🌾🍇🐄 Eat's business 🍕🍷🧀 2024-29
Bonjour à toutes et à tous, Eat's Business est une newsletter dans laquelle vous trouverez une revue de presse de quelques articles sur le monde de l’alimentaire qui m’ont semblé intéressants dans la semaine précédente.
Pour ceux qui veulent la formule ristretto, les 3 articles que je vous conseille de lire en priorité cette semaine sont :
Le Figaro, «Nous ne voulons pas en faire un produit de luxe» : désormais, le café de qualité est à portée de tasse, 04/10/2024
Libération, La cuisine anti-inflammatoire, énième lubie ou recette miracle ?, 05/10/2024
The Spoontech, NotCo Has Created A Generative AI for Flavor and Fragrance That Can Create Unique Formulations With Text Prompts, 08/10/2024
Bonne lecture et bonne semaine à toutes et à tous!
Pour celles et ceux d’entre vous qui ont plus de temps pour la formule lungo :
Le Figaro, «Nous ne voulons pas connaître le sort de Kodak» : le plan de Bonduelle pour survivre à l’essor des marques de distributeur, 07/10/2024
Face aux défis liés à la montée des marques de distributeur (MDD) et à une baisse de la consommation en Europe, le groupe Bonduelle se réorganise pour maintenir sa position sur le marché. Bien que son chiffre d’affaires ait progressé de 2,7 % en 2023-2024, le groupe a enregistré une baisse de ses volumes et une perte opérationnelle de près de 70 millions d’euros. La situation est particulièrement difficile en Amérique du Nord, où la dépréciation de ses actifs a lourdement impacté ses résultats.
Xavier Unkovic, directeur général de Bonduelle depuis 18 mois, a souligné la nécessité pour l’entreprise de se transformer en profondeur afin d’éviter de connaître le sort d’entreprises déchues comme Kodak. L’accent sera désormais mis sur ses marques, notamment Bonduelle et Cassegrain, plutôt que sur la production de MDD. Xavier Unkovic estime que ces dernières sont plus vulnérables en dehors de l’Europe et ne permettent pas de se différencier suffisamment sur le marché.
Bonduelle concentre désormais ses efforts sur le développement de ses propres marques, avec un focus particulier sur le marché américain, où l’entreprise peine à s’imposer. Sous la marque Bonduelle Bistro, elle mise sur des produits en phase avec les tendances actuelles, comme les “lunch bowls” à réchauffer, un format pratique et adapté aux nouvelles habitudes de consommation. Un budget de 8 millions d’euros sera consacré au soutien publicitaire et marketing aux États-Unis, où Bonduelle espère redresser la barre. En Europe, l’innovation sera un levier clé pour stimuler les ventes. Bonduelle s’inscrit dans la dynamique générale du secteur agroalimentaire qui, après une période d’inflation, voit les lancements de nouveaux produits repartir à la hausse. L’entreprise développe ainsi des formats mini et des repas complets à base de légumes, adaptés à la vente à emporter.
Pour financer cette stratégie, Bonduelle a déjà restructuré son portefeuille, notamment avec la cession de ses activités de salades en sachet en France et en Allemagne. Le groupe prévoit également de générer des économies équivalentes à 2,5 % de son chiffre d’affaires d’ici trois ans, notamment via la mutualisation de ses ressources.
L’Usine Nouvelle, Dans l'agroalimentaire, la mise en place complexe des clauses miroirs, 09/10/2024
La mise en place des clauses miroirs dans le secteur agroalimentaire, visant à instaurer une réciprocité des normes environnementales et sanitaires entre l’UE et ses partenaires commerciaux, demeure complexe. Ces clauses, considérées comme un outil crucial pour protéger les producteurs européens de la concurrence déloyale, imposent aux pays exportateurs les mêmes normes que celles appliquées en Europe. Emmanuel Macron en a fait un point central de sa politique commerciale, exigeant leur inclusion dans les accords agricoles pour lever son veto sur le traité de libre-échange avec le Mercosur.
Cependant, malgré l’attente et les espoirs des agriculteurs et ONG, seules deux clauses miroirs ont été négociées jusqu’à présent, avec des effets limités. L’une concerne l’exportation d’œufs respectant les normes européennes de bien-être animal dans le cadre de l’accord avec le Mercosur, et l’autre exclut les bovins élevés dans des parcs d’engraissement en Nouvelle-Zélande. Ces clauses sont jugées symboliques et insuffisantes par des acteurs comme Mathilde Dupré, codirectrice de l’Institut Veblen, qui appelle à leur extension à d’autres secteurs.
En parallèle, l’UE a introduit de manière unilatérale certaines mesures miroirs, comme l’interdiction d’importer de la viande traitée avec des antibiotiques comme activateurs de croissance ou des produits contenant des résidus d’insecticides néonicotinoïdes. Toutefois, leur mise en œuvre a été reportée à 2026, soulevant des interrogations sur l’efficacité des contrôles aux frontières. L’entrée en vigueur de l’interdiction d’importer du bœuf issu de parcelles déforestées, prévue pour la fin de 2024, pose également la question de la traçabilité réelle dans des pays comme le Brésil et l’Argentine.
L’enjeu principal réside dans la capacité à garantir que les produits importés respectent les normes européennes, malgré la difficulté des inspections dans des régions reculées. La France, pour sa part, milite pour l’alignement des normes de résidus entre les produits européens et importés. Cependant, selon l’économiste Charlotte Emlinger, l’extension des clauses miroirs sera difficile à généraliser, l’Europe ayant elle-même des intérêts à défendre dans ses exportations. Elle recommande d’abord d’améliorer l’application des normes existantes, soulignant les lacunes des contrôles sanitaires, comme l’avait révélé un rapport du Sénat en 2021.
Les Échos, Les secrets de la machine Grand Frais, 08/10/2024
Grand Frais, enseigne alimentaire fondée en 1992 à Givors se distingue dans le paysage de la distribution française par un modèle unique, axé sur la spécialisation des produits frais. Ses 320 magasins, qui devraient passés à 500 d’ici 2029, ne ressemblent pas à des supermarchés traditionnels : ils se concentrent exclusivement sur les produits frais (fruits et légumes, viande, poisson, crémerie) et sur une épicerie ciblée, sans proposer des articles courants comme la lessive ou le papier toilette. Les consommateurs doivent donc se tourner vers d’autres enseignes pour compléter leurs achats.
Ce modèle repose sur une organisation stricte et un groupement d’intérêt économique (GIE) entre plusieurs spécialistes. Prosol, leader des fruits et légumes, est au cœur de cette structure, aux côtés du groupe Despi pour la viande et d’Euro Ethnic Foods pour l’épicerie fine. Chaque partenaire gère indépendamment son personnel, ses approvisionnements et sa logistique, garantissant ainsi des conditions de transport et de stockage optimales pour chaque type de produit. Cette spécialisation s’étend même au sein des rayons, où Prosol, par exemple, sépare la gestion des fruits et légumes de celle des produits laitiers, bien qu’ils proviennent de la même structure.
L’absence de carte de fidélité et de promotions souligne la philosophie de Grand Frais, où l’« esprit commerçant » prime. Le président du directoire de Prosol, Jean-Paul Mochet, insiste sur cette approche centrée sur la satisfaction client avant les résultats financiers, surtout lors des premières semaines d’ouverture d’un magasin. La qualité et la fraîcheur des produits sont des priorités, comme en témoigne la politique d’approvisionnement : les fruits et légumes proviennent en majorité de producteurs locaux, et les entrepôts sont vidés chaque jour pour garantir des produits toujours frais.
Grand Frais mise également sur des produits locaux et de qualité en évitant les grandes marques au profit de fabricants régionaux, comme la laiterie de Saint-Malo pour les yaourts. Le concept est simple : offrir une expérience de marché traditionnel, tout en permettant un paiement unique à la sortie, une des rares concessions faites au modèle du supermarché. Le succès de l’enseigne repose sur sa capacité à répondre à une demande croissante de produits frais de qualité, un domaine où les grands distributeurs comme Carrefour ou Auchan peinent parfois à se démarquer.
Challenges, Faire du fromage sans vache : la fermentation de précision, nouvel eldorado des industriels ?, 08/10/2024
La fermentation de précision, une technologie innovante permettant de produire des protéines laitières sans vache, révolutionne silencieusement l’industrie des produits laitiers. En recréant des protéines comme la caséine ou la whey en laboratoire à partir de micro-organismes modifiés, cette méthode ouvre des perspectives prometteuses pour des entreprises comme Standing Ovation, pionnière française dans le domaine. Bien que la vente de ces produits ne soit pas encore autorisée en Europe, des géants de l’agroalimentaire comme Bel, Danone ou Nestlé s’intéressent de près à cette technologie. Aux États-Unis, où les premières autorisations ont été délivrées, ces entreprises ont déjà testé des produits « sans animaux », notamment des desserts et boissons, répondant à la demande croissante pour des alternatives végétales.
L’engouement pour la fermentation de précision se justifie en grande partie par les bénéfices qu’elle offre : une production constante et pure, une réduction significative des gaz à effet de serre (jusqu’à 94 % de moins), et l’évitement des problématiques sanitaires liées à l’élevage traditionnel. En parallèle, cette technologie répond à la quête de protéines alternatives pour le secteur des produits laitiers et de la nutrition sportive. Bon Vivant, autre acteur du secteur, mise sur la whey pour séduire les sportifs et répondre à la demande croissante de produits riches en protéines.
Toutefois, la fermentation de précision suscite des interrogations sur son impact à long terme, notamment pour les éleveurs et l’agriculture traditionnelle. Si certains estiment qu’elle pourrait compléter la production laitière existante, d’autres estiment qu’elle pourrait remplacer une partie de l’élevage, accentuant ainsi la baisse de la consommation de lait. Des fromages AOP ou d’autres produits haut de gamme continueraient de valoriser les pratiques agricoles traditionnelles, mais la concurrence avec ces nouvelles méthodes de production sera inévitable. Sur le plan environnemental, si la réduction de l’empreinte carbone est un argument de taille pour les industriels, des réserves subsistent quant à l’impact global de cette technologie. L’élevage traditionnel joue en effet un rôle essentiel dans l’entretien des paysages ruraux, et l’évaluation complète du cycle de vie de ces nouveaux produits reste à établir.
En attendant, les start-up investissent dans la mise à l’échelle de leur production pour répondre aux demandes des industriels et obtenir les autorisations réglementaires nécessaires. D’ici à 2026, le marché américain pourrait voir l’arrivée des premiers produits fabriqués grâce à cette technologie, augurant une nouvelle ère pour l’industrie laitière.
Le Monde, En Chine, le cognac risque de trinquer pour la voiture, 08/10/2024
La Chine réplique rapidement aux mesures commerciales prises par l’UE, en visant cette fois-ci le cognac, dans un contexte de tensions autour des véhicules électriques. Le 8 octobre, Pékin a annoncé que les importateurs de brandy européen, principalement de cognac (qui représente 95 % des importations de brandy en Chine), devront déposer une caution auprès des douanes chinoises à partir du 11 octobre. Cette somme pourrait être prélevée rétroactivement si la Chine décide d’imposer des taxes sur ces spiritueux, affirmant que son industrie nationale est menacée par la concurrence européenne.
Cette décision intervient cinq jours après que Bruxelles ait décidé d’imposer des surtaxes allant jusqu’à 35 % sur les véhicules électriques chinois, accusés de bénéficier de subventions déloyales. Le ministère chinois du commerce justifie cette mesure comme une réponse à ces surtaxes européennes, et la France, via sa ministre déléguée au commerce extérieur, Sophie Primas, a annoncé son intention de contester ces « mesures incompréhensibles » devant l’Organisation mondiale du commerce (OMC). Cependant, l’efficacité de l’OMC pour résoudre ces différends commerciaux reste limitée.
La tension autour des taxes sur le cognac couvait depuis janvier, lorsque Pékin avait ouvert une enquête sur les eaux-de-vie européennes, en réponse à celle de Bruxelles sur les subventions chinoises aux voitures électriques et à d’autres secteurs, comme les énergies renouvelables. En septembre, près d’un millier de viticulteurs et négociants en cognac avaient manifesté pour alerter sur la menace qui pèse sur leur filière. La Chine représente en effet un marché crucial pour le cognac, avec 25 % des exportations en 2023 et un total de 769 millions d’euros.
La décision chinoise s’inscrit dans une guerre commerciale plus large, exacerbée par l’adoption par l’UE, malgré l’opposition de Berlin, de taxes sur les véhicules électriques chinois. Cette mesure européenne, qui entrera en vigueur fin octobre, a accentué les tensions, et la filière viticole française se sent « sacrifiée ». Le secteur du cognac est particulièrement vulnérable, avec une production massivement exportée (98 %), et la Chine étant un marché clé.
L’impact s’est immédiatement fait sentir sur les marchés financiers, l’action de Rémy Cointreau chutant de près de 6 % et celle de Pernod Ricard de 3,6 %. Pékin a également rappelé qu’elle pourrait prendre d’autres mesures contre l’UE, visant notamment les importations de porc, de produits laitiers et les véhicules à essence, dans ce qui s’annonce comme une intensification de la guerre commerciale.
Le Figaro, «Nous ne voulons pas en faire un produit de luxe» : désormais, le café de qualité est à portée de tasse, 04/10/2024
En quinze ans, le café de spécialité s’est imposé dans le paysage français, transformant la manière dont les consommateurs savourent leur boisson. Ce mouvement, venu des pays anglo-saxons et surnommé la « troisième vague » du café, a vu fleurir des coffee shops et des torréfacteurs engagés, offrant des breuvages soigneusement sourcés et préparés. Aujourd’hui, la France compte 3.800 de ces établissements (+74% depuis 2010), dont 85 % sont indépendants. Le café de spécialité se distingue par la qualité des grains, le terroir, et le savoir-faire artisanal, comparable à la dégustation d’un grand vin.
Parmi les pionniers, des enseignes comme Coutume, Terres de Café ou Lomi ont su capter l’attention des amateurs de café, avec des recettes complexes et typées. Tom Clark, fondateur de Coutume, souligne que ses clients, autrefois majoritairement expatriés, sont aujourd’hui des « coffee natives » français, plus jeunes et ouverts à de nouvelles saveurs. Cette génération a adopté un vocabulaire spécifique et des rituels de dégustation, préférant des cafés filtrés ou espresso, souvent servis avec des pâtisseries dans des espaces conviviaux.
L’une des missions principales des acteurs de cette révolution est de démocratiser le café de spécialité, sans en faire un produit élitiste. David Serruys, torréfacteur et président du Collectif Café, se bat pour que ce café de qualité soit accessible à tous, soulignant que le coût d’une tasse n’est que légèrement supérieur à celui d’un café industriel. Cependant, malgré l’essor de ces coffee shops en France, ils ne représentent encore que 5 % des importations de café, avec une marge de progression importante par rapport à des pays comme le Royaume-Uni.
La promotion du café de spécialité passe aussi par des événements comme les Journées du Café et le Paris Coffee Show, qui visent à sensibiliser les consommateurs aux origines et aux méthodes de production de leur boisson. En mettant en lumière l’impact du réchauffement climatique et des crises géopolitiques sur les producteurs de café, les torréfacteurs rappellent que choisir un café de qualité, c’est aussi soutenir une filière plus durable et équitable. Pour de nombreux amateurs, la dégustation d’un café bien préparé devient ainsi un geste à la fois gourmand et responsable.
Libération, La cuisine anti-inflammatoire, énième lubie ou recette miracle ?, 05/10/2024
La cuisine anti-inflammatoire, nouvelle tendance alimentaire, suscite un débat entre scientifiques, patients et chefs cuisiniers. Popularisée par une multitude de livres parus en 2023 et 2024, cette approche promet de calmer diverses inflammations à travers l’alimentation, en évitant les produits transformés, la viande grasse, le sucre et en privilégiant les aliments riches en fibres, vitamines et antioxydants. Des plats comme des gratins de patates douces au gingembre ou des asperges à l’œuf mollet sont mis en avant pour leurs bienfaits supposés. Cependant, des voix critiques, comme celle de Christophe Lavelle, chercheur au CNRS, dénoncent les dangers potentiels des régimes restrictifs, soulignant que ces méthodes sont souvent des tendances passagères.
Les adeptes de la cuisine anti-inflammatoire, comme la cheffe Marianne Magnier-Moreno ou le blogueur Sofiane Khayat, vantent toutefois ses effets positifs sur la santé. Ces régimes prônent la suppression de produits comme le gluten et les produits laitiers pour apaiser les inflammations chroniques, telles que les migraines, l’arthrose ou les troubles digestifs. Ils insistent sur des aliments spécifiques : avocats, baies de goji, poissons maigres, bouillons d’os, et aliments fermentés. Pour Sofiane Khayat, ce mode de vie lui aurait permis de mieux gérer sa sclérose en plaques sans recours à la médecine traditionnelle, bien que cette approche soit controversée parmi les professionnels de santé.
Les scientifiques, comme Emilie Steinbach, reconnaissent les effets positifs d’un régime comme le régime méditerranéen, basé sur des légumes, des céréales complètes, et de l’huile d’olive. Cependant, ils mettent en garde contre la réduction excessive de la variété alimentaire. Pour eux, une alimentation diversifiée, comprenant au moins 30 végétaux différents par semaine, est la clé pour nourrir un microbiome sain et réduire l’inflammation. Steinbach souligne que, bien que certains aliments aient des propriétés anti-inflammatoires, la recherche scientifique ne soutient pas l’idée que quelques ingrédients spécifiques puissent miraculeusement soigner toutes les maladies. En revanche, l’influence de l’industrialisation sur la qualité des aliments est bien réelle. Adriano Farano, auteur d’un livre sur les céréales anciennes, s’attaque à l’appauvrissement des nutriments dans les produits agroalimentaires transformés. Il prône un retour à des céréales non raffinées, des légumes fermentés et des protéines de qualité. La question qui reste est de savoir si ce type d’alimentation est accessible à tous, étant donné le coût souvent élevé des produits bio et non transformés.
Libération, Avec le boom des fours à pizza à domicile, bientôt tous pizzaïolos ?, 04/10/2024
Depuis la pandémie, les fours à pizza à domicile connaissent un véritable boom en France, poursuivant ainsi la longue histoire d’amour entre les Français et la pizza. En 2023, les Français ont consommé 1,19 milliard de pizzas, se plaçant aux côtés des Américains comme les plus grands amateurs de ce plat, et devant les Italiens. Ce succès se reflète à travers les ventes en grande surface, dans les pizzerias et via des distributeurs automatiques, mais aussi désormais avec l’explosion des fours à pizza personnels.
La crise sanitaire a marqué un tournant dans les habitudes de consommation, favorisant la cuisine à domicile. Face à l’impossibilité de manger à l’extérieur et à la migration vers des communes plus petites, de nombreux Français ont investi dans des appareils électroménagers pour prolonger cette tendance culinaire chez eux. Les fours à pizza, capables d’atteindre des températures de cuisson supérieures à 400°C, offrent une qualité de pâte souple, proche de celle des pizzerias napolitaines, bien supérieure à celle obtenue avec les fours traditionnels, souvent limités à 300°C.
Cette montée en puissance des fours à pizza s’explique également par leur aspect économique et pratique. Avec l’inflation affectant le prix des pizzas et de leurs ingrédients, ces appareils représentent une solution plus abordable pour les gros mangeurs. De plus, ils répondent aux attentes des consommateurs soucieux de la qualité nutritionnelle et qui cherchent à éviter les additifs et les excès de sel ou de gras présents dans les pizzas industrielles.
Les options se multiplient sur le marché, avec des modèles électriques, à gaz ou à bois, dont les prix varient de moins de 100 euros à 2 000 euros pour les modèles les plus luxueux. Des enseignes comme Lidl ont même lancé leur propre modèle à gaz à un prix compétitif, témoignant de l’ampleur de cette tendance. Les modèles à bois, plus coûteux, sont particulièrement adaptés aux grands espaces extérieurs en raison de la fumée qu’ils produisent.
Le Monde, « La bière IPA est bien plus qu’un effet de mode, c’est un style à part entière » : la grande vague de l’amer, 10/10/2024
La bière IPA (India Pale Ale), caractérisée par son goût amer et fortement houblonné, s’est imposée en France ces dernières années. Désormais présente dans la plupart des bars et cavistes, elle est devenue incontournable pour les brasseurs français. « Tout brasseur doit aujourd’hui disposer d’une IPA dans sa gamme », affirme Alexandre Vermeersch, à la tête de la Brasserie 360 dans le Cantal. Cette popularité croissante se reflète dans les ventes, avec des brasseries comme La Dunoise qui constatent que les IPA représentent 25 % de leurs ventes en 2024, contre seulement 10 % en 2023.
L’IPA, bière de fermentation haute souvent plus alcoolisée qu’une blonde classique, est célèbre pour son amertume marquée. Originaire du Royaume-Uni, elle aurait été conçue à l’époque coloniale pour mieux se conserver durant les longs voyages vers l’Inde. Ce style a été relancé dans les années 1980 sur la côte ouest des États-Unis, grâce à de jeunes brasseurs lassés des bières blondes sans saveur. Des brasseries comme Stone Brewing et Sierra Nevada ont popularisé la West Coast IPA, très amère et résineuse. En Europe, BrewDog a mené la charge, et en France, des brasseries comme la Brasserie des Garrigues ont suivi cette tendance.
Ces dernières années, une nouvelle vague de bières IPA plus aromatiques et moins amères, comme la New England IPA (Neipa), a vu le jour, attirant de nouveaux consommateurs. Contrairement aux bières traditionnelles, qui contiennent peu de houblon, l’IPA en utilise jusqu’à six fois plus, ce qui explique la demande croissante pour cette plante. La France, historiquement productrice de houblon, connaît une renaissance dans ce domaine, avec des surfaces cultivées qui ont presque doublé depuis 2018. Des initiatives locales, comme celles de Matthieu Cosson, pionnier de la houblonnière biologique en Loire-Atlantique, répondent à l’intérêt des microbrasseries pour des ingrédients locaux.
L’essor de l’IPA ne montre aucun signe de ralentissement, et ce style de bière se décline aujourd’hui en une variété de sous-catégories (double IPA, rye IPA, cold IPA). Cette diversité permet de toucher un public large, de toutes générations. Plus qu’un effet de mode, l’IPA s’est installée durablement dans le paysage brassicole français.
Washington Post, Are plant burgers better than beef? Here’s how to decide., 08/10/2024
Les alternatives végétales à la viande, souvent présentées comme plus saines et meilleures pour l’environnement, connaissent un succès croissant outre-Atlantique. Mais sont-elles vraiment supérieures aux burgers traditionnels à base de bœuf ? Selon les chercheurs, tout dépend de la marque et de ce qu’elles remplacent dans votre alimentation.
Les produits tels que Beyond Meat et Impossible Foods, conçus pour imiter la texture et le goût de la viande, offrent plusieurs avantages pour la santé, notamment une réduction du cholestérol LDL, un facteur de risque pour les maladies cardiaques. Une étude menée par Stanford a montré que la consommation régulière de ces produits végétaux entraînait une légère perte de poids et une baisse du cholestérol chez les participants, grâce à une teneur plus faible en graisses saturées et à la présence de fibres absentes dans la viande.
Cependant, ces alternatives sont des aliments ultra-transformés, contenant des additifs comme des huiles, des épaississants et du sodium. Si les experts recommandent généralement de limiter les aliments ultra-transformés, les substituts de viande végétale peuvent tout de même être une bonne option, surtout s’ils remplacent des viandes transformées ou des aliments riches en glucides raffinés.
Un autre point important est leur impact environnemental. Les études montrent que les produits à base de plantes ont une empreinte carbone bien inférieure à celle du bœuf, du porc ou du poulet, un argument clé pour ceux qui cherchent à réduire leur impact écologique.
Cependant, les différences nutritionnelles entre les marques sont significatives. Certains produits, comme le Beyond Burger, contiennent plus de protéines que la viande de bœuf, mais aussi plus de sodium. Les effets sur la santé varient donc selon la marque et les ingrédients utilisés, ce qui rend crucial la lecture des étiquettes.
Wired, Amazon Dreams of AI Agents That Do the Shopping for You, 09/10/2024
Amazon envisage un avenir où l’intelligence artificielle pourrait non seulement faciliter vos achats, mais aussi les effectuer de manière autonome, sans que vous ayez à le demander. L’entreprise a déjà intégré des fonctionnalités d’IA générative sur son site web et ses applications, avec notamment des guides d’achat générés par IA. Cependant, elle voit plus loin en développant des agents autonomes capables de recommander des produits ou même de les ajouter automatiquement à votre panier.
Amazon a introduit un chatbot, Rufus, utilisant un modèle de langage de grande taille (LLM) similaire à ChatGPT, mais optimisé pour le commerce. Ce modèle est alimenté par des données issues de vastes corpus d’informations en ligne et des données exclusives d’Amazon. Les futures versions de Rufus pourraient aller encore plus loin en agissant comme des agents autonomes, capables de gérer des tâches complexes comme organiser un voyage ou payer une amende en ligne. L’IA offre aussi des avantages pour l’environnement. Selon des études, les agents de recommandation réduisent l’empreinte carbone en optimisant les achats, et en proposant des alternatives végétales à la viande ou des solutions écologiques.
Un défi majeur pour Amazon reste de rendre ces fonctionnalités non intrusives, afin que les utilisateurs les trouvent utiles et non agaçantes. Les agents IA pourraient même prédire les besoins d’un client, comme acheter un livre avant sa sortie ou préparer une commande pour un voyage en camping. Cependant, les risques d’erreurs et la gestion de la sécurité des données personnelles freinent encore l’automatisation complète.
Les guides d’achat générés par l’IA, déjà en place, fournissent des recommandations adaptées et des comparaisons de produits, simplifiant ainsi la navigation sur des catégories complexes. Cette technologie montre comment l’IA peut bouleverser l’économie des moteurs de recherche et du commerce en ligne. Bien que l’IA dans le commerce électronique connaisse une croissance rapide, la question de l’accès aux données se pose : les géants comme Amazon, riches en données, risquent de dominer le marché, renforçant les écarts avec les plus petites entreprises.
The Spoontech, NotCo Has Created A Generative AI for Flavor and Fragrance That Can Create Unique Formulations With Text Prompts, 08/10/2024
NotCo, une entreprise spécialisée dans la technologie alimentaire, a récemment dévoilé un modèle d’intelligence artificielle générative révolutionnaire, baptisé Generative Aroma Transformer (GAT), capable de créer des formulations inédites de saveurs et de parfums à partir de simples descriptions textuelles. Présenté lors du Food AI Summit, ce modèle pourrait transformer plusieurs industries, notamment l’alimentation, l’entretien de la maison et la beauté.
Le GAT est conçu pour convertir des invites textuelles, telles que « une brise d’été sur une île tropicale », en formules chimiques uniques. Aadit Patel, Senior VP de NotCo, a expliqué sur LinkedIn que ce système est basé sur un cadre de « langage naturel vers composition chimique », qui permet de créer des combinaisons moléculaires nouvelles. Selon l’entreprise, les premiers tests montrent que les parfums créés par GAT sont indiscernables de ceux élaborés par des parfumeurs humains, ce qui pourrait bouleverser un secteur où seuls 600 parfumeurs certifiés existent dans le monde.
Le GAT repose sur un réseau de transformateurs à deux systèmes, un encodeur et un décodeur, qui modélisent les interactions entre les molécules volatiles et créent des profils aromatiques spécifiques. En s’appuyant sur un vaste ensemble de données historiques de formulations de parfums et sur les structures moléculaires des composés volatils, le modèle peut prédire comment différentes molécules interagiront pour générer des arômes.
L’impact potentiel de cette technologie est immense. Développer de nouvelles formulations de saveurs et de parfums est traditionnellement long et coûteux, mais le GAT pourrait réduire ce processus à quelques secondes, entraînant des économies significatives pour l’industrie. NotCo prévoit de discuter plus en détail de cet outil lors du prochain événement virtuel Food AI Co-Lab, où ses experts en apprentissage automatique et en arômes partageront leurs perspectives sur le futur de la technologie des saveurs et des parfums.
Forbes, Beyond Sustainability: Guayakí's Regenerative Approach To Business, 07/10/2024
Guayakí Yerba Mate, entreprise pionnière dans l’approche de la régénération, incarne un modèle novateur de durabilité. Contrairement aux pratiques traditionnelles de durabilité qui visent simplement à éviter les dommages, Guayakí adopte un modèle de « régénération guidée par le marché » qui va au-delà en améliorant activement la biodiversité et la santé des écosystèmes. Fondée en 1996, cette entreprise de boissons tire ses produits du yerba maté, une plante sud-américaine, et s’engage dans des pratiques agricoles régénératives tout en promouvant le commerce équitable et le développement communautaire.
Le cœur de ce modèle repose sur des pratiques agricoles régénératives dans la forêt atlantique d’Amérique du Sud, où Guayakí collabore avec des communautés locales pour cultiver le yerba maté à l’ombre de plantes indigènes, préservant ainsi la biodiversité. La certification « Fair for Life » garantit que tous les acteurs de la chaîne d’approvisionnement reçoivent un salaire équitable, tandis que des primes au-dessus des prix du marché sont versées pour assurer une compensation juste. L’entreprise travaille depuis des décennies avec des communautés indigènes, renforçant des relations durables et aidant à améliorer les pratiques agricoles locales.
Ben Mand, PDG de Guayakí, souligne que la mission de l’entreprise est de favoriser la régénération, non seulement à travers l’agriculture, mais également via toute la chaîne d’approvisionnement. Cela comprend des partenariats de longue date avec des communautés indigènes, où des investissements ont été réalisés pour développer des infrastructures locales, telles que des usines de transformation de yerba maté. L’approche de Guayakí est holistique : l’objectif est de créer un écosystème de succès mutuel où tout le monde, des travailleurs aux communautés locales, bénéficie de ces partenariats.
La stratégie de Guayakí s’étend également au marché américain, où l’entreprise cherche à élargir sa clientèle, principalement composée de jeunes consommateurs soucieux de l’environnement. Ben Mand insiste sur l’importance de transmettre aux consommateurs que leurs choix peuvent avoir un impact positif, tant sur leur santé que sur la planète.
I4CE, Les financements publics du système alimentaire français : quelle contribution à la transition écologique ?, Septembre 2024
Le rapport dresse un bilan des soutiens publics au système alimentaire français et analyse leur contribution à la transition écologique. Il identifie environ 53,6 milliards d’euros de financements publics pour 2024, avec une augmentation de 29 % depuis 2018, mais la part des financements spécifiquement orientés vers la transition écologique reste faible.
En 2024, seulement 6 à 9 % des financements publics, soit entre 3,2 et 5 milliards d’euros, sont jugés favorables à la transition écologique. Bien que ces montants aient doublé ou triplé depuis 2018, ils restent largement en deçà des besoins estimés pour soutenir efficacement la transition. Des signes de ralentissement, tels que la stabilisation de la consommation de viande et le frein des conversions à l’agriculture biologique, soulignent la nécessité de renforcer ces financements.
Les principales cibles des financements écologiques incluent :
Réduction des émissions de gaz à effet de serre avec un soutien à la production de biométhane dans les exploitations agricoles (924 millions d’euros).
Diminution de l’utilisation des produits phytosanitaires à travers des soutiens à l’agriculture biologique et à la certification Haute Valeur Environnementale (HVE).
Pratiques agroécologiques et climatiques, notamment via les Mesures Agro-Environnementales et Climatiques (MAEC) de la Politique Agricole Commune (PAC).
Transition alimentaire, comprenant la végétalisation des repas et la lutte contre le gaspillage alimentaire dans la restauration collective.
Les principales recommandations sont :
Réorienter les financements incertains : Près de 70 % des financements (environ 37 milliards d’euros) sont jugés incertains mais potentiellement réorientables. Cela inclut les exonérations fiscales généralistes et les soutiens à la PAC, pour lesquels un verdissement des critères d’attribution est recommandé.
Accompagner la sortie des financements défavorables : Environ 7 % des financements sont considérés comme défavorables à la transition, principalement les exonérations fiscales liées aux énergies fossiles et les aides couplées à l’élevage. Le rapport préconise un accompagnement des acteurs concernés pour permettre une transition sans pertes économiques majeures.
Renforcer la part des financements favorables : Bien que des progrès aient été réalisés, la part des financements favorables doit encore être augmentée. Cela pourrait passer par un accroissement des critères environnementaux dans les politiques publiques, notamment dans les secteurs de la transformation agroalimentaire et de la distribution, où les financements sont actuellement très peu orientés vers la transition écologique.
Systemiq, L’avenir de la viande cultivée en Europe, Septembre 2024
Le rapport explore le potentiel économique et environnemental de la viande cultivée, une technologie qui pourrait transformer l’industrie agroalimentaire européenne. Selon l’analyse, la viande cultivée pourrait générer entre 20 et 85 milliards d’euros pour l’économie de l’Union européenne chaque année, tout en contribuant à réduire les émissions de gaz à effet de serre à hauteur de 3,5 milliards de tonnes d’ici 2050.
La demande mondiale en viande est en constante augmentation et devrait croître de 30 % d’ici 2050. Cependant, les systèmes alimentaires actuels sont déjà sous pression, rendant nécessaire une diversification des sources de protéines. La viande cultivée, obtenue à partir de cellules animales, représente une solution prometteuse. Elle pourrait non seulement répondre à la demande croissante, mais aussi contribuer à limiter l’empreinte écologique de la production alimentaire.
L’analyse, menée par Systemiq et le Good Food Institute Europe, envisage plusieurs scénarios dans lesquels la viande cultivée pourrait s’intégrer au marché européen. D’ici 2050, ce marché pourrait atteindre entre 15 et 80 milliards d’euros, créant jusqu’à 90 000 emplois hautement qualifiés. L’expansion de l’industrie de la viande cultivée pourrait également encourager le développement d’un marché plus large pour les protéines végétales, générant des bénéfices supplémentaires pour l’agriculture européenne.
Sur le plan environnemental, la viande cultivée pourrait réduire les émissions de gaz à effet de serre de 17 % des émissions totales prévues pour le secteur alimentaire en 2050. De plus, elle pourrait diminuer l’utilisation des terres agricoles de 22 à 33 %, libérant ainsi entre 11 et 18 millions d’hectares, et réduire la consommation d’eau jusqu’à 2,78 millions de mètres cubes.
Le rapport insiste sur le fait que pour réaliser ce potentiel, des investissements et des décisions politiques stratégiques sont nécessaires. Environ 5 milliards d’euros d’investissements annuels sont requis, dont 0,5 milliard en financement public. Ce financement devrait être alloué à la recherche et développement (R&D), à la création d’infrastructures et à l’expansion des chaînes d’approvisionnement.
Les gouvernements doivent aussi veiller à maintenir un cadre réglementaire favorable, tout en renforçant le soutien à la R&D et en encourageant l’adoption de technologies innovantes, notamment les bioréacteurs et équipements adaptés à la production de viande cultivée. L’acceptation des consommateurs sera également cruciale. Pour cela, les produits à base de viande cultivée devront rivaliser avec les produits conventionnels en termes de goût, de prix, et de sécurité alimentaire.
La France, grâce à son expertise en biotechnologie et à ses capacités en recherche, pourrait jouer un rôle clé dans ce secteur. D’ici 2050, le marché français de la viande cultivée pourrait valoir jusqu’à 13 milliards d’euros et créer environ 15 000 emplois. Ce marché pourrait couvrir 70 % de la demande nationale et générer jusqu’à 6,1 milliards d’euros de revenus annuels via les exportations.
Radiofrance, Pourquoi le sandwich fait-il toujours recette ?, 03/10/2024
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O. Frey