đŸđđ Eat's business đđ·đ§ 2024-31
Bonjour Ă toutes et Ă tous, Eat's Business est une newsletter dans laquelle vous trouverez une revue de presse de quelques articles sur le monde de lâalimentaire qui mâont semblĂ© intĂ©ressants dans la semaine prĂ©cĂ©dente.Â
Pour ceux qui veulent la formule ristretto, les 3 articles que je vous conseille de lire en prioritĂ© cette semaine sont :Â
Les Ăchos, Mozzarella indienne, camembert chinois : plongĂ©e dans la nouvelle Ă©conomie du lait, 19/10/2024
Eater, The Next Gordon Ramsay Is Already Huge on TikTok, 23/10/2024
Financial Times, Chinese imports damage âdignityâ of Italian tomato, says Mutti chief, 25/10/2024
Bonne lecture et bonne semaine Ă toutes et Ă tous!
Pour celles et ceux dâentre vous qui ont plus de temps pour la formule lungo :
Le Monde, Nos habitudes alimentaires bousculĂ©es par le marketing : Donuts, biĂšre sucrĂ©e, bouchĂ©es au fromageâŠ, 19/10/2024
Lâarticle met en lumiĂšre lâinfluence grandissante du marketing sur nos habitudes alimentaires, en se penchant notamment sur le succĂšs fulgurant de la chaĂźne amĂ©ricaine de donuts Krispy Kreme, dĂ©sormais bien implantĂ©e Ă Paris. En moins dâun an, la marque a conquis le cĆur des Parisiens, grĂące Ă une stratĂ©gie publicitaire maĂźtrisĂ©e mais percutante, axĂ©e sur des campagnes dâaffichage ou des rĂ©seaux sociaux, et renforcĂ©e par des Ă©ditions limitĂ©es aux couleurs de Barbie ou Harry Potter. En 2024, lâenseigne revendique une vingtaine de points de vente et un chiffre dâaffaires de prĂšs de 15 millions dâeuros.
Ce succĂšs symbolise une tendance gĂ©nĂ©rale : lâattrait des Français pour la restauration rapide, particuliĂšrement celle venue des Ătats-Unis, continue de croĂźtre. En plus des gĂ©ants historiques du burger comme McDonaldâs et Burger King, une myriade dâoffres â du bubble tea aux poke bowls en passant par les tacos â est venue enrichir le paysage gastronomique français, dĂ©montrant lâimpact majeur du marketing alimentaire sur les choix des consommateurs.
Cet engouement est bien perçu par les industriels de lâagroalimentaire, qui misent eux aussi sur la promotion pour façonner les goĂ»ts et lancer des produits novateurs. Le rĂ©cent salon international de lâalimentation en est une vitrine. Xavier Terlet, expert en tendances, relĂšve que les consommateurs, aprĂšs des crises successives (Covid-19, guerre en Ukraine, inflation), recherchent avant tout des plaisirs simples. Les produits sucrĂ©s et salĂ©s Ă grignoter, souvent ultra-caloriques, remportent un vif succĂšs, malgrĂ© leurs faibles valeurs nutritionnelles.
Les innovations actuelles rĂ©pondent en effet Ă cette quĂȘte de plaisir, comme le dĂ©montrent des produits tels que la biĂšre aromatisĂ©e Desperados Tropical, les glaces Kinder et autres douceurs de Ferrero, classĂ©s parmi les produits les plus vendus en 2023. Le cabinet ProtĂ©inesXTC souligne que plus dâun nouveau produit alimentaire sur deux est dĂ©sormais liĂ© au concept de plaisir. AprĂšs un ralentissement de lâinnovation en 2022 dĂ» Ă la crise, les entreprises reprennent leur rythme de croisiĂšre.
MalgrĂ© cet attrait pour le « snacking » et le plaisir gourmand, les tendances vĂ©gĂ©tales, populaires lors de la prĂ©cĂ©dente Ă©dition du Sial, persistent, rĂ©pondant aux attentes croissantes en matiĂšre de santĂ© et dâenvironnement. La maĂźtrise des prix reste nĂ©anmoins cruciale pour le consommateur, toujours Ă©chaudĂ© par une inflation alimentaire de 21 % en deux ans.
La Tribune, La malbouffe dans le viseur des députés, 27/10/2024
Les dĂ©putĂ©s français ont rĂ©cemment votĂ© une nouvelle taxe ciblant la teneur en sucre des produits alimentaires transformĂ©s, espĂ©rant ainsi pousser les industriels Ă rĂ©duire leur usage de sucre. La « taxe soda », en vigueur depuis 2012, sera Ă©galement renforcĂ©e pour pĂ©naliser davantage les produits trĂšs sucrĂ©s, car le sucre est liĂ© Ă des pathologies graves telles que le diabĂšte, lâobĂ©sitĂ© et mĂȘme certains cancers. Avec plus de la moitiĂ© des Français en surpoids ou obĂšses et un coĂ»t de lâobĂ©sitĂ© Ă©valuĂ© Ă 10,6 milliards dâeuros par an pour la SĂ©curitĂ© sociale, lâimpact de cette consommation excessive de sucre est devenu un problĂšme de santĂ© publique.
Les nouvelles mesures comprennent aussi lâobligation dâafficher le Nutri-score sur les publicitĂ©s pour les denrĂ©es alimentaires et une augmentation de la taxe sur les biĂšres aromatisĂ©es et les boissons alcoolisĂ©es Ă fort degrĂ©. Pourtant, pour des associations de santĂ©, ces mesures restent insuffisantes. La Ligue contre le cancer, par exemple, plaide pour une hausse de la TVA Ă 20 % sur les produits excessivement sucrĂ©s.
En rĂ©ponse, les industriels des boissons non alcoolisĂ©es et de lâagroalimentaire se mobilisent contre cette fiscalitĂ© accrue, la qualifiant de « surtaxe discriminante » qui risque dâaccentuer lâinflation pour les familles. Les producteurs de boissons Ă©nergisantes, de sodas et les brasseurs craignent des impacts nĂ©gatifs sur leurs activitĂ©s et demandent au gouvernement de ne pas aller de lâavant avec ces taxes. LâAnia a dâailleurs sollicitĂ© un rendez-vous avec le Premier ministre pour exprimer son opposition.
Par ailleurs, le gouvernement tient Ă Ă©viter que ces mesures ne pĂ©nalisent les petits producteurs et artisans. La ministre de la SantĂ© a rappelĂ© lâimportance de sensibiliser les futurs professionnels de la gastronomie Ă une utilisation rĂ©duite du sucre dĂšs leur formation.
LibĂ©ration, E. coli dans des burgers McDonaldâs : un mort et des dizaines de malades aux Etats-Unis, lâaction du groupe dĂ©visse, 23/10/2024
Une Ă©pidĂ©mie dâinfections Ă la bactĂ©rie E. coli touche actuellement les Ătats-Unis aprĂšs que 49 personnes ont Ă©tĂ© contaminĂ©es en consommant des hamburgers de McDonaldâs, en particulier des « Quarter Pounders » (appelĂ©s « Royal Cheese » en France). Cette contamination, identifiĂ©e dans dix Ătats, avec une forte concentration dans le Colorado et le Nebraska, a conduit Ă lâhospitalisation de dix personnes et au dĂ©cĂšs dâun individu ĂągĂ© dans le Colorado. LâĂ©pisode a suscitĂ© une chute de lâaction McDonaldâs de plus de 8 % Ă la clĂŽture de la Bourse de New York, tĂ©moignant de lâinquiĂ©tude autour de cette crise sanitaire.
Face Ă la situation, Joe Erlinger, prĂ©sident de McDonaldâs aux Ătats-Unis, a assurĂ© que la sĂ©curitĂ© alimentaire restait une prioritĂ©. Lâentreprise a pris des mesures immĂ©diates, retirant prĂ©ventivement les oignons effilĂ©s potentiellement impliquĂ©s dans la contamination et suspendant temporairement la vente du Quarter Pounder dans les Ătats affectĂ©s. Les Centres de prĂ©vention et de lutte contre les maladies (CDC) enquĂȘtent pour identifier lâorigine exacte de la contamination. Bien que lâingrĂ©dient prĂ©cis ne soit pas encore confirmĂ©, les steaks hachĂ©s et les oignons sont sous surveillance.
Les Ăchos, Tickets-restaurants : le gouvernement veut prolonger leur utilisation en supermarchĂ©, 24/10/2024
Le gouvernement français souhaite prolonger la dĂ©rogation permettant aux Français dâutiliser leurs tickets-restaurants pour acheter une large gamme de produits alimentaires en supermarchĂ©, au-delĂ du 31 dĂ©cembre. Mise en place en 2022 pour soutenir le pouvoir dâachat face Ă lâinflation, cette dĂ©rogation permet dâacheter non seulement des produits prĂȘts Ă consommer, mais aussi des aliments destinĂ©s aux repas familiaux. Depuis son introduction, les plafonds journaliers ont Ă©galement Ă©tĂ© relevĂ©s Ă 25 euros, un changement plĂ©biscitĂ© par les consommateurs.
Cependant, cette mesure inquiĂšte les restaurateurs, qui voient leurs parts de marchĂ© diminuer. En 2024, seulement 40 % des titres-restaurants Ă©taient dĂ©pensĂ©s dans la restauration, contre 46,5 % fin 2022, tandis que la part utilisĂ©e dans les grandes surfaces a grimpĂ© Ă 30,8 %. LâUnion des mĂ©tiers des industries de lâhĂŽtellerie (Umih) et dâautres syndicats rĂ©clament lâarrĂȘt de cette dĂ©rogation, craignant que leur secteur soit mis en pĂ©ril. La secrĂ©taire dâĂtat Laurence Garnier reconnaĂźt les difficultĂ©s soulevĂ©es par les restaurateurs et envisage un plafonnement diffĂ©renciĂ© pour apaiser les tensions. Elle prĂ©voit de rĂ©unir les parties prenantes dĂ©but 2025 pour examiner les options.
Les Ăchos, Mozzarella indienne, camembert chinois : plongĂ©e dans la nouvelle Ă©conomie du lait, 19/10/2024
Le secteur laitier mondial est en pleine mutation, avec une montĂ©e en puissance des marchĂ©s asiatiques face Ă la stagnation de la production dans les pays occidentaux. Lors du sommet mondial du lait qui sâest rĂ©cemment dĂ©roulĂ© Ă Paris, des experts ont anticipĂ© un transfert dâune partie de lâĂ©conomie laitiĂšre vers des pays comme la Chine, lâInde et le Pakistan, qui connaissent une forte croissance de leur production. En Inde, premier producteur mondial de lait, la production de lait de bufflonne progresse rapidement, permettant la fabrication de mozzarella et dâautres produits laitiers de plus en plus populaires localement. Bien que pour lâinstant concentrĂ©e sur son marchĂ© national, lâInde pourrait devenir un acteur majeur des exportations dans les dĂ©cennies Ă venir.
En Chine, le dĂ©veloppement de fermes laitiĂšres de grande Ă©chelle a permis dâatteindre un taux dâautosuffisance de 73 %, ce qui va Ă rebours des prĂ©visions dâimportation Ă long terme quâavaient envisagĂ©es les experts occidentaux. Cette tendance sâaccompagne de lâĂ©mergence dâentreprises locales capables de produire des fromages adaptĂ©s aux goĂ»ts locaux. La situation est similaire dans dâautres pays asiatiques, comme le Vietnam et lâIndonĂ©sie, qui aspirent Ă lâautosuffisance.
Les pays occidentaux, en revanche, font face Ă des dĂ©fis de taille. Les Ătats-Unis, malgrĂ© leur poids historique, stagnent en raison de contraintes environnementales croissantes et dâun accĂšs limitĂ© Ă lâeau. LâUnion europĂ©enne, sous la pression de nouvelles rĂ©gulations climatiques, devrait voir sa production baisser de 6 % dans les dix prochaines annĂ©es. En Australie, les sĂ©cheresses et les restrictions sur lâeau ont affaibli la compĂ©titivitĂ© de lâindustrie laitiĂšre, poussant le pays Ă se concentrer davantage sur la production locale.
Face Ă cette recomposition du marchĂ©, les grandes puissances laitiĂšres traditionnelles pourraient voir leurs parts de marchĂ© diminuer au profit des pays asiatiques, qui, soutenus par des investissements et des coopĂ©ratives locales, prennent progressivement le relais. Cette Ă©volution annonce une redĂ©finition des Ă©changes mondiaux dans lâindustrie laitiĂšre, avec un centre de gravitĂ© se dĂ©plaçant de plus en plus vers lâAsie, oĂč la demande et la production ne cessent de croĂźtre.
Les Ăchos, Dans les coulisses du parcours d'une salade en sachet, 22/10/2024
La culture de salades destinĂ©es aux sachets prĂȘts Ă consommer repose en France sur le travail de 362 maraĂźchers. Ils opĂšrent sur 5.000 hectares pour fournir une production sous contrat, principalement avec des marques comme Florette, leader du marchĂ© français. La culture, exigeante en main-dâĆuvre et sensible aux conditions climatiques, implique des mĂ©thodes de protection phytosanitaire strictes pour contrer parasites et maladies tout en limitant les rĂ©sidus de pesticides, souvent controversĂ©s. En effet, une enquĂȘte de « 60 Millions de consommateurs » en avril dernier avait rĂ©vĂ©lĂ© la prĂ©sence de rĂ©sidus de pesticides dans ces salades, bien que sous les seuils lĂ©gaux, soulevant des inquiĂ©tudes sur leur impact sanitaire.
Ă Villers-Guislain, Marthe et Justin Lesne, maraĂźchers spĂ©cialisĂ©s dans la mĂąche sous serre, illustrent la complexitĂ© de ce mĂ©tier. La culture de la mĂąche nĂ©cessite environ 2.000 heures de travail par an, complĂ©tĂ©es par des investissements coĂ»teux pour maintenir les infrastructures. Leur production annuelle de 80 tonnes couvre Ă elle seule 10 % de lâapprovisionnement de lâusine Florette Ă Cambrai, qui opĂšre en flux tendus. Les salades sont rĂ©coltĂ©es, rĂ©frigĂ©rĂ©es, puis transportĂ©es dĂšs le lendemain pour un conditionnement immĂ©diat en sachets. Lâusine de Cambrai produit quotidiennement 140.000 sachets, grĂące Ă un processus qui dĂ©bute Ă 4 h 30. La prĂ©paration manuelle assure un contrĂŽle qualitĂ© soignĂ© : les salades sont lavĂ©es, parfois avec de lâeau chlorĂ©e pour Ă©liminer les contaminants, puis rincĂ©es et emballĂ©es sans conservateurs, avec un conditionnement visant Ă ralentir lâoxydation. Ce processus garantit une durĂ©e de vie de huit jours aux produits finis.
Face aux prĂ©occupations environnementales, les fabricants investissent Ă©galement dans la rĂ©duction du plastique, expĂ©rimentant avec des matĂ©riaux recyclables ou Ă contenu recyclĂ© (bien que les salades en sachet ne soient pas encore directement touchĂ©es par la loi antigaspillage). Cette filiĂšre, qui touche prĂšs de 70 % des foyers français, continue donc dâinnover tant pour rĂ©pondre aux exigences de sĂ©curitĂ© alimentaire que pour satisfaire des attentes croissantes en matiĂšre dâimpact Ă©cologique.
Libération, Plus accessibles, délicieusement instagrammables : les goûters passent crÚme dans les palaces, 25/10/2024
Les palaces parisiens adoptent de plus en plus les formules de goĂ»ters « instagrammables » et abordables, attirant une clientĂšle jeune et moins habituĂ©e Ă frĂ©quenter ces lieux. Cette tendance, souvent proposĂ©e Ă des prix bien infĂ©rieurs aux repas, sâaccompagne dâune attention particuliĂšre aux pĂątisseries crĂ©atives et aux produits de qualitĂ©. Par exemple, Ă lâIntercontinental Paris Le Grand, le goĂ»ter est proposĂ© Ă 50 euros par personne (ou 90 euros pour deux) et offre une dĂ©gustation de mets sucrĂ©s et salĂ©s dans un cadre somptueux.
Ces goĂ»ters permettent aux chefs pĂątissiers de grands hĂŽtels, comme LĂ©andre Vivier au Burgundy ou Jessica PrĂ©alpato au San RĂ©gis, de sâexprimer pleinement. Au Burgundy, le goĂ»ter, proposĂ© pour 62 euros, se compose dâune sĂ©lection sucrĂ©e inspirĂ©e des voyages de LĂ©andre Vivier, alliant des saveurs comme le wasabi, le chocolat du PĂ©rou et la cardamome. De son cĂŽtĂ©, Jessica PrĂ©alpato privilĂ©gie des desserts dĂ©licats et saisonniers, dĂ©laissant les options salĂ©es pour se concentrer sur des compositions autour des fruits, des graines et des farines lĂ©gĂšres.
Ces formules de goĂ»ters, en plus dâĂȘtre accessibles, se prĂȘtent parfaitement aux rĂ©seaux sociaux. ZoĂ© Sitbon, responsable de la communication au Burgundy, souligne que la visibilitĂ© en ligne est souvent stimulĂ©e par ces crĂ©ations pĂątissiĂšres, apprĂ©ciĂ©es dâun public averti qui teste rĂ©guliĂšrement les meilleures adresses parisiennes. Les goĂ»ters de palaces deviennent ainsi une vitrine pour le savoir-faire des pĂątissiers, attirant les amateurs de gastronomie avec des compositions soignĂ©es et Ă©coresponsables.
Les Ăchos, Pourquoi nos restaurants prĂ©fĂ©rĂ©s se mettent-ils Ă vendre des tee-shirts ?, 20/10/2024
La tendance du merchandising sâinvite dans les restaurants, qui voient leurs produits dĂ©rivĂ©s â tee-shirts, casquettes, et vaisselle â devenir des symboles de leur identitĂ©. Cette stratĂ©gie, inspirĂ©e de modĂšles comme le Hard Rock CafĂ©, est aujourdâhui adoptĂ©e aussi bien par des Ă©tablissements prestigieux que par des bistrots de quartier. La plateforme Giftshop, basĂ©e Ă Paris, aide ces restaurants Ă crĂ©er et distribuer leurs produits dĂ©rivĂ©s, en faisant ainsi une vitrine de leur image. Parmi les adeptes, on trouve des institutions comme « Lipp » ou « CafĂ© de Flore », qui modernisent leur image pour sĂ©duire une clientĂšle plus jeune, tandis que « Paul Bert » orne ses vĂȘtements de motifs dâartistes.
Les rĂ©seaux sociaux ont largement contribuĂ© Ă lâessor de cette tendance, permettant aux restaurants de fidĂ©liser leur clientĂšle et de bĂątir des communautĂ©s en ligne. Pour des chaĂźnes comme Bao Family, les produits dĂ©rivĂ©s sont surtout un moyen de renforcer le lien avec les clients, bien plus quâune source de revenus. Cette approche identitaire sĂ©duit des clients qui voient dans ces articles une maniĂšre dâaffirmer leur appartenance Ă un cercle ou leur goĂ»t pour un lieu emblĂ©matique, mĂȘme sans y avoir dĂźnĂ©.
Le phĂ©nomĂšne reste essentiellement urbain et parisien, mais il sâĂ©tend progressivement aux grandes villes de province. Les restaurateurs adoptent aussi les codes de la mode, lançant des collections capsules ou des Ă©ditions limitĂ©es de leurs articles. La prĂ©sentation de ces articles se veut plus authentique, prĂ©fĂ©rant les employĂ©s des Ă©tablissements aux mannequins professionnels pour une mise en scĂšne plus intime et rĂ©aliste. Certains restaurants misent mĂȘme sur une mode utilitaire, en lançant des vĂȘtements adaptĂ©s aux besoins du personnel, comme des bleus de travail ou des chaussures de cuisine anti-dĂ©rapantes. Lâenseigne Bao Family a Ă©galement sorti un maillot de foot avec Puma, affirmant ainsi ses origines chinoises et sa culture franco-asiatique.
Les collaborations exclusives renforcent encore le caractĂšre haut de gamme de ces produits dĂ©rivĂ©s. Caviar Kaspia, par exemple, a collaborĂ© avec des marques prestigieuses comme Off-White et Guest In Residence pour produire des articles de luxe, permettant Ă ses clients de se sentir membres dâun club exclusif, oĂč chaque article incarne lâimage sophistiquĂ©e de lâĂ©tablissement.
Le Monde, Les hasardeuses liaisons entre les petites et les grosses brasseries, 12/10/2024
Le succĂšs croissant des biĂšres locales incite les grands groupes, comme Kronenbourg et Heineken, Ă investir dans des brasseries artisanales. Ces collaborations peuvent offrir des avantages aux brasseries indĂ©pendantes, leur permettant de dĂ©velopper leur production et dâaccĂ©der Ă des rĂ©seaux de distribution Ă©tendus, tout en conservant leur autonomie⊠du moins en thĂ©orie.
La Brasserie du Pays flamand, fondĂ©e en 2006 dans le Nord, illustre bien ce phĂ©nomĂšne. Face Ă la demande accrue pour ses biĂšres locales, notamment lâAnostekĂ©, elle a conclu un partenariat avec Kronenbourg pour financer une expansion. Le groupe danois Carlsberg, via sa filiale française Kronenbourg, a investi 25 millions dâeuros pour faire passer la production Ă 200 000 hectolitres annuels, tout en prenant une participation minoritaire au capital de la brasserie. Cette tendance touche aussi des marques comme Pietra en Corse, qui coopĂšre avec Kronenbourg depuis 2015. Pour les dirigeants de Pietra et de la Brasserie du Pays flamand, ces alliances permettent de conserver leur identitĂ© et leur savoir-faire artisanal tout en bĂ©nĂ©ficiant de lâinfrastructure des grandes entreprises. Heineken suit une approche similaire en misant sur des marques locales et rĂ©gionales, comme Gallia en Ăle-de-France ou la PhocĂ©enne dans le Sud-Est, dans le but de rĂ©pondre Ă la demande pour des produits ancrĂ©s dans un terroir. Le « locavorisme » gagne en popularitĂ©, avec des consommateurs attirĂ©s par la proximitĂ© et lâauthenticitĂ©.
Toutefois, Jean-François Drouin, prĂ©sident du Syndicat national des brasseries indĂ©pendantes (SNBI), sâinquiĂšte des risques pour lâindĂ©pendance des petites brasseries. Lâexemple de Gallia, dont Heineken a acquis 100 % des parts en deux ans, illustre le danger de perdre le contrĂŽle face aux intĂ©rĂȘts des grands groupes. Drouin critique Ă©galement lâutilisation du label « craft » par ces grandes marques, qui cherchent Ă se fondre dans le marchĂ© des biĂšres artisanales. Pour certaines brasseries comme la Brasserie du Pays flamand, lâalliance est perçue comme une maniĂšre de « rassurer » sans compromettre lâindĂ©pendance. Cependant, cette montĂ©e en puissance des grandes marques sur le segment artisanal pourrait Ă terme redĂ©finir le paysage de la biĂšre en France, posant la question de lâĂ©quilibre entre croissance et authenticitĂ©.
Capital, Le fabricant Lucien Georgelin, et ses fameuses confitures au chaudron, sont sauvés !, 23/10/2024
La PME française Lucien Georgelin, rĂ©putĂ©e pour ses confitures artisanales cuites au chaudron, vient de sortir victorieuse de sa procĂ©dure de redressement judiciaire. AprĂšs 18 mois de difficultĂ©s financiĂšres, le tribunal de commerce dâAgen a approuvĂ© le plan dâapurement de la dette, dĂ©sormais Ă©chelonnĂ© sur dix ans. Cette dĂ©cision permet au fabricant de confitures, basĂ© Ă Villeneuve-sur-Lot et qui emploie 300 salariĂ©s, de rĂ©duire son passif initial de 68 millions dâeuros Ă 35 millions dâeuros, en partie grĂące Ă des contestations de crĂ©ances.
Le groupe a traversĂ© une pĂ©riode de turbulence, en grande partie due Ă la baisse de la consommation et Ă lâinflation des coĂ»ts des matiĂšres premiĂšres, exacerbĂ©e par la guerre en Ukraine. MalgrĂ© une dette Ă©levĂ©e, Lucien Georgelin a su rĂ©sister et innover, lançant notamment une gamme de confitures sans sucre ajoutĂ©, tout en maintenant sa production sans recourir Ă des suppressions dâemplois. La PME a Ă©galement bĂ©nĂ©ficiĂ© dâun soutien de taille de la part de la grande distribution. Des enseignes comme Carrefour, Auchan, et Leclerc ont facilitĂ© les conditions de paiement et financĂ© des opĂ©rations promotionnelles. Des affiches avec le hashtag #IlfautsauverLucien ont mĂȘme fleuri devant certains magasins, tĂ©moignant de la solidaritĂ© autour de la marque. Ces initiatives ont permis Ă lâentreprise de redynamiser ses ventes, qui sont dĂ©sormais en hausse.
En 2023, Lucien Georgelin a gĂ©nĂ©rĂ© un chiffre dâaffaires de 76 millions dâeuros et a produit 50 millions de pots de confiture, se hissant ainsi au deuxiĂšme rang des marques de confiture en France, derriĂšre Andros et sa cĂ©lĂšbre gamme Bonne Maman.
Financial Times, I ate my way around Alsace â and survived, 25/10/2024
David Coggins, critique gastronomique, relate son périple culinaire dans la plus belle région française.
Son voyage dĂ©bute Ă Colmar, oĂč il explore le marchĂ© couvert regorgeant de spĂ©cialitĂ©s locales : saucisses, munster, jambons fumĂ©s et autres produits rĂ©gionaux. Cette immersion le met en appĂ©tit et lui fait dĂ©couvrir les winstubs, bistrots chaleureux et typiques de la rĂ©gion, souvent en bois et inspirant une atmosphĂšre conviviale. Coggins sâarrĂȘte Ă la Brasserie Historique de la Maison des TĂȘtes, un Ă©tablissement de renom, oĂč il dĂ©guste une « choucroute garnie » imposante â un vĂ©ritable festin de saucisses, de lard fumĂ© et de jarret de porc.
Son parcours le conduit ensuite Ă Kaysersberg, oĂč il fait Ă©tape au Chambard, lâhĂŽtel Relais & ChĂąteaux gĂ©rĂ© par le chef Ă©toilĂ© Olivier Nasti, qui propose aussi une winstub et une boulangerie. Ă la winstub dâOlivier Nasti, il ne rĂ©siste pas Ă une autre choucroute, cette fois-ci composĂ©e de neuf piĂšces de viande servies sur un plateau dâargent, accompagnĂ©e dâun verre de Riesling local, un mariage parfait avec la cuisine alsacienne.
Le critique sâaventure Ă©galement dans les vignobles de Meyer-FonnĂ© Ă Katzenthal, oĂč FĂ©lix Meyer, vigneron et maĂźtre du domaine, lui fait dĂ©couvrir des Rieslings Ă©quilibrĂ©s et minĂ©raux, loin des blancs trop sucrĂ©s. Dans cette ambiance paisible, Coggins dĂ©guste et prend des notes â de moins en moins lisibles, admet-il.
Strasbourg constitue une derniĂšre Ă©tape mĂ©morable avec les visites de lâhistorique Chez Yvonne et du prestigieux restaurant Au Crocodile, oĂč la cuisine raffinĂ©e du chef Philippe Bohrer offre une touche de modernitĂ©. Au Crocodile, des plats tels que le tartare de langoustine et le chariot de fromages illustrent le savoir-faire alsacien dans un cadre serein et Ă©lĂ©gant.
Eater, The Next Gordon Ramsay Is Already Huge on TikTok, 23/10/2024
Lâessor de TikTok a créé une nouvelle gĂ©nĂ©ration de « chefs cĂ©lĂšbres » qui redĂ©finissent le parcours traditionnel vers la notoriĂ©tĂ© culinaire. Parmi ces figures montantes, H Woo Lee et Brandon âSad Papiâ Skier se dĂ©marquent. Le premier, sans formation officielle Ă la cuisine mais inspirĂ© par Gordon Ramsay, a conquis plus dâun million de followers sur TikTok avec des vidĂ©os culinaires dĂ©taillĂ©es et immersives et attire des foules dans ses pop-ups. Son parcours commence en 2020, durant la pandĂ©mie, lorsquâil publie des recettes sophistiquĂ©es depuis sa cuisine Ă©tudiante. Ses crĂ©ations, telles que du wagyu ou du tartare de thon, sĂ©duisent un large public grĂące Ă son style distinctif et son approche amicale. Brandon Skier, quant Ă lui, vient du monde de la haute gastronomie et a travaillĂ© dans des Ă©tablissements renommĂ©s Ă Los Angeles avant de sâorienter vers la crĂ©ation de contenus lors de la fermeture de son restaurant, Auburn. Sur TikTok, il partage astuces et recettes qui lâont propulsĂ© rapidement sur le devant de la scĂšne, lui permettant dâattirer un large public et de dĂ©crocher des partenariats.
Ces nouveaux chefs nĂ©s des rĂ©seaux sociaux trouvent une satisfaction particuliĂšre Ă rencontrer leurs abonnĂ©s lors dâĂ©vĂ©nements en personne. H Woo Lee a fait sensation lors dâun pop-up Ă Budonoki en janvier 2024, qui a Ă©tĂ© complet en Ă peine deux minutes. En aoĂ»t 2024, Brandon Skier est retournĂ© Ă Redbird pour lancer son premier livre de cuisine, « Make It Fancy », inspirĂ© par ses annĂ©es de cuisine maison et dâexpĂ©rience dans les cuisines professionnelles. Ces deux chefs cultivent un lien authentique avec leurs abonnĂ©s, et bien quâils soient parfois mal Ă lâaise avec le statut de « cĂ©lĂ©britĂ© », ils reconnaissent lâimpact de leur communautĂ© en ligne.
Ces deux exemples illustrent comment TikTok peut transformer des chefs en vĂ©ritables icĂŽnes culinaires. Le rĂ©seau social offre une nouvelle voie dâexpression aux talents, qui ne dĂ©pendent plus des restaurants pour rĂ©ussir, mais qui peuvent, au contraire, capitaliser sur leurs communautĂ©s en ligne pour construire leur propre succĂšs. Ces nouveaux visages redĂ©finissent les codes de la notoriĂ©tĂ© gastronomique et ouvrent de nouvelles perspectives, Ă la fois en ligne et dans la restauration.
Eater, Can Sustainable Restaurants Make Their Guests Care About Climate Change?, 21/10/2024
Dans un contexte oĂč les effets du changement climatique se font de plus en plus sentir, certains restaurants sâengagent activement pour la durabilitĂ©, mais ils rencontrent un obstacle de taille : capter lâattention de clients qui viennent avant tout pour se faire plaisir. Des initiatives comme le âPLNT Impact Trackerâ de PLNT Burger tentent de sensibiliser les clients en quantifiant les Ă©conomies dâeau, de terre et dâĂ©missions de CO2 rĂ©alisĂ©es en choisissant des options vĂ©gĂ©taliennes, et en les intĂ©grant dans un programme de fidĂ©litĂ©. Cependant, la stratĂ©gie est subtile, car une communication excessive sur lâurgence climatique peut dĂ©courager les clients.
De plus en plus de restaurateurs, tels que Yangâs Kitchen Ă Los Angeles, font le choix de sources locales et durables, en collaboration avec des organisations comme Zero Foodprint pour soutenir lâagriculture rĂ©gĂ©nĂ©rative. Mais cette dĂ©marche a ses limites : alors que le restaurant intĂšgrait initialement une contribution environnementale de 1 % dans ses prix pour financer des projets agricoles, il a dĂ» abandonner cette initiative face aux plaintes de la clientĂšle et aux contraintes financiĂšres. Pour certains, comme Crave Fishbar Ă New York, la durabilitĂ© passe par des certifications tierces telles que B Corp ou la collaboration avec des initiatives comme le Billion Oyster Project. Ce type de certification rassure les clients sans les submerger dâinformations. Brian Owens, de Crave Sushi Bar, note cependant que les clients sont rarement intĂ©ressĂ©s par la provenance des ingrĂ©dients ou des choix de durabilitĂ© affichĂ©s dans le restaurant et quâils recherchent surtout une expĂ©rience gastronomique de qualitĂ©.
Les prix, souvent plus Ă©levĂ©s dans les restaurants durables, constituent un autre dĂ©fi. Dan McKenney, de Firetype Chocolate, illustre ce dilemme en expliquant que les coĂ»ts croissants des ingrĂ©dients, en raison des mauvaises rĂ©coltes de cacao dues au changement climatique, lâont obligĂ© Ă augmenter ses prix, malgrĂ© lâimpact que cela pourrait avoir sur ses ventes. Alors que certains consommateurs sont sensibles aux efforts des restaurants Ă©co-responsables, peu sont prĂȘts Ă payer plus pour cela. Une enquĂȘte montre que seulement 34 % des clients sont disposĂ©s Ă supporter un surcoĂ»t pour des pratiques durables, bien que la majoritĂ© attende des restaurants quâils adoptent des pratiques respectueuses de lâenvironnement. Cette rĂ©ticence oblige les restaurateurs Ă communiquer de façon mesurĂ©e et Ă Ă©viter un discours moral, tout en insistant sur la qualitĂ© et lâauthenticitĂ© de leurs produits.
Fast Company, MrBeastâs food ventures keep backfiring, 25/10/2024
Le cĂ©lĂšbre YouTuber MrBeast, alias Jimmy Donaldson, sâest aventurĂ© dans le secteur alimentaire pour diversifier ses revenus, avec des rĂ©sultats mitigĂ©s. AprĂšs le lancement de sa franchise de restaurants virtuels MrBeast Burger en 2020, il a rencontrĂ© de graves problĂšmes de qualitĂ©. Lâentreprise a Ă©tĂ© critiquĂ©e pour la mĂ©diocritĂ© de ses burgers, avec des plaintes de clients sur les rĂ©seaux sociaux concernant des viandes insuffisamment cuites. En 2023, Jimmy Donaldson a intentĂ© un procĂšs contre son partenaire Virtual Dining Concepts pour « dommages irrĂ©parables » Ă sa marque, mais a finalement abandonnĂ© sa plainte aprĂšs une contre-attaque en justice de 100 millions de dollars.
ParallĂšlement, Jimmy Donaldson sâest lancĂ© dans le secteur des snacks en 2022 avec sa marque de chocolat Feastables, vendue dans des magasins comme 7-Eleven et promue avec des campagnes coĂ»teuses, notamment un partenariat avec lâĂ©quipe NBA des Charlotte Hornets. Feastables a connu un succĂšs initial, mais rĂ©cemment, des critiques ont Ă©mergĂ© concernant un kit repas pour enfants, Lunchly, commercialisĂ© en collaboration avec KSI et Logan Paul. Lunchly, composĂ© de produits Feastables, de boissons Prime, et dâentrĂ©es variĂ©es, se veut une alternative aux fameux Lunchables, mais plusieurs experts en nutrition estiment quâil nâest pas sain pour les enfants. De plus, Lunchly a Ă©tĂ© Ă©claboussĂ© par une nouvelle controverse quand la YouTubeuse Rosanna Pansino a affirmĂ© avoir trouvĂ© de la moisissure dans son kit. Une porte-parole de Lunchly a assurĂ© que les produits Ă©taient soumis Ă des contrĂŽles rigoureux, mais cet incident vient ternir davantage la rĂ©putation des entreprises de MrBeast.
LâidĂ©e de crĂ©er des produits permet aux influenceurs dâĂ©viter de dĂ©pendre des sponsors, en particulier pour ceux comme MrBeast, qui ont des tarifs de placement publicitaire allant de 500 000 Ă 2 millions de dollars, hors de portĂ©e pour de nombreuses marques. Jimmy Donaldson aspire Ă possĂ©der des entreprises quâil pourrait promouvoir dans ses vidĂ©os pour capitaliser directement sur son immense audience. Toutefois, la qualitĂ© des produits reste un dĂ©fi majeur.
Washington Post, Americans are losing faith in food safety. Is the system to blame?, 17/10/2024
La confiance des AmĂ©ricains dans la sĂ©curitĂ© alimentaire est en dĂ©clin, selon un sondage Gallup, particuliĂšrement parmi les rĂ©publicains, dont la foi dans les institutions fĂ©dĂ©rales comme la FDA et lâUSDA a chutĂ© de 27 points entre 2019 et 2024. Cette baisse de confiance est attribuĂ©e Ă une montĂ©e de la mĂ©fiance envers le gouvernement et la science, exacerbĂ©e par la pandĂ©mie, les scandales alimentaires et la dĂ©sinformation via les rĂ©seaux sociaux.
Frank Yiannas, ancien commissaire adjoint de la FDA, Ă©voque une « crise de confiance mondiale », intensifiĂ©e par lâaccĂšs facile aux informations non vĂ©rifiĂ©es en ligne, renforçant les « chambres dâĂ©cho » dans lesquelles les AmĂ©ricains se rĂ©fugient. Ce climat de mĂ©fiance est alimentĂ© par des rappels de produits et des Ă©pidĂ©mies alimentaires, qui, selon certains experts comme lâavocat Bill Marler, peuvent paradoxalement indiquer une dĂ©tection plus efficace. Pour lui, un nombre Ă©levĂ© de rappels pourrait tĂ©moigner dâun systĂšme de surveillance actif, mais les rĂ©cents scandales, comme lâĂ©pidĂ©mie de listĂ©riose liĂ©e Ă Boarâs Head, ravivent les inquiĂ©tudes du public.
Le systĂšme de sĂ©curitĂ© alimentaire amĂ©ricain, pourtant complexe, reste mal compris par les consommateurs. La FDA et lâUSDA supervisent des segments distincts de lâapprovisionnement alimentaire, mais cette dualitĂ© peut semer la confusion. William Hallman, professeur Ă lâUniversitĂ© Rutgers, note que peu dâAmĂ©ricains comprennent rĂ©ellement les rĂŽles de ces agences, se limitant Ă une perception vague des inspections et des rappels. Pour remĂ©dier aux failles perçues, la FDA a restructurĂ© ses services en octobre 2024, unifiant ses efforts sous le nouveau Human Foods Program. Cette rĂ©forme vise Ă surmonter les lacunes observĂ©es pendant la crise du lait infantile et Ă renforcer lâapplication de la Food Safety Modernization Act. Frank Yiannas reste cependant prudent, estimant que lâefficacitĂ© de cette rĂ©organisation ne sera prouvĂ©e que par une rĂ©duction tangible des cas dâinfections alimentaires.
Le dĂ©fi pour les agences amĂ©ricaines est donc double : restaurer la confiance publique tout en dĂ©montrant lâefficacitĂ© rĂ©elle des nouvelles initiatives de sĂ©curitĂ© alimentaire. Comme le souligne Frank Yiannas, les rĂ©sultats concrets, tels quâune baisse durable des taux de pathogĂšnes comme la salmonelle et lâE. coli, sont essentiels pour convaincre les consommateurs que le systĂšme de sĂ©curitĂ© alimentaire amĂ©ricain protĂšge rĂ©ellement leur santĂ©.
Financial Times, Chinese imports damage âdignityâ of Italian tomato, says Mutti chief, 25/10/2024
Francesco Mutti, dirigeant de lâentreprise italienne du mĂȘme nom, a appelĂ© lâUnion europĂ©enne Ă protĂ©ger les producteurs de tomates italiens de la concurrence « injuste » des importations de pĂąte de tomate bon marchĂ©, produites dans la rĂ©gion du Xinjiang en Chine. Alors que les Ătats-Unis ont dĂ©jĂ interdit les importations de pĂąte de tomate en provenance de cette rĂ©gion en raison de soupçons de travail forcĂ©, Bruxelles nâa pas pris de mesure similaire. Mutti plaide pour une interdiction ou un tarif douanier de 60 % sur ces importations afin de rĂ©tablir la compĂ©titivitĂ© des produits italiens.
LâItalie, troisiĂšme producteur mondial de tomates dâindustrie, se voit menacĂ©e par les faibles coĂ»ts de production chinois, surtout au Xinjiang, oĂč des pratiques de travail forcĂ© de la minoritĂ© musulmane ouĂŻghoure ont Ă©tĂ© rapportĂ©es par lâONU. Bien que PĂ©kin rĂ©fute ces accusations, Mutti et Coldiretti, lâinfluent syndicat agricole italien, soulignent lâaspect Ă©thique et concurrentiel de cette problĂ©matique. Au printemps dernier, Coldiretti a organisĂ© une manifestation dans le port de Salerne contre lâimportation de concentrĂ© de tomate chinois, dĂ©nonçant le dumping environnemental et social que reprĂ©sentent ces produits.
En rĂ©ponse Ă cette situation, Mutti rĂ©clame Ă©galement des rĂšgles de labellisation plus strictes, notamment pour indiquer lâorigine des ingrĂ©dients majeurs dans les aliments transformĂ©s. Actuellement, certaines entreprises italiennes utilisent de la pĂąte de tomate chinoise, diluĂ©e ou mĂ©langĂ©e, pour lâexportation, mais les lois italiennes interdisent de commercialiser ce produit comme de la passata 100 % italienne. En 2021, une affaire de fraude alimentaire a Ă©clatĂ© lorsque la police a saisi plusieurs tonnes de concentrĂ© de tomate Ă©tiquetĂ©es « 100 % italien », alors quâelles contenaient des ajouts de produits chinois. Selon Mutti, il est crucial de redonner sa « dignitĂ© » Ă la tomate italienne, souvent traitĂ©e comme une simple commoditĂ© sur le marchĂ© international. Il espĂšre que des mesures europĂ©ennes permettront aux consommateurs de faire des choix informĂ©s tout en valorisant les produits locaux et les normes Ă©thiques de production.
Petite astuce dâun ami italien : le meilleur moyen dâĂȘtre sĂ»r de ne pas avoir de concentrĂ© de tomates chinoises reste dâacheter des boĂźtes de tomates entiĂšres.
Financial Times, Can champagne reign in the eco campaign?, 17/10/2024
Lâindustrie du champagne, longtemps associĂ©e au luxe, prend dĂ©sormais un virage vers la durabilitĂ©. Alors que la question Ă©cologique Ă©tait autrefois peu abordĂ©e, les producteurs de champagne sâengagent de plus en plus dans des pratiques respectueuses de lâenvironnement, notamment autour du poids des bouteilles, qui contribue fortement Ă lâempreinte carbone du champagne. Champagne Telmont, soutenu par Leonardo DiCaprio, a expĂ©rimentĂ© une bouteille plus lĂ©gĂšre de 800g, rĂ©duisant lâutilisation de verre. Cette innovation, librement partagĂ©e, pourrait devenir un standard pour dâautres maisons.
Les pratiques viticoles durables progressent Ă©galement. PrĂšs de 61 % des vignobles champenois sont certifiĂ©s HVE (Haute Valeur Environnementale) ou VDC (Viticulture Durable en Champagne), tandis que 9 % sont certifiĂ©s biologiques. Mais les producteurs peinent Ă gĂ©nĂ©raliser ces pratiques, car beaucoup nâont pas de contrĂŽle direct sur tous leurs vignobles. Certaines maisons, comme Telmont et Louis Roederer, soutiennent financiĂšrement la transition de leurs fournisseurs vers lâagriculture biologique. Louis Roederer, pionnier dans la viticulture biodynamique, a mĂȘme Ă©laborĂ© son Cristal 2012 uniquement Ă partir de raisins cultivĂ©s biodynamiquement.
Si lâagriculture biodynamique gagne en popularitĂ©, elle a ses dĂ©tracteurs, notamment en raison de lâutilisation du cuivre comme fongicide, potentiellement dommageable pour les sols. Le concept de viticulture rĂ©gĂ©nĂ©rative pourrait offrir une alternative plus souple. Ce modĂšle, encouragĂ© par LVMH, vise Ă adapter les pratiques aux spĂ©cificitĂ©s locales de chaque terroir, plutĂŽt quâun ensemble de rĂšgles fixes. Certains grands noms, tels que Bollinger, poursuivent des objectifs ambitieux de durabilitĂ©, notamment en rĂ©duisant les transports aĂ©riens et en augmentant la part de leurs terres allouĂ©e Ă la biodiversitĂ©. Bollinger fait partie des rares marques de champagne Ă avoir obtenu la certification B Corp, aux cĂŽtĂ©s de Piper-Heidsieck, Charles Heidsieck, et Rare Champagne.
Face Ă ces initiatives variĂ©es, il reste complexe pour les consommateurs de choisir un champagne Ă©coresponsable. Anne Jones, conseillĂšre en durabilitĂ©, conseille de se tourner vers des dĂ©taillants alignĂ©s avec les valeurs Ă©cologiques et bien informĂ©s sur lâorigine des produits. Car, rappelle-t-elle, le champagne est avant tout un produit agricole, intimement liĂ© Ă la terre oĂč il prend racine.
Good Food Institute Europe, Données sur les ventes au détail de produits à base de plantes dans six pays européens : 2021-début 2024
âGFI Europe a analysĂ© des donnĂ©es de vente au dĂ©tail de Circana couvrant six pays europĂ©ens clĂ©s et jusqu'Ă neuf catĂ©gories de produits. Ces donnĂ©es reflĂštent un secteur en pleine Ă©volution qui continue Ă progresser pendant une pĂ©riode de turbulences pour le systĂšme alimentaire.
Dans le contexte des vents économiques contraires qui prévalent pour le secteur alimentaire dans son ensemble, les chiffres clés montrent que la valeur totale des ventes d'aliments d'origine végétale a augmenté entre 2022 et 2023 dans cinq des six pays couverts, en partie en raison de l'inflation des prix dans l'ensemble du secteur alimentaire. L'Allemagne, qui est déjà le plus grand marché pour les aliments d'origine végétale en Europe, a continué d'afficher une croissance impressionnante en volume dans presque toutes les catégories de produits, tandis que le volume global des ventes a augmenté en Espagne et en France, est resté stable en Italie et s'est contracté au Royaume-Uni et aux Pays-Bas.
Le rapport pour la France est disponible ici.
Celui pour lâAllemagne ici, celui pour lâEspagne ici, celui pour lâItalie ici, celui pour les Pays-Bas ici et enfin celui pour le Royaume-Uni ici.
Câest tout pour aujourdâhui.
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A la semaine prochaine!
O. Frey