🌾🍇🐄 Eat's business 🍕🍷🧀 2025-04
Bonjour à toutes et à tous, Eat's Business est une newsletter dans laquelle vous trouverez une revue de presse de quelques articles sur le monde de l’alimentaire qui m’ont semblé intéressants dans la semaine précédente.
Pour ceux qui veulent la formule ristretto, les 3 articles que je vous conseille de lire en priorité cette semaine sont :
Le Monde, Franui, ce phénomène qui enflamme TikTok et bouscule les supermarchés, 26/01/2025
Les Échos, Roquefort : comment le fromage centenaire tente de rester au goût du jour, 28/01/2025
The Grocer, Was ruling out an £8bn Guinness sale genius or insanity?, 27/01/2025
Bonne lecture et bonne semaine à toutes et à tous!
Pour celles et ceux d’entre vous qui ont plus de temps pour la formule lungo :
Le Figaro, Bocuse d’Or: les plats de Paul Marcon qui ont permis à la France de l’emporter, 28/01/2025
La France a remporté la 20ᵉ édition du prestigieux concours Bocuse d’Or, qui s’est tenue à Lyon lors du Sirha. Cette victoire est signée par le chef Paul Marcon, assisté de sa commis Camille Pigot, qui ont devancé le Danemark et la Suède. Trente ans après la victoire de son père, Régis Marcon, triple étoilé en Haute-Loire, Paul Marcon inscrit son nom au palmarès de ce concours considéré comme les Olympiades de la gastronomie.
La compétition, qui a réuni 24 pays, s’est déroulée sur deux jours. Chaque équipe disposait de 5h30 pour préparer un plat sur plateau et 4h40 pour une assiette gastronomique. Cette année, le chevreuil, le foie gras et le thé ont été mis à l’honneur pour le thème plateau, tandis que le maigre, le homard et le céleri composaient l’épreuve de l’assiette.
Pour le plateau, Marcon et son équipe ont réalisé une selle de chevreuil rôtie “à la broche”, farcie au foie gras, accompagnée d’une tourte croustillante à l’épaule de chevreuil, d’une raviole bicolore aux champignons et d’un consommé clarifié infusé au thé noir Assam. L’ensemble était servi avec une garniture 100% végétale à base de coing et pomme caramélisés façon Tatin.
Côté assiette, le plat gagnant associait un filet de maigre confit au beurre de homard, surmonté d’un médaillon de homard avec un sabayon au champagne, et un duo de céleris : céleri-branche en dentelle avec pomme verte et céleri-rave en croûte de sel.
L’innovation et le respect des traditions françaises ont été au cœur de la création de l’équipe tricolore, qui a su séduire le jury par l’équilibre des saveurs et l’esthétisme des présentations.
Process Alimentaire, Les dénominations « steaks de soja » ou « saucisses végétales » peuvent être utilisées en France, 28/01/2025
Cette semaine le Conseil d’État a annulé les décrets français interdisant l’usage de termes de boucherie, charcuterie et poissonnerie pour désigner des produits végétaux. Désormais, des appellations comme « steak de soja » ou « saucisse végétale » pourront être utilisées librement en France.
Cette interdiction avait été instaurée par la loi du 10 juin 2020, visant à garantir la transparence des produits alimentaires. Le gouvernement l’avait précisée dans un décret de 2022, puis renforcée par un second décret en février 2024. Ces textes empêchaient les producteurs français de commercialiser des alternatives végétales sous des noms traditionnellement associés à des produits carnés.
Saisi par des entreprises et associations professionnelles, le Conseil d’État a suspendu ces mesures et consulté la Cour de justice de l’Union européenne (CJUE). En octobre 2024, la CJUE a estimé que la réglementation européenne couvrait déjà la question et empêchait les États membres d’adopter des règles nationales restreignant l’usage de termes usuels pour des produits végétaux. Conformément à cet arrêt, le Conseil d’État a jugé les décrets français illégaux, les déclarant contraires au droit européen.
Cette décision a été accueillie avec soulagement par le secteur des alternatives végétales. La marque La Vie, spécialisée dans les substituts végétaux, a salué une « victoire pour les acteurs du végétal » et dénoncé une interdiction qu’elle jugeait injuste et influencée par les lobbies de l’élevage intensif. Son directeur général, Nicolas Schweitzer, a souligné que cette réglementation ne concernait que les producteurs français, créant une distorsion de concurrence avec les produits importés.
La Tribune, L'Agence bio ne sera pas supprimée, annonce la ministre de l'Agriculture, 27/01/2025
La ministre de l’Agriculture, Annie Genevard, a annoncé que l’Agence Bio ne serait pas supprimée, malgré le vote du Sénat en faveur de la suppression de ses crédits. Cette déclaration intervient après une forte mobilisation des acteurs du secteur, inquiets pour l’avenir de cette structure essentielle à la promotion de l’agriculture biologique en France.
Le 17 janvier dernier, le Sénat avait adopté un amendement visant à supprimer les 2,9 millions d’euros alloués à l’Agence Bio, estimant que ses missions pourraient être reprises par FranceAgriMer ou intégrées au ministère de l’Agriculture. Lors des débats, Annie Genevard avait rendu un « avis de sagesse », laissant entendre que le gouvernement ne s’opposait pas à cette suppression. Toutefois, face aux réactions du secteur, elle a clarifié la position de l’exécutif en déclarant que le gouvernement ne soutenait pas cette mesure.
Si la ministre a confirmé le maintien de l’Agence Bio, elle a toutefois pointé du doigt la multiplication des organismes liés au bio, estimant qu’il existait « plusieurs dizaines » de structures bénéficiant de financements publics pour des missions similaires. Elle a annoncé la tenue d’une table ronde afin d’évaluer les synergies possibles et d’optimiser l’organisation de ces acteurs.
La suppression envisagée par le Sénat a suscité une forte opposition dans la filière biologique. La FNSEA et les Jeunes Agriculteurs ont dénoncé un vote « incompréhensible », tandis que la Confédération paysanne a mis en garde contre une « déstructuration de la filière » et a appelé l’État à maintenir son soutien à la transition agroécologique. Le monde agricole n’a pas été le seul à réagir : La Coopération agricole et la Fédération du commerce et de la distribution ont également exprimé leur inquiétude, estimant que la suppression de l’Agence Bio aurait des conséquences négatives sur le développement du bio en France.
Pour rassurer les professionnels, Annie Genevard a affirmé que le soutien public au bio restait une priorité gouvernementale, avec un budget annuel de 180 millions d’euros alloué aux crédits d’impôt et au Fonds Avenir Bio. Cette clarification met fin aux incertitudes, mais ouvre un débat sur la nécessité d’une restructuration du secteur pour optimiser l’utilisation des fonds publics.
Le Monde, Franui, ce phénomène qui enflamme TikTok et bouscule les supermarchés, 26/01/2025
Nouvelle illustration de l’importance qu’a pris TikTok dans l’alimentaire. Depuis la fin de l’année 2024, un nouveau produit alimentaire y fait sensation : les Franui. Ces framboises surgelées enrobées de chocolat rencontrent un succès fulgurant en France, au point de provoquer une véritable chasse au trésor dans les supermarchés. Vendues en pots de 150 g, elles sont devenues un phénomène viral, avec des vidéos cumulant des millions de vues où des consommateurs partagent leur excitation en les trouvant en rayon. Certains influenceurs n’hésitent pas à parcourir plusieurs villes pour en acheter, contribuant ainsi à l’effet de rareté et à l’attrait du produit.
Face à cet engouement, les grandes enseignes comme Carrefour, Auchan et E.Leclerc ont rapidement adapté leurs stratégies. Certaines publient sur les réseaux sociaux l’arrivée de stocks en magasin, tandis que d’autres mettent en avant les ruptures de stock comme un argument marketing. Depuis octobre 2024, 280 000 pots ont été vendus en France, et la demande continue d’exploser. Malgré un prix élevé – environ 40 euros le kilo – les consommateurs sont prêts à payer pour goûter cette friandise devenue culte.
Derrière Franui, on retrouve une entreprise argentine fondée par Diego Fenoglio, un chocolatier de Patagonie qui a développé cette confiserie en 2013. Largement consommée en Amérique latine, elle est aujourd’hui distribuée dans 35 pays, et sa fabrication pour l’Europe se fait en Espagne. L’approvisionnement a toutefois été perturbé par des inondations en octobre 2024, accentuant encore la pénurie.
L’histoire de Franui illustre une nouvelle ère du commerce alimentaire, où les grandes surfaces ne dictent plus seules les tendances. Désormais, un simple buzz sur TikTok peut propulser un produit sur le devant de la scène, obligeant les distributeurs à s’adapter rapidement pour répondre à la demande.
Le Monde, Coca-Cola rappelle massivement des canettes et bouteilles en Europe, en raison d’une teneur trop élevée en chlorate, 27/01/2025
Coca-Cola a annoncé un rappel massif de ses produits en Europe après la découverte d’une teneur trop élevée en chlorate dans certaines de ses canettes et bouteilles. Ce composé chimique, utilisé pour la désinfection de l’eau, peut perturber la thyroïde et les reins en cas d’exposition prolongée. Selon Coca-Cola, le risque sanitaire est jugé très faible, mais l’entreprise a pris la décision de retirer plusieurs millions de canettes et bouteilles fabriquées dans son usine de Gand, en Belgique entre le 23 novembre et le 3 décembre 2024.
Le rappel concerne principalement la Belgique, les Pays-Bas et le Luxembourg, où plusieurs marques de la firme, dont Coca-Cola, Fanta, Sprite et Fuze Tea, ont été affectées. En France, seuls deux produits sont concernés : les canettes de Fuze Tea pêche 33 cl (code 335 GE2) et les bouteilles en verre consigné de Coca-Cola sans sucre 1 litre (code 337 GE1). Coca-Cola Europacific Partners France assure avoir demandé le retrait immédiat de ces lots auprès de ses distributeurs.
L’Agence fédérale belge pour la sécurité de la chaîne alimentaire (AFSCA) a confirmé que les procédures d’autocontrôle de Coca-Cola ont fonctionné, l’entreprise ayant elle-même détecté le problème lors de tests de routine. Toutefois, des interrogations subsistent sur le délai de communication de cette alerte, puisque les analyses ont été réalisées fin novembre et début décembre, mais l’AFSCA n’a été informée que récemment.
Ce rappel massif rappelle un précédent scandale en France à l’été 2024, lorsque des canettes de Coca-Cola Cherry fabriquées en Pologne avaient été retirées de la vente en raison de la présence de bisphénol A dans leur revêtement intérieur, une substance chimique interdite en Europe. Bien que Coca-Cola assure que les risques pour la santé sont minimes, cette affaire met en lumière les enjeux liés à la sécurité sanitaire des boissons industrielles, ainsi que la vigilance accrue des autorités et des consommateurs sur la qualité des produits alimentaires.
Libération, Le «chocolat de Dubaï» : pourquoi cette sucrerie rend-elle fou ?, 28/01/2025
Depuis plusieurs mois, cette tablette de chocolat fourrée à la pistache et aux cheveux d’ange affole les réseaux sociaux et suscite un engouement mondial.
L’attrait du « chocolat de Dubaï » repose en grande partie sur sa rareté. Il est vendu uniquement dans la boutique Fix Dessert Chocolatier Shop, à Dubaï, et doit être commandé à l’avance pour être obtenu. Son prix, environ 17,50 euros la tablette, ne freine pas les amateurs, qui vont parfois jusqu’à traverser le monde pour s’en procurer. À l’international, sa distribution est encore limitée, ce qui renforce son statut de produit exclusif et convoité.
Face à cet engouement, des contrefaçons ont commencé à apparaître. En Allemagne, la chaîne de supermarchés Aldi a été accusée de commercialiser une imitation produite en Turquie sous le nom « Alyan Dubai Handmade Chocolate », provoquant une plainte du distributeur officiel européen du produit. Des chocolatiers comme Lindt ont également tenté de capitaliser sur la tendance en lançant des éditions limitées « inspirées » de la recette originale.
La forte demande a aussi donné lieu à un marché parallèle. Des revendeurs proposent la tablette à des prix exorbitants sur eBay ou Leboncoin, parfois à plus de 100 euros l’unité. Certains fraudeurs ont même créé de faux sites web pour escroquer les consommateurs. Pour répondre à cette demande insatisfaite, des recettes maison circulent sur TikTok et Instagram, tandis que certains pâtissiers proposent des versions alternatives dans leurs boutiques.
L’Usine Nouvelle, Décarbonation, PFAS... Chez Harrys, le pain de mie au défi du Made in France, 27/01/2025
La marque Harrys, filiale du groupe italien Barilla, fait face à plusieurs défis industriels sur son site de production de Châteauroux. Connu pour son pain de mie, l’industriel doit gérer la saturation de ses lignes de production, la transition écologique et le problème des PFAS présents dans ses moules de cuisson.
Avec une capacité de 80 000 tonnes par an, l’usine tourne presque à plein régime. Pour optimiser l’espace, une ligne dédiée aux petits toasts pourrait être remplacée par une nouvelle unité pour produire des “American Sandwich”, un format prisé des consommateurs. Cette réorganisation vise à maintenir le label “Made in France” sur les emballages, un élément clé pour l’image de la marque.
La décarbonation est un autre défi majeur. Un investissement de 5 millions d’euros est prévu pour moderniser les groupes froids de l’usine, actuellement énergivores. Un système de récupération de chaleur sera également installé pour chauffer les chambres de fermentation du pain, limitant ainsi la consommation de gaz. Toutefois, les quatre grands fours fonctionnant au gaz restent un point critique de la transition énergétique.
L’un des problèmes les plus pressants concerne les moules de cuisson en téflon, qui contiennent des PFAS, des substances chimiques controversées. Harrys envisage de les remplacer par des moules en céramique, mais ces derniers ont une durée de vie deux fois plus courte, ce qui double les coûts d’équipement de l’usine.
Enfin, sur le plan nutritionnel, Harrys poursuit son engagement en faveur du Nutri-Score, avec des pains notés A ou B et des viennoiseries entre B et C. Une gamme de sandwichs sans sucre ajouté a été lancée en 2025, avec une recette enrichie en fibres de chicorée.
Malgré ces efforts, le directeur du site souligne les difficultés économiques du secteur agroalimentaire français, notamment face à la pression des grandes surfaces sur les marges, ce qui complique les décisions d’investissement.
Les Échos, Roquefort : comment le fromage centenaire tente de rester au goût du jour, 28/01/2025
L’Appellation d’Origine Protégée Roquefort célèbre cette année son centenaire dans un contexte difficile. Créée en 1925 pour protéger ce fromage emblématique à pâte persillée, elle est la plus ancienne AOP fromagère française. Malgré une renommée intacte, les ventes de Roquefort connaissent une baisse continue de 3 à 4 % par an depuis la pandémie de Covid-19. Cette diminution est en grande partie due à l’inflation, qui a entraîné une hausse des prix, rendant le produit moins accessible aux consommateurs. Affiché entre 20 et 25 euros le kilo, le Roquefort souffre également de la concurrence d’autres fromages à pâte persillée, comme le Saint Agur, souvent perçu comme plus doux et abordable.
Ce déclin a des répercussions directes sur la filière. Les 1 400 fermes et 2 600 éleveurs de brebis Lacaune, dont le lait cru est indispensable à la fabrication du Roquefort, rencontrent de grandes difficultés économiques. Faute de demande suffisante, une partie de leur production est vendue à un prix bien inférieur à celui garanti par l’AOP. Or, produire du lait destiné au Roquefort impose de respecter un cahier des charges strict, ce qui augmente les coûts d’exploitation. Cette situation met en péril la pérennité de nombreuses exploitations et freine l’installation de nouvelles générations d’éleveurs.
Face à cette crise, la filière tente de redonner au Roquefort une place de choix dans l’alimentation quotidienne. Les producteurs misent sur une meilleure éducation au goût pour convaincre les consommateurs d’intégrer ce fromage dans leurs recettes, et pas seulement sur un plateau de fromages. Des campagnes de communication sont en cours pour mettre en avant la tradition et le savoir-faire artisanal du Roquefort, ainsi que son ancrage territorial. Par ailleurs, l’exportation, qui représente actuellement 28 % des ventes, est identifiée comme un levier de croissance. Cependant, les normes sanitaires strictes imposées aux fromages au lait cru compliquent leur développement à l’international.
La filière espère que ce centenaire marquera un tournant et contribuera à relancer la demande. L’objectif est de moderniser l’image du Roquefort sans trahir son identité. En valorisant son goût unique et en diversifiant ses modes de consommation, elle espère séduire de nouveaux consommateurs et enrayer le déclin de ses ventes.
LSA, Alternatives végétales : Jay&Joy rachète les Nouveaux Affineurs, 30/01/2025
Jay&Joy a annoncé cette semaine le rachat des Nouveaux Affineurs, devenant ainsi le leader du fromage végétal en France et un acteur majeur en Europe. Ce rapprochement marque une étape clé pour le marché des alternatives végétales, en pleine expansion.
Fondée en 2019 par Nour Akbaraly, la marque Les Nouveaux Affineurs s’est spécialisée dans les fromages végétaux affinés, développant un savoir-faire inspiré des techniques traditionnelles. De son côté, Jay&Joy, reprise en 2023 par César Augier, était déjà un acteur reconnu du secteur. Partageant une vision commune sur l’environnement, le bien-être animal et l’alimentation saine, les deux entreprises unissent leurs forces. Nour Akbaraly devient directeur opérationnel, tandis que César Augier prend la présidence.
Cette fusion permet de doubler la capacité de production, avec deux sites : Lacroix-Saint-Ouen (Jay&Joy) et Ivry-sur-Seine (Nouveaux Affineurs). En 2024, Jay&Joy produisait 100 tonnes de fromages végétaux, et cette expansion va accélérer son développement, notamment en grande distribution. Le marché du fromage végétal, estimé à 150 millions d’euros, devrait croître de 50 % par an d’ici 2030, selon Boston Consulting Group.
Jay&Joy adopte une stratégie différenciée : Les Nouveaux Affineurs deviendront une marque phare en grande distribution, aux côtés de Nurishh (Bel), Violife et Vivre Vert (Savencia), tandis que Jay&Joy restera dédiée aux magasins bio. Cette segmentation vise à renforcer la présence des alternatives végétales sur différents circuits.
Pour financer ce développement, une levée de fonds de 2 millions d’euros a été réalisée avec le soutien d’investisseurs historiques comme Demeter et Beyond Impact, ainsi que d’entrepreneurs comme Cédric Meston (HappyVore), Jean-Baptiste Rudelle (Criteo) et Benjamin Blasco (Petit Bamboo). Ces fonds permettront d’assurer l’intégration des activités et le développement international, renforçant ainsi la compétitivité de Jay&Joy sur un marché en pleine mutation.
Forbes, Processed Foods Companies Under Attack Need To Reinvent Themselves, 28/01/2025
L’industrie agroalimentaire américaine est confrontée à une série de défis qui menacent son modèle économique traditionnel. De plus en plus critiqués, les aliments ultra-transformés sont la cible de nouvelles régulations et d’actions en justice. En Californie, une loi visant à restreindre ces produits a été adoptée, tandis que des poursuites judiciaires sont engagées contre de grandes marques comme Mondelez et Kraft-Heinz, accusées de vendre des produits considérés comme addictifs et néfastes pour la santé. Cette tendance s’accompagne d’une montée en puissance des labels et certifications destinés à informer les consommateurs et à les inciter à éviter ces aliments.
Dans le même temps, la Food and Drug Administration (FDA) envisage d’imposer un étiquetage nutritionnel plus strict sur les emballages alimentaires. Ces nouvelles règles, inspirées de celles mises en place au Chili ou au Canada, pourraient dissuader les consommateurs d’acheter certains produits jugés trop riches en sucre, en sel ou en graisses. Si ces initiatives sont présentées comme des mesures de santé publique, elles représentent un risque pour l’industrie agroalimentaire, qui pourrait voir ses ventes chuter sous l’effet d’un changement des comportements d’achat.
Un autre facteur de disruption majeur est l’essor des médicaments coupe-faim de type GLP-1, comme Ozempic et Wegovy. De plus en plus prescrits aux États-Unis, ces traitements entraînent une réduction significative de l’appétit, impactant directement les ventes de produits alimentaires industriels, notamment les snacks, sodas et plats préparés. Selon une étude récente, les ménages comptant un utilisateur de GLP-1 réduisent leurs dépenses alimentaires de près de 6 % en six mois, avec une baisse plus marquée sur les produits ultra-transformés.
Pour survivre à cette transformation du marché, les entreprises agroalimentaires doivent repenser leur offre. Plusieurs pistes s’offrent à elles : proposer des portions plus petites, adaptées aux nouveaux comportements alimentaires, reformuler leurs produits en misant sur des ingrédients plus naturels et plus riches en protéines et en fibres, et investir davantage dans la recherche et le développement pour répondre aux attentes des consommateurs soucieux de leur santé. Certaines marques comme Nestlé et ConAgra ont déjà amorcé ce virage en lançant de nouvelles gammes adaptées aux tendances actuelles. L’industrie doit prendre au sérieux ces évolutions et s’adapter rapidement, sous peine de perdre des parts de marché face à des concurrents plus réactifs et innovants.
Forbes, 2025 Food & Beverage Industry: Mergers And Acquisitions To Increase, 24/01/2025
L’année 2025 s’annonce comme une année clé pour les fusions et acquisitions (M&A) dans l’industrie agroalimentaire outre-Atlantique. Après une baisse du nombre d’opérations en 2024, plusieurs facteurs favorisent une reprise : ralentissement de l’inflation, amélioration des chaînes d’approvisionnement post-Covid et baisses des taux d’intérêt, réduisant ainsi le coût de l’emprunt pour les entreprises en quête d’opportunités.
Selon Billy Roberts, analyste chez CoBank, l’activité de M&A dans l’industrie des produits de grande consommation (CPG) a déjà connu une augmentation au cours des six à douze derniers mois, une tendance qui devrait s’accélérer en 2025. En 2024, plusieurs acquisitions majeures ont marqué le secteur : Mars a racheté Kellanova (Pringles) pour 36 milliards de dollars, Campbell’s Soup a acquis Sovos Brands pour 2,33 milliards, et PepsiCo a acheté Siete Foods pour 1,2 milliard. En parallèle, General Mills a vendu son activité yaourt en Amérique du Nord à Lactalis et Sodiaal pour 2,1 milliards de dollars.
Les grands groupes utilisent les fusions et acquisitions comme un levier stratégique pour se diversifier, pénétrer de nouveaux marchés et renforcer leur cœur de métier. L’intérêt croissant pour les produits ethniques et la santé motive également certaines transactions, comme l’acquisition de Kevin’s Natural Foods par Mars en 2023 pour 800 millions de dollars, ou celle de La Colombe par Chobani pour 900 millions de dollars, qui marque l’entrée du fabricant de yaourts dans le segment des boissons prêtes à boire.
Si l’appétit pour les acquisitions est fort, les défis ne manquent pas. Certaines transactions se soldent par des échecs, comme l’acquisition de Snapple par Quaker Oats, revendu à perte trois ans plus tard, ou la tentative ratée de Mondelez d’acquérir Hershey’s en 2016. De plus, la méfiance des autorités antitrust complique les opérations, comme l’a montré l’échec du rachat de Kroger par Albertsons, bloqué par la Federal Trade Commission.
The Guardian, Biscuits, gummies and seaweed: the Tate & Lyle boss who’s moved on from sugar, 28/01/2025
Le groupe anglais Tate & Lyle, autrefois connu comme spécialiste du sucre, s’est profondément transformé sous la direction de son PDG, Nick Hampton. Depuis sept ans à la tête de l’entreprise, il a recentré les activités du groupe sur la production d’ingrédients alternatifs, visant à réduire la consommation de sucre et à répondre aux nouvelles attentes nutritionnelles. Loin de son passé de raffineur, Tate & Lyle fabrique désormais des édulcorants, des fibres et des texturants issus de matières premières variées comme le maïs, le tapioca, les algues, la feuille de stévia ou encore les écorces d’agrumes.
L’entreprise revendique un rôle majeur dans la lutte contre l’excès de sucre dans l’alimentation et affirme avoir contribué à éliminer neuf millions de tonnes de sucre des régimes alimentaires mondiaux depuis 2020. Pour y parvenir, elle collabore avec des marques emblématiques en reformulant des produits de grande consommation. Elle a ainsi contribué à la mise au point de biscuits McVitie’s allégés en sucre et de bonbons gélifiés enrichis en vitamines, sans gélatine ni sucre ajouté. Elle s’est également illustrée dans la production de substituts de crème et de solutions permettant de reproduire des textures gourmandes sans recourir aux matières grasses ou aux édulcorants artificiels.
Malgré ces avancées, Tate & Lyle doit faire face à plusieurs défis. Son action en bourse stagne, les investisseurs s’interrogeant sur la pérennité de son modèle, notamment face à l’essor des médicaments coupe-faim comme Ozempic et Wegovy, qui réduisent la consommation alimentaire globale. De plus, la méfiance croissante envers les aliments ultra-transformés menace son cœur d’activité. La controverse autour des additifs et des ingrédients industriels pousse certains consommateurs à rechercher des produits plus simples et plus naturels, ce qui complique la stratégie du groupe.
Pour surmonter ces difficultés, l’entreprise mise sur la diversification et l’innovation. Elle a récemment acquis CP Kelco, un fabricant américain de pectine et de gommes végétales, pour 1,8 milliard de dollars, consolidant ainsi sa position dans le secteur des ingrédients naturels. Tate & Lyle cherche également à sécuriser son approvisionnement en matières premières, face aux incertitudes climatiques et aux tensions géopolitiques. Alors que son héritage est ancré dans l’industrie sucrière, son avenir dépendra de sa capacité à convaincre les consommateurs et les investisseurs que son expertise en formulation d’ingrédients peut répondre aux nouveaux défis alimentaires.
The Grocer, Was ruling out an £8bn Guinness sale genius or insanity?, 27/01/2025
Diageo a récemment dû démentir les rumeurs concernant une éventuelle vente de Guinness, son emblématique marque de bière, après un article de Bloomberg évoquant une réflexion stratégique sur son portefeuille d’activités. Selon les spéculations, le groupe aurait envisagé de céder Guinness ou de l’introduire en bourse afin de se concentrer sur des actifs plus rentables, notamment en renforçant son engagement dans le secteur des spiritueux de luxe. Une telle opération aurait pu rapporter à Diageo plus de 8 milliards de livres sterling, mais l’entreprise a affirmé ne pas avoir l’intention de vendre.
L’origine de cette rumeur semble être une note d’AllianceBernstein, qui suggérait que Diageo pourrait chercher à acquérir Moët Hennessy, dont il détient déjà 34 %. Une telle acquisition, évaluée à 27 milliards de livres, représenterait un défi financier majeur pour le groupe, qui pourrait être tenté de vendre des actifs comme Guinness pour équilibrer ses comptes. Diageo a en effet déjà amorcé un repositionnement stratégique en se détachant progressivement de la bière, comme en témoigne la vente de Red Stripe à Heineken en 2015 et la réduction de son empreinte industrielle en Afrique au profit d’un modèle plus léger. Par ailleurs, ses acquisitions récentes ont surtout concerné des marques de spiritueux premium comme Casamigos, Mr Black et Don Papa Rum, confirmant une volonté de se positionner sur des segments à plus forte marge.
Cependant, vendre Guinness aujourd’hui pourrait être une erreur stratégique. Diageo traverse une période difficile, marquée par un recul organique de ses ventes de 0,6 % en 2024, notamment en Amérique latine (-21 %) et en Amérique du Nord (-2,5 %). En parallèle, les spiritueux haut de gamme, qui avaient porté la croissance du groupe après la pandémie, subissent un ralentissement en raison d’une pression inflationniste sur les consommateurs. Dans ce contexte, Guinness est devenu un pilier pour Diageo, avec une croissance impressionnante de 18 % des volumes de bière en Europe et une progression de 30 % des ventes au Royaume-Uni, largement portée par un regain d’intérêt de la génération Z et des consommatrices, influencées par des tendances sur les réseaux sociaux et des célébrités comme Olivia Rodrigo et Kim Kardashian.
Outre la question stratégique, un éventuel rachat de Guinness se heurterait à des obstacles de taille. Seuls quelques acteurs comme Heineken ou AB InBev pourraient avoir les moyens financiers d’une telle acquisition, mais une telle transaction soulèverait d’importants problèmes de concurrence sur le marché britannique. De son côté, Carlsberg, qui aurait pu être un candidat, s’éloigne progressivement du secteur de la bière et vient d’investir 3,3 milliards de livres pour acquérir Britvic, un spécialiste des boissons non alcoolisées.
Pour l’instant, la vente de Guinness ne semble donc pas être une option crédible. La marque reste un actif stratégique pour Diageo, qui, malgré ses ambitions dans les spiritueux, ne peut se permettre de se séparer d’un produit en pleine expansion sur des marchés clés. Cependant, la question pourrait revenir sur la table si les difficultés financières du groupe venaient à s’accentuer.
Eater, Ghia’s New Chocolate-Hazelnut Spread Is… Horny?, 29/01/2025
Ghia, une marque connue outre-Atlantique pour ses apéritifs sans alcool aux notes d’herbes et d’amaro, fait une entrée remarquée sur le marché des produits adaptogènes avec une pâte à tartiner chocolat-noisette aux effets supposément aphrodisiaques. Baptisée Happy Ending Ghianduja, cette version revisitée de son Ghianduja classique incorpore une série d’ingrédients censés réduire le stress et booster la libido, une tendance de plus en plus populaire dans l’industrie du bien-être.
Lancée en collaboration avec la marque Alice Mushrooms, cette pâte à tartiner contient de l’ashwagandha, utilisée en médecine ayurvédique pour ses effets relaxants et stimulants, ainsi que du Horny Goat Weed, Velvet Bean, maca et cordyceps, des plantes connues pour leurs vertus énergisantes et aphrodisiaques. Pour accentuer cet effet, Ghia y ajoute aussi une touche de cannelle et de piment de Cayenne, épices également réputées pour leur influence sur la circulation sanguine et l’éveil des sens.
Cette tendance des adaptogènes s’inscrit dans un mouvement plus large où les marques alimentaires explorent des ingrédients naturels pour répondre aux nouvelles attentes des consommateurs en matière de bien-être et de gestion du stress. Le marché a explosé ces dernières années, intégrant ces composés dans des boissons au CBD, chocolats aux champignons non psychotropes et poudres énergétiques. Pour Ghia, qui s’est déjà imposée sur le segment du sans alcool, cette incursion dans le secteur du bien-être adaptogène semble être une évolution logique.
Côté dégustation, la Happy Ending Ghianduja reste fidèle à l’ADN de Ghia : sans produits laitiers et sans huile de palme, contrairement à des concurrents comme Nutella. Plus chocolatée et légèrement plus fluide que d’autres pâtes à tartiner, elle intègre de petits éclats de noisettes pour une texture croquante. Si l’effet aphrodisiaque est encore à prouver, son positionnement malin à l’approche de la Saint-Valentin ne doit rien au hasard.
Enfin, Ghia annonce que 100 % des bénéfices de cette nouvelle pâte seront reversés aux familles touchées par les incendies de Los Angeles, ajoutant ainsi une dimension solidaire à son lancement. Pour les amateurs de chocolat-noisette curieux de tester une version plus « vibrante », cette nouveauté pourrait bien être l’excuse parfaite pour céder à la tentation.
Taste, Gen Cheese, 14/01/2025
Une nouvelle génération de jeunes artisans du fromage est en train de transformer un métier ancestral en y intégrant innovation, durabilité et culture digitale. À travers le monde, ces fromagers, affineurs et influenceurs réinventent la manière dont le fromage est fabriqué, vendu et consommé, tout en mettant en avant des pratiques plus respectueuses de l’environnement et une approche plus inclusive du secteur.
Aux États-Unis, Avery Jones, 20 ans, a fondé Shooting Star Creamery en Californie et a rapidement fait sensation avec son fromage alpin au lait de brebis, une rareté sur le marché. À seulement 15 ans, elle a remporté la troisième place aux prestigieux American Cheese Society Awards, prouvant que la jeune génération peut rivaliser avec des artisans bien établis. De son côté, Kayleigh Boucher, installée dans le Vermont, perpétue l’héritage familial avec Green Mountain Blue Cheese, tout en développant des recettes modernes et accessibles. Son bleu français « Boucher Blue » et son « Gore-Dawn-Zola » témoignent d’une volonté d’innover tout en respectant les traditions.
Si certains jeunes choisissent de fabriquer du fromage, d’autres préfèrent en parler. Madelyn Valera, 24 ans, s’est fait connaître comme fromagère et influenceuse, cumulant plus de 200 000 abonnés sur TikTok et Instagram. À travers sa série « Unhinged Pairings », elle casse les codes des accords traditionnels en proposant des associations surprenantes, comme du gouda affiné sur des cookies au caramel ou du brie sur des bonbons acidulés. Son objectif : démystifier le fromage et le rendre plus accessible aux nouvelles générations.
Cette vague d’innovation ne se limite pas aux États-Unis. En Italie, Vito Dicecca, 39 ans, a ouvert Baby Dicecca, un bar à fromage où il propose des créations audacieuses, comme son bleu affiné au vin Primitivo et aux cerises. Malgré les réticences initiales, ce fromage est devenu son produit phare, attirant des amateurs du monde entier. En Grande-Bretagne, Lily Morris, 22 ans, partage sa passion via son compte Instagram The Petite Cheese, mettant en avant des fromages artisanaux et des créations visuellement impressionnantes.
Cette nouvelle génération de fromagers accorde également une grande importance à la durabilité. Des initiatives comme la séquestration du carbone dans les sols ou la réduction des émissions liées au transport du lait sont de plus en plus adoptées par des crèmeries soucieuses de leur impact environnemental. Kayla Fuerstenau, spécialiste du fromage dans le Wisconsin, voit l’avenir dans des fromages à base de lait de brebis, de chèvre ou de bufflonne, qui nécessitent moins de ressources que les fromages traditionnels à base de lait de vache.
Silicon Valley Bank, Wine Report 2025
Le rapport met en lumière une industrie viticole américaine en pleine mutation.
Parmi les tendances majeures, le rapport souligne une baisse de la consommation de vin chez les jeunes adultes (21-29 ans), qui préfèrent des alternatives comme les boissons sans alcool, les spiritueux ou les cocktails prêts à boire (RTD). En parallèle, la diminution du nombre de consommateurs plus âgés réduit la demande globale, un phénomène qui pousse le marché vers une correction axée sur l’offre et la demande. Pour survivre, l’industrie doit mieux séduire la tranche des 30-45 ans en adaptant son marketing et son positionnement.
Le marché du vin californien, qui représente 85 % de la production américaine, est particulièrement concerné. Le rapport prévoit que la récolte 2024 atteindra 3,2 millions de tonnes, son plus bas niveau depuis 2008, signe d’une offre excédentaire nécessitant des ajustements tarifaires. Les producteurs devront proposer des remises, des ventes privées ou des incitations telles que la livraison gratuite pour écouler leurs stocks.
Le contexte géopolitique pourrait aussi influencer le marché. De potentielles taxes sur les vins européens imposées par la nouvelle administration Trump inciteraient certains acheteurs américains à se tourner vers des vins domestiques, stimulant ainsi la demande pour les producteurs locaux.
Sur le plan économique, la croissance des ventes des vins haut de gamme a fortement chuté depuis son pic de 18,6 % en 2021 (après le Covid) à -3,4 % aujourd’hui. Par ailleurs, 28 % des viticulteurs interrogés ont jugé l’année 2024 décevante, un chiffre en hausse de 6 % par rapport à l’année précédente.
Malgré ces défis, le rapport met en avant la résilience des vignerons. Les exploitations établies depuis longtemps et dotées d’une solide marque devraient réussir à traverser cette période difficile et rebondir grâce à de nouvelles opportunités.
Un reportage sur le chef Laurent Petit qui dirigeait un restaurant trois étoiles en Haute-Savoie et a tout quitté pour s'installer dans son village natal en Haute-Marne.
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O. Frey