🌾🍇🐄 Eat's business 🍕🍷🧀 2025-09
Bonjour à toutes et à tous, Eat's Business est une newsletter dans laquelle vous trouverez une revue de presse de quelques articles sur le monde de l’alimentaire qui m’ont semblé intéressants dans la semaine précédente.
Pour ceux qui veulent la formule ristretto, les 3 articles que je vous conseille de lire en priorité cette semaine sont :
Libération, Diabète, cancers, carences… Les régimes végétariens passés au crible de l’Anses, 13/03/2025
Le Monde, La revanche des viandards : comment la culture de la ripaille fait prospérer le « gastronationalisme », 15/03/2025
Foodbev, Sauces and condiments drive M&A activity in food and beverage industry, 10/03/2025
Bonne lecture et bonne semaine à toutes et à tous!
Pour celles et ceux d’entre vous qui ont plus de temps pour la formule lungo :
Le Monde, La consigne de verre fait son retour, malgré de nombreuses résistances, 09/03/2025
La France relance la consigne du verre à grande échelle dans quatre régions (à partir de mai) dans le cadre de la loi anti-gaspillage. Cette initiative, baptisée "ReUse" et pilotée par l'éco-organisme Citeo, implique un millier de magasins et une cinquantaine d'industriels de l'alimentaire et de la boisson. L'objectif est d'encourager le réemploi des bouteilles et bocaux en verre afin de réduire la production de plastique à usage unique, tout en s'inscrivant dans une économie circulaire. Cependant, cette transition n'est pas sans difficultés.
Le modèle français, qui avait progressivement abandonné la consigne à partir des années 1950, accuse un retard considérable par rapport à des pays comme l'Allemagne, où 41,8 % des bouteilles en verre étaient réutilisées en 2019. En France, le taux de réemploi des emballages ménagers était de seulement 1,1 % en 2023, loin de l'objectif de 10 % fixé pour 2027. Les industriels s'inquiètent des coûts logistiques et des modifications profondes à apporter aux chaînes de production.
Pour réussir cette mutation, plusieurs enjeux doivent être relevés : la standardisation des contenants, la mutualisation des efforts entre industriels, et la sensibilisation des consommateurs. Citeo a déjà mis en place un circuit de collecte et de lavage via le collectif Go! Réemploi, qui réunit plusieurs acteurs du secteur. Toutefois, la question de la rentabilité reste centrale : un taux de retour des emballages de 85 % est nécessaire pour que le système soit viable.
Par ailleurs, un autre débat fait rage : la coexistence entre la consigne pour réemploi et celle pour recyclage du plastique. Si cette dernière est imposée par l'Union européenne à partir de 2029, elle pourrait fragiliser la filière du réemploi du verre. Les défenseurs de l'économie circulaire appellent à un engagement politique plus fort pour favoriser la réduction des déchets à la source.
Libération, Trump menace de droits de douane à 200 % sur les champagnes et vins français et de l’UE, Paris «déterminé à riposter», 13/03/2025
Donald Trump a menacé d’imposer des droits de douane de 200 % sur les champagnes, vins et alcools européens si l’UE ne retire pas sa taxe de 50 % sur le whisky américain. Cette déclaration s’inscrit dans une montée des tensions commerciales entre Washington et Bruxelles, le président américain accusant l’UE de tirer profit des États-Unis.
La réaction française a été immédiate. Le ministre du Commerce extérieur, Laurent Saint-Martin, a affirmé que Paris était « déterminé à riposter » et défendrait ses filières. Il dénonce une « surenchère » de Trump dans une guerre commerciale injustifiée. Les producteurs de vins et spiritueux expriment leur inquiétude face à ces représailles. Nicolas Ozanam, directeur général de la Fédération des Exportateurs de Vins et Spiritueux (FEVS), regrette que leur secteur soit une fois de plus utilisé comme monnaie d’échange dans des conflits qui le dépassent.
Les États-Unis représentent le premier marché d’exportation des vins et spiritueux français, avec 3,8 milliards d’euros de ventes en 2024. Une surtaxe de 200 % pourrait tripler le prix des bouteilles sur place, mettant en péril leur compétitivité. La filière est déjà fragilisée par les sanctions commerciales chinoises, qui ont entraîné une baisse de 25 % des exportations vers l’Asie. Une taxation américaine aggraverait encore la situation et menacerait des milliers d’emplois.
Depuis son retour à la Maison-Blanche, Trump a intensifié l’usage des droits de douane comme outil de négociation, visant d’abord le Canada, le Mexique et la Chine. Jusqu’ici, l’Europe avait été épargnée, mais Trump prévoit d’appliquer une taxation « réciproque » à partir du 2 avril, alignant les taxes sur les produits importés sur celles imposées aux exportations américaines.
L’avenir de ce conflit dépend des négociations entre Bruxelles et Washington. La Commission européenne assure qu’elle défendra les intérêts du continent, tout en restant ouverte au dialogue. Une solution diplomatique est cruciale pour éviter une guerre commerciale qui pourrait avoir des conséquences désastreuses sur le secteur viticole européen.
L’Usine Nouvelle, Pourquoi le secteur agroalimentaire s’inquiète de la guerre commerciale avec les Etats-Unis, 13/03/2025
Le secteur agroalimentaire français est également en alerte face aux tensions commerciales croissantes entre l’Union européenne et les États-Unis. Depuis plusieurs mois, les négociations commerciales entre les deux blocs sont marquées par des menaces de droits de douane supplémentaires sur des produits clés de l’agriculture et de l’agroalimentaire. Ces tensions, alimentées par des désaccords sur les politiques de subventions agricoles et les normes environnementales, risquent d’avoir des répercussions importantes sur les exportations françaises.
Les États-Unis, premier marché hors Europe pour les produits agroalimentaires français, envisagent d’imposer des taxes douanières sur des produits phares comme le vin, les fromages, la charcuterie et les spiritueux. Une telle décision pourrait fragiliser de nombreux producteurs, déjà affectés par la hausse des coûts de production et les contraintes réglementaires accrues. De plus, l’incertitude entourant ces échanges nuit à la visibilité des exportateurs, qui peinent à anticiper leurs stratégies commerciales.
L’industrie agroalimentaire européenne craint également des représailles dans d’autres secteurs. Certains acteurs américains demandent une ouverture accrue du marché européen aux produits agricoles américains, notamment ceux issus de l’agriculture intensive, qui ne répondent pas toujours aux normes européennes en matière de qualité et de traçabilité. Cette situation met en péril le modèle agricole français, basé sur des produits de terroir et une forte valorisation des appellations d’origine contrôlée (AOC).
Face à ces menaces, les professionnels du secteur appellent à une réponse politique forte. Plusieurs syndicats et fédérations agroalimentaires demandent à l’Union européenne de défendre les intérêts des producteurs locaux en négociant des accords équilibrés. Ils réclament également des mesures de soutien en cas d’augmentation des droits de douane, comme des aides financières ou des dispositifs de diversification des marchés d’exportation.
En attendant, certains producteurs commencent à explorer de nouvelles opportunités commerciales en Asie et au Moyen-Orient pour réduire leur dépendance au marché américain. D’autres misent sur une montée en gamme et une communication renforcée autour du savoir-faire français pour maintenir leur attractivité. Cependant, la situation reste incertaine et pourrait évoluer rapidement en fonction des décisions politiques prises des deux côtés de l’Atlantique.
Si cette guerre commerciale venait à s’intensifier, elle pourrait redessiner les flux d’échanges internationaux et obliger les entreprises agroalimentaires françaises à revoir en profondeur leur stratégie de développement à l’export.
Libération, Diabète, cancers, carences… Les régimes végétariens passés au crible de l’Anses, 13/03/2025
L’Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses) publie deux expertises sur les régimes végétariens et végétaliens, analysant leurs bénéfices et risques pour la santé. Ces rapports visent à éclairer les consommateurs et à formuler des recommandations pour garantir un équilibre nutritionnel optimal.
Selon l’étude, l’adoption d’un régime végétarien ou végétalien présente plusieurs avantages. Les personnes excluant la viande et le poisson réduisent leur risque de développer un diabète de type 2, des maladies cardiovasculaires et certains cancers (estomac, prostate, hématologiques). Une consommation moindre de viande et de charcuterie limite également l’obésité et les troubles cardiométaboliques. Toutefois, l’Anses précise que les preuves scientifiques restent insuffisantes pour établir un lien direct et irréfutable entre ces régimes et la prévention de certaines maladies.
Cependant, ces diètes ne sont pas sans risques. Les végétaliens, en particulier, présentent une probabilité plus élevée de fractures osseuses et d’hypospadias (malformation urétrale chez l’enfant). Les carences en fer, iode, vitamines B12, B2, B6 et D, ainsi qu’en zinc (notamment chez les hommes végans), sont également préoccupantes. L’Anses recommande donc des « régimes optimisés » et une supplémentation pour combler ces déficits. En France, l’offre d’aliments enrichis en B12 et autres nutriments essentiels reste encore limitée, rendant la supplémentation indispensable.
L’agence détaille des repères alimentaires adaptés aux adultes végétariens et végétaliens. Un lacto-ovovégétarien devrait consommer 700 g de fruits et légumes par jour, 75 g de légumes secs, 170 g de féculents complets, 65 g d’oléagineux, 350 g de substituts aux produits laitiers, 30 g d’huiles, et un apport limité en œufs et fromages. Le recours à un médecin nutritionniste est conseillé pour adapter ces recommandations à chaque individu.
En conclusion, si les régimes végétariens et végétaliens offrent des bénéfices pour la santé, ils nécessitent une vigilance accrue en matière de nutrition. L’Anses insiste sur l’importance d’un suivi alimentaire rigoureux pour éviter les carences et garantir un équilibre nutritionnel adapté aux besoins de chacun.
La Tribune, La périphérie urbaine, nouveau champ de bataille des boulangeries, 05/03/2025
Les boulangeries industrielles comme Ange, Marie Blachère, Louise ou Feuillette ont multiplié leur présence en périphérie des villes françaises ces dernières années, adoptant des stratégies marketing agressives et profitant de la standardisation des produits. Ces enseignes, souvent installées à proximité des grandes surfaces ou le long des axes routiers, attirent une clientèle variée grâce à des prix attractifs et à une politique de promotions continues. Leur modèle repose sur une organisation optimisée, des process industrialisés et des volumes de production élevés, leur permettant d'offrir des produits à des prix compétitifs.
Face à cette expansion, les artisans boulangers doivent s'adapter pour ne pas disparaître. Certains adoptent des stratégies différentes, misant sur la qualité, les circuits courts et la spécialisation de leurs produits. À Tonneins, par exemple, un artisan boulanger a délibérément choisi de monter en gamme plutôt que d'imiter les promotions agressives de la concurrence. Son chiffre d'affaires est en hausse, preuve qu'une partie des consommateurs est prête à payer plus cher pour une qualité supérieure et une production plus locale.
Malgré tout, la concurrence reste rude. Les franchises industrielles bénéficient d'une capacité d'achat massive leur permettant de négocier des prix avantageux sur les matières premières, ce qui pénalise les artisans. Pour beaucoup, la solution passe par une différenciation plus marquée, à travers des spécialités régionales, un service personnalisé et un ancrage local renforcé.
L'avenir du secteur se jouera sur la capacité des artisans à innover tout en préservant leur savoir-faire. Si certains arrivent à tirer leur épingle du jeu, d'autres pourraient être contraints de céder face à la puissance des grandes chaînes. Cette bataille commerciale soulève aussi des questions plus larges sur l'évolution du modèle alimentaire en France et sur l'avenir des commerces de proximité dans un marché de plus en plus concurrentiel.
Les Échos, Les boulangeries, nouveaux bistrots de la France urbaine, 10/03/2025
Boulangeries toujours. Face à l'évolution des modes de consommation et aux difficultés économiques, celles-ci se transforment pour devenir des lieux hybrides entre commerce de proximité et restauration rapide. Au-delà du pain et des viennoiseries, elles diversifient leur offre avec des sandwichs, des salades et des boissons chaudes pour capter une clientèle plus large et générer de nouveaux revenus. Cette stratégie leur permet de mieux résister à la concurrence des grandes chaînes et des boulangeries industrielles qui grignotent des parts de marché.
Cependant, cette mutation a un coût. L'installation de cuisines adaptées, le recrutement de personnel supplémentaire et la mise en place d'une logistique plus complexe pèsent sur les marges. De plus, les boulangers doivent faire face à une inflation galopante qui touche les matières premières (farine, beurre, sucre), l'énergie et les emballages. En réponse, certains misent sur des produits à forte valeur ajoutée, comme les pains spéciaux, les recettes bio ou les options sans gluten.
Le développement de ces boulangeries-bistrots suit également une tendance sociétale : les consommateurs recherchent de plus en plus des lieux de convivialité où ils peuvent manger rapidement sans sacrifier la qualité. Certaines enseignes, comme Feuillette, dont nous parlions juste au-dessus, ont développé un modèle proche du coffee shop, avec une ambiance chaleureuse et une offre gourmande allant au-delà du pain traditionnel.
Toutefois, ce virage stratégique n'est pas sans risque. Les boulangeries qui s'engagent dans cette diversification doivent veiller à ne pas perdre leur identité. Un équilibre subtil doit être trouvé entre tradition et modernité pour conserver une clientèle fidèle tout en attirant de nouveaux consommateurs. Si certaines enseignes parviennent à faire de cette mutation un succès, d'autres risquent de subir de plein fouet la pression financière et les changements d'habitudes alimentaires. L'avenir de la boulangerie artisanale repose donc sur sa capacité à innover tout en restant fidèle à son savoir-faire.
Le Monde, La revanche des viandards : comment la culture de la ripaille fait prospérer le « gastronationalisme », 15/03/2025
Alors que la consommation de viande diminue en France, une contre-culture émerge autour de la « ripaille », valorisant une gastronomie généreuse et traditionnelle. Dans les bistrots branchés ou sur les réseaux sociaux, l’engouement pour les viandes persillées, les banquets festifs et l’image d’un terroir authentique connaît un regain de popularité. Cette tendance, incarnée par des établissements comme Gueuleton, s’oppose aux discours prônant la réduction de la consommation de viande pour des raisons sanitaires et environnementales.
Fondé en 2012 par Arthur Edange et Vincent Bernard-Comparat, Gueuleton est devenu un empire de la bonne chère, avec 27 restaurants, un service traiteur et une websérie suivie par des milliers d’abonnés. Son succès repose sur une mise en scène de la tradition culinaire française, où la convivialité et le plaisir de manger priment sur toute considération diététique. Dans un contexte où 41 % des Français disent avoir réduit leur consommation de viande, les restaurants comme Gueuleton ou Bonvivant affichent pourtant une croissance constante, misant sur une expérience gastronomique immersive et nostalgique.
Toutefois, cette célébration de la viande s’accompagne d’une dimension identitaire, voire politique. Certains influenceurs, comme Grand Gaulois ou Les Moustachus en Vadrouille, associent la cuisine du terroir à une exaltation des valeurs françaises traditionnelles, parfois teintées de chauvinisme. Ce phénomène, qualifié de « gastronationalisme », exploite une imagerie rustique et un discours opposé aux tendances véganes ou flexitariennes. Pour ses détracteurs, il s’agit d’une réaction à l’évolution des mœurs alimentaires, perçue comme une menace pour l’identité culinaire française.
Dans cette mouvance, les banquets festifs comme ceux du Canon Français ou de La Grande Ripaille séduisent un public en quête d’une convivialité perdue, célébrant le patrimoine gastronomique avec abondance. Toutefois, cette mise en scène du terroir peut parfois flirter avec un nationalisme sous-jacent, entre références au passé et rejet implicite des nouvelles tendances alimentaires.
Si la ripaille reste avant tout un plaisir culinaire, elle cristallise un débat plus large sur l’évolution de la gastronomie française. Entre attachement aux traditions et ouverture aux nouvelles pratiques, la cuisine devient un terrain d’affrontement culturel où chacun défend sa vision du bien-manger.
Ouest France, Gaspillage alimentaire : un Français jette encore 24 kg de nourriture comestible chaque année, 09/03/2025
Malgré une prise de conscience croissante et des lois visant à réduire le gaspillage alimentaire, les Français jettent encore en moyenne 24 kg de nourriture comestible par an. Ce chiffre alarmant met en lumière les difficultés à modifier les habitudes de consommation et à instaurer des pratiques plus responsables tout au long de la chaîne alimentaire.
La loi Garot de 2016 a posé les premières bases en interdisant aux grandes surfaces de jeter des produits alimentaires encore consommables, les obligeant à les redistribuer à des associations. En 2020, la loi Anti-Gaspillage pour une économie circulaire (AGEC) a renforcé cet arsenal législatif en fixant un objectif de réduction de 50 % du gaspillage d'ici 2025 pour la distribution et la restauration collective, et d'ici 2030 pour l'industrie agroalimentaire et les consommateurs.
Cependant, atteindre ces objectifs reste un défi. Les experts soulignent que si des réductions de 20 à 30 % sont possibles avec des actions ciblées, aller au-delà de 50 % nécessite des changements profonds de comportements. Accepter des fruits et légumes imparfaits, limiter la surabondance dans les rayons des supermarchés et adapter les portions en restauration sont autant de leviers qui doivent être intensifiés.
Des initiatives comme Too Good To Go, qui permet aux commerçants de vendre à prix réduit leurs invendus, montrent que des solutions existent et fonctionnent. Selon une étude de l'ADEME, une réduction drastique du gaspillage est possible avec des gestes simples, comme mieux planifier ses courses ou conserver les aliments de manière optimale. La sensibilisation reste une clé pour faire évoluer les mentalités et inscrire la lutte contre le gaspillage alimentaire dans les habitudes quotidiennes.
Eater, How Restaurants and Home Cooking Permanently Changed After the COVID-19 Pandemic, 11/03/2025
La pandémie de COVID-19 a profondément modifié les habitudes alimentaires, tant pour les restaurants que pour les particuliers. Entre la montée en puissance de la livraison, la popularité croissante du fait-maison et l’essor de nouvelles tendances culinaires, l’impact de cette crise se fait encore ressentir aujourd’hui.
Les restaurants ont dû repenser leurs modèles économiques en s’adaptant à la digitalisation et à la diversification des services. Le développement des plateformes de livraison a été une véritable bouée de sauvetage pour de nombreux établissements, bien que cela ait entraîné une dépendance accrue aux géants comme Uber Eats et Deliveroo. Certains restaurateurs ont même investi dans des cuisines fantômes (dark kitchens) dédiées uniquement aux commandes en ligne.
Côté consommateurs, la crise sanitaire a renforcé l’attrait pour la cuisine maison. Le retour aux fourneaux, encouragé par la fermeture des restaurants et les restrictions sanitaires, a favorisé la découverte de nouvelles pratiques culinaires, comme la fermentation, la boulangerie artisanale ou encore le batch cooking. Cette tendance persiste aujourd’hui, avec une demande accrue pour des ingrédients de qualité, biologiques et locaux.
Par ailleurs, la pandémie a accéléré certaines mutations structurelles dans le secteur de la restauration. Les établissements misent de plus en plus sur des concepts hybrides, mêlant restauration sur place, vente à emporter et e-commerce gastronomique. Certains chefs étoilés ont ainsi lancé leurs propres lignes de produits (sauces, condiments, plats préparés) pour toucher une clientèle plus large et compenser les pertes liées aux restrictions passées.
Si le monde de la restauration a retrouvé un semblant de normalité, il reste marqué par des défis persistants : la pénurie de main-d’œuvre, l’inflation sur les matières premières et la nécessité de repenser l’expérience client. Dans ce contexte, seuls les acteurs capables d’innover tout en préservant une identité forte tireront leur épingle du jeu.
Forbes, From Kitchen To Table: Robotics Is Reshaping Hospitality, 12/03/2025
La robotique s’impose progressivement dans le secteur de la restauration et de l’hôtellerie. Face aux difficultés de recrutement post-pandémie, les restaurateurs et hôteliers investissent de plus en plus dans des solutions automatisées pour compenser le manque de personnel. Des robots serveurs aux machines automatisées pour la préparation des repas, la technologie transforme l’expérience client tout en optimisant les coûts d’exploitation.
Des entreprises comme Richtech Robotics développent des robots capables de remplir des tâches répétitives, comme le service en salle ou la gestion des commandes en cuisine. L’objectif n’est pas de remplacer totalement le personnel humain, mais de libérer les serveurs des tâches les plus ingrates pour leur permettre de se concentrer sur l’expérience client. Cette tendance s’inscrit dans une logique plus large de digitalisation du secteur, avec la montée en puissance des bornes de commande et des systèmes de paiement sans contact.
Les établissements de luxe, tout comme les chaînes de restauration rapide, explorent ces solutions pour répondre aux attentes d’une clientèle de plus en plus exigeante en matière de rapidité et d’efficacité. Certains restaurants haut de gamme intègrent même des robots mixologues ou baristas capables de préparer des cocktails et cafés sur-mesure avec une précision inégalée.
Toutefois, cette transformation suscite des interrogations. La robotisation peut-elle réellement préserver l’authenticité de l’expérience gastronomique ? Certains experts soulignent que l’interaction humaine reste essentielle dans l’industrie hôtelière et que l’excès de technologie pourrait déshumaniser le service. De plus, l’investissement initial pour ces technologies reste élevé, ce qui pourrait limiter leur adoption par les petits établissements.
Malgré ces défis, la tendance semble inéluctable. Avec la poursuite des innovations en intelligence artificielle et en automatisation, la restauration de demain pourrait être radicalement différente, offrant un équilibre entre efficacité technologique et chaleur humaine.
Modern Retail, How indie chocolate brands are navigating record-high cocoa prices, 13/03/2025
L'industrie du chocolat est en pleine tourmente avec une flambée sans précédent des prix du cacao, qui ont atteint des sommets en 2024, dépassant les records établis en 1977. Cette hausse est due à des conditions météorologiques extrêmes et à une diminution des récoltes en Afrique et en Amérique du Sud, les principaux producteurs mondiaux. Pour les grandes marques, la capacité d’absorber ces coûts est plus aisée, mais pour les chocolatiers indépendants, cette crise constitue un véritable défi.
Les petites entreprises doivent redoubler de créativité pour maintenir la qualité de leurs produits tout en restant rentables. Certains, comme la marque Maeve, renforcent leurs partenariats avec des fournisseurs de cacao pour garantir un approvisionnement stable et éviter des hausses trop brutales. D'autres optent pour des achats groupés ou des contrats à long terme afin de lisser les fluctuations des prix. Une autre stratégie consiste à diversifier l’offre en intégrant des produits contenant moins de cacao, comme des snacks à base de noix ou des enrobages chocolatés plus fins.
En parallèle, certaines marques mettent en avant leurs pratiques éthiques et leur engagement pour une production durable afin de justifier des prix plus élevés auprès des consommateurs. La transparence devient ainsi un levier marketing essentiel : expliquer pourquoi le prix du chocolat augmente permet de sensibiliser le public et d’assurer une meilleure acceptation des hausses tarifaires.
Malgré la crise, le marché du chocolat reste solide, avec une demande toujours élevée. En 2024, les ventes de confiseries chocolatées ont dépassé les 28 milliards de dollars, confirmant que les consommateurs restent attachés à ces produits. Toutefois, pour les chocolatiers indépendants, l’enjeu est désormais de s’adapter sans compromettre leur identité ni la fidélité de leur clientèle.
Fast Company, Government study aims to understand ultra-processed foods’ impact on health, 12/03/2025
Une étude menée par les National Institutes of Health (NIH) aux États-Unis tente de mieux comprendre les effets des aliments ultra-transformés sur la santé. Ce type d'aliments, qui représente plus de 70 % de l'offre alimentaire américaine, est souvent associé à l'obésité et à d'autres maladies chroniques. Toutefois, les mécanismes exacts expliquant pourquoi ces produits poussent à une surconsommation calorique restent flous.
L'étude se distingue par sa rigueur scientifique : au lieu de se baser sur des déclarations personnelles, elle utilise des mesures continues sur 24 heures pour suivre précisément les effets des aliments consommés par les participants. Ces derniers sont soumis à des régimes strictement contrôlés pendant plusieurs semaines, afin d'observer les différences entre une alimentation à base de produits ultra-transformés et une alimentation plus naturelle.
Les premiers résultats sont sans appel : les participants ayant suivi un régime ultra-transformé ont consommé en moyenne 1 000 calories de plus par jour que ceux ayant une alimentation moins transformée, ce qui a entraîné une prise de poids significative. Plusieurs hypothèses sont avancées : la présence d'additifs qui modifient la perception du rassasiement, la densité énergétique élevée de ces aliments ou encore leur texture et leur goût qui encouragent une consommation excessive.
Ces travaux sont cruciaux alors que la réglementation sur les aliments ultra-transformés est encore très limitée. Le secrétaire à la Santé, Robert F. Kennedy Jr., souhaite en faire une priorité en révisant les normes nutritionnelles, notamment celles applicables aux repas scolaires. Toutefois, certains experts estiment que ces études doivent être prolongées pour analyser les effets à long terme.
Si ces conclusions sont confirmées, elles pourraient ouvrir la voie à des réformes profondes dans l'industrie agroalimentaire et à une meilleure éducation nutritionnelle pour limiter la consommation de ces produits potentiellement nocifs pour la santé.
Los Angeles Times, One of the world’s best restaurants is launching its own coffee delivered to your door, 06/03/2025
Dans un marché où la diversification est devenue essentielle, Noma, l’un des meilleurs restaurants du monde a décidé de se lancer dans la livraison de café haut de gamme directement au domicile des clients (une information qui n’avait d’ailleurs pas échapper à Joris, aka Les Tasters). Cette initiative s’inscrit dans une tendance croissante des grands chefs et restaurateurs à élargir leur offre au-delà des murs de leurs établissements, cherchant à fidéliser leur clientèle et à toucher un public plus large.
Le projet repose sur une sélection de cafés rares et de haute qualité, issus de plantations durables et torréfiés selon des procédés artisanaux. L’objectif est de proposer une expérience sensorielle comparable à celle d’un restaurant étoilé, mais accessible à domicile. En misant sur une approche premium et en valorisant l’expertise du chef dans la sélection des grains et l’élaboration des arômes, la marque espère séduire un marché exigeant et en quête d’authenticité.
Ce modèle économique permet non seulement de générer une nouvelle source de revenus, mais aussi d’accroître la notoriété du restaurant. Avec la montée en puissance du e-commerce alimentaire et l’intérêt croissant pour des produits gastronomiques à domicile, cette stratégie pourrait inspirer d’autres établissements haut de gamme à explorer des initiatives similaires.
Cependant, le succès d’un tel projet dépend de plusieurs facteurs : la logistique de distribution, le maintien d’une qualité constante et la capacité à raconter une histoire autour du produit. Le marketing joue un rôle clé, notamment à travers le storytelling et la mise en avant des valeurs du restaurant (savoir-faire, durabilité, excellence gustative). En parallèle, la concurrence sur le marché du café de spécialité est féroce, avec des acteurs déjà bien établis.
Si ce pari est réussi, il pourrait ouvrir la voie à de nouvelles opportunités pour les restaurants cherchant à diversifier leurs revenus sans compromettre leur image de marque. Ce modèle témoigne d’une évolution du secteur de la gastronomie, où l’expérience culinaire ne se limite plus à un repas au restaurant, mais s’étend désormais jusque dans le quotidien des consommateurs.
Foodbev, Sauces and condiments drive M&A activity in food and beverage industry, 10/03/2025
L’industrie agroalimentaire connaît une intensification des opérations de fusion et acquisition (M&A), en particulier dans le segment des sauces et condiments. Ces produits, de plus en plus prisés par les consommateurs à la recherche de saveurs variées et authentiques, attirent les grands groupes qui cherchent à diversifier leur portefeuille et à capitaliser sur cette tendance.
Les acquisitions récentes illustrent bien cette dynamique. Plusieurs grandes marques investissent dans des entreprises spécialisées dans les sauces artisanales ou les condiments exotiques afin de répondre à une demande croissante pour des produits plus premium et différenciés. La recherche de diversification s’explique aussi par l’évolution des habitudes alimentaires : les consommateurs privilégient davantage les expériences gustatives nouvelles, qu'il s'agisse de sauces fermentées, d’épices rares ou de condiments d’inspiration internationale.
Un autre moteur de cette consolidation du marché est l’essor de l’alimentation saine et durable. Les grandes entreprises du secteur cherchent à intégrer des marques proposant des ingrédients naturels, biologiques et peu transformés, afin de s’aligner sur les préoccupations croissantes des consommateurs en matière de nutrition et d’impact environnemental. Les startups innovantes, axées sur la transparence et la qualité des matières premières, sont ainsi des cibles privilégiées pour ces rachats.
Toutefois, cette ruée vers les acquisitions n’est pas sans défi. Le marché étant de plus en plus fragmenté, il devient difficile d’identifier les entreprises réellement capables de s’imposer sur le long terme. De plus, la forte inflation des matières premières et les tensions géopolitiques impactent la rentabilité des nouvelles acquisitions. Pour réussir, les groupes doivent donc faire preuve d’une grande agilité et bien intégrer ces nouvelles marques sans altérer leur identité.
New York Times, High Prices Hit a French Classic: Beef Bourguignon, 09/03/2025
Le bœuf bourguignon, emblème de la gastronomie française, est aujourd’hui frappé de plein fouet par l’inflation. À Paris, le restaurant Bouillon Chartier, réputé pour offrir une cuisine traditionnelle à prix abordable, subit les conséquences de la hausse du coût des ingrédients. Le prix du bœuf a triplé ces dernières années en raison de l’augmentation des coûts de l’alimentation animale, des engrais et de l’énergie nécessaire aux abattoirs et aux transports. Les autres composants du plat, tels que les carottes, le beurre et les pâtes coquillettes, ont également vu leurs prix grimper de 20 à 30 %.
Pour maintenir des prix accessibles, les restaurateurs sont contraints d’absorber ces hausses, réduisant leurs marges jusqu’à 20 %. Toutefois, certains doivent prendre des décisions radicales, comme retirer temporairement le plat de la carte lorsque les prix deviennent insoutenables. En janvier, le bœuf bourguignon a ainsi disparu du menu de Bouillon Chartier pendant une semaine en raison d’une flambée soudaine des prix de la viande.
Au-delà des restaurants, cette hausse des prix affecte aussi les ménages. De plus en plus de consommateurs limitent leurs achats de viande rouge ou se tournent vers des alternatives moins coûteuses. Dans un contexte de crise du pouvoir d’achat, les habitudes alimentaires évoluent, et la consommation de plats mijotés traditionnels tend à diminuer.
L’inflation alimentaire en Europe, bien que redescendue de son pic post-pandémie, reste persistante, alimentée par les tensions géopolitiques et la volatilité des marchés agricoles. Face à cette situation, certains chefs et restaurateurs explorent de nouvelles stratégies : approvisionnement local, révision des recettes ou menus adaptés à la saisonnalité des produits. Toutefois, la question demeure : le modèle des brasseries populaires comme Bouillon Chartier pourra-t-il survivre à ces bouleversements économiques ?
Anses, AVIS relatif à l’établissement de repères alimentaires destinés aux personnes suivant un régime d’exclusion de tout ou partie des aliments d’origine animale, 03/02/2025 + Anses, Repères alimentaires destinés aux personnes suivant un régime d’exclusion de tout ou partie des aliments d’origine animale – végétariens, Juin 2024
Les deux rapports de l’Anses mentionnés dans l’article de Libération.
Rabobank, Appetite for change: Anti-obesity medications could reshape the food packaging industry, 12/03/2025
L’étude explore l’impact des médicaments anti-obésité, notamment les agonistes du GLP-1 comme Ozempic et Wegovy, sur l’industrie de l’emballage alimentaire. Ces traitements, initialement développés pour le diabète, modifient les comportements alimentaires en réduisant l’appétit et en favorisant des choix plus sains. Cette transition entraîne un déclin de la demande pour les aliments ultra-transformés et caloriques, et une augmentation des produits plus sains et nutritifs, impactant ainsi l’industrie de l’emballage.
Impact sur l’industrie de l’emballage :
1. Réduction globale des volumes d’emballage : la baisse de la consommation alimentaire entraîne une diminution de la demande en emballages alimentaires.
2. Changement de formats : les portions individuelles et contrôlées remplacent progressivement les formats multi-serves.
3. Adaptation des matériaux :
• Emballages plastiques flexibles : forte croissance pour les aliments frais (fruits, fromages, snacks protéinés), mais recul pour les snacks transformés.
• Plastiques rigides : baisse pour les formats multi-serves et augmentation pour les emballages individuels de produits sains (yaourts, boissons protéinées).
• Verre : recul pour l’alcool et les condiments sucrés, mais opportunités dans les boissons fermentées et les aliments premium.
• Carton : baisse des emballages pour produits transformés, mais hausse pour les aliments fonctionnels et les substituts sains.
Face à cette tendance, des géants comme Nestlé, Conagra et General Mills adaptent leurs produits et emballages en proposant des aliments plus riches en protéines et pauvres en sucres, compatibles avec les nouveaux comportements alimentaires des consommateurs prenant ces médicaments.
L’étude recommande aux entreprises du secteur d’innover en développant des emballages plus durables, pratiques et adaptés aux nouvelles attentes (formats individuels, matériaux recyclables). L’adaptabilité et l’anticipation des évolutions du marché seront essentielles pour tirer parti de ces changements.
Merci à Isabelle Senand de l’avoir partagée sur LinkedIn.
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O. Frey