đŸđđ Eat's business đđ·đ§ 2025-17
Bonjour Ă toutes et Ă tous, Eat's Business est une newsletter dans laquelle vous trouverez une revue de presse de quelques articles sur le monde de lâalimentaire qui mâont semblĂ© intĂ©ressants dans la semaine prĂ©cĂ©dente.
Pour ceux qui veulent la formule ristretto, les 3 articles que je vous conseille de lire en priorité cette semaine sont :
Les Ăchos, Alpina Savoie innove avec des pĂątes garanties sans pesticides, 15/05/2025
New York Times, Group Dining on Ozempic? Itâs Complicated., 12/05/2025
Wall Street Journal, The App That Makes Rating Restaurants Fun Againâand Gets Better the More You Use It, 09/05/2025
Bonne lecture et bonne semaine Ă toutes et Ă tous!
Pour celles et ceux dâentre vous qui ont plus de temps pour la formule lungo :
LâUsine Nouvelle, Pour les marques alimentaires, il est urgent de ne plus parler (que) de prix, 15/05/2025
Dans un contexte Ă©conomique encore marquĂ© par lâinflation et une consommation atone, la grande distribution et les marques alimentaires persistent Ă axer leur communication sur le prix. Cette stratĂ©gie, bien que comprĂ©hensible pour relancer les volumes de vente restĂ©s en deçà des niveaux de 2019, prĂ©sente toutefois un risque rĂ©el : celui de banaliser lâoffre et dâeffacer les spĂ©cificitĂ©s de chaque marque. Lâobsession du prix nuit Ă la diffĂ©renciation, alors mĂȘme que lâaccessibilitĂ© est devenue une attente basique, non un levier distinctif.
Le retour aux « fondamentaux » par la grande distribution met de cĂŽtĂ© des thĂ©matiques plus valorisantes comme la santĂ©, la qualitĂ©, lâorigine ou lâimpact environnemental. Le logo « OriginâInfo », par exemple, peine Ă se gĂ©nĂ©raliser dans les rayons. Pourtant, certains segments parviennent Ă tirer leur Ă©pingle du jeu en capitalisant sur dâautres tendances : lâalimentation fonctionnelle (produits enrichis en protĂ©ines, boissons Ă©nergisantes), lâexotisme culinaire (cuisines italienne ou asiatique), ou encore la montĂ©e en puissance, bien que modeste, du vĂ©gĂ©tal. Le lancement par Barilla de pĂątes protĂ©inĂ©es illustre cette volontĂ© de croiser nutrition et innovation.
En revanche, le bio et les produits durables peinent Ă retrouver leur dynamique post-Covid. Selon Emily Mayer (Circana), la crise sanitaire avait artificiellement stimulĂ© le bio et les circuits courts, davantage par effet de pĂ©nurie que par une prise de conscience durable. Depuis, le bio subit des baisses significatives, sauf dans les circuits spĂ©cialisĂ©s. La grande distribution, elle, nâa pas encore totalement rĂ©intĂ©grĂ© les enjeux Ă©cologiques et de santĂ© dans ses prioritĂ©s, comme le souligne une Ă©tude du RĂ©seau Action Climat. Cette derniĂšre dĂ©nonce un manque de transparence et une faible valorisation de lâalimentation durable dans 200 supermarchĂ©s analysĂ©s.
Ce constat invite les marques Ă revoir leur copie. Miser uniquement sur les prix peut entraĂźner une forme de nivellement par le bas, alors que le contexte actuel offre aussi des opportunitĂ©s de rĂ©affirmer leur identitĂ© par la qualitĂ© nutritionnelle, lâinnovation produit, ou des engagements environnementaux. La prochaine pĂ©riode de nĂ©gociations commerciales pourrait ĂȘtre lâoccasion pour les acteurs de la grande consommation de rééquilibrer leur discours et dâembrasser des stratĂ©gies de valeur plutĂŽt que de volume.
Le Figaro, Des menus étoilés pour des personnes précaires: au Refettorio, la haute gastronomie pour la bonne cause, 16/05/2025
Dans la crypte de lâĂ©glise de la Madeleine Ă Paris, le Refettorio accueille chaque semaine des centaines de personnes en situation de prĂ©caritĂ©, leur offrant bien plus quâun simple repas : une vĂ©ritable expĂ©rience gastronomique solidaire et Ă©coresponsable. Depuis sa crĂ©ation en 2018 par le chef Massimo Bottura, lâartiste JR et lâentrepreneur Jean-François Rial, ce lieu unique conjugue excellence culinaire, lutte contre le gaspillage alimentaire et soutien aux personnes en difficultĂ©.
Chaque soir de semaine, une centaine de convives â sans-abri, rĂ©fugiĂ©s, travailleurs pauvres ou personnes handicapĂ©es â sont orientĂ©s vers le Refettorio par un vaste rĂ©seau de 550 associations partenaires. Les repas, prĂ©parĂ©s exclusivement Ă partir dâinvendus alimentaires, sont confectionnĂ©s par deux cheffes rĂ©sidentes, Blandine Paris et Marine Beulaigue, accompagnĂ©es dâun noyau de bĂ©nĂ©voles fidĂšles. Ă cela sâajoute la participation hebdomadaire de grands chefs invitĂ©s â souvent Ă©toilĂ©s â qui relĂšvent le dĂ©fi de composer un menu gastronomique en cinq services avec les ingrĂ©dients disponibles du jour.
Ce lundi-lĂ , câest la cheffe Lise Deveix, patronne du restaurant Sadarnac, qui signe le menu. InspirĂ©e, engagĂ©e, elle improvise une cuisine de saison, inventive et raffinĂ©e, avec les produits fournis par la Banque alimentaire et des producteurs partenaires. Son menu associe radis beurre tempĂ©rĂ©, carottes rĂŽties aux suprĂȘmes dâorange sanguine, pommes Anna croustillantes, tarte Tatin revisitĂ©e Ă la farine de maĂŻs, et mignardise Ă base de citron et aquafaba. Ce dĂ©fi culinaire, plus exigeant que certains concours tĂ©lĂ©visĂ©s selon elle, lâoblige Ă se recentrer sur lâessentiel : la cuisine comme acte de partage et dâattention.
Le Refettorio est aussi un lieu de rencontre et dâĂ©change. Chaque soir, les Ă©quipes lancent une âquestion de la semaineâ pour crĂ©er du lien entre bĂ©nĂ©voles et bĂ©nĂ©ficiaires. Lâambiance y est bienveillante, rigoureuse et chaleureuse. Les chefs encadrent le service avec pĂ©dagogie, et tout est mis en Ćuvre pour que les invitĂ©s repartent avec le sentiment dâavoir Ă©tĂ© considĂ©rĂ©s avec dignitĂ©.
En donnant une seconde vie aux aliments et en redonnant de la valeur Ă chaque repas, le Refettorio incarne une autre vision de la gastronomie, oĂč lâexcellence ne sâoppose ni Ă la solidaritĂ©, ni Ă lâĂ©cologie. Une initiative exemplaire qui rĂ©concilie plaisir, utilitĂ© sociale et responsabilitĂ© environnementale.
LibĂ©ration, Ćuf-mayo, knack-frites ou Ă la poĂȘle : voyage Ă travers 50 nuances de pizzas, 16/05/2025
Le journaliste et critique culinaire EzĂ©chiel ZĂ©rah nous propose un pĂ©riple savoureux Ă travers lâItalie, Ă la dĂ©couverte des nombreuses variantes rĂ©gionales de pizza, loin de la seule â et parfois tyrannique â pizza napolitaine. En deux semaines, il traverse la Botte, de la Sicile Ă la Ligurie, en quĂȘte de recettes locales souvent mĂ©connues, authentiques, Ă©tonnantes, voire transgressives aux yeux des puristes.
Ă Pesaro, dans les Marches, il dĂ©couvre la pizzetta Rossini, petite tarte garnie de tomate, dâĆuf dur et de mayonnaise, emblĂšme culinaire local, souvent consommĂ©e au petit-dĂ©jeuner. En Sicile, Ă Palerme, la star sâappelle sfincione : une pizza moelleuse et Ă©paisse, nappĂ©e dâun mĂ©lange dâoignons, dâanchois, de chapelure, de sauce tomate et de fromage caciocavallo, hĂ©ritĂ©e de religieuses du XVIIIe siĂšcle. Ă Trapani, la rianata se distingue par son goĂ»t puissant dâorigan. Ă Messine, la focaccia tricotĂ©e associe scarole, anchois et fromage tuma.
Chaque rĂ©gion possĂšde son identitĂ©, son style de pĂąte, ses garnitures et ses traditions. En Calabre, Ă Castrovillari, on parle de « pitta », une pizza cuite Ă la poĂȘle avec tomates, poivrons et basilic. Ă Rome, la scrocchiarella est fine et trĂšs croustillante. Ă Milan, la pizza al trancio â en tranche â se prĂ©sente sous la forme dâun matelas de fromage sur une base briochĂ©e. Ă Turin, la pizza al padellino est cuite dans une petite poĂȘle ronde et prĂ©cĂšde la fameuse farinata aux pois chiches.
ZĂ©rah montre comment cette diversitĂ© reste peu reconnue en dehors de lâItalie, oĂč lâAssociazione Verace Pizza Napoletana tente de codifier la napolitaine comme lâunique rĂ©fĂ©rence. Pourtant, dâautres rĂ©gions rĂ©sistent, Ă lâimage de la pizza al metro (en mĂštre), de la pinsa romana ou de la pizza parigina de Naples.
Le journaliste sâattarde aussi sur lâĂ©mergence de nouvelles formes de pizza Ă lâĂ©tranger : Ă SĂŁo Paulo, avec ses disques aux trois garnitures, ou Ă New York, oĂč la mozzarella est parfois dĂ©posĂ©e froide sur la part chaude. Il dĂ©nonce lâobsession normative et rappelle que la pizza, nĂ©e dâun reste de pĂąte Ă pain, est un plat populaire, vivant, en perpĂ©tuelle mutation.
LSA, Agritech : les paris de la toute premiÚre ferme d'élevage de gambas française qui ouvre prÚs de Rennes (reportage), 15/05/2025
Avec lâinauguration de son site "Mangrove 1" Ă BrĂ©al-sous-Montfort, prĂšs de Rennes, la start-up française Agriloops signe une premiĂšre europĂ©enne : une ferme aquaponique en eau salĂ©e dĂ©diĂ©e Ă lâĂ©levage de gambas. AprĂšs huit annĂ©es de recherche et dĂ©veloppement, ce projet industriel allie aquaculture et maraĂźchage, dans une dĂ©marche locale et circulaire.
Le principe dâAgriloops repose sur la rĂ©utilisation des effluents des gambas â riches en nutriments â pour irriguer des cultures maraĂźchĂšres. InstallĂ©e sur 2 000 mÂČ, la ferme est divisĂ©e en trois zones : production de tomates cerise, stockage (eau et produits), et culture de jeunes pousses. GrĂące Ă une gestion informatisĂ©e, la tempĂ©rature, lâhumiditĂ© et lâirrigation sont automatisĂ©es. En dehors de la saison des tomates, Agriloops diversifie ses cultures avec des lĂ©gumes comme le chou asiatique, optimisant ainsi ses rendements.
Le modĂšle repose sur une synergie complĂšte : les tomates nâutilisent pas les nutriments contenus dans lâeau recyclĂ©e, qui sont en revanche trĂšs utiles aux jeunes pousses, notamment cultivĂ©es en plaques sur lit dâeau. Cette complĂ©mentaritĂ© permet une culture sans engrais chimiques. CommercialisĂ©s auprĂšs des grossistes, primeurs et enseignes comme E.Leclerc, les produits sont pour lâinstant positionnĂ©s en gamme premium. Le goĂ»t des lĂ©gumes, notamment plus sucrĂ©, serait mĂȘme bonifiĂ© par lâeau salĂ©e, selon JĂ©rĂ©mie Cognard, cofondateur de lâentreprise.
Sur le plan aquacole, la production de gambas dĂ©butera Ă lâautomne 2025, les premiĂšres larves Ă©tant attendues sous quinzaine. LâĂ©levage se fera en six bassins de 80 mÂł chacun, pouvant contenir jusquâĂ 60 000 crevettes. AprĂšs un passage en nurserie pour surveiller leur santĂ©, les gambas grossiront pendant trois Ă quatre mois avant dâĂȘtre pĂȘchĂ©es. Objectif : atteindre une production hebdomadaire de 800 kg sous un an.
Le projet a sĂ©duit investisseurs et Ă©lus locaux, et bĂ©nĂ©ficie du soutien de la French Tech Rennes. Il sâinscrit aussi dans un enjeu stratĂ©gique : rĂ©duire la dĂ©pendance française aux importations de gambas, Ă©valuĂ©es entre 80 000 et 100 000 tonnes par an, alors que la production nationale reste marginale.
Mangrove 1 nâest quâun point de dĂ©part. Pour JĂ©rĂ©mie Cognard, cette ferme pionniĂšre pourrait servir de modĂšle rĂ©plicable dans dâautres territoires, prouvant quâil est possible de concilier production locale, durabilitĂ© environnementale et innovation agroalimentaire.
Les Ăchos, Steak de soja, jambon de lentilles⊠le secteur du traiteur vĂ©gĂ©tal progresse en France, 16/05/2025
PortĂ© par des prĂ©occupations environnementales, de santĂ© et de bien-ĂȘtre animal, le secteur du traiteur vĂ©gĂ©tal connaĂźt une croissance soutenue en France, bien quâil reste encore en retrait par rapport Ă dâautres marchĂ©s europĂ©ens. En 2024, le chiffre dâaffaires du secteur a atteint 162 millions dâeuros, soit une croissance de 13 % en valeur et 9,6 % en volume selon Nielsen. Le segment des substituts de viande (simili-carnĂ©) affiche des performances encore plus dynamiques, avec une hausse de 33,5 %, pour un total de 87 millions dâeuros.
Une vingtaine dâacteurs se partagent ce marchĂ© en pleine structuration, mĂȘlant start-up spĂ©cialisĂ©es et groupes agroalimentaires historiques. Deux leaders se dĂ©marquent : Garden Gourmet (groupe NestlĂ©), avec un chiffre dâaffaires de 45 millions dâeuros, et HappyVore, entreprise française approchant les 30 millions. Chacun reprĂ©sente environ 20 % des parts de marchĂ©. Cette pluralitĂ© devrait bientĂŽt Ă©voluer vers une rationalisation, estime Guillaume Gachet (Garden Gourmet), au vu de la taille encore limitĂ©e du marchĂ©.
La consommation reste dominĂ©e par les vĂ©gĂ©tariens, vĂ©gĂ©taliens et flexitariens rĂ©guliers. En 2022, seuls 10 % des 16-25 ans se dĂ©claraient vĂ©gĂ©tariens ou vĂ©ganes, et un Français sur deux se considĂ©rait « flexitarien ». MalgrĂ© cela, moins dâun quart consomment rĂ©guliĂšrement des produits vĂ©gĂ©taux transformĂ©s. Ce retard se constate dans la comparaison avec lâAllemagne ou les pays nordiques, oĂč la pĂ©nĂ©tration du marchĂ© dĂ©passe les 30 %, voire 50 %. En France, ce segment reprĂ©sente moins de 20 % du marchĂ© allemand.
Pour sĂ©duire au-delĂ des niches, les industriels misent sur deux leviers : le goĂ»t et la praticitĂ©. La recherche gustative est devenue centrale, avec des rĂ©fĂ©rences qui sâinspirent des plats familiaux â cordons bleus vĂ©gĂ©taux, nuggets, steaks â pour rassurer les consommateurs. Les Nutri-Score favorables (souvent A ou B) et la rĂ©duction des additifs renforcent Ă©galement leur attractivitĂ©. Certaines marques, comme HappyVore, innovent avec des produits gourmands et rassurants, comme le "Croqâcoulis" vegan.
Une nouvelle tendance émerge : les plats cuisinés végétariens et végans, à fort potentiel selon les experts, car répondant à une demande croissante de praticité. Bien que ce segment en soit à ses débuts, il pourrait devenir une clé de croissance dans les années à venir.
En résumé, le traiteur végétal français est en pleine évolution : dynamique, prometteur, mais encore en phase de rattrapage. Son avenir repose sur sa capacité à convaincre une clientÚle plus large, notamment les familles flexitariennes, avec une offre savoureuse, accessible et adaptée aux usages du quotidien.
Les Ăchos, Alpina Savoie innove avec des pĂątes garanties sans pesticides, 15/05/2025
Le pastier savoyard Alpina Savoie, doyen de la filiĂšre française fondĂ© en 1844, franchit une nouvelle Ă©tape en sâengageant dans la production de pĂątes garanties sans rĂ©sidus de pesticides. Cette innovation stratĂ©gique, qui vient renforcer son ancrage dans une alimentation plus durable, vise Ă rĂ©pondre aux attentes croissantes des consommateurs, notamment les plus jeunes, pour des produits Ă la fois sains et locaux.
Alpina, dĂ©jĂ pionnier du bio avec la premiĂšre filiĂšre française de blĂ© dur bio lancĂ©e en 2010, refuse cependant dâabandonner le label biologique malgrĂ© les difficultĂ©s actuelles du secteur. Selon son prĂ©sident Nicolas Guize, le nouveau positionnement « zĂ©ro rĂ©sidu » vient complĂ©ter cette dĂ©marche, en offrant une alternative crĂ©dible et contrĂŽlĂ©e : les pesticides peuvent ĂȘtre utilisĂ©s de maniĂšre limitĂ©e en cas dâalĂ©as, mais les pĂątes finales ne doivent contenir aucune trace dĂ©tectable de ces substances aprĂšs analyse.
Lâensemble de la gamme â des classiques comme les vermicelles, les avoines, les perles, jusquâaux spĂ©cialitĂ©s rĂ©gionales comme les crozets â basculera vers cette norme dâici fin 2025. Cela reprĂ©sente 80 % de la production de lâentreprise, soit 50 000 tonnes de blĂ© dur transformĂ©es chaque annĂ©e dans son moulin de ChambĂ©ry. Ce blĂ©, issu dâune filiĂšre 100 % française et contractualisĂ©e via des coopĂ©ratives agricoles, est cultivĂ© sur environ 12 000 hectares.
Lâenjeu est aussi Ă©conomique. Le marchĂ© des pĂątes reste trĂšs concurrentiel, particuliĂšrement sur les rĂ©fĂ©rences classiques, dominĂ©es par les marques de distributeurs (MDD). Alpina, spĂ©cialisĂ© dans les petites pĂątes utilisĂ©es dans les soupes, risottos ou salades, souffre moins de cette pression. En 2024, bien que son chiffre dâaffaires ait reculĂ© de 5 % (85 millions dâeuros), ses volumes ont progressĂ© de 4,8 %, preuve dâun maintien de la demande malgrĂ© les turbulences. GrĂące Ă la baisse des coĂ»ts des matiĂšres premiĂšres et de lâĂ©nergie, les prix ont mĂȘme reculĂ© de 10 % en 2024 et continueront de baisser cette annĂ©e.
Lâentreprise mise sur cette diffĂ©renciation pour sĂ©duire de nouveaux consommateurs et soutenir une filiĂšre agricole fragilisĂ©e par la dĂ©prise de la culture de blĂ© dur en France. Elle bĂ©nĂ©ficie aussi des synergies créées depuis le rachat des PĂątes GrandâMĂšre en Alsace. Ă terme, Alpina veut faire du "sans rĂ©sidu" un nouveau standard de qualitĂ© dans les rayons, sans pour autant sacrifier le bio.
Les Ăchos, Eaux minĂ©rales : les industriels se dĂ©chirent sur le cas Perrier, 13/05/2025
Lâaffaire Perrier, au cĆur dâun dĂ©bat rĂ©glementaire et environnemental, agite profondĂ©ment le secteur des eaux minĂ©rales naturelles. En cause : les pratiques de traitement mises en Ćuvre par NestlĂ© Waters sur la source de VergĂšze (Gard), remettant potentiellement en cause lâappellation « eau minĂ©rale naturelle ». Face Ă cela, la Maison des Eaux MinĂ©rales Naturelles (MEMN), regroupant cinq acteurs majeurs du secteur, affirme son attachement Ă une stricte dĂ©finition de cette appellation, fondĂ©e sur la puretĂ© originelle et lâunicitĂ© minĂ©rale.
Selon le Code de la santĂ© publique et la directive europĂ©enne de 2009, les eaux minĂ©rales ne peuvent subir aucun traitement modifiant leur flore microbienne. Or, pour rĂ©pondre Ă des risques sanitaires, NestlĂ© a installĂ© des systĂšmes de microfiltration Ă 0,2 micron, qui Ă©liminent certains micro-organismes et modifient ainsi le « microbisme » naturel. Une pratique dĂ©noncĂ©e par le rapport sĂ©natorial Ă venir et critiquĂ©e par la prĂ©fecture du Gard, qui a demandĂ© le retrait de ces filtres. Le rapport dâhydrogĂ©ologues Ă©voque mĂȘme des « dĂ©viations microbiologiques » prĂ©occupantes.
Pour la MEMN, reprĂ©sentĂ©e par Cathy Le Hec (Danone), cette situation ne doit pas ouvrir la voie Ă un assouplissement des normes. PrĂ©server lâimage et la spĂ©cificitĂ© des eaux minĂ©rales naturelles passe par le respect strict des critĂšres initiaux. Toute exception, mĂȘme motivĂ©e par des impĂ©ratifs sanitaires, risque de crĂ©er une catĂ©gorie Ă deux vitesses, au dĂ©triment de la confiance des consommateurs.
Mais cette position rigoureuse masque des tensions profondes. Perrier, marque emblĂ©matique, emploie un millier de personnes Ă VergĂšze. Son Ă©ventuel dĂ©classement menacerait des centaines dâemplois, notamment dans la verrerie voisine. Face Ă ces enjeux Ă©conomiques, la prĂ©sidente de la rĂ©gion Occitanie, Carole Delga, appelle Ă une Ă©volution lĂ©gislative permettant dâadapter les mĂ©thodes de traitement Ă la rĂ©alitĂ© des ressources, tout en garantissant la sĂ©curitĂ© sanitaire.
La MEMN, si elle reste inflexible sur les principes, nâexclut pas un dĂ©bat sur la rĂ©glementation, notamment pour harmoniser les pratiques Ă lâĂ©chelle europĂ©enne. Toutefois, elle rejette lâidĂ©e dâune gĂ©nĂ©ralisation de la microfiltration, incompatible avec lâessence mĂȘme de lâeau minĂ©rale naturelle. Ă travers le cas Perrier, câest toute la filiĂšre qui est confrontĂ©e Ă un dilemme : prĂ©server la puretĂ© perçue par les consommateurs tout en faisant face aux rĂ©alitĂ©s de lâĂ©volution de la ressource.
LâExpress, Le saumon de nos assiettes nâa plus rien de sauvage : enquĂȘte sur la face cachĂ©e dâune industrie prospĂšre, 05/05/2025
Le saumon, aliment phare des assiettes françaises, est aujourdâhui Ă 99 % issu de lâĂ©levage industriel, majoritairement en NorvĂšge et en Islande. Si la France est le premier consommateur europĂ©en, avec 300 000 tonnes ingĂ©rĂ©es chaque annĂ©e, ce succĂšs dissimule une rĂ©alitĂ© bien moins reluisante : une industrie intensive, fortement critiquĂ©e pour ses impacts environnementaux, sanitaires et gĂ©nĂ©tiques.
Lâarticle sâouvre sur une scĂšne insolite mais rĂ©vĂ©latrice : lâĂ©vasion de 27 000 saumons dâĂ©levage aprĂšs une tempĂȘte, incitant le gĂ©ant norvĂ©gien Mowi Ă offrir une prime pour leur recapture. Ce type dâincident, devenu frĂ©quent, menace directement les saumons sauvages, dĂ©jĂ affaiblis par le changement climatique. Le croisement gĂ©nĂ©tique entre individus dâĂ©levage et populations sauvages compromet lâadaptabilitĂ© des seconds Ă leur environnement, affectant la biodiversitĂ© fluviale, comme lâexpliquent chercheurs et ONG environnementales.
Au-delĂ des fuites, les installations en mer gĂ©nĂšrent dâimportants rejets organiques (dĂ©jections, nourriture non consommĂ©e) qui perturbent les Ă©cosystĂšmes des fjords. La promiscuitĂ© entre milliers de poissons accentue la propagation de maladies et de parasites, notamment les poux de mer, causant des plaies et un stress chronique. Le taux de mortalitĂ© atteint parfois 40 %, selon Icelandic Wildlife Fund. En 2023, la NorvĂšge a enregistrĂ© 62,8 millions de saumons morts en Ă©levage.
Face Ă ces dĂ©rives, les voix sâĂ©lĂšvent. Des figures locales comme la chanteuse Björk ou des ONG soutenues par Patagonia militent contre lâimplantation de nouvelles fermes, comme celle projetĂ©e Ă Seydisfjordur. Ces mobilisations reflĂštent une opposition croissante Ă un modĂšle perçu comme destructeur de milieux vierges.
Pour rĂ©duire lâempreinte Ă©cologique, certains acteurs misent sur lâaquaculture terrestre en circuit fermĂ©. Ces systĂšmes permettent de contrĂŽler les rejets et dâĂ©viter les Ă©vasions. Toutefois, ils posent dâautres dĂ©fis : coĂ»ts Ă©levĂ©s, gestion technique dĂ©licate, densitĂ© de population problĂ©matique. En France, deux projets Ă Boulogne-sur-Mer et Verdon-sur-Mer suscitent des rĂ©sistances locales. Un moratoire de dix ans est mĂȘme proposĂ© par des dĂ©putĂ©s Ă©cologistes.
Enfin, lâarticle interroge notre dĂ©pendance Ă ce produit devenu industriel. Des alternatives locales et durables existent : truite, dorade, bar⊠Autant de ressources Ă valoriser pour sortir dâun modĂšle fondĂ© sur lâĂ©levage de masse. Le saumon, jadis produit dâexception, est devenu le « poulet industriel de la mer », posant des questions fondamentales sur lâavenir de notre alimentation et de lâaquaculture.
Le Nouvel Obs, Pourquoi les vins grecs gagnent vraiment Ă ĂȘtre mieux connus, 10/05/2025
Longtemps rĂ©duits Ă quelques stĂ©rĂ©otypes comme le retsina ou la feta, les vins grecs connaissent aujourdâhui une vĂ©ritable renaissance en France, portĂ©e par une nouvelle gĂ©nĂ©ration de vignerons et de restaurateurs engagĂ©s. Cet article de Zazie Tavitian explore la montĂ©e en puissance de ces crus hellĂ©niques qui sĂ©duisent de plus en plus dâamateurs, loin des clichĂ©s et avec une forte identitĂ© terroir.
Ă Paris, le traiteur grec Etsi illustre cette dynamique. Sa fondatrice, la cheffe Mikaela Liaroutsos, a Ă©tĂ© lâune des premiĂšres Ă miser sur une carte exclusivement composĂ©e de vins grecs. Au dĂ©part confrontĂ©e Ă la mĂ©fiance du public, elle constate dĂ©sormais une curiositĂ© grandissante. Son parcours rejoint celui dâautres figures influentes comme les frĂšres Chantzios (huile dâolive Kalios) ou Alexandros Rallis (Profil Grec), tous militants dâune gastronomie hellĂ©nique authentique.
Cette rĂ©volution Ćnologique repose sur un socle solide : plus de 200 cĂ©pages autochtones (assyrtiko, xinomavro, liatiko, etc.), des terroirs dâune incroyable diversitĂ© â entre montagnes, volcans et littoral â et une tradition viticole ancrĂ©e dans le quotidien. Apostolos Valleras, chef et exportateur de vins, souligne combien la viticulture est omniprĂ©sente en GrĂšce, parfois relĂ©guĂ©e Ă lâarriĂšre-plan pendant des dĂ©cennies, mais dĂ©sormais remise Ă lâhonneur avec des mĂ©thodes naturelles, sans filtration et Ă faible teneur en soufre.
Cette nouvelle scĂšne viticole a souvent Ă©mergĂ© Ă la suite de la crise Ă©conomique de 2008, qui a poussĂ© de jeunes Grecs Ă se tourner vers lâexportation et Ă redonner sens Ă la production locale. Yorgos Ioannidis, ancien sommelier et fondateur dâOenos LFP, a Ă©tĂ© un pionnier dans lâaccompagnement des petits vignerons vers les marchĂ©s Ă©trangers, notamment français. Les salons du vin dâAthĂšnes deviennent ainsi un vivier de dĂ©couvertes, mĂȘme si les importations restent freinĂ©es par lâabsence dâune filiĂšre structurĂ©e.
Lâarticle met en lumiĂšre trois cuvĂ©es emblĂ©matiques de cette nouvelle vague : un retsina bio (Domaine Aoton) aux arĂŽmes dâagrumes et de pin, un blanc nature issu du muscat (Sous le vĂ©gĂ©tal), et un rouge dĂ©licat Ă base dâavgoustiatis (Domaine Kefallinos). Toutes tĂ©moignent dâun savoir-faire retrouvĂ©, dâun respect du terroir et dâun goĂ»t de lâexpĂ©rimentation.
Loin dâune volontĂ© de conquĂȘte massive, les acteurs du vin grec misent sur la singularitĂ©, lâauthenticitĂ© et la finesse. Une stratĂ©gie qui commence Ă porter ses fruits auprĂšs des amateurs français en quĂȘte dâalternatives aux standards internationaux.
The Guardian, Dairy companies âturning blind eyeâ to global methane emissions, report suggests, 14/05/2025
Les grandes entreprises laitiĂšres et les chaĂźnes de cafĂ©s nĂ©gligent largement leur impact climatique, en particulier les Ă©missions de mĂ©thane, selon un rapport de lâONG Changing Markets Foundation. LâĂ©levage bovin destinĂ© Ă la production de lait est responsable de 32 % des Ă©missions mondiales de mĂ©thane, un gaz Ă effet de serre 80 fois plus puissant que le COâ sur 20 ans. Il est responsable de prĂšs de la moitiĂ© du rĂ©chauffement global depuis 1750.
Parmi les 20 entreprises analysĂ©es (reprĂ©sentant prĂšs de 420 milliards de dollars de chiffre dâaffaires), trĂšs peu prennent le sujet au sĂ©rieux : la plupart nâont ni objectifs clairs de rĂ©duction du mĂ©thane, ni plans dâaction crĂ©dibles, ni rĂ©elle transparence sur leurs Ă©missions. Seules Danone et NestlĂ© affirment avoir rĂ©duit leurs rejets. Danone se distingue comme la seule Ă sâĂȘtre fixĂ©e une cible spĂ©cifique sur ce gaz. General Mills, deuxiĂšme du classement, a un objectif climatique global, mais sans volet mĂ©thane. NestlĂ©, troisiĂšme ex ĂŠquo avec Arla, est Ă©galement la seule entreprise Ă soutenir une rĂ©duction de la consommation de produits laitiers.
Pour Nusa Urbancic, directrice de Changing Markets, cette inaction reflĂšte un dĂ©ni stratĂ©gique : âLes entreprises ferment les yeux sur un des leviers les plus puissants et faciles Ă actionner contre le rĂ©chauffement.â Selon elle, les engagements volontaires ne suffisent plus. Elle appelle les gouvernements, notamment europĂ©ens, Ă imposer des objectifs de rĂ©duction contraignants, en cohĂ©rence avec leur rĂŽle moteur dans lâinitiative mondiale sur le mĂ©thane.
LâĂ©tude englobe les plus gros producteurs laitiers dâEurope et dâAmĂ©rique du Nord, les cinq principales chaĂźnes de cafĂ©s, ainsi que les huit membres de la Dairy Methane Action Alliance, qui se rĂ©vĂšle, pour lâinstant, largement inefficace. Seule Arla a mentionnĂ© des objectifs "basĂ©s sur la science", mais sans prĂ©cision sur les rĂ©sultats obtenus.
Ce rapport met ainsi en lumiĂšre lâĂ©cart croissant entre les discours climatiques des industriels et leurs actions concrĂštes. Sans pression politique forte, la filiĂšre laitiĂšre risque de continuer Ă contribuer de façon significative au rĂ©chauffement climatique mondial.
Fast Company, Calorie labels may backfire when it comes to judging food healthiness, research shows, 15/05/2025
Contrairement Ă que lâon pourrait croire, lâaffichage des calories sur les aliments pourrait nuire Ă la capacitĂ© des consommateurs Ă Ă©valuer leur qualitĂ© nutritionnelle, selon une Ă©tude publiĂ©e dans le Journal of Retailing. MenĂ©e sur plus de 2 000 personnes Ă travers neuf expĂ©riences, la recherche rĂ©vĂšle un effet contre-intuitif : les participants exposĂ©s aux informations caloriques ont jugĂ© les aliments sains comme moins sains, et les aliments malsains comme moins malsains. RĂ©sultat : les Ă©carts de jugement entre les deux se sont attĂ©nuĂ©s.
Lorsque les calories nâĂ©taient pas indiquĂ©es, les rĂ©pondants distinguaient clairement une salade dâun cheeseburger en termes de santĂ©. Mais lâajout de lâinformation calorique a engendrĂ© une forme dâincertitude cognitive, poussant les participants Ă adopter des Ă©valuations plus modĂ©rĂ©es. Cette incertitude ne sâest pas manifestĂ©e pour dâautres informations nutritionnelles comme les lipides ou les glucides, moins familiĂšres au grand public.
Les chercheurs appellent ce phĂ©nomĂšne lâillusion de âcalorie fluencyâ : parce que les calories sont omniprĂ©sentes, les gens pensent savoir les interprĂ©ter correctement. En rĂ©alitĂ©, cette familiaritĂ© masque un dĂ©ficit de comprĂ©hension qui, lorsquâil est mis Ă lâĂ©preuve, fragilise la confiance du consommateur dans son propre jugement.
LâĂ©tude souligne ainsi une faiblesse majeure des politiques de santĂ© publique qui misent sur la transparence calorique pour guider les choix alimentaires. Lâinformation seule ne suffit pas. Pire, elle pourrait parfois conduire Ă des choix moins sains par excĂšs de prudence ou de confusion. Cela ne signifie pas quâil faille supprimer lâaffichage calorique, mais lâaccompagner de repĂšres clairs, comme un code couleur de type « feu tricolore », un score nutritionnel global ou des indications sur les apports journaliers recommandĂ©s.
Cette recherche met en lumiĂšre un problĂšme plus large : lâinformation nutritionnelle doit ĂȘtre comprĂ©hensible pour ĂȘtre utile. Ă dĂ©faut, elle peut induire en erreur, voire dĂ©mobiliser. Il reste Ă explorer comment ces effets interagissent avec les outils numĂ©riques (applications de santĂ©, IA, etc.) qui prĂ©tendent guider les consommateurs mais pourraient renforcer cette fausse impression de maĂźtrise.
New York Times, Group Dining on Ozempic? Itâs Complicated., 12/05/2025
Avec la montĂ©e en flĂšche de lâusage des mĂ©dicaments de type GLP-1 (comme Ozempic ou Mounjaro), initialement destinĂ©s au traitement du diabĂšte mais largement dĂ©tournĂ©s pour la perte de poids, les repas Ă plusieurs deviennent un nouveau terrain de tension sociale. Ces traitements rĂ©duisent considĂ©rablement lâappĂ©tit et la sensation de faim, ce qui modifie profondĂ©ment la dynamique des repas partagĂ©s, notamment au restaurant.
Beaucoup de patients se retrouvent Ă grignoter Ă peine quelques bouchĂ©es tandis que leurs compagnons de table terminent les plats. Cela donne lieu Ă des situations inattendues : incomprĂ©hension des chefs, gĂȘne des serveurs ou frustrations silencieuses entre convives. Certains restaurateurs vont mĂȘme jusquâĂ contacter les organisateurs dâĂ©vĂ©nements lorsquâun invitĂ© ne touche presque pas Ă son menu dĂ©gustation, craignant une critique implicite.
Pour sâadapter, les personnes sous GLP-1 modifient leur façon de sortir : elles privilĂ©gient les restaurants Ă service partagĂ© ou les assiettes en petites portions, oĂč leur faible consommation est moins visible. Beaucoup prĂ©viennent Ă lâavance leurs compagnons de table ou les serveurs, pour Ă©viter les malentendus. Certaines, comme Lauren Wire Ă New York, en rient et en profitent pour revendiquer une nouvelle normalitĂ©, quitte Ă finir avec des restes soigneusement emballĂ©s.
De leur cĂŽtĂ©, les personnes non concernĂ©es par ces traitements peuvent se sentir mal Ă lâaise : culpabilitĂ© de manger davantage, assiettes Ă moitiĂ© pleines retournĂ©es en cuisine, ou encore perte du plaisir convivial du repas. Dâautres y voient un avantage : plus de nourriture Ă partager et une influence positive sur leur propre comportement alimentaire, comme Nathaly del Carmen, qui se rĂ©jouit de manger moins lorsquâelle est entourĂ©e de personnes sous GLP-1.
Au-delĂ de lâalimentation, ces traitements semblent aussi modĂ©rer la consommation dâalcool, certains utilisateurs ne supportant plus quâun ou deux verres. Loin de les isoler, ces changements sociaux redĂ©finissent les codes du repas collectif.
Wall Street Journal, The App That Makes Rating Restaurants Fun Againâand Gets Better the More You Use It, 09/05/2025
LancĂ©e en 2020 par Judy Thelen et Eliot Frost, Beli est une application de notation de restaurants qui ambitionne de redonner du plaisir Ă lâĂ©valuation culinaire, en sâappuyant sur une approche personnalisĂ©e et communautaire (une sorte de Mapstr Ă lâamĂ©ricaine en quelque sorte). NĂ©e dâune frustration partagĂ©e par ses fondateurs â deux passionnĂ©s de restauration déçus par les recommandations trop gĂ©nĂ©riques de plateformes traditionnelles â lâapplication cumule aujourdâhui plus de 58 millions de notations dans le monde.
Le concept est simple : plus un utilisateur Ă©value de restaurants, plus lâalgorithme affine ses suggestions en fonction de ses goĂ»ts. Cette gamification du classement renforce aussi la fiabilitĂ© globale de la plateforme. Chaque utilisateur peut consulter une carte de ses restaurants testĂ©s, partager ses favoris, et recevoir des recommandations sur-mesure, loin des effets de mode ou des notations biaisĂ©es.
Thelen et Frost ont construit Beli dĂšs leurs Ă©tudes Ă Harvard Business School, dans le cadre dâun projet entrepreneurial. Initialement financĂ©e par des bourses Ă©tudiantes et des proches, lâapplication a connu une croissance rapide sans recourir Ă une stratĂ©gie marketing agressive. 80 % des utilisateurs proviennent du bouche-Ă -oreille, preuve dâune forte adhĂ©sion organique.
La dimension sociale est au cĆur de la stratĂ©gie de Beli. Sur Instagram et TikTok, le couple partage ses aventures gastronomiques sous le compte @beli_eats, cumulant plus dâun million dâabonnĂ©s. Mais leur objectif reste de crĂ©er une communautĂ© centrĂ©e sur la dĂ©couverte culinaire, et non sur leur personnalitĂ©. Leurs publications visent Ă inspirer, sans influencer.
CĂŽtĂ© modĂšle Ă©conomique, Beli reste prudent. Pas de publicitĂ© dans le flux : la transparence des recommandations est prioritaire. Un premier test de monĂ©tisation est lancĂ© Ă New York avec le Beli Supper Club, un club sur abonnement proposant Ă©vĂ©nements exclusifs et fonctionnalitĂ©s avancĂ©es. Des partenariats avec OpenTable et SevenRooms permettent Ă©galement de rĂ©server directement via lâapp.
Avec une Ă©quipe restreinte (cinq personnes), Frost et Thelen misent sur la qualitĂ© plutĂŽt que lâexpansion rapide. Leur ambition : bĂątir un outil fiable, convivial et indĂ©pendant pour tous ceux qui aiment bien manger â chez eux ou Ă lâautre bout du monde.
Washington Post, Are seed oils bad for you? Hereâs what the evidence actually tells us., 15/05/2025
Dans le dĂ©bat trĂšs polarisĂ© sur les huiles de graines (colza, soja, tournesol, maĂŻs, etc.), certaines voix, notamment celle de Robert F. Kennedy Jr., les accusent dâĂȘtre toxiques. Pourtant, une analyse rigoureuse de la littĂ©rature scientifique montre que les preuves tendent Ă indiquer quâelles sont globalement sans danger â voire lĂ©gĂšrement bĂ©nĂ©fiques â pour la santĂ© cardiovasculaire.
Les critiques des âseed oilsâ mettent en cause leur teneur en acides gras polyinsaturĂ©s (notamment les omĂ©ga-6 comme lâacide linolĂ©ique), leur transformation industrielle, ou encore des risques dâinflammation et dâoxydation du cholestĂ©rol LDL. Mais, comme le rappelle lâauteure Tamar Haspel, les mĂ©canismes isolĂ©s ne suffisent pas Ă prĂ©dire les effets rĂ©els sur la santĂ©.
Elle propose deux rĂšgles pour aborder toute question nutritionnelle :
Se méfier des théories trop simplistes.
ConsidĂ©rer lâensemble des donnĂ©es disponibles, notamment les essais cliniques et les mĂ©ta-analyses.
Or, les mĂ©ta-analyses les plus fiables publiĂ©es ces derniĂšres annĂ©es vont presque toutes dans le mĂȘme sens : les huiles de graines sont associĂ©es Ă un risque cardiovasculaire stable ou rĂ©duit, et Ă un risque plus faible de diabĂšte de type 2. Certaines Ă©tudes anciennes (annĂ©es 60-70), souvent citĂ©es pour critiquer ces huiles, prĂ©sentent des limites mĂ©thodologiques majeures et aboutissent Ă des rĂ©sultats contradictoires. Une mĂ©ta-analyse isolĂ©e de 2010 pointe un risque accru, mais elle est dĂ©sormais considĂ©rĂ©e comme une exception mĂ©thodologiquement discutable.
Pourquoi alors ce dĂ©bat persistant ? Dâabord parce que les âseed oilsâ sont lâopposĂ© des graisses animales saturĂ©es, elles-mĂȘmes au cĆur dâun autre clivage nutritionnel. Ensuite, parce quâelles sont omniprĂ©sentes dans les aliments ultra-transformĂ©s, souvent considĂ©rĂ©s (Ă juste titre) comme un facteur majeur de lâĂ©pidĂ©mie dâobĂ©sitĂ©. Or, accuser un ingrĂ©dient unique de lâimpact de tout un systĂšme alimentaire est rĂ©ducteur.
Financial Times, Alcohol sales hit more by screen time than health fears, Asahi head says, 18/05/2025
Selon Atsushi Katsuki, PDG du groupe japonais Asahi, la baisse de la consommation dâalcool dans le monde serait davantage liĂ©e Ă lâessor des loisirs numĂ©riques quâaux prĂ©occupations sanitaires. Jeux vidĂ©o, rĂ©seaux sociaux et streaming captent aujourdâhui une part importante du "temps de divertissement", rĂ©duisant celle traditionnellement occupĂ©e par lâalcool dans les pratiques sociales.
Alors que certains experts comparent lâalcool au "nouveau tabac", Katsuki conteste cette analogie. Il estime que lâalcool, consommĂ© avec modĂ©ration, peut contribuer au bien-ĂȘtre et rappelle que, contrairement au tabac, le secteur nâa jamais niĂ© les risques liĂ©s Ă lâabus de boisson. Il conteste par ailleurs la recommandation de lâOrganisation mondiale de la santĂ© (OMS) selon laquelle "aucun niveau de consommation dâalcool nâest sĂ»r", affirmant quâil existe des Ă©tudes suggĂ©rant des bĂ©nĂ©fices potentiels Ă une consommation modĂ©rĂ©e.
MalgrĂ© un recul des ventes mondiales en volume de 1 % en 2023, la valeur du marchĂ© a progressĂ© de 2 %, preuve dâun intĂ©rĂȘt croissant pour les boissons haut de gamme et alternatives faiblement alcoolisĂ©es. Asahi entend capitaliser sur cette Ă©volution en ciblant une clientĂšle nouvelle : blogueurs, gamers, influenceurs, quâil espĂšre sĂ©duire avec ses biĂšres premium (comme Peroni ou Grolsch), ses alternatives Ă faible teneur en alcool et ses soft drinks de qualitĂ©, Ă consommer Ă domicile.
Lâentreprise reste vigilante face Ă dâautres tendances susceptibles dâaffecter les ventes, comme la montĂ©e en puissance des mĂ©dicaments pour la perte de poids (Ozempic, Mounjaro), qui peuvent rĂ©duire lâappĂ©tit⊠et potentiellement la consommation dâalcool. Pour lâinstant, Asahi ne constate aucun impact tangible, Katsuki suggĂ©rant mĂȘme que lâamĂ©lioration de la santĂ© des consommateurs pourrait, Ă terme, leur permettre de boire Ă nouveau avec modĂ©ration.
Enfin, malgrĂ© les droits de douane imposĂ©s par lâadministration Trump, Asahi reste rĂ©solument tournĂ© vers les Ătats-Unis, marchĂ© jugĂ© stratĂ©gique pour son expansion, alors que ses activitĂ©s sont dĂ©jĂ bien implantĂ©es au Japon, en Europe et en OcĂ©anie. Lâentreprise, qui a rĂ©cemment vu son cours boursier atteindre un record, affiche une stratĂ©gie offensive, misant sur lâinnovation, la diversification des publics et des acquisitions ciblĂ©es.
Financial Times, How milk got its mojo back, 14/05/2025
AprĂšs deux dĂ©cennies de dĂ©clin marquĂ©, le lait de vache connaĂźt un retour inattendu sur le devant de la scĂšne aux Ătats-Unis. En 2024, pour la premiĂšre fois depuis 2009, la consommation de lait a augmentĂ©, portĂ©e par une progression de 3,5 % en valeur. Ă lâinverse, les ventes de laits vĂ©gĂ©taux (amande, avoine, sojaâŠ) ont chutĂ© de 8,4 % sur deux ans. Le recul spectaculaire de marques comme Oatly, dont lâaction a perdu 98 % de sa valeur depuis 2021, illustre ce revirement.
Ce retournement rĂ©sulte de plusieurs facteurs. Lâindustrie laitiĂšre, longtemps sur la dĂ©fensive face aux critiques sur lâenvironnement, la santĂ© ou le bien-ĂȘtre animal, a adoptĂ© une stratĂ©gie plus proactive. PlutĂŽt que de sâopposer frontalement aux alternatives vĂ©gĂ©tales, elle sâest adaptĂ©e Ă la demande : promesses de neutralitĂ© carbone, dĂ©veloppement de gammes bio ou issues dâĂ©levages respectueux, et surtout investissement massif (10 milliards de dollars prĂ©vus dâici 2027) dans des outils de transformation modernes.
Le contexte sociĂ©tal a aussi Ă©voluĂ© : la peur des graisses a reculĂ©, remplacĂ©e par des prĂ©occupations autour de lâapport en protĂ©ines ou la limitation des produits ultra-transformĂ©s. Ă ce titre, le lait de vache dispose dâarguments solides : calcium naturel, vitamine D, profil protĂ©ique complet et Ă©tiquette plus "propre" que les boissons vĂ©gĂ©tales souvent enrichies en additifs ou Ă©dulcorants.
Lâindustrie a Ă©galement su Ă©largir sa base de consommateurs en dĂ©veloppant une large gamme de laits sans lactose, destinĂ©s Ă une population historiquement sous-consommatrice, notamment dâorigine hispanique ou asiatique. Ce segment connaĂźt la plus forte croissance du secteur (+15,5 % en un an), et ses ventes dĂ©passent dĂ©sormais celles de toutes les boissons vĂ©gĂ©tales rĂ©unies.
Mais des menaces planent sur ce renouveau. LâĂ©rosion des cheptels, la grippe aviaire et surtout les coupes budgĂ©taires de lâadministration Trump dans les agences sanitaires fragilisent la filiĂšre. Suspension de contrĂŽles qualitĂ©, fermeture de comitĂ©s de sĂ©curitĂ© alimentaire⊠Le risque dâune crise sanitaire liĂ©e Ă du lait contaminĂ© devient rĂ©el, alors mĂȘme que le secrĂ©taire Ă la santĂ© Robert F. Kennedy Jr promeut la consommation de lait cru, pourtant dangereux.
Financial Times, MoĂ«t Hennessyâs crisis: dubious deals, soaring prices and hubris, 14/05/2025
MoĂ«t Hennessy, la division vins et spiritueux du groupe LVMH, traverse une crise profonde marquĂ©e par une chute brutale des ventes, une stratĂ©gie tarifaire risquĂ©e et une sĂ©rie dâacquisitions contestĂ©es. Longtemps vache Ă lait du groupe, la filiale est passĂ©e dâun flux de trĂ©sorerie positif dâ1 milliard dâeuros en 2019 Ă une consommation nette de 1,5 milliard en 2024, selon des documents internes consultĂ©s par le Financial Times.
Le retournement sâexplique en partie par la fin du boom du luxe post-Covid, mais aussi par des dĂ©cisions managĂ©riales prises sous lâex-PDG Philippe Schaus : hausses de prix agressives (+30 % depuis 2019), diversification coĂ»teuse via des acquisitions, et lancement hasardeux de ventes directes aux consommateurs (boutiques physiques et e-commerce), aujourdâhui dĂ©ficitaires.
En avril 2025, LVMH a annoncĂ© une baisse de 9 % de son chiffre dâaffaires vins et spiritueux, et une chute de 36 % du rĂ©sultat opĂ©rationnel de MoĂ«t Hennessy. En rĂ©action, 1 200 suppressions de postes ont Ă©tĂ© dĂ©cidĂ©es. LâarrivĂ©e de Jean-Jacques Guiony, ex-directeur financier de LVMH, Ă la tĂȘte de la division, Ă©paulĂ© par Alexandre Arnault (fils du PDG Bernard Arnault), marque un tournant stratĂ©gique.
Guiony a admis que les hausses de prix Ă©taient devenues "difficiles Ă avaler", certains distributeurs commençant Ă les rejeter. MalgrĂ© ces augmentations, les volumes ont chutĂ© et les marges ont reculĂ© Ă 23 % (contre un objectif affichĂ© de 30 %). Le portefeuille est dĂ©sormais en cours de réévaluation, notamment les acquisitions rĂ©centes, comme les marques de rosĂ© (Minuty), de champagne (Armand de Brignac), ou de tequila (Volcan), qui auraient surtout "complexifiĂ© lâorganisation et Ă©rodĂ© les marges".
Le projet de vente directe au consommateur, jugĂ© non rentable, est Ă©galement revu. Lâalliance e-commerce avec Campari (Tannico) est qualifiĂ©e dâĂ©chec. Guiony veut dĂ©sormais ralentir lâexpansion tous azimuts et recentrer lâactivitĂ© sur les piliers rentables, Ă commencer par le cognac et le champagne.
MalgrĂ© les tensions internes et la pression de Bernard Arnault pour maintenir des objectifs ambitieux, la direction reconnaĂźt la nĂ©cessitĂ© de rĂ©duire les coĂ»ts et de corriger les erreurs passĂ©es. MoĂ«t Hennessy, icĂŽne du luxe Ă la française, est dĂ©sormais un cas dâĂ©cole des excĂšs de croissance et dâoptimisme dans les industries du luxe.
Câest tout pour aujourdâhui.
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A la semaine prochaine!
O. Frey