🌾🍇🐄 Eat's business 🍕🍷🧀 2024-23
Bonjour à toutes et à tous, Eat's Business est une newsletter dans laquelle vous trouverez une revue de presse de quelques articles sur le monde de l’alimentaire qui m’ont semblé intéressants dans la semaine précédente.
Pour ceux qui veulent la formule ristretto, les 3 articles que je vous conseille de lire en priorité cette semaine sont :
Les Échos, 224 oeufs par an et par Français, un record qui embarrasse les éleveurs, 18/06/2024
New York Times, 57 Sandwiches That Define New York City, 18/06/2024
Washington Post, The flaming-hot Korean noodle brand going viral and making millions, 19/06/2024
Bonne lecture et bonne semaine à toutes et à tous!
Pour celles et ceux d’entre vous qui ont plus de temps pour la formule lungo :
L’idée de lancer cette revue de presse sous forme de newsletter m’est venue pendant le confinement. Eat’s Business fêtera donc très bientôt ses 4 ans.
En 4 ans ce sont près de 180 revues de presse que vous avez eu l’occasion de consulter gratuitement.
Pour continuer à garder ce contenu gratuit et accessible à tous, notamment les étudiants, Eat’s Business cherche des sponsors pour la rentrée de septembre. Si vous souhaitez soutenir Eat’s Business n’hésitez pas à m’écrire à contact@olivierfrey.com pour que l’on discute ensemble des modalités.
Le Monde, La surface agricole cultivée en bio a reculé pour la première fois en France en 2023, 13/06/2024
Le secteur de l'agriculture biologique en France est confronté à une crise sans précédent. Selon les chiffres publiés par l'Agence Bio, la surface agricole cultivée en bio a reculé pour la première fois en 2023, avec une baisse de 54 000 hectares en un an. Cette diminution, qui porte la part des terres cultivées en bio à 10,36% de la surface agricole totale, fait suite à deux années de crise profonde ayant secoué la filière.
Face à la chute de la demande des consommateurs, de nombreux agriculteurs optent pour une déconversion partielle ou totale de leurs exploitations. Le président des Jeunes Agriculteurs, Pierrick Horel, envisage ainsi de renoncer à la certification bio pour une partie de ses cultures, une décision difficile mais nécessaire pour "préserver la performance économique" de sa ferme.
Derrière ce repli se cache un retournement de la consommation depuis 2022. L'impact de l'inflation sur le pouvoir d'achat, conjugué à une confusion autour des labels bio, a refroidi l'appétit des Français pour ces produits. Leur part dans l'alimentation a chuté à 5,6% l'an dernier. Certaines filières comme les céréales, la volaille ou le lait bio sont durement touchées par cette baisse de la demande, avec des baisses de prix vertigineuses.
Face à l'urgence, le gouvernement a débloqué une aide limitée de 104 millions d'euros en 2023, dont les critères d'attribution restrictifs n'ont permis d'aider que 4 300 exploitations. Pour 2024, une enveloppe de 90 millions d'euros a été annoncée, avec des règles assouplies. Mais la filière attendait surtout une reconnaissance politique, finalement obtenue avec l'inscription dans la loi d'orientation agricole d'un objectif de 18% de surfaces bio en 2027.
Si quelques signaux positifs émergent, comme la bonne tenue de la vente directe, la situation demeure préoccupante. La tendance pourrait encore se détériorer cette année, menaçant la pérennité d'un modèle agricole pourtant promu par les pouvoirs publics.
Les Échos, 224 oeufs par an et par Français, un record qui embarrasse les éleveurs, 18/06/2024
La consommation d'œufs en France a atteint un niveau record en 2023, avec 224 œufs par habitant et par an, soit une augmentation de 3% par rapport à l'année précédente. Cette tendance s'est encore accentuée début 2024, avec une hausse de 5,2% des achats à domicile entre janvier et avril. Ce succès s'explique notamment par des prix attractifs, les œufs restant la protéine animale la moins chère malgré une forte inflation en 2023. Les élevages alternatifs (au sol, plein air et bio) représentent désormais 78,6% des ventes en magasins, témoignant d'une évolution des préférences des consommateurs. Cependant, cette demande croissante met les éleveurs sous pression. La production, bien qu'en hausse de 4% en 2023 à 14,9 milliards d'œufs, peine à suivre. La France a retrouvé sa place de premier producteur européen, mais la grippe aviaire continue de décimer les élevages, avec un déficit d'un million de poules pondeuses.
Face à ces défis, l'Interprofession (CNPO) a lancé un plan ambitieux à l'horizon 2030. L'objectif est de maintenir l'autonomie française en œufs, actuellement à 99%, en construisant 300 nouveaux poulaillers pour un investissement de 300 millions d'euros. La filière s'engage également à dialoguer avec les associations et les ONG pour éviter les recours juridiques contre ces projets. Parmi les autres mesures envisagées, le CNPO demande l'extension de la loi Egalim à la restauration hors domicile, qui représente 18% du marché, pour garantir une meilleure contractualisation et une révision automatique des prix. La filière souhaite aussi améliorer le bilan carbone de l'œuf, notamment en favorisant la recherche sur l'alimentation des poules, responsable de trois quarts des émissions.
Alors que le secteur fait face à des défis importants, il semble déterminé à répondre à la demande croissante tout en s'adaptant aux nouvelles exigences environnementales et sociétales.
Le Monde, Le sandwich prend de la hauteur, 20/06/2024
Le sandwich connaît une renaissance gastronomique en France. Face à l'inflation et à l'évolution des habitudes alimentaires, ce classique du déjeuner sur le pouce se réinvente pour satisfaire une clientèle à la fois économe et gourmande. Selon une enquête du cabinet Strateg'eat, les boulangeries sont devenues les lieux de prédilection pour le snacking, les consommateurs étant prêts à débourser jusqu'à 7 euros en moyenne pour un sandwich haut de gamme. Cette tendance reflète un désir d'authenticité et de qualité, tout en restant dans un budget raisonnable.
Les artisans et chefs rivalisent d'inventivité pour sublimer le sandwich. Certains, comme The French Bastards, revisitent les classiques en proposant des versions démesurées et haut de gamme du jambon-beurre. D'autres, à l'instar du pâtissier Christophe Michalak, innovent avec des créations végétariennes audacieuses, comme le "croissant bretzel". La définition même du sandwich s'élargit, englobant désormais des créations sophistiquées. Des chefs étoilés comme Alexandre Mazzia à Marseille proposent des versions luxueuses, incorporant des ingrédients raffinés et des techniques culinaires avancées. Le lobster roll, sandwich au homard, fait son entrée dans les palaces, symbolisant cette montée en gamme.
Cependant, cette évolution ne signifie pas la disparition du sandwich abordable. Des établissements comme Michelle Mabelle à Paris ou Bleuet à Lille offrent des créations soignées à des prix raisonnables, utilisant des produits locaux et de saison. Ces sandwichs gastronomiques servent souvent de passerelle pour faire découvrir l'univers de chefs talentueux à un public plus large. Le banh mi vietnamien connaît également un regain de popularité, illustrant la diversification des offres. Des lieux comme la librairie-sandwicherie Khai Tri à Paris maintiennent des prix bas tout en proposant des recettes traditionnelles de qualité.
Cette évolution du sandwich reflète les changements dans les habitudes de consommation des Français. Entre tradition et innovation, économie et gastronomie, le sandwich se réinvente pour répondre aux attentes d'une clientèle de plus en plus exigeante et curieuse. Il devient ainsi un terrain d'expression culinaire à part entière, capable de s'adapter aux tendances tout en conservant son statut de repas rapide et accessible.
Les Échos, Tariquet, ce vin d'artisan devenu un géant du blanc, 14/06/2024
Au cœur du Gers, le domaine viticole Tariquet s'est imposé comme un géant français du vin blanc, exportant sa production dans plus de 60 pays. Cette success story familiale, qui dure depuis cinq générations, illustre comment une petite exploitation a su se transformer en un empire viticole tout en préservant son caractère artisanal.
L'histoire de Tariquet débute en 1912 avec l'achat du domaine par Jean-Pierre Artaud, ancien montreur d'ours devenu barman à New York. Au fil des décennies, la famille Grassa a su développer l'exploitation, passant de 7 hectares de vignes en mauvais état à plus d'un millier d'hectares aujourd'hui, faisant de Tariquet le plus vaste vignoble d'un seul tenant en France. Le tournant majeur survient dans les années 1980, lorsque la famille décide de se lancer dans la production de vin blanc sec pour faire face à la crise de l'armagnac. Contre toute attente, leur première cuvée "Classic" remporte un franc succès, notamment au Royaume-Uni, marquant le début d'une expansion internationale. Aujourd'hui dirigé par la nouvelle génération, Rémy et Armin Grassa, Tariquet continue d'innover tout en restant fidèle à ses racines. L'entreprise investit massivement dans la recherche et le développement, adoptant des méthodes de culture respectueuses de l'environnement et des techniques de vinification à la pointe de la technologie.
Le succès de Tariquet repose sur sa capacité à produire des vins blancs légers, désaltérants et légèrement sucrés, qui correspondent parfaitement aux tendances actuelles de consommation. Cette stratégie a permis à la marque de s'imposer sur des marchés aussi diversifiés que les bistrots parisiens ou les tables des ostréiculteurs japonais.
BFM, Michou, Mister V, FastGoodCuisine... ce que cachent les burgers et pizzas des influenceurs, 15/06/2024
Ces derniers mois, les influenceurs et youtubeurs se lancent de plus en plus dans l’industrie de la restauration. Parmi eux, Michou, Amixem, FastGoodCuisine et Mister V ont tous ouvert des établissements ou lancé des produits alimentaires.
Pourtant, derrière ces projets ambitieux, se cachent souvent des dark kitchens, des marques blanches et des échecs cuisants. Le 8 juin, le youtubeur Michou a inauguré son premier fast-food, Mealy, à Amiens, proposant une carte variée de burgers, sandwiches, cookies, frites et sundaes. Bien que l’ouverture ait suscité l’enthousiasme de ses 9,7 millions d’abonnés, elle a également été critiquée sur les réseaux sociaux pour des problèmes d’hygiène. Ces critiques reflètent une tendance croissante chez les influenceurs à diversifier leur offre en lançant des restaurants.
Depuis 2021, des influenceurs comme Charles Gilles-Compagnon (FastGoodCuisine) utilisent des dark kitchens pour leurs marques, comme Pepe Chicken. Ces cuisines, uniquement dédiées à la livraison, permettent de réduire les coûts en évitant les emplacements stratégiques et les décors onéreux. Cependant, ce modèle est critiqué pour son manque de transparence et la standardisation des produits, souvent fabriqués par le même fournisseur. Louis, un youtubeur, a mis en lumière les similitudes entre les produits de différentes marques associées à Taster, comme Starsmash d’Amixem et Pepe Chicken de FastGoodCuisine. Ces dark kitchens utilisent souvent les mêmes ingrédients et emballages, ce qui déçoit les consommateurs en quête d’authenticité.
Les dark kitchens sont accusées de déshumaniser la restauration et de nuire aux commerces traditionnels. Xavier Vankerrebrouck, aka Mon Paname, souligne que ces cuisines cachent leur véritable nature aux clients et uniformisent les goûts. De plus, elles exploitent souvent les livreurs des plateformes de livraison. Certains influenceurs, comme IbraTV, préfèrent les restaurants physiques. Sa chaîne Black and White Burger, lancée en 2018, a connu un succès international, avec des franchises en France et à l’étranger. D’autres, comme Zack Nani et Vallouz, suivent cette voie en ouvrant des établissements à Paris. Mister V a connu un grand succès avec ses pizzas surgelées Delamama, en partenariat avec Universal Music et produites par Freiberger, une entreprise allemande. Cependant, le design et le concept rappellent fortement ceux de pizzas similaires lancées par un rappeur allemand. Cette pratique de marque blanche soulève des questions sur l’originalité et l’authenticité des produits.
Malgré quelques succès, la plupart des initiatives de restauration des influenceurs peinent à durer. Certains experts en restauration restent sceptiques quant à leur viabilité à long terme. La notoriété seule ne suffit pas à garantir le succès si la qualité et l’hygiène ne sont pas au rendez-vous, comme l’ont montré les échecs de certaines pizzerias d’influenceurs.
Le Figaro, Qui est l’influenceur Alexis Thiebaut, condamné à payer 3500 euros d’amende par la répression des fraudes ?, 17/06/2024
L'influenceur food Alexis Thiebaut, connu sous le nom "Le Paris d'Alexis", a été sanctionné par la DGCCRF pour pratiques commerciales trompeuses. Suivi par plus de 430 000 abonnés sur Instagram et 135 000 sur TikTok, il est réputé pour ses découvertes de restaurants parisiens et d'ailleurs. Selon la DGCCRF, l'influenceur aurait fait la promotion de certains établissements dans le cadre de partenariats commerciaux, sans le mentionner clairement à ses abonnés. Cette omission contrevient à la loi encadrant l'influence commerciale, promulguée il y a un an.
Il a été condamné à une amende de 3500 euros et à voir publier le communiqué sur les sites et réseaux sociaux de la DGCCRF, ainsi que de la préfecture de police de Paris. Il s'agit du premier influenceur culinaire sanctionné dans ce cadre, mettant en lumière les pratiques potentiellement trompeuses dans ce secteur très populaire. Cette sanction s'inscrit dans une stratégie de "name and shame" adoptée par la DGCCRF depuis un an. Il est le quinzième influenceur épinglé pour des pratiques commerciales trompeuses, rejoignant une liste qui inclut des personnalités comme Illan Castronovo, Julien Bert, Simon Castaldi et Poupette Kenza.
L'affaire soulève des questions sur la transparence des influenceurs food, dont les avis sont souvent perçus par les jeunes comme aussi pertinents que ceux des guides gastronomiques traditionnels. Elle pourrait inciter d'autres créateurs de contenu à être plus transparents sur leurs modèles économiques.
Le Figaro, Chez l'Ami Louis, c'est LVMH qui prend les commandes, 20/06/2024
Le groupe LVMH vient d'annoncer le rachat du célèbre restaurant parisien L'Ami Louis, qui fête ses 100 ans cette année. Cette institution de la capitale, située rue du Vertbois dans le 3e arrondissement, est réputée pour son atmosphère d'antan et sa clientèle prestigieuse, allant des présidents aux stars hollywoodiennes. L'Ami Louis, avec ses 13 tables et 50 couverts, incarne une France d'avant l'ère numérique. Son décor vintage, sa cuisine traditionnelle française et son ambiance décontractée en font un lieu prisé des célébrités et des amateurs de gastronomie du monde entier.
LVMH, dont la famille Arnault est une habituée du restaurant, a décidé d'acquérir l'établissement pour préserver son identité unique. Le groupe assure qu'aucun changement ne sera apporté à la recette qui a fait le succès de L'Ami Louis : le décor, la carte et même les prix resteront inchangés. Cette acquisition s'inscrit dans la stratégie de LVMH d'investir dans l'art de vivre français. Le restaurant rejoint l'entité LVMH Hospitality Excellence, qui comprend déjà le groupe hôtelier Belmond et l'Hôtel Cheval Blanc à Paris.
Pour LVMH, L'Ami Louis incarne des valeurs chères au groupe telles que l'artisanat et la transmission. Le restaurant est reconnu pour ses liens étroits avec les meilleurs producteurs et viticulteurs, développés sur plusieurs générations. Bien que cette acquisition puisse sembler anecdotique pour un groupe de la taille de LVMH, elle témoigne de l'intérêt croissant du conglomérat pour le secteur de l'hospitalité et de la gastronomie. Elle souligne également la volonté du groupe de préserver et de promouvoir le patrimoine culinaire français, tout en renforçant sa présence dans le domaine du luxe expérientiel.
New York Times, 57 Sandwiches That Define New York City, 18/06/2024
Un super article du NYT pour tous les fans de streetfood qui ont prévu de partir à New York dans les prochains mois. Il met en lumière 57 sandwiches qui définissent la scène culinaire new-yorkaise, reflétant la diversité culturelle, l’amour des ingrédients de qualité et la quête du plaisir gastronomique immédiat de la ville. Cette liste n’est pas un classement mais une célébration de la richesse gastronomique de New York, offrant un aperçu des cinq grands quartiers de la ville à travers des héros, des classiques de bodega, des créations inspirées, des nouveautés végétariennes et bien plus encore.
Les incontournables comme le bacon, œuf et fromage (BEC) de C&B dans l’East Village et le sandwich au saumon fumé de Radio Bakery à Greenpoint illustrent la réinvention des classiques new-yorkais. Pendant ce temps, des créations innovantes comme le katsu sando au Little Egg et le sandwich végétarien de Court Street Grocers montrent l’influence croissante des saveurs internationales.
Des institutions comme Katz’s Delicatessen avec son pastrami sur seigle et Russ & Daughters Cafe avec son bagel classique au saumon demeurent des références. Cependant, des trésors moins connus, comme le HLT de Baby Blues Luncheonette ou le sandwich au pho de Little Kirin, enrichissent la scène culinaire avec des saveurs uniques et des histoires locales.
Des sandwicheries comme Faicco’s Italian Specialties et Casa Della Mozzarella dans le Bronx, en passant par des endroits innovants comme Superiority Burger, montrent comment chaque quartier apporte sa propre patte aux sandwiches. Des influences italiennes, japonaises, cubaines et bien d’autres se combinent pour créer une offre diversifiée qui ravit les palais des locaux et des touristes.
Washington Post, The flaming-hot Korean noodle brand going viral and making millions, 19/06/2024
Les nouilles instantanées Buldak, un phénomène culinaire sud-coréen, connaissent un succès fulgurant à l'échelle mondiale. Ces "nouilles au poulet de feu", réputées pour leur goût épicé intense, sont devenues bien plus qu'un simple en-cas : elles incarnent désormais une véritable tendance culturelle. Elles sont devenues virales grâce aux réseaux sociaux, avec des utilisateurs qui les essayent et réagissent devant la caméra. La marque est mentionnée dans plus de 360 millions de publications sur TikTok et a accumulé des centaines de millions de vues sur YouTube. La récente interdiction au Danemark des variétés les plus épicées a fait les gros titres, bien que Samyang, leur fabricant, ait contesté ces interdictions.
Lancées en 2012, les Buldak ont d'abord été popularisées en Corée du Sud comme un défi culinaire entre amis. Aujourd'hui, elles génèrent des millions de dollars de ventes à l'international et font l'objet d'une attention médiatique considérable. Le phénomène Buldak s'inscrit dans un contexte plus large de rayonnement culturel sud-coréen, porté par la K-pop, les K-dramas et l'engouement mondial pour la cuisine coréenne.
L'histoire des Buldak reflète l'évolution de la perception des nouilles instantanées en Corée du Sud. Initialement symbole de difficultés économiques dans l'après-guerre, les ramyeon sont aujourd'hui célébrées comme un produit "cool" et innovant. Cette transformation s'inscrit dans une histoire complexe, liée à l'influence américaine d'après-guerre et aux politiques gouvernementales visant à promouvoir la consommation de farine.
Aujourd’hui, les nouilles Buldak font partie de l’énorme vague de produits coréens viraux qui influencent les habitudes alimentaires américaines, avec des chaînes de supermarchés asiatiques en expansion aux États-Unis. Les produits Buldak sont désormais disponibles dans des magasins américains comme Walmart et sont au cœur de la “vague coréenne”. Samyang continue d’innover en lançant régulièrement de nouveaux produits Buldak, capitalisant sur les tendances des défis alimentaires épicés et des vidéos de dégustation.
Avant la pandémie, certains pensaient que la vague coréenne allait s’essouffler, mais la diffusion massive de contenus coréens sur Netflix pendant les périodes de confinement a créé une nouvelle base de fans. La cuisine coréenne est souvent mise en avant dans ces programmes, contribuant à son succès international.
The Guardian, McDonald’s ends AI drive-thru trial as fast-food industry tests automation, 17/06/2024
McDonald's met fin à son expérimentation de l'intelligence artificielle (IA) dans ses drive-in, soulevant des questions sur l'engouement de l'industrie de la restauration rapide pour cette technologie. McDo va retirer les systèmes de commande automatisés basés sur l'IA de plus de 100 établissements aux États-Unis. Ces systèmes, qui utilisaient une voix artificielle pour répondre aux commandes des clients, étaient testés dans le cadre d'un partenariat entre McDonald's et IBM depuis 2021.
Bien que McDonald's n'ait pas expliqué publiquement l'arrêt de ce test, le groupe a indiqué qu'il prendrait une décision sur l'avenir des commandes automatisées d'ici la fin de l'année. Un porte-parole a souligné qu'une "solution de commande vocale pour les drive-in fera partie de l'avenir de nos restaurants". L'industrie de la restauration rapide s'est fortement intéressée à l'intégration de l'IA générative ces dernières années. Outre McDonald's, des chaînes comme Wendy's, Hardee's, Carl's Jr et Del Taco utilisent déjà cette technologie dans leurs drive-in. Yum Brands, propriétaire de Taco Bell et KFC, a même annoncé une "mentalité IA-first" pour ses restaurants.
Cet engouement pour l'IA est largement motivé par la volonté de réduire les coûts de main-d'œuvre, notamment face à l'augmentation du salaire minimum dans certains États comme la Californie. Cependant, l'utilisation de l'IA a également conduit à des situations embarrassantes, largement relayées sur les réseaux sociaux. Des vidéos virales ont montré des erreurs de commande spectaculaires, comme l'ajout d'articles erronés ou la multiplication excessive des quantités commandées. De plus, certains systèmes automatisés ont été critiqués pour leur dépendance à une main-d'œuvre humaine externalisée. Presto Automation Inc, fournisseur de services d'IA pour les chaînes de restauration rapide, a révélé que des travailleurs de pays comme les Philippines interviennent dans environ 70% des interactions avec les clients.
Au-delà des commandes au drive-in, les entreprises explorent d'autres applications de l'IA générative, comme le développement de chatbots pour leurs applications ou l'utilisation de la reconnaissance d'image pour estimer les temps d'attente. En décembre dernier, McDonald's a conclu un accord avec Google pour créer un chatbot nommé "Ask Pickles", destiné à former les employés sur des sujets tels que le nettoyage des équipements de restaurant.
Wired, Potatoes Are the Perfect Vegetable—but You’re Eating Them Wrong, 20/06/2024
La pomme de terre, longtemps considérée comme un aliment miracle, fait face à un déclin de popularité aux États-Unis. Malgré ses qualités nutritionnelles exceptionnelles, la consommation de pommes de terre fraîches est en chute libre, au profit des versions transformées et surgelées. Depuis le pic de consommation atteint en 1996, avec 64 livres par personne et par an, les Américains ne consomment plus que 45 livres aujourd'hui, soit une baisse de 30%. Plus inquiétant encore, la consommation de pommes de terre surgelées, principalement sous forme de frites, a dépassé celle des pommes de terre fraîches en 2019.
Ce changement de paradigme soulève des questions sur l'avenir de ce légume autrefois considéré comme le moteur de la civilisation. Riche en vitamines, potassium, fibres et protéines, la pomme de terre reste un aliment nutritif, comme l'a démontré Chris Voigt, directeur exécutif de la Washington State Potato Commission, en suivant un régime exclusivement composé de pommes de terre pendant 60 jours en 2010. Cependant, la perception de la pomme de terre a changé. Désormais associée à la malbouffe industrielle, elle peine à conserver son statut de légume sain. La prépondérance des frites et chips dans la consommation actuelle contribue à cette image négative, malgré les efforts de l'industrie pour promouvoir ses qualités nutritionnelles.
L'histoire de la pomme de terre est pourtant intimement liée à celle de l'humanité. Introduite en Europe au XVIe siècle, elle a révolutionné l'agriculture et contribué à la croissance démographique. Aujourd'hui, elle se trouve à la croisée des chemins, cherchant à reconquérir sa place dans l'alimentation moderne. L'industrie de la pomme de terre tente de redorer son blason. Potatoes USA utilise l'intelligence artificielle pour contrer la désinformation nutritionnelle en ligne. Des efforts marketing sont déployés pour séduire les athlètes amateurs, mais ces initiatives paraissent modestes comparées aux campagnes massives de l'industrie de la viande ou des produits laitiers.
L'avenir de la pomme de terre américaine pourrait se jouer à l'international, avec le Japon comme marché prometteur pour les frites surgelées. Cependant, le défi majeur reste de reconquérir les cuisines américaines, où la préparation de pommes de terre fraîches est en déclin.
Taste, Order Your Next Mac and Cheese From…Etsy?, 11/06/2024
Etsy, la plateforme de commerce électronique connue pour ses produits artisanaux, devient une destination florissante pour les cuisiniers amateurs souhaitant se professionnaliser. L’article met en lumière cette tendance croissante où des passionnés de cuisine à travers les États-Unis utilisent Etsy pour vendre leurs plats faits maison. On y découvre plusieurs vendeurs, dont Sherrie Minter, 67 ans, qui, après une carrière de 35 ans dans une centrale nucléaire, s'est lancée sur Etsy en 2022. Elle expédie désormais des repas congelés et emballés sous vide dans tout le pays, voyant cette activité comme un revenu supplémentaire et un héritage potentiel pour sa famille.
Cette tendance contraste avec le monde culinaire actuel, dominé par les pop-ups tape-à-l'œil et les influenceurs TikTok. Sur Etsy, les cuisiniers sont motivés par l'amour de la cuisine et le désir de partager des plats réconfortants, plutôt que par la construction d'une image de marque personnelle. Les clients apprécient la possibilité de trouver des saveurs culturellement spécifiques, de soutenir les petites entreprises et d'acheter des produits faits avec de vrais ingrédients. Emma Mahoney, 54 ans, compare l'expérience à "recevoir un colis de sa tante".
L'article souligne également la dimension culturelle de certaines offres. Ron Daise, 68 ans, utilise ses gâteaux pour partager l'histoire Gullah Geechee, tandis que Michelle Bethea et Kimberly Beachum, un duo mère-fille, proposent des versions modernisées des recettes de leur grand-mère. Malgré les défis logistiques et environnementaux liés à l'expédition de produits alimentaires, les vendeurs trouvent du soutien dans les forums d'Etsy. Les relations entre vendeurs et clients peuvent devenir très personnelles, avec des échanges chaleureux et des retours d'expérience précieux.
L'article conclut en soulignant que, dans un monde de plus en plus fragmenté, acheter de la nourriture faite maison sur Etsy représente un phare de connexion authentique. Comme le dit Kimberly Beachum : "Nous voulons que le client sache que notre nourriture a vraiment été faite avec amour". Cette tendance émergente sur Etsy illustre un désir croissant de connexion humaine et d'authenticité dans le monde culinaire, offrant une alternative rafraîchissante aux grandes chaînes alimentaires et aux tendances éphémères des réseaux sociaux.
Wall Street Journal, Knockoffs No Longer: Store Brands Get Fancy in a Private-Label Revolution, 21/06/2024
Les marques de distributeurs connaissent une révolution aux États-Unis, s'éloignant de leur image de simples copies bon marché pour devenir des produits de qualité à part entière. Cette tendance, déjà bien établie en Europe, gagne du terrain outre-Atlantique. Walmart, le plus grand détaillant américain, a lancé en avril dernier une marque alimentaire haut de gamme nommée Bettergoods, proposant des produits innovants tels que des confitures aux saveurs exotiques ou des glaces végétales. De son côté, le conglomérat Ahold Delhaize vise à augmenter la part de ses marques propres à 45% d'ici 2028, contre 38% actuellement.
Ces marques de distributeurs offrent de meilleures marges aux détaillants et renforcent la fidélité des consommateurs. Des enseignes comme Trader Joe's, Aldi et Costco ont réussi à créer un véritable engouement autour de leurs produits, gagnant des parts de marché au détriment des supermarchés traditionnels. Malgré cette évolution, la part globale des marques de distributeurs aux États-Unis reste modeste, à environ 22% des ventes, loin derrière les 40% observés en Europe occidentale. Cette différence s'explique notamment par la structure du marché américain, où les quatre plus grands distributeurs ne représentent qu'un tiers des ventes, contre deux tiers au Royaume-Uni.
La pandémie a eu un impact complexe sur cette dynamique. Si elle a poussé les consommateurs à essayer davantage de produits de marques propres, elle a aussi permis aux grandes marques de renforcer leur position grâce à des chaînes d'approvisionnement plus robustes. Cependant, face à une inflation cumulée de 26% depuis 2019 sur les produits alimentaires, les consommateurs se tournent de plus en plus vers les marques de distributeurs pour économiser. Les grands groupes de produits de consommation devront donc innover et potentiellement baisser leurs prix pour rester compétitifs.
Les distributeurs, quant à eux, misent sur l'innovation et la réactivité. Aldi, par exemple, introduit chaque semaine une centaine de nouveaux produits saisonniers, s'adaptant rapidement aux retours des consommateurs. Cette montée en puissance des marques de distributeurs pourrait finalement bénéficier aux consommateurs. Face à cette concurrence accrue, les grandes marques seront contraintes soit d'améliorer la qualité de leurs produits, soit de baisser leurs prix.
CNBC, Disease, drought and alternative fruits: The orange juice industry is in crisis, 18/06/2024
L'industrie du jus d'orange traverse actuellement une crise sans précédent. Les prix ont atteint des sommets historiques, poussés par une combinaison de facteurs tels que les conditions météorologiques extrêmes liées au changement climatique, des contraintes d'approvisionnement persistantes et une maladie des agrumes appelée "greening".
Le Brésil, premier producteur et exportateur mondial de jus d'orange, est particulièrement touché. Selon le centre de recherche Fundecitrus, le pays devrait connaître l'une de ses pires récoltes d'oranges depuis plus de trente ans. La production prévue pour la saison 2024-2025 est en baisse de 24% par rapport au cycle précédent. La maladie du greening, qui rend les fruits amers et rabougris, est devenue un fléau à long terme pour les agriculteurs dans les régions productrices d'oranges du monde entier. En Floride, la production est passée de 242 millions de caisses il y a 20 ans à seulement 17 millions aujourd'hui.
Face à cette crise, certains fabricants et mélangeurs de jus d'orange explorent l'utilisation de fruits alternatifs comme les mandarines, les pommes et les poires pour diluer la boisson. Cependant, les experts de l'industrie, comme Kees Cools, président de l'Association internationale des jus de fruits et légumes, estiment qu'il n'y a pas de solution à court terme en vue. Les analystes prévoient que les prix élevés vont persister, car il faudrait plusieurs bonnes récoltes consécutives pour restaurer des niveaux de stocks normaux au Brésil. Avec 40% des plantations brésiliennes affectées par le greening et des conditions climatiques volatiles, la probabilité d'atteindre de telles récoltes est faible.
Cette crise met en lumière la vulnérabilité de l'industrie du jus d'orange face aux changements climatiques et aux maladies des cultures. Elle soulève également des questions sur la durabilité à long terme de la production d'agrumes et la nécessité de développer des solutions innovantes pour faire face à ces défis croissants.
IFIC, 2024 Food and Health Survey
L’enquête annuelle de l’International Food Information Council (IFIC) met en lumière les tendances actuelles et les préoccupations des consommateurs américains en matière d’alimentation, de nutrition et de bien-être, tout en soulignant l’impact croissant des médias sociaux et de la technologie sur les choix alimentaires.
Quelques points à retenir :
Près de 3 Américains sur 4 grignotent au moins une fois par jour.
Plus de la moitié des Américains remplacent occasionnellement ou régulièrement les repas traditionnels par des collations ou de plus petits repas.
Le goût (85%) reste le facteur le plus influent pour les décisions d’achat, suivi du prix (76%) et de la santé (62%). La commodité (57%) et la durabilité environnementale (31%) jouent également un rôle important.
L’exposition au contenu alimentaire et nutritionnel sur les réseaux sociaux a augmenté significativement (54% en 2024 contre 42% en 2023). Les jeunes générations sont plus enclines à voir et à faire confiance à ce contenu.
51% des consommateurs sont intéressés par l’aide de l’IA pour faire des choix alimentaires sûrs et nutritifs. De plus, 65% croient que les outils en ligne et les applications mobiles peuvent les aider à améliorer leur alimentation et leur activité physique.
Un épisode de Business of Bouffe consacré à celle qui vient d’être sacrée Meilleure Pâtissière du monde
Les critiques gastronomiques vus par Stéphane Collaro en 1977
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O. Frey