đŸđđ Eat's business đđ·đ§ 2025-22
Bonjour Ă toutes et Ă tous, Eat's Business est une newsletter dans laquelle vous trouverez une revue de presse de quelques articles sur le monde de lâalimentaire qui mâont semblĂ© intĂ©ressants dans la semaine prĂ©cĂ©dente.
A partir de ce week-end Eatâs Business passe en mode Ă©tĂ©. Il y aura une revue de presse fin juillet et une autre fin aoĂ»t. En attendant je vous souhaite Ă toutes et tous de passer de trĂšs bonnes vacances.
Pour ceux qui veulent la formule ristretto, les 3 articles que je vous conseille de lire en priorité cette semaine sont :
LibĂ©ration, Lâorigine du logo Döner Kebab (enfin) rĂ©vĂ©lĂ©e, 01/07/2025
LâUsine Nouvelle, Le spĂ©cialiste des aspirateurs Dyson entend dĂ©sormais rĂ©volutionner⊠la culture des fraises, 03/07/2025
The Spoon, The Grocery Store is the Food System, 23/06/2025
Bonne lecture et bonne semaine Ă toutes et Ă tous!
Pour celles et ceux dâentre vous qui ont plus de temps pour la formule lungo :
Le Parisien, Titre-restaurant : les restaurateurs fous furieux aprĂšs les annonces du gouvernement, 26/06/2025
Lâarticle retrace la vive dĂ©ception des restaurateurs, boulangers et commerçants de bouche aprĂšs lâannonce des arbitrages du gouvernement sur la rĂ©forme des titres-restaurant. RĂ©unis autour de VĂ©ronique Louwagie, ministre dĂ©lĂ©guĂ©e au Commerce, les reprĂ©sentants des professionnels ont dĂ©couvert que leur principale revendication â lâinstauration dâun double plafond â avait Ă©tĂ© rejetĂ©e. Le dispositif quâils proposaient visait Ă limiter lâutilisation des titres Ă 10 ⏠par jour dans la grande distribution, contre 25 ⏠dans les restaurants, boulangeries et commerces de bouche, afin de rééquilibrer la concurrence et soutenir les petits commerces. Une variante prĂ©voyait un plafond modulĂ© selon le taux de TVA appliquĂ© : 10 % pour la restauration (25 âŹ) et 5,5 % pour les produits de premiĂšre nĂ©cessitĂ© (10 âŹ). Le gouvernement a rejetĂ© ces propositions, invoquant des raisons de simplicitĂ© pour le consommateur et le risque dâune censure par le Conseil dâĂtat au nom du principe dâĂ©galitĂ© devant la loi commerciale. Autre point de discorde : le refus dâencadrer les commissions prĂ©levĂ©es sur les transactions en titres-restaurant. Alors quâelles dĂ©passent 4 % du montant pour ces titres (contre moins de 1 % pour les paiements par carte bancaire), le gouvernement se limite Ă promettre une plus grande transparence, sans imposer de plafonnement. Les professionnels dĂ©noncent des arbitrages favorisant la grande distribution, dĂ©jĂ avantagĂ©e depuis que les titres peuvent servir Ă lâachat de produits non immĂ©diatement consommables. Romain Vidal (GHR) et Franck Chaumes (Umih) fustigent une rĂ©forme jugĂ©e incohĂ©rente avec les discours sur la revitalisation des centres-villes. Les annonces destinĂ©es à « compenser » â comme lâĂ©largissement de lâusage des titres le dimanche ou la rĂ©duction de leur durĂ©e de validitĂ© â sont vues comme profitant davantage aux supermarchĂ©s quâaux commerces de proximitĂ©. Les reprĂ©sentants des mĂ©tiers de bouche appellent dĂ©sormais Ă mobiliser les parlementaires pour amender le projet avant son entrĂ©e en vigueur en 2027. Pour eux, lâavenir des petits commerces est en jeu dans ce dossier.
Libération, La folle épopée du cacio e pepe, coqueluche des restos italiens, 21/06/2025
Lâarticle propose une immersion dans le phĂ©nomĂšne culinaire du cacio e pepe, plat romain devenu un emblĂšme des trattorias parisiennes. Ă base de pĂątes, pecorino romano et poivre noir, ce plat cache derriĂšre son apparente simplicitĂ© un vrai dĂ©fi technique : obtenir une sauce crĂ©meuse et homogĂšne sans que le fromage ne coagule ou ne forme des grumeaux exige un tour de main prĂ©cis et un contrĂŽle minutieux des tempĂ©ratures. Des chefs comme Giovanni Passerini, Lorenzo Sciabica ou Fabrizio Ferrara (Osteria Ferrara) se sont distinguĂ©s par leur maĂźtrise de ce plat. Lâarticle dĂ©taille les secrets dâexĂ©cution : choix des pĂątes (spaghettonis, tonnarellis, fusillonis) pour libĂ©rer lâamidon nĂ©cessaire, pecorino affinĂ© pour une meilleure fonte, poivre noir sĂ©lectionnĂ© (le Sarawak pour ses notes florales et chaudes). Fabrizio Ferrara ajoute une touche personnelle avec du pecorino sicilien au poivre. LâenquĂȘte montre que le cacio e pepe fascine jusquâaux scientifiques : le chimiste Dario Bressanini a analysĂ© la structure de la sauce et ses propriĂ©tĂ©s dâĂ©mulsion, tandis que le Max-Planck Institute a dĂ©montrĂ© que le mĂ©lange Ă©tait mĂ©tastable et tendait naturellement Ă se dĂ©structurer en formant des gouttelettes dâhuile. Lâarticle retrace aussi les origines pastorales du plat, issu de la cucina povera, et son Ă©volution au XIXe siĂšcle en parallĂšle du dĂ©veloppement des routes commerciales du poivre. Aujourdâhui, ce plat reprĂ©sente un symbole de la gastronomie italienne, incarnant le raffinement derriĂšre la simplicitĂ©. Lâarticle conseille enfin des adresses Ă Rome oĂč le cacio e pepe atteint des sommets, comme Trattoria da Danilo oĂč il est prĂ©parĂ© dans des meules de pecorino devant le client, mĂȘlant spectacle et saveurs authentiques.
LâUsine Nouvelle, Pourquoi il est possible de fabriquer du "DubaĂŻ Chocolate" ailleurs qu'aux Emirats arabes unis, 26/06/2025
Lâarticle dĂ©crypte les enjeux juridiques et Ă©conomiques qui entourent le phĂ©nomĂšne du « DubaĂŻ Chocolate », ce chocolat au lait fourrĂ© Ă la crĂšme de pistache devenu viral sur les rĂ©seaux sociaux avant de se retrouver dans les rayons des supermarchĂ©s europĂ©ens. Le produit, imaginĂ© par Sarah Hamouda Ă DubaĂŻ, a rapidement Ă©tĂ© repris par de grandes marques, dont Lindt qui fabrique des tablettes « DubaĂŻ Style Chocolate » en Allemagne. Cette appropriation a suscitĂ© un litige : un importateur de la recette originale a saisi la justice allemande, estimant que lâusage du nom par des industriels turcs Ă©tait trompeur. Les tribunaux ont jugĂ© que le nom « DubaĂŻ Chocolate » est devenu gĂ©nĂ©rique du fait de son succĂšs mondial. Il ne bĂ©nĂ©ficie donc dâaucune protection gĂ©ographique spĂ©cifique, contrairement Ă des appellations comme le roquefort ou le champagne. Lâarticle souligne que cette dĂ©cision ouvre la porte Ă la fabrication du produit dans nâimporte quel pays, y compris en France, Ă condition de ne pas induire le consommateur en erreur sur lâorigine. Lâavocate Marie-Avril Roux Steinkuehler explique quâun recours fondĂ© sur le parasitisme Ă©conomique (copie dâun concept pour profiter de sa notoriĂ©tĂ©) serait possible mais difficile Ă faire aboutir sans action engagĂ©e par lâinventrice. Au-delĂ de lâaspect juridique, lâarticle rappelle que, mĂȘme produit en France, ce chocolat continuerait de dĂ©pendre dâingrĂ©dients importĂ©s, notamment des pistaches provenant principalement des Ătats-Unis, de Turquie et dâIran. Les Ămirats arabes unis ne figurent pas parmi les producteurs majeurs de pistaches. Ce cas illustre les limites du droit face aux phĂ©nomĂšnes alimentaires mondialisĂ©s et aux modes virales : une idĂ©e peut devenir un produit gĂ©nĂ©rique en quelques mois, rendant sa protection complexe. Lâarticle conclut sur la difficultĂ© de dĂ©fendre lâoriginalitĂ© dâune recette ou dâun concept culinaire dans un monde oĂč les rĂ©seaux sociaux accĂ©lĂšrent la diffusion et la standardisation des innovations.
Les Ăchos, Le brocoli sĂ©duit, pas l'artichaut⊠La mĂ©thode Prince de Bretagne pour s'adapter au marchĂ©, 25/06/2025
Lâarticle met en lumiĂšre la stratĂ©gie dâadaptation de Prince de Bretagne face aux Ă©volutions des goĂ»ts des consommateurs et aux dĂ©fis structurels du maraĂźchage breton. Longtemps roi des champs, lâartichaut breton dĂ©cline : ses ventes ont chutĂ© de 40 % en dix ans, et les surfaces plantĂ©es ont Ă©tĂ© rĂ©duites de moitiĂ©. En cause : une image vieillissante et une prĂ©paration jugĂ©e trop longue par les jeunes gĂ©nĂ©rations. Ă lâinverse, le brocoli sĂ©duit de plus en plus : ses surfaces ont progressĂ© de 15 % en un an, portĂ© par la demande des mĂ©nages, de la restauration collective et des exportations. La courge suit la mĂȘme dynamique (+10 %). Prince de Bretagne mise sur lâinnovation pour sauver lâartichaut : lancement du VĂ©gĂ©cook (artichaut prĂȘt Ă cuire au micro-ondes), surgĂ©lation des petits calibres invendus, et nouveaux partenariats avec la grande distribution pour proposer des formats plus pratiques. Le groupement parie aussi sur la diversification : la myrtille, par exemple, dont la production pourrait passer de 20 Ă 130 tonnes dâici 2028. Lâarticle souligne que ces ajustements sont rendus plus difficiles par des facteurs structurels : baisse continue des surfaces maraĂźchĂšres (-15 % en 7 ans), dĂ©parts Ă la retraite non remplacĂ©s, manque de main-dâĆuvre, en particulier pour les cultures manuelles comme le chou-fleur. Face Ă ces dĂ©fis, la coopĂ©rative cherche Ă renforcer la valeur ajoutĂ©e de ses productions et Ă reconquĂ©rir le consommateur en misant sur la praticitĂ©, la qualitĂ© et lâimage du lĂ©gume breton. Lâenjeu est de taille : maintenir un modĂšle agricole familial et compĂ©titif, tout en rĂ©pondant aux attentes dâun marchĂ© de plus en plus sensible au prix et Ă la facilitĂ© dâusage. Lâarticle conclut que la rĂ©ussite passera par la capacitĂ© Ă moderniser les pratiques sans trahir lâidentitĂ© du terroir.
Le Monde, Mehdi Favri, chef de Maslow Group : « Notre mission est dâaider le plus de gens possible Ă vĂ©gĂ©taliser leur alimentation », 26/06/2025
Dans cet entretien, les trois fondateurs du Maslow Group â Mehdi Favri, Julia Chican Vernin et Marine Ricklin â partagent leur ambition de dĂ©mocratiser une cuisine vĂ©gĂ©tale Ă la fois gourmande, accessible et rentable. Créé en 2021, le groupe a dĂ©jĂ ouvert trois Ă©tablissements Ă Paris : Maslow, Fellows et Maslow Temple. Ensemble, ces restaurants attirent 40 000 clients par mois, dont 80 % ne sont pas vĂ©gĂ©tariens. Leur objectif : sĂ©duire un large public au-delĂ des seuls convaincus, en proposant une offre ludique et inclusive. Les plats sâinspirent de la street food et de la cuisine du monde : chou-fleur façon poulet frit corĂ©en, champignons panĂ©s Ă tremper dans une sauce soja-sĂ©same, nachos aux lentilles ou encore tacos vĂ©gĂ©tariens. Le succĂšs du groupe repose sur un modĂšle Ă©conomique prĂ©cis : les fondateurs, passĂ©s par FoodChĂ©ri, ont mis en place des fiches techniques rigoureuses pour limiter les pertes et standardiser les gestes en cuisine. La maĂźtrise des coĂ»ts permet de proposer un ticket moyen autour de 30 âŹ, jugĂ© juste par rapport Ă la qualitĂ© des produits et au cadre. Le Maslow Group se distingue aussi par son engagement Ă©cologique : lutte contre le gaspillage (pain transformĂ© en chapelure, parures valorisĂ©es en sauces ou huiles aromatisĂ©es), choix de fournisseurs responsables (le local privilĂ©giĂ© si les pratiques sont vertueuses), et attention portĂ©e Ă lâempreinte carbone des ingrĂ©dients. Loin du dogmatisme, le trio revendique une approche pragmatique : mieux vaut un produit « propre » quâun produit simplement local. Le groupe prĂ©voit lâouverture de deux nouvelles adresses Ă moyen terme, tout en restant prudent pour ne pas compromettre lâexigence de qualitĂ© qui fait sa rĂ©putation. Les fondateurs insistent sur la nĂ©cessitĂ© de repenser le modĂšle Ă©conomique de la restauration : entre inflation des coĂ»ts, exigences environnementales et Ă©volutions des attentes des consommateurs, la restauration vĂ©gĂ©tale doit prouver quâelle peut ĂȘtre Ă la fois dĂ©sirable, rentable et responsable. Lâarticle souligne ainsi la rĂ©ussite dâun modĂšle qui conjugue plaisir gustatif, rigueur entrepreneuriale et engagement durable.
LibĂ©ration, Lâorigine du logo Döner Kebab (enfin) rĂ©vĂ©lĂ©e, 01/07/2025
Dans cet article, LibĂ©ration nous plonge dans les coulisses dâune enquĂȘte originale qui a permis de lever le voile sur lâorigine du cĂ©lĂšbre logo du Döner Kebab, devenu un symbole visuel incontournable dans de nombreux Ă©tablissements en Allemagne et en France. Ce logo reprĂ©sente un cuisinier moustachu en tenue blanche, armĂ© dâun grand couteau, debout devant une broche Ă viande. Depuis les annĂ©es 1980, ce dessin sâest imposĂ© sur les emballages des kebabs et dans lâimaginaire collectif, sans que lâon sache vraiment qui en Ă©tait lâauteur. LâenquĂȘte a mobilisĂ© journalistes, podcasteurs et youtubeurs passionnĂ©s. Elle sâappuie notamment sur les recherches dâAylin Dogan (crĂ©atrice du podcast Döner Papers) et de Kannemilsch, un vidĂ©aste spĂ©cialisĂ© dans les objets populaires. Ensemble, ils ont retrouvĂ© Mehmet Unay, un ancien designer commercial de DĂŒsseldorf aujourdâhui retraitĂ©. Câest lui qui a rĂ©alisĂ© ce dessin en une heure Ă peine, dans les annĂ©es 1980, sans imaginer quâil deviendrait iconique. Le lettrage « Döner Kebab » a Ă©tĂ© ajoutĂ© par son jeune collĂšgue de lâĂ©poque, Orhan Tançgil. Anecdote amusante : Mehmet Unay a reconnu que son cuisinier tenait le couteau⊠à lâenvers. Ce logo, devenu culte, a mĂȘme Ă©tĂ© dĂ©clinĂ© sur des tee-shirts et autres objets dĂ©rivĂ©s. Lâarticle conclut en rappelant que, si le logo est dĂ©sormais identifiĂ©, le dĂ©bat sur les vĂ©ritables origines du kebab reste ouvert. Le sandwich est-il allemand, turc ou un hybride des deux cultures ? En France, on lâappelle souvent un « grec », un clin dâĆil aux habitudes des consommateurs plus quâĂ une origine prĂ©cise. LâenquĂȘte illustre ainsi la force des symboles populaires et la maniĂšre dont certains dessins, conçus modestement, deviennent des icĂŽnes culturelles transnationales, Ă©chappant largement Ă leurs crĂ©ateurs initiaux.
Les Ăchos, Magnum, Ben & Jerry's, Carte d'Or⊠Unilever prĂȘt Ă se dĂ©lester de ses marques de glaces, 01/07/2025
Lâarticle dĂ©crypte la dĂ©cision stratĂ©gique dâUnilever de se sĂ©parer de sa division glaces, une activitĂ© regroupĂ©e sous la nouvelle entitĂ© The Magnum Ice Cream Company (TMICC). Cette scission, qui doit aboutir Ă une cotation Ă la Bourse dâAmsterdam avant fin 2025, marque un tournant pour le gĂ©ant anglo-nĂ©erlandais. Avec des marques phares comme Magnum, Ben & Jerryâs, Carte dâOr, Cornetto ou Viennetta, Unilever reste lâun des poids lourds du secteur. Pourtant, cette activitĂ©, qui gĂ©nĂšre 8,3 milliards dâeuros de chiffre dâaffaires (soit 14 % des revenus du groupe), est jugĂ©e trop coĂ»teuse et peu synergique. La logistique de la chaĂźne du froid, la saisonnalitĂ© des ventes et la pression sur les marges (accentuĂ©e par lâinflation des matiĂšres premiĂšres comme le cacao et le lait) ont conduit Unilever Ă ce choix radical. Lâarticle souligne aussi les tensions internes, notamment avec Ben & Jerryâs, connu pour ses positions politiques affirmĂ©es. Le rĂ©cent limogeage de son patron, Dave Stever, aprĂšs des prises de position pro-palestiniennes, illustre les frictions entre la maison mĂšre et sa filiale engagĂ©e. Deux plaintes ont Ă©tĂ© dĂ©posĂ©es contre Unilever dans ce cadre. Si cette division des glaces pourrait sĂ©duire de nouveaux investisseurs (grĂące Ă un marchĂ© concentrĂ© et des opportunitĂ©s dans les pays Ă©mergents), elle traduit aussi une Ă©volution du portefeuille dâUnilever, qui privilĂ©gie dĂ©sormais les produits de soins et dâhygiĂšne au dĂ©triment de lâalimentaire, dont le poids passera sous la barre des 25 % du chiffre dâaffaires global. La scission sâinscrit dans une tendance dĂ©jĂ observĂ©e chez dâautres grands groupes, comme NestlĂ©, qui avait cĂ©dĂ© son activitĂ© glaces aux Ătats-Unis Ă Froneri.
Les Ăchos, « L'agroalimentaire n'est pas assez concentrĂ© en Europe », selon le PDG de Lactalis, 01/07/2025
Dans cet entretien, Emmanuel Besnier, PDG de Lactalis, livre une analyse lucide de lâĂ©tat de lâagroalimentaire europĂ©en et des dĂ©fis de son groupe. AprĂšs 25 ans Ă la tĂȘte de Lactalis, Besnier a accompagnĂ© la croissance et lâinternationalisation du groupe : le chiffre dâaffaires est passĂ© de 5 Ă plus de 30 milliards dâeuros, et 80 % des rĂ©sultats sont dĂ©sormais rĂ©alisĂ©s hors de France. Lactalis est prĂ©sent industriellement dans 50 pays et ses produits sont vendus dans 180. Besnier plaide pour une plus grande concentration de lâagroalimentaire en Europe afin de rééquilibrer les rapports avec une grande distribution trĂšs puissante : un fournisseur pĂšse rarement plus de 1-2 % des ventes dâun distributeur, alors que ce dernier reprĂ©sente 20 % des ventes du fournisseur. Lâarticle revient aussi sur la stratĂ©gie du groupe, toujours centrĂ© sur les produits laitiers (lait, fromage, ultra-frais) quâil considĂšre comme les plus performants en goĂ»t et en apport nutritionnel. Si Lactalis intĂšgre prudemment des alternatives vĂ©gĂ©tales, câest sans volontĂ© de diversification majeure. Lâentreprise continue de prospecter des acquisitions, notamment en Inde, en OcĂ©anie, au Portugal et en Europe du Nord et de lâEst, tout en restant attentive aux opportunitĂ©s en France. Besnier alerte enfin sur les prix alimentaires trop bas, qui pĂ©nalisent les producteurs et freinent les efforts de dĂ©carbonation et de rĂ©duction du plastique.
LâUsine Nouvelle, Le spĂ©cialiste des aspirateurs Dyson entend dĂ©sormais rĂ©volutionner⊠la culture des fraises, 03/07/2025
Lâarticle dĂ©taille lâincursion inattendue de Dyson, le gĂ©ant britannique des aspirateurs et sĂšche-mains, dans le monde de lâagriculture, et plus prĂ©cisĂ©ment dans la culture des fraises. Connue pour ses innovations technologiques dans lâĂ©lectromĂ©nager, lâentreprise dirigĂ©e par James Dyson a investi plus de 9 millions dâeuros dans un projet dâagriculture sous serre high-tech au sein de son immense site agricole de 6 000 hectares Ă Hullavington, au Royaume-Uni. Lâobjectif : concevoir un modĂšle de production de fraises plus durable, efficace et technologiquement avancĂ©.
Les serres dĂ©veloppĂ©es par Dyson intĂšgrent un ensemble de solutions technologiques inspirĂ©es de son expertise industrielle : contrĂŽle climatique automatisĂ©, capteurs en rĂ©seau pour surveiller en temps rĂ©el la tempĂ©rature, lâhumiditĂ© et les besoins en eau des plants, Ă©clairage LED optimisĂ© pour la photosynthĂšse. Lâambition est de produire des fraises hors-sol avec un minimum dâintrants, de limiter les pertes et dâobtenir des rĂ©coltes plus rĂ©guliĂšres et prĂ©visibles, indĂ©pendamment des alĂ©as climatiques. Dyson met Ă©galement en avant la rĂ©duction des Ă©missions de carbone liĂ©es au transport, les fraises pouvant ainsi ĂȘtre cultivĂ©es localement et approvisionner le marchĂ© britannique sans recourir Ă des importations.
Lâarticle souligne que ce projet sâinscrit dans une tendance plus large : celle de la high-tech appliquĂ©e Ă lâagriculture (ou agri-tech). Dyson rejoint ainsi dâautres acteurs qui parient sur la culture verticale, les fermes urbaines ou les serres intelligentes pour rĂ©pondre aux enjeux de sĂ©curitĂ© alimentaire et de durabilitĂ©. Le groupe expĂ©rimente aussi la culture dâautres fruits et lĂ©gumes sous serre, et pourrait Ă terme commercialiser ses technologies auprĂšs des agriculteurs.
Cependant, lâarticle interroge les limites de ce modĂšle : le coĂ»t Ă©levĂ© des infrastructures, la consommation Ă©nergĂ©tique des serres, et la difficultĂ© dâatteindre un prix de vente compĂ©titif face aux fraises importĂ©es de pays Ă moindre coĂ»t de production. Lâinitiative de Dyson apparaĂźt donc Ă la fois comme une vitrine de son savoir-faire technologique et comme un pari sur lâavenir de lâagriculture locale en Europe, Ă lâheure des dĂ©fis climatiques et des tensions sur les chaĂźnes logistiques.
Inc, Beyond Meatâs Next Dish Wonât Imitate Beef, Pork, or Chicken, 26/06/2025
Lâarticle sâintĂ©resse Ă la nouvelle stratĂ©gie de Beyond Meat, pionnier des substituts vĂ©gĂ©taux, qui tente de relancer sa croissance aprĂšs une spectaculaire chute de sa valorisation boursiĂšre. Lâentreprise, qui valait 235 dollars lâaction lors de son apogĂ©e, est retombĂ©e Ă moins de 3 dollars en 2025. En rĂ©ponse, son PDG Ethan Brown parie sur un nouveau produit baptisĂ© provisoirement « Beyond Ground » : un hachĂ© vĂ©gĂ©tal qui ne cherche plus Ă imiter une viande prĂ©cise (bĆuf, porc, poulet), mais Ă sâimposer comme une alternative protĂ©inĂ©e Ă part entiĂšre.
Le produit se compose dâingrĂ©dients simples : eau, protĂ©ines de fĂšve, protĂ©ines de pomme de terre et psyllium, sans huile ajoutĂ©e, pour un apport de 27 g de protĂ©ines par portion. LâidĂ©e est de rĂ©pondre aux critiques sur les substituts jugĂ©s trop complexes et ultra-transformĂ©s, tout en rĂ©duisant les coĂ»ts de production afin de proposer un prix plus accessible au grand public. Le lancement se veut progressif : dâabord auprĂšs des chefs, influenceurs et crĂ©ateurs de contenus culinaires, avant un dĂ©ploiement plus large en supermarchĂ© Ă lâautomne 2025.
Lâarticle rappelle que Beyond Meat, emblĂšme des alternatives vĂ©gĂ©tales lors de son entrĂ©e en Bourse, a vu ses ventes stagner, alors que lâengouement pour les viandes vĂ©gĂ©tales sâessouffle. La concurrence sâest intensifiĂ©e, les consommateurs devenant plus exigeants sur le goĂ»t, le prix et la qualitĂ© nutritionnelle. Beyond Meat mise donc sur un positionnement diffĂ©rent : proposer une base protĂ©inĂ©e polyvalente qui trouve sa place dans toutes sortes de recettes, sans chercher Ă reproduire la texture ou le goĂ»t dâune viande prĂ©cise. Ethan Brown estime que ce choix peut relancer la dynamique de la marque, en sâĂ©loignant des comparaisons systĂ©matiques avec les viandes animales et en valorisant une approche plus authentique et nutritive. Lâarticle conclut en soulignant que le dĂ©fi reste de taille : convaincre un public plus large tout en amĂ©liorant les marges et en se dĂ©marquant dans un marchĂ© devenu extrĂȘmement concurrentiel.
The Washington Post, Jalapeños in sauvignon blanc? We tried the trend â and then some., 11/06/2025
Lâarticle sâamuse Ă tester un phĂ©nomĂšne culinaire devenu viral sur TikTok : le « spicy sauvy B », une boisson qui associe sauvignon blanc et tranches de piment jalapeño congelĂ©es. Lâautrice se penche sur cette tendance qui illustre notre Ă©poque : un goĂ»t marquĂ© pour lâexpĂ©rimentation culinaire, des modes Ă©phĂ©mĂšres, et un attrait pour les sensations fortes. Elle raconte ses essais, souvent ratĂ©s au dĂ©part : en ajoutant trop de jalapeño, le vin devient imbuvable, la brĂ»lure prenant le dessus sur les arĂŽmes. En ajustant la dose, elle parvient Ă un Ă©quilibre oĂč les notes vĂ©gĂ©tales et poivrĂ©es du piment se marient avec les caractĂ©ristiques herbacĂ©es du sauvignon blanc. Lâarticle met en parallĂšle cette mode avec dâautres tendances rĂ©centes : chips ultra-Ă©picĂ©es, miel pimentĂ©, cocktails relevĂ©s.
Ne sâarrĂȘtant pas lĂ , lâautrice tente des variantes : zeste de citron pour accentuer lâaciditĂ©, olives pour un clin dâĆil au dirty martini, framboises pour une touche fruitĂ©e. Certaines expĂ©riences sont convaincantes, dâautres franchement ratĂ©es : lâajout de bacon, par exemple, apporte une texture grasse et une saveur fumĂ©e qui dĂ©sĂ©quilibrent complĂštement le vin. Lâautrice souligne lâintĂ©rĂȘt de cette tendance pour bousculer les codes dâun univers souvent perçu comme rigide : celui du vin. Le spicy sauvy B permettrait dâouvrir la porte Ă des consommateurs jeunes, moins sensibles aux conventions Ćnologiques traditionnelles.
Lâarticle interroge aussi lâeffet des rĂ©seaux sociaux : ils transforment des gestes anecdotiques en phĂ©nomĂšnes mondiaux, amplifiant des tendances parfois Ă©phĂ©mĂšres. Enfin, il invite chacun Ă oser lâexpĂ©rimentation, tout en reconnaissant les limites de ces mĂ©langes : ce nâest pas toujours une bonne idĂ©e de sacrifier lâĂ©quilibre dâun vin pour suivre une mode. LâexpĂ©rience du spicy sauvy B rĂ©vĂšle ainsi nos envies de nouveautĂ©, mais aussi les piĂšges de lâinstantanĂ©itĂ© et du buzz dans nos choix alimentaires.
The Spoon, The Grocery Store is the Food System, 23/06/2025
Dans cet essai, lâauteur dĂ©fend lâidĂ©e que le supermarchĂ© nâest pas seulement un maillon du systĂšme alimentaire : il en est lâincarnation la plus visible et la plus concrĂšte pour la majoritĂ© des consommateurs. Loin des fermes ou des centres de distribution, câest au supermarchĂ© que lâensemble des choix agricoles, industriels, commerciaux et politiques converge et se matĂ©rialise. Chaque produit en rayon reflĂšte une chaĂźne complexe de dĂ©cisions : choix des cultures par les agriculteurs, formulations des industriels, rĂ©glementations des autoritĂ©s. Et chaque acte dâachat envoie un signal qui remonte cette chaĂźne.
Lâarticle met en lumiĂšre le paradoxe de lâabondance : en apparence, les supermarchĂ©s offrent une variĂ©tĂ© infinie â des centaines de cĂ©rĂ©ales, des dizaines de yaourts, une profusion de barres nutritionnelles. Mais derriĂšre cette diversitĂ© de marques se cache une uniformitĂ© inquiĂ©tante : la majoritĂ© des produits reposent sur quelques cultures industrielles (maĂŻs, soja, blĂ©). Cette homogĂ©nĂ©itĂ© rĂ©sulte dâun systĂšme agricole optimisĂ© pour lâĂ©chelle et la rentabilitĂ©, bien plus que pour la nutrition ou la biodiversitĂ©. De mĂȘme, la diversitĂ© apparente des marques masque une forte concentration de la distribution entre les mains de quelques gĂ©ants de la grande distribution, qui dĂ©cident des produits mis en avant et des fournisseurs qui survivent.
Lâarticle souligne aussi les effets pervers du marketing. Dans un environnement saturĂ© de messages visuels, les emballages doivent capter lâattention en deux secondes. Le storytelling des marques se rĂ©duit souvent Ă des slogans simplistes (« ancient grains », « naturel »), Ă©crasant la complexitĂ© des pratiques agricoles rĂ©elles. Le consommateur, pris par le rythme des courses, nâa ni le temps ni la capacitĂ© de dĂ©crypter les engagements rĂ©els des marques.
Lâauteur insiste enfin sur les inĂ©galitĂ©s dâaccĂšs : les quartiers riches ont des supermarchĂ©s offrant des produits variĂ©s et sains, tandis que les zones pauvres sont souvent relĂ©guĂ©es aux food deserts. Pourtant, il existe des alternatives : coopĂ©ratives, marchĂ©s mobiles, politiques publiques incitatives. Lâarticle invite Ă repenser notre rĂŽle : en tant que « citoyens alimentaires », nos choix collectifs peuvent façonner un systĂšme plus juste et durable. Le supermarchĂ© est Ă la fois miroir et moteur de ce systĂšme : il reflĂšte nos prioritĂ©s actuelles et dĂ©termine nos futurs possibles.
Food Dive, Food tech investments slow as AI grabs venture capital attention, 10/06/2025
Lâarticle analyse la nette inflexion des investissements dans la food tech en 2025, un secteur dĂ©sormais en perte de vitesse face Ă lâirrĂ©sistible attrait des technologies dâintelligence artificielle. Selon des donnĂ©es de Pitchbook relayĂ©es par lâarticle, les startups de la food tech nâont levĂ© que 1,4 milliard de dollars au premier trimestre 2025, un chiffre en chute de 50 % par rapport Ă la mĂȘme pĂ©riode de lâannĂ©e prĂ©cĂ©dente. Le nombre de transactions a lui aussi diminuĂ© de 15 %. Cette dĂ©saffection sâexplique en grande partie par le basculement massif des capitaux vers les entreprises dĂ©veloppant des solutions dâIA, qui ont captĂ© prĂšs de 70 % des investissements en capital-risque sur la pĂ©riode.
Lâarticle souligne que ce recentrage des investisseurs ne signifie pas que la food tech manque dâinnovations, mais plutĂŽt que le secteur pĂątit dâun effet de mode et dâune exigence accrue de rentabilitĂ©. Les projets jugĂ©s trop Ă©loignĂ©s dâune mise sur le marchĂ© rapide ou dâun retour sur investissement tangible peinent dĂ©sormais Ă sĂ©duire. Les startups en phase dâamorçage sont les plus touchĂ©es : elles peinent Ă convaincre face Ă un environnement oĂč les valorisations ont Ă©galement Ă©tĂ© revues Ă la baisse. Pourtant, quelques niches tirent leur Ă©pingle du jeu. Liberation Bioindustries, qui mise sur la fermentation de prĂ©cision pour produire des alternatives protĂ©iques, a levĂ© 52 millions de dollars. Vivici, positionnĂ©e sur les produits laitiers alternatifs, a pour sa part levĂ© 33,8 millions de dollars. Ces exceptions confirment que lâinnovation reste possible, Ă condition de rĂ©pondre Ă des attentes prĂ©cises : durabilitĂ©, santĂ©, efficacitĂ© des processus, rĂ©silience des chaĂźnes dâapprovisionnement.
Lâarticle met aussi en garde contre une vision Ă court terme des investisseurs. Le ralentissement des financements pourrait freiner des projets essentiels pour rendre lâalimentation plus durable ou mieux adaptĂ©e aux dĂ©fis environnementaux. Les experts interrogĂ©s insistent sur la nĂ©cessitĂ© de trouver un Ă©quilibre : continuer Ă financer la food tech, indispensable pour transformer le systĂšme alimentaire, tout en capitalisant sur les apports de lâIA pour accĂ©lĂ©rer cette transformation. Le texte conclut sur lâidĂ©e que lâIA et la food tech ne sont pas des univers opposĂ©s, mais des alliĂ©s potentiels pour bĂątir lâalimentation de demain.
Wall Street Journal, Marsâs $30 Billion Takeover of Kellanova Comes Under In-Depth EU Investigation, 25/06/2025
Lâarticle analyse lâouverture dâune enquĂȘte approfondie par la Commission europĂ©enne sur le rachat de Kellanova (Pringles, Pop-Tarts et Cheez-Its) par Mars, gĂ©ant de la confiserie (M&Mâs, Twix, Skittles). Cette opĂ©ration, dâun montant de 30 milliards de dollars, suscite des inquiĂ©tudes sur ses consĂ©quences pour la concurrence et les consommateurs en Europe. Selon la Commission, ce rachat pourrait renforcer la position dominante de Mars sur plusieurs segments, notamment les snacks salĂ©s et sucrĂ©s, en donnant au groupe un pouvoir excessif face aux distributeurs. Les craintes portent sur la capacitĂ© de Mars-Kellanova Ă imposer des hausses de prix en raison de son poids dans les rayons des grandes surfaces. Le risque est dâexclure des marques plus petites ou locales, qui peinent dĂ©jĂ Ă obtenir des contrats et de la visibilitĂ© dans les linĂ©aires.
Lâarticle rappelle que lâaccord devait initialement ĂȘtre finalisĂ© au premier semestre 2025, mais lâenquĂȘte repousse cette Ă©chĂ©ance. La dĂ©cision dĂ©finitive de la Commission europĂ©enne est attendue pour le 31 octobre 2025. Mars sâest dit déçu de la prolongation de la procĂ©dure mais prĂȘt Ă coopĂ©rer pleinement. La Commission souligne que ce type de mĂ©ga-fusion pourrait aggraver la hausse des prix alimentaires, dĂ©jĂ alimentĂ©e par lâinflation, les tensions gĂ©opolitiques et les coĂ»ts Ă©nergĂ©tiques Ă©levĂ©s.
Ce dossier illustre les tensions entre la logique industrielle (qui cherche des Ă©conomies dâĂ©chelle et une meilleure efficacitĂ© des chaĂźnes logistiques) et les impĂ©ratifs de rĂ©gulation visant Ă prĂ©server la diversitĂ© de lâoffre et Ă protĂ©ger les consommateurs. Il sâinscrit dans un contexte oĂč les autoritĂ©s europĂ©ennes surveillent de prĂšs les mouvements de consolidation dans lâagroalimentaire, un secteur jugĂ© stratĂ©gique pour la souverainetĂ© Ă©conomique et la stabilitĂ© sociale. LâenquĂȘte devra dĂ©terminer si des engagements de Mars (par exemple, cessions dâactifs ou garanties dâaccĂšs au marchĂ© pour des tiers) peuvent suffire Ă lever les doutes sur la concurrence. Le rachat de Kellanova par Mars pourrait ainsi devenir un cas dâĂ©cole sur la maniĂšre dont lâUE entend encadrer les gĂ©ants de lâagroalimentaire.
New York Times, War, Inflation and Now Drought Are Hitting Global Food Supplies, 21/06/2025
Lâarticle dresse un Ă©tat des lieux alarmant des menaces qui pĂšsent sur les approvisionnements alimentaires mondiaux. AprĂšs les chocs causĂ©s par la pandĂ©mie, la guerre en Ukraine et lâinflation galopante, une nouvelle crise sâajoute : la sĂ©cheresse, qui frappe plusieurs rĂ©gions-clĂ©s de production. Le BrĂ©sil, premier exportateur mondial de cafĂ©, voit ses rĂ©coltes affectĂ©es, ce qui entraĂźne une envolĂ©e des prix. Aux Ătats-Unis, le cheptel bovin a atteint son plus bas niveau depuis 70 ans, consĂ©quence de pĂąturages assĂ©chĂ©s qui forcent les Ă©leveurs Ă abattre prĂ©maturĂ©ment leurs animaux. La production de blĂ© est Ă©galement fragilisĂ©e en Russie, en Ukraine et en Inde, ce qui limite les exportations et contribue Ă la volatilitĂ© des cours mondiaux.
Lâarticle souligne que cette succession de crises met en Ă©vidence la vulnĂ©rabilitĂ© des chaĂźnes alimentaires mondiales. La concentration de la production sur quelques zones gĂ©ographiques et sur un nombre rĂ©duit de cultures majeures (blĂ©, maĂŻs, soja, riz) accroĂźt les risques en cas de chocs climatiques. LâEurope nâest pas Ă©pargnĂ©e : une Ă©tude de la Banque centrale europĂ©enne citĂ©e dans lâarticle prĂ©voit un recul potentiel de 15 % du PIB agricole du continent si les sĂ©cheresses sâintensifient. Le sud de lâEurope (Espagne, Italie, GrĂšce) est particuliĂšrement concernĂ©, ses cultures Ă©tant dĂ©jĂ soumises Ă un stress hydrique important.
Lâarticle met aussi en avant les rĂ©ponses possibles : diversification des cultures, amĂ©lioration des infrastructures dâirrigation, constitution de stocks stratĂ©giques et rĂ©forme des politiques agricoles pour les rendre plus rĂ©silientes. Mais il alerte sur la lenteur des actions face Ă lâurgence des crises. Les tensions gĂ©opolitiques compliquent encore la situation : la guerre au Proche-Orient perturbe des routes commerciales, la guerre en Ukraine limite les exportations depuis la mer Noire, et les restrictions Ă lâexportation dĂ©cidĂ©es par certains Ătats accentuent la pĂ©nurie. Lâauteur conclut que la sĂ©curitĂ© alimentaire mondiale, longtemps considĂ©rĂ©e comme acquise, doit redevenir une prioritĂ© stratĂ©gique.
Fast Company, How will AI change the restaurant business?, 03/07/2025
Lâarticle explore lâimpact croissant de lâintelligence artificielle sur le secteur de la restauration, un domaine en pleine transformation numĂ©rique. Selon un sondage citĂ© par lâarticle, 98 % des dirigeants du secteur estiment que lâIA jouera un rĂŽle clĂ© dans lâexpĂ©rience client dâici trois ans. Aujourdâhui, lâIA intervient dĂ©jĂ dans plusieurs domaines : prise de commande automatisĂ©e dans les drive, rĂ©ponses aux appels tĂ©lĂ©phoniques, gestion des rĂ©servations et fidĂ©lisation, campagnes marketing ciblĂ©es. Les grandes chaĂźnes sont les premiĂšres Ă sâĂ©quiper de ces technologies, mais lâarticle souligne que les restaurants indĂ©pendants pourraient eux aussi tirer parti de ces outils.
LâIA conversationnelle, bien que prometteuse, reste encore marginale : moins de 20 % des Ă©tablissements lâutilisent pour dialoguer avec leurs clients. Des exemples concrets sont donnĂ©s, comme Flour + Water Ă San Francisco, oĂč un assistant tĂ©lĂ©phonique basĂ© sur lâIA permet de rĂ©duire les appels manquĂ©s et dâamĂ©liorer la satisfaction des clients. Les outils de gestion relationnelle comme SevenRooms aident Ă identifier les clients les plus susceptibles de revenir et Ă personnaliser les offres. Lâarticle met en lumiĂšre un paradoxe : alors que le potentiel de lâIA est immense, beaucoup de restaurateurs peinent Ă lâadopter faute de prĂ©paration technique, de formation des Ă©quipes ou de moyens financiers. Ă ce stade, moins dâun tiers des entreprises se disent rĂ©ellement prĂȘtes pour un dĂ©ploiement Ă grande Ă©chelle.
Lâarticle insiste sur les dĂ©fis que soulĂšve cette rĂ©volution : risque de dĂ©shumanisation du service, protection des donnĂ©es clients, nĂ©cessitĂ© dâun Ă©quilibre entre technologie et convivialitĂ©. LâIA pourrait permettre aux restaurateurs de mieux gĂ©rer leurs opĂ©rations et dâaffiner leurs dĂ©cisions stratĂ©giques (par exemple, ajuster les horaires dâouverture ou optimiser les stocks). Mais elle pourrait aussi creuser les Ă©carts entre grandes chaĂźnes, mieux Ă©quipĂ©es, et petits acteurs. Lâarticle conclut en rappelant que, si lâIA nâest pas la solution Ă tous les maux du secteur, elle offre une opportunitĂ© majeure de rĂ©inventer la relation client et dâamĂ©liorer lâefficacitĂ© opĂ©rationnelle des restaurants, Ă condition dâĂȘtre adoptĂ©e avec discernement.
New York Times, The Map Rating Restaurants Based on How Hot the Customers Are, 01/07/2025
Lâarticle dĂ©crit le phĂ©nomĂšne viral dâune carte interactive baptisĂ©e LooksMapping, qui Ă©value les restaurants de New York, Los Angeles et San Francisco⊠en fonction de lâ« attractivitĂ© » de leur clientĂšle. Ce projet, imaginĂ© par Riley Walz, repose sur un algorithme dâintelligence artificielle qui a analysĂ© prĂšs de 600 000 photos issues des avis Google pour attribuer Ă chaque Ă©tablissement une note de 1 Ă 10. Lâoutil, conçu sur un mode satirique, prĂ©tend indiquer les lieux oĂč les clients seraient les plus « hot » selon des critĂšres esthĂ©tiques identifiĂ©s par la machine.
Lâarticle souligne les biais et les dĂ©rives dâun tel dispositif : les quartiers riches et majoritairement blancs sont systĂ©matiquement mieux notĂ©s, tandis que les zones populaires obtiennent des scores plus faibles. Le systĂšme attribue des points pour des Ă©lĂ©ments absurdes (par exemple, une robe de mariĂ©e augmente la note) et en retire pour des dĂ©tails alĂ©atoires (photo floue, angle peu flatteur). Lâarticle met en lumiĂšre les biais raciaux, sociaux et culturels dâun tel outil, reflet des imperfections de lâIA lorsquâelle sâappuie sur des bases de donnĂ©es biaisĂ©es. Lâarticle questionne aussi notre obsession pour lâapparence dans la sphĂšre publique et privĂ©e : en valorisant lâesthĂ©tique des clients plutĂŽt que la qualitĂ© des plats ou du service, LooksMapping pousse Ă lâextrĂȘme les logiques superficielles dĂ©jĂ Ă lâĆuvre dans les rĂ©seaux sociaux et certains sites dâavis.
Au-delĂ de lâanecdote, lâarticle ouvre un dĂ©bat sur la façon dont les algorithmes façonnent notre perception des lieux, en imposant des critĂšres souvent arbitraires. Il interroge les impacts de ces outils sur lâimage des restaurants, notamment ceux qui se trouvent dans des quartiers dĂ©favorisĂ©s et qui pourraient pĂątir de notes injustement basses. Lâauteur rappelle que ce type de projet, bien que ludique en apparence, reflĂšte des mĂ©canismes plus profonds : la reproduction des inĂ©galitĂ©s par la technologie, et la difficultĂ© Ă crĂ©er des outils dâIA vraiment Ă©quitables. Lâarticle se termine sur une note critique : sous couvert dâhumour, ce genre dâinitiative interroge notre rapport aux autres et Ă nous-mĂȘmes dans lâespace public.
Câest tout pour aujourdâhui.
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O. Frey