🌾🍇🐄 Eat's business 🍕🍷🧀 2025-05
Bonjour à toutes et à tous, Eat's Business est une newsletter dans laquelle vous trouverez une revue de presse de quelques articles sur le monde de l’alimentaire qui m’ont semblé intéressants dans la semaine précédente.
Pour ceux qui veulent la formule ristretto, les 3 articles que je vous conseille de lire en priorité cette semaine sont :
Les Échos, Les livres d'influenceurs food font-ils recette ?, 05/02/2025
Libération, «Vins sans alcool», un business juteux au goût bancal, 01/02/2025
The Economist, The Michelin Guide is no longer the only tastemaker in town, 30/01/2025
Bonne lecture et bonne semaine à toutes et à tous!
Pour celles et ceux d’entre vous qui ont plus de temps pour la formule lungo :
Libération, Une étoile Michelin promise au gagnant de «Top Chef» : un menu entrée-plat-déceptions, 29/01/2025 + Le Figaro, «Top Chef» et Michelin, la tambouille éphémère, 07/02/2025
Le Guide Michelin et l’émission télévisée Top Chef ont récemment annoncé un partenariat inédit, selon lequel le gagnant du concours culinaire pourrait se voir attribuer une étoile Michelin éphémère immédiatement après la finale. Cette collaboration, qui vise à moderniser l’image du guide et relancer l’intérêt pour l’émission, suscite un débat intense dans le monde de la gastronomie.
Du côté de Top Chef, cette alliance répond à une nécessité : après 16 saisons, l’émission peine à renouveler son audience. En intégrant une récompense prestigieuse comme une étoile Michelin, M6 espère captiver un public en quête de consécration immédiate et renforcer la crédibilité du concours. Pour le Michelin, confronté à la montée en puissance d’autres classements internationaux comme le World’s 50 Best Restaurants, il s’agit de séduire une nouvelle génération de gastronomes et de chefs médiatiques.
Mais cette initiative va à l’encontre des principes fondamentaux du Guide Michelin. Traditionnellement, les étoiles sont attribuées après des visites anonymes et répétées, prenant en compte la régularité de l’établissement sur plusieurs mois, voire années. Or, ici, le lauréat serait récompensé après une compétition télévisée où les conditions de travail, les produits et l’environnement ne reflètent pas le quotidien d’un restaurant.
L’annonce divise bien évidemment la profession. Alain Ducasse, Arnaud Lallement et Gérard Passedat soutiennent l’initiative, tandis que d’autres chefs dénoncent un coup marketing qui banalise l’attribution des étoiles. Pour beaucoup, cette étoile instantanée pourrait dévoyer la valeur du Michelin, en le transformant en un simple outil promotionnel.
En outre, cette décision soulève des interrogations sur son impact à long terme. Un chef gagnant pourra-t-il maintenir ce niveau d’excellence une fois confronté aux réalités économiques et logistiques d’un véritable restaurant ? Et que se passera-t-il si la qualité n’est pas au rendez-vous ? L’étoile sera-t-elle retirée aussitôt ?
Bref, si certains y voient un rapprochement inévitable entre la tradition et la modernité, d’autres dénoncent une trahison de l’esprit originel du Michelin, qui risque de perdre en légitimité au profit d’une reconnaissance plus éphémère et opportuniste.
Le Monde, Négociations commerciales : les tensions entre la grande distribution et les industriels s’exacerbent, 31/01/2025
Les négociations entre la grande distribution et les industriels se crispent à l’approche de la date butoir du 1er mars. Ces discussions cruciales visent à fixer les tarifs des produits de grande consommation pour l’année 2025. Actuellement, près de 40 % des négociations ne sont toujours pas conclues, signe de la forte pression exercée par les distributeurs pour obtenir des prix plus bas. Selon Jean-François Loiseau, président de l’ANIA, les marques nationales sont désavantagées face aux centrales d’achat, qui favorisent leurs propres marques de distributeur.
Alors que les industriels demandent des hausses de 2 à 5 % pour compenser l’augmentation des coûts de production, les distributeurs refusent ces revalorisations et cherchent à contourner la loi EGalim en négociant à l’étranger. Cette tension s’accompagne d’une guerre médiatique, où les enseignes multiplient les annonces promotionnelles pour attirer les consommateurs. Malgré une légère déflation observée en 2024, les prix restent globalement en hausse de 21 % depuis 2021.
Les fournisseurs dénoncent une pression abusive de la grande distribution, tandis que les autorités surveillent les pratiques anticoncurrentielles. La répression des fraudes rappelle que les accords de mutualisation des volumes ne doivent pas aboutir à des ententes illégales. Dans ce contexte tendu, les semaines à venir s’annoncent cruciales pour l’avenir des relations entre industriels et distributeurs.
Les Échos, Comment Bjorg compte profiter de la reprise du marché du bio, 05/02/2025
Après plusieurs années de recul en raison de l’inflation et de la baisse du pouvoir d’achat, le marché de l’épicerie bio amorce un rebond en 2024. Ecotone, propriétaire des marques Bjorg, Bonneterre, Clipper et Alter Eco, enregistre une croissance de 2,4 % de son chiffre d’affaires, dépassant les 700 millions d’euros. Cette progression repose sur l’augmentation des volumes vendus plutôt que sur une hausse des prix. Le groupe a même réduit certains tarifs grâce à la stabilisation des coûts des matières premières, bien que le chocolat et le café restent soumis à des hausses, compliquant les négociations avec certains distributeurs.
Pour renforcer cette dynamique, Ecotone mise sur l’innovation et l’expansion de ses canaux de distribution. Le débat actuel sur les modèles agricoles et l’usage des pesticides joue en faveur du bio, clarifiant l’alternative entre une production conventionnelle et une approche plus naturelle. Le groupe cherche à démocratiser le bio en l’intégrant davantage aux circuits de distribution grand public. Une avancée notable est la présence de certains produits Bjorg au rayon lait UHT de Carrefour, plutôt qu’en rayon bio, une stratégie que l’entreprise espère étendre à d’autres enseignes.
La grande distribution représente encore 58 % du chiffre d’affaires d’Ecotone en Europe, mais d’autres circuits progressent rapidement. L’e-commerce, notamment via Amazon, compte désormais pour 13 % des ventes, tandis que le hors domicile, incluant des partenariats avec McDonald’s et Accor Hotels, atteint 7 %. Cette diversification vise à ancrer les produits bio dans la consommation quotidienne des Français.
En 2025, le marché du bio en France devrait atteindre un nouvel équilibre après une phase de rationalisation marquée par des fermetures de magasins spécialisés et une réduction des linéaires en grande surface. Cette restructuration bénéficie aux acteurs historiques, comme Ecotone, qui maintient une part de marché stable à 20 %. La baisse de l’inflation pourrait également favoriser les grandes marques face aux marques de distributeurs, qui dominent actuellement 48 % du marché bio. Dans ce contexte, Ecotone entend tirer parti de cette reprise et poursuivre son expansion en adaptant son offre aux nouvelles attentes des consommateurs.
Les Échos, Pourquoi trois associations demandent l'interdiction de l'aspartame, 04/02/2025
L’aspartame, édulcorant controversé depuis plusieurs décennies, est de nouveau dans la ligne de mire de trois associations : Foodwatch, la Ligue contre le cancer et Yuka. Profitant de la Journée mondiale contre le cancer, elles ont lancé une pétition demandant son interdiction dans l’Union européenne. Utilisé dans plus de 6 000 produits alimentaires et 600 médicaments, l’aspartame est critiqué pour ses effets potentiels sur la santé. En juillet 2023, l’OMS l’a classé comme "peut-être cancérigène", bien que les doses actuellement autorisées soient jugées sans risque. Cependant, de nouvelles études pointent des effets néfastes au-delà du cancer : risques cardiovasculaires, diabète de type 2, neurotoxicité et perturbations du microbiote intestinal. Face à ces incertitudes, les associations invoquent le principe de précaution et interpellent les États membres de l’UE pour une interdiction rapide.
Découvert en 1965 et autorisé depuis 1988 en France, l’aspartame a toujours suscité la controverse. Aux États-Unis, il avait été interdit peu après son autorisation initiale en raison d’études signalant des effets toxiques, avant d’être réintroduit en 1981. Aujourd’hui, il est présent dans de nombreux sodas "sans sucre", yaourts allégés, chewing-gums et édulcorants de table. Pourtant, son usage diminue : en France, sa présence dans les produits a chuté de 1,8 % à 0,4 % en dix ans, selon l’Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses).
Les associations dénoncent également des conflits d’intérêts dans l’évaluation du risque lié à l’aspartame. Selon Foodwatch, près de trois quarts des études validées par l’Autorité européenne de sécurité des aliments (Efsa) ont été financées ou influencées par l’industrie agroalimentaire, ce qui remet en question leur objectivité. En 2019, ces mêmes associations avaient déjà obtenu des avancées contre les sels de nitrites après une campagne similaire, conduisant certains industriels à modifier leurs recettes. Cette nouvelle initiative vise à exercer une pression comparable sur les décideurs européens. Pour la Ligue contre le cancer, "il n’y a aucune raison de permettre que les gens soient exposés à un risque évitable de cancer". Reste à voir si cette pétition aura un impact sur la réglementation future de cet édulcorant largement utilisé mais de plus en plus critiqué.
Les Échos, Les livres d'influenceurs food font-ils recette ?, 05/02/2025
Depuis quelques années, les ouvrages de recettes rédigés par des influenceurs culinaires se multiplient et rencontrent un succès notable. Portés par leur communauté sur les réseaux sociaux, ces créateurs de contenus parviennent parfois à transformer leur audience en clients fidèles, générant des ventes impressionnantes. Des influenceurs comme Tiffany Family, Food Alix ou Yo c’est Jane ont réussi à s’imposer en librairie, avec des thèmes variés allant de la cuisine familiale aux recettes végétales en passant par les plats de fêtes. Aux États-Unis, B. Dylan Hollis a même vendu 150 000 exemplaires de son livre en une journée, rivalisant avec les mémoires de figures politiques.
Cependant, le succès n’est pas toujours garanti. La majorité de ces livres peinent à dépasser les 3 000 ventes, un seuil qui reste pourtant respectable dans l’édition culinaire. Les éditeurs scrutent donc l’engagement des abonnés, bien plus que leur nombre, pour évaluer le potentiel commercial d’un auteur. Certaines stratégies, comme inclure les noms des précommandes dans le livre ou photographier soi-même les recettes pour coller à l’identité numérique, favorisent les ventes.
Mais ces publications suscitent aussi des critiques. Déborah Dupont-Daguet, libraire spécialisée, déplore un manque de ligne éditoriale et une multiplication d’ouvrages sans réelle expertise culinaire. Certains influenceurs, sans formation gastronomique, proposent des recettes issues d’Internet plutôt que d’une expérience professionnelle, soulevant des interrogations sur leur légitimité. L’édition culinaire, d’abord séduite par ces nouveaux auteurs peu exigeants en droits d’auteur, voit aujourd’hui les influenceurs les plus populaires demander des avances de plusieurs milliers d’euros, ce qui réduit la marge des éditeurs.
Si la tendance persiste, elle semble néanmoins atteindre un point de saturation. Entre succès retentissants et flops discrets, l’édition culinaire doit désormais jongler entre rentabilité et qualité pour pérenniser ce phénomène encore récent. L’avenir dira si les livres d’influenceurs food resteront un atout majeur pour l’industrie du livre ou s’ils ne seront qu’un effet de mode passager.
Libération, «Vins sans alcool», un business juteux au goût bancal, 01/02/2025
Le marché des vins désalcoolisés connaît une expansion significative, avec une hausse de 20 % des ventes en 2024. Cette croissance est portée par une demande accrue de consommateurs soucieux de leur santé, désireux de limiter leur consommation d’alcool sans pour autant renoncer au rituel de la dégustation. Les grandes maisons viticoles investissent massivement dans ce segment, multipliant les références et affinant leurs méthodes de production.
Cependant, le vin désalcoolisé suscite des débats. Les critiques portent notamment sur la qualité gustative du produit, jugée inférieure aux vins traditionnels. En effet, les procédés utilisés pour retirer l’alcool (évaporation sous vide, osmose inverse, colonnes rotatives) modifient en profondeur la structure du vin, altérant ses arômes et sa complexité. Dégustés à l’aveugle, ces vins peinent souvent à convaincre les experts et sommeliers, qui dénoncent un goût appauvri et une texture déséquilibrée.
Par ailleurs, la production de vins désalcoolisés pose un problème environnemental. Le transport de ces vins entre différents sites de traitement, ainsi que les technologies employées, génèrent une empreinte carbone importante. Cette industrialisation va à l’encontre des attentes d’un public qui recherche des produits naturels et respectueux de l’environnement.
Enfin, le positionnement tarifaire de ces vins interroge. Affichés à des prix comparables, voire supérieurs, aux vins traditionnels, ils doivent justifier leur coût par une innovation technologique et un marketing soigné. Pourtant, certains consommateurs restent sceptiques face à ces prix élevés pour un produit perçu comme inachevé. Malgré ces obstacles, la catégorie des vins sans alcool continue de séduire une clientèle en quête d’alternatives, et les producteurs poursuivent leurs efforts pour améliorer la qualité et la perception de ces boissons.
Le Figaro, «Nous ne sommes pas la poule aux œufs d’or» : le patron d’Orangina et d’Oasis vent debout contre l’alourdissement de la taxe soda, 05/02/2025
La réforme de la taxe soda, actuellement en discussion au Parlement, suscite une levée de boucliers chez les industriels du secteur des boissons sucrées. Le gouvernement propose une refonte du système de taxation basé sur la teneur en sucre, avec une grille simplifiée comprenant trois paliers d’imposition. Les boissons contenant plus de 8 g de sucre pour 100 ml seraient soumises à la taxe la plus élevée, entraînant un surcoût significatif pour les fabricants.
Suntory France, qui détient des marques emblématiques comme Orangina, Oasis et Schweppes, dénonce une mesure punitive. Selon Alexis Daems, son directeur général, cette nouvelle taxe risque d’augmenter les prix de vente et de réduire les volumes de 5 à 10 %, mettant en péril la rentabilité de l’entreprise. L’industriel rappelle que de nombreux efforts ont été réalisés pour reformuler les recettes et réduire le taux de sucre, sans pour autant être pris en compte dans la nouvelle grille de taxation.
Les acteurs du secteur regrettent aussi l’absence de fléchage des recettes fiscales vers des initiatives de santé publique. Contrairement aux arguments avancés par les autorités, cette taxe n’inciterait pas réellement les consommateurs à modifier leurs habitudes alimentaires, mais viendrait pénaliser les entreprises et les consommateurs, particulièrement ceux à faibles revenus.
Face à cette contestation, le gouvernement se dit ouvert au dialogue mais défend une approche incitative visant à lutter contre l’obésité et les maladies liées à une consommation excessive de sucre. Reste à savoir si des ajustements seront apportés au texte avant son adoption définitive.
Le Figaro, Souveraineté alimentaire, faiblesse des revenus... La loi pour renouveler les bataillons paysans entre dans sa dernière ligne droite, 04/02/2025
Le projet de loi d’orientation pour la souveraineté alimentaire, actuellement en discussion au Sénat, vise à répondre aux défis majeurs de l’agriculture française. Parmi les préoccupations principales figure le renouvellement des générations : près de la moitié des agriculteurs atteindront l’âge de la retraite d’ici 2030. La loi propose des incitations fiscales et un accompagnement renforcé pour encourager l’installation de jeunes exploitants et éviter l’abandon des terres agricoles.
Un autre axe clé du texte concerne la simplification administrative. Les agriculteurs dénoncent une lourdeur réglementaire qui freine l’activité et alourdit leur charge de travail. Le projet prévoit un allègement des normes pour faciliter le quotidien des exploitants, sans pour autant sacrifier les contrôles de qualité et de sécurité. Toutefois, certains syndicats jugent ces mesures insuffisantes et appellent à une régulation plus stricte des prix agricoles pour assurer des revenus décents aux producteurs.
La gestion de l’eau est également un point central. La création de réserves d’eau, destinée à sécuriser l’approvisionnement en période de sécheresse, divise les parties prenantes. D’un côté, les agriculteurs réclament des infrastructures adaptées pour faire face aux aléas climatiques ; de l’autre, les associations environnementales craignent une surexploitation des ressources hydriques. La loi cherche ainsi à équilibrer les impératifs de productivité et de préservation écologique.
Enfin, la question de l’indépendance alimentaire est mise en avant, notamment face à la concurrence internationale. La balance agroalimentaire française, jadis excédentaire, tend à se réduire, ce qui inquiète le secteur. La loi entend renforcer les circuits courts, encourager la transformation locale des produits et protéger certaines filières stratégiques. Cependant, les critiques estiment que ces mesures restent trop timides et qu’un soutien financier plus ambitieux est nécessaire pour garantir une véritable souveraineté alimentaire.
The Economist, The Michelin Guide is no longer the only tastemaker in town, 30/01/2025
L'article met en lumière les critiques croissantes à l'encontre du guide Michelin, autrefois considéré comme le mètre étalon de la gastronomie, mais désormais confronté à des défis majeurs dans un paysage culinaire en mutation.
Bien que le guide Michelin conserve son prestige avec ses célèbres étoiles – attribuées à seulement 3 647 restaurants dans le monde – l’article souligne une érosion de sa pertinence. De nombreux chefs remettent en question son système de notation, souvent perçu comme rigide et déconnecté des attentes modernes. Marco Pierre White, par exemple, a qualifié l'attribution des étoiles de "vide de sens", tandis que Benedetto Rullo a critiqué son ambiance "stressante". Ces critiques reflètent un mécontentement plus large envers une institution accusée de favoriser un modèle élitiste au détriment de la créativité.
La montée en puissance des critiques en ligne, via des plateformes comme Yelp, TikTok ou TripAdvisor, représente un autre défi pour Michelin. Ces nouveaux canaux démocratisent les opinions culinaires, offrant un espace à des millions de consommateurs pour partager leurs expériences sans le filtre des experts traditionnels. The Economist note que cette concurrence expose Michelin à des accusations de conservatisme, le guide peinant à rivaliser avec la spontanéité et la diversité des critiques numériques.
Par ailleurs, le guide est également critiqué pour son association avec des restaurants perçus comme inaccessibles. Les plats coûteux et les expériences souvent décrites comme "prétentieuses" éloignent une partie du public, qui préfère des options plus abordables et décontractées. Malgré l'introduction de catégories comme le Bib Gourmand, qui valorise les repas à prix modérés, Michelin peine à dépoussiérer son image de luxe élitiste.
Enfin, l’article souligne les limites des récentes initiatives du guide, telles que l'expansion dans de nouveaux marchés comme le Texas ou la Thaïlande, et l'introduction de labels liés à la durabilité, comme la "Green Star". Ces efforts, bien qu'adaptés aux tendances actuelles, sont jugés insuffisants pour redonner à Michelin une pertinence universelle.
New York Times, Got Weird? Milk Is Headed for Its Strangest Year Yet, 06/02/2025
Longtemps considéré en déclin, le lait de vache connaît un retour inattendu aux États-Unis. En 2024, la consommation de lait entier a progressé de 3,2 %, tandis que celle des laits végétaux a reculé de 5,9 %. Une tendance qui inverse des décennies de baisse pour les produits laitiers. Cette résurgence s’inscrit dans une transformation culturelle et politique plus large. Des figures influentes, comme Robert F. Kennedy Jr., partisan du lait cru, ou encore des influenceurs sur TikTok, participent à la redécouverte du lait traditionnel, perçu comme plus naturel que les alternatives végétales souvent ultra-transformées.
Parallèlement, les Américains remettent en question la diabolisation des matières grasses, et le lait retrouve sa place dans une alimentation axée sur les protéines et l’hydratation. Des études ont même montré que le lait chocolaté pouvait rivaliser avec des boissons énergétiques comme le Gatorade pour les sportifs.
Cependant, ce retour en grâce ne va pas sans controverse. Les partisans du lait cru avancent ses bienfaits nutritionnels, malgré les risques sanitaires liés aux pathogènes qu’il peut contenir. L’apparition de l’influenza aviaire H5N1 chez les bovins a également ravivé le débat sur la sécurité du lait non pasteurisé.
En parallèle, le lait devient un symbole politique. Des mouvements conservateurs l’utilisent comme un emblème contre les grandes industries alimentaires et pharmaceutiques, prônant un retour aux traditions. De plus, la culture populaire renforce son attrait, comme en témoignent des mises en scène dans les médias et les publicités.
Ce regain d’intérêt pour le lait s’inscrit dans un contexte plus large de rejet des aliments ultra-transformés. Les consommateurs, notamment la génération Z, redécouvrent le lait non homogénéisé, le beurre et les produits laitiers artisanaux. La tendance pourrait encore s’amplifier avec la méfiance croissante envers les produits végétaux industriels.
The Guardian, Full-fat milk sales rise as UK’s appetite for low-calorie options cools, 01/02/2025
Toujours dans la même dynamique, après des années de règne du lait écrémé et des alternatives végétales, le lait entier et les produits laitiers traditionnels reviennent en force au Royaume-Uni. Selon les données de Waitrose, les recherches de “full-fat milk” et “full-fat yoghurt” ont respectivement augmenté de 417 % et 233 % en un mois. La vente de beurre en bloc a, quant à elle, progressé de 280 %.
Ce retour aux produits laitiers riches en matières grasses s’explique par une évolution des mentalités en matière de nutrition. Longtemps diabolisées, les matières grasses sont désormais perçues comme bénéfiques lorsqu’elles proviennent d’aliments peu transformés. La méfiance grandissante envers les ultra-transformés (UPF), ainsi que les études relativisant le lien entre graisses saturées et maladies cardiovasculaires, participent à ce changement.
L’impact sur le marché des alternatives végétales est notable. Après un essor fulgurant, les ventes de laits végétaux ralentissent face à des critiques croissantes sur leur trop grande transformation et leur coût élevé. En 2024, la croissance des ventes de lait entier (+1,2 %) a surpassé celle des laits végétaux (+0,9 %), tandis que les ventes de lait écrémé et demi-écrémé ont reculé (-2,4 % et -0,7 %).
Ce retour aux aliments bruts s’accompagne en outre d’une prise de conscience accrue sur l’importance du calcium, notamment pour la santé osseuse des femmes ménopausées.
New York Times, A Shirley Temple Hates to See Him Coming, 07/02/2025
Leo Kelly, 11 ans, alias le "Shirley Temple King", est devenu malgré son jeune âge une figure influente dans l’univers des critiques gastronomiques, bien qu’il se spécialise uniquement dans un cocktail sans alcool emblématique : le Shirley Temple. Depuis l’âge de six ans, il évalue ces boissons sur Instagram et a déjà attiré plus de 240 000 abonnés.
L’histoire commence en 2019, lorsqu’il poste sa première vidéo de critique après avoir commandé un Shirley Temple à la piscine d’un hôtel. Avec son regard affûté, il évalue la couleur, la qualité de la grenadine ou le nombre de cerises, pénalisant les établissements qui ne respectent pas ses standards. Un LongHorn Steakhouse, noté 5.0 pour absence totale de cerises, a dû revoir sa recette dans ses 500 établissements suite à la viralité de la critique.
Les restaurateurs prennent désormais ses avis très au sérieux. Jean-Georges Vongerichten, chef étoilé, a dû improviser une recette inédite de Shirley Temple dans son restaurant Happy Monkey, à Greenwich, pour satisfaire Leo. La boisson a obtenu un 9.3, preuve de son exigence.
Mais cette notoriété soulève aussi des questions : jusqu’où un enfant peut-il influencer l’industrie de la restauration ? Ses critiques, bien que légères en apparence, révèlent l’importance grandissante des jeunes influenceurs sur les choix des consommateurs et les pratiques des professionnels.
Wired, Your Pizza Guy Is Now AI, 30/01/2025
L’intelligence artificielle s’invite dans la restauration rapide avec Palona AI, une startup qui développe des chatbots conversationnels capables de prendre et gérer des commandes alimentaires. L’une de ses premières implémentations a eu lieu dans la chaîne de pizzerias californienne Pizza My Heart, où un chatbot nommé Jimmy the Surfer gère désormais les commandes par SMS.
Ce système d’IA conversationnelle permet aux clients de dialoguer naturellement avec un assistant virtuel pour passer commande, poser des questions sur le menu et obtenir des recommandations personnalisées. Contrairement aux plateformes traditionnelles comme Uber Eats ou DoorDash, ce chatbot vise à renforcer le lien direct entre les marques et les clients.
Derrière Palona AI, on retrouve des figures de la tech comme Maria Zhang (ex-Google et Meta) et Tim Howes (co-inventeur du LDAP). Leur approche consiste à adapter leur IA aux spécificités de chaque entreprise. Ainsi, MindZero, un centre de thérapie, l’utilise pour répondre aux questions des clients sur ses services, tandis que Wyze, marque de domotique, a intégré un chatbot à son site pour assister les acheteurs.
L’objectif de Palona AI est double : faciliter l’expérience utilisateur et réduire la charge de travail des employés. Les premiers retours montrent que les clients posent plus de questions aux chatbots qu’ils ne le feraient à un humain, notamment sur des sujets sensibles ou embarrassants.
Ce type d’IA soulève néanmoins certaines questions : jusqu’où automatiser l’expérience client ? Si elle permet de réduire les coûts et d’améliorer la rapidité du service, elle risque aussi de déshumaniser l’expérience, en particulier dans des secteurs où l’interaction humaine joue un rôle clé.
L’avenir nous dira si ces assistants virtuels deviendront la norme dans la restauration, mais une chose est sûre : le pizzaïolo du futur pourrait bien être un algorithme.
Financial Times, Ozempic has curbed the obesity crisis. Has it killed the joy of food?, 03/02/2025
L’essor des médicaments amaigrissants, notamment ceux à base de sémaglutide comme Ozempic, est en train de transformer l’industrie alimentaire et la restauration. En réduisant drastiquement l’appétit des consommateurs, ces traitements modifient les habitudes alimentaires et influencent déjà le comportement des clients dans les restaurants.
Selon une étude de Morgan Stanley, 63 % des utilisateurs d’Ozempic déclarent dépenser moins en restauration, préférant des repas plus petits et riches en protéines. Cette nouvelle donne pousse les restaurateurs à adapter leur offre : certains misent sur des portions réduites, d’autres développent des menus riches en fibres et en protéines pour répondre aux nouvelles exigences nutritionnelles de leur clientèle.
Toutefois, cette évolution inquiète certains acteurs du secteur. La diminution de la consommation pourrait avoir des conséquences économiques importantes pour les établissements gastronomiques, en particulier ceux qui proposent des menus dégustation ou des plats copieux. De plus, certaines voix s’élèvent contre une médicalisation excessive de l’alimentation, craignant que la prise de ces médicaments ne supprime le plaisir de manger.
Malgré ces inquiétudes, l’industrie agroalimentaire s’adapte déjà. De grandes marques développent des gammes de produits allégés en calories et optimisés pour les consommateurs sous traitement. Il est encore difficile de mesurer l’impact à long terme d’Ozempic sur la gastronomie, mais il semble clair que le rapport à la nourriture est en train de changer profondément.
The Spoon, FirstBuild’s Latest Funky Kitchen Gadget is a Device Which Feeds & Manages Your Sourdough Starter, 03/02/2025
FirstBuild, la division innovation de GE Appliances, a récemment présenté le Sourdough Sidekick, un appareil innovant destiné aux amateurs de pain au levain (et ils sont nombreux depuis la pandémie). Ce dispositif vise à automatiser l’entretien du levain en maintenant un environnement optimal pour sa fermentation, en ajoutant automatiquement de l’eau et de la farine à intervalles réguliers.
Traditionnellement, le levain doit être nourri quotidiennement pour rester actif, ce qui demande du temps et une certaine rigueur. Le Sourdough Sidekick permet aux boulangers, qu’ils soient amateurs ou professionnels, de conserver un levain toujours prêt à l’emploi sans effort particulier. Doté de capteurs, il ajuste les conditions de fermentation en fonction de la température et de l’humidité ambiantes.
Cet appareil s’inscrit dans une tendance croissante de simplification des tâches culinaires grâce aux nouvelles technologies. Toutefois, il suscite aussi des débats parmi les puristes du pain au levain, qui considèrent que la préparation artisanale est une partie essentielle du processus. Le prix du dispositif pourrait également freiner son adoption, d’autant que des alternatives plus simples existent, comme des minuteries ou des rappels de nourrissage automatisés sur smartphone.
Néanmoins, la popularité croissante du pain au levain depuis la pandémie, combinée à un regain d’intérêt pour le fait-maison, laisse penser que ce type d’innovation pourrait trouver un public. Reste à savoir si le Sourdough Sidekick parviendra à séduire suffisamment d’adeptes pour s’imposer sur le marché.
Iddri - TRAMe2035 - Scénario pour une Transition des Régimes Alimentaires des Ménages - Livret 1, Février 2025
Le scénario TRAMe2035 vise à répondre à deux questions : (1) la demande alimentaire (en produits carnés) peut-elle évoluer en cohérence avec les enjeux environnementaux, de santé et les aspirations d’une diversité de groupes sociaux ? (2) Quels changements dans les environnements alimentaires seraient nécessaires pour ce faire ?
Parmi les choses à retenir :
Une évolution significative des pratiques alimentaires, incluant une baisse de la consommation de viande, est possible pour tous les groupes sociaux considérés, en tenant compte de leurs pratiques actuelles. C’est ce que montrent les 12 socio-récits produits par TRAMe2035 en décrivant la trajectoire des 12 groupes sociaux étudiés en réaction à des changements dans les environnements alimentaires. Ceci permet de dépasser l’image d’un individu moyen pour représenter la société française dans sa complexité. Chaque groupe dessine alors une trajectoire de transition selon ses propres termes, c’est-à-dire inscrite dans les contraintes et aspirations qui lui sont propres.
Le scénario TRAMe2035 aboutit à une diminution de la consommation moyenne de viande de 15 % entre 2023 et 2035. Cette trajectoire globale résulte de la somme des trajectoires spécifiques des 12 groupes sociaux, avec des diminutions allant de 4 % à 36 % selon les groupes. Cette diminution moyenne de la consommation de viande est aussi contrastée entre les espèces de viande : -18 % pour la viande bovine, -17 % pour le porc, -8 % pour la volaille, et -28 % pour les autres viandes (mouton, gibier, lapin, etc.). Cette trajectoire à 2035 pose les bases de l’atteinte des objectifs environnementaux à l’horizon 2050 est cohérente avec les cibles issues des recommandations nutritionnelles intégrant santé et environnement de plusieurs pays européens.
AIB/Opinion Way, Les Français et la banane
L’Association Interprofessionnelle de la Banane dévoile les résultats de sa dernière étude réalisée par OpinionWay en 2024 sur les usages et attitudes des Français vis-à-vis de la Banane.
Parmi les principaux enseignements à retenir :
96% des Français associent la banane à un fruit bon pour la santé et pratique.
88% la considèrent comme un aliment plaisir.
87% préfèrent la savourer « à la croque », preuve de sa simplicité et de sa praticité.
48% considèrent que la banane a une empreinte carbone faible.
Les Échos-La Story, Mutti, le roi italien de la tomate qui voulait garder sa couronne
Plus que centenaire, Mutti règne sur le marché européen de ce fruit écarlate que l’on transforme et mange à toutes les sauces. Dans « La Story », le podcast d’actualité des « Echos », Pierrick Fay et ses invitées reviennent sur la concurrence de la tomate bon marché venue de Chine qui fait trembler la couronne du champion italien de la qualité.
C’est tout pour aujourd’hui.
Si vous appréciez cette newsletter n’hésitez pas à la partager.
Et si vous voulez vous pouvez même me payer un café ;-)
A la semaine prochaine!
O. Frey