đŸđđ Eat's business đđ·đ§ 2025-11
Bonjour Ă toutes et Ă tous, Eat's Business est une newsletter dans laquelle vous trouverez une revue de presse de quelques articles sur le monde de lâalimentaire qui mâont semblĂ© intĂ©ressants dans la semaine prĂ©cĂ©dente.
Pour ceux qui veulent la formule ristretto, les 3 articles que je vous conseille de lire en priorité cette semaine sont :
Les Ăchos, Pourquoi Pepsi va Ă©chapper en partie Ă la surtaxe sur les sodas, 26/03/2025
Process Alimentaire, Egalim : vers un affichage sur la transparence de la rémunération des agriculteurs, 24/03/2025
Financial Times, Booze faces its big tobacco moment, 22/03/2025
Bonne lecture et bonne semaine Ă toutes et Ă tous!
Pour celles et ceux dâentre vous qui ont plus de temps pour la formule lungo :
Le Monde, Les enseignes de distribution bio retrouvent des couleurs, 21/03/2025
AprĂšs plusieurs annĂ©es de crise marquĂ©es par des fermetures de magasins et un ralentissement brutal du marchĂ©, les enseignes spĂ©cialisĂ©es dans la distribution de produits bio (Biocoop, La Vie claire, Naturalia) renouent avec la croissance. En 2024, Biocoop a enregistrĂ© une hausse de 8,5 % de son chiffre dâaffaires, qui sâest Ă©levĂ© Ă 1,67 milliard dâeuros, tirĂ©e principalement par lâaugmentation de la frĂ©quentation. En janvier 2025, lâenseigne enregistre mĂȘme une croissance Ă deux chiffres, portĂ©e par le retour des consommateurs vers les fruits et lĂ©gumes frais.
La Vie claire affiche Ă©galement une progression de 8 %, Ă 331 millions dâeuros, mĂȘme si la frĂ©quentation reste en dessous des niveaux dâavant-crise. Naturalia, du groupe Casino, suit cette dynamique avec +4,7 %, contrastant avec la stagnation dâautres enseignes du groupe.
La crise entamĂ©e en 2021 avait contraint ces acteurs Ă revoir leurs stratĂ©gies. Fermetures ciblĂ©es, rĂ©novation de magasins, recentrage sur les sites les plus performants ont permis dâassainir leur rĂ©seau. Biocoop a fermĂ© une cinquantaine de points de vente, compensĂ©s en partie par de nouvelles ouvertures. La Vie claire prĂ©voit de stabiliser son parc Ă 325 magasins en 2025.
Plusieurs facteurs expliquent cette embellie : la grande distribution, moins engagĂ©e sur le bio, a perdu du terrain, tandis que les distributeurs spĂ©cialisĂ©s ont renforcĂ© leur attractivitĂ© en travaillant sur les prix. Biocoop a lancĂ© une gamme de 160 produits Ă prix engagĂ©s, et La Vie claire propose 200 rĂ©fĂ©rences bio Ă petits prix. Lâinflation a Ă©galement jouĂ© un rĂŽle paradoxal en rĂ©duisant lâĂ©cart entre produits bio et conventionnels, notamment en raison de lâaugmentation des coĂ»ts de transport pour les produits importĂ©s.
Les données de consommation confirment cette stabilisation : 30 % des Français déclarent consommer du bio au moins une fois par semaine, et 54 % au moins une fois par mois. Ces tendances laissent entrevoir une consolidation du secteur, recentré, plus agile et mieux adapté aux nouvelles attentes économiques et écologiques.
Ouest France, Les autorités sanitaires déconseillent les produits au soja dans la restauration collective, 24/03/2025
LâAnses recommande, dans un avis publiĂ© le 24 mars, de retirer les aliments Ă base de soja de la restauration collective. En cause : la prĂ©sence dâisoflavones, des phytoestrogĂšnes aux effets hormonaux, jugĂ©s potentiellement nocifs, en particulier chez les jeunes enfants. Lâagence appelle Ă©galement les industriels Ă revoir leurs mĂ©thodes de production pour rĂ©duire la teneur en ces composĂ©s.
Les isoflavones, prĂ©sents notamment dans le tofu, les yaourts, les steaks vĂ©gĂ©taux ou les biscuits apĂ©ritifs au soja, peuvent interfĂ©rer avec le systĂšme hormonal, surtout lorsquâils sont consommĂ©s en grandes quantitĂ©s. LâAnses insiste sur le fait que le soja nâest pas en soi Ă proscrire, mais que ses concentrations actuelles en phytoestrogĂšnes posent problĂšme dans les repas pris hors domicile.
La restauration collective reprĂ©sente environ un repas sur cinq en France et touche toutes les catĂ©gories dâĂąge (enfants, salariĂ©s, personnes ĂągĂ©es, patients hospitalisĂ©s). LâĂ©tude de lâAnses rĂ©vĂšle que 76 % des enfants de 3 Ă 5 ans qui consomment rĂ©guliĂšrement des produits au soja dĂ©passent les seuils toxicologiques de rĂ©fĂ©rence. Ce chiffre est de 53 % chez les adolescentes et de prĂšs de 50 % chez les adultes de 18 Ă 50 ans.
Face Ă ce constat, lâAnses recommande de limiter drastiquement lâusage de ces produits en restauration collective jusquâĂ ce que leur formulation soit revue. Le message est aussi adressĂ© Ă lâindustrie agroalimentaire, sommĂ©e dâinnover pour offrir des alternatives plus sĂ»res.
Lâarticle rappelle que le soja, en plein essor en France, est souvent promu comme une alternative durable Ă la viande. Mais cette mise en garde pourrait rebattre les cartes pour les filiĂšres vĂ©gĂ©tales. Un Ă©quilibre est Ă trouver entre nutrition, durabilitĂ© et sĂ©curitĂ© sanitaire.
Libération, BrewDog, du petit brasseur écossais cool au mastodonte laissant en plan ses fournisseurs, 24/03/2025
Lâarticle retrace la trajectoire contrastĂ©e de la marque Ă©cossaise de biĂšre artisanale BrewDog, passĂ©e du statut de start-up rebelle Ă celui de gĂ©ant brassicole critiquĂ© pour ses pratiques commerciales. En janvier 2025, la marque a brutalement fermĂ© ses deux bars en France (Nice et Paris), laissant derriĂšre elle des prestataires et fournisseurs impayĂ©s. Ces derniers, qui avaient tissĂ© des liens solides avec lâenseigne et lâavaient mĂȘme soutenue lors dâĂ©vĂ©nements comme la Coupe du monde de rugby, dĂ©noncent aujourdâhui un abandon injuste et un manque de professionnalisme.
Parmi les victimes figurent des brasseurs locaux comme la Blue Coast Brewery, ou encore des animateurs dâĂ©vĂ©nements, Ă qui BrewDog doit des milliers dâeuros. Face au silence de lâentreprise, certains envisagent une mise en demeure. Lâentreprise assure que les paiements sont en cours, mais cette promesse reste floue et tardive pour des partenaires souvent prĂ©carisĂ©s.
Lâarticle met en lumiĂšre une rupture avec lâesprit communautaire qui caractĂ©rise habituellement le monde de la brasserie artisanale, notamment sur la CĂŽte dâAzur. Autrefois perçue comme une success story alternative, BrewDog est dĂ©sormais vue comme une structure aux logiques purement commerciales. La fermeture de ses bars en France, ainsi quâĂ Francfort et Shanghai, contraste avec lâouverture de nouveaux Ă©tablissements dans des zones jugĂ©es plus rentables comme Bangkok ou Perth. Cela suscite des accusations dâopportunisme : lâentreprise serait accusĂ©e dâutiliser les bars comme tremplins marketing avant de se dĂ©sengager une fois la marque installĂ©e en grande distribution.
LâUsine Nouvelle, La souverainetĂ© alimentaire, un principe "inintelligible" ?, 27/03/2025
Lâarticle analyse la portĂ©e juridique et politique du concept de souverainetĂ© alimentaire, mis Ă mal par la dĂ©cision du Conseil constitutionnel du 20 mars 2025, qui a censurĂ© partiellement la loi dâorientation agricole. Si cette notion est devenue centrale dans les discours et politiques publiques, sa traduction juridique reste floue et contestĂ©e. Sur les 58 articles soumis, 18 ont Ă©tĂ© censurĂ©s, notamment lâarticle 2 qui introduisait un principe de « non-rĂ©gression » de la souverainetĂ© alimentaire.
Le Conseil a jugĂ© ce principe trop vague, inintelligible et contraire Ă la sĂ©paration des pouvoirs, en ce quâil imposait des obligations normatives Ă des textes rĂ©glementaires. Cette dĂ©cision illustre la difficultĂ© de donner un contenu concret Ă un concept aux contours avant tout politiques. Dâautres dispositions, comme celle Ă©levant le dĂ©veloppement agricole au rang « dâintĂ©rĂȘt gĂ©nĂ©ral majeur », sont restĂ©es dans le texte, mais leur portĂ©e juridique demeure symbolique, sans rĂ©elle capacitĂ© contraignante.
La loi promulguĂ©e le 24 mars reste une loi de programmation, ce qui limite le contrĂŽle de constitutionnalitĂ© Ă des erreurs manifestes dâapprĂ©ciation. Certains acteurs saluent tout de mĂȘme la reconnaissance de certaines orientations, comme le refus dâinterdictions phytosanitaires plus strictes que celles des autres pays europĂ©ens. Mais la majoritĂ© des mesures ne sâimposent pas juridiquement, se contentant dâorienter lâaction publique.
Les Ăchos, Le nouveau pari de Barilla pour doper ses ventes de pĂątes en France, 27/03/2025
Le groupe Barilla poursuit sa dynamique de croissance sur le marchĂ© français avec une stratĂ©gie offensive combinant baisse des prix, innovation produit et investissements marketing renforcĂ©s. En 2024, la filiale française du groupe a enregistrĂ© une hausse de 5 % de ses volumes et de 6 % de son chiffre dâaffaires, atteignant 700 millions dâeuros.
Pour 2025, Barilla innove avec une premiĂšre en rayon : des pĂątes enrichies en protĂ©ines vĂ©gĂ©tales issues de petits pois, destinĂ©es Ă sĂ©duire les jeunes, les actifs, et les consommateurs Ă la recherche dâalternatives aux protĂ©ines animales. Ces nouvelles rĂ©fĂ©rences, lancĂ©es en mars sous forme de fusilli et de pennes, contiennent 20 % de protĂ©ines et sâinscrivent dans la tendance des produits enrichis, dĂ©jĂ bien Ă©tablie dans les produits laitiers. Ce segment reprĂ©sente dĂ©jĂ 7 % du marchĂ© aux Ătats-Unis.
Cette dĂ©marche sâajoute Ă dâautres succĂšs rĂ©cents du groupe. En dix ans, Barilla a quadruplĂ© ses ventes de pesto en France, secteur oĂč elle dĂ©tient dĂ©sormais 48 % de parts de marchĂ©. Le groupe fabrique lui-mĂȘme ses sauces, un gage de maĂźtrise de qualitĂ©. En 2024, les volumes ont bondi de 30 %, en dĂ©pit dâun contexte de pouvoir dâachat contraint. Sous la marque Harrys, Barilla a Ă©galement lancĂ© une gamme de gĂąteaux fourrĂ©s pour le goĂ»ter, inspirĂ©e de best-sellers italiens. Le succĂšs a Ă©tĂ© immĂ©diat : les ventes ont dĂ©passĂ© de 50 % les prĂ©visions en six mois.
Barilla a aussi adopté une politique de baisse des prix volontariste pour contrer les marques de distributeurs, trÚs puissantes en France (plus de 50 % des volumes en pùtes, 40 % sur le pain de mie). Depuis juin 2023, les prix ont baissé de 6 à 8 % sur une cinquantaine de références, en anticipation de la détente des cours du blé dur. Si cette stratégie pÚse sur la rentabilité, elle permet au groupe de regagner des parts de marché et de sécuriser des volumes indispensables dans un secteur à faibles marges.
Enfin, lâannĂ©e 2025 sera marquĂ©e par une hausse de 30 % des investissements en France, dans le cadre dâun plan global dâun milliard dâeuros sur cinq ans. Au programme : nouvelles sauces, lancement dâun pesto Ă la mozzarella di bufala AOP, et arrivĂ©e dâun pain pinsa italien sous la marque Harrys. MalgrĂ© les tensions sur certaines matiĂšres premiĂšres (Ćufs, cacao), Barilla entend rester fidĂšle Ă sa stratĂ©gie dâinnovation, de proximitĂ© avec les producteurs et de pilotage des coĂ»ts.
Les Ăchos, Pourquoi Pepsi va Ă©chapper en partie Ă la surtaxe sur les sodas, 26/03/2025
Face Ă la nouvelle surtaxe française sur les boissons sucrĂ©es, adoptĂ©e pour lutter contre lâobĂ©sitĂ©, PepsiCo parvient Ă tirer son Ă©pingle du jeu grĂące Ă une stratĂ©gie industrielle de long terme centrĂ©e sur la rĂ©duction de sucre. Depuis 2006, le groupe a anticipĂ© lâĂ©volution des attentes nutritionnelles et rĂ©glementaires en retravaillant progressivement ses recettes. RĂ©sultat : aujourdâhui, 75 % de son offre boisson est sans sucre ou faiblement sucrĂ©e, et donc partiellement ou totalement exemptĂ©e de cette surtaxe, dont le seuil dâapplication commence Ă 50 g de sucre par litre.
Cette adaptation donne Ă PepsiCo un net avantage compĂ©titif sur le marchĂ© français, oĂč la fiscalitĂ© nutritionnelle devient un facteur clĂ© de diffĂ©renciation. Contrairement Ă Coca-Cola ou Orangina, qui doivent intĂ©grer des hausses de prix estimĂ©es entre 10 et 15 %, Pepsi pourra maintenir des tarifs attractifs, renforçant ainsi son positionnement en rayon. Cet Ă©cart de prix pourrait doper les ventes de rĂ©fĂ©rences comme Pepsi Max ou Lipton Ice Tea, dĂ©jĂ bien implantĂ©es.
Mais cette stratĂ©gie sâinscrit dans une transformation plus large du modĂšle de PepsiCo, qui vise Ă concilier performance Ă©conomique et engagement environnemental et sanitaire. Dans la branche snacks, les chips Layâs ont vu leur teneur en sel diminuer de 21 % et en matiĂšres grasses de 34 %. CĂŽtĂ© emballages, depuis 2022, lâensemble des bouteilles est fabriquĂ© Ă partir de plastique 100 % recyclĂ©. Ces efforts sont portĂ©s par Nuno Pinto Leite, le nouveau directeur gĂ©nĂ©ral France, arrivĂ© en 2024 aprĂšs avoir dirigĂ© 14 marchĂ©s en Europe centrale.
LâannĂ©e 2024 a nĂ©anmoins Ă©tĂ© difficile pour PepsiCo France, avec des ventes repassant sous la barre du milliard dâeuros, aprĂšs une dĂ©cennie de croissance Ă deux chiffres. En cause : lâinflation, une mĂ©tĂ©o maussade et un contexte commercial tendu. Pour inverser la tendance, le groupe prĂ©voit un printemps 2025 riche en lancements : nouvelle gamme Cheetos, saveurs originales pour Layâs (âTapenadeâ, âChampignon de Parisâ) et partenariat avec Euro Disney pour tester des plats chauds Ă base de Doritos.
PepsiCo mise aussi sur le secteur hors foyer (cafĂ©s, fast-foods, restauration rapide), et sur une communication digitale renforcĂ©e pour mettre en avant sa dĂ©marche RSE. Lâobjectif est clair : capitaliser sur ses efforts passĂ©s pour relancer la croissance en 2025, tout en rĂ©pondant aux attentes des consommateurs soucieux de santĂ©, de durabilitĂ© et dâinnovation.
Process Alimentaire, Egalim : vers un affichage sur la transparence de la rémunération des agriculteurs, 24/03/2025
Dans le prolongement de la loi Egalim 2, la ministre de lâAgriculture et de la SouverainetĂ© alimentaire, Annie Genevard, a prĂ©sentĂ© une initiative innovante : expĂ©rimenter un affichage « rĂ©munĂ©ration du producteur » destinĂ© Ă informer les consommateurs sur la part du prix qui revient rĂ©ellement Ă lâagriculteur. Cette expĂ©rimentation, lancĂ©e le 18 mars lors dâun ComitĂ© de partenaires, prendra la forme dâun appel Ă projets ouvert jusquâau 30 juin 2025.
Elle concerne plusieurs filiĂšres stratĂ©giques : viande bovine, porcine et ovine, produits laitiers, Ćufs, fruits et lĂ©gumes transformĂ©s. Les porteurs de projet devront proposer des mĂ©thodologies prĂ©cises, objectives et contrĂŽlables, compatibles avec la rĂ©glementation. Lâenjeu est de tester, sur le terrain, diffĂ©rents dispositifs dâĂ©tiquetage pour en Ă©valuer lâimpact, la lisibilitĂ© et la pertinence.
Ce projet rĂ©pond Ă une demande forte du monde agricole, en particulier aprĂšs les mobilisations de lâhiver 2024-2025. Les agriculteurs dĂ©noncent un dĂ©sĂ©quilibre chronique dans les relations commerciales avec les transformateurs et les distributeurs. La promesse de la loi Egalim â garantir une meilleure rĂ©munĂ©ration â peine Ă se concrĂ©tiser. En rendant visible la part rĂ©ellement perçue par le producteur, cet affichage pourrait inciter les consommateurs Ă faire des choix plus Ă©thiques.
Une mission dâĂ©valuation a Ă©tĂ© confiĂ©e au CGAAER, qui devra analyser les expĂ©rimentations et formuler des recommandations pour un Ă©ventuel cadre rĂ©glementaire. LâidĂ©e serait, Ă terme, de gĂ©nĂ©raliser cet affichage Ă lâĂ©chelle nationale, sur le modĂšle de lâorigine ou de lâimpact carbone, dĂ©jĂ prĂ©sents sur certains emballages.
Outre sa vocation informative, lâinitiative a une portĂ©e politique : renforcer le lien entre consommateur et agriculteur, dans un contexte oĂč la souverainetĂ© alimentaire devient un enjeu stratĂ©gique. Câest aussi un moyen de rééquilibrer le rapport de force dans la chaĂźne alimentaire, en renforçant la transparence sur la formation des prix.
Enfin, cette mesure pourrait servir de levier concurrentiel pour les marques et enseignes qui sâengagent Ă mieux rĂ©munĂ©rer les producteurs, valorisant ainsi leur dĂ©marche auprĂšs dâun public de plus en plus soucieux dâĂ©thique, de traçabilitĂ© et de durabilitĂ©.
Le Figaro, «Un McDo Ă moins de vingt minutes de chez soi»: le gĂ©ant amĂ©ricain redouble dâambitions en France, 21/03/2025
McDonaldâs France affiche des ambitions renouvelĂ©es pour 2025 avec lâouverture de 50 nouveaux restaurants, principalement en location-gĂ©rance. AprĂšs une dĂ©cennie marquĂ©e par une vingtaine dâouvertures annuelles, le gĂ©ant amĂ©ricain accĂ©lĂšre son dĂ©ploiement dans des communes toujours plus petites, comme La ChĂątaigneraie (VendĂ©e) ou Saint-GeniĂšs-de-MalgoirĂšs (Occitanie), affirmant son ancrage dans le paysage français.
Lâenseigne, qui compte dĂ©jĂ 1 560 points de vente, entend rĂ©pondre Ă une consommation en berne dans un marchĂ© globalement tendu. Le contexte inflationniste et les arbitrages budgĂ©taires des Français rĂ©duisent la frĂ©quence des visites, mais McDonaldâs reste plĂ©biscitĂ©, avec deux millions de clients quotidiens. Son dirigeant marketing, Jean-Guillaume Bertola, affirme que chaque ouverture est un succĂšs et dĂ©fend une stratĂ©gie de proximitĂ© : chaque Français devrait avoir un McDo Ă moins de vingt minutes.
MalgrĂ© un contexte international difficile, notamment le boycott subi dĂ©but 2024 suite Ă la position du franchisĂ© israĂ©lien dans le conflit au Moyen-Orient, McDonaldâs France a su rebondir. Lâenseigne a mis en place une stratĂ©gie commerciale agressive : retour Ă un Happy Meal Ă 4 euros, offre McSmart Ă 5 euros, lancements frĂ©quents de nouveautĂ©s (burgers, nuggets veggie, campagnes autour des JO ou de Minecraft).
McDonaldâs joue Ă©galement sur lâinnovation culinaire avec des recettes au bĆuf origine France, des burgers au poulet, et la montĂ©e en gamme des offres pour sĂ©duire une clientĂšle plus large. Lâenseigne reste trĂšs rentable en France, avec le ticket moyen le plus Ă©levĂ© au monde et une rentabilitĂ© dâexploitation record. La concurrence, pourtant vive (Burger King, KFC, concepts de tacos, poke bowls, kebabsâŠ), ne freine pas la dynamique du gĂ©ant.
LâInformĂ©, La famille Perrodo veut revendre Isla DĂ©lice, le roi du halal, 25/03/2025
Le groupe Isla DĂ©lice, leader incontestĂ© du marchĂ© des produits halal en France, sâapprĂȘte Ă changer de main. Son propriĂ©taire actuel, le fonds dâinvestissement Perwyn, dĂ©tenu par la puissante famille Perrodo (Ă©galement Ă la tĂȘte du groupe pĂ©trolier Perenco), cherche Ă cĂ©der lâentreprise en 2025.
Acquise en 2018 pour environ 80 millions dâeuros (soit un peu plus de 8 fois lâEbitda de lâĂ©poque), Isla DĂ©lice sâest dĂ©veloppĂ©e sous la direction dâEric Fauchon, un ancien cadre de Ferrero et Unilever, qui a pris les rĂȘnes aprĂšs le dĂ©part de son fondateur, Jean-Daniel Hertzog.
Sous lâimpulsion de Perwyn, Isla DĂ©lice a poursuivi une stratĂ©gie de croissance agressive. Elle a conquis une place centrale dans les rayons halal de la grande distribution, notamment grĂące Ă ses gammes de charcuterie, plats cuisinĂ©s et surgelĂ©s. Le chiffre dâaffaires actuel est estimĂ© Ă 140 millions dâeuros, pour un Ebitda de prĂšs de 20 millions, avec un excĂ©dent brut dâexploitation attendu autour de 25 millions selon les estimations fournies aux potentiels acquĂ©reurs. Lâentreprise rĂ©alise dĂ©sormais environ 15 % de son chiffre dâaffaires Ă lâinternational, aprĂšs plusieurs acquisitions en Belgique, au Royaume-Uni et en Allemagne.
Isla DĂ©lice conserve une nette avance sur ses concurrents comme Reghalal, Fleury Michon (gamme halal), Zakia halal ou Oriental Viandes. Elle reste cependant exposĂ©e aux alĂ©as gĂ©opolitiques : elle a rĂ©cemment Ă©tĂ© visĂ©e par des appels au boycott dans le contexte du conflit israĂ©lo-palestinien, ce qui lâa conduit Ă rĂ©affirmer publiquement son absence totale de lien avec IsraĂ«l.
Les Ăchos, Le gĂ©ant de la boulangerie surgelĂ©e DĂ©lifrance passe sous pavillon belge, 28/03/2025
Le paysage europĂ©en de la BVP (boulangerie-viennoiserie-pĂątisserie) est en passe de connaĂźtre une importante recomposition avec la vente de DĂ©lifrance au groupe belge Vandemoortele. PropriĂ©tĂ© jusquâalors de la coopĂ©rative française Vivescia, DĂ©lifrance change dâactionnaire Ă lâissue dâun accord signĂ© entre les deux parties. Bien que le montant de la transaction nâait pas Ă©tĂ© rĂ©vĂ©lĂ©, lâopĂ©ration devrait aboutir dâici la fin de lâannĂ©e, sous rĂ©serve de lâapprobation des autoritĂ©s de la concurrence.
Cette fusion donnera naissance Ă un nouvel acteur majeur de la boulangerie surgelĂ©e Ă lâĂ©chelle mondiale, avec un chiffre dâaffaires combinĂ© estimĂ© Ă 2,4 milliards dâeuros. DĂ©lifrance apporte Ă lâensemble ses 14 sites de production (dont 7 en France), ses 3 200 salariĂ©s et un chiffre dâaffaires annuel de 930 millions dâeuros (arrĂȘtĂ© Ă juin 2024). Lâentreprise commercialise une large gamme de viennoiseries, pains, pĂątisseries et produits de snacking surgelĂ©s, Ă destination des restaurateurs, de la grande distribution et des boulangeries artisanales.
Vandemoortele, pour sa part, est dĂ©jĂ solidement implantĂ© dans le secteur de la BVP, avec 34 usines en Europe et aux Ătats-Unis, 3 500 collaborateurs et un chiffre dâaffaires dâenviron 1,4 milliard dâeuros. En plus de ses activitĂ©s en boulangerie, le groupe belge est aussi un acteur majeur des matiĂšres grasses vĂ©gĂ©tales (margarine, etc.). Cette complĂ©mentaritĂ© industrielle et commerciale laisse prĂ©sager de « puissantes synergies », selon Yvon Guerin, PDG de Vandemoortele, notamment en matiĂšre dâinnovation, de service client, de stratĂ©gie de marque et de gammes de produits.
Cette acquisition sâinscrit dans une stratĂ©gie de croissance externe active de la part du groupe belge. Par le passĂ©, Vandemoortele a dĂ©jĂ rachetĂ© en France les Pains PĂ©rĂšnes de Roland Cottes (2004) et Panavi (2008), et en 2015, le producteur italien LAG. Ces opĂ©rations, parfois coĂ»teuses â Panavi avait Ă©tĂ© acquise pour 300 millions dâeuros â ont ponctuellement entraĂźnĂ© des arbitrages lourds, comme la vente dâAlpro (produits au soja) Ă Danone en 2009. Pour Vivescia, la cession de DĂ©lifrance sâinscrit dans une stratĂ©gie de recentrage sur ses activitĂ©s cĂ©rĂ©aliĂšres et coopĂ©ratives. Elle ouvre aussi la voie Ă un Ă©ventuel partenariat long terme avec Vandemoortele, axĂ© sur la valorisation de ses filiĂšres agricoles et de ses marques historiques comme Francine.
Food & Wine, Coffee Without the Beans? Atomo Is Leading the Change, 21/03/2025
Lâentreprise amĂ©ricaine Atomo, dont nous avons dĂ©jĂ parlĂ© Ă plusieurs reprises dans Eatâs Business, bouleverse les codes du cafĂ© en proposant une version sans grains. Son âcafĂ©â est produit Ă partir de matiĂšres premiĂšres vĂ©gĂ©tales recyclĂ©es (dattes, graines de tournesol, peaux de fruits) et recréé chimiquement pour imiter les composĂ©s aromatiques du cafĂ© traditionnel. Lâobjectif est clair : rĂ©duire lâempreinte Ă©cologique du cafĂ©, secteur particuliĂšrement polluant.
Le cafĂ© conventionnel pose plusieurs problĂšmes environnementaux : dĂ©forestation, usage intensif dâeau, dĂ©pendance Ă des conditions climatiques prĂ©caires. Atomo promet une alternative durable, produite localement avec une empreinte carbone rĂ©duite de 93 % et une consommation dâeau 94 % plus faible selon lâentreprise. De plus, la fabrication nâest pas soumise aux fluctuations des cours du cafĂ© ou aux crises climatiques.
Lâarticle dĂ©taille le processus technologique : lâĂ©quipe dâAtomo a identifiĂ© les composĂ©s clĂ©s responsables de lâarĂŽme du cafĂ© (plus de 1 000 molĂ©cules), et les reproduit Ă partir dâingrĂ©dients upcyclĂ©s. Le rĂ©sultat ? Un cafĂ© au goĂ»t quasi-identique, qui mousse, se torrĂ©fie et se prĂ©pare comme un cafĂ© classique. Des tests Ă lâaveugle montrent que certains consommateurs ne perçoivent pas la diffĂ©rence.
Lâinnovation sâinscrit dans un mouvement plus large : celui des aliments « sans » (viande, produits laitiers, etc.) issus de la food tech. Mais elle soulĂšve aussi des dĂ©bats sur lâauthenticitĂ©, la naturalitĂ© et lâacceptabilitĂ© du public. Certains puristes restent sceptiques, tandis que dâautres y voient une rĂ©ponse pertinente aux enjeux environnementaux.
Atomo cible dâabord les chaĂźnes de coffee-shops et les acteurs de la grande distribution Ă©coresponsable. Son ambition est de dĂ©mocratiser un cafĂ© Ă©thique, savoureux et rĂ©silient face au changement climatique. Si lâaccueil se confirme, le cafĂ© sans grains pourrait, comme le lait vĂ©gĂ©tal ou la viande de culture, devenir un incontournable de lâalimentation durable de demain.
Fast Company, What does fast food want with Nvidia?, 27/03/2025
Lâarticle explore lâĂ©tonnante synergie entre les gĂ©ants du fast-food et Nvidia, leader des puces graphiques et de lâintelligence artificielle. Depuis peu, des chaĂźnes comme White Castle, Wendyâs ou McDonaldâs collaborent avec Nvidia pour intĂ©grer lâIA dans leurs opĂ©rations, notamment via des assistants vocaux pour les commandes en drive.
Lâobjectif ? Fluidifier les interactions clients, rĂ©duire les erreurs, accĂ©lĂ©rer les temps de service et pallier les pĂ©nuries de main-dâĆuvre. GrĂące aux technologies vocales dopĂ©es Ă lâIA, certaines enseignes parviennent Ă automatiser les prises de commande, voire Ă personnaliser les suggestions en temps rĂ©el. Nvidia fournit la puissance de calcul via ses puces et ses plateformes cloud, permettant aux fast-foods de traiter rapidement de grandes quantitĂ©s de donnĂ©es.
Mais lâintĂ©rĂȘt va au-delĂ des simples bornes vocales. LâIA sert aussi Ă optimiser la gestion des stocks, prĂ©dire la demande selon la mĂ©tĂ©o ou les Ă©vĂ©nements locaux, ajuster les prix dynamiquement et mĂȘme surveiller les cuisines via des camĂ©ras intelligentes. Cela reprĂ©sente un tournant vers une restauration ultra-connectĂ©e, capable dâoptimiser chaque Ă©tape du parcours client.
Nvidia, traditionnellement tournĂ©e vers les jeux vidĂ©o et lâautomobile, voit dans la restauration un nouveau terrain de croissance. Les fast-foods, confrontĂ©s Ă des marges rĂ©duites et Ă une main-dâĆuvre instable, investissent dans lâIA pour sĂ©curiser leur rentabilitĂ©. Lâarticle interroge nĂ©anmoins les dĂ©rives potentielles : surveillance accrue des employĂ©s, uniformisation des services, perte dâhumanitĂ© dans lâexpĂ©rience client.
The New York Times, Why Is Dining Alone So Difficult?, 25/03/2025
MalgrĂ© une hausse notable des rĂ©servations en solo aux Etats-Unis (+64 % depuis 2019 selon OpenTable), les repas seuls au restaurant demeurent une expĂ©rience souvent inconfortable. Lâarticle explore les raisons de cette gĂȘne persistante : peur du regard des autres, sentiment de solitude, accueil tiĂšde voire dĂ©sagrĂ©able de la part des Ă©tablissements.
Les tĂ©moignages de clients rĂ©vĂšlent un malaise structurel. Les personnes seules sont parfois relĂ©guĂ©es Ă des tables peu agrĂ©ables, nĂ©gligĂ©es par le service ou poussĂ©es Ă consommer rapidement. Le modĂšle Ă©conomique des restaurants, centrĂ© sur la rentabilitĂ© par table, nâencourage pas la valorisation des clients isolĂ©s. Pourtant, ceux-ci sont souvent plus attentifs, fidĂšles et prĂȘts Ă Ă©changer avec le personnel.
Le phĂ©nomĂšne touche toutes les catĂ©gories dâĂąge, dans un contexte post-pandĂ©mie oĂč le nombre de cĂ©libataires et de voyageurs professionnels a augmentĂ©. Mais la stigmatisation persiste, notamment pour les femmes ou les seniors. Les plats « Ă partager » dominent les cartes, rendant les repas solitaires plus coĂ»teux ou dĂ©sĂ©quilibrĂ©s.
Certaines initiatives cherchent à inverser la tendance : menus adaptés aux solos, accueil plus chaleureux au comptoir, communication décomplexée. Des photographes comme Jerry Hsu ont tenté de redonner de la dignité à ces instants, perçus par certains comme des parenthÚses apaisantes, introspectives, voire libératrices.
Lâarticle appelle Ă une Ă©volution des mentalitĂ©s dans lâunivers de la restauration : reconnaĂźtre les clients seuls comme des convives Ă part entiĂšre, avec leurs attentes spĂ©cifiques. Car derriĂšre cette gĂȘne sociale se cache une opportunitĂ© de diversification pour les restaurateurs, dans un monde oĂč lâautonomie et le self-care deviennent des valeurs centrales.
Wall Street Journal, How Prevalent Are Dyes in Foods? We Crunched the Numbers, 23/03/2025
Les colorants artificiels sont aujourdâhui dans le viseur des autoritĂ©s sanitaires amĂ©ricaines. Le prĂ©sident de la politique de santĂ© des Ătats-Unis, Robert F. Kennedy Jr., souhaite leur retrait du marchĂ© alimentaire avant la fin de son mandat, notamment en raison de leurs effets supposĂ©s sur la santĂ© des enfants (hyperactivitĂ©, troubles du comportement). Plusieurs Ătats comme le Connecticut ou la Virginie occidentale lĂ©gifĂšrent dĂ©jĂ pour en limiter lâusage ou exiger des avertissements.
Une enquĂȘte du Wall Street Journal rĂ©vĂšle que plus de 10 % des produits alimentaires rĂ©fĂ©rencĂ©s dans une base de donnĂ©es fĂ©dĂ©rale contiennent au moins un colorant artificiel, et plus de 40 % en contiennent trois ou plus. Les plus utilisĂ©s sont le Rouge 40, le Jaune 5 et le Bleu 1. Si leur prĂ©sence est attendue dans les bonbons ou les boissons sucrĂ©es, elle surprend davantage dans des produits comme les cornichons, les pĂątes Ă tartes ou les vinaigrettes.
Le Rouge 3, associĂ© Ă des risques de cancer chez lâanimal, sera interdit dĂšs 2027. Il est encore prĂ©sent dans des produits populaires comme les mashed potatoes Betty Crocker ou les substituts de bacon vĂ©gĂ©tal de MorningStar Farms. Certaines entreprises anticipent dĂ©jĂ : Kellanova (ex-Kellogg) a supprimĂ© les colorants de ses barres Nutri-Grain, tandis quâUnilever utilise dĂ©sormais des extraits naturels (spiruline, curcuma, jus de lĂ©gumes) dans ses glaces Popsicle.
Toutefois, remplacer les colorants synthĂ©tiques nâest pas sans difficultĂ©. Les versions naturelles sont plus coĂ»teuses (jusquâĂ 10 fois), moins stables et plus sensibles aux conditions de production. De plus, certaines alternatives naturelles comme le carmin (extrait de cochenilles) posent problĂšme pour les produits certifiĂ©s casher ou vĂ©gĂ©tariens. Dâautres options Ă©mergent, comme les pigments issus de la spiruline ou de la fleur de pois papillon.
La pression croissante sur lâindustrie pousse les grandes marques Ă revoir leurs recettes. MĂȘme si les colorants ne modifient pas le goĂ»t, ils influencent fortement la perception visuelle et sensorielle des produits. Le dĂ©bat pose donc la question dâun compromis entre sĂ©curitĂ© sanitaire, attentes marketing et faisabilitĂ© industrielle.
Financial Times, Polish wine is often excellent. Why is it so hard to find?, 21/03/2025
Le vin polonais gagne en qualitĂ©, mais reste encore trop peu connu hors de ses frontiĂšres. En Pologne, plus de 500 domaines viticoles sont enregistrĂ©s, dont environ 200 commercialisent leurs produits au-delĂ de la vente directe. Cette Ă©mergence est portĂ©e par le rĂ©chauffement climatique, qui rend dĂ©sormais possible la culture du raisin sur de vastes zones du pays, notamment au sud et Ă lâouest.
Lâarticle souligne des similitudes avec la filiĂšre britannique : production encore jeune, forte prĂ©sence de cĂ©pages hybrides (Solaris, Muscaris, Regent), forte crĂ©ativitĂ© dans les Ă©tiquettes et les noms, essor des vins effervescents en mĂ©thode traditionnelle. Les vins blancs se distinguent par leur puretĂ© aromatique, parfois prĂ©fĂ©rĂ©s aux Rieslings classiques.
Adam Michocki, importateur basĂ© au Royaume-Uni, promeut ces vins auprĂšs des restaurants Ă©toilĂ©s. Il mise sur le potentiel commercial des cĂ©pages hybrides, plus rĂ©sistants et adaptĂ©s Ă un viticulture durable. Mais les coĂ»ts restent Ă©levĂ©s en raison de la taille rĂ©duite des domaines, du manque dâinfrastructures et des investissements matĂ©riels lourds. « Faire du vin en Pologne, câest comme en faire sur la Lune », plaisante-t-il.
Le vin polonais souffre aussi dâun manque de reconnaissance. Lors dâun rĂ©cent salon Ă Londres, les dĂ©gustateurs Ă©taient curieux et conquis, mais la commercialisation reste un dĂ©fi. Lâabsence dâAOC, les prix Ă©levĂ©s et la mĂ©connaissance du consommateur occidental freinent encore lâexpansion du secteur. Pourtant, la qualitĂ© est bien au rendez-vous, et la filiĂšre pourrait bien faire parler dâelle dans les annĂ©es Ă venir.
Financial Times, Booze faces its big tobacco moment, 22/03/2025
Lâindustrie de lâalcool traverse une pĂ©riode charniĂšre qui nâest pas sans rappeler la chute de la consommation de tabac. En 2024, la consommation dâalcool par habitant a chutĂ© de 3 % aux Ătats-Unis â une baisse inĂ©dite depuis la Prohibition. Cette tendance inquiĂšte les investisseurs, dâautant que lâOMS rĂ©clame dĂ©sormais des Ă©tiquetages avec avertissements sanitaires, Ă lâimage de ceux sur les paquets de cigarettes.
Le phĂ©nomĂšne sâexplique par un changement culturel profond : montĂ©e des prĂ©occupations de santĂ©, percĂ©e des boissons sans alcool, et impact des mĂ©dicaments contre lâobĂ©sitĂ© comme le Wegovy ou lâOzempic, qui rĂ©duisent aussi la consommation dâalcool. Ces bouleversements ont entraĂźnĂ© une baisse de 8 % de la valorisation boursiĂšre des groupes de spiritueux, autrefois trĂšs attractifs.
Certaines figures emblĂ©matiques du secteur sâadaptent : Diageo, par exemple, abandonne ses objectifs de croissance Ă long terme, tandis que les producteurs investissent massivement dans les gammes sans alcool. Lâanalyste Trevor Stirling de Bernstein parle dâun « moment tabac » pour lâalcool, tandis que des investisseurs comme Terry Smith se dĂ©sengagent, jugeant le secteur trop risquĂ© Ă moyen terme.
Les jeunes gĂ©nĂ©rations sont en partie Ă lâorigine du phĂ©nomĂšne. Moins enclins Ă consommer de lâalcool rĂ©guliĂšrement, influencĂ©s par les rĂ©seaux sociaux, ils privilĂ©gient une hygiĂšne de vie plus saine. Les gĂ©ants des spiritueux misent sur cette mutation pour renouveler leur offre et Ă©viter une perte structurelle de leur clientĂšle.
Lâindustrie, consciente des enjeux, cherche Ă prĂ©senter la modĂ©ration non plus comme une menace, mais comme une opportunitĂ© stratĂ©gique, en promouvant une consommation « meilleure, pas plus ». Ă lâimage du secteur du tabac qui sâest tournĂ© vers les substituts nicotiniques, les groupes misent sur lâinnovation et la transparence pour regagner la confiance des consommateurs.
Câest tout pour aujourdâhui.
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A la semaine prochaine!
O. Frey