đŸđđ Eat's business đđ·đ§ 2025-20
Bonjour Ă toutes et Ă tous, Eat's Business est une newsletter dans laquelle vous trouverez une revue de presse de quelques articles sur le monde de lâalimentaire qui mâont semblĂ© intĂ©ressants dans la semaine prĂ©cĂ©dente.
Pour ceux qui veulent la formule ristretto, les 3 articles que je vous conseille de lire en priorité cette semaine sont :
Le Monde, La gastronomie sâenflamme pour le fumĂ©, 12/06/2025
New York Times, Youâve Heard of Fine Wine. Now Meet Fine Water., 09/06/2025
New York Times, A.I. Is Getting Smarter Every Day. But Can It Cook?, 02/06/2025
Bonne lecture et bonne semaine Ă toutes et Ă tous!
Pour celles et ceux dâentre vous qui ont plus de temps pour la formule lungo :
Libération, Alimentation saine : ouvrir le champ des possibles, 07/06/2025
Dans un contexte marquĂ© par lâinflation et la crise Ă©conomique, lâaccĂšs Ă une alimentation saine et durable demeure complexe pour beaucoup de Français. FrĂ©dĂ©ric Faure, vice-prĂ©sident de Biocoop, souligne que le coĂ»t Ă©levĂ© des produits de qualitĂ© constitue le principal obstacle Ă leur adoption gĂ©nĂ©ralisĂ©e. Il dĂ©nonce une situation paradoxale oĂč ceux qui produisent la nourriture ne peuvent parfois pas s'alimenter correctement eux-mĂȘmes. Selon lui, l'alimentation saine devrait ĂȘtre un droit fondamental au-delĂ de simples recommandations nutritionnelles.
Le modĂšle actuel, axĂ© sur la production de masse et l'utilisation intensive de pesticides pour satisfaire une demande mondialisĂ©e, est critiquĂ© pour ses consĂ©quences environnementales et sociales nĂ©fastes. L'importation massive d'aliments venant de l'autre bout du monde, malgrĂ© son coĂ»t environnemental considĂ©rable, continue d'affaiblir les filiĂšres locales. Par ailleurs, le logo OriginâInfo, qui pourrait renforcer la transparence sur lâorigine des produits alimentaires, n'est toujours pas obligatoire.
Le vice-prĂ©sident de Biocoop pointe Ă©galement du doigt la prĂ©pondĂ©rance de produits ultra-transformĂ©s, peu coĂ»teux mais nĂ©fastes pour la santĂ©, bĂ©nĂ©ficiant dâune promotion disproportionnĂ©e par rapport aux aliments de qualitĂ©. Il appelle Ă la gĂ©nĂ©ralisation du Nutri-Score obligatoire et Ă l'interdiction de la publicitĂ© pour les produits les plus mal notĂ©s. De plus, il critique les pratiques commerciales agressives de la grande distribution qui tirent les prix vers le bas au dĂ©triment de la rĂ©munĂ©ration juste des producteurs.
FrĂ©dĂ©ric Faure affirme que promouvoir une alimentation locale, bio et Ă©quilibrĂ©e ne doit pas ĂȘtre rĂ©servĂ© aux privilĂ©giĂ©s, Ă©voquant des solutions comme le vrac, les produits locaux et le fait maison. Il insiste sur lâimportance dâune transformation culturelle collective et regrette la rĂ©duction du budget de communication de lâAgence Bio, qui nuit Ă la promotion des produits bio. Enfin, il met en avant des initiatives telles que la SĂ©curitĂ© Sociale de lâAlimentation qui visent Ă garantir un droit universel Ă une alimentation de qualitĂ©, considĂ©rant ces dĂ©marches comme essentielles pour enclencher une transition vers une sociĂ©tĂ© plus responsable, solidaire et Ă©quitable.
LâUsine Nouvelle, Les tensions commerciales avec la Chine et les Etats-Unis affectent la filiĂšre française des spiritueux, 13/06/2025
La filiĂšre française des spiritueux subit un recul marquĂ© de ses exportations en raison des tensions commerciales avec la Chine et les Ătats-Unis. En 2024, les ventes Ă lâinternational ont chutĂ© de 6% en valeur, aprĂšs une baisse dĂ©jĂ importante de 12% en 2023. Ce contexte fragilise une industrie stratĂ©gique qui pĂšse 16 milliards d'euros de chiffre d'affaires et 151 000 emplois en France, avec 50% de ses ventes rĂ©alisĂ©es Ă lâĂ©tranger.
La Chine, en particulier, constitue une zone de difficultĂ©s majeures suite Ă l'ouverture d'une enquĂȘte antidumping sur les spiritueux europĂ©ens, entraĂźnant une baisse drastique des exportations françaises vers ce marchĂ© et vers Singapour. Les surtaxes potentielles prĂ©vues pour juillet 2025 risquent d'augmenter les prix de vente de 12% Ă 16%. Gabriel Picard, prĂ©sident de la FĂ©dĂ©ration des exportateurs de vins et spiritueux, regrette notamment le retrait progressif du cognac et de lâarmagnac des repas officiels chinois.
Aux Ătats-Unis, les spiritueux français affrontent Ă©galement des difficultĂ©s dues aux politiques douaniĂšres restrictives mises en place par Donald Trump. Les ventes de cognac, produit phare reprĂ©sentant prĂšs de 67% des exportations françaises vers les Ătats-Unis, ont baissĂ© de 10,9% en 2024. Le rhum et les liqueurs ont Ă©galement enregistrĂ© des diminutions notables.
Par ailleurs, les rejets politiques des accords commerciaux, tels que le CETA avec le Canada et l'accord Mercosur avec le Brésil, entravent le développement potentiel des exportations françaises sur ces marchés importants. La Fédération des exportateurs souhaite cependant des accords sectoriels spécifiques dédiés aux spiritueux pour contourner ces blocages.
En France, les ventes domestiques pĂątissent aussi de la baisse de la consommation d'alcool. La grande distribution enregistre une diminution de 3,8% des volumes vendus et une rĂ©duction de 3,6% des ventes en valeur. Le secteur des cafĂ©s-hĂŽtels-restaurants connaĂźt Ă©galement une baisse des ventes, tant en volume quâen valeur.
LâUsine Nouvelle, Labeyrie dĂ©taille sa stratĂ©gie pour faire bondir son chiffre dâaffaires de 30% en quatre ans, 13/06/2025
Labeyrie Fine Foods ambitionne une forte croissance en visant un chiffre dâaffaires de 1,1 milliard dâeuros dâici 2028, soit une progression de 30% par rapport Ă 2024. Lâentreprise française, spĂ©cialisĂ©e notamment dans le foie gras, le saumon fumĂ© et les produits apĂ©ritifs, prĂ©voit dâimportants investissements industriels afin dâaccompagner cette dynamique. Le prĂ©sident de Labeyrie, Jacques Trottier, affirme que la compĂ©titivitĂ© en France nâest pas entravĂ©e par les charges sociales si les marques proposĂ©es sont attractives et innovantes.
En 2024, Labeyrie a dĂ©jĂ rĂ©alisĂ© une croissance de 7% de son chiffre dâaffaires qui atteignait alors 867 millions dâeuros. Cette performance a Ă©tĂ© favorisĂ©e par lâabsence de grippe aviaire, ce qui a permis une augmentation des volumes en foie gras, ainsi que par de solides ventes de saumon fumĂ© pendant les fĂȘtes et un accueil favorable rĂ©servĂ© Ă ses innovations, notamment des plats prĂ©parĂ©s Ă base de poisson.
Pour rĂ©aliser son objectif, Labeyrie compte augmenter ses ventes de 290 Ă 400 millions de produits d'ici 2028. La moitiĂ© de cette croissance devrait provenir des segments oĂč lâentreprise excelle dĂ©jĂ , tels que le saumon, le foie gras et les produits apĂ©ritifs. Ă cet effet, l'entreprise prĂ©voit d'investir 120 millions dâeuros dans ses douze usines, dont neuf en France, aprĂšs avoir dĂ©jĂ investi 100 millions dâeuros depuis 2020. Ces fonds seront notamment consacrĂ©s Ă l'amĂ©lioration des outils de dĂ©coupe de saumon sur le site de Saint-Geours de Maremne.
Par ailleurs, Labeyrie souhaite renforcer sa prĂ©sence sur de nouveaux marchĂ©s, comme celui de la truite, en sĂ©curisant ses approvisionnements et en augmentant ses capacitĂ©s industrielles dĂ©diĂ©es Ă ce produit. Lâentreprise entend Ă©galement se dĂ©velopper sur le segment des produits vĂ©gĂ©taux, comme le houmous, avec pour objectif que cette catĂ©gorie reprĂ©sente 25% de son chiffre d'affaires d'ici 2028.
Jacques Trottier reste optimiste quant Ă la capacitĂ© de Labeyrie Ă atteindre ses objectifs, soulignant que les restructurations nĂ©cessaires ont Ă©tĂ© rĂ©alisĂ©es durant le cycle inflationniste rĂ©cent, permettant Ă lâentreprise dâĂȘtre parfaitement positionnĂ©e pour tirer profit des segments en reprise aprĂšs la crise.
Les Ăchos, La France, planche de salut du distributeur allemand Metro, 10/06/2025
Le groupe allemand Metro, spĂ©cialisĂ© dans la distribution alimentaire Ă destination des professionnels, a fait de sa filiale française un axe stratĂ©gique majeur dans sa quĂȘte de redressement et de croissance. En 2024, Metro France a gĂ©nĂ©rĂ© un chiffre dâaffaires de 5,2 milliards dâeuros, en hausse de 4 %, et reprĂ©sente aujourdâhui 11 % des effectifs mondiaux du groupe. Avec 99 halles rĂ©parties sur lâensemble du territoire, lâenseigne sâest imposĂ©e comme un acteur incontournable auprĂšs des restaurateurs indĂ©pendants, avec plus de 16 % de parts de marchĂ© dans la restauration commerciale.
Cette rĂ©ussite repose sur un recentrage clair de lâactivitĂ© vers une clientĂšle exclusivement professionnelle, abandonnant le modĂšle de grande distribution grand public. Metro France a Ă©galement misĂ© sur lâomnicanalitĂ© en dĂ©ployant une stratĂ©gie combinant vente physique, livraison et marketplace numĂ©rique. Deux entrepĂŽts logistiques ont Ă©tĂ© rĂ©cemment ouverts Ă Savigny-le-Temple et La BrĂšde, renforçant la capacitĂ© de livraison de lâenseigne. Une plateforme e-commerce de 18 000 mÂČ, situĂ©e dans la Somme, soutient ce virage digital.
Lâaccompagnement des restaurateurs constitue un autre pilier de la stratĂ©gie de Metro France. Lâentreprise propose des services allant de lâamĂ©nagement de cuisine Ă lâaide au calcul de rentabilitĂ©, en passant par la livraison de produits ultra-frais. Cette offre de proximitĂ©, doublĂ©e dâune expertise logistique, permet Ă lâenseigne de se distinguer sur un marchĂ© particuliĂšrement concurrentiel. Metro France domine dĂ©sormais le cash and carry avec 80 % de parts de marchĂ©, loin devant Promocash (Carrefour).
Lâacquisition de Pro Ă Pro en 2017, orientĂ©e vers la restauration collective, sâest avĂ©rĂ©e payante : le chiffre dâaffaires de cette entitĂ© a doublĂ© pour atteindre 1,2 milliard dâeuros en 2023. Metro entend poursuivre cette diversification afin dâĂ©largir son spectre dâintervention.
Dans un contexte marquĂ© par une consommation alimentaire globalement atone, y compris en restauration hors domicile, Metro France parvient Ă maintenir une dynamique positive. Cette performance est saluĂ©e comme un modĂšle de transformation rĂ©ussie, qui repose sur lâagilitĂ© stratĂ©gique, la digitalisation, et une comprĂ©hension fine des attentes des professionnels de la restauration. Face aux nouveaux entrants et aux Ă©volutions des modes de consommation, Metro France dĂ©montre sa capacitĂ© Ă anticiper et Ă sâadapter, consolidant ainsi sa position de leader du secteur.
Le Monde, La gastronomie sâenflamme pour le fumĂ©, 12/06/2025
La gastronomie française connaĂźt un engouement notable pour les saveurs fumĂ©es, une tendance qui dĂ©passe le simple effet de mode pour devenir un vĂ©ritable courant culinaire. Que ce soit dans les cuisines de chefs Ă©toilĂ©s, les restaurants spĂ©cialisĂ©s ou les Ă©piceries fines, le goĂ»t fumĂ© est partout. Cette redĂ©couverte sâinscrit dans une quĂȘte dâauthenticitĂ© et dâĂ©motions gustatives, souvent associĂ©e Ă des souvenirs dâenfance ou Ă des pratiques artisanales ancestrales.
Dans ce contexte, les mĂ©thodes traditionnelles de fumage Ă froid ou Ă chaud sont remises au goĂ»t du jour. Des Ă©tablissements comme The Smoked Meat ou Melt, Ă Paris, mettent en avant des viandes longuement fumĂ©es au bois de hĂȘtre, tandis que dâautres, tels que LâAtelier DĂŒrĂŒm, optent pour un fumage subtil et maĂźtrisĂ©. La tendance touche aussi les produits de la mer : thon fumĂ©, sardines artisanales ou saumon de prestige sâinvitent dans les assiettes des amateurs Ă©clairĂ©s. Le vĂ©gĂ©tal nâest pas en reste avec des alternatives comme le tofu, les huiles ou les sels fumĂ©s.
De grandes maisons françaises comme Petrossian ou Barthouil proposent dĂ©sormais des gammes premium intĂ©grant le fumĂ©, Ă lâimage de ventrĂšche de thon fumĂ©e ou dâĆufs de truite dĂ©licatement travaillĂ©s. Lâunivers des boissons suit cette dynamique avec des cocktails intĂ©grant des Ă©lĂ©ments fumĂ©s, ou encore des thĂ©s comme le lapsang souchong et le hojicha, prisĂ©s pour leurs arĂŽmes profonds.
Cette tendance sĂ©duit particuliĂšrement une jeune gĂ©nĂ©ration de chefs, souvent trentenaires, qui expĂ©rimentent avec les essences de bois, les temps de fumage et les associations audacieuses. Dans leurs Ă©tablissements comme AldĂ©hyde ou Ardent, le fumĂ© devient un langage culinaire, une signature sensorielle Ă part entiĂšre. Il permet de jouer sur la texture, le goĂ»t, la tempĂ©rature, et dâenrichir lâexpĂ©rience gustative.
ParallĂšlement, lâUnion europĂ©enne prĂ©voit dâinterdire les arĂŽmes artificiels de fumĂ© dâici 2029, ce qui pousse les professionnels Ă revenir Ă des techniques artisanales, plus respectueuses de la matiĂšre premiĂšre. Le fumĂ© nâest plus seulement un goĂ»t, câest dĂ©sormais un marqueur de qualitĂ©, un vecteur dâhistoire et de crĂ©ativitĂ© dans une cuisine en perpĂ©tuelle redĂ©finition.
LSA, Fromage végétal : pourquoi Bel (Kiri, Babybel...) a raté son pari avec Nurishh, 09/06/2025
Le groupe Bel, connu pour ses marques emblĂ©matiques comme La Vache qui Rit ou Babybel, a annoncĂ© la fin de sa marque vĂ©gĂ©tale Nurishh, lancĂ©e en 2021, ainsi que la fermeture de lâusine de Saint-Nazaire dâici fin 2025. Cette dĂ©cision met en lumiĂšre lâĂ©chec de la stratĂ©gie de Bel sur le segment encore Ă©mergent du fromage vĂ©gĂ©tal. MalgrĂ© une part de marchĂ© prometteuse Ă ses dĂ©buts (jusquâĂ 44 % en valeur), Nurishh nâa pas rĂ©ussi Ă sâimposer durablement auprĂšs des consommateurs.
Lâentreprise avait pourtant engagĂ© dâimportants investissements pour faire de Nurishh un acteur majeur de la transition alimentaire. Elle sâĂ©tait notamment associĂ©e Ă la start-up amĂ©ricaine Perfect Day pour dĂ©velopper des produits Ă base de protĂ©ines issues de fermentation, et Ă Climax Foods pour recourir Ă lâintelligence artificielle dans la simulation des textures et arĂŽmes des fromages affinĂ©s. Un projet baptisĂ© âCocagneâ avait mobilisĂ© plus de 9 millions dâeuros.
Pourtant, ces innovations nâont pas suffi Ă convaincre. Les critiques portent principalement sur lâabsence de diffĂ©renciation gustative, un manque de storytelling fort, une identitĂ© visuelle jugĂ©e peu attractive et une image trop industrielle. Nurishh a pĂąti de lâimage dâun produit ultra-transformĂ©, peu appĂ©tissant et bon marchĂ©, en dĂ©calage avec les attentes dâun public flexitarien et exigeant.
En parallĂšle, Bel entend recentrer ses efforts sur des versions vĂ©gĂ©tales de ses marques phares, plus connues et mieux perçues. Boursin, Babybel ou encore La Vache qui Rit disposeront ainsi de dĂ©clinaisons vĂ©gĂ©tales, destinĂ©es prioritairement au marchĂ© nord-amĂ©ricain, oĂč lâacceptation des substituts alimentaires est plus avancĂ©e.
Le marchĂ© des alternatives vĂ©gĂ©tales au fromage reste en phase de construction : il reprĂ©sente Ă peine 12 millions dâeuros en France, pour seulement 3,5 % des consommateurs. La croissance est pourtant bien rĂ©elle (+9,9 % en 2024) et des marques comme Violife (40 % de parts de marchĂ©), Tartare VĂ©gĂ©tal ou Jay & Joy misent sur la qualitĂ© artisanale, la fermentation naturelle et des profils organoleptiques diffĂ©renciants.
LâĂ©chec de Nurishh reflĂšte les dĂ©fis dâun secteur encore jeune, oĂč la rĂ©ussite repose autant sur lâinnovation produit que sur la capacitĂ© Ă construire un imaginaire culinaire crĂ©dible et sĂ©duisant.
Inc, An Air-to-Butter Startup Gave Chefs a Taste. They Had Notes, 07/06/2025
La start-up californienne Savor ambitionne de rĂ©volutionner la production de matiĂšres grasses alimentaires avec un concept novateur : crĂ©er du beurre Ă partir de lâair et de lâeau. FondĂ©e par la biologiste Kathleen Alexander, lâentreprise utilise un procĂ©dĂ© thermochimique inspirĂ© des sources hydrothermales naturelles pour transformer du dioxyde de carbone industriel et de lâhydrogĂšne extrait de lâeau en acides gras complexes.
Contrairement Ă la viande cultivĂ©e ou aux substituts vĂ©gĂ©taux, cette technologie ne repose sur aucune source agricole ou biologique. Lâobjectif est de proposer une graisse « sans vache » ni plante, totalement indĂ©pendante des chaĂźnes dâapprovisionnement agricoles, rĂ©duisant ainsi lâempreinte carbone et la dĂ©pendance aux terres arables. Ce modĂšle permet aussi de contourner les risques liĂ©s au changement climatique, Ă la dĂ©forestation ou aux Ă©pidĂ©mies animales.
Le premier produit dĂ©veloppĂ© par Savor est une alternative au beurre, initialement pensĂ©e pour les chefs gastronomiques. Toutefois, aprĂšs plusieurs phases de tests en restauration, lâentreprise a revu son approche, optant pour une version plus neutre et fonctionnelle, mieux adaptĂ©e aux usages professionnels. GrĂące Ă sa flexibilitĂ© chimique, Savor est capable de reproduire diffĂ©rentes structures de graisses : beurre de cacao, suif animal, graisse de canard, etc.
Actuellement, la start-up opĂšre dans une usine pilote de 2 300 mÂČ Ă Batavia, dans lâIllinois. Dâici la mi-2025, elle prĂ©voit de produire 100 kg de graisse par semaine et de commercialiser ses produits via des partenariats ciblĂ©s avec des marques alimentaires. Sont visĂ©s les secteurs de la restauration, du snacking et de la pĂątisserie industrielle, oĂč la standardisation des graisses est cruciale.
Ce projet attire lâattention pour son potentiel Ă transformer lâapprovisionnement mondial en lipides, dans un contexte oĂč les pressions environnementales et nutritionnelles sur les matiĂšres grasses animales et vĂ©gĂ©tales sont de plus en plus fortes. Si le dĂ©fi reste de convaincre les chefs et les consommateurs, la technologie de Savor pourrait ouvrir une nouvelle voie dans la formulation dâaliments durables, sans compromis sur la texture ou la saveur.
CNBC, Spirit makers face a sobering cocktail of challenges â from tariffs to teetotalers, 07/06/2025
Le secteur mondial des spiritueux traverse une pĂ©riode de turbulences, confrontĂ© Ă une conjonction de facteurs dĂ©favorables : tensions gĂ©opolitiques, Ă©volutions des modes de consommation, et nouvelles pressions rĂ©glementaires. Trois gĂ©ants du secteur â Diageo, Pernod Ricard et RĂ©my Cointreau â ont tour Ă tour rĂ©visĂ© Ă la baisse leurs perspectives financiĂšres, signalant un essoufflement prĂ©occupant de la demande mondiale.
En Chine, le marchĂ© du cognac est en nette rĂ©gression. RĂ©my Martin enregistre une baisse de 22 % de ses ventes sur un an, tandis que LVMH annonce un recul de 17 % pour Hennessy. Cette chute sâexplique notamment par lâintensification des tensions commerciales entre la Chine et les Ătats-Unis, qui pĂ©nalisent les marques occidentales dans leur ensemble. LâarrivĂ©e de droits de douane supplĂ©mentaires pourrait encore aggraver la situation.
Aux Ătats-Unis, premier marchĂ© du cognac, le ralentissement est Ă©galement visible. AprĂšs une pĂ©riode dâeuphorie post-Covid, marquĂ©e par une forte consommation de produits premium, les consommateurs adoptent dĂ©sormais des comportements plus prudents. Le segment haut de gamme recule, tandis que les ventes de cocktails prĂȘts Ă boire (RTD) progressent. La montĂ©e du mouvement "sober curious", qui valorise la sobriĂ©tĂ© volontaire, amplifie cette tendance, en particulier chez les jeunes gĂ©nĂ©rations.
Un autre facteur inattendu vient sâajouter : lâessor des mĂ©dicaments de type GLP-1 (comme Ozempic), utilisĂ©s pour traiter le diabĂšte et lâobĂ©sitĂ©, qui rĂ©duisent significativement lâappĂ©tit â et, par extension, la consommation dâalcool. Les premiers retours du terrain suggĂšrent un effet mesurable sur les comportements alimentaires et festifs.
MalgrĂ© ces signaux nĂ©gatifs, les analystes sont partagĂ©s sur la nature du ralentissement. Certains y voient une correction conjoncturelle, liĂ©e Ă une surconsommation pendant la pandĂ©mie, dâautres estiment quâil sâagit dâun changement structurel, annonçant une redĂ©finition durable du rapport Ă lâalcool. Selon UBS, la croissance annuelle du secteur pourrait perdre 1 Ă 2 points par rapport Ă ses performances historiques.
The Washington Post, What type of seafood is healthiest? Hereâs what experts recommend, 11/06/2025
MalgrĂ© ses nombreux bienfaits nutritionnels, le poisson reste largement sous-consommĂ©, en particulier aux Ătats-Unis. Selon les experts en santĂ© publique, prĂšs de 90 % des adultes amĂ©ricains ne respectent pas les recommandations qui prĂ©conisent au moins deux portions de poisson par semaine, soit environ 200 grammes. Pourtant, les produits de la mer sont riches en protĂ©ines de haute qualitĂ©, en vitamines (notamment D et B12), en minĂ©raux (iode, sĂ©lĂ©nium) et surtout en acides gras omĂ©ga-3 (EPA et DHA), essentiels au bon fonctionnement du cĆur, du cerveau et des yeux.
Parmi les meilleures options figurent le saumon (sauvage ou dâĂ©levage), les sardines, le maquereau, la truite arc-en-ciel, les anchois, les moules et les huĂźtres. Ces espĂšces prĂ©sentent lâavantage dâune faible teneur en mercure, dâun bon apport en omĂ©ga-3 et dâun impact environnemental relativement rĂ©duit, notamment lorsquâelles sont issues dâune aquaculture durable. En revanche, certains poissons comme le thon en boĂźte, le tilapia ou les crevettes sont jugĂ©s moins intĂ©ressants sur le plan nutritionnel, du fait de leur pauvretĂ© en omĂ©ga-3 ou de leur exposition Ă des polluants.
Les espĂšces prĂ©datrices telles que lâespadon, le requin, le marlin ou le thon rouge sont dĂ©conseillĂ©es, en raison de leur forte concentration en mercure. Ces recommandations sâappliquent particuliĂšrement aux femmes enceintes, aux enfants et aux personnes vulnĂ©rables. Pour les vĂ©gĂ©tariens ou les personnes allergiques aux fruits de mer, des sources vĂ©gĂ©tales dâomĂ©ga-3 existent sous forme dâALA (acide alpha-linolĂ©nique), que lâon trouve dans les graines de lin, de chia, les noix et certaines huiles. Cependant, la conversion de lâALA en EPA et DHA reste trĂšs faible chez lâhumain.
Des Ă©tudes rĂ©centes montrent que la consommation rĂ©guliĂšre de poisson est corrĂ©lĂ©e Ă une baisse significative de la mortalitĂ© prĂ©maturĂ©e et Ă une amĂ©lioration de la santĂ© cognitive avec lâĂąge. Au-delĂ des bienfaits individuels, il sâagit Ă©galement dâun enjeu Ă©cologique et Ă©conomique. Choisir du poisson local, durable et peu transformĂ© peut contribuer Ă prĂ©server les ressources marines tout en soutenant les filiĂšres de pĂȘche responsables.
Eater, On Instagram, Recipe-Sharing Automation Is Here to Stay, 06/06/2025
Instagram connaĂźt un bouleversement dans la maniĂšre dont les recettes sont partagĂ©es avec les abonnĂ©s. Face Ă lâimpossibilitĂ© dâintĂ©grer des liens cliquables dans les publications, de nombreux crĂ©ateurs se tournent vers lâautomatisation via des chatbots comme Manychat. Le principe est simple : lorsquâun internaute commente une publication avec des mots-clĂ©s comme « recipe » ou « meatball », il reçoit automatiquement la recette en message privĂ©.
Ce systĂšme permet de contourner la limitation structurelle dâInstagram, en assurant une rĂ©ponse rapide et personnalisĂ©e, tout en augmentant le taux dâengagement. Des comptes populaires comme NYT Cooking ont institutionnalisĂ© cette pratique, dĂ©sormais largement rĂ©pandue. Mais cette automatisation soulĂšve aussi des interrogations Ă©thiques et relationnelles.
Des crĂ©ateurs comme Lisa Lin ou Erin Clarkson critiquent la perte de spontanĂ©itĂ© quâinduit cette mĂ©canique. Les commentaires, autrefois espaces dâĂ©change authentique, deviennent de simples dĂ©clencheurs algorithmiques. Le lien entre lâauteur et son public sâappauvrit, laissant place Ă une transaction automatisĂ©e dĂ©nuĂ©e de chaleur humaine. En parallĂšle, les utilisateurs adoptent eux-mĂȘmes une posture utilitariste, commentant mĂ©caniquement sans mĂȘme consulter les instructions donnĂ©es dans la publication.
Cette Ă©volution reflĂšte un enjeu plus large sur les rĂ©seaux sociaux : la tension croissante entre performance algorithmique et relation communautaire. Pour rester visibles, les crĂ©ateurs doivent jouer le jeu des outils de growth hacking, au risque de transformer leur contenu en interface de service client. Ce phĂ©nomĂšne participe Ă ce que certains chercheurs appellent lâ"enschittification" des plateformes : un glissement progressif dâun espace dâexpression libre vers un canal de marketing automatisĂ©.
Taste, The Mung Bean Embraces Its Main Character Moment, 03/06/2025
Le haricot mungo, longtemps cantonnĂ© aux cuisines traditionnelles asiatiques, revient sur le devant de la scĂšne culinaire mondiale. Originaire du sous-continent indien et largement utilisĂ© en Chine, au Vietnam ou en ThaĂŻlande, il est aujourdâhui redĂ©couvert par les gastronomes et les industriels comme une source protĂ©ique vĂ©gĂ©tale aux multiples vertus.
Le mungo se distingue par son excellente composition nutritionnelle : il est riche en protĂ©ines vĂ©gĂ©tales, en fibres, en antioxydants et en micronutriments essentiels (fer, magnĂ©sium, acide folique). Facile Ă digĂ©rer, il est aussi apprĂ©ciĂ© pour sa polyvalence en cuisine : consommĂ© entier, germĂ©, sous forme de farine ou dĂ©cortiquĂ©, il entre dans la composition de plats salĂ©s (dal, soupes, currys) comme sucrĂ©s (desserts vietnamiens, crĂȘpes indiennes).
Sur le plan agricole, cette lĂ©gumineuse prĂ©sente de nombreux avantages. RĂ©siliente face aux Ă©pisodes de sĂ©cheresse, elle pousse rapidement, enrichit les sols en azote et nĂ©cessite peu dâintrants chimiques. Ces caractĂ©ristiques en font une culture de choix dans un contexte de changement climatique et dâagriculture durable. Plusieurs pays explorent dâailleurs sa culture comme alternative aux lĂ©gumineuses plus gourmandes en eau.
Le mungo sĂ©duit Ă©galement les start-up de la foodtech. Lâentreprise amĂ©ricaine Eat Just a lancĂ© JUST Egg, un substitut dâĆuf Ă base de haricot mungo, Ă grand succĂšs aux Ătats-Unis. Dâautres projets alimentaires misent sur sa capacitĂ© Ă se substituer Ă des protĂ©ines animales dans des produits vĂ©gĂ©taliens riches en texture et en goĂ»t.
ParallĂšlement, une nouvelle gĂ©nĂ©ration de chefs occidentaux lâintĂšgre dans des plats fusion, croisant tradition asiatique et modernitĂ© culinaire. Ils valorisent Ă la fois ses qualitĂ©s nutritionnelles, son goĂ»t subtil et sa capacitĂ© Ă incarner une cuisine saine, responsable et crĂ©ative.
New York Times, Youâve Heard of Fine Wine. Now Meet Fine Water., 09/06/2025
Lâeau minĂ©rale entre dans une nouvelle Ăšre de valorisation avec lâessor du marchĂ© des « eaux fines », prĂ©sentĂ©es comme lâĂ©quivalent hydratĂ© du vin de prestige. Des marques comme Svalbardi, qui rĂ©cupĂ©re de lâeau de glaciers, ou Veen, qui vante une puretĂ© exceptionnelle, proposent des bouteilles pouvant atteindre 100 ⏠piĂšce. Le positionnement est rĂ©solument premium, misant sur lâorigine, la minĂ©ralitĂ©, la raretĂ© et le design.
Les promoteurs de cette tendance cherchent Ă Ă©duquer les consommateurs Ă dĂ©guster lâeau comme un vin : en considĂ©rant ses caractĂ©ristiques organoleptiques (goĂ»t, texture, tempĂ©rature de service) et en valorisant son association avec les mets. Des sommeliers de lâeau, Ă lâinstar de Martin Riese, militent pour cette reconnaissance culturelle de lâeau comme boisson noble.
Ce phĂ©nomĂšne est aussi une rĂ©ponse Ă la montĂ©e des modes de vie sains et Ă la baisse de la consommation dâalcool, notamment chez les jeunes adultes. Lâeau devient ainsi une boisson statutaire, pouvant se consommer dans des contextes festifs ou gastronomiques sans alcool. Le packaging, souvent raffinĂ©, et les rĂ©cits autour des sources naturelles contribuent Ă crĂ©er un imaginaire de luxe.
Cependant, cette âfine water cultureâ suscite aussi des critiques. Elle illustre une forme dâĂ©litisme hydrique dans un monde oĂč des millions de personnes nâont pas accĂšs Ă lâeau potable. Dâautres dĂ©noncent son absurditĂ© environnementale : transport longue distance, marketing carbonĂ©, surconsommation dâun bien commun. La controverse reflĂšte un clivage entre innovation de marchĂ© et conscience Ă©cologique.
New York Times, A.I. Is Getting Smarter Every Day. But Can It Cook?, 02/06/2025
Lâintelligence artificielle progresse rapidement dans le domaine culinaire, mais reste loin de rivaliser avec lâintuition et la crĂ©ativitĂ© humaines en cuisine. Des outils comme ChatGPT, utilisĂ©s pour proposer des recettes ou gĂ©nĂ©rer des idĂ©es, dĂ©montrent des capacitĂ©s intĂ©ressantes, mais souvent limitĂ©es en termes de cohĂ©rence, de goĂ»t ou de faisabilitĂ© technique.
Des chefs professionnels ont testĂ© des recettes gĂ©nĂ©rĂ©es par IA, observant des rĂ©sultats parfois inspirants mais frĂ©quemment absurdes ou irrĂ©alisables. LâIA peine Ă tenir compte de la texture, du timing ou des techniques complexes. Elle ignore aussi des variables essentielles comme la saisonnalitĂ© ou lâapprovisionnement local. En revanche, elle excelle dans la combinaison dâidĂ©es existantes, dans le soutien Ă lâorganisation de menus, ou pour des suggestions de substitution dâingrĂ©dients.
Les systĂšmes dâIA Ă©voluent nĂ©anmoins : certains modĂšles intĂšgrent dĂ©sormais des donnĂ©es sensorielles, des bases de connaissances gustatives ou des interfaces vocales. Ă terme, ils pourraient servir dâassistants culinaires intelligents, notamment pour les novices ou les personnes en situation de handicap. Des start-up dĂ©veloppent mĂȘme des robots capables de cuisiner certaines prĂ©parations simples en autonomie.
MalgrĂ© cela, les crĂ©ateurs et artisans de la gastronomie restent unanimes : lâessence de la cuisine repose sur lâhumain. LâĂ©motion, la mĂ©moire, la narration, la sensibilitĂ© au dĂ©tail et la capacitĂ© dâadaptation sont des dimensions inaccessibles aux machines actuelles. Si lâIA peut devenir un partenaire utile, elle ne remplacera pas lâexpertise et la magie du geste culinaire.
The Grocer, Exclusive data on GLP-1âs impact on UK food and drink consumption, 13/06/2025
De nouvelles donnĂ©es exclusives rĂ©vĂšlent lâimpact significatif des traitements GLP-1 (comme Ozempic) sur la consommation de produits alimentaires et de boissons au Royaume-Uni. Ces mĂ©dicaments, utilisĂ©s pour le traitement du diabĂšte de type 2 et de lâobĂ©sitĂ©, rĂ©duisent lâappĂ©tit et influencent directement les habitudes alimentaires.
Les enseignes de la grande distribution et les fabricants de produits alimentaires observent une baisse marquĂ©e des ventes de snacks sucrĂ©s, dâalcools et de produits ultra-transformĂ©s parmi les consommateurs utilisant ces traitements. Les produits riches en protĂ©ines, Ă faible teneur calorique ou perçus comme plus sains enregistrent, Ă lâinverse, une progression. Cela oblige les marques Ă repenser leur offre et leurs stratĂ©gies marketing.
Les donnĂ©es collectĂ©es via des panels consommateurs et des enquĂȘtes ciblĂ©es montrent que les utilisateurs rĂ©guliers de GLP-1 modifient leurs comportements dâachat, mais aussi leurs pratiques sociales (moins de grignotage, rĂ©duction des repas au restaurant, consommation modĂ©rĂ©e dâalcool). Le secteur agroalimentaire sâadapte en ajustant les formats, les recettes et les positionnements nutritionnels.
Cette Ă©volution pourrait se gĂ©nĂ©raliser si lâadoption des GLP-1 se poursuit, bouleversant durablement le marchĂ© de lâalimentation et redĂ©finissant les attentes des consommateurs. Les acteurs de lâagroalimentaire doivent ainsi anticiper des transformations profondes, Ă la croisĂ©e de la mĂ©decine, du bien-ĂȘtre et des choix alimentaires de demain.
New Yorker, How a Hazelnut Spread Became A Sticking Point in Franco-Algerian Relations, 02/06/2025
Un simple pot de pĂąte Ă tartiner El Mordjene a ravivĂ© les tensions historiques entre la France et lâAlgĂ©rie, illustrant Ă quel point lâalimentation peut devenir un objet diplomatique sensible. Lâaffaire a dĂ©butĂ© lorsquâun nutritionniste français, lors dâune Ă©mission tĂ©lĂ©visĂ©e populaire, a citĂ© en exemple la marque en question parmi les produits Ă Ă©viter en raison de leur composition jugĂ©e peu saine (sucre, huile de palme, etc.). Bien que lâintervention se veuille strictement nutritionnelle, la rĂ©action en AlgĂ©rie a Ă©tĂ© immĂ©diate et virulente.
De nombreux internautes, figures publiques et mĂ©dias algĂ©riens y ont vu une attaque directe contre un symbole de la consommation locale et, plus largement, contre la souverainetĂ© alimentaire du pays. Les rĂ©seaux sociaux algĂ©riens se sont enflammĂ©s, appelant au boycott des produits français, dĂ©nonçant une nouvelle forme dâarrogance postcoloniale et critiquant une « stigmatisation » systĂ©matique des produits maghrĂ©bins. Le dĂ©bat a rapidement dĂ©passĂ© la sphĂšre nutritionnelle pour devenir politique et identitaire.
La marque, trĂšs populaire en AlgĂ©rie, est perçue comme un produit familial, accessible et national. Elle est souvent valorisĂ©e comme une alternative locale aux marques occidentales, et son Ă©vocation dans un contexte critique a Ă©tĂ© ressentie comme une remise en cause de cette lĂ©gitimitĂ©. Des figures politiques algĂ©riennes ont mĂȘme pris part Ă la polĂ©mique, accusant les autoritĂ©s françaises dâingĂ©rence symbolique.
Face Ă lâampleur des rĂ©actions, plusieurs responsables français ont tentĂ© dâapaiser les tensions, expliquant quâil sâagissait dâun exemple parmi dâautres, sans connotation culturelle ou nationale. Mais dans un contexte de relations bilatĂ©rales historiquement tendues, notamment sur les questions mĂ©morielles et migratoires, cet Ă©pisode a cristallisĂ© des ressentiments latents.
Cet incident met en lumiĂšre lâimportance croissante de ce quâon appelle dĂ©sormais la diplomatie alimentaire. Les aliments ne sont pas de simples marchandises : ils vĂ©hiculent des imaginaires, des attachements, des fiertĂ©s nationales. Lorsquâils sont perçus comme attaquĂ©s, la rĂ©action dĂ©passe souvent la raison nutritionnelle pour embrasser les enjeux de dignitĂ©, dâautonomie et de reconnaissance.
Fondation Jean-JaurĂšs, Obsoco, La France Ă Table, 2Ăš Ă©dition, Tensions et mutations autour de notre rapport Ă lâalimentation, Juin 2025
Une Ă©tude de la Fondation Jean-JaurĂšs sur la base d'une enquĂȘte de L'ObSoCo qui vise Ă suivre, comprendre et mesurer comment Ă©voluent les prĂ©occupations, les reprĂ©sentations, les attentes, mais aussi les contraintes et donc les pratiques alimentaires des consommateurs.
Parmi les principaux points clés de l'étude :
57% des Français considĂšrent que leur alimentation leur procure du plaisir (-16 points depuis 2016). Le plaisir de manger sâĂ©rode, signe dâun rapport plus contraint Ă lâalimentation.
37% déclarent devoir restreindre leurs dépenses alimentaires pour des raisons économiques ; 11% évoquent des restrictions importantes. Un Français sur dix est confronté à une véritable précarité alimentaire.
43% dßnent seuls à la maison, contre 29% vingt ans plus tÎt. Le repas partagé se dissout progressivement dans les pratiques individuelles.
60% se disent prĂ©occupĂ©s par lâimpact des aliments quâils consomment (+4 points par rapport Ă 2021). Pourtant, lâattention rĂ©ellement portĂ©e Ă ces effets diminue â une dissonance entre intentions et contraintes.
1 Français sur trois suit un régime alimentaire spécifique (sans viande, sans gluten, flexitarien...). Les pratiques se personnalisent, traduisant une autonomie accrue vis-à -vis des normes collectives.
40% estiment que la qualitĂ© des produits alimentaires sâest dĂ©gradĂ©e en cinq ans ; 22% jugent quâelle sâest mĂȘme fortement dĂ©gradĂ©e. Une dĂ©fiance croissante envers lâoffre, nourrie par lâexpĂ©rience directe et un sentiment de dĂ©classement alimentaire.
69% estiment que les marques de distributeur offrent une qualité équivalente à celle des grandes marques.
5,3 : câest le nombre moyen de types de commerces alimentaires frĂ©quentĂ©s rĂ©guliĂšrement (contre 3,3 en 2019). Le parcours dâachat se diversifie et se fragmente, reflet dâune sociĂ©tĂ© de consommateurs plus stratĂšges, mais aussi plus
désorientés.
Agence Bio, Chiffres Clés 2024
La publication annuelle de lâAgence Bio pour tout savoir sur le bio.
Les chiffres Ă retenir :
61 853 fermes engagées, tout ou partie, en agriculture biologique soit
14,9% des fermes françaises.
La surface agricole bio française connait une baisse de 56 197 ha, soit une baisse de 2 %. Le total des surfaces bio, certifiées ou en cours de certification, représente 2,7 M ha soit 10,1% de la surface agricole française.
Le marché de la consommation à domicile des produits biologiques
sâĂ©lĂšve en 2024 Ă 12,176 Mds âŹ, soit une croissance de 0,8% par rapport
Ă 2023 (inflation comprise)
Le poids de lâalimentation biologique dans le panier des Français reste de
5,7% (en valeur, hors inflation)
Les ventes des produits bio ont progressĂ© en valeur dans lâensemble des circuits, Ă lâexception de la grande distribution qui voit ses ventes de bio reculer pour la 4Ăš
année consécutive.
Avec la baisse du poids de la grande distribution, la diversification des circuits bio sâaccroĂźt : le circuit spĂ©cialisĂ© bio a dĂ©passĂ© le stade de la reprise (+6,5% entre
2023 et 2024, contre +2,2% entre 2022 et 2023) et réalise désormais 29% des ventes de produits bio.
La vente directe de produits biologiques nâa pas connu dâannĂ©e noire en 2022 comme les autres circuits, et sa croissance, dĂ©jĂ renforcĂ©e en 2023 (+8,3%, contre +3,7% en 2022) se maintient en 2024 (+7,4%).
French Food Boss est un nouveau podcast sur le monde de la gastronomie française outre-Atlantique proposé par la journaliste Anaïs Digonnet.
Câest tout pour aujourdâhui.
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A la semaine prochaine!
O. Frey