🌾🍇🐄 Eat's business 🍕🍷🧀 2024-03
Bonjour à toutes et à tous, Eat's Business est une newsletter dans laquelle vous trouverez une revue de presse de quelques articles sur le monde de l’alimentaire qui m’ont semblé intéressants dans la semaine précédente.
Pour ceux qui veulent la formule ristretto, les 3 articles que je vous conseille de lire en priorité cette semaine sont :
Usine Nouvelle, En Bretagne, la souveraineté alimentaire est aussi source de divisions, 09/01/2024
Les Échos, Adieu le jambon-beurre, vive le sandwich haut de gamme, 16/01/2024
Energy Monitor, The road to a net-zero food system, 08/01/2024
Bonne lecture et bonne semaine à toutes et à tous!
Pour celles et ceux d’entre vous qui ont plus de temps pour la formule lungo :
Les Échos, Inflation : les surprenantes nouvelles habitudes des Français au supermarché, 18/01/2024
L'article analyse les changements dans les habitudes de consommation des Français dans les supermarchés en 2023, en réponse à l'inflation. Bien que l'inflation ait légèrement diminué, passant de 14 % en début d'année à 12,8 %, elle a entraîné une hausse des prix de 20 % depuis 2021. Cette augmentation a affecté les volumes de vente, notamment pour les grandes marques, qui ont vu leurs ventes baisser de 6,2 %, tandis que les marques de distributeurs ont connu une légère hausse de 0,8 %.
Malgré l'inflation, le secteur de la restauration a montré une résilience surprenante, avec une augmentation de la fréquentation de 4 % et une croissance du chiffre d'affaires de 12 %. Les consommateurs français ont adapté leurs habitudes, optimisant leurs achats en cherchant les meilleures offres dans diverses enseignes. Cependant, les magasins discount comme Lidl et Aldi n'ont pas significativement augmenté leur part de marché.
Les consommateurs ont également modifié leurs choix de produits, limitant les dépenses sur des articles coûteux comme l'alcool et les produits d'hygiène-beauté, tout en s'octroyant des petits plaisirs sucrés ou salés. Les tendances démographiques, telles que le vieillissement de la population et l'augmentation des ménages d'une seule personne, influencent également les habitudes de consommation.
Pour 2024, les experts prévoient une hausse des prix d'environ 2,5 % et une inflation alimentaire inférieure à 2 %. Cette analyse met en évidence la manière dont les Français réagissent et s'adaptent à l'environnement économique changeant, en particulier en termes de consommation alimentaire et de choix de magasins.
Les Échos, Inflation : la boulangerie de plus en plus sacrifiée par les Français, 19/01/2024
L'article décrit le ralentissement des ventes dans le secteur de la boulangerie-pâtisserie en France en 2023. Après une période dynamique en 2021 et 2022, où les ventes avaient augmenté respectivement de 9 % et 5 %, la croissance a ralenti en 2023, n'atteignant qu'une augmentation de 5 % pour un chiffre d'affaires de 15,1 milliards d'euros. Cette baisse est attribuée à un changement dans le comportement des consommateurs, avec une personne sur cinq achetant moins de produits et certains optant pour des options moins chères en raison de la hausse des prix des ingrédients comme le beurre, la crème, le chocolat, et des coûts énergétiques.
Le snacking, particulièrement populaire à midi, a également subi un ralentissement avec la reprise de l'activité des cantines et la diminution du télétravail. Le paysage de la boulangerie française change également : sur 32.600 points de vente, 30.100 sont indépendants et représentent 70 % des visites de clients. Cependant, les chaînes comme Marie Blachère, Paul, et d'autres, continuent de gagner du terrain, représentant désormais 18 % du chiffre d'affaires.
Pour 2024, on prévoit la fermeture de 100 à 200 boulangeries-pâtisseries indépendantes fragiles, tandis que les chaînes s'attaquent de plus en plus aux centres-villes. Bien que les perspectives à moyen terme du secteur restent positives, la croissance devrait être moins rapide, avec une prévision de chiffre d'affaires de 15,6 milliards d'euros pour 2026, soit une augmentation de seulement 3,3 % par rapport à 2023. Les ventes de produits de snacking devraient quant à elles être 15 % supérieures à 2022.
Le Monde, Matières premières : « Bonne pioche pour la pomme de terre », 15/01/2024
L'article met en lumière la situation actuelle du marché de la pomme de terre en France. Après une période de pénurie, les stocks de pommes de terre se sont reconstitués, avec une collecte estimée à 6,8 millions de tonnes en 2023, soit une augmentation de 12 % par rapport à l'année précédente. Cette hausse est le résultat d'une augmentation des surfaces plantées et des rendements, surtout après une année 2022 difficile.
Contrairement à ce que l'on pourrait attendre, l'abondance des stocks n'a pas entraîné une chute des prix. Au contraire, les prix restent élevés. L'article souligne également un changement dans les habitudes de consommation en France. Les consommateurs semblent réticents à acheter des pommes de terre fraîches pour les cuisiner, préférant des options plus pratiques comme les frites surgelées ou les chips. Environ 60 % des pommes de terre consommées en France sont prêtes à l'emploi.
La demande européenne pour les pommes de terre françaises est forte, en particulier dans le nord de la France, une région très prisée par les fabricants français, belges et néerlandais. Cette forte demande, couplée aux récoltes limitées dans d'autres pays européens en raison de la sécheresse et des intempéries, maintient les prix à un niveau élevé. Le prix varie selon l'utilisation des pommes de terre, atteignant environ 200 euros la tonne pour celles destinées à la purée ou aux frites, et jusqu'à 300 euros pour les chips. Pour les pommes de terre vendues fraîches, le prix peut même monter à 400 euros la tonne.
Usine Nouvelle, En Bretagne, la souveraineté alimentaire est aussi source de divisions, 09/01/2024
L'article explore les diverses approches de la souveraineté alimentaire en Bretagne, une région clé de l'agroalimentaire français. Il illustre comment cette souveraineté alimentaire est source de divisions entre les différents acteurs de l'industrie.
Philippe Bizien, président de l'interprofession nationale porcine, souligne la tension entre la production de masse et la montée en gamme. Sa ferme, par exemple, élève 12 000 cochons près de Landunvez. Il mentionne que, face à l'inflation, il est nécessaire de se concentrer sur le cœur de gamme et d'agrandir et rénover les élevages pour maintenir la compétitivité.
Le secteur de la volaille, représenté par le couvoir Goasduff en Finistère, est également confronté à des défis. Ce couvoir, capable de faire éclore 1,3 million de poussins par semaine, illustre le fossé entre la perception idéalisée de l'élevage et la réalité industrielle. Loïc Goasduff, directeur général, met en lumière la nécessité de simplifier la gamme de produits et de réduire le nombre de labels pour rester compétitifs malgré l'inflation.
Le domaine des légumes en conserve, représenté par l'Unilet, rencontre ses propres défis. Cécile Le Doaré, directrice générale, évoque les difficultés liées à la réglementation sur les produits phytosanitaires et les efforts pour adopter des pratiques agronomiques plus durables. L'exemple de Jacques Cordroc'h, un producteur de légumes, montre les défis pratiques de l'agriculture durable.
La souveraineté alimentaire en Bretagne est également influencée par les nouveaux acteurs et les approches innovantes. Bredial, une PME dirigée par Gautier Jézéquel, se concentre sur des produits de qualité sans additifs. De son côté, Olivier Barreau, directeur général de Grain de Sail, met l'accent sur la production durable et la responsabilité environnementale, malgré les défis posés par l'inflation et la sensibilité aux prix.
L’Informé, Nutella très vexé que Nocciolata communique sur sa pâte à tartiner « sans huile de palme », 12/01/2024
L'article aborde le conflit judiciaire entre Nutella, propriété de la multinationale Ferrero, et son concurrent italien Nocciolata, appartenant à Rigoni di Asiago, concernant la publicité de Nocciolata qui met l'accent sur son absence d'huile de palme.
Nutella a attaqué Nocciolata en justice, accusant cette dernière de concurrence déloyale et de dénigrement. La publicité de Nocciolata mettait en avant que leur produit était "sans huile de palme" et contenait "de bonnes noisettes bio". Nutella, souvent critiqué pour son utilisation d'huile de palme, a perçu cette publicité comme une attaque directe, bien que ni Nutella ni Ferrero n'étaient mentionnés dans le spot.
Le tribunal de commerce de Paris et ensuite la Cour d'appel ont rejeté les allégations de Nutella, jugeant que les publicités de Nocciolata se contentaient de décrire leur produit sans dénigrer l'huile de palme ou attaquer Nutella directement. Les juges ont souligné que Nocciolata adoptait une stratégie de communication basée sur le biologique, l'écologie et la santé. Ils ont également affirmé que Ferrero ne détenait aucun droit exclusif sur la pâte à tartiner à la noisette.
Cette affaire s'inscrit dans un contexte plus large où Nutella, autrefois dominant sur le marché des pâtes à tartiner, fait face à une concurrence croissante. D'autres marques telles que Mondelez, Andros, Lucien Georgelin, Poulain et Banania ont également introduit des pâtes à tartiner, souvent sans huile de palme et avec des ingrédients locaux. En conséquence, la part de marché de Nutella a diminué, passant de 85 % en 2013 à 66,5 % en 2022, tandis que Nocciolata est devenue le deuxième acteur sur ce marché.
Les Échos, Adieu le jambon-beurre, vive le sandwich haut de gamme, 16/01/2024
L'article décrit la révolution culinaire du sandwich en France, en particulier à Paris, où le traditionnel jambon-beurre laisse place à des créations plus élaborées et haut de gamme. Cette tendance, émergente dans divers quartiers parisiens, présente des sandwiches innovants et gourmands, souvent préparés avec des produits de saison et une touche de chef. Des établissements parisiens comme Sandwichette, Superposé, Traiteur Mamiche, Plan D ou Michelle Mabelle offrent des variétés allant du boeuf bourguignon aux options végétariennes.
Le néo-sandwich est devenu populaire pendant la pandémie de COVID-19, lorsque les chefs ont dû s'adapter à un format plus convenable pour la vente à emporter ou en livraison. Cela a également permis aux restaurateurs de s'adapter à un marché en évolution et de proposer une alternative à la restauration traditionnelle, souvent jugée plus exigeante en termes d'horaires et de salaires.
Le marché de la restauration rapide, qui représente environ 60 % de la restauration traditionnelle en 2023, témoigne de cette tendance à la montée en gamme. Des chaînes de boulangerie haut de gamme comme Poilâne, Eric Kayser, et Frédéric Lalos ont contribué à cette révolution en améliorant la qualité du pain, un ingrédient clé du sandwich.
Le néo-sandwich répond aussi à une demande de produits plus sains, locaux et de saison. L'accent est mis sur des ingrédients frais et locaux, préparés sur place. Cette tendance reflète une évolution vers des recettes plus saines, souvent végétales, et une fusion des saveurs du monde.
Même les chefs étoilés et les palaces s'intéressent désormais à ce segment, en proposant des sandwiches gastronomiques. Cependant, le prix de ces sandwiches haut de gamme, souvent plus élevé que celui des sandwiches traditionnels, peut être un sujet de division parmi les consommateurs.
Libération, Le vin bientôt vendu en Grande-Bretagne au format pinte (et ce n’est pas si bête), 15/01/2024
L'article discute du retour potentiel du format pinte (568 ml) pour les bouteilles de vin en Grande-Bretagne, une conséquence inattendue mais intéressante du Brexit. Avant de rejoindre l'UE en 1973, le Royaume-Uni vendait déjà du vin et du champagne dans ce format, mais avait dû abandonner cette pratique pour se conformer aux standards européens.
Le format pinte est issu du système impérial britannique et avait été utilisé dans le passé, avec des figures telles que le poète Robert Burns et Winston Churchill l'ayant mentionné ou préféré. Cependant, après le Brexit en 2020, le Royaume-Uni a la possibilité de revenir à ce format, qui devrait bientôt faire son apparition dans les supermarchés.
Bien que l'idée puisse sembler étrange, le format pinte présente un avantage pratique, en particulier lorsque vous êtes deux personnes. Une demi-bouteille (37,5 cl) peut s'avérer insuffisante pour deux mais une bouteille entière (75 cl) peut être excessive. Le format pinte, similaire au pichet de 50 cl couramment vendu dans les restaurants français, offre une quantité raisonnable de vin pour deux personnes sans encourager l'excès.
Cependant, il reste incertain que les vignobles britanniques adoptent largement ce format, étant donné que les modifications de production impliquent des coûts et que ce format ne serait vendable qu'au Royaume-Uni.
Alternatives Economiques, Pour un droit à l’alimentation durable, ils jouent la carte vitale, 13/01/2024
L'article aborde les expérimentations en cours en France pour créer une sécurité sociale de l'alimentation (SSA). Ces initiatives locales visent à offrir un accès universel à une alimentation durable et saine, en réponse à l'augmentation de la précarité alimentaire et de l'inflation.
À Montpellier, une "caisse alimentaire commune" a été lancée, où environ 350 habitants cotisent chaque mois selon leurs moyens et reçoivent 100 euros à dépenser pour des achats alimentaires dans des lieux conventionnés. Des projets similaires sont en cours en Gironde, à Bordeaux et sur les campus bordelais, où des étudiants reçoivent également une somme mensuelle pour leurs achats alimentaires.
Ces initiatives tentent de s'éloigner du modèle traditionnel de l'aide alimentaire, souvent approvisionnée par des surplus agricoles et des denrées anti-gaspillage, et de mettre en place un système plus juste et moins stigmatisant. L'idée est de créer une SSA, où chaque citoyen recevrait une somme mensuelle sur une carte vitale de l'alimentation à dépenser dans des points de vente conventionnés.
Le concept de la SSA repose sur trois piliers : l'universalité, le financement par cotisation sociale et le conventionnement démocratique des produits. Bien que ces initiatives locales ne soient pas encore universelles ni financées par un système de cotisation sociale dédié, elles offrent des perspectives sur la manière dont une telle SSA pourrait fonctionner.
Ces expérimentations visent également à transformer le système agroalimentaire actuel, en encourageant les consommateurs à opter pour des produits plus respectueux de l'environnement et de la santé humaine. Un exemple concret est celui du marché du lavoir à Dieulefit, où les consommateurs choisissent entre différents tarifs pour leurs achats, favorisant ainsi un système alimentaire plus équitable.
Ces initiatives sont en phase de test et de développement, avec l'objectif de nourrir la réflexion sur la mise en place d'une SSA à plus grande échelle. Pour l'instant, une loi instaurant un droit à l'expérimentation est envisagée pour développer davantage ces initiatives locales. L'objectif final est de construire un système alimentaire plus juste et durable, permettant à tous les citoyens d'accéder à une alimentation de qualité.
Le Figaro, Menace sur le riz, céréale clé pour la planète, 15/01/2024
L'article traite de la menace qui pèse sur le riz, une céréale essentielle pour l'alimentation mondiale, en raison des restrictions d'exportation imposées par l'Inde, le principal exportateur mondial, et des sécheresses liées au phénomène climatique El Niño. Ces facteurs combinés mettent en péril la sécurité alimentaire de nombreux pays, en particulier les pays pauvres dépendants des importations de riz.
En Indonésie, quatrième producteur mondial de riz, la superficie plantée a chuté de 54% en raison de la sécheresse. La céréale, qui est l'aliment de base pour environ 4 milliards de personnes, est également cruciale pour les pays africains, qui importent la majorité du riz consommé par leur population. Le prix du riz a augmenté de manière significative, atteignant des niveaux proches de ceux de 2008.
L'Inde a restreint ses exportations pour garantir une offre suffisante pour sa population, notamment en limitant les exportations de riz non basmati et en imposant des taxes et des prix planchers sur certaines catégories de riz. Ces mesures ont entraîné une diminution drastique des exportations indiennes et une augmentation des prix mondiaux.
D'autres pays producteurs, comme la Thaïlande et le Vietnam, ont également été affectés par les mesures de l'Inde, entraînant des hausses de prix et des changements de stratégie en matière de stockage et de contrats. Les Philippines ont importé massivement du riz du Vietnam pour faire face à la crise.
Au-delà des restrictions commerciales, le phénomène El Niño a réduit la production de riz en Asie du Sud-Est, et les changements climatiques menacent la culture du riz dans le monde entier. Les prévisions indiquent une baisse moyenne de la production de riz de 2% par an en raison du changement climatique.
La situation est préoccupante à long terme, car la demande mondiale de riz augmente en raison de la croissance démographique, mais les rendements diminuent à cause des défis climatiques. Les stocks mondiaux de riz sont élevés, mais principalement détenus par la Chine, également un grand consommateur et importateur.
L'article met en garde contre le risque de répéter les perturbations de 2008, où les prix des denrées alimentaires avaient flambé, provoquant des émeutes dans plusieurs régions du monde. La crise du riz pourrait s'installer dans la durée, avec des implications majeures pour la nourriture de milliards de personnes en Inde, en Afrique et dans d'autres régions du monde.
La Croix, Le chou redevient le chouchou de vos recettes d’hiver, 20/01/2024
L'article souligne le regain de popularité du chou dans la cuisine d'hiver, mettant en lumière ses nombreuses qualités nutritionnelles et sa polyvalence en cuisine. Le chou, un légume présent dans l'histoire médicinale et culinaire depuis des siècles, offre une grande variété de formes et de saveurs, ce qui en fait un ingrédient de choix pour de nombreuses recettes.
Le chou kale, en particulier, est mis en avant pour ses vertus anti-oxydantes et anti-inflammatoires, ainsi que pour sa richesse en vitamines et minéraux. Il est considéré comme un super-aliment et se prête à de multiples préparations, qu'il soit cru ou cuit. Le chou blanc, quant à lui, figure dans de nombreuses recettes asiatiques telles que le kimchi, l’okonomiyaki, et les gyozas.
L'article mentionne également le chou-fleur rôti, popularisé par le chef israélien Eyal Shani, comme un plat incontournable de ces dernières années. Le chou, symbole de la cuisine paysanne en raison de sa capacité à s'adapter à différents terroirs, se décline en une multitude de recettes régionales, notamment les potées et les choux farcis.
Il existe cinq grandes familles de chou : les choux verts (comme le chou frisé ou le kale), les choux à inflorescences (comme le chou-fleur et le brocoli), les choux cabus (tels que le chou rouge et le chou blanc), les choux-raves, et les choux chinois. Chaque variété offre des possibilités culinaires distinctes, allant des salades aux plats confits.
Wired, The Murky Campaign to Discredit Lab-Grown Meat, 18/01/2024
L'article traite d'une campagne publicitaire controversée contre la viande cultivée en laboratoire, menée par le Center for the Environment and Welfare (CEW). Ce groupe, lié à la firme de relations publiques Berman and Company, est critiqué pour ses tactiques jugées trompeuses et non scientifiques, similaires à celles utilisées précédemment contre l'industrie de la viande à base de plantes.
La campagne de CEW utilise des tactiques de peur, comme la comparaison des cellules de viande cultivée à des cellules tumorales et l'insinuation que ces viandes sont trempées dans des produits chimiques. Elle fait également référence à une étude suggérant que la viande cultivée pourrait avoir une empreinte carbone supérieure à celle du bœuf conventionnel, une affirmation contestée par les défenseurs de la viande cultivée. Néanmoins, les régulateurs alimentaires aux États-Unis, à Singapour et en Australie ont conclu que les viandes cultivées sont sûres pour la consommation humaine.
Le Good Food Institute, un organisme à but non lucratif qui promeut les alternatives aux protéines animales, allègue que la campagne de CEW diffuse de la désinformation et exploite la méconnaissance des consommateurs concernant la viande cultivée. La campagne a été comparée à des efforts précédents du Center for Consumer Freedom, un autre groupe fondé par Rick Berman, qui a mené des campagnes contre les viandes à base de plantes et les initiatives de bien-être animal.
Malgré ces controverses, l'article note que l'industrie de la viande cultivée, encore à ses débuts, a reçu un certain soutien gouvernemental, comme une subvention de 10 millions de dollars du Département de l'Agriculture des États-Unis à l'Université Tufts. Cependant, il existe également une résistance législative dans certaines régions, avec des lois en Italie et des projets de loi dans plusieurs États américains cherchant à restreindre l'utilisation et l'étiquetage de la viande cultivée.
New York Times, In the Ozempic Age, Has ‘Craveable’ Lost Its Selling Power?, 16/01/2024
L'article discute de l'évolution du marketing alimentaire face aux nouveaux défis posés par la prise de conscience accrue de la santé et de l'addiction alimentaire. Il commence par rappeler une époque où les aliments étaient commercialisés pour leur caractère addictif, comme les chips Lay's avec le slogan “Betcha can’t eat just one”. Cette approche a été utilisée par de nombreuses marques, y compris Oreo et Eggo.
Cependant, avec l'ère d'Ozempic, un médicament qui élimine les envies de nourriture, et une série d'études scientifiques, l'attention se porte sur la relation entre l'addiction et la nourriture, particulièrement concernant les aliments ultra-transformés. Des critiques émergent contre la façon dont la nourriture est commercialisée en tant que produit irrésistible ou "craveable". Christina Tosi, connue pour les desserts hyper-sucrés de ses boutiques Milk Bar, a baptisé l'un d'entre eux Crack Pie. Elle l’a rebaptisée " Milk Bar Pie" sous la pression des critiques qui lui reprochaient de faire l'apologie d'une drogue qui a ravagé la communauté noire.
Face à ces défis, certains dans l'industrie alimentaire voient ce moment comme un simple obstacle, tandis que d'autres le considèrent comme un point de bascule important dans la façon dont les Américains mangent et comment les entreprises vendent de la nourriture. Marion Nestle, professeure émérite de nutrition, mentionne que c'est une menace existentielle pour l'industrie alimentaire, surtout pour les aliments transformés.
Les compagnies alimentaires doivent naviguer entre les demandes des consommateurs pour des aliments moins transformés et la nécessité de vendre leurs produits. Certaines stratégies marketing visent à rappeler aux consommateurs le plaisir et le réconfort apportés par ces produits. Les entreprises s'adaptent aussi aux désirs des consommateurs en étudiant les médias sociaux, comme dans le cas d'une campagne publicitaire pour les Goldfish de Pepperidge Farm, inspirée par des posts sur les réseaux sociaux durant la pandémie.
Malgré ces changements, certaines entreprises continuent à utiliser l'approche traditionnelle de rendre leurs produits addictifs. Par exemple, Taco Bell a lancé une offre d'abonnement pour des tacos et des nacho fries.
Forbes, Why Patagonia Is Getting Into The Beer Business, 10/01/2024
L'article explique pourquoi Patagonia, principalement connue pour ses vêtements et équipements de plein air, se lance dans le secteur de la bière. Patagonia Provisions, une division de Patagonia, a été créée pour promouvoir l'agriculture régénérative et les aliments et boissons issus de cultures régénératives. Leur site web affirme que "manger est un acte d'activisme", soulignant ainsi leur engagement envers des pratiques durables et écologiques.
Patagonia Provisions s'est associée avec l'Institut Land, une organisation à but non lucratif fondée en 1976 pour promouvoir les cultures de grains pérennes et les solutions agricoles polyculturelles, ainsi qu'avec onze des meilleures brasseries américaines, pour promouvoir la bière fabriquée à partir de kernza. Comme il s'agit d'une plante pérenne, elle utilise moins de carburant et de main-d'œuvre à la ferme et son système racinaire profond de 12 pieds aide à retenir le sol, l'eau et les nutriments. Ce système racinaire est également à la base d'un microbiome dans le sol, qui est détruit chaque année avec des cultures annuelles comme l'orge et le blé. Cependant, puisque le kernza est pérenne, le système racinaire et le microbiome restent intacts.
Le kernza a une teneur plus élevée en huile et plus faible en amidon par rapport aux grains traditionnels utilisés pour la brasserie. L'amidon est nécessaire pour la fermentation par les levures pour créer de l'alcool, donc le kernza ne peut constituer qu'une partie du mélange de grains d'une bière - typiquement environ 15 % - mais les huiles présentes dans le kernza sont une source de saveur.
The Washington Post, Could potatoes lose their status as a vegetable? The debate has deep roots., 18/01/2024
L'article aborde un débat surprenant aux États-Unis : la pomme de terre doit-elle être considérée comme un légume ? Cette question fait actuellement l'objet d'une révision par le Comité consultatif des directives alimentaires américaines, qui évalue les dernières recherches pour émettre des recommandations de santé au gouvernement. Bien que les experts en nutrition et les botanistes classent généralement la pomme de terre comme un légume, des débats persistants questionnent si elle devrait être classée dans un autre groupe alimentaire, notamment en raison de sa transformation en aliments ultra-transformés.
Les pommes de terre sont une source importante de glucides et contiennent des vitamines et minéraux essentiels. Cependant, la majorité des pommes de terre produites aux États-Unis sont vendues sous des formes transformées, principalement des produits surgelés comme les frites. Ces formes transformées de pommes de terre sont souvent associées à des préoccupations de santé publique, notamment l'obésité. D’autant que les Américains mangent environ 23 kilos de pommes de terre par an.
Des efforts ont été faits dans le passé pour limiter la présence des pommes de terre dans les programmes fédéraux de nutrition, notamment en les excluant du programme WIC (pour les femmes, les nourrissons et les enfants nécessitant une nutrition supplémentaire) et en limitant leur présence dans les déjeuners scolaires subventionnés par l'État. Cependant, ces initiatives ont été confrontées à une forte résistance politique, notamment de la part des États producteurs de pommes de terre.
L'article souligne également le rôle politique et économique de l'industrie de la pomme de terre, un secteur de 100 milliards de dollars, dans ces débats. Le Conseil national de la pomme de terre, un groupe de défense des agriculteurs, soutient que les pommes de terre sont un légume essentiel et nutritif, et que leur reclassification aurait des implications significatives pour les programmes alimentaires fédéraux.
La diététicienne Katherine Balantekin soutient que les Américains devraient consommer une plus grande variété de légumes et réduire leur consommation d'aliments transformés. Elle affirme que la pomme de terre peut être très nutritive, mais reconnaît aussi que la consommation de frites devrait être réduite.
La décision du Comité consultatif des directives alimentaires américaines et les implications potentielles de tout changement de classification de la pomme de terre sur la consommation et l'industrie restent incertaines. Pour l'instant, la pomme de terre demeure un élément profondément ancré dans l'alimentation américaine.
The Guardian, Greenland startup begins shipping glacier ice to cocktail bars in the UAE, 09/01/2024
Dans la famille “on s’en bat la couenne du réchauffement climatique” je vous présente la société Greenlandic Arctic Ice. Cette dernière a en effet commencé à exporter de la glace issue de glaciers du Groenland vers les Émirats Arabes Unis pour être utilisée dans les cocktails des bars exclusifs. Fondée en 2022, Arctic Ice récolte la glace des fjords du Groenland, qui a été comprimée sur des millénaires et est sans bulles, fondant plus lentement que la glace ordinaire. Cette glace, dite "noire" en raison de sa transparence, est récoltée à l'aide d'un bateau spécialisé équipé d'une grue, puis transportée dans des conteneurs réfrigérés jusqu'à Dubaï via le Danemark.
La glace, décrite comme la plus propre sur Terre, n'a pas été en contact avec des sols ou polluants et est vendue à Dubaï par le distributeur local Natural Ice. Arctic Ice affirme que son produit est écologique et socialement bénéfique, malgré les critiques et les commentaires négatifs sur les réseaux sociaux concernant les impacts du changement climatique.
L'entreprise a été surprise par la vague de critiques, y compris des menaces de mort, mais soutient que l'exploitation de la glace est respectueuse de l'environnement. Le transport de la glace est réalisé avec une faible intensité carbone, car la plupart des conteneurs réfrigérés quittant le Groenland seraient autrement vides. Arctic Ice s'est engagée à devenir entièrement neutre en carbone et compensera toutes les émissions excédentaires soit par la capture et le stockage du carbone, soit par des technologies émergentes d'absorption du CO2 de l'air.
Malik V. Rasmussen, co-fondateur de l'entreprise, voit dans ce projet une contribution à la transition verte du Groenland. Il reconnaît cependant que la communication autour des objectifs environnementaux de l'entreprise pourrait être améliorée.
Punch Drink, What Is Hop Water Trying to Be?, 15/01/2024
L'article explore l'évolution et la perception croissante des bières non alcoolisées (N/A) et des eaux houblonnées (hop water) sur le marché américain. Initialement, les bières sans alcool étaient mal comprises et stigmatisées en raison de leurs origines pendant la Prohibition, considérées comme un produit de privation plutôt qu'une catégorie valable. Cependant, avec le temps, la perception a changé, et ces produits sont devenus plus acceptés et appréciés, en particulier par ceux qui choisissent de ne pas consommer d'alcool.
L'article mentionne un reportage de Kate Bernot dans Good Beer Hunting, indiquant que les eaux houblonnées, une catégorie de boissons comprenant de l'eau pétillante infusée de houblon, sont passées de trois marques en 2019 à 27 en 2023. Ces produits ne cherchent pas nécessairement à imiter précisément le goût de la bière alcoolisée, mais plutôt à offrir une expérience similaire de consommation. Certaines de ces eaux houblonnées ressemblent à des bières très légères, mais d'autres sont plus libres dans leur conception, n'ayant pas d'équivalent alcoolisé évident.
Les motivations derrière la production de ces boissons sont variées. Certaines brasseries y voient une option non alcoolisée facile à produire pour compléter leur gamme de produits. D'autres positionnent leurs eaux houblonnées comme des alternatives plus saines, soulignant leur absence de calories et de sucre. Certaines marques se présentent simplement comme des eaux pétillantes aromatisées au houblon, adaptées à toutes les occasions.
L'article conclut en affirmant que les meilleures eaux houblonnées sont celles qui répondent le mieux à la question de leur utilité, offrant une alternative raisonnable aux autres produits non alcoolisés disponibles sur le marché. Ces boissons sont donc de plus en plus considérées comme une catégorie légitime et appréciée à part entière, tant par les consommateurs que par les producteurs.
Energy Monitor, The road to a net-zero food system, 08/01/2024
L'article discute de l'importance cruciale de transformer les systèmes alimentaires et agricoles pour atteindre l'objectif de zéro émission nette de gaz à effet de serre (GES) d'ici 2050. Le sommet climatique annuel de l'ONU, COP28, a été marqué par des engagements importants dans ce sens, notamment avec la Déclaration des Émirats sur l'agriculture durable et les systèmes alimentaires résilients.
Les systèmes alimentaires mondiaux contribuent à environ un tiers des émissions mondiales de GES, avec quatre chaînes de valeur – bœuf, lait, riz et maïs – responsables de 65% de ces émissions. La production de bétail seule constitue 60% des émissions des systèmes alimentaires. Avec une population mondiale croissante et une insécurité alimentaire sévère affectant 700 millions de personnes, une augmentation de 15% de la production alimentaire est prévue dans les décennies à venir, entraînant une hausse prévue de 80% des émissions alimentaires entre 2010 et 2050.
Pour répondre à ce défi, des changements sont nécessaires tant du côté de la production (efficacité agricole, séquestration du carbone) que de la demande (réduction du gaspillage alimentaire, changements alimentaires). Des interventions dans l'agriculture pourraient réduire les émissions de 40 à 70% par rapport aux niveaux actuels. De plus, la séquestration du carbone pourrait réduire de 10 Gt d'émissions annuelles. Cependant, ces économies d'émissions ne seront pas suffisantes sans une réduction de la production de viande et de lait et l'adoption de nouvelles technologies.
Le passage à un système alimentaire à zéro émission nette impliquerait l'adoption généralisée de pratiques à faible émission et la réalisation de 50% du potentiel de séquestration du carbone associé à ces pratiques. Cela nécessiterait également une réduction de la production de viande et de lait d'ici 2050, en particulier dans les pays à revenu élevé et moyen.
Le chemin vers un système alimentaire à zéro émission nette ne sera pas uniforme à l'échelle mondiale et devra être adapté en fonction du contexte national. Les défis clés incluent la permanence des techniques de séquestration du carbone, l'accessibilité des pratiques et technologies nécessaires, et la nécessité d'accroître considérablement le financement climatique pour l'agriculture.
Les Échos La Story, « Dry january » : sans alcool, la croissance est plus folle, 09/01/2024
Janvier sobre ou « no-lo », terme désignant les boissons sans ou faibles en alcool, s’installent dans le paysage et progressent dans les ventes. Dans « La Story », le podcast d’actualité des « Echos », Pierrick Fay et ses invités font le point sur une tendance de fond.
Agridées, Souveraineté alimentaire ? Le cas poulet, Décembre 2023
En France, la consommation de poulet dépend désormais à 50 % des importations. Faut-il s’en inquiéter et en faire un symbole de la dégradation de notre socle productif, ou simplement compter sur d’autres pays, quels qu’ils soient, et s’en satisfaire ?
Le concept de souveraineté alimentaire engendre de réels débats philosophiques, politiques, économiques liés à une sensibilité nationale propre. Il s’agit d’avoir la capacité de déterminer son propre système alimentaire. Il faudrait le fonder sur une base juridique propre à la définition du périmètre géographique concerné. La souveraineté alimentaire, tout en se construisant, se doit de protéger un modèle spécifique de production et de consommation voulu en Europe.
La filière du poulet de chair fait face à de nombreux vents contraires que ce soit en matière de compétitivité, de crise sanitaire ou de concurrence intempestive internationale. Néanmoins cette filière repose sur un socle résilient de contractualisation, et la viande de poulet remporte les suffrages des consommateurs, à condition de suivre les tendances de consommation, avec un bon profil nutritionnel.
La meilleure façon de contenir et de réduire partiellement les importations consisterait à lancer et soutenir un plan de relance productive. La chaîne alimentaire du poulet, réactivée dans des conditions modernisées – investissements à l’appui – et suivant une trajectoire de durabilité, pourrait relever ce défi. Pour ce faire, elle a besoin de l’appui des pouvoirs publics, y compris pour faciliter le dialogue sociétal induit par le fait productif. Mais aussi afin d’impulser cohérence et loyauté dans le cadrage des échanges internationaux. C’est une question de souveraineté.
World Economic Forum, 100 Million Farmers: Breakthrough Models for Financing a Sustainability Transition, Janvier 2024
Le rapport décrit un modèle innovant de financement et de collaboration pour soutenir les agriculteurs et accélérer la transition vers une production alimentaire durable.
Il est urgent de modifier la production alimentaire pour atteindre les objectifs mondiaux en matière de climat, d'eau et de nature. Les changements nécessaires sont de mieux en mieux compris, mais les progrès sont trop lents. Au cœur du problème se trouvent les obstacles économiques auxquels sont confrontés les agriculteurs, en particulier au cours des premières années de la transition.
La mise en œuvre du modèle nécessitera des financements beaucoup plus mixtes, la monétisation complète des résultats environnementaux, des capacités financières avancées et une coordination sans précédent entre les acteurs publics et privés à l'intérieur et à l'extérieur des chaînes de valeur alimentaires.
Le rapport met en évidence sept programmes innovants de soutien aux agriculteurs qui présentent certains de ces éléments et conclut par cinq mesures que les acteurs du système alimentaire peuvent prendre pour faire évoluer la production alimentaire durable.
C’est tout pour aujourd’hui.
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A la semaine prochaine!
O. Frey