đŸđđ Eat's business đđ·đ§ 2024-35
Bonjour Ă toutes et Ă tous, Eat's Business est une newsletter dans laquelle vous trouverez une revue de presse de quelques articles sur le monde de lâalimentaire qui mâont semblĂ© intĂ©ressants dans la semaine prĂ©cĂ©dente.
Pour ceux qui veulent la formule ristretto, les 3 articles que je vous conseille de lire en priorité cette semaine sont :
Les Ăchos, AOP, IGP : la difficile adaptation des produits labellisĂ©s au changement climatique, 26/11/2024
Les Ăchos, Le cafĂ© flambe et le monde regarde ailleurs, 25/11/2024
New York Times, Taxing Farm Animalsâ Farts and Burps? Denmark Gives It a Try, 26/11/2024
Bonne lecture et bonne semaine Ă toutes et Ă tous!
Pour celles et ceux dâentre vous qui ont plus de temps pour la formule lungo :
Libération, La Liste consacre (encore) Guy Savoy et révÚle les tendances food mondiales, 25/11/2024
La Liste, cĂ©lĂšbre classement des 1 000 meilleurs restaurants au monde, a publiĂ© son Ă©dition 2024, confirmant la place de Guy Savoy parmi lâĂ©lite au cĂŽtĂ© de huit autres Ă©tablissements internationaux. Ce palmarĂšs, basĂ© sur un algorithme croisant critiques et avis en ligne, reflĂšte Ă la fois la constance des grandes adresses et lâĂ©volution des courants culinaires mondiaux. LâĂ©dition 2024 met en lumiĂšre des tendances marquantes. La fermentation et la cuisson au feu de bois reviennent en force, incarnant un retour aux traditions ancestrales. Ă Paris, des adresses comme Ardent ou la Brasserie Dubillot adoptent ces techniques pour offrir une expĂ©rience immersive et chaleureuse. ParallĂšlement, le vĂ©gĂ©tal poursuit son essor, bien au-delĂ des tables Ă©toilĂ©es, affirmant son ancrage dans les prĂ©occupations environnementales et Ă©thiques. Le rapport souligne Ă©galement la montĂ©e en gamme du sushi, dĂ©sormais perçu comme un art culinaire raffinĂ©, tandis que la cuisine corĂ©enne sâimpose comme une gastronomie dâavenir, portĂ©e par lâinfluence culturelle des sĂ©ries et films sud-corĂ©ens. En Inde, une rĂ©volution discrĂšte mais significative voit Ă©merger des restaurants ambitieux, valorisant la diversitĂ© des traditions rĂ©gionales.
Cependant, la gastronomie mondiale traverse une pĂ©riode dĂ©licate. La hausse des coĂ»ts Ă©nergĂ©tiques, la pĂ©nurie de personnel et lâinflation pĂšsent lourdement sur les Ă©tablissements, en particulier les indĂ©pendants. Des fermetures en chaĂźne sont signalĂ©es au Royaume-Uni, en Espagne et mĂȘme en Italie, comme en tĂ©moigne le cas emblĂ©matique du restaurant de Carlo Cracco Ă Milan, qui a accumulĂ© 4,6 millions dâeuros de pertes. Dans ce contexte, les grands groupes de luxe et hĂŽteliers consolident leur domination, creusant un Ă©cart avec les petites structures. En rĂ©ponse, certains chefs adoptent des approches plus conviviales et accessibles. Ă Berlin, le restaurant Nobelhart & Schmutzig a par exemple rĂ©duit ses prix de 40 % en proposant des plats simples comme le schnitzel et en recentrant lâexpĂ©rience sur le plaisir du convive.
Face aux dĂ©fis Ă©conomiques, une tendance Ă©merge : la rĂ©invention de la gastronomie autour de lâhumain. PlutĂŽt que dâimposer des concepts rigides, les restaurants qui prospĂšrent placent leurs clients au cĆur de leur dĂ©marche. La Liste illustre ainsi une transition vers une cuisine gĂ©nĂ©reuse et accessible, renouant avec lâessence du partage et du plaisir. Une possible rĂ©surgence de la cucina povera ? Lâavenir le dira.
LibĂ©ration, Du palmarĂšs du «Fooding» au guide Pudlo, de timides lueurs dâespoir pour les femmes dans la gastronomie, 19/11/2024
Câest malheureusement une vieille rengaine. Mais force est de constater que les femmes continuent de briller par leur absence dans les grands palmarĂšs gastronomiques, comme lâa une nouvelle fois illustrĂ© la cĂ©rĂ©monie du Gault et Millau 2025. DĂ©voilĂ© le 18 novembre dernier, le prestigieux guide a, une fois de plus, mis les hommes Ă lâhonneur : cuisinier de lâannĂ©e, sommeliers, grands de demain⊠Seule une femme, Margaux Le Baillif, a Ă©tĂ© distinguĂ©e, et encore, en binĂŽme avec Brice Goeuriot pour leur restaurant Nuance Ă Bayonne. Cette quasi-exclusion des cheffes et sommeliĂšres alimente un constat rĂ©current : dans les cercles de la critique gastronomique traditionnelle, la reconnaissance du talent reste largement associĂ©e au masculin.
Cependant, dâautres remises de prix organisĂ©es le mĂȘme jour ont offert quelques lueurs dâespoir. Ă Limoges, lors du premier championnat du monde de chou farci, câest Bernadette De Rozario, venue de Singapour, qui a triomphĂ© face Ă quatre hommes. Jeune et dĂ©jĂ saluĂ©e pour son savoir-faire, elle incarne un souffle nouveau dans un univers encore dominĂ© par les hommes.
De son cĂŽtĂ©, le guide Fooding, connu pour son approche dĂ©calĂ©e de la critique culinaire, a Ă©galement donnĂ© davantage de visibilitĂ© aux femmes. Sur les 17 catĂ©gories de prix dĂ©cernĂ©s lors de sa cĂ©rĂ©monie au Centre Pompidou, cinq rĂ©compensent des Ă©tablissements dirigĂ©s par des femmes, seules ou en binĂŽme. Parmi elles, Emmanuelle Lachaud (Flores, Gard) ou Mahaut Le Lagadec (CafĂ© Enez, FinistĂšre) illustrent une volontĂ© de renouveler les modĂšles de la gastronomie traditionnelle. Si les chiffres restent inĂ©gaux â 10 femmes contre 17 hommes rĂ©compensĂ©s â, le Fooding confirme son rĂŽle dâacteur de changement en valorisant une cuisine plus moderne et accessible.
Enfin, le guide Pudlo, pourtant ancrĂ© dans une tradition plus classique, a lui aussi marquĂ© des points. Avec deux femmes rĂ©compensĂ©es sur sept prix : Victoria Boller (Aux Lyonnais, Paris) et Anne-CĂ©cile Faye (le Sancerre, Paris). Ces distinctions rappellent que le talent nâa pas de genre et que les mentalitĂ©s Ă©voluent, lentement mais sĂ»rement.
LâUsine Nouvelle, Sassy fĂȘte dix ans de renouveau du cidre et du calvados, 24/11/2024
En une dĂ©cennie, la PME Sassy a su moderniser lâimage du cidre et du calvados, deux produits emblĂ©matiques de la Normandie. FondĂ©e en 2014 par Pierre-Emmanuel Racine-Jourdren et Xavier dâAudiffret-Pasquier, cette entreprise normande a pris le pari de renouveler ces boissons en misant sur des circuits de distribution innovants et une approche premium.
Alors que le cidre traditionnel est souvent limitĂ© Ă une consommation saisonniĂšre en France, les deux cofondateurs ont souhaitĂ© casser les codes. Travaillant le packaging pour le rendre plus moderne et les recettes pour sĂ©duire un public Ă©largi, Sassy a privilĂ©giĂ© des lieux branchĂ©s et haut de gamme, Ă lâinstar du magasin parisien Colette ou des tables prestigieuses comme le Plaza AthĂ©nĂ©e. Ce positionnement novateur sâest rapidement rĂ©vĂ©lĂ© payant.
Sassy sâest aussi tournĂ©e vers le Royaume-Uni, lâun des plus gros marchĂ©s mondiaux du cidre. En 2016-2017, lâentreprise a ouvert une filiale Ă Londres, oĂč Xavier dâAudiffret-Pasquier sâest installĂ© pour dĂ©velopper des partenariats avec des bars Ă cocktails, des restaurants haut de gamme et des grands magasins. Cette stratĂ©gie a permis dâassurer une solide implantation, malgrĂ© les dĂ©fis posĂ©s par le Brexit. Aujourdâhui, 50 % des ventes de Sassy sont rĂ©alisĂ©es outre-Manche.
La diversification de la gamme a Ă©galement Ă©tĂ© une clĂ© de leur succĂšs. Pendant la crise sanitaire, lâentreprise a su rebondir en Ă©largissant sa distribution aux grandes surfaces comme Monoprix et Carrefour. En 2021, Sassy a lancĂ© un calvados en collaboration avec Nicolas Garnier, producteur dans lâOrne. Ce produit, retravaillĂ© pour offrir des arĂŽmes plus ronds et accessibles, a marquĂ© un nouveau tournant pour la marque. Dans la foulĂ©e, un cidre dĂ©salcoolisĂ© et des jus de fruits ont enrichi lâoffre, tĂ©moignant de la volontĂ© de Sassy de rĂ©pondre Ă une demande diversifiĂ©e. Les ventes de cidre dĂ©salcoolisĂ© ont dâailleurs progressĂ© de 30 % entre 2023 et 2024. MalgrĂ© une conjoncture difficile marquĂ©e par lâinflation et des conditions climatiques complexes, Sassy prĂ©voit une croissance de 15 % de son chiffre dâaffaires en 2024. Aujourdâhui, lâentreprise emploie 15 personnes rĂ©parties entre la Normandie, Paris et Londres, et continue dâinnover pour ancrer cidre et calvados dans les tendances de consommation actuelles.
Les Ăchos, AOP, IGP : la difficile adaptation des produits labellisĂ©s au changement climatique, 26/11/2024
ClĂ©mentines de Corse, roquefort, piment dâEspelette⊠Les produits labellisĂ©s AOP et IGP, emblĂšmes du terroir français, sont de plus en plus fragilisĂ©s par les bouleversements climatiques. Contraints par des cahiers des charges rigides et ancrĂ©s dans des territoires spĂ©cifiques, ces produits doivent concilier respect des traditions et nouvelles pratiques pour survivre.
Ces filiĂšres, qui reprĂ©sentent plus de 4 milliards dâeuros en France selon lâInstitut national de lâorigine et de la qualitĂ© (Inao), subissent des alĂ©as croissants : sĂ©cheresse, gel, pluies diluviennes. En 2022, la sĂ©cheresse a notamment rĂ©duit les rĂ©coltes, obligeant 78 filiĂšres Ă demander des dĂ©rogations temporaires Ă leurs rĂšgles de production. Le citron de Menton, par exemple, a vu une partie de sa rĂ©colte dĂ©classĂ©e, ce qui a entraĂźnĂ© des pertes Ă©conomiques importantes.
Face Ă cette rĂ©alitĂ©, les filiĂšres explorent des solutions pour maintenir la qualitĂ© et lâidentitĂ© de leurs produits. La clĂ©mentine de Corse, affectĂ©e par des restrictions dâirrigation et une floraison dĂ©calĂ©e, perd en aciditĂ©. Pour y remĂ©dier, des tensiomĂštres ont Ă©tĂ© installĂ©s pour optimiser lâarrosage, et des protections naturelles comme le kaolin sont utilisĂ©es contre les insectes nuisibles. Le piment dâEspelette, victime des intempĂ©ries, expĂ©rimente des couverts vĂ©gĂ©taux pour protĂ©ger les plantations et envisage de dĂ©caler ses dates de culture. Ces mesures, inspirĂ©es de pratiques espagnoles, pourraient bientĂŽt ĂȘtre intĂ©grĂ©es Ă son cahier des charges. Le roquefort, premiĂšre AOP française, doit, quant Ă lui, repenser lâalimentation de ses brebis face Ă la sĂ©cheresse qui rĂ©duit les pĂąturages en Aveyron. Lâenrubannage des balles de foin, une mĂ©thode de conservation prolongĂ©e, devient une alternative essentielle pour maintenir la qualitĂ© du lait.
Ces ajustements, bien que nĂ©cessaires, sâaccompagnent de dĂ©fis Ă©conomiques et organisationnels. Obtenir lâaccord de lâInao et des producteurs prend souvent des annĂ©es, comme en tĂ©moigne lâexemple des ostrĂ©iculteurs de Marennes OlĂ©ron, qui ont attendu sept ans pour actualiser leurs rĂšgles. En parallĂšle, les consommateurs devront peut-ĂȘtre accepter de lĂ©gĂšres Ă©volutions dans le goĂ»t ou lâapparence de ces produits iconiques. Entre innovations agricoles et sauvegarde du patrimoine, les filiĂšres AOP et IGP se trouvent Ă un tournant critique, oĂč chaque adaptation reprĂ©sente une course contre le temps.
Les Ăchos, Le projet de surtaxe sur les boissons sucrĂ©es sĂšme le trouble chez les industriels, 26/11/2024
Lâindustrie des boissons sans alcool (BRSA) est en Ă©bullition aprĂšs lâadoption par le SĂ©nat dâune hausse significative de la fiscalitĂ© sur les boissons sucrĂ©es. Cette surtaxe, la troisiĂšme en douze ans, pourrait encore alourdir une taxe dĂ©jĂ fixĂ©e Ă 450 millions dâeuros par an. Les dĂ©putĂ©s avaient initialement votĂ© une augmentation de 66 %, mais le SĂ©nat a durci la mesure, prĂ©voyant une hausse de 135 %. La Commission mixte paritaire (CMP) qui sâest rĂ©unie cette semaine a fini par adopter cette derniĂšre proposition. Ainsi, il en coĂ»tera 4 centimes par litre pour les breuvages les moins sucrĂ©s, et jusqu'Ă 35 centimes par litre pour les plus sucrĂ©s.
Si le gouvernement justifie cette initiative par des prĂ©occupations sanitaires, les industriels dĂ©noncent un manque de cohĂ©rence et un excĂšs de pression fiscale. « Le modĂšle britannique, souvent citĂ© en exemple, nâest pas adaptĂ© Ă la France, oĂč une taxe existe dĂ©jĂ depuis douze ans et oĂč la consommation est 30 % infĂ©rieure », souligne InĂšs Boulant, directrice gĂ©nĂ©rale du Syndicat des boissons sans alcool. Autre source de frustration : lâinclusion des Ă©dulcorants de synthĂšse dans la taxation, alors quâils sont exonĂ©rĂ©s outre-Manche. Pour le syndicat, cette dĂ©cision ne vise quâĂ gĂ©nĂ©rer des recettes supplĂ©mentaires pour lâĂtat.
Les industriels rappellent les efforts dĂ©jĂ consentis ces quinze derniĂšres annĂ©es pour rĂ©duire la teneur en sucre des boissons. Selon lâObservatoire de lâalimentation (OQALI), la quantitĂ© de sucre a baissĂ© de 7 % dans les BRSA, avec des rĂ©ductions particuliĂšrement marquĂ©es pour les colas (-31 %) et les eaux aromatisĂ©es (-25 %). Ce choix soulĂšve donc des interrogations, dâautant que les volumes de ces boissons ne sont pas en forte croissance en France. En revanche, les thĂ©s glacĂ©s et eaux aromatisĂ©es, classĂ©s dans la tranche basse, ont vu leur marchĂ© se dĂ©velopper, tandis que les boissons Ă©nergisantes, trĂšs sucrĂ©es, ont doublĂ© leurs ventes en cinq ans.
Le contexte Ă©conomique et climatique complique encore la situation pour les producteurs. En 2024, le marchĂ© des boissons sans alcool a reculĂ© de 3 % en volume et de 0,2 % en valeur, pĂ©nalisĂ© par un printemps pluvieux et une mĂ©tĂ©o capricieuse en Ă©tĂ©. Les prix des boissons sucrĂ©es ont, eux, bondi de 20,4 % sur lâannĂ©e, aggravant une baisse de la demande. Si lâeau reste la catĂ©gorie la plus vendue avec 68 % des volumes, son chiffre dâaffaires, bien infĂ©rieur, reflĂšte des marges plus faibles.
Les Ăchos, Le cafĂ© flambe et le monde regarde ailleurs, 25/11/2024
Le marchĂ© du cafĂ© connaĂźt une envolĂ©e des prix historique, notamment pour le robusta, qui atteint des sommets inĂ©galĂ©s depuis 1979. Cette flambĂ©e illustre les pressions croissantes exercĂ©es par le changement climatique sur la filiĂšre. Avec une demande mondiale toujours en hausse, les producteurs peinent Ă maintenir leurs cultures, menacĂ©es par des conditions mĂ©tĂ©orologiques de plus en plus imprĂ©visibles. Selon Andrea Illy, prĂ©sident dâIlly CaffĂš, si rien nâest fait, la moitiĂ© des terres cultivĂ©es aujourdâhui pourraient devenir inexploitables dâici 2050.
Cette volatilitĂ© croissante des prix reflĂšte les tensions entre une production affectĂ©e par les sĂ©cheresses et une demande qui favorise le robusta, plus abordable que lâarabica. Paradoxalement, cette situation profite Ă court terme Ă certains producteurs, mais elle souligne aussi la nĂ©cessitĂ© de rĂ©formes profondes dans la gestion des plantations. Des acteurs comme Illy ou Lavazza militent pour un modĂšle dâagriculture rĂ©gĂ©nĂ©ratrice visant Ă prĂ©server la fertilitĂ© des sols et Ă adapter les plantations aux nouvelles rĂ©alitĂ©s climatiques.
Face Ă ces dĂ©fis, un Fonds mondial de soutien Ă la filiĂšre cafĂ© a Ă©tĂ© lancĂ© sous lâimpulsion de lâOrganisation internationale du cafĂ© (OIC) et des pays du G7. DotĂ© dâun objectif de 10 milliards dâeuros sur dix ans, ce fonds public-privĂ© ambitionne dâaccompagner les producteurs dans la transition climatique et dâamĂ©liorer leurs conditions de vie. Les premiers projets pilotes se concentreront en Afrique, notamment en Ăthiopie et au Kenya, avant dâĂȘtre Ă©tendus Ă dâautres rĂ©gions du monde.
Le rĂ©chauffement climatique redessine Ă©galement la carte mondiale de la production de cafĂ©. Si le BrĂ©sil reste le leader incontestĂ© avec 40 % de la production, le Vietnam, champion du robusta, et des zones inattendues comme la Floride ou la Californie pourraient Ă©merger comme nouveaux acteurs. Cependant, lâAfrique, berceau du cafĂ©, pourrait jouer un rĂŽle clĂ© dans lâavenir, notamment grĂące aux initiatives portĂ©es par lâUnion europĂ©enne et des entreprises comme Illy et Lavazza.
Alors que la transition sâaccĂ©lĂšre, les petits producteurs, qui reprĂ©sentent les deux tiers de la production mondiale, font face Ă des dĂ©fis considĂ©rables. Beaucoup vivent sous le seuil de pauvretĂ©, rendant indispensable une aide ciblĂ©e pour les accompagner. Les discussions autour de rĂ©gulations europĂ©ennes, comme celles liĂ©es Ă la dĂ©forestation, ajoutent une pression supplĂ©mentaire, mais elles pourraient aussi ĂȘtre lâoccasion de repenser le modĂšle global du cafĂ© de maniĂšre plus durable. La filiĂšre, sous tension, est Ă un tournant dĂ©cisif, entre rĂ©silience et innovation.
Le Monde, « Il y a sept-huit ans, une boulangerie sans beurre, sans Ćufs, sans lait, câĂ©tait difficile Ă concevoir, mais aujourdâhui câest presque normal », 27/11/2024
Rodolphe Landemaine, fondateur des boulangeries Maison Landemaine et de lâenseigne vĂ©gane Land & Monkeys, a transformĂ© son parcours professionnel en vĂ©ritable engagement pour une alimentation durable. Avec plus de 37 boulangeries en France et au Japon, cet entrepreneur normand a fait de sa vision une rĂ©alitĂ© : prouver quâune boulangerie sans beurre, sans Ćufs ni lait peut sĂ©duire autant quâune boulangerie traditionnelle.
Issu dâun milieu modeste en Normandie, Rodolphe Landemaine a choisi la boulangerie pour son potentiel Ă©conomique. AprĂšs un apprentissage rigoureux en tant que compagnon du devoir et une expĂ©rience dans de prestigieux Ă©tablissements, il ouvre en 2007 sa premiĂšre boutique parisienne. En dix-sept ans, son groupe est passĂ© de 7 Ă 700 employĂ©s. Mais en devenant vĂ©gĂ©talien il y a dix ans, il se retrouve confrontĂ© Ă un dilemme : continuer Ă diriger un groupe dĂ©pendant des produits dâorigine animale ou tout abandonner. Il dĂ©cide finalement de rester pour transformer lâindustrie de lâintĂ©rieur.
LancĂ© en 2019, Land & Monkeys incarne cette ambition. Sa premiĂšre boutique, boulevard Beaumarchais Ă Paris, triple son chiffre dâaffaires dĂšs la premiĂšre annĂ©e, encourageant lâouverture de cinq autres Ă©tablissements. Le concept repose sur des recettes vĂ©gĂ©tales qui sĂ©duisent par leur goĂ»t, et non par leur Ă©tiquette. Parmi les crĂ©ations phares, le sandwich Campagnard, qui revisite un classique français avec des lĂ©gumes en lieu et place du pĂątĂ©, illustre parfaitement cette philosophie.
Rodolphe Landemaine a Ă©galement adoptĂ© une approche de triple comptabilitĂ©, Ă©valuant ses performances Ă©conomiques, sociales et environnementales, et fait de son groupe une entreprise Ă mission. Son objectif : dĂ©montrer quâune alimentation vĂ©gĂ©tale peut ĂȘtre rentable tout en rĂ©duisant lâempreinte carbone et en favorisant une alimentation plus durable Ă lâĂ©chelle planĂ©taire.
Inc, The Makers of Phony Negroni Are on Track to Sell 2 Million Bottles This Year. How the Nonalcoholic Spirits Industry Is Coming of Age, 26/11/2024
Phony Negroni, un apĂ©ritif sans alcool lancĂ© par St. Agrestis, est devenu lâun des symboles de la montĂ©e en puissance du marchĂ© des boissons sans alcool. Cette annĂ©e, la marque new-yorkaise prĂ©voit de vendre plus de deux millions de bouteilles, un chiffre impressionnant pour un produit qui a fait ses dĂ©buts en 2022. FondĂ©e par Louis et Matt Catizone, ainsi que Steven DeAngelo, St. Agrestis sâest initialement concentrĂ©e sur la production de lâamaro, un spiritueux Ă base dâherbes ancrĂ© dans les traditions italiennes. InspirĂ©s par le succĂšs des boissons sans alcool en Europe, les fondateurs ont vu une opportunitĂ© de rĂ©inventer un cocktail classique pour une nouvelle gĂ©nĂ©ration de consommateurs.
Le Phony Negroni se distingue par son goĂ»t fidĂšle Ă lâoriginal, une touche de carbonatation, et une composition complexe de 30 plantes botaniques issues de cinq continents. Conçu pour offrir une alternative crĂ©dible Ă ceux qui souhaitent rĂ©duire leur consommation dâalcool sans renoncer Ă lâexpĂ©rience du cocktail, ce produit a bĂ©nĂ©ficiĂ© dâun contexte favorable. Les jeunes gĂ©nĂ©rations, notamment les Millennials et les Gen Z, se montrent de plus en plus enclines Ă modĂ©rer leur consommation dâalcool. Une Ă©tude publiĂ©e en 2020 dans JAMA Pediatricsa rĂ©vĂ©lĂ© une baisse de la consommation dâalcool chez ces groupes par rapport Ă leurs prĂ©dĂ©cesseurs.
Le succĂšs du Phony Negroni sâinscrit dans un marchĂ© en pleine effervescence. Aux Ătats-Unis, les boissons sans alcool ont enregistrĂ© une croissance annuelle de 30 % au cours des cinq derniĂšres annĂ©es, selon le cabinet IWSR. Lâindustrie attire dĂ©sormais les conglomĂ©rats et investisseurs : Diageo a acquis Ritual Zero Proof, tandis que LVMH a investi dans French Bloom, un apĂ©ritif pĂ©tillant sans alcool vendu plus de 100 dollars la bouteille.
Pour se dĂ©marquer dans un secteur en expansion mais compĂ©titif, St. Agrestis a misĂ© sur une stratĂ©gie singuliĂšre. Contrairement Ă de nombreuses marques qui privilĂ©gient la vente directe au consommateur, St. Agrestis sâest dâabord implantĂ©e dans les bars et restaurants, oĂč le Phony Negroni est proposĂ© Ă des prix compris entre 10 et 15 dollars. Aujourdâhui, il est distribuĂ© dans environ 4 000 Ă©tablissements et 1 000 points de vente au dĂ©tail. Cette approche a permis dâaugmenter les marges des restaurateurs, sĂ©duits par une alternative aux boissons alcoolisĂ©es qui ne se limite pas Ă de lâeau ou des sodas.
The Guardian, Chef-level fillings, queues down the street, big on TikTok: Britainâs new sandwich boom, 17/11/2024
Au Royaume-Uni, les sandwichs connaissent une vĂ©ritable renaissance. Autrefois considĂ©rĂ©s comme des repas simples et Ă©conomiques, ils sont aujourdâhui devenus des plats sophistiquĂ©s, Ă la croisĂ©e du fast-food et de la gastronomie. Dans les grandes villes comme Londres, Manchester ou Leeds, de nouvelles adresses attirent des ribambelles de clients prĂȘts Ă dĂ©bourser plus de 10 ÂŁ pour savourer ces crĂ©ations culinaires.
Des enseignes comme Rogue Sarnies Ă Londres, Fat Patâs Ă Manchester ou Things in Bread Ă Leeds redĂ©finissent le concept du sandwich. Ces Ă©tablissements misent sur des pains artisanaux, des ingrĂ©dients locaux de qualitĂ©, et des garnitures crĂ©atives, inspirĂ©es Ă la fois de traditions britanniques et amĂ©ricaines. Chez Fat Patâs, par exemple, les sub rolls sont remplis de poulet frit Ă la Nashville ou de Philly cheesesteaks revisitĂ©s, tandis que Rogue Sarnies propose des sandwichs cuisinĂ©s au feu de bois avec une prĂ©cision digne de grands restaurants.
Cette transformation du sandwich, longtemps relĂ©guĂ© au rang de simple repas Ă emporter, a pris un tournant dĂ©cisif avec la pandĂ©mie. De nombreux chefs, confrontĂ©s Ă la fermeture de leurs restaurants, se sont tournĂ©s vers ce format portable et accessible pour rĂ©inventer leur cuisine. Le rĂ©sultat : des crĂ©ations riches en saveurs, mĂȘlant textures croustillantes et fondantes, sucrĂ© et salĂ©, chaud et froid.
Les rĂ©seaux sociaux, en particulier TikTok, ont Ă©galement jouĂ© un rĂŽle crucial dans cette popularitĂ©. Les sandwichs colorĂ©s et gĂ©nĂ©reusement garnis attirent lâattention des foodies, qui les transforment en vĂ©ritables phĂ©nomĂšnes viraux. Des comptes comme Sensational Sandwiches rassemblent des millions de followers, renforçant lâattrait pour ces dĂ©lices culinaires.
MalgrĂ© leur succĂšs, ces sandwichs haut de gamme suscitent des critiques en raison de leur prix, parfois supĂ©rieur Ă 10 ÂŁ. Les fondateurs dĂ©fendent ces tarifs en soulignant la qualitĂ© des ingrĂ©dients et le travail artisanal derriĂšre chaque prĂ©paration. Chez Rogue Sarnies, par exemple, le pain et les garnitures, comme la porchetta ou les lĂ©gumes grillĂ©s, sont rĂ©alisĂ©s avec autant de soin que les plats dâun menu gastronomique.
Lâengouement pour ces sandwichs reflĂšte un changement culturel. Alors que le Royaume-Uni traverse une crise du coĂ»t de la vie, ces repas offrent une alternative abordable aux restaurants tout en conservant une touche de luxe. Dans ce contexte, des enseignes comme Sandwich Sandwich Ă Bristol et Maxâs Sandwich Shop Ă Londres ambitionnent mĂȘme de rivaliser avec les gĂ©ants comme Pret A Manger.
Washington Post, How potentially harmful additives have infiltrated Americaâs food, 22/11/2024
Les additifs chimiques prĂ©sents dans de nombreux aliments transformĂ©s aux Ătats-Unis, conçus pour amĂ©liorer saveurs, textures, couleurs et durĂ©e de conservation, soulĂšvent des inquiĂ©tudes croissantes quant Ă leurs impacts sur la santĂ©. Ces substances, souvent approuvĂ©es par les fabricants eux-mĂȘmes sans vĂ©ritable contrĂŽle de la Food and Drug Administration (FDA), se sont infiltrĂ©es dans lâalimentation quotidienne grĂące Ă une faille rĂ©glementaire majeure.
La rĂ©glementation actuelle permet aux entreprises de qualifier un nouvel additif de « gĂ©nĂ©ralement reconnu comme sĂ»r » (GRAS) sans consultation prĂ©alable de la FDA, un processus initialement conçu pour des ingrĂ©dients de base comme le sel ou le vinaigre. Toutefois, cette dĂ©signation est dĂ©sormais exploitĂ©e par des entreprises qui dĂ©terminent de maniĂšre indĂ©pendante la sĂ©curitĂ© de nouveaux additifs, souvent en sâappuyant sur des experts rĂ©munĂ©rĂ©s, sans transparence ni rigueur scientifique. Une Ă©tude de 2022 rĂ©vĂšle que prĂšs de 99 % des nouveaux additifs introduits depuis 2000 nâont pas Ă©tĂ© approuvĂ©s par la FDA.
Cette approche laxiste a conduit Ă des consĂ©quences graves, comme en tĂ©moigne lâaffaire de la farine de tara. UtilisĂ©e dans un substitut de viande commercialisĂ© par Daily Harvest, cette farine non testĂ©e a causĂ© de graves troubles digestifs et des lĂ©sions hĂ©patiques chez prĂšs de 400 consommateurs, entraĂźnant des hospitalisations et des chirurgies. Ce nâest quâaprĂšs cet incident que la FDA a dĂ©clarĂ© cette substance « non approuvĂ©e » et inadaptĂ©e Ă la consommation humaine.
Dâautres additifs jugĂ©s GRAS sont Ă©galement associĂ©s Ă des risques importants. Par exemple, le BHA, un conservateur prĂ©sent dans de nombreux produits transformĂ©s, est classĂ© comme cancĂ©rigĂšne probable. Les Ă©mulsifiants comme le carboxymĂ©thylcellulose et les polysorbates perturbent le microbiome intestinal, favorisant inflammation et troubles digestifs. Des Ă©dulcorants comme lâĂ©rythritol sont liĂ©s Ă un risque accru dâaccidents cardiovasculaires. Enfin, des conservateurs comme le propyl paraben perturbent les signaux hormonaux, menaçant la fertilitĂ©.
Face Ă ces dangers, certains Ătats et lĂ©gislateurs fĂ©dĂ©raux appellent Ă une rĂ©forme. La Californie a rĂ©cemment interdit quatre additifs, dont le BHA, tandis que lâĂtat de New York envisage une lĂ©gislation similaire. Ces mesures obligeraient les entreprises Ă fournir des preuves scientifiques de la sĂ©curitĂ© des ingrĂ©dients quâelles utilisent, renforçant ainsi la transparence. Au niveau fĂ©dĂ©ral, le projet de loi Toxic Free Food Act propose de combler la faille GRAS en exigeant une notification prĂ©alable et une approbation par la FDA avant lâintroduction de tout nouvel additif. Cette loi obligerait Ă©galement les entreprises Ă partager leurs donnĂ©es de sĂ©curitĂ© avec le public, rĂ©tablissant ainsi le rĂŽle de la FDA dans la protection de la santĂ© publique.
Eater, Why Are People So Freaked Out About Seed Oils?, 21/11/2024
Les huiles de graines, longtemps considĂ©rĂ©es comme des ingrĂ©dients anodins dans la cuisine moderne, suscitent une inquiĂ©tude croissante. Ă New York, des affiches accusant le restaurant Carbone dâutiliser des huiles de graines dans son cĂ©lĂšbre spicy rigatoni ont relancĂ© un dĂ©bat dĂ©jĂ virulent sur ces huiles, souvent diabolisĂ©es par des influenceurs et des groupes de nutrition en ligne. Mais cette panique est-elle justifiĂ©e ?
Les huiles de graines, comme lâhuile de tournesol, de maĂŻs ou de canola, sont omniprĂ©sentes dans lâindustrie alimentaire pour leur faible coĂ»t et leur stabilitĂ©. Cependant, certains critiques, tels que les utilisateurs de lâapplication Seed Oil Scout (SOS), les associent Ă des inflammations chroniques et Ă des maladies dĂ©gĂ©nĂ©ratives. Les critiques se fondent sur la prĂ©sence dâacides gras omĂ©ga-6, qui, en excĂšs, pourraient ĂȘtre pro-inflammatoires. Cette thĂ©orie a gagnĂ© en popularitĂ© grĂące Ă des figures comme le Liver King et des vidĂ©os virales sur YouTube ou TikTok, souvent liĂ©es Ă une vision idĂ©alisĂ©e de lâalimentation ancestrale et Ă des croyances rĂ©actionnaires.
Bien que certaines Ă©tudes suggĂšrent que des concentrations Ă©levĂ©es dâacides gras omĂ©ga-6 pourraient contribuer Ă des maladies chroniques, les experts en nutrition appellent Ă relativiser ces affirmations. Marion Nestle, professeure Ă©mĂ©rite en nutrition, souligne que les omĂ©ga-6 sont essentiels en quantitĂ©s modĂ©rĂ©es et que la consommation dâhuiles de graines est gĂ©nĂ©ralement sans danger lorsquâelles sont Ă©quilibrĂ©es avec dâautres sources de graisses. Les vrais problĂšmes rĂ©sident dans la surconsommation dâaliments ultra-transformĂ©s, souvent riches en sucres, en sodium et en graisses cachĂ©es, plutĂŽt que dans les huiles elles-mĂȘmes.
Les restaurants rĂ©agissent diffĂ©remment Ă cette controverse. Certains, comme Coqodaq Ă Manhattan, se tournent vers des alternatives comme lâhuile Zero Acre, vantĂ©e pour ses propriĂ©tĂ©s stables Ă haute tempĂ©rature et son faible impact environnemental. Shake Shack a Ă©galement testĂ© cette huile dans ses friteuses, tandis que Sweetgreen a dĂ©jĂ Ă©liminĂ© les huiles de graines de ses prĂ©parations. Ces initiatives visent autant Ă rĂ©pondre aux prĂ©occupations des consommateurs quâĂ surfer sur une tendance culinaire. Le propriĂ©taire de Carbone, de son cĂŽtĂ©, a ripostĂ© aux accusations de SOS en envoyant une lettre de cessation et dâabstention exigeant que SOS retire tous les panneaux incriminant Carbone. SOS maintient toutefois ses affirmations, citant un email de 2023 confirmant lâutilisation dâhuile de tournesol dans la recette. Le diffĂ©rend illustre la complexitĂ© de ce dĂ©bat, oĂč la transparence des ingrĂ©dients devient un enjeu majeur pour les restaurants.
Forbes, Regenerative Agriculture Is Moving Forward, 22/11/2024
Lors du sommet annuel Sustainable Brands en octobre 2024 Ă San Diego, un accent particulier a Ă©tĂ© mis sur lâagriculture rĂ©gĂ©nĂ©rative. Ce concept, bien que non standardisĂ©, repose sur des principes communs : traiter les fermes comme des Ă©cosystĂšmes vivants, promouvoir la biodiversitĂ© et maintenir la santĂ© des sols. De nombreuses entreprises, telles que PepsiCo, Mars ou encore Makerâs Mark, y ont prĂ©sentĂ© des initiatives visant Ă transformer les pratiques agricoles pour un avenir plus rĂ©silient.
Lâobjectif principal de lâagriculture rĂ©gĂ©nĂ©rative est dâamĂ©liorer la santĂ© des sols. Cela implique des pratiques comme le non-labour, les rotations de cultures diversifiĂ©es, lâutilisation de cultures de couverture et lâintĂ©gration dâĂ©levages. Ces mĂ©thodes favorisent la crĂ©ation dâune matiĂšre organique stable, capable de retenir lâeau, les nutriments et de sĂ©questrer le carbone. Par exemple, Mars travaille avec la coopĂ©rative Delta Harvest pour rĂ©duire les Ă©missions de gaz Ă effet de serre dans la culture du riz, tandis que Mottâs sâefforce dâencourager les pollinisateurs indigĂšnes dans la production de pommes Ă New York.
Les bĂ©nĂ©fices environnementaux de ces pratiques incluent la rĂ©duction des Ă©missions de gaz Ă effet de serre grĂące Ă la sĂ©questration du carbone et une meilleure gestion des nutriments, ce qui minimise la pollution des eaux. Des initiatives comme celles de PepsiCo ont dĂ©jĂ montrĂ© des rĂ©sultats positifs : des bĂ©nĂ©fices en biodiversitĂ© ont Ă©tĂ© documentĂ©s sur 1,6 million dâhectares dans leurs programmes.
Sur le plan Ă©conomique, lâagriculture rĂ©gĂ©nĂ©rative amĂ©liore la rĂ©silience des sols face aux stress climatiques, stabilisant les rendements et protĂ©geant les revenus agricoles. Cela constitue Ă©galement un argument pour les entreprises alimentaires qui souhaitent sĂ©curiser leurs chaĂźnes dâapprovisionnement Ă long terme.
Le succÚs de cette transition repose sur un soutien adapté aux agriculteurs. Des entreprises comme Mondelez ou PepsiCo collaborent avec des conseillers locaux pour fournir une assistance technique, économique et sociale. Des projets pilotes, comme les essais locaux menés sur 82 fermes par PepsiCo, permettent aux producteurs de constater les résultats dans leur propre contexte.
La vĂ©rification des pratiques reste essentielle pour Ă©viter le greenwashing. Des technologies comme lâimagerie satellite et des certifications tierces, telles que le programme Regenified, garantissent lâauthenticitĂ© des revendications. En 2023, lâinitiative Regenerating Together a posĂ© les bases dâun cadre mondial pour lâagriculture rĂ©gĂ©nĂ©rative, dĂ©jĂ adoptĂ© par des gĂ©ants comme NestlĂ©, Danone et Unilever.
Bien que le concept sĂ©duise les consommateurs soucieux de lâenvironnement, lâagriculture rĂ©gĂ©nĂ©rative doit dĂ©passer le cadre des produits premium pour avoir un impact significatif. Certaines cultures nĂ©cessitant une prĂ©servation identitaire, comme les cĂ©rĂ©ales utilisĂ©es par Mars ou les pommes de Mottâs, peuvent justifier un prix premium. Cependant, pour les cultures de base comme le maĂŻs ou le soja, lâintĂ©gration de pratiques rĂ©gĂ©nĂ©ratives doit ĂȘtre soutenue par des investissements massifs des industries alimentaires.
Financial Times, Waste less, earn more: a new market for food byproducts, 27/11/2024
Le gaspillage alimentaire reste un dĂ©fi majeur, avec jusquâĂ un cinquiĂšme des aliments produits dans le monde jetĂ©s chaque annĂ©e, selon lâONU. Rien quâaux Ătats-Unis, Thanksgiving gĂ©nĂšre 143 millions de kilos de dĂ©chets alimentaires, soit une perte estimĂ©e Ă 556 millions de dollars. Ce gaspillage contribue entre 8 % et 10 % des Ă©missions mondiales de gaz Ă effet de serre. Face Ă cette rĂ©alitĂ©, des entreprises explorent des solutions innovantes pour transformer ces pertes en opportunitĂ©s lucratives.
La technologie offre des pistes intĂ©ressantes. Lâentreprise irlandaise Senoptica a dĂ©veloppĂ© des capteurs intĂ©grĂ©s aux emballages de viande pour dĂ©tecter les fuites dâoxygĂšne, une mesure essentielle pour prolonger la fraĂźcheur des produits. Ces capteurs permettent de rĂ©duire les pertes liĂ©es aux dates de pĂ©remption arbitraires et de mieux gĂ©rer les stocks. AprĂšs un lancement prĂ©vu ce printemps avec un grand distributeur en ligne, Senoptica vise une expansion dans la distribution traditionnelle.
ParallĂšlement, lâ« upcycling », ou surcyclage, gagne en popularitĂ©. Butterfly Equity, un groupe dâinvestissement, mise sur cette tendance Ă travers des entreprises comme Actus Nutrition. Cette derniĂšre rĂ©cupĂšre le lactosĂ©rum, un sous-produit de la fabrication de fromage souvent gaspillĂ©, pour le transformer en poudres protĂ©inĂ©es et ingrĂ©dients nutritionnels. Actus cible des petites et moyennes laiteries qui nâavaient pas les moyens de valoriser ce sous-produit. Ce modĂšle profite de lâessor du marchĂ© des complĂ©ments protĂ©inĂ©s, en pleine expansion grĂące Ă la popularitĂ© des mĂ©dicaments comme Ozempic, qui augmentent les besoins en protĂ©ines.
De mĂȘme, Chosen Foods, une autre entreprise soutenue par Butterfly, transforme des avocats abĂźmĂ©s ou invendables en huile de cuisson. En plus de gĂ©nĂ©rer des revenus pour les agriculteurs, cette approche maximise lâutilisation des ressources comme lâeau nĂ©cessaire Ă la culture des avocats. Lâhuile dâavocat, prisĂ©e pour son goĂ»t neutre et son point de fumĂ©e Ă©levĂ©, devient une alternative recherchĂ©e face aux huiles de graines controversĂ©es. La demande est en hausse, soutenue par des campagnes contre les huiles de colza et de tournesol.
Cependant, pour que ces initiatives prospĂšrent, les entreprises doivent aller au-delĂ des arguments Ă©cologiques. Les consommateurs, particuliĂšrement dans les Ă©conomies occidentales frappĂ©es par lâinflation, privilĂ©gient le prix plutĂŽt que lâimpact environnemental dans leurs choix alimentaires. Une enquĂȘte rĂ©cente montre que moins de 30 % des consommateurs en Europe et en AmĂ©rique du Nord considĂšrent positivement les produits alimentaires durables.
New York Times, A Chef Who Aims to Educate About How Food Affects the Earth, 26/11/2024
Nadia Sammut, cheffe du restaurant Ă©toilĂ© La FeniĂšre en Provence, utilise sa cuisine pour sensibiliser Ă lâimpact des choix alimentaires sur la santĂ© humaine et la planĂšte. HĂ©ritiĂšre dâune lignĂ©e de restaurateurs, elle a transformĂ© lâĂ©tablissement familial en un pionnier de la gastronomie sans gluten, reflĂ©tant son propre combat contre la maladie cĆliaque. Mais au-delĂ de son restaurant, elle mĂšne un combat plus large Ă travers son acadĂ©mie Nourrir, dĂ©diĂ©e Ă lâĂ©ducation des Ă©coles, agriculteurs, scientifiques et entreprises sur une alimentation durable.
Pour Nadia Sammut, manger est un acte politique. Chaque repas influe sur lâenvironnement, le climat et les ressources naturelles. Sa mission commence par la revitalisation des sols agricoles grĂące Ă des cultures rĂ©gĂ©nĂ©ratrices. Elle travaille avec des agriculteurs pour cultiver du pois chiche, un aliment riche en protĂ©ines qui nĂ©cessite peu dâeau et enrichit les sols en azote. Son objectif est de rĂ©intĂ©grer des lĂ©gumineuses dans les repas principaux pour rĂ©duire la consommation excessive de viande, souvent associĂ©e Ă des pratiques agricoles intensives et polluantes.
Elle critique Ă©galement les pratiques industrielles liĂ©es Ă des produits transformĂ©s comme les lasagnes surgelĂ©es, dĂ©nonçant lâusage de blĂ© transformĂ©, de tomates hors-saison et de conservateurs chimiques. Selon elle, ces aliments participent Ă un modĂšle agricole intensif et nocif pour lâenvironnement et la santĂ© humaine. Ă La FeniĂšre, sa cuisine sâinscrit en opposition Ă cette tendance : sans conservateurs ni viande, elle mise sur des recettes vĂ©gĂ©tales qui allient saveur et durabilitĂ©. Un exemple phare est son confit de patate douce, cuit lentement dans un four solaire, sans Ă©lectricitĂ©.
Enfin, elle adopte Ă©galement des solutions innovantes face aux crises Ă©cologiques, comme lâintĂ©gration du crabe bleu, une espĂšce invasive mĂ©diterranĂ©enne, dans ses plats. Elle espĂšre transformer ce problĂšme en opportunitĂ©, dĂ©montrant ainsi la nĂ©cessitĂ© de comprendre les chaĂźnes alimentaires pour mieux les adapter.
New York Times, Taxing Farm Animalsâ Farts and Burps? Denmark Gives It a Try, 26/11/2024
Le Danemark, pays connu pour son design innovant et sa gastronomie inventive, fait dĂ©sormais parler de lui pour une initiative inattendue : une taxe sur les Ă©missions de mĂ©thane des animaux dâĂ©levage. Avec cinq fois plus de porcs et de bovins que dâhabitants, lâagriculture occupe prĂšs des deux tiers des terres et reprĂ©sente une part croissante des Ă©missions de gaz Ă effet de serre du pays. Face Ă cette pression, le Parlement danois a adoptĂ© une loi pionniĂšre pour taxer les Ă©missions de mĂ©thane produites par les excrĂ©ments, les flatulences et les Ă©ructations des animaux.
Ă partir de 2030, cette taxe imposera aux agriculteurs 300 couronnes danoises (environ 40 âŹ) par tonne Ă©quivalente de CO2 Ă©mise, un montant qui doublera en 2035. Toutefois, des subventions permettront de rĂ©duire ce coĂ»t si les agriculteurs adoptent des pratiques plus durables, comme lâutilisation dâadditifs alimentaires pour rĂ©duire les Ă©missions ou la transformation du fumier en biogaz.
Ce compromis, bien que contestĂ©, a Ă©tĂ© soutenu par Arla Foods, la plus grande coopĂ©rative laitiĂšre europĂ©enne, et par des agriculteurs tels que Jens Christian SĂžrensen. Avec prĂšs de 300 vaches laitiĂšres, ce dernier a dĂ©jĂ investi dans des capteurs pour surveiller la santĂ© et la productivitĂ© de son troupeau, et prĂ©voit dâutiliser des additifs chimiques pour rĂ©duire le mĂ©thane. Selon lui, cette transition est nĂ©cessaire pour lâavenir de lâindustrie laitiĂšre.
Cependant, la taxe ne fait pas lâunanimitĂ©. Les militants Ă©cologistes la jugent trop clĂ©mente, tandis que certains agriculteurs craignent un impact Ă©conomique. Dâautres, comme lâagriculteur bio Svend Brodersen, y voient une opportunitĂ© de dĂ©montrer que lâagriculture peut ĂȘtre moins polluante. Il a dĂ©jĂ rĂ©duit ses terres cultivĂ©es pour planter des arbres fruitiers qui absorbent le CO2 et prĂ©voit de consacrer davantage de terres Ă la production vĂ©gĂ©tale pour lâalimentation humaine.
Lâenjeu dĂ©passe les frontiĂšres danoises. Le systĂšme alimentaire mondial reprĂ©sente un quart des Ă©missions de gaz Ă effet de serre, et des choix difficiles sâimposent sur les rĂ©gimes alimentaires et les pratiques agricoles. La consommation de viande et de produits laitiers reste stable en Europe, mais augmente dans les pays en dĂ©veloppement. Cette demande croissante pousse le Danemark Ă repenser son modĂšle agricole.
En adoptant cette taxe, le Danemark espĂšre inspirer dâautres nations Ă rĂ©duire les Ă©missions agricoles. Comme le souligne Brodersen, « sans taxe, tout le monde continuerait comme avant ». La vĂ©ritable question reste cependant : combien de terres continueront dâĂȘtre dĂ©diĂ©es aux Ă©levages intensifs ? Pour le Danemark, trouver un Ă©quilibre entre production animale et vĂ©gĂ©tale est dĂ©sormais crucial pour allier rentabilitĂ© et durabilitĂ©.
New York Times, This Beer Is Made From Sewage. And at the Climate Summit, Thatâs OK, 22/11/2024
Lors de la COP29 Ă Bakou, en AzerbaĂŻdjan, une biĂšre singuliĂšre a attirĂ© lâattention des participants : la NEWBrew, une pilsner produite Ă partir dâeau recyclĂ©e issue des eaux usĂ©es. Offerte gratuitement au pavillon de Singapour, cette initiative surprenante a captivĂ© les visiteurs tout en mettant en lumiĂšre une solution innovante face Ă la raretĂ© croissante de lâeau.
Singapour, dĂ©pourvue de ressources naturelles en eau douce, dĂ©pend de multiples sources pour rĂ©pondre Ă ses besoins : rĂ©cupĂ©ration des eaux de pluie, dessalement de lâeau de mer, importations depuis la Malaisie et recyclage des eaux usĂ©es grĂące Ă des systĂšmes de filtration avancĂ©s et des traitements par lumiĂšre ultraviolette. Ce dernier procĂ©dĂ© est au cĆur du projet NEWBrew, lancĂ© en collaboration entre la brasserie Brewerkz et lâagence nationale de lâeau de Singapour.
Depuis 2018, cette biĂšre est produite en sĂ©ries limitĂ©es pour des Ă©vĂ©nements et salons, visant Ă sensibiliser Ă lâimportance du recyclage de lâeau. « Câest un peu un coup de communication, mais ce genre dâinitiative fonctionne », a dĂ©clarĂ© Ong Tze-Châin, directeur gĂ©nĂ©ral de lâagence nationale de lâeau.
Alors que le rĂ©chauffement climatique intensifie les sĂ©cheresses et les inondations, environ la moitiĂ© de la population mondiale connaĂźt dĂ©jĂ des difficultĂ©s dâaccĂšs Ă lâeau potable pendant au moins une partie de lâannĂ©e, selon le Groupe dâexperts intergouvernemental sur lâĂ©volution du climat (GIEC). Cette rĂ©alitĂ© confĂšre une urgence accrue aux innovations visant Ă garantir lâaccĂšs Ă une eau propre pour lâalimentation humaine, lâagriculture et les industries.
La NEWBrew a suscitĂ© Ă la fois curiositĂ© et scepticisme parmi les participants de la COP29. Si certains se sont arrĂȘtĂ©s au pavillon singapourien pour une dĂ©gustation par curiositĂ©, dâautres ont dĂ©couvert aprĂšs coup lâorigine de cette boisson innovante. Pat Heslop-Harrison, professeur de biologie Ă lâUniversitĂ© de Leicester, sâest dĂ©clarĂ© impressionnĂ© par la qualitĂ© de lâeau utilisĂ©e, affirmant que la technologie singapourienne Ă©tait « sans Ă©gale ».
Pour Samantha Thian, reprĂ©sentante de la dĂ©lĂ©gation jeunesse de Singapour, la biĂšre sert autant Ă Ă©duquer quâĂ initier des discussions. MalgrĂ© les rĂ©ticences initiales, elle constate que beaucoup reviennent pour une seconde dĂ©gustation. Certains participants, comme le journaliste JuliĂĄn Reingold, y voient mĂȘme un potentiel pour dĂ©tendre lâatmosphĂšre des nĂ©gociations climatiques : « Si nous en buvions davantage, qui sait comment cela influencerait les discussions ? »
The Shift Project, Pour une agriculture bas carbone, résiliente et prospÚre, Novembre 2024
Câest le rapport qui a fait beaucoup parler cette semaine.
Le secteur agricole français est Ă bout de souffle, aussi bien dâun point de vue physique (alĂ©as climatiques Ă rĂ©pĂ©tition, dĂ©tĂ©rioration des solsâŠ) quâĂ©conomique et social (agriculteurs usĂ©s par les difficultĂ©s croissantes). Face Ă ce dĂ©fi, The Shift Project propose son analyse de la situation, identifie des leviers de transformation, et trace des voies possibles pour concilier rĂ©duction de lâempreinte environnementale, rĂ©silience des systĂšmes agricoles et viabilitĂ© Ă©conomique des exploitations.
La transformation ne pourra sâappuyer uniquement sur des leviers dâoptimisation, mais devra passer par des Ă©volutions consĂ©quentes des systĂšmes. Il importe en outre de mobiliser les leviers les plus efficaces et dont les impacts sont les plus sĂ»rs, tout en Ă©vitant des choix dĂ©lĂ©tĂšres : dĂ©carboner et faire Ă©voluer les pratiques de fertilisation, rĂ©duire les Ă©missions et accroĂźtre la rĂ©silience des systĂšmes dâĂ©levage, rĂ©duire la demande Ă©nergĂ©tique et dĂ©carboner lâĂ©nergie utilisĂ©e, prĂ©server la biodiversitĂ©, augmenter le stockage de carbone par lâagriculture, assurer la circularitĂ© des systĂšmes agricoles et le rebouclage des cycles biogĂ©ochimiques, et repenser les flux logistiques pour plus de rĂ©silience.
Ce projet a imaginĂ© des projections possibles de transformation du systĂšme agricole en explorant la priorisation 1/ dâune meilleure autonomie agricole et alimentaire nationale, 2/ dâune moindre dĂ©pendance Ă©nergĂ©tique nationale, et 3/ du maintien de capacitĂ©s exportatrices. Cet exercice a mis en Ă©vidence un besoin de pragmatisme et de compromis, dâoĂč la construction dâun 4Ăšme scĂ©nario dit âde conciliationâ, fondĂ© sur le respect dâobjectifs climatiques et Ă©nergĂ©tiques, et surtout de rĂ©silience, proposant un arbitrage possible entre les diffĂ©rentes prioritĂ©s stratĂ©giques.
Ce scĂ©nario, sâil nâĂ©puise pas la rĂ©flexion, montre surtout quâil est urgent de faire un choix de sociĂ©tĂ© dĂšs aujourdâhui et dĂ©cider quelle agriculture nous souhaitons en 2050, pour initier les changements dĂšs maintenant, permettre aux parties prenantes dâinscrire leurs choix dans une trajectoire fiable, et accompagner les acteurs qui auront le plus dâefforts Ă fournir.
Parmi les recommandations :
1- Clarifier le cap et accompagner les acteurs
2- Garantir la sécurité économique des agriculteurs
3- Anticiper les besoins en compétences, recherche et connaissances
4- Mobiliser les acteurs territoriaux (filiÚres, collectivités)
5- Pour les agriculteurs, sâengager en agroĂ©cologie
Un post qui fait rĂ©agir sur LinkedIn et qui concerne la rĂ© appropriation culturelle de certains plats Ă©trangers. Ici le cas dâun mafĂ©
Câest tout pour aujourdâhui.
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Et si vous voulez vous pouvez mĂȘme me payer un cafĂ© ;-)
A la semaine prochaine!
O. Frey