đŸđđ Eat's business đđ·đ§ 2025-10
Bonjour Ă toutes et Ă tous, Eat's Business est une newsletter dans laquelle vous trouverez une revue de presse de quelques articles sur le monde de lâalimentaire qui mâont semblĂ© intĂ©ressants dans la semaine prĂ©cĂ©dente.
Pour ceux qui veulent la formule ristretto, les 3 articles que je vous conseille de lire en priorité cette semaine sont :
Le Monde, « On me dit que je dénature la gastronomie » : les influenceurs végans en proie au harcÚlement, 16/03/2025
Modern Retail, General Mills and Campbellâs see a snack slowdown, 20/03/2025
The Guardian, Ultra-processed babies: are toddler snacks one of the great food scandals of our time?, 15/03/2025
Bonne lecture et bonne semaine Ă toutes et Ă tous!
Pour celles et ceux dâentre vous qui ont plus de temps pour la formule lungo :
LibĂ©ration, «La cuisine iranienne, lâune des plus anciennes du monde, est extrĂȘmement variĂ©e», 20/03/2025
Ă lâoccasion de Norouz, le Nouvel An persan, lâarticle met en lumiĂšre la richesse de la gastronomie iranienne et son rĂŽle central dans les traditions culturelles et familiales. Norouz, inscrit au patrimoine immatĂ©riel de lâUnesco, marque le retour du printemps et donne lieu Ă de nombreuses festivitĂ©s, dont le « mercredi du feu », rituel de purification consistant Ă sauter au-dessus des flammes. Plus encore que les rites, câest autour de la table que se cristallent les valeurs iraniennes : hospitalitĂ©, abondance, partage.
Rochane Garajedagui, ingĂ©nieur franco-iranien, et son pĂšre ont publiĂ© « Cuisine familiale dâIran » pour transmettre les recettes de la mĂšre de ce dernier, parmi lesquelles le riz aux griottes, emblĂ©matique de la cuisine persane. Celle-ci se distingue par son usage subtil dâherbes, dâĂ©pices douces (cannelle, cardamome), de fruits secs et de saveurs acidulĂ©es ou sucrĂ©es-salĂ©es, bien loin des clichĂ©s dâune cuisine Ă©picĂ©e.
Le restaurant Norouz Ă Paris illustre la vitalitĂ© de cette cuisine : on y sert des plats mijotĂ©s comme le poulet Ă la grenade ou des grillades marinĂ©es, accompagnĂ©s de riz lavĂ© Ă plusieurs reprises pour en retirer lâamidon. La boisson traditionnelle, le dough (yaourt fermentĂ© Ă la menthe), est omniprĂ©sente. Elham Ahmari, cheffe du lieu, souligne lâimportance du temps et de la prĂ©cision dans la prĂ©paration de ces plats, qui nĂ©cessitent chaque semaine prĂšs de 50 kilos dâherbes fraĂźches. Ă lâautre bout de Paris, le bistrot Namak propose une version modernisĂ©e de la cuisine iranienne. PortĂ© par Arthur Comte et Rod Pourcyrus, il mĂȘle tradition et crĂ©ativitĂ©, avec des clins dâĆil esthĂ©tiques Ă la rĂ©volution iranienne et aux codes culinaires actuels : pain turc au zaatar, cocktails aux griottes, fermentation dâail ou encore citron noir.
Lâarticle insiste enfin sur la diversitĂ© rĂ©gionale de la cuisine iranienne, reflet de la variĂ©tĂ© des climats du pays, et sur la transmission familiale des recettes, pilier dâune culture culinaire qui reste encore peu reprĂ©sentĂ©e dans la gastronomie française, mais qui sĂ©duit de plus en plus.
Les Ăchos, Guerre commerciale : les maisons de champagne sur le qui-vive, 19/03/2025
Alors que Donald Trump menace dâimposer une taxe de 200 % sur les vins et spiritueux europĂ©ens, les producteurs de champagne sont en alerte. Les Ătats-Unis, premier marchĂ© Ă©tranger du champagne en valeur avec 810 millions dâeuros en 2023, reprĂ©sentent 10 % des volumes exportĂ©s. Ă Ăpernay, capitale du champagne, les grandes maisons se montrent discrĂštes mais inquiĂštes. Florent Roques-Boizel, PDG de la maison Boizel, dĂ©nonce une situation oĂč le champagne devient une victime collatĂ©rale des tensions entre lâEurope et les Ătats-Unis, liĂ©es Ă des droits de douane sur lâacier, lâaluminium et le bourbon.
Face Ă lâincertitude, plusieurs producteurs ont anticipĂ© en envoyant des stocks importants dĂšs le dĂ©but de lâannĂ©e. Boizel et Leclerc-Briant ont expĂ©diĂ© des volumes inhabituels vers les Ătats-Unis, avec jusquâĂ un an de stock pour cette derniĂšre. Dâautres, comme Joseph Perrier Ă ChĂąlons-en-Champagne, refusent de stocker davantage Ă cause des coĂ»ts logistiques, prĂ©fĂ©rant rester prudents, dâautant quâune prĂ©cĂ©dente alerte en 2020 sâĂ©tait soldĂ©e par un statu quo.
Lâensemble du secteur champagne, qui comprend 390 maisons et pĂšse 6,4 milliards dâeuros, redoute les effets dâun conflit douanier prolongĂ©. DĂ©jĂ confrontĂ© Ă une baisse de 9 % des expĂ©ditions en 2024, selon le ComitĂ© Champagne, il pourrait souffrir davantage si ces menaces se concrĂ©tisent. MĂȘme les petites structures indĂ©pendantes, comme Piot-SĂ©villano ou Richardot, sâinquiĂštent des effets indirects : dĂ©sorganisation des marchĂ©s, perte de rentabilitĂ©, obligation de se redĂ©ployer vers dâautres pays.
Au-delĂ des stratĂ©gies commerciales, le secteur espĂšre une issue politique. Certains dirigeants, comme Benjamin Fourmon (Joseph Perrier), comptent sur lâinfluence des grands groupes comme LVMH ou Vranken-Pommery, bien implantĂ©s aux Ătats-Unis, pour inciter la Commission europĂ©enne Ă intervenir. Mais la tension reste vive, car le champagne, emblĂšme du luxe Ă la française, pourrait devenir un symbole de reprĂ©sailles commerciales.
Les Ăchos, Comment les cocottes Le Creuset sont redevenues glamours auprĂšs des jeunes, 18/03/2025
Longtemps associĂ©es Ă une image vieillotte, les cocottes en fonte Ă©maillĂ©e Le Creuset font un retour en force auprĂšs des jeunes gĂ©nĂ©rations. PropulsĂ©e sur les rĂ©seaux sociaux, notamment TikTok, la marque centenaire est devenue tendance, avec des millions de vues sur le hashtag #LeCreuset. Ce phĂ©nomĂšne repose sur une combinaison gagnante : marketing dâinfluence, stratĂ©gie de collection, esthĂ©tique colorĂ©e et diversification des produits.
Depuis 2020, Le Creuset a su tirer parti de sa soudaine popularitĂ© digitale. La marque multiplie les collaborations avec des crĂ©ateurs de contenu, dĂ©veloppe des coloris originaux â plus de 100 au catalogue â et lance des Ă©ditions limitĂ©es inspirĂ©es dâunivers populaires comme Harry Potter, Disney ou PokĂ©mon. Ce positionnement suscite un fort engouement, notamment en Asie et aux Ătats-Unis, oĂč des vidĂ©os sont partagĂ©es quotidiennement. Certaines piĂšces deviennent mĂȘme des objets de collection, revendues Ă prix dâor sur des plateformes en ligne.
Loin de se contenter des cocottes traditionnelles, Le Creuset diversifie ses gammes : ustensiles de barbecue, produits nomades (bouteilles isothermes, mugs, etc.), vaisselle assortie⊠Cette approche sĂ©duit une clientĂšle jeune qui voit dans ces objets de cuisine une maniĂšre dâaffirmer son style et de crĂ©er un univers cohĂ©rent et instagrammable. MĂ©dina KonĂ©, spĂ©cialiste du marketing digital, souligne que « les ustensiles deviennent la dĂ©coration », participant Ă une mise en scĂšne de la cuisine sur les rĂ©seaux sociaux.
Le succĂšs repose aussi sur lâeffet Cyril Lignac, les tutoriels de recettes, et le retour en force du âfait maisonâ, amplifiĂ© depuis la pandĂ©mie de Covid-19. Lâenseigne mise sur ces nouvelles habitudes, en intĂ©grant des tutoriels, des recettes et des conseils via ses rĂ©seaux sociaux pour accompagner les utilisateurs dans leur quotidien culinaire.
MalgrĂ© des prix Ă©levĂ©s â jusquâĂ 379 ⏠pour certaines cocottes â, les jeunes consommateurs sont prĂȘts Ă investir dans du matĂ©riel durable, synonyme de qualitĂ© et de longĂ©vitĂ©. Les grandes braderies annuelles Ă Fresnoy-le-Grand, site historique de production, sont trĂšs populaires, alimentant Ă la fois la raretĂ© et la dĂ©sirabilitĂ© de la marque.
PrĂ©sente dans 60 pays avec 575 boutiques, Le Creuset reste discrĂšte sur ses chiffres mais revendique une clientĂšle multigĂ©nĂ©rationnelle. GrĂące Ă une stratĂ©gie savamment orchestrĂ©e, la marque a su sĂ©duire une nouvelle audience, moderniser son image sans renier son identitĂ© et sâimposer comme un symbole lifestyle de la cuisine contemporaine.
Le Monde, « On me dit que je dénature la gastronomie » : les influenceurs végans en proie au harcÚlement, 16/03/2025
Alors que les fĂȘtes de fin dâannĂ©e riment souvent avec foie gras, dinde et autres symboles carnĂ©s, une frange croissante dâinfluenceurs vĂ©gans et vĂ©gĂ©tariens tente de proposer des alternatives festives, souvent confrontĂ©es Ă une hostilitĂ© virulente en ligne. Lâarticle dresse un panorama de ces crĂ©ateurs de contenu culinaire engagĂ©s, victimes de cyberharcĂšlement, mais aussi figures de proue dâun militantisme culinaire apaisĂ©.
MĂ©lanie Sancery-Gay (@melanie_en_veganie) incarne ce mouvement : sa recette de bourguignon vĂ©gĂ©tal Ă base de champignons et de seitan, publiĂ©e en dĂ©cembre 2024, a Ă©tĂ© visionnĂ©e plus de 800 000 fois⊠mais a aussi dĂ©clenchĂ© une avalanche de critiques, insultes et Ă©mojis de dĂ©goĂ»t. Lâutilisation du mot « bourguignon » est dĂ©noncĂ©e comme un sacrilĂšge par certains internautes qui voient dans ces dĂ©tournements vĂ©gĂ©taux une menace Ă lâidentitĂ© gastronomique française.
Comme elle, dâautres influenceurs â AndrĂ©a Martin (@le.renard.et.les.raisins), ChloĂ©e Mussler (@lapetitechefmumu), Sam Cottet (@healthy.lalou) ou Alie SuvĂ©lor (@healthyalie) â tĂ©moignent de pressions et dâagressions verbales quasi quotidiennes : commentaires misogynes, envoi de photos de viande crue, attaques sur leur poids, genre ou orientation sexuelle. Un acharnement qui rĂ©vĂšle une crispation culturelle autour de la viande, encore perçue comme un symbole de pouvoir, de virilitĂ© et dâenracinement identitaire.
Chez les hommes vĂ©gans, la masculinitĂ© est souvent remise en question, via des insultes comme « homme soja », renvoyant Ă un imaginaire pĂ©joratif popularisĂ© par les milieux conservateurs. Sam Cottet illustre bien cette hostilitĂ© : ses recettes sucrĂ©es Ă base de cannelle ou de lait vĂ©gĂ©tal dĂ©clenchent rĂ©guliĂšrement des salves de moqueries sur sa virilitĂ©. De son cĂŽtĂ©, Alie SuvĂ©lor Ă©voque les couches supplĂ©mentaires de violences quâelle subit, en tant que femme noire, autiste, et vĂ©ganne.
MalgrĂ© ces attaques, aucun dâeux ne cherche Ă imposer un dogme. Leur approche reste douce, pĂ©dagogique, souvent orientĂ©e vers le plaisir de cuisiner autrement. Tous dĂ©fendent une cuisine inclusive, gourmande, et soucieuse de lâenvironnement et du bien-ĂȘtre animal. Et paradoxalement, la violence des haters augmente leur visibilitĂ© via les algorithmes des rĂ©seaux sociaux, leur permettant de toucher un public plus large.
LâUsine Nouvelle, MalgrĂ© la progression des Ă©changes, le marchĂ© du riz reste exposĂ© aux tensions gĂ©opolitiques, 21/03/2025
Alors que les Ă©changes mondiaux de riz devraient atteindre un record de 60 millions de tonnes en 2025, soit 11 % de la production mondiale, cette croissance masque une rĂ©alitĂ© plus instable : le marchĂ© du riz reste lâun des plus vulnĂ©rables aux tensions gĂ©opolitiques. Le Cirad, via lâobservatoire Osiriz, met en garde contre un systĂšme fragile, peu transparent et fortement soumis aux dĂ©cisions politiques des Ătats producteurs.
Ă la diffĂ©rence du blĂ©, massivement Ă©changĂ© Ă hauteur de 25 % de sa production, le riz reste en grande partie consommĂ© localement, notamment en Chine et en Inde, qui assurent Ă eux deux la moitiĂ© de la production mondiale. Ce rĂŽle stratĂ©gique en fait un pilier de leur sĂ©curitĂ© alimentaire, ce qui explique les multiples ingĂ©rences Ă©tatiques : taxes Ă lâexportation, subventions, ou restrictions selon les contextes Ă©lectoraux ou climatiques.
LâInde, en particulier, a restreint ses exportations entre 2022 et 2024 pour Ă©viter une hausse des prix internes Ă lâapproche des Ă©lections gĂ©nĂ©rales. Cette dĂ©cision, bien que levĂ©e rĂ©cemment, a provoquĂ© une flambĂ©e des cours, ravivant les souvenirs de la crise alimentaire mondiale de 2008. Toutefois, en parallĂšle de cette politique protectionniste, lâInde a aussi mis en place une forme de « diplomatie du riz », en autorisant certaines livraisons Ă des pays du Sud (Afrique subsaharienne, PhilippinesâŠ) via des contrats gouvernementaux. En 2024, prĂšs de 3 millions de tonnes de riz ont ainsi Ă©tĂ© exportĂ©es malgrĂ© lâinterdiction officielle.
La Chine, de son cÎté, conserve précieusement ses gigantesques stocks (la moitié des 200 millions de tonnes mondiaux), sans aucune redistribution, ce qui constitue un facteur aggravant en cas de crise. Ce manque de coopération, combiné à une concentration des exportations mondiales entre seulement trois pays (Inde, Thaïlande, Vietnam), rend le marché hautement volatil.
En Europe, le marchĂ© est marginal et non standardisĂ© : les Ă©changes se font de grĂ© Ă grĂ©, sans marchĂ© Ă terme, rendant les prix encore plus sensibles aux spĂ©culations. Les experts comme Jean-Pierre Brun ou Bertrand Mazel sâinquiĂštent dâun systĂšme globalement plus instable quâen 2008, alors que la population mondiale a crĂ» et que les stocks restent limitĂ©s Ă quatre mois de consommation.
Enfin, le riz nâest pas un produit uniforme : il existe de nombreuses variĂ©tĂ©s, avec des marchĂ©s distincts, aux fluctuations indĂ©pendantes. Cela renforce lâimpression dâun marchĂ© Ă©clatĂ©, fragmentĂ©, oĂč chaque crise gĂ©opolitique ou climatique peut avoir des rĂ©percussions lourdes.
LâExpress, Comment les Français s'informent pour bien manger : les rĂ©sultats surprenants d'une enquĂȘte exclusive, 19/03/2025
La quatriĂšme Ă©dition du BaromĂštre de lâesprit critique, pilotĂ©e par Universcience avec OpinionWay, rĂ©vĂšle une prĂ©occupation croissante des Français pour leur alimentation, mais aussi un dĂ©sarroi face Ă la profusion de sources dâinformation et de fausses croyances. RĂ©alisĂ©e auprĂšs de 2 610 personnes, lâenquĂȘte met en Ă©vidence un fort intĂ©rĂȘt pour la nutrition : 72 % aiment cuisiner, 75 % veillent Ă lâĂ©quilibre des repas, et 80 % consomment rĂ©guliĂšrement fruits et lĂ©gumes.
Les régimes alimentaires dessinent une fracture sociale et générationnelle : 56 % des Français sont omnivores (62 % en zones rurales), tandis que les végétariens, végétaliens et flexitariens sont surreprésentés en milieu urbain (47 %). Chez les 18-24 ans, 25 % adoptent une alimentation végétale, motivée par des préoccupations éthiques ou environnementales.
LâĂ©tude montre que les Français sâinforment dâabord par leur entourage (54 %), puis via Internet hors rĂ©seaux sociaux (50 %) et les professionnels de santĂ© (30 %). Toutefois, la confiance va majoritairement aux mĂ©decins (79 %), Ă lâentourage (72 %) et aux institutions publiques comme lâInserm (71 %). Les industriels de lâagroalimentaire nâinspirent que 28 % de confiance. Notamment, les vĂ©gĂ©tariens et vĂ©gĂ©taliens privilĂ©gient les applications comme Yuka ou OpenFoodFacts, jugĂ©es plus fiables que les professionnels de santĂ©.
Lâincertitude domine : 56 % des sondĂ©s dĂ©clarent ne « pas vraiment savoir qui croire », et les plus jeunes sont encore plus dĂ©boussolĂ©s (65 %). Cela favorise lâadhĂ©sion Ă des croyances erronĂ©es : 58 % croient aux cures dĂ©tox, 37 % aux vertus des complĂ©ments alimentaires, et 34 % pensent que les hommes ont besoin de plus de viande rouge que les femmes. Ces chiffres sont encore plus Ă©levĂ©s chez les jeunes.
Enfin, lâenquĂȘte rĂ©vĂšle une confiance globalement forte envers la science (78 %), bien que lâintĂ©rĂȘt pour les sujets scientifiques baisse (62 %, â7 points en un an). Lâesprit critique est revendiquĂ© par 75 % des rĂ©pondants, mais les jeunes montrent plus de difficultĂ© face Ă des opinions divergentes. LâĂ©tude appelle Ă une meilleure communication nutritionnelle, notamment Ă destination des jeunes.
Le Monde, Le gamay, la revanche dâun cĂ©page mal-aimĂ©, 20/03/2025
Longtemps considĂ©rĂ© comme un cĂ©page mineur, le gamay connaĂźt un renouveau spectaculaire, notamment auprĂšs des jeunes amateurs de vins frais, lĂ©gers et peu tanniques. Jadis relĂ©guĂ© Ă des vins de comptoir ou associĂ© au beaujolais nouveau, il revient en force grĂące Ă une revalorisation qualitative initiĂ©e par les vignerons du Beaujolais et dâautres rĂ©gions françaises.
Historiquement marginalisĂ© depuis le XIVe siĂšcle, lorsque Philippe le Hardi en interdit la culture en Bourgogne, le gamay a Ă©tĂ© victime dâune image dĂ©valorisĂ©e. Pourtant, sa capacitĂ© Ă produire des vins fruitĂ©s, accessibles, mais complexes et adaptĂ©s Ă la diversitĂ© des terroirs, sĂ©duit de plus en plus. Il est aujourdâhui cultivĂ© sur prĂšs de 20 000 hectares, principalement dans le RhĂŽne (Beaujolais), mais aussi dans la Loire, la Savoie, le Tarn ou lâAuvergne.
Le gamay prĂ©sente deux atouts majeurs : sa fraĂźcheur naturelle et sa rĂ©silience face au rĂ©chauffement climatique. Il conserve son aciditĂ© mĂȘme sous des tempĂ©ratures extrĂȘmes, contrairement Ă des cĂ©pages comme le chardonnay. Cette caractĂ©ristique en fait un cĂ©page stratĂ©gique dans un contexte de dĂ©rĂšglement climatique.
Les vignerons interrogĂ©s soulignent aussi sa grande diversitĂ© aromatique, liĂ©e Ă la variĂ©tĂ© des sols et microclimats : granit, marnes, schistes, quartz⊠Ces terroirs, couplĂ©s Ă des mĂ©thodes de vinification plus prĂ©cises, permettent de produire des vins plus complexes, parfois de garde. Les dix crus du Beaujolais (morgon, fleurie, brouilly, etc.) cherchent aujourdâhui Ă se distinguer de lâimage folklorique du beaujolais nouveau pour incarner lâexcellence.
La dynamique dĂ©passe le Beaujolais. En Auvergne, Forez ou Saint-Pourçain, des collectifs comme Loire Volcanique contribuent Ă redorer lâimage du gamay. Des jeunes vignerons y produisent des cuvĂ©es aux profils trĂšs variĂ©s, allant du vin « de copains » aux flacons complexes et Ă©picĂ©s issus de sols volcaniques.
Enfin, les sous-variétés du gamay (gamay-saint-romain, gamay de bouze, etc.) enrichissent encore cette mosaïque viticole. Utilisé aussi pour des rosés aromatiques, le gamay incarne une nouvelle approche du vin : plus souple, plus durable, plus accessible, mais exigeant dans sa diversité. Un parfait reflet des évolutions actuelles du goût et des pratiques viticoles.
Process Alimentaire, La Coopérative Isigny Sainte-MÚre entre en négociation exclusive avec La Maison du Biscuit en vue de son acquisition, 20/03/2025
La coopĂ©rative laitiĂšre Isigny Sainte-MĂšre a annoncĂ© ĂȘtre entrĂ©e en nĂ©gociation exclusive pour acquĂ©rir 90 % du capital de La Maison du Biscuit, entreprise normande renommĂ©e pour ses biscuits artisanaux haut de gamme. Lâobjectif : renforcer son ancrage rĂ©gional, diversifier son portefeuille premium et sâimplanter sur de nouveaux marchĂ©s Ă forte valeur ajoutĂ©e.
InstallĂ©e Ă Sortosville-en-Beaumont (Manche), La Maison du Biscuit connaĂźt depuis 1995 une croissance soutenue. Lâentreprise affiche une progression annuelle de 10 % de son chiffre dâaffaires. En 2021, elle a investi 11 millions dâeuros pour agrandir et moderniser ses ateliers de production, qui atteignent dĂ©sormais 7 000 mÂČ. Cet investissement vise Ă tripler la capacitĂ© de production, avec un objectif Ă terme de 1 200 tonnes par an.
La signature finale de lâaccord est prĂ©vue pour fin mai 2025, sous rĂ©serve des consultations obligatoires des instances reprĂ©sentatives du personnel. La convergence des valeurs entre les deux acteurs â ancrage normand, savoir-faire artisanal, qualitĂ© premium â est au cĆur de cette opĂ©ration.
Isigny Sainte-MĂšre, dĂ©jĂ reconnue pour ses beurres, crĂšmes et fromages dâappellation, Ă©tend ainsi son influence sur un segment biscuitier complĂ©mentaire, tout en renforçant son image de marque auprĂšs des consommateurs en quĂȘte de produits authentiques. Une opĂ©ration stratĂ©gique, Ă la croisĂ©e du terroir et de lâinnovation.
Les Ăchos, Comment le burger in vitro pourrait bientĂŽt arriver dans nos assiettes, 20/03/2025
Le Royaume-Uni sâimpose comme lâun des leaders mondiaux de la viande cultivĂ©e en laboratoire, avec une dizaine de start-up, dont Hoxton Farms, qui dĂ©veloppent des graisses animales sans abattage. Cette technologie, nĂ©e en 2013 Ă Maastricht, vise Ă produire des aliments Ă base de cellules souches animales, cultivĂ©es dans des biorĂ©acteurs. Elle promet de rĂ©pondre aux enjeux environnementaux, sanitaires et Ă©thiques liĂ©s Ă lâĂ©levage intensif.
Hoxton Farms, spĂ©cialisĂ©e dans la graisse de porc cultivĂ©e, nourrit ses cellules de glucose, dâacides aminĂ©s et de sel. Ce gras est ensuite intĂ©grĂ© Ă des substituts vĂ©gĂ©taux pour crĂ©er des produits hybrides (saucisses, baconâŠ). Lâentreprise vise les producteurs de fausse viande dĂ©sireux dâamĂ©liorer goĂ»t et texture. Dâautres acteurs britanniques, comme Uncommon, Ivy Farm Technologies ou Meatly, dĂ©veloppent des piĂšces entiĂšres ou des produits pour animaux domestiques.
Singapour, les Ătats-Unis et IsraĂ«l ont dĂ©jĂ autorisĂ© la commercialisation de viande cultivĂ©e, et le Royaume-Uni pourrait suivre prochainement. LâUE, elle, reste frileuse, voire hostile : lâItalie lâa interdite, et plusieurs pays, dont la France, dĂ©noncent une menace pour leurs traditions agricoles.
Les avantages mis en avant sont multiples : rĂ©duction des Ă©missions de CO2, moindre utilisation de ressources, absence dâantibiotiques, personnalisation nutritionnelle (moins de graisses saturĂ©es, plus dâomĂ©ga-3), sĂ©curitĂ© sanitaire accrue (sans bactĂ©ries ni zoonoses). Mais la production Ă grande Ă©chelle reste un dĂ©fi, notamment Ă cause du coĂ»t Ă©levĂ© des biorĂ©acteurs et du substrat de culture.
La perception du public reste lâobstacle principal : beaucoup voient ces aliments comme artificiels, inquiĂ©tants ou peu naturels. Pourtant, dans un contexte de crise climatique et de croissance dĂ©mographique, la viande in vitro pourrait bien sâimposer comme une solution crĂ©dible, en complĂ©ment de lâoffre carnĂ©e traditionnelle.
Modern Retail, General Mills and Campbellâs see a snack slowdown, 20/03/2025
Les gĂ©ants de lâagroalimentaire General Mills et Campbellâs affichent des rĂ©sultats dĂ©cevants pour leurs gammes de snacks, tĂ©moignant dâun essoufflement du segment aprĂšs des annĂ©es de croissance portĂ©e par la pandĂ©mie. Lâarticle analyse les raisons de cette stagnation, dans un contexte de retour Ă la normale des habitudes de consommation et dâarbitrages budgĂ©taires accrus de la part des mĂ©nages.
Campbellâs, cĂ©lĂšbre pour ses soupes mais aussi ses marques de snacking comme Goldfish et Snyderâs, a enregistrĂ© une baisse de 1 % de ses ventes nettes au deuxiĂšme trimestre fiscal. General Mills, propriĂ©taire de Chex Mix, Nature Valley ou encore Totinoâs, affiche Ă©galement des rĂ©sultats en berne, particuliĂšrement sur le segment des collations salĂ©es. Les consommateurs, confrontĂ©s Ă lâinflation persistante, se tournent vers des produits de base moins transformĂ©s ou plus Ă©conomiques.
Le PDG de General Mills, Jeff Harmening, reconnaĂźt une forme de ânormalisationâ de la demande post-Covid. AprĂšs lâexplosion de la consommation Ă domicile durant les confinements, les achats de snacks redeviennent plus rationnels. De plus, la multiplication de promotions et de remises nĂ©cessaires pour maintenir les volumes affecte les marges. Campbellâs note que les consommateurs font preuve de âdiscernement accruâ, privilĂ©giant les achats planifiĂ©s aux achats impulsifs.
La concurrence joue aussi un rĂŽle : les marques indĂ©pendantes, les marques de distributeurs (MDD) et les snacks dits âbetter-for-youâ grignotent des parts de marchĂ©. Face Ă cela, les deux groupes misent sur lâinnovation, le repositionnement nutritionnel (moins de sel, plus de protĂ©ines) et les extensions de gamme. General Mills prĂ©voit notamment de capitaliser sur les formats nomades et les recettes multicĂ©rĂ©ales.
Enfin, lâarticle Ă©voque la transformation des canaux de vente. La croissance en ligne et le dĂ©veloppement du snacking dans les enseignes spĂ©cialisĂ©es ou les points de vente alternatifs (station-service, distributeurs automatiques haut de gamme) bousculent les modĂšles classiques de distribution.
The Guardian, Ultra-processed babies: are toddler snacks one of the great food scandals of our time?, 15/03/2025
Un article percutant qui sâattaque Ă ce quâil qualifie de scandale alimentaire encore peu dĂ©noncĂ© : lâomniprĂ©sence de produits ultra-transformĂ©s dans lâalimentation des bĂ©bĂ©s et des jeunes enfants au Royaume-Uni. Ce phĂ©nomĂšne, favorisĂ© par les industriels et lâinaction gouvernementale, touche dĂ©sormais toutes les classes sociales et suscite de sĂ©rieuses inquiĂ©tudes sanitaires.
Le rayon âalimentation bĂ©bĂ©â des supermarchĂ©s a profondĂ©ment changĂ©. Jadis dominĂ© par des purĂ©es simples en bocaux, il est aujourdâhui envahi par une multitude de snacks colorĂ©s, prĂ©sentĂ©s comme ludiques et sains : biscuits soufflĂ©s, anneaux sucrĂ©s, gourdes de smoothies ou âmelty puffsâ. Ces produits, souvent trĂšs sucrĂ©s, renforcent chez les enfants une prĂ©fĂ©rence pour les textures lisses et les goĂ»ts sucrĂ©s, au dĂ©triment des saveurs variĂ©es et des aliments frais. Or, selon une Ă©tude de 2022, 61 % des apports Ă©nergĂ©tiques des jeunes enfants britanniques de 2 Ă 5 ans proviennent dâaliments ultra-transformĂ©s, un taux supĂ©rieur Ă celui des adultes et mĂȘme Ă celui des enfants amĂ©ricains.
Les consĂ©quences sont alarmantes : augmentation des cas de caries prĂ©coces, troubles de la mastication, retards de langage liĂ©s Ă un manque de stimulation orale, et gĂ©nĂ©ration dâenfants qui vomissent Ă la vue dâun repas ânormalâ. Pour certains, ces snacks reprĂ©sentent 100 % de lâalimentation quotidienne. Les professionnels comme Melanie Smith, directrice dâune crĂšche, ou la docteure Vicky Sibson, de la First Steps Nutrition Trust, tirent la sonnette dâalarme depuis des annĂ©es.
Le rapport 2024 du comitĂ© parlementaire britannique sur lâalimentation et lâobĂ©sitĂ© appelle Ă interdire la promotion des âtoddler milksâ et Ă encadrer plus strictement les aliments pour bĂ©bĂ©s. Mais la rĂ©ponse du gouvernement reste minimaliste. En parallĂšle, les industriels continuent de commercialiser leurs produits comme ânaturelsâ, âbioâ ou âadaptĂ©sâ, jouant sur lâangoisse parentale et la culpabilitĂ©.
The Washington Post, Eating raw spinach to curb snacking? Hereâs why experts say it may help., 19/03/2025
Dans un contexte oĂč lâalimentation est au cĆur des prĂ©occupations santĂ©, lâarticle sâintĂ©resse Ă une tendance inattendue : la consommation dâĂ©pinards crus pour limiter les grignotages. Il explore les recherches et tĂ©moignages autour de ce lĂ©gume-feuille souvent sous-estimĂ©, mais qui pourrait avoir un impact rĂ©el sur le comportement alimentaire.
Selon plusieurs Ă©tudes citĂ©es, notamment de lâUniversitĂ© de Lund (SuĂšde), les Ă©pinards contiennent des thylakoĂŻdes, des membranes vĂ©gĂ©tales qui ralentiraient la digestion des graisses, augmenteraient la sensation de satiĂ©tĂ© et rĂ©duiraient les envies de sucre. Une Ă©tude menĂ©e sur 38 femmes en surpoids a montrĂ© que celles ayant consommĂ© un extrait de thylakoĂŻdes le matin avaient rĂ©duit de maniĂšre significative leur grignotage sucrĂ© dans la journĂ©e.
Lâarticle met en lumiĂšre les limites de ces travaux : les effets varient selon les individus, les doses, et le mode de consommation (Ă©pinards frais vs extraits concentrĂ©s). Mais certains nutritionnistes voient dans cette approche une piste prometteuse dans une logique de prĂ©vention douce de la suralimentation, notamment dans des contextes dâalimentation ultra-transformĂ©e.
Du cĂŽtĂ© des consommateurs, la tendance prend la forme de smoothies verts, de salades enrichies ou de snacks Ă base de feuilles crues. Sur TikTok, le mot-clĂ© #spinachsnack cumule des millions de vues, preuve de lâintĂ©rĂȘt viral autour de ce lĂ©gume dĂ©sormais perçu comme un alliĂ© minceur. Lâarticle reste toutefois prudent : les Ă©pinards ne sont pas une solution miracle, mais peuvent sâinscrire dans une stratĂ©gie alimentaire plus globale, alliant satiĂ©tĂ© naturelle, apport nutritionnel et gestion des compulsions. Certains experts mettent Ă©galement en garde contre les dangers potentiels dâune consommation excessive dâĂ©pinards (teneur en oxalates, risque de calculs rĂ©naux chez certains profils).
New York Times, Ben & Jerryâs Accuses Unilever of Firing Its C.E.O. for Political Reasons, 19/03/2025
Lâarticle revient sur les tensions entre la cĂ©lĂšbre marque de crĂšme glacĂ©e Ben & Jerryâs et sa maison mĂšre Unilever, aprĂšs le limogeage controversĂ© de son PDG, Matthew McCarthy. Les fondateurs historiques, Ben Cohen et Jerry Greenfield, dĂ©noncent une dĂ©cision motivĂ©e par des raisons politiques, en lien avec les prises de position progressistes et militantes de la marque, notamment sur le conflit israĂ©lo-palestinien.
Ben & Jerryâs, connue pour son activisme sur des causes sociales et environnementales, avait provoquĂ© une vive controverse en 2021 en annonçant quâelle ne vendrait plus ses produits dans les territoires occupĂ©s par IsraĂ«l, qualifiant cette prĂ©sence de « non conforme Ă ses valeurs ». Cette dĂ©cision avait suscitĂ© des pressions politiques importantes, des menaces de sanctions et des accusations dâantisĂ©mitisme, bien que la marque ait rĂ©affirmĂ© son soutien Ă IsraĂ«l tout en dĂ©nonçant lâoccupation.
Selon les fondateurs, Matthew McCarthy aurait Ă©tĂ© Ă©vincĂ© en dĂ©cembre 2023 pour avoir protĂ©gĂ© lâindĂ©pendance Ă©thique de la marque, en refusant de se plier aux injonctions de certains dirigeants dâUnilever. Unilever, de son cĂŽtĂ©, dĂ©ment toute motivation politique et affirme que le dĂ©part de McCarthy sâinscrit dans une restructuration plus large de lâentreprise.
Ce conflit met en lumiĂšre les contradictions entre lâimage militante dâune marque et la logique dâun grand groupe multinational. Ben & Jerryâs dispose dâun conseil indĂ©pendant chargĂ© de veiller Ă la conformitĂ© des dĂ©cisions commerciales avec ses valeurs fondatrices, un mĂ©canisme rare dans lâindustrie. Mais selon Cohen et Greenfield, Unilever aurait tentĂ© de contourner cette gouvernance.
Lâarticle Ă©voque aussi les implications de cette affaire dans le dĂ©bat plus large sur le rĂŽle des entreprises dans la vie politique et sociale. La montĂ©e des marques dites « engagĂ©es » entre parfois en collision avec les exigences de neutralitĂ© ou de rentabilitĂ© des actionnaires. Ben & Jerryâs incarne une tension croissante : peut-on vraiment dĂ©fendre des valeurs fortes tout en appartenant Ă un conglomĂ©rat global ?
Forbes, The Latest AI Trends Transforming The Food Industry, 18/03/2025
Lâarticle dresse un panorama des multiples façons dont lâintelligence artificielle (IA) est en train de rĂ©volutionner lâindustrie agroalimentaire. Des fermes connectĂ©es Ă la personnalisation nutritionnelle, en passant par lâoptimisation logistique, lâIA est dĂ©sormais omniprĂ©sente dans toutes les strates de la chaĂźne de valeur, contribuant Ă rendre lâalimentation plus efficace, durable et innovante.
Lâun des domaines les plus spectaculaires est celui de la conception de nouveaux produits. Des entreprises comme NotCo ou Climax Foods utilisent des modĂšles dâIA capables dâanalyser des milliards de combinaisons dâingrĂ©dients pour crĂ©er des alternatives vĂ©gĂ©tales aux produits animaux. NotCo, par exemple, a mis au point un systĂšme baptisĂ© Giuseppe qui simule le goĂ»t et la texture du lait, du poulet ou de la mayonnaise Ă partir dâĂ©lĂ©ments vĂ©gĂ©taux comme le pois, la betterave ou le chou. Climax Foods sâattaque quant Ă elle aux fromages affinĂ©s en reproduisant leurs profils molĂ©culaires Ă lâaide dâalgorithmes avancĂ©s.
LâIA est aussi utilisĂ©e dans le marketing prĂ©dictif et la gestion de la demande. Les distributeurs comme Walmart ou Tesco analysent en temps rĂ©el les donnĂ©es de ventes, les tendances sur les rĂ©seaux sociaux, les Ă©vĂ©nements climatiques ou sportifs pour ajuster leurs stocks, limiter le gaspillage et rĂ©pondre plus vite aux attentes du marchĂ©. La startup Afresh dĂ©veloppe une IA dĂ©diĂ©e aux rayons frais qui permettrait de rĂ©duire les pertes de fruits et lĂ©gumes de 25 Ă 30 % en optimisant commandes et rotations.
Dans le champ de la sĂ©curitĂ© alimentaire, des technologies de vision par ordinateur et dâapprentissage automatique sont utilisĂ©es pour dĂ©tecter automatiquement les dĂ©fauts sur les lignes de production. Des acteurs comme IBM (avec sa plateforme Food Trust, basĂ©e sur la blockchain) permettent aux industriels de tracer la provenance de chaque ingrĂ©dient en quelques secondes, un atout majeur en cas de rappel de produits contaminĂ©s.
LâIA ouvre aussi la voie Ă une nutrition ultra-personnalisĂ©e. Des applications comme ZOE ou DayTwo analysent le microbiote, les rĂ©ponses glycĂ©miques et les comportements alimentaires pour proposer des menus ajustĂ©s Ă chaque individu. Ces outils sâinscrivent dans une tendance plus large : celle de lâalimentation fonctionnelle, axĂ©e sur la prĂ©vention des maladies chroniques, la gestion de lâĂ©nergie, du stress ou du sommeil.
Enfin, Bernard Marr souligne les dĂ©fis Ă©thiques liĂ©s Ă cette transformation : collecte et usage des donnĂ©es sensibles, risque de standardisation des goĂ»ts, dĂ©pendance technologique, ou encore accentuation des inĂ©galitĂ©s face Ă lâaccĂšs Ă ces innovations. LâIA est une opportunitĂ© majeure, mais elle appelle Ă une gouvernance responsable et transparente.
Wall Street Journal, PepsiCo to Acquire Prebiotic Soda Brand Poppi for $1.95 Billion, 17/03/2025 + Financial Times, Pepsi taps booming gut-health market with $2bn Poppi deal, 17/03/2025
PepsiCo a annoncĂ©, le 17 mars 2025, lâacquisition de Poppi, une marque de sodas prĂ©biotiques en plein essor, pour 1,95 milliard de dollars (dont 300 millions dâavantages fiscaux anticipĂ©s, ramenant le coĂ»t net Ă 1,65 milliard). LâopĂ©ration illustre la volontĂ© du gĂ©ant des boissons de rĂ©orienter son portefeuille vers des produits mieux perçus sur le plan nutritionnel, alors que les ventes de sodas traditionnels stagnent et que les consommateurs se tournent vers des alternatives « mieux-ĂȘtre ».
FondĂ©e en 2015 par Allison et Stephen Ellsworth, Poppi a connu un dĂ©veloppement fulgurant aprĂšs sa mĂ©diatisation dans lâĂ©mission Shark Tank, oĂč lâancien dirigeant de Coca-Cola Rohan Oza a dĂ©cidĂ© de soutenir la marque via le fonds dâinvestissement CAVU Consumer Partners. MĂ©lange de jus de fruits, vinaigre de cidre et fibres prĂ©biotiques (notamment lâinuline issue de la racine de chicorĂ©e), Poppi se positionne comme une boisson « bonne pour le microbiote intestinal » â Ă la diffĂ©rence des probiotiques (comme le kĂ©fir ou le kombucha), qui ajoutent des bactĂ©ries, les prĂ©biotiques nourrissent celles dĂ©jĂ prĂ©sentes.
Poppi est devenue la premiĂšre marque de sodas prĂ©biotiques aux Ătats-Unis, avec plus de 500 millions de dollars de chiffre dâaffaires annuel et une croissance de 163 % sur un an selon Beverage Digest. Sa notoriĂ©tĂ© est en grande partie attribuĂ©e Ă une stratĂ©gie virale sur TikTok, qui lui a permis de sĂ©duire les consommateurs millennials et Gen Z en quĂȘte dâalternatives plus saines et stylisĂ©es aux sodas classiques.
Ce rachat sâinscrit dans une bataille fĂ©roce entre PepsiCo et Coca-Cola, ce dernier ayant rĂ©cemment lancĂ© Simply Pop, une boisson concurrente sous la banniĂšre de sa gamme Simply. Ensemble, Poppi et son rival Olipop ont gĂ©nĂ©rĂ© 817 millions de dollars de ventes sur lâannĂ©e Ă©coulĂ©e, et les analystes anticipent un marchĂ© dĂ©passant les 2 milliards de dollars dâici 2029.
Ce mouvement stratĂ©gique intervient alors que PepsiCo enregistre une baisse de 3 % de ses volumes de boissons en AmĂ©rique du Nord, affectant ses marques historiques comme Gatorade ou Lipton. Pour Ramon Laguarta, PDG de PepsiCo, lâobjectif est clair : rĂ©pondre Ă la demande croissante pour des produits « bons au goĂ»t, fonctionnels et compatibles avec un mode de vie sain ».
Cependant, la croissance rapide du segment suscite des interrogations : le marchĂ© des sodas « gut-friendly » ne risque-t-il pas dâĂȘtre saturĂ© ou diluĂ© avec lâarrivĂ©e des grands groupes ? Une chose est sĂ»re : avec Poppi, PepsiCo entend bien devenir le leader dâun nouveau chapitre du soft drink.
BaromĂštre de lâesprit critique, Edition 2025
LâĂ©tude mentionnĂ©e plus haut dans lâarticle de lâExpress.
Un Ă©pisode passionnant sur lâaventure du groupe Big Mamma. Encore du trĂšs bon travail par Business of Bouffe.
Câest tout pour aujourdâhui.
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A la semaine prochaine!
O. Frey