🌾🍇🐄 Eat's business 🍕🍷🧀 2023-34
Bonjour à toutes et à tous, Eat's Business est une newsletter dans laquelle vous trouverez une revue de presse de quelques articles sur le monde de l’alimentaire qui m’ont semblé intéressants dans la semaine précédente.
Pour ceux qui veulent la formule ristretto, les 3 articles que je vous conseille de lire en priorité cette semaine sont :
Le Monde, L’effondrement de Casino promet une nouvelle vague de consolidation, 29/11/2023
Foodbev, Research: Raising frozen food temperature by three degrees can slash carbon emissions, 29/11/2023
Forbes, 30 Under 30 Food & Drink 2024: Meet The Entrepreneurs Changing The Future Of Food, 28/11/2023
Bonne lecture et bonne semaine à toutes et à tous!
Pour celles et ceux d’entre vous qui ont plus de temps pour la formule lungo :
Les Échos, Alimentation : la chute des ventes inquiète les industriels, 28/11/2023
De janvier à septembre 2023, les volumes d'achats en supermarchés ont diminué de 4,5 %, une baisse plus marquée que dans d'autres secteurs de biens de consommation. Les consommateurs, affectés par l'inflation, sont de plus en plus attentifs aux prix, ce qui profite aux marques de distributeurs dont la part de marché a augmenté à 34,4 %, malgré une hausse de prix plus importante que celle des grandes marques.
Jean-Philippe André, président de l’Ania, explique que la baisse des volumes d'achat est préoccupante car elle entraîne une diminution de la production industrielle et augmente les coûts fixes des entreprises. Cela intervient alors que les industriels négocient leurs tarifs avec les distributeurs, certains demandant des baisses de prix jusqu'à 30 % sur certains produits.
Il y a cependant une tendance à l'apaisement de l'inflation alimentaire. La hausse des prix, qui avait atteint un pic de 15,9 % en mars, a été divisée par deux en six mois. On s'attend à des hausses de prix plus modérées, de l'ordre de 2 à 4 % en 2024.
L'industrie agroalimentaire fait face à des défis supplémentaires avec l'augmentation des coûts de production en 2023, notamment pour les matières premières agricoles, les emballages, le transport et les frais de personnel. Le secteur a également subi un choc énergétique avec une augmentation des coûts énergétiques de 60 % en moyenne depuis le début de l'année. De plus, des investissements importants sont nécessaires pour la décarbonation de certains segments de l'industrie, comme l'amidon, le sucre ou le lait. En conséquence, la moitié des industriels anticipent une diminution de leurs marges.
Le Monde, L’industrie agroalimentaire veut encore augmenter ses prix en 2024, 29/11/2023
L'article aborde la situation actuelle de l'industrie agroalimentaire en France, où les industriels envisagent d'augmenter leurs prix de 3 à 4 % en 2024. Cette décision survient dans un contexte où les prix alimentaires ont déjà augmenté de près de 22 % en deux ans, conduisant le gouvernement à intervenir pour essayer de maîtriser cette inflation.
Jean-Philippe André, président de l'Association nationale des industries alimentaires (ANIA), met en avant les défis auxquels l'industrie fait face, notamment les hausses des coûts de production, des salaires et les enjeux de décarbonation. Il mentionne également les tensions dans les négociations entre industriels et distributeurs, où certains acheteurs demandent des baisses de prix significatives.
Le gouvernement français a avancé les dates des négociations commerciales annuelles dans l'espoir de réduire les prix pour les consommateurs. Les PME doivent signer leurs contrats avant le 15 janvier 2024, et les grandes entreprises avant le 31 janvier.
L'article souligne aussi le débat sur les marges de l'industrie, avec des organisations comme Foodwatch et UFC-Que choisir qui ont adressé une lettre ouverte et une pétition au président Emmanuel Macron, incitant à l'action sur les marges élevées.
Enfin, il aborde le phénomène de "shrinkflation" et les critiques adressées à l'industrie agroalimentaire à ce sujet. Jean-Philippe André réagit en soulignant la complexité du débat et le rôle des distributeurs dans ces décisions. La situation est complexe, avec l'équilibre entre l'augmentation des prix et le maintien des volumes de vente étant un point crucial pour les industriels.
Les Échos, Des pistes pour décarboner l'agriculture, 29/11/2023
L'article discute des moyens par lesquels le secteur agricole français pourrait réduire ses émissions de CO2. L'agriculture, qui représente 19 % des émissions totales de gaz à effet de serre en France, joue en effet un rôle clé pour atteindre les objectifs climatiques nationaux et européens.
Selon un rapport de l'Inrae publié en avril, l'agriculture peut agir de deux façons : en diminuant ses émissions et en augmentant l'absorption de carbone par les sols. Le rapport propose des hypothèses pour réduire les émissions nettes du secteur de 26 % d'ici 2030 et de 50 % d'ici 2050. Ces hypothèses incluent la réduction du recours aux énergies fossiles, l'accélération de la méthanisation, la réduction des cheptels, des changements dans l'alimentation des bovins, une fertilisation azotée raisonnée et une transition des régimes alimentaires de la population.
Thierry Caquet, directeur scientifique à l’Inrae, souligne que ces mesures ne constituent pas des ruptures majeures mais nécessitent une combinaison de leviers déjà connus. Le défi majeur est d'engager tous les agriculteurs dans cette transition, en tenant compte des différences entre les exploitations agricoles. Le contexte actuel, avec la moitié des agriculteurs français partant à la retraite dans les dix ans, offre une opportunité pour encourager des pratiques plus durables chez les nouveaux agriculteurs.
Toutefois, le rapport se concentre sur la faisabilité technique et agronomique de la transition, sans aborder le volet politique, comme la réforme de la Politique Agricole Commune (PAC). Christophe Gouel, coauteur du rapport, insiste sur la nécessité de prendre en compte le commerce international pour éviter de remplacer une production française plus vertueuse par des importations plus polluantes.
Enfin, le rapport ne traite pas de la rémunération du "carbon farming", mais Jean-François Soussana mentionne que cette pratique offre des opportunités, sous réserve d'un cadre transparent et harmonisé pour le suivi du stockage de carbone et des émissions.
Les Échos, Pourquoi les producteurs de noix françaises broient du noir, 30/11/2023
L'article s’intéresse à la crise actuelle dans le secteur de la production de noix en France.
En 2022, il y a eu une surproduction de noix, avec une récolte record de plus de 50.000 tonnes, qui a entraîné un effondrement des prix de près de 30 %, car l'offre dépassait largement la demande. En 2023, cependant, les producteurs font face à une situation inverse avec une baisse drastique de la production. Cette année, la récolte a enregistré une chute significative de 40 %, la plus importante depuis vingt-cinq ans, avec une prévision de seulement 7.000 tonnes dans la vallée de l'Isère, un des principaux lieux de production.
La cause principale de cette chute est le changement climatique, qui provoque grêle, gel et sécheresse, affectant ainsi les rendements. Les variétés de noix comme Franquette, Mayette, Parisienne, Marbot, et Grandjean sont toutes touchées. Malgré la faiblesse de la production en 2023, les professionnels estiment que l'augmentation prévue des prix ne suffira pas à compenser la perte de volume, en plus de l'augmentation des charges.
Pour atténuer cette crise, le gouvernement a fourni une aide d'urgence de 10 millions d'euros en 2022, provenant de fonds européens et nationaux. Les exploitations ayant subi des pertes de plus de 20 % de leur chiffre d'affaires sont éligibles à cette aide, avec une indemnisation à hauteur de 80 %. Cependant, pour 2023, la filière demande un soutien supplémentaire.
La crise a également un impact sur les exportations françaises, qui représentent environ 60 % des volumes, principalement vers l'Europe. Le marché mondial connaît aussi une surproduction, avec les États-Unis et la Chine qui ont augmenté leurs exportations. En France, la consommation de noix est relativement faible par rapport à d'autres pays européens, ce qui aggrave la situation.
En réponse à ces crises répétées, un rapport du CGAAER est en préparation pour fournir des recommandations sur la structuration économique de la filière et améliorer son organisation.
Libération, Désormais récompensée par le guide Michelin, la gastronomie argentine ne se résume pas qu’au bœuf, 29/11/2023
L'article met en lumière l'évolution et la diversité de la gastronomie argentine, au-delà de sa réputation axée sur la viande.
Le guide Michelin a récemment décerné des étoiles à plusieurs restaurants en Argentine, soulignant ainsi la richesse de la gastronomie du pays. Malgré une consommation de viande importante (109,4 kilos par personne en 2021), l'Argentine connaît un tournant culinaire, avec une attention croissante portée aux plats végétariens et végans.
Gonzalo Aramburu, un chef étoilé, symbolise cette évolution. Le guide Michelin a récompensé 71 établissements en Argentine, dont quatre proposent une cuisine végétarienne ou végane. Ces établissements, tels que Chuí et Marti à Buenos Aires, mettent en avant des ingrédients locaux et des plats innovants.
L'article évoque également l'influence des vagues d'immigration européenne, levantine et sud-américaine sur la cuisine argentine. Des plats tels que les pâtes, gnocchis, pizzas, et divers plats à base de maïs sont courants et reflètent cette diversité culturelle.
La Réclame, Intermarché s’en prend à la « shrinkflation » des grandes marques, 27/11/2023
Quand Intermarché joue au grand chevalier blanc défenseur du consommateur ça donne ça.
Evidemment c’est également un moyen de mettre la pression sur les fournisseurs avant le début des négociations commerciales annuelles.
Le Monde, L’effondrement de Casino promet une nouvelle vague de consolidation, 29/11/2023
Casino a mis en vente 400 de ses hypermarchés et supermarchés, attirant l'intérêt de plusieurs grands acteurs du secteur, dont Intermarché, Auchan, Lidl, Carrefour et Système U. Cette vente s'inscrit dans un contexte de difficultés financières pour Casino, marqué par une perte de part de marché et un endettement important.
Intermarché envisage d'acquérir une grande partie de ces magasins, avec l'intention de rétrocéder certains à Auchan et Lidl. D'autres acteurs, comme Auchan et Aldi, adoptent une approche plus sélective, ciblant des magasins spécifiques pour compléter leur réseau existant.
La situation est compliquée par l'impact potentiel de cette vente sur les employés de Casino, avec des inquiétudes concernant les conséquences sur les emplois, en particulier au siège social et dans les entrepôts. Les syndicats expriment des préoccupations quant aux répercussions sociales de cette "atrophie".
L'article mentionne également les difficultés financières persistantes de Casino, qui ont conduit à plusieurs avertissements sur ses profits. Le repreneur de Casino, Daniel Kretinsky, ainsi que d'autres investisseurs, ont promis d'injecter des fonds, mais la situation reste précaire.
Enfin, l'article souligne que cette situation pourrait entraîner une nouvelle vague de consolidation dans le secteur de la grande distribution en France, avec des répercussions potentielles sur le marché et sur l'emploi.
Le Parisien, La bûche de Noël « bonhomme de neige » de Cédric Grolet suscite interrogations et railleries sur les réseaux sociaux, 29/11/2023
Dans la série je prends mes clients pour des pigeons je demande Cédric Grolet.
Alors que la saison des bûches de Noël a débuté chez les grands pâtissiers, Cédric Grolet vous propose cette année son « bonhomme de neige », une création originale composée de guimauve coco, ganache coco, cubes de mangue fraîche, dacquoise coco, croustillant coco. Si la description fait envie, la photo de ladite bûche a beaucoup fait parler sur les réseaux sociaux.
BFM TV, Boissons énergisantes, yaourt protéinés... L'"alimentation augmentée" plébiscitée par les jeunes malgré les risques, 29/11/2023
L'article met en lumière la popularité croissante des boissons énergisantes, yaourts et barres protéinés parmi les jeunes de moins de 35 ans sans enfants, un phénomène décrit comme "alimentation augmentée".
Selon une étude de NielsenIQ, ces produits sont fortement plébiscités pour leurs bénéfices fonctionnels, physiques ou mentaux. Par exemple, la consommation de Red Bull est quatre fois supérieure à celle d'un produit moyen par cette catégorie d'âge, tandis que les yaourts protéinés et les barres protéinées sont respectivement consommés 3,5 et deux fois plus.
Toutefois, l'article souligne aussi les risques sanitaires associés à ces produits. Les boissons énergisantes, en particulier, sont critiquées pour leur teneur élevée en taurine, carnitine, caféine et autres excitants. La nutritionniste Karine de la Rouere et l'Anses mettent en garde contre les potentiels dangers de ces boissons, notamment en termes de troubles cardiovasculaires, psycho-comportementaux et neurologiques. De plus, l'Anses affirme que ces boissons n'ont aucun intérêt nutritionnel lors d'exercices physiques et peuvent augmenter les pertes en eau et en sels minéraux.
Les yaourts protéinés ne sont pas épargnés par les critiques. Une étude de l'Inserm publiée dans le British Medical Journal en septembre 2023 indique que ces yaourts contiennent des émulsifiants problématiques comme le E466 (carboxyméthylcellulose). Karine de la Rouere souligne également leur teneur élevée en sucre, édulcorants, conservateurs et additifs délétères pour la santé.
Les Échos, Vins sans alcool : une vague qui enfle dans le monde entier, 02/12/2023
L'article met en lumière la tendance croissante des consommateurs, en particulier les jeunes, à se tourner vers les vins sans alcool ou faiblement alcoolisés (No/Low). Cette tendance est observée à l'échelle mondiale, y compris dans les restaurants étoilés, et aucun pays n'y échappe.
Les jeunes de 18 à 25 ans jouent un rôle majeur dans cette évolution, représentant 44 % des consommateurs de No/Low. Des producteurs renommés, comme le château Angélus en Saint Emilion, ont commencé à produire ces vins pour répondre à la demande.
La France, l'Allemagne, la Finlande et les Pays-Bas sont en tête de la demande de vins sans alcool, tandis que la Norvège, les États-Unis et les Pays-Bas sont les principaux consommateurs de vins à faible teneur en alcool. Des pays comme le Royaume-Uni et l'Australie encouragent cette tendance par des mesures gouvernementales, telles que l'autorisation de la désalcoolisation de vin en vrac au Royaume-Uni et des subventions gouvernementales en Australie.
Le marché des vins No/Low est en forte croissance, avec un marché mondial dépassant les 11 milliards de dollars en 2022 et une augmentation de 7 % en volume dans dix marchés clés. Aux États-Unis, les ventes de boissons sans alcool ont augmenté de 21 % sur douze mois, atteignant 395 millions de dollars.
La popularité des vins No/Low n'est pas limitée aux personnes abstinentes ; 78 % des consommateurs de No/Low boivent aussi de l'alcool. Cette tendance répond à diverses motivations, telles que des raisons de santé, budgétaires, des considérations religieuses ou le désir de sobriété ponctuelle.
Modern Retail, Why grocers are experimenting with sensory-friendly shopping experiences, 28/11/2023
L’article aborde l'introduction d'heures de shopping adaptées aux personnes hypersensibles dans les supermarchés américains. Walmart, New Seasons Market et Target sont quelques-unes des enseignes qui ont commencé à offrir des conditions de shopping plus calmes, avec des lumières tamisées, moins de musique et moins d'annonces. Ces mesures visent à créer une expérience plus inclusive pour les clients ayant des sensibilités sensorielles ou des troubles tels que le TDAH, la dyslexie, le SSPT et l'autisme.
Walmart a mis en place ces heures spéciales de 8h à 10h tous les jours dans tous ses magasins aux États-Unis et à Porto Rico. New Seasons Market a également lancé des heures adaptées une fois par semaine dans 18 de ses 19 magasins à Portland, Oregon. Target a offert des heures similaires pour les achats des fêtes dans deux de ses magasins de l'Ohio.
Rebekah Kondrat, fondatrice de Kondrat Retail, souligne que ces initiatives ne sont pas seulement bienveillantes, mais qu'elles offrent également des avantages commerciaux, comme attirer des clients qui éviteraient autrement les magasins en raison de leur environnement sensoriellement chargé. Mary Lou Gardner, d'Infosys Consulting, ajoute que ces aménagements permettent aux parents d'enfants hypersensibles de rester plus longtemps dans les magasins et de potentiellement dépenser plus.
Walmart a commencé à tester ces heures adaptées en juillet et août lors de la période des achats de rentrée scolaire. Suite aux retours positifs, Walmart a étendu l'expérience à tous ses magasins. Chaque détaillant a sa propre version de ce que signifie offrir des heures adaptées. Par exemple, New Seasons Market prévoit de baisser le volume des talkies-walkies de ses employés, tandis que Target se concentre sur la limitation du trafic piétonnier dans ses magasins.
Nikotris Perkins de New Seasons Market souligne que cette initiative s'aligne sur les valeurs fondamentales de l'entreprise, visant à créer des espaces inclusifs où les clients peuvent faire leurs achats à leur rythme sans être submergés par les stimuli sensoriels.
Rachel Dalton de Kantar note que le défi pour les détaillants sera d'avoir suffisamment de personnel pour ces horaires matinaux et de former les associés en magasin à ces pratiques. Cependant, avec des acteurs majeurs comme Walmart normalisant ces heures, d'autres détaillants pourraient suivre l'exemple.
Foodbev, Research: Raising frozen food temperature by three degrees can slash carbon emissions, 29/11/2023
Dans la lutte contre le réchauffement climatique il y a parfois des idées insoupçonnées qui peuvent apporter beaucoup.
L’article traite d'une étude récente qui a découvert qu'en augmentant de seulement trois degrés la température standard de conservation des aliments congelés, il serait possible de réduire les émissions de CO2 de 17,7 millions de tonnes par an. L'étude a été menée par des chercheurs de l'Institut International du Froid à Paris, en France, et des universités britanniques de Birmingham et de London South Bank.
Actuellement, la plupart des aliments congelés sont transportés et stockés à -18°C. L'étude suggère que l'augmentation de la température à -15°C pourrait entraîner des économies annuelles d'émissions de carbone équivalentes au retrait de 3,8 millions de voitures de la route. Cette modification pourrait également engendrer des économies d'énergie d'environ 25 térawattheures, soit 8,6 % de la consommation énergétique annuelle du Royaume-Uni, et réduire les coûts de la chaîne d'approvisionnement d'au moins 5 %, voire jusqu'à 12 % dans certains domaines.
Cette recherche est soutenue par la firme logistique mondiale DP World, qui a formé une coalition industrielle nommée "Join the Move to – 15°C" pour explorer la faisabilité de ce changement. L'objectif de la coalition est de redéfinir les normes de température pour les aliments congelés afin de réduire les gaz à effet de serre, de diminuer les coûts de la chaîne d'approvisionnement et de sécuriser les ressources alimentaires pour la population mondiale en croissance.
Maha AlQattan, directrice du développement durable chez DP World, souligne que les normes pour les aliments congelés n'ont pas été mises à jour depuis près d'un siècle et qu'une révision est nécessaire. Elle explique que cette recherche montre comment déployer des technologies de stockage accessibles dans tous les marchés pour congeler les aliments à des températures durables, tout en réduisant la pénurie alimentaire pour les communautés vulnérables et développées.
Bien que la congélation des aliments prolonge leur durée de conservation, elle a un coût environnemental, car 2 à 3 % d'énergie supplémentaire est nécessaire pour chaque degré sous zéro où la nourriture est stockée. En outre, 12 % de la production alimentaire annuelle est gaspillée en raison d'un manque de logistique frigorifique, soulignant le besoin de plus de capacité.
La demande pour les aliments congelés augmente à mesure que les goûts évoluent dans les pays en développement et que les consommateurs recherchent des aliments nutritifs à des prix abordables. La congélation peut protéger les sources alimentaires et leur valeur nutritionnelle pendant des mois face à des événements climatiques tels que les sécheresses, les inondations et les vagues de chaleur.
Toby Peters, professeur à l'Université de Birmingham et à l'Université Heriot-Watt, a souligné l'importance des chaînes du froid. Il a ajouté que la réduction des émissions des chaînes du froid et la transformation de la manière dont la nourriture est stockée et transportée aujourd'hui sont essentielles pour continuer à nourrir durablement les communautés à travers le globe face à l'augmentation des populations et des températures mondiales.
New York Times, How Mortadella Went From Cold Cut to Hot Item, 28/11/2023
Un sujet que nous avions déjà évoqué en tout début d’année. L’article explique en effet comment la mortadelle est passée du statut de charcuterie ordinaire à celui de produit tendance aux États-Unis. La mortadelle di Bologna, particulièrement photogénique avec sa teinte rose et son inclusion dans les planches de charcuterie, qui sont de plus en plus populaires sur les réseaux sociaux, gagne en popularité parmi les chefs et les consommateurs américains.
Simona Scapin, une productrice locale de mortadelle biologique certifiée à Bologne, fait partie des acteurs clés de ce renouveau. Elle représente une nouvelle génération dans un domaine traditionnellement dominé par les hommes. La mortadelle est emblématique de Bologne, souvent ornée de pistaches, d'olives ou de truffes.
Evan Funke, chef à Los Angeles ayant étudié à Bologne, a contribué à la popularisation de la mortadelle aux États-Unis, notamment avec son interprétation du "mortazza", un sandwich traditionnel romain. Cependant, l'introduction de la mortadelle de qualité supérieure en Amérique a nécessité des efforts considérables, notamment à cause de l'association de la mortadelle avec des charcuteries moins appréciées comme le bologna ou le pâté de foie.
L'importation de la mortadelle italienne a été interdite aux États-Unis de 1967 à 2000 à cause de craintes liées à la grippe porcine. Mais avec la montée de l'intérêt pour les viandes séchées, notamment grâce aux lois sur l'étiquetage de l'Union européenne et la popularité des réseaux sociaux, la mortadelle connaît un renouveau. Les exportations de ce produit vers les États-Unis sont passées de 786 tonnes en 2019 à 1 200 tonnes en 2022.
Des chefs comme Joe Paish de Rolo's à Queens fabriquent eux-mêmes leur mortadelle, et des établissements comme Win Son Bakery à Brooklyn et Katana Kitten dans le West Village innovent avec des créations culinaires utilisant la mortadelle. Des sandwichs innovants, des pancakes aux oignons verts farcis et des katsu sandos à la mortadelle en sont des exemples.
L’article rappelle également qu’en Italie, la mortadelle était très prisée pendant la Renaissance, associée à la consommation ostentatoire de familles influentes comme les Médicis et les Borgia. Cependant, la Révolution industrielle a transformé la mortadelle en un produit en conserve bon marché. Aujourd'hui, des chefs comme Massimo Bottura encouragent un retour aux méthodes traditionnelles de production.
Bien que la "Mortadella Bologna" bénéficie d'un statut protégé depuis 1998, certains producteurs comme Scapin estiment que les normes ne sont pas suffisamment strictes. La controverse autour de l'utilisation des pistaches, considérée par certains comme une addition non traditionnelle, persiste également.
New York Times, The Chicken Tycoons vs. the Antitrust Hawks, 29/11/2023
L'article explore la confrontation entre l'industrie américaine de la volaille et l'administration Biden au sujet des pratiques anticoncurrentielles. En 2014, KFC a connu des difficultés à se procurer des poulets de petite taille pour ses restaurants, une situation exacerbée par la hausse des prix des fournisseurs. Pilgrim’s Pride et d'autres fournisseurs ont augmenté leurs prix, profitant de la vulnérabilité de KFC. Cette hausse coordonnée a conduit à des accusations de fixation des prix et de manipulation du marché.
Le Département de la Justice des États-Unis a ciblé l'industrie de la volaille dans le cadre d'une campagne plus large contre les pratiques anticoncurrentielles. En 2020, plusieurs cadres de l'industrie, dont ceux de Pilgrim’s Pride, ont été inculpés pour entente sur les prix. Cependant, les tentatives du gouvernement de poursuivre ces cas en justice ont rencontré des difficultés, avec des procès se terminant par des jurys non conclusifs ou des acquittements.
L'administration Biden a pris des mesures pour renforcer l'application des lois antitrust, nommant des experts en la matière à des postes clés. Malgré cela, les efforts pour lutter contre le pouvoir monopolistique des grandes entreprises, y compris dans l'industrie de la volaille, se sont heurtés à des obstacles juridiques et à des défis dans la preuve de comportements anticoncurrentiels.
Le cas de l'industrie de la volaille illustre la difficulté de raviver l'application des lois antitrust après des décennies de négligence. Les procès contre les grandes entreprises de technologie et d'autres secteurs sont en cours, mais les résultats restent incertains. Parallèlement, des accords à l'amiable dans certains cas ont conduit à des changements dans les pratiques commerciales, comme la fin du "système de tournoi" controversé utilisé pour payer les éleveurs de volaille.
L'article souligne les défis de lutter contre les pratiques anticoncurrentielles dans un environnement où les grandes entreprises ont accumulé beaucoup de pouvoir et d'influence.
Financial Times, Start-ups set out to make coffee more sustainable, 29/11/2023
L'article s’intéresse à la manière dont les start-ups cherchent à rendre la production de café plus durable en transformant ses déchets en produits utiles. L'entreprise colombienne Woodpecker, par exemple, fabrique des panneaux de construction à partir de coques de café, une innovation qui a permis de construire des maisons et des écoles pour près de 70 000 personnes. Cette initiative fait partie d'un effort mondial pour résoudre le problème croissant des déchets générés par l'industrie du café.
Avec environ 3 milliards de tasses de café consommées quotidiennement dans le monde et une demande en hausse, l'industrie génère une quantité considérable de déchets, notamment des marcs de café qui produisent du méthane en décomposition, ainsi que des gobelets jetables. De plus, la transformation des baies de café en grains produit des déchets agricoles tels que des coques, de la pulpe et de l'eau contaminée.
Les nouvelles méthodes d'emballage du café, comme les capsules en aluminium, créent également de nouveaux flux de déchets. Bien que Nestlé encourage le recyclage de ses capsules Nespresso, seulement environ un tiers d'entre elles sont effectivement recyclées. En réponse, Nespresso a introduit des capsules compostables en France et en Suisse.
L'accent est mis sur l'économie circulaire pour réduire les déchets dans l'industrie du café, comme le montre la création du Centre for Circular Economy in Coffee par l'International Coffee Organization. Ce centre, basé à Turin, vise à accélérer la transition vers une économie circulaire dans la chaîne d'approvisionnement du café.
D'autres entreprises, comme Kaffeeform à Berlin, recyclent également les marcs de café, les transformant en gobelets réutilisables. Ces initiatives soulignent les défis de durabilité auxquels l'industrie du café est confrontée, notamment l'augmentation de la demande, la déforestation causée par la production de café, et les difficultés économiques des producteurs de café, principalement dans les pays pauvres.
La start-up américaine Green Coffee Company, qui opère en Colombie, vise à réformer le modèle de la chaîne d'approvisionnement pour le rendre durable et rentable. En contrôlant l'ensemble de sa chaîne d'approvisionnement, l'entreprise peut payer les producteurs plus cher et adopter un modèle d'économie circulaire qui génère de plus grands profits. Elle développe des méthodes pour transformer la pulpe de café en une gamme de produits, y compris de l'engrais et de la farine, et prévoit de fermenter la pulpe pour produire de l'éthanol.
Forbes, 30 Under 30 Food & Drink 2024: Meet The Entrepreneurs Changing The Future Of Food, 28/11/2023
Comme chaque année à cette époque les médias nous proposent des classements de personnalités. Celui de Forbes nous intéresse particulièrement car c’est un peu le futur de la food et de la foodtech. Il présente des jeunes talents innovants dans les domaines de la restauration, de l'agriculture, des aliments emballés, de l'alcool et du développement de recettes.
Parmi eux, Hayley et Stephanie Painter, des agricultrices de quatrième génération, ont créé Painterland Sisters, une marque de yaourt skyr bio américain, qui devrait générer plus de 1 million de dollars de revenus dans sa première année de vente au détail.
Josh Belinsky, un entrepreneur de 28 ans, a cofondé Slate, une marque de laits et lattes sans lactose, sans sucre ajouté et riches en protéines. Depuis son lancement en 2019, Slate a vendu plus de 15 millions de canettes de lait et a reçu 25 millions de dollars d'investissements.
Les restaurateurs figurent également en bonne place sur la liste. On y trouve notamment Camari Mick, cheffe pâtissière nominée pour un prix James Beard, Angel Zheng et Max Goldberger, derrière les spots omakase de sushi de New York, ainsi que Nick Nanakos, dont l'entreprise possède Ziki, une chaîne de food trucks à Austin, Texas. Joseph Linzon, un développeur de restaurants, a également été mis en avant pour avoir fondé Roots Natural Kitchen et Corner Juice.
Dans le domaine technologique, Raghav Poddar et Vamsi Gadiraju de Superorder, une plateforme logicielle pour restaurants, ont été reconnus pour leur impact, tout comme Adam Ahmad, le fondateur de Kea, qui intègre l'intelligence artificielle dans les appels téléphoniques des restaurants.
Parmi les innovateurs dans le domaine de la durabilité, Louis Stenmark et sa startup Windfall Bio transforment le méthane en nutriments organiques pour le sol, tandis que Ricky Cassini de Michroma crée des colorants alimentaires naturels à partir de champignons fermentés.
Keith Lee, un créateur de contenu basé à Las Vegas, est également présent sur la liste pour ses critiques alimentaires virales sur TikTok, et Tyler Williams de ASI Food Safety, spécialisé dans la certification et l'audit de la sécurité alimentaire, est également honoré.
Ces jeunes entrepreneurs sont en train de façonner l'industrie alimentaire de 2024 et au-delà, apportant innovation et durabilité dans leurs domaines respectifs.
Financial Times, For women in wine, things are not getting better, 02/12/2023
Une problématique qui n’existe malheureusement pas qu’en France. En effet, si l'article met en avant les progrès réalisés par les femmes dans l'industrie du vin, il souligne également les défis persistants liés au sexisme et au harcèlement. Selon une enquête menée auprès de 726 femmes travaillant dans le commerce du vin au Royaume-Uni, 78 % estiment que le sexisme, les préjugés de genre et le harcèlement sont des problèmes sérieux dans le secteur. 44% des répondantes ont même envisagé de quitter le commerce à cause de ces problèmes.
L'enquête révèle que les femmes dans l'hôtellerie sont particulièrement vulnérables, avec des cas de harcèlement et d'avances inappropriées de la part de clients et de collègues masculins. Les femmes qui travaillent dans la vente de vin signalent également des commentaires sexuels inappropriés lors d'événements professionnels. L'alcool est souvent utilisé comme excuse pour ces comportements.
Queena Wong, à l'origine de l'enquête, a créé Curious Vines pour soutenir les femmes dans l'industrie du vin. L'enquête a également mis en évidence une discrimination en termes de salaire et de conditions de travail, notamment en ce qui concerne le congé de maternité.
Les résultats de l'enquête ont suscité des réactions choquées mais pas surprenantes parmi les professionnels du secteur, y compris Ian Harris, ancien chef du Wine & Spirit Education Trust, et Miles Beale, directeur général de la Wine and Spirit Trade Association. Les membres de l'association ont exprimé leur intérêt pour des solutions visant à améliorer le soutien aux femmes dans l'industrie.
Cerfrance, Décrypter les enjeux de souveraineté alimentaire, Novembre 2023
Un dossier intéressant sur la souveraineté alimentaire dans différentes filières.
Il propose notamment de clarifier ce que recouvre la souveraineté alimentaire,
quel état des lieux on peut en faire et analyse la manière dont la question de souveraineté se pose dans certaines filières (oléoprotéagineux, lait, viande bovine).
On regrettera juste que la définition de certains graphiques et figures soient mauvaise et les rende difficile à lire.
WWF, What’s in store for the planet, Report 2023, Novembre 2023
Ce rapport offre un aperçu de la manière dont le secteur de la distribution alimentaire au Royaume-Uni aborde ses impacts environnementaux, actualisant le rapport équivalent de 2022. A noter que l'engagement a augmenté cette année, avec la participation de 10 des 11 principaux distributeurs alimentaires du Royaume-Uni, représentant 90 % du marché des produits d'épicerie du pays.
Le rapport montre que, bien que de bonnes actions aient été entreprises et qu’il y a des signes encourageants dans certains domaines, la distribution alimentaire a encore un très long chemin à parcourir si elle veut être à la pointe du changement nécessaire, à la fois dans les chaînes d'approvisionnement et dans l'ensemble du système alimentaire. Dans la plupart des domaines, les progrès sont globalement similaires à ceux de l'année dernière, et dans certains cas, ils se sont aggravés. Actuellement, le manque de traçabilité significative est également un obstacle majeur à un reporting et une action efficaces.
HBR, Fast Casual Food Pioneer Ron Shaich Explains How to Find a Niche — and then Scale,
Une conversation avec le fondateur et ancien PDG de Panera Bread et actuel président de Cava.
Le secteur de la restauration est notoirement compétitif et souvent propulsé par des modes passagères. Mais, d'abord à la tête d'Au Bon Pain, puis en tant que fondateur de Panera Bread, Ron Shaich a réussi à créer une toute nouvelle catégorie de restauration entre la restauration rapide et le service à table, puis à dominer ce marché aux États-Unis. Selon lui, les stratégies qui lui ont permis de réussir peuvent être appliquées à tout type d'organisation : écouter et observer les clients pour savoir ce qu'ils veulent, créer une offre réellement différenciée, exécuter avec excellence et trouver les bonnes opportunités de croissance.
C’est parti pour l’appel à projets Nourrir l’Avenir, édition 2024, de la Fondation Daniel et Nina Carasso.
Avec une nouveauté : cette année, la fondation dédouble son appel pour soutenir à la fois des projets d’alimentation durable globaux (comme les années précédentes) mais aussi des projets axés sur la justice et la démocratie alimentaire.
Cet appel à projet s’adresse à celles et ceux qui osent regarder et construire le monde autrement, qu’ils travaillent au sein de la société civile, de collectivités ou d’entreprises. En lien avec notre axe Alimentation Durable, il encourage l’innovation pour accélérer la transformation des systèmes agricoles et alimentaires vers des modèles durables du point de vue environnemental, économique, politique, social, culturel et nutritionnel, et de la graine au compost.
Alors, si vous avez un projet innovant, en rupture, qui propose des solutions concrètes aux grands défis sociétaux de la transformation des systèmes agricoles et alimentaires… candidatez dès maintenant et jusqu’au 28 janvier 2024.
Tout est expliqué ici.
Pour certains le whisky ne serait réservé qu’aux hommes
C’est tout pour aujourd’hui.
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A la semaine prochaine!
O. Frey