đŸđđ Eat's business đđ·đ§ 2025-21
Bonjour Ă toutes et Ă tous, Eat's Business est une newsletter dans laquelle vous trouverez une revue de presse de quelques articles sur le monde de lâalimentaire qui mâont semblĂ© intĂ©ressants dans la semaine prĂ©cĂ©dente.
Pour ceux qui veulent la formule ristretto, les 3 articles que je vous conseille de lire en priorité cette semaine sont :
Les Ăchos, Gariguette, Plougastel, PĂ©rigord : la revanche de la fraise française, 19/06/2025
The Guardian, Flavour of gin and tonic could be impacted by climate change, study finds, 19/06/2025
The Spoon, What Flavor Unlocks, 13/06/2025
Bonne lecture et bonne semaine Ă toutes et Ă tous!
Pour celles et ceux dâentre vous qui ont plus de temps pour la formule lungo :
La Tribune, Utilisation en supermarché, dématérialisation⊠Les nouvelles choses à savoir sur les titres-restaurant, 18/06/2025
Lâarticle fait le point sur la dĂ©cision du gouvernement français de pĂ©renniser, Ă compter du 1er janvier 2027, lâusage des titres-restaurant en supermarchĂ©. Jusquâici appliquĂ©e Ă titre dĂ©rogatoire depuis la crise sanitaire et accentuĂ©e par le dĂ©veloppement du tĂ©lĂ©travail, cette mesure permettait aux salariĂ©s dâacheter des produits alimentaires non immĂ©diatement consommables (comme les pĂątes, le riz ou le lait) avec leurs titres-restaurant. Cette dĂ©cision de la ministre du Commerce et des PME, VĂ©ronique Louwagie, soulĂšve cependant un vif dĂ©bat : elle satisfait les consommateurs, mais suscite la colĂšre des restaurateurs, reprĂ©sentĂ©s notamment par lâUMIH, qui estiment que ces titres doivent rester rĂ©servĂ©s aux repas pris en restauration hors foyer.
La ministre a Ă©galement confirmĂ© la gĂ©nĂ©ralisation de la dĂ©matĂ©rialisation de ces titres au 1er janvier 2027, une Ă©volution saluĂ©e par les restaurateurs en raison des lourdeurs administratives engendrĂ©es par la gestion des versions papier. Ce passage au tout-numĂ©rique pourrait aussi faciliter lâinstauration dâun plafond diffĂ©renciĂ© selon le lieu dâutilisation : une proposition sĂ©rieusement Ă©tudiĂ©e par le gouvernement, bien quâelle doive encore ĂȘtre validĂ©e sur le plan juridique. LâidĂ©e serait dâinstaurer un plafond journalier plus Ă©levĂ© pour les repas pris au restaurant (autour de 30 euros) et plus bas pour les achats en grande surface (actuellement fixĂ© Ă 25 euros).
Lâarticle souligne lâĂ©volution rapide des pratiques alimentaires sous lâeffet du tĂ©lĂ©travail et de la digitalisation. Si les restaurateurs dĂ©noncent une dĂ©rive du dispositif, le gouvernement cherche Ă adapter les rĂšgles aux nouveaux usages des salariĂ©s tout en soutenant la numĂ©risation des outils de paiement. Le dĂ©bat reste vif, notamment dans les grandes agglomĂ©rations oĂč les professionnels de la restauration doivent composer avec des coĂ»ts plus Ă©levĂ©s. Les nĂ©gociations se poursuivent entre les diffĂ©rentes parties prenantes afin de trouver un Ă©quilibre durable.
Les Ăchos, Auchan dĂ©voile son nouveau concept de magasin pour sauver ses hypers, 19/06/2025
Face Ă la crise structurelle de lâhypermarchĂ©, Auchan dĂ©ploie un plan ambitieux de transformation, illustrĂ© par lâouverture dâun hypermarchĂ© nouvelle gĂ©nĂ©ration Ă FrĂ©jus. Ce point de vente, anciennement sous enseigne Casino, a Ă©tĂ© entiĂšrement repensĂ© pour amĂ©liorer lâexpĂ©rience client, favoriser la montĂ©e en gamme de lâoffre alimentaire et relancer les performances commerciales. Le directeur gĂ©nĂ©ral dâAuchan, Guillaume Darrasse, fait de ce magasin un laboratoire pour le renouveau de lâenseigne, qui prĂ©voit dâinvestir 750 millions dâeuros dans la rĂ©novation de son parc.
Le nouveau concept repose sur plusieurs piliers : un amĂ©nagement centrĂ© sur le confort client (sols en lino antibruit, Ă©clairage doux, rayons ouverts, double allĂ©e centrale), une offre mieux lisible et recentrĂ©e sur les produits frais, avec des halles façon Grand Frais en cĆur de parcours. Les mĂ©tiers de bouche (boulangerie, poissonnerie, boucherie, etc.) mobilisent Ă eux seuls 70 salariĂ©s, soit prĂšs dâun tiers des effectifs. La mise en avant des produits locaux, issus de partenariats avec 34 producteurs varois, vise Ă capter une clientĂšle sensible Ă lâancrage territorial, notamment pendant la saison estivale.
Lâoffre non alimentaire est maintenue mais repensĂ©e : davantage dâespaces santĂ© et bien-ĂȘtre (parapharmacie, optique) au dĂ©triment de rayons moins porteurs (Ă©lectromĂ©nager, Ă©lectronique). Cette Ă©volution traduit une adaptation stratĂ©gique aux attentes des consommateurs et Ă la pression exercĂ©e par la concurrence en ligne, en particulier chinoise, sur des segments comme le textile.
La promesse de relance repose cependant sur un point clĂ© : le retour Ă la compĂ©titivitĂ© prix. Le groupe affirme avoir rĂ©duit les prix de 15 % dans les magasins repris Ă Casino, ce qui aurait permis une hausse de 30 Ă 40 % du volume des ventes. Ă FrĂ©jus, le chiffre dâaffaires a crĂ» de 10 % sur un an, et les ventes sont en croissance Ă deux chiffres depuis lâinstallation du nouveau concept. Reste Ă diffuser ce modĂšle Ă grande Ă©chelle, un dĂ©fi de taille pour un groupe encore lourdement dĂ©ficitaire.
Les Ăchos, Pernod Ricard se rĂ©organise pour affronter la crise des spiritueux, 19/06/2025
Face Ă une crise profonde qui secoue le secteur des spiritueux, Pernod Ricard, deuxiĂšme acteur mondial du marchĂ©, annonce une vaste rĂ©organisation. Lâentreprise, qui emploie 18 500 personnes dans le monde dont 3 000 en France, subit un ralentissement de ses principaux marchĂ©s, notamment les Ătats-Unis et la Chine. Dans ce contexte, le groupe a rĂ©vĂ©lĂ© une baisse attendue de son chiffre dâaffaires pour lâannĂ©e 2024-2025, comprise entre 0 et -5 %, marquant ainsi une annĂ©e de transition.
Deux axes de restructuration majeurs sont annoncĂ©s : la rĂ©organisation en deux divisions, contre six actuellement, et un plan dâĂ©conomies dâun milliard dâeuros dâici 2029. La nouvelle organisation regroupera les spiritueux vieillis (cognac, whisky, champagne) dâun cĂŽtĂ©, et les autres (vodka, tequila, etc.) de lâautre. Cette simplification vise Ă crĂ©er des synergies, accroĂźtre lâagilitĂ© de lâentreprise et sâadapter Ă une conjoncture Ă©conomique dĂ©favorable, marquĂ©e par des tensions commerciales avec la Chine (enquĂȘte antidumping sur les brandies europĂ©ens) et une chute de 22 % des ventes dans ce pays.
En parallĂšle, Pernod Ricard est confrontĂ© Ă une demande en baisse aux Ătats-Unis, notamment Ă cause des menaces de taxation initiĂ©es sous lâadministration Trump. Dans ce contexte, le groupe a Ă©galement gelĂ© certaines sommes sous forme de garantie, en attendant une dĂ©cision des autoritĂ©s chinoises concernant de possibles droits de douane de 35 Ă 39 %.
Ce recentrage stratĂ©gique, dĂ©jĂ amorcĂ© en 2024 avec la cession de la quasi-totalitĂ© des activitĂ©s vinicoles, sâinscrit dans une dynamique plus large de rĂ©duction des coĂ»ts, partagĂ©e par dâautres acteurs du secteur. LVMH, RĂ©my Cointreau ou encore Camus ont aussi annoncĂ© des rĂ©ductions dâeffectifs ou des plans de restructuration. Lâobjectif de Pernod Ricard est clair : prĂ©server sa compĂ©titivitĂ© dans un marchĂ© en mutation rapide, tout en assurant la qualitĂ© et la cohĂ©rence de son portefeuille de marques, qui compte notamment Absolut, Jameson, Ballantineâs, et Ricard.
LSA, Sodiaal (Yoplait, Candia...) affiche des résultats solides en 2024 mais alerte sur la guerre des prix dans la filiÚre laitiÚre, 18/06/2025
La coopĂ©rative laitiĂšre Sodiaal, connue pour ses marques Yoplait, Candia et Entremont, affiche pour 2024 des rĂ©sultats Ă©conomiques solides, malgrĂ© un contexte Ă©conomique difficile. Le chiffre dâaffaires atteint 5,774 milliards dâeuros, avec un rĂ©sultat net en forte progression (+68 %) Ă 103,9 millions dâeuros. Ces rĂ©sultats sâappuient sur un Ebitda de 218,4 millions et un rĂ©sultat courant stable Ă 80,5 millions. Sodiaal, qui fĂ©dĂšre plus de 14 000 Ă©leveurs dans 71 dĂ©partements et emploie 9 000 collaborateurs, maintient une politique favorable aux producteurs avec un prix moyen du lait Ă 492 âŹ/1 000 litres, comprenant une redistribution de 63 millions dâeuros. Le lait bio est encore mieux valorisĂ©, Ă 530 âŹ/1 000 litres.
Pour 2025, la coopérative prévoit de maintenir cette dynamique avec un prix de base du lait conventionnel à 470 ⏠et 520 ⏠pour le lait bio. Ce soutien à la rémunération vise à garantir la pérennité des exploitations face aux tensions du marché. La stratégie « Grandir Ensemble », lancée en 2023, continue de porter ses fruits, avec des axes forts : valorisation des marques, excellence opérationnelle et solidarité coopérative.
Mais Sodiaal alerte aussi sur la guerre des prix qui fait rage dans la filiĂšre, en particulier sur le lait UHT et lâemmental, oĂč la pression des marques de distributeur et des premiers prix dĂ©stabilise lâĂ©quilibre Ă©conomique. La coopĂ©rative dĂ©nonce les ventes Ă perte ou Ă des prix infĂ©rieurs Ă 1 euro le litre, et prĂ©vient que de telles pratiques mettent en pĂ©ril la durabilitĂ© de la filiĂšre.
Enfin, Sodiaal affirme son engagement en faveur de la durabilitĂ© avec 10 millions dâeuros par an versĂ©s aux Ă©leveurs via une prime dĂ©diĂ©e, des outils de mesure dâimpact carbone et un soutien actif au renouvellement des gĂ©nĂ©rations, avec prĂšs de 1 500 nouvelles installations dâĂ©leveurs depuis 2019.
Le Figaro, Face aux alternatives végétales, les produits laitiers font de la résistance en France, 19/06/2025
Alors que les alternatives vĂ©gĂ©tales aux produits laitiers poursuivent leur dĂ©veloppement, les produits dâorigine animale connaissent un regain dâintĂ©rĂȘt en France. Lâarticle montre que, malgrĂ© les investissements massifs des industriels dans les substituts vĂ©gĂ©taux, ces derniers peinent Ă convaincre les consommateurs français, attachĂ©s au goĂ»t et Ă la tradition des produits laitiers.
Le cas de Bel illustre ces difficultĂ©s : le groupe a dĂ©cidĂ© de cesser la commercialisation de sa marque vĂ©gĂ©tale Nurishh, lancĂ©e il y a quatre ans et produite Ă lâusine All in Foods de Saint-Nazaire, vouĂ©e Ă la fermeture dâici fin 2025. MalgrĂ© des moyens importants, la marque nâa conquis que 1 % du marchĂ© du simili-fromage, loin derriĂšre le leader Violife (22 %). Bel prĂ©fĂšre dĂ©sormais concentrer ses efforts sur des dĂ©clinaisons vĂ©gĂ©tales de ses marques phares, comme Boursin vĂ©gĂ©tal, qui connaĂźt un bon dĂ©marrage.
Le phĂ©nomĂšne nâest pas isolĂ© : NestlĂ© a retirĂ© sa marque de lait vĂ©gĂ©tal Wunda du marchĂ© britannique aprĂšs un accueil dĂ©cevant, et en France, les desserts Ă base dâavoine de St Hubert ont Ă©tĂ© arrĂȘtĂ©s. Globalement, les innovations vĂ©gĂ©tales se font plus rares, mĂȘme si le marchĂ© continue de croĂźtre : les ventes de simili-laits, yaourts et fromages ont progressĂ© respectivement de 8,6 %, 5 % et 12,4 % sur un an. EstimĂ© Ă 400 millions dâeuros, ce segment reste deux fois plus important que celui des substituts Ă la viande.
Cependant, le marchĂ© se rationalise : dĂ©but 2024, Jay & Joy a rachetĂ© Les Nouveaux Affineurs, signe dâune consolidation dans un secteur de niche trĂšs concurrentiel. Pour percer, les acteurs doivent surmonter lâexigence des consommateurs français, particuliĂšrement pointilleux sur le goĂ»t, et sâimposer face Ă des marques historiques solidement implantĂ©es, y compris les MDD sur le segment des laits vĂ©gĂ©taux.
En parallĂšle, les produits laitiers traditionnels regagnent du terrain : aprĂšs des annĂ©es de dĂ©clin, leurs ventes ont progressĂ© de 1,1 %, portĂ©es notamment par les laits entiers, prisĂ©s pour leur texture onctueuse. Ce retour en grĂące sâappuie sur une communication plus positive autour du lait et du beurre, et un regain dâintĂ©rĂȘt pour la gourmandise et le fait-maison, en rupture avec les discours anti-lait des annĂ©es prĂ©cĂ©dentes.
Les Ăchos, Gariguette, Plougastel, PĂ©rigord : la revanche de la fraise française, 19/06/2025
Longtemps dominĂ©e par la concurrence Ă©trangĂšre, notamment espagnole, la fraise française connaĂźt aujourdâhui un vĂ©ritable retour en grĂące. Ce fruit emblĂ©matique des beaux jours devient le symbole dâun renouveau agricole et gastronomique fondĂ© sur la qualitĂ©, lâancrage territorial et la quĂȘte de goĂ»t.
Dans le FinistĂšre, Ă la ferme Ty Gwen du Conquet, les frĂšres Hobe cultivent plusieurs variĂ©tĂ©s de fraises (gariguette, cirafine, amandine) selon les principes de lâagriculture raisonnĂ©e. Leur exigence se traduit par une production sans compromis sur la qualitĂ© : lutte biologique contre les parasites, sĂ©lection rigoureuse des fruits, circuits courts avec les restaurateurs. Leur fraise, vendue 6 ⏠les 500 g, est plĂ©biscitĂ©e par une clientĂšle prĂȘte Ă payer le prix fort pour retrouver de vraies saveurs.
Cette dynamique de valorisation touche aussi le passĂ© prestigieux de la fraise française. DĂšs le XVIIIe siĂšcle, des plants chiliens et virginien sont hybridĂ©s en Bretagne, donnant naissance Ă la fameuse fraise de Plougastel. Elle devient dĂšs le XIXe siĂšcle un pilier Ă©conomique local, jusquâĂ ĂȘtre Ă©clipsĂ©e au XXe siĂšcle par dâautres rĂ©gions et surtout par les productions massives venues dâEspagne.
Aujourdâhui, la fraise bretonne cherche Ă protĂ©ger son identitĂ© via une dĂ©marche dâIndication gĂ©ographique protĂ©gĂ©e (IGP), menĂ©e par lâassociation « Fraises de Plougastel ». Cette initiative vise Ă lutter contre les fraudes (fraises espagnoles vendues sous appellation bretonne) et Ă prĂ©server un terroir contraint par la gĂ©ographie et la loi littorale. En parallĂšle, la France conserve une production modeste au regard du marchĂ© mondial (1 %), mais mise sur des variĂ©tĂ©s comme la gariguette â fruit dâun long travail de lâInrae â qui incarne un idĂ©al gustatif subtil, Ă©quilibrĂ© et authentique.
Cette approche sĂ©duit de plus en plus : 40 % des fraises consommĂ©es en France sont aujourdâhui dâorigine nationale, contre 30 % il y a quinze ans. Ce regain est portĂ© par une prĂ©fĂ©rence croissante pour les fruits cueillis Ă maturitĂ© et cultivĂ©s localement. Des cheffes comme Nolwenn Corre ou Nina MĂ©tayer en font les vedettes de leurs desserts, soulignant leur versatilitĂ© et leur pouvoir Ă©vocateur.
Face Ă une mondialisation qui privilĂ©gie lâuniformitĂ© et la conservation, la France revendique une autre voie : celle du goĂ»t, du terroir et de la saisonnalitĂ©.
The Guardian, Flavour of gin and tonic could be impacted by climate change, study finds, 19/06/2025
Une Ă©tude rĂ©cente publiĂ©e dans le Journal of the Institute of Brewing rĂ©vĂšle que le changement climatique pourrait altĂ©rer le goĂ»t du gin, en affectant les baies de genĂ©vrier, ingrĂ©dient fondamental de cette boisson. RĂ©alisĂ©e par lâĂ©quipe du International Centre for Brewing and Distilling (ICBD) de lâuniversitĂ© Heriot-Watt en Ăcosse, la recherche met en Ă©vidence que les conditions mĂ©tĂ©orologiques, notamment lâhumiditĂ© et la quantitĂ© de prĂ©cipitations, influencent de maniĂšre significative la composition chimique de ces baies.
Le professeur adjoint Matthew Pauley, principal auteur de lâĂ©tude, explique quâune annĂ©e de rĂ©colte humide peut entraĂźner une baisse de 12 % des composĂ©s aromatiques volatils dans les baies de genĂ©vrier par rapport Ă une annĂ©e sĂšche. Ces composĂ©s sont responsables des notes boisĂ©es, rĂ©sineuses, citronnĂ©es ou florales qui confĂšrent au gin son profil sensoriel unique. Plus les conditions sont humides, plus le temps de sĂ©chage des baies est long, ce qui impacte nĂ©gativement la concentration des molĂ©cules hydrosolubles et, par consĂ©quent, le goĂ»t final du spiritueux.
Les chercheurs ont distillĂ© des baies provenant de plusieurs pays dâEurope â Albanie, Bosnie, Italie, Kosovo, MontĂ©nĂ©gro, Serbie, MacĂ©doine â et constatĂ© que chaque origine possĂšde un « terroir » spĂ©cifique, influençant le profil chimique des baies. La variabilitĂ© interannuelle, liĂ©e Ă des conditions climatiques de plus en plus erratiques, complique encore davantage le maintien dâune constance gustative.
Cette instabilitĂ© reprĂ©sente un dĂ©fi majeur pour les producteurs de gin, notamment les marques haut de gamme qui sâefforcent dâassurer une signature gustative fidĂšle. Annie Hill, professeure et co-autrice de lâĂ©tude, souligne que ces variations risquent de compromettre la rĂ©gularitĂ© du produit, un critĂšre pourtant crucial dans une industrie oĂč les consommateurs attendent une qualitĂ© constante.
LâĂ©tude met ainsi en lumiĂšre une problĂ©matique souvent nĂ©gligĂ©e : le lien direct entre climat et qualitĂ© organoleptique des produits. Dans un marchĂ© en pleine croissance, pesant plusieurs milliards de livres, cette instabilitĂ© pourrait pousser les distillateurs Ă adapter leurs chaĂźnes dâapprovisionnement, leurs mĂ©thodes de transformation, voire leur sĂ©lection variĂ©tale pour prĂ©server lâidentitĂ© sensorielle du gin face Ă un environnement de plus en plus imprĂ©visible.
New York Times, The Worldâs 50 Best Restaurants Announces Its 2025 List, 19/06/2025
Le classement 2025 des « Worldâs 50 Best Restaurants », dĂ©voilĂ© Ă Turin (Italie), reflĂšte une nouvelle fois la diversitĂ© et la crĂ©ativitĂ© de la scĂšne gastronomique mondiale. Câest le restaurant Maido, dirigĂ© par le chef Mitsuharu Tsumura Ă Lima (PĂ©rou), qui obtient la premiĂšre place cette annĂ©e. Il devient ainsi le second Ă©tablissement pĂ©ruvien Ă se hisser au sommet, aprĂšs Central en 2023. Ce triomphe consacre lâessor de la cuisine nikkei â fusion entre traditions culinaires japonaises et pĂ©ruviennes â que Tsumura a brillamment portĂ©e Ă un haut niveau de raffinement et dâĂ©motion.
Le reste du classement confirme une tendance forte : lâĂ©largissement de la reconnaissance gastronomique au-delĂ des traditions europĂ©ennes. Ainsi, Asador Etxebarri (Espagne), Quintonil (Mexique), DiverXO (Espagne), et Alchemist(Danemark) complĂštent le top 5. LâAmĂ©rique latine et lâAsie y sont fortement reprĂ©sentĂ©es, soulignant lâimportance de lâoriginalitĂ©, des ingrĂ©dients locaux et de lâapproche narrative dans la cuisine contemporaine.
Le classement met aussi en avant une réflexion sur la durabilité sociale. Lors de la cérémonie, Mitsuharu Tsumura a insisté sur la nécessité de prendre en compte la « durabilité humaine » dans le secteur de la restauration, plaidant pour des conditions de travail plus justes dans un univers souvent exigeant.
Les Ătats-Unis conservent plusieurs places, avec Atomix (New York) au 12e rang comme Ă©tablissement amĂ©ricain le mieux classĂ©. Sur la liste Ă©largie (positions 51 Ă 100), on retrouve Single Thread (Californie), Le Bernardin et CĂ©sar (New York), ou encore Atelier Crenn (San Francisco). En revanche, certains habituĂ©s comme Cosme et Smyth ont disparu.
Le classement reste critiquĂ© pour son mode de sĂ©lection : les votants, souvent identifiĂ©s dans le milieu gastronomique, peuvent accepter des repas gratuits et ne sont pas anonymes comme les inspecteurs du Guide Michelin. MalgrĂ© ces rĂ©serves, le palmarĂšs demeure un outil dâinfluence incontournable, renforcĂ© par des dĂ©clinaisons rĂ©gionales (Asie, AmĂ©rique latine, Moyen-Orient).
La notoriĂ©tĂ© du classement stimule le tourisme gastronomique mondial, tout en repositionnant la haute cuisine comme un creuset dâinnovation, de diversitĂ© culturelle et de rĂ©flexion sociĂ©tale.
New York Times, Go Ahead, Have a âFridge Cigaretteâ, 18/06/2025
Lâarticle explore une tendance socioculturelle Ă©tonnante popularisĂ©e sur les rĂ©seaux sociaux : lâĂ©mergence du terme « fridge cigarette » (cigarette de frigo), une mĂ©taphore pour dĂ©signer une canette de soda, en particulier de Diet Coke. Cette expression, nĂ©e dâune vidĂ©o virale postĂ©e par Rachel Reno, jeune crĂ©atrice new-yorkaise, incarne un nouveau rituel de pause â un moment de rĂ©pit symbolique et sensoriel dans le quotidien.
La comparaison entre une boisson gazeuse et une cigarette ne tient pas Ă la nocivitĂ© du produit, mais Ă la dimension psychologique et Ă©motionnelle de la pause quâelle reprĂ©sente. Lâouverture de la canette, le son pĂ©tillant, la premiĂšre gorgĂ©e fraĂźche : autant dâĂ©lĂ©ments qui rappellent les gestes codifiĂ©s dâune cigarette, autrefois outil social et soupape mentale. Pour de nombreux jeunes adultes, notamment ceux de la gĂ©nĂ©ration Z, boire un soda devient un acte de recentrage, un « moment pour soi » revendiquĂ© dans un monde hyperconnectĂ© et stressant.
Ce phĂ©nomĂšne fait Ă©cho Ă dâautres tendances culturelles actuelles : les « small joys », les « little treats », ou encore la glorification du banal sur TikTok. Ces micro-Ă©vasions reflĂštent une volontĂ© de rĂ©enchanter le quotidien face Ă un climat Ă©conomique, social et politique perçu comme oppressant. Casey Lewis, spĂ©cialiste des tendances numĂ©riques, y voit une preuve de lâĂ©volution des mentalitĂ©s : contrairement aux gĂ©nĂ©rations prĂ©cĂ©dentes, la gĂ©nĂ©ration Z valorise davantage la santĂ© mentale que la productivitĂ© Ă tout prix.
La « fridge cigarette » traduit aussi une rupture avec lâobsession millĂ©niale du bien-ĂȘtre et de la nutrition stricte. Andrea Hernandez, autrice de la newsletter Snaxshot, y voit une forme de rĂ©bellion douce : une acceptation assumĂ©e de produits autrefois stigmatisĂ©s. Le retour en grĂące du soda (malgrĂ© lâaspartame), tout comme celui de la cigarette dans certains imaginaires pop (films, musique), illustre ce renversement des valeurs.
Lâexpression, Ă la fois ironique et affective, redonne au soda une identitĂ© culturelle, presque esthĂ©tique. Elle reflĂšte une Ă©poque en quĂȘte de lĂ©gĂšretĂ©, oĂč lâon transforme des gestes simples en actes symboliques de libertĂ© personnelle.
The Spoon, What Flavor Unlocks, 13/06/2025
Dans cet essai percutant, Mike Lee dĂ©fend une idĂ©e centrale : le goĂ»t, plus que la nutrition ou lâimpact environnemental, est la force la plus puissante du systĂšme alimentaire. Selon lui, si des produits ultra-transformĂ©s comme les chips, les sodas ou les bonbons dominent le marchĂ©, câest parce quâils procurent une satisfaction sensorielle immĂ©diate. Leur succĂšs repose sur les « bliss points » â un dosage optimal de sucre, de sel, de gras et de texture â que les gĂ©ants de lâagroalimentaire ont appris Ă maĂźtriser pour susciter lâaddiction.
Face Ă cette stratĂ©gie redoutablement efficace, Lee critique les entreprises de lâagroalimentaire durable qui se concentrent sur la vertu de leurs produits (Ă©coresponsables, enrichis, nutritifs), mais oublient trop souvent lâessentiel : le plaisir. Ces produits, mĂȘme bien intentionnĂ©s, Ă©chouent Ă sĂ©duire les consommateurs sâils ne sont pas dĂ©licieux. Lâauteur dĂ©nonce une forme dâauto-satisfaction dans le secteur alternatif, oĂč lâon suppose que lâengagement suffira Ă compenser un goĂ»t mĂ©diocre.
Pour illustrer ses propos, il cite des initiatives comme Row 7, la société de semences cofondée par le chef Dan Barber, qui sélectionne des variétés de légumes uniquement selon leur qualité gustative. Autre exemple, Spora, centre de recherche culinaire né du restaurant Alchemist à Copenhague, transforme des résidus de colza en protéine de haute qualité grùce à la fermentation, avec comme priorité : rendre le produit irrésistible.
Mike Lee plaide pour que la quĂȘte de durabilitĂ© passe par la conquĂȘte des papilles. Il suggĂšre que câest en faisant des aliments bons pour la planĂšte aussi sĂ©duisants que les produits « junk » que lâon pourra rĂ©ellement transformer les habitudes alimentaires Ă grande Ă©chelle. Il Ă©voque Ă©galement la fin probable dâun goĂ»t universel : dans une sociĂ©tĂ© fragmentĂ©e par les cultures, les rĂ©gimes et les prĂ©fĂ©rences, les produits doivent cibler des tribus spĂ©cifiques plutĂŽt que chercher lâunanimitĂ©.
En conclusion, lâauteur appelle Ă une rĂ©conciliation entre plaisir et vertu : le goĂ»t nâest pas un ennemi du progrĂšs alimentaire, mais son alliĂ© stratĂ©gique. Sans saveur, aucune transition alimentaire ne pourra vĂ©ritablement avoir lieu.
Time, The Surprising Health Benefits of Spicy Food, 17/06/2025
Lâarticle sâintĂ©resse aux effets bĂ©nĂ©fiques des aliments Ă©picĂ©s sur la santĂ©, en particulier ceux contenant de la capsaĂŻcine, molĂ©cule active des piments. Loin de la caricature du dĂ©fi culinaire extrĂȘme, lâauteur rappelle que la consommation rĂ©guliĂšre, mais modĂ©rĂ©e, de piments est liĂ©e Ă une rĂ©duction des risques dâobĂ©sitĂ©, de maladies cardiovasculaires et de diabĂšte. Une vaste Ă©tude publiĂ©e 2020 indique ainsi que les amateurs de piments ont 25 % de risques en moins de dĂ©cĂšs prĂ©maturĂ©.
La capsaĂŻcine agit via les rĂ©cepteurs TRPV1 des neurones sensoriels, stimulant lâadrĂ©naline et favorisant la combustion des graisses, la rĂ©gulation du glucose sanguin et la sensation de satiĂ©tĂ©. Elle a Ă©galement des propriĂ©tĂ©s anti-inflammatoires, utilisĂ©es en mĂ©decine pour soulager douleurs et arthrite. Des effets similaires pourraient se produire lors dâune ingestion rĂ©guliĂšre, bien que les recherches sur lâhomme soient encore incomplĂštes.
Le piment pourrait aussi renforcer la diversitĂ© du microbiome intestinal, un facteur de plus en plus reconnu pour son rĂŽle dans la santĂ© mĂ©tabolique et immunitaire. Bien que les donnĂ©es humaines soient encore rares, les Ă©tudes animales confirment lâeffet bĂ©nĂ©fique de la capsaĂŻcine sur lâenvironnement bactĂ©rien intestinal.
Lâauteur insiste nĂ©anmoins sur lâimportance dâune consommation progressive. Les novices peuvent commencer par des piments doux comme le poblano. Avec lâhabitude, la tolĂ©rance sâaccroĂźt en une semaine environ. De plus, les piments les plus forts contiennent aussi plus dâantioxydants et de composĂ©s phĂ©noliques. Lâauteur recommande entre deux et quatre repas Ă©picĂ©s par semaine, certaines Ă©tudes allant jusquâĂ six Ă sept pour des bĂ©nĂ©fices accrus.
Lâarticle souligne Ă©galement lâeffet comportemental de la capsaĂŻcine : elle ralentit la vitesse de consommation, favorisant la digestion et limitant les excĂšs. Enfin, la maniĂšre de prĂ©parer les piments (frais, cuits lĂ©gĂšrement, associĂ©s Ă des aliments riches en fibres ou en probiotiques) influence leur efficacitĂ© nutritionnelle. Pour les apprivoiser, lâajout de matiĂšres grasses saines comme lâhuile dâolive ou les produits laitiers permet dâen moduler la brĂ»lure.
Inc, Chocolate Prices Are SkyrocketingâThis Company Has a Solution, 16/06/2025
Face Ă la flambĂ©e historique du prix du cacao, qui a bondi de 20 Ă 30 % en 2025, entraĂźnant une hausse probable de 10 Ă 19 % pour les consommateurs, la start-up californienne Voyage Foods propose une solution radicale : un chocolat sans cacao. FondĂ©e en 2021 Ă Oakland, lâentreprise dĂ©veloppe des alternatives aux aliments de base, en misant sur des ingrĂ©dients allergĂšnes-free et rĂ©silients face au climat. Parmi ses produits : du « faux cafĂ© », du beurre de cacahuĂšte sans arachide, une pĂąte Ă tartiner sans noisette, et dĂ©sormais du « chocolat » sans fĂšve de cacao.
Le chocolat alternatif de Voyage Foods repose principalement sur des pĂ©pins de raisin, sous-produit de lâindustrie viticole, associĂ©s Ă des huiles vĂ©gĂ©tales, du sucre, de la farine de protĂ©ines de tournesol, des arĂŽmes naturels et de la lĂ©cithine. Pour Adam Maxwell, fondateur de la sociĂ©tĂ©, le chocolat est davantage une mĂ©thode de transformation (fermentation, torrĂ©faction) quâun ingrĂ©dient unique. Lâobjectif est donc de reproduire la mĂȘme expĂ©rience sensorielle, tout en Ă©liminant la dĂ©pendance au cacao.
Si la version semi-sucrĂ©e de leur chocolat reste perfectible en dĂ©gustation pure (notes herbacĂ©es, lĂ©gĂšre amertume), elle fonctionne bien comme ingrĂ©dient, notamment pour les enrobages de barres, biscuits ou garnitures de viennoiseries. Ce positionnement B2B est stratĂ©gique : Voyage Foods vise Ă fournir des industriels plutĂŽt quâĂ concurrencer les gĂ©ants comme Mars ou NestlĂ© sur le marchĂ© du chocolat fini.
Un partenariat clĂ© a Ă©tĂ© signĂ© en 2024 avec Cargill, gĂ©ant mondial de lâagroalimentaire, qui devient distributeur exclusif de ce chocolat de substitution. Cargill ne vise pas une baisse des coĂ»ts immĂ©diate, mais un Ă©largissement de son offre face Ă la demande croissante pour des produits plus durables et exempts dâallergĂšnes. Dâailleurs, lâensemble des produits de Voyage est dĂ©pourvu des neuf allergĂšnes majeurs.
Selon une analyse indĂ©pendante, ce chocolat prĂ©sente une empreinte carbone rĂ©duite de 61 %, une utilisation des sols 90 % moindre et nĂ©cessite 95 % moins dâeau que le chocolat traditionnel. Alors que le prix du cacao atteint prĂšs de 10 000 $ la tonne, cette solution reprĂ©sente Ă la fois une rĂ©ponse aux tensions du marchĂ© et une opportunitĂ© pour les marques dâafficher des engagements environnementaux concrets.
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O. Frey