement officiel ne dĂ©finit ce quâest une « biĂšre dâabbaye ». Contrairement Ă la Belgique, oĂč un label existe, le flou rĂ©glementaire permet une large libertĂ© marketing. Des plaintes de consommateurs ont dĂ©jĂ Ă©mergĂ© aux Ătats-Unis, dĂ©nonçant des pratiques trompeuses. En 2020, une avancĂ©e lĂ©gislative française a toutefois imposĂ© la mention claire du lieu de production sur les Ă©tiquettes, sous lâimpulsion du Syndicat national des brasseurs indĂ©pendants (SNBI). Celui-ci milite pour plus de transparence face Ă la domination des industriels, qui captent lâessentiel du marchĂ© des biĂšres artisanales via lâimaginaire de lâabbaye.
MalgrĂ© une lĂ©gĂšre baisse des ventes depuis 2021, les biĂšres dâabbaye reprĂ©sentent toujours 20 % du volume vendu en grande distribution. Elles se vendent plus cher que les blondes classiques (type pils), renforçant lâattrait pour ce positionnement semi-premium. Toutefois, seule la certification trappiste garantit encore une production rĂ©ellement monastique, conditionnĂ©e Ă une implication directe des moines et Ă une finalitĂ© sociale des bĂ©nĂ©fices. Seules neuf marques dans le monde, dont Chimay, respectent ce cahier des charges strict.
Face Ă la montĂ©e des attentes en matiĂšre dâauthenticitĂ© et de transparence, cet article interroge la lĂ©gitimitĂ© des stratĂ©gies marketing autour de lâabbaye. Il oppose un storytelling industriel bien rodĂ© Ă la pratique sincĂšre, mais marginale, dâacteurs comme Saint-Wandrille, derniers gardiens dâune tradition dĂ©sormais instrumentalisĂ©e.
Les Ăchos, Les kiwis obtiennent une allĂ©gation santĂ© autorisĂ©e, un label rare et inĂ©dit pour un fruit, 21/08/2025
Le kiwi vert entre dans une nouvelle Ăšre grĂące Ă une reconnaissance officielle de ses bienfaits par la Commission europĂ©enne. Une allĂ©gation santĂ© vient dâĂȘtre validĂ©e, affirmant que la consommation quotidienne de deux kiwis verts (minimum 200 grammes de pulpe) contribue Ă une fonction intestinale normale en augmentant la frĂ©quence des selles. Câest la premiĂšre fois quâun fruit frais obtient un tel label de santĂ© sur le territoire europĂ©en, offrant ainsi Ă lâensemble de la filiĂšre une opportunitĂ© de repositionnement stratĂ©gique.
Ce tournant sâinscrit dans la dynamique de lâ« alimentation fonctionnelle », oĂč les consommateurs recherchent des aliments aux bĂ©nĂ©fices prouvĂ©s pour la santĂ©, au-delĂ de leurs simples qualitĂ©s nutritionnelles. Le pruneau, jusquâici seul Ă bĂ©nĂ©ficier dâune rĂ©putation digestive, trouve dĂ©sormais un concurrent crĂ©dible et moderne dans le kiwi, notamment la variĂ©tĂ© Hayward. Lâentreprise nĂ©o-zĂ©landaise Zespri, leader mondial de la distribution de kiwi, se fĂ©licite de cette avancĂ©e, fruit de plus de quinze ans de recherches et de lobbying. Le dossier validĂ© par lâAutoritĂ© europĂ©enne de sĂ©curitĂ© des aliments (Efsa) repose sur 18 Ă©tudes scientifiques, dont six jugĂ©es suffisamment solides pour appuyer lâallĂ©gation.
Ce label santĂ© est un outil prĂ©cieux pour diffĂ©rencier le kiwi dans les linĂ©aires et justifier une montĂ©e en gamme. Zespri entend sâen servir pour valoriser ses produits, mais lâensemble des producteurs europĂ©ens pourra en bĂ©nĂ©ficier. En France, oĂč le kiwi est principalement cultivĂ© dans le Sud-Ouest, plus de 1 500 producteurs sont concernĂ©s. Le pays, sixiĂšme producteur mondial et troisiĂšme europĂ©en, pourrait voir dans cette reconnaissance un levier pour relancer la consommation de fruits frais.
Cette dĂ©cision intervient dans un contexte oĂč la notion de « santĂ© par lâalimentation » prend une place centrale dans les politiques publiques et les attentes des consommateurs. Elle offre aussi un contrepoint aux stratĂ©gies de certains industriels transformant les aliments pour y injecter artificiellement des bĂ©nĂ©fices santĂ©. Le kiwi, lui, joue la carte du naturel.
Par ailleurs, cette reconnaissance officielle pourrait inciter dâautres filiĂšres de fruits et lĂ©gumes Ă documenter scientifiquement leurs effets bĂ©nĂ©fiques, afin dâobtenir des labels similaires. Câest aussi une maniĂšre de rĂ©concilier agriculture, nutrition et marketing en ancrant les produits frais dans les dynamiques dâinnovation et de diffĂ©renciation. LâallĂ©gation santĂ© devient ainsi un nouvel outil concurrentiel dans un secteur Ă la recherche de valeur ajoutĂ©e face Ă la volatilitĂ© des marchĂ©s agricoles.
CNBC, Matcha mania turns the green powder into gold, 31/08/2025
Le matcha est aujourdâhui au cĆur dâun engouement mondial sans prĂ©cĂ©dent. Devenu un incontournable des rĂ©seaux sociaux pour ses bienfaits antioxydants et ses vertus santĂ© supposĂ©es, il est Ă©galement victime de son succĂšs. La demande, portĂ©e par les marchĂ©s internationaux et le regain de tourisme post-Covid au Japon, a fait bondir les prix Ă des niveaux records. Le tencha, feuille de thĂ© utilisĂ©e pour produire le matcha, a vu son prix augmenter de 170 % lors des derniĂšres enchĂšres Ă Kyoto, atteignant 8 235 yens le kilo. Les dĂ©taillants, confrontĂ©s Ă une pĂ©nurie, rationnent dĂ©sormais les ventes tandis que les consommateurs se ruent sur les stocks disponibles, aussi bien dans les boutiques japonaises quâen ligne.
Ce phĂ©nomĂšne ne vient pas sans tensions structurelles. La culture du tencha est particuliĂšrement exigeante : les feuilles doivent ĂȘtre ombragĂ©es, rĂ©coltĂ©es Ă la main, puis rapidement traitĂ©es pour en prĂ©server les arĂŽmes dĂ©licats. Dans un pays oĂč la main-dâĆuvre agricole se rarĂ©fie, et aprĂšs un Ă©tĂ© caniculaire qui a fragilisĂ© les rĂ©coltes, la filiĂšre peine Ă suivre. Des entreprises comme Ito En, leader mondial du thĂ© prĂȘt-Ă -boire, crĂ©ent mĂȘme des divisions entiĂšres dĂ©diĂ©es au matcha pour tenter de sĂ©curiser leurs approvisionnements. Lâentreprise prĂ©voit dâaugmenter de 50 % Ă 100 % le prix de ses produits dĂšs septembre. MalgrĂ© des contrats exclusifs avec des producteurs, la sociĂ©tĂ© ne parvient Ă obtenir quâenviron 600 tonnes de tencha par an, contre 7 000 tonnes de thĂ© vert standard.
Face Ă lâampleur de la demande, le gouvernement japonais envisage de subventionner les producteurs pour encourager la culture du tencha. Mais les agriculteurs restent prudents, craignant que cette tendance ne sâessouffle. Pour certains acteurs, lâenjeu est aussi Ă©ducatif. Chitose Nagao, fondatrice des cafĂ©s Atelier Matcha, milite pour un usage diffĂ©renciĂ© des qualitĂ©s de matcha : inutile dâutiliser de la poudre haut de gamme pour un latte ou un smoothie. GrĂące Ă son partenariat avec un producteur artisanal de Kyoto, elle continue de croĂźtre Ă lâinternational, avec des ouvertures prĂ©vues au Vietnam et aux Philippines. En tant que passionnĂ©e de la voie du thĂ© (sado), elle garde un Ćil sur la prochaine vague : le hojicha, thĂ© torrĂ©fiĂ© aux notes plus douces et pauvre en cafĂ©ine.
CNBC, A world on weight loss drugs: How GLP-1s are reshaping the economy, 26/08/2025
Les mĂ©dicaments contre lâobĂ©sitĂ© de type GLP-1, tels que Wegovy et Zepbound, connaissent une ascension fulgurante depuis leur autorisation aux Ătats-Unis en 2021 et 2023. Originellement dĂ©veloppĂ©s pour traiter le diabĂšte de type 2, ces agonistes des rĂ©cepteurs du GLP-1 agissent en imitant des hormones intestinales afin de rĂ©duire lâappĂ©tit et de rĂ©guler la glycĂ©mie. Leur adoption massive transforme non seulement les comportements alimentaires mais redĂ©finit des pans entiers de lâĂ©conomie mondiale.
Lâimpact de ces traitements est double : mĂ©dical et Ă©conomique. Alors que lâobĂ©sitĂ© reste un facteur de risque majeur pour de nombreuses pathologies chroniques, ces mĂ©dicaments promettent une amĂ©lioration notable de la santĂ© publique. Leurs applications thĂ©rapeutiques sâĂ©largissent Ă©galement Ă des affections comme le psoriasis, lâapnĂ©e du sommeil ou mĂȘme des maladies neurodĂ©gĂ©nĂ©ratives comme Alzheimer. Sur le plan Ă©conomique, Goldman Sachs estime quâune adoption gĂ©nĂ©ralisĂ©e aux Ătats-Unis pourrait accroĂźtre le PIB de 0,4 % via une productivitĂ© accrue et des Ă©conomies de santĂ©. Cependant, le coĂ»t reste Ă©levĂ© : entre 1 000 et 1 300 dollars par mois, et une couverture gĂ©nĂ©ralisĂ©e par Medicare pourrait alourdir les dĂ©penses publiques de prĂšs de 48 milliards de dollars sur dix ans.
Les effets de ces mĂ©dicaments dĂ©passent largement le domaine mĂ©dical. Une Ă©tude de lâuniversitĂ© Cornell rĂ©vĂšle que les foyers ayant un utilisateur de GLP-1 rĂ©duisent leurs dĂ©penses alimentaires de 5,3 % en six mois, jusquâĂ 8,2 % pour les foyers Ă hauts revenus. Ce changement de comportement affecte particuliĂšrement les produits ultra-transformĂ©s comme les chips ou les pĂątisseries, mais aussi certains produits de base. Contrairement aux attentes, les consommateurs ne remplacent pas ces aliments par des alternatives plus saines, ils consomment simplement moins. Ces Ă©volutions reprĂ©sentent un dĂ©fi de taille pour les acteurs de lâagroalimentaire, poussant des gĂ©ants comme NestlĂ© ou Danone Ă repenser leurs gammes avec des produits plus protĂ©inĂ©s ou en plus petites portions.
Le secteur alimentaire nâest pas le seul touchĂ©. Les GLP-1 influencent Ă©galement les achats dâalcool, de vĂȘtements, les habitudes de voyage ou encore la frĂ©quentation des salles de sport. En modulant le circuit de la rĂ©compense dans le cerveau, ces mĂ©dicaments pourraient rĂ©duire certaines addictions, y compris Ă lâalcool et aux jeux. Certains analystes Ă©voquent mĂȘme une baisse de la consommation de carburant aĂ©rien grĂące Ă une rĂ©duction du poids moyen des passagers.
Cependant, cette rĂ©volution mĂ©dicamenteuse pose aussi des questions dâĂ©quitĂ©. LâaccĂšs Ă ces traitements reste limitĂ©, surtout pour les populations les plus vulnĂ©rables, souvent les plus touchĂ©es par lâobĂ©sitĂ©. Le risque dâune sociĂ©tĂ© Ă deux vitesses se profile, oĂč seuls les plus aisĂ©s pourraient bĂ©nĂ©ficier de ces mĂ©dicaments aux effets visibles. MalgrĂ© des efforts pour baisser les prix et lâarrivĂ©e de concurrents comme AstraZeneca ou Pfizer, la fracture sociale pourrait sâaggraver si lâaccĂšs reste inĂ©gal.
The Guardian, âNo place in childrenâs handsâ: under-16s in England to be banned from buying energy drinks, 02/09/2025
Le gouvernement britannique sâapprĂȘte Ă interdire la vente de boissons Ă©nergisantes contenant plus de 150 mg de cafĂ©ine par litre aux mineurs de moins de 16 ans en Angleterre. Cette dĂ©cision, attendue de longue date, sâinscrit dans la continuitĂ© des engagements pris par le Parti travailliste lors des Ă©lections gĂ©nĂ©rales de 2024, et rĂ©pond Ă des inquiĂ©tudes croissantes sur les effets nĂ©fastes de ces boissons sur la santĂ© physique, mentale et scolaire des jeunes.
Les boissons visĂ©es par cette mesure incluent notamment Red Bull, Monster, Prime Energy ou Relentless. Leur teneur en cafĂ©ine Ă©quivaut parfois Ă celle dâun double expresso dans une seule canette, provoquant des troubles du sommeil, des difficultĂ©s de concentration et une agitation en classe. Des enseignants signalent que certains Ă©lĂšves, ayant consommĂ© ces boissons sur le chemin de lâĂ©cole, deviennent hyperactifs et incapables de se concentrer. Une Ă©tude du syndicat NASUWT montre que plus de 70 % des enseignants sâinquiĂštent de la consommation de ces boissons pendant et en dehors du cadre scolaire.
Les Ă©tablissements concernĂ©s â commerces, cafĂ©s, restaurants, plateformes en ligne et distributeurs automatiques â seront tenus de respecter cette interdiction, sans quâune date dâapplication prĂ©cise ne soit encore annoncĂ©e. La mesure sera introduite par voie de rĂšglement secondaire dans le cadre du Food Safety Act de 1990.
Si la grande distribution a dĂ©jĂ adoptĂ© une interdiction volontaire depuis 2018, de nombreuses petites enseignes continuent de vendre ces boissons aux mineurs. Les autoritĂ©s sanitaires et pĂ©dagogiques, ainsi que les dentistes, saluent cette dĂ©cision, tout en appelant Ă des restrictions plus larges, incluant les versions sans sucre, afin de lutter contre les caries dentaires. Certains produits Ă©nergĂ©tiques contiendraient en effet jusquâĂ 20 cuillĂšres Ă cafĂ© de sucre par portion, en plus dâun effet potentiellement addictif.
Des voix critiques, notamment du secteur industriel reprĂ©sentĂ© par la British Soft Drinks Association, rappellent que les entreprises concernĂ©es respectent dĂ©jĂ un code dâautorĂ©gulation, avec des Ă©tiquetages spĂ©cifiques et des interdictions de ciblage marketing envers les moins de 16 ans. Elles appellent Ă une rĂ©gulation fondĂ©e sur des preuves rigoureuses.
Pour les autoritĂ©s, cette mesure de santĂ© publique, comparable Ă celles dĂ©jĂ appliquĂ©es pour le tabac ou lâalcool, vise Ă protĂ©ger une population vulnĂ©rable contre des produits inadaptĂ©s et Ă amĂ©liorer leur bien-ĂȘtre gĂ©nĂ©ral, tant physique que scolaire.
Wall Street Journal, My Family Went Off Ultra-Processed Foods for a Month. The Results Surprised Us., 29/08/2025
Dans cet article Ă la fois personnel et documentĂ©, la journaliste scientifique Michaeleen Doucleff raconte lâexpĂ©rience quâelle a menĂ©e avec sa fille de 8 ans : Ă©liminer totalement les aliments ultra-transformĂ©s (AUT) de leur alimentation pendant un mois. Ce dĂ©fi, initiĂ© comme une simple expĂ©rimentation familiale, sâest rapidement transformĂ© en un changement de mode de vie durable.
Doucleff sâappuie sur des recherches solides pour rappeler que les AUT sont associĂ©s Ă lâobĂ©sitĂ©, au diabĂšte, aux maladies cardiovasculaires et potentiellement Ă des troubles mentaux comme la dĂ©pression. Pourtant, ils reprĂ©sentent environ 60 % des apports caloriques des enfants amĂ©ricains. Le flou scientifique autour de ce qui, prĂ©cisĂ©ment, rend ces aliments nocifs, nâempĂȘche pas les experts dâen recommander la rĂ©duction, voire lâĂ©limination.
En famille, Doucleff adopte une rĂšgle simple : si un ingrĂ©dient est imprononçable ou absent de leur cuisine habituelle, ils ne lâachĂštent pas. Cette rĂšgle bannit une multitude dâaliments courants (crackers, pains industriels, barres de cĂ©rĂ©ales, chocolats aromatisĂ©s), mais permet aussi de redĂ©couvrir une alimentation faite de produits bruts : yaourt nature, lĂ©gumes frais, poisson en conserve, fruits secs, etc.
Les rĂ©sultats se font rapidement sentir : moins de fringales, disparition du âbruit alimentaireâ mental, regain dâappĂ©tit pour les repas maison. En trois semaines, sa fille, auparavant « difficile », se met Ă manger avec appĂ©tit des plats Ă©quilibrĂ©s. Selon des experts interrogĂ©s, les AUT perturbent la faim naturelle, augmentent les fringales et dĂ©tournent les enfants des aliments nourrissants.
Des Ă©tudes rĂ©centes viennent confirmer ces observations : lâune publiĂ©e dans Nature Medicine montre que les personnes suivant un rĂ©gime peu transformĂ© perdent du poids tout en rĂ©duisant leurs envies de grignotage. Une autre, axĂ©e sur la santĂ© mentale, souligne une amĂ©lioration significative des symptĂŽmes dĂ©pressifs chez les adultes ayant suivi un rĂ©gime riche en aliments naturels.
Cependant, dans un monde saturĂ© de produits transformĂ©s, lâĂ©vitement des AUT sâavĂšre complexe, notamment pour les enfants. La journaliste met alors en place des « contextes sans AUT », comme la maison et la voiture, et adopte une approche plus souple : ces aliments sont permis seulement lors dâoccasions spĂ©ciales. Elle insiste aussi sur lâimportance dâenseigner la cuisine aux enfants, un levier dâautonomie et de plaisir.
Enfin, elle conclut que cette transformation a Ă©tĂ© rendue possible non par la discipline, mais par une Ă©volution naturelle du goĂ»t et du rapport Ă lâalimentation. En rĂ©duisant les AUT, les aliments simples deviennent plus savoureux et satisfaisants. Cette prise de conscience, partagĂ©e par toute la famille, a profondĂ©ment modifiĂ© leur maniĂšre de se nourrir.
Wall Street Journal, Scientists Have Unlocked the Secret That Gives Fine Chocolate Its Great Taste, 27/08/2025
Des chercheurs de lâUniversitĂ© de Nottingham (Royaume-Uni) ont percĂ© lâun des mystĂšres les plus convoitĂ©s de la gastronomie : les microbes responsables du goĂ»t exceptionnel du chocolat de qualitĂ© supĂ©rieure. Pour la premiĂšre fois, ils ont isolĂ© et reproduit en laboratoire une culture microbienne capable de fermenter des fĂšves de cacao en leur confĂ©rant les arĂŽmes complexes recherchĂ©s dans les chocolats haut de gamme.
La fabrication du chocolat commence par la fermentation : les producteurs laissent les fĂšves fraĂźches, entourĂ©es de leur pulpe blanche, dans des caisses en bois recouvertes de feuilles, oĂč des levures et des bactĂ©ries naturellement prĂ©sentes dĂ©clenchent la transformation. Ce processus est crucial : il convertit la pulpe en composĂ©s aromatiques qui donnent au chocolat ses caractĂ©ristiques gustatives.
Les chercheurs ont collaborĂ© avec trois fermes colombiennes, un pays reconnu pour son cacao dit âfine flavorâ. GrĂące Ă des analyses gĂ©nĂ©tiques effectuĂ©es Ă diffĂ©rentes Ă©tapes de la fermentation, ils ont identifiĂ© des centaines de microbes impliquĂ©s, avant de sĂ©lectionner neuf espĂšces clĂ©s responsables de la production des composĂ©s aromatiques recherchĂ©s. Ils ont ensuite utilisĂ© cette âculture starterâ pour fermenter des fĂšves en laboratoire.
RĂ©sultat : les fĂšves ainsi fermentĂ©es ont produit un chocolat au profil aromatique similaire aux meilleures variĂ©tĂ©s, selon une dĂ©gustation menĂ©e par un panel dâexperts du Cocoa Research Center Ă TrinitĂ©-et-Tobago. Le chocolat obtenu prĂ©sentait des notes florales et fruitĂ©es comparables Ă celles du cacao malgache, rĂ©putĂ© pour sa finesse.
Ce travail est une premiĂšre mondiale. Si dâautres recherches avaient dĂ©jĂ montrĂ© que le terroir â notamment les microbes prĂ©sents dans le sol â influence le goĂ»t du chocolat, aucune Ă©tude nâavait jusquâici rĂ©ussi Ă isoler les microbes et Ă reproduire lâensemble du processus avec succĂšs. Selon Pablo Cruz-Morales, biochimiste au Danemark (non impliquĂ© dans lâĂ©tude), câest une avancĂ©e majeure : « Personne nâavait encore ârĂ©tro-conçuâ une culture microbienne fonctionnelle. »
Cette dĂ©couverte, publiĂ©e dans la revue Nature Microbiology, ouvre des perspectives prometteuses pour les producteurs de cacao. Elle pourrait permettre de standardiser la fermentation naturelle, aujourdâhui encore trĂšs variable, et dâassurer une qualitĂ© constante pour les chocolats haut de gamme. Cela profiterait aussi bien aux artisans chocolatiers quâaux agriculteurs, en particulier dans des rĂ©gions comme la Colombie, oĂč la production de cacao fin est en plein essor.
Reste une frustration pour les scientifiques et les amateurs : le chocolat issu de cette fermentation de laboratoire nâest pas encore commercialisĂ©. « Jâaurais aimĂ© quâon mâen envoie un Ă©chantillon », regrette Cruz-Morales.
Wall Street Journal, Meet the Parents Raising âCarnivore Babies,â Swapping PurĂ©ed Fruit for Rib-Eye, 12/08/2025
Une nouvelle tendance alimentaire controversĂ©e fait son apparition chez certains jeunes parents nord-amĂ©ricains : les âcarnivore babiesâ, des bĂ©bĂ©s nourris presque exclusivement de viande et de produits dâorigine animale, au dĂ©triment des purĂ©es de fruits, lĂ©gumes ou cĂ©rĂ©ales habituellement recommandĂ©es.
Cette pratique, popularisĂ©e sur les rĂ©seaux sociaux par des influenceurs et mĂ©decins adeptes du rĂ©gime carnivore, consiste Ă donner dĂšs la diversification alimentaire des aliments comme foie de poulet mixĂ©, sardines, jaune dâĆuf cru, beurre, bouillon dâos ou viande rouge. Des communautĂ©s en ligne comme Carnivore Motherhood partagent recettes, conseils et tĂ©moignages.
Les motivations des parents sont multiples : rejet des aliments ultra-transformĂ©s, influence dâidĂ©ologies nutritionnelles extrĂȘmes, et foi dans les bienfaits des produits animaux pour la santĂ©, la fertilitĂ© ou le comportement des enfants. Dariya Quenneville (Canada) ou Lorraine Bonkowski (Michigan), toutes deux Ă©voquĂ©es dans lâarticle, affirment que ces rĂ©gimes ont rendu leurs enfants plus calmes, plus robustes ou plus Ă©veillĂ©s.
Cependant, les pĂ©diatres expriment de sĂ©rieuses inquiĂ©tudes. Le Dr Mark Corkins (UniversitĂ© du Tennessee) rappelle que les bĂ©bĂ©s ont besoin de vitamine C, de fibres, dâantioxydants et de polyphĂ©nols, nutriments absents ou trĂšs peu prĂ©sents dans une alimentation centrĂ©e sur la viande. Les rĂ©gimes dĂ©sĂ©quilibrĂ©s Ă un si jeune Ăąge risquent de compromettre le dĂ©veloppement du microbiote intestinal, du systĂšme immunitaire et des prĂ©fĂ©rences alimentaires futures.
Des figures comme le professeur Steven Abrams (Texas) admettent que la viande est utile pour son apport en fer et en protĂ©ines de qualitĂ©, mais insistent sur la nĂ©cessitĂ© dâune diversitĂ© alimentaire dĂšs le plus jeune Ăąge, conformĂ©ment aux recommandations nutritionnelles amĂ©ricaines. Celles-ci prĂ©conisent pour les enfants de 12 Ă 23 mois une alimentation variĂ©e incluant fruits, lĂ©gumes, cĂ©rĂ©ales complĂštes, produits laitiers et protĂ©ines.
Certains parents, comme Neisha Salas-Berry, vont jusquâĂ exclure totalement les snacks classiques (« baby junk food ») au profit de collations carnĂ©es comme des barres de viande sĂ©chĂ©e, surnommĂ©es « meat candy » par ses enfants. Son mari, mĂ©decin et YouTubeur influent, contribue Ă populariser ce rĂ©gime extrĂȘme, notamment Ă travers une communautĂ© payante dĂ©diĂ©e Ă la santĂ© et Ă la nutrition carnivore.
Cette tendance, bien quâencore marginale, interroge profondĂ©ment les normes alimentaires pour les tout-petits et soulĂšve des dĂ©bats de sociĂ©tĂ© sur lâinfluence des rĂ©seaux sociaux, le rejet des recommandations mĂ©dicales traditionnelles, et les nouvelles formes de radicalisation nutritionnelle.
Financial Times, Renewable food is on the horizon, 28/08/2025
Dans cet article de rĂ©flexion prospectiviste, Paul Gilding, chercheur Ă lâUniversitĂ© de Cambridge en leadership durable, alerte sur lâeffondrement prĂ©visible du modĂšle agricole industriel actuel, tout en dessinant les contours dâune rĂ©volution alimentaire imminente portĂ©e par lâinnovation technologique : lâavĂšnement de la ânourriture renouvelableâ.
Selon lui, lâagriculture industrielle est structurellement insoutenable : entre changement climatique, Ă©puisement des sols, pĂ©nurie dâeau et conflits gĂ©opolitiques, elle ne pourra rĂ©pondre Ă lâaugmentation prĂ©vue de 50 % de la demande alimentaire mondiale dâici quelques dĂ©cennies. Cette crise systĂ©mique nâest pas hypothĂ©tique : les pĂ©nuries alimentaires globales ou rĂ©gionales deviennent une probabilitĂ© sĂ©rieuse, avec des consĂ©quences Ă©conomiques et sociales potentiellement dĂ©vastatrices.
Face Ă cette impasse, lâauteur identifie un levier majeur de transformation : le marchĂ©, guidĂ© non par la morale mais par lâefficacitĂ© Ă©conomique et technologique. Il met en lumiĂšre des solutions innovantes dĂ©jĂ en cours de dĂ©ploiement, issues de la fermentation, des biotechnologies et de lâintelligence artificielle. Ces technologies permettent de produire des protĂ©ines et ingrĂ©dients alimentaires sans agriculture traditionnelle, rĂ©duisant lâusage des terres, de lâeau et les Ă©missions de gaz Ă effet de serre de plus de 90 %.
Parmi les exemples marquants, Solar Foods, entreprise finlandaise, fabrique une protĂ©ine Ă base dâair, dâeau et dâĂ©lectricitĂ©, sans impact climatique ni besoin en terres agricoles. De son cĂŽtĂ©, Veramaris produit des omĂ©ga-3 Ă partir de microalgues, supprimant les alĂ©as liĂ©s Ă la pĂȘche tout en assurant une qualitĂ© constante.
Ces innovations reprĂ©sentent une menace directe pour les acteurs traditionnels de lâagroalimentaire, car elles sont plus compĂ©titives, plus stables et plus propres. Lâauteur insiste : ce basculement ne viendra pas dâun changement de conscience Ă©thique chez les consommateurs, mais dâun effet dâentraĂźnement Ă©conomique similaire Ă celui observĂ© dans les secteurs des Ă©nergies renouvelables ou des vĂ©hicules Ă©lectriques.
Des gĂ©ants comme Unilever, NestlĂ© ou Danone investissent dĂ©jĂ massivement dans ces filiĂšres alternatives, non par conviction environnementale, mais pour prĂ©server leur compĂ©titivitĂ© face Ă lâinstabilitĂ© croissante des chaĂźnes dâapprovisionnement globales.
Enfin, Gilding appelle Ă une prise de position politique ambitieuse, soulignant que des pays comme la Chine et Singapour prennent de lâavance, tandis que les Ătats-Unis et lâEurope risquent de rester Ă la traĂźne, comme ce fut le cas dans dâautres transitions industrielles rĂ©centes.
Câest tout pour aujourdâhui.
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A la semaine prochaine!
O. Frey