đŸđđ Eat's business đđ·đ§ 2023-14
Bonjour Ă toutes et Ă tous, je vous propose cette newsletter dans laquelle vous trouverez quelques articles sur le monde de lâalimentaire qui mâont semblĂ© intĂ©ressants dans la semaine prĂ©cĂ©dente.Â
Pour ceux qui veulent la formule ristretto, les 3 articles que je vous conseille de lire en prioritĂ© cette semaine sont :Â
Le Figaro, Daniel Kretinsky déclenche une bataille pour le contrÎle de Casino, 24/04/2023
LSA, Le plan de Getir-Gorillas pour survivre au redressement judiciaire, 27/04/2023
Wall Street Journal, Pepsiâs New Healthy Diet: More Potato Chips and Soda, 22/04/2023
Bonne lecture et bonne semaine Ă toutes et Ă tous!
Pour celles et ceux dâentre vous qui ont plus de temps pour la formule lungo :
Le Figaro, Daniel Kretinsky dĂ©clenche une bataille pour le contrĂŽle de Casino, 24/04/2023 + Le Monde, Distribution : les grandes manĆuvres autour de Casino lancent une consolidation longtemps retardĂ©e, 25/04/2023
Les grandes manoeuvres sont lancées autour du groupe de distribution Casino, qui détient notamment Monoprix, Naturalia, Franprix ou encore le site de vente en ligne Cdiscount. Le groupe est en effet fragilisé par une dette de prÚs de 6,4 milliards d'euros de sa maison mÚre Rallye que plusieurs ventes d'actifs n'ont pas suffi à rembourser.
Actuellement, il dispose toutefois de deux propositions de reprise sur la table. A celle amenĂ©e par lâentitĂ© Teract, dĂ©jĂ Ă©voquĂ©e ici et ici, vient sâajouter une offre de derniĂšre minute de la part du milliardaire tchĂšque Daniel Kretinsky. Ce dernier dĂ©tient dĂ©jĂ 10% de Casino et sâest associĂ© Ă Marc Ladreit de LacharriĂšre, qui en dĂ©tient environ 12% via Fimalac, pour proposer une augmentation de capital de 1,1 milliard d'euros. Kretinsky apporterait 750 millions d'euros, ce qui lui permettrait de prendre le contrĂŽle de Casino, avec au moins 40% du capital. Marc Ladreit de LacharriĂšre apporterait 150 millions d'euros et le solde (200 millions) proviendrait des autres actionnaires de Casino. Toutefois, la premiĂšre condition pour la proposition de Daniel Kretinsky exige une rĂ©duction substantielle de la dette brute non sĂ©curisĂ©e du groupe par voie de rachat en numĂ©raire et de conversion en capital. Cette exigence s'adresse aux dĂ©tenteurs de dette obligataire pour un montant nominal de 3,6 milliards d'euros. Casino a pris note de la proposition, mais il n'a pas encore pris de dĂ©cision.
Cette semaine un nouvel acteur a annoncĂ© son soutien au projet de reprise de Teract : le groupement des Mousquetaires (IntermarchĂ©, Netto) s'est en effet dit prĂȘt Ă devenir actionnaire de l'entitĂ© chapeautant les activitĂ©s de distribution de Teract et Casino. Le groupe ferait un investissement de 100 millions d'euros pour une participation minoritaire au nouvel ensemble, mais sans apporter le moindre magasin. Dans lâaffaire, IntermarchĂ© rĂ©cupĂšrerait âune centaine de points de vente de Casinoâ. Casino, Teract et Intermarché prĂ©cisent que des cessions âreprĂ©sentant au minimum 1,1 milliard d'euros de chiffre d'affairesâ pourraient ĂȘtre rĂ©alisĂ©es sur plusieurs annĂ©es au profit dâIntermarchĂ© (il sâagirait de supermarchĂ©s, d'hypermarchĂ©s et de quelques Franprix).
Le second article sâintĂ©resse aux tentatives, souvent avortĂ©es, de consolidation de la grande distribution française ces derniĂšres annĂ©es. Les tractations actuelles autour de Casino reprĂ©sentent ainsi âune étape majeureâ dans la recomposition du secteur de la grande distribution en France.
Comme le souligne lâarticle, âtous les concurrents observent la situation. Ce qui Ă©tonne, câest lâabsence de Carrefourâ. En effet, le PDG de Carrefour, Alexandre Bompard, s'est prononcĂ© Ă plusieurs reprises pour la consolidation du secteur, mais a Ă©chouĂ© Ă trouver un partenaire stratĂ©gique. Toutefois, depuis le rejet par le gouvernement français d'un rapprochement avec le distributeur canadien Couche-Tard en janvier 2021, Carrefour a changĂ© de stratĂ©gie et ne cherche plus d'opĂ©rations de consolidation majeures. Le distributeur est mĂȘme sorti de sa centrale d'achat conjointe avec SystĂšme U en septembre 2022 pour crĂ©er une plate-forme avec ses filiales europĂ©ennes.
Le Figaro, Inflation : les producteurs de tomates dénoncent les marges «abusives» de la grande distribution, 25/04/2023
Dans un récent communiqué, les producteurs français de tomates dénoncent les marges abusives pratiquées par certaines enseignes de la grande distribution.
En se basant sur des donnĂ©es FranceAgriMer, le communiquĂ© souligne que âla marge brute sur la tomate grappe origine France avait dĂ©jĂ atteint 1,82 euro fin mars soit un taux de marge de 84%â
Cependant, FranceAgriMer prĂ©cise que la marge brute des fruits et lĂ©gumes correspond âĂ la marge commerciale unitaire de la grande distribution considĂ©rĂ©e dans son ensemble (centrales d'achat, plates-formes logistiques des enseignes et magasins)â et âpeut Ă©galement intĂ©grer la marge commerciale des grossistesâ.
Du cĂŽtĂ© des distributeurs, on rĂ©fute cette attaque. Comme le souligne SystĂšme U, âla marge qu'on prend sur les tomates françaises ou espagnoles est la mĂȘme, et a mĂȘme baissĂ©.â
Reste que pour le consommateur le prix de la tomate a augmentĂ© de 25% en un an. DâaprĂšs FranceAgriMer, un kilo de tomates rondes origine France (57-67 ou 67-82 mm en vrac), en grandes et moyennes surfaces, coĂ»tait en mars 4,89 euros (+10% par rapport Ă avril 2022), contre 4,39 euros pour son Ă©quivalent espagnol (+8%) et 4,05 euros pour son Ă©quivalent marocain (+98%).
Le Monde, « La viande cultivée peut représenter un atout pour répondre aux défis environnementaux », 22/04/2023
Dans cette tribune, une quinzaine d'universitaires affirment que les critiques Ă l'Ă©gard de la viande cultivĂ©e sont souvent âun prĂ©texte pour maintenir le statu quo de nos rĂ©gimes alimentaires fortement dĂ©pendants de l'Ă©levageâ.
Les auteurs estiment qu'il est nĂ©cessaire de ne pas perdre de vue que ânotre consommation de viande actuelle est intenableâ et que la recherche dâalternatives Ă la viande est nĂ©cessaire.
Sâils admettent que âles premiers rĂ©sultats des Ă©tudes sur l'impact environnemental de la viande cultivĂ©e Ă©taient excessivement optimistesâ, ils mettent en avant le fait que de rĂ©cents travaux ont montrĂ© que la viande cultivĂ©e âpeut reprĂ©senter un atout pour rĂ©pondre aux dĂ©fis environnementauxâ.
Ainsi, une analyse du cycle de vie datant de 2021 (la premiĂšre Ă utiliser des donnĂ©es directement issues des entreprises du secteur) a montrĂ© quâavec âun mix Ă©nergĂ©tique dĂ©carboné la viande cultivĂ©e est meilleure pour lâenvironnement que la viande de poulet, de porc ou de bĆufâ. Avec âun mix Ă©nergĂ©tique non dĂ©carbonĂ©, elle reste bien meilleure que le bĆuf sur le plan environnemental, mais moins bonne que le poulet ou le porcâ. Par ailleurs, âdans tous les scĂ©narios, la viande cultivĂ©e nĂ©cessite moins de terres que la viande conventionnelleâ.
En outre, la viande cultivĂ©e est surveillĂ©e par les agences de sĂ©curitĂ© alimentaire, qui affirment que les dangers potentiels de cette technologie ne sont pas nouveaux et peuvent ĂȘtre gĂ©rĂ©s.
Enfin, les auteurs de la tribune mettent en avant le fait que âle manque de donnĂ©es devrait davantage nous inciter Ă financer la recherche publique sur le sujet pour accroĂźtre nos connaissancesâ plutĂŽt que de ânous conforter dans nos habitudes de production risquĂ©es et inconciliables avec un monde durableâ.
Le Figaro, Le mode de calcul du Nutri-Score va changer en fin d'annĂ©e pour promouvoir des choix alimentaires plus sains, 25/04/2023 + Les Ăchos, Le Nutri-Score a poussĂ© l'industrie alimentaire Ă revoir des milliers de recettes, 29/04/2023
Le Nutri-Score, systÚme d'étiquetage nutritionnel présent dans six pays européens, va voir son mode de calcul changer à partir de fin 2023.
Les autorités sanitaires et agroalimentaires de plusieurs pays, dont la France et l'Allemagne, ont annoncé que ce nouvel algorithme renforcera l'efficacité du Nutri-Score en le faisant correspondre davantage aux principales recommandations alimentaires des pays européens pour guider les consommateurs vers des choix plus sains.
Cette rĂ©vision a Ă©tĂ© entreprise aprĂšs des critiques sur le caractĂšre obsolĂšte ou inadaptĂ© de certaines de ses recommandations. AprĂšs une premiĂšre Ă©tape en 2022 pour les aliments solides, les travaux sur les boissons viennent d'ĂȘtre achevĂ©s. Cette mise Ă jour du Nutri-Score, qui sera coordonnĂ©e entre les six pays concernĂ©s, notamment la prise en compte de l'utilisation d'Ă©dulcorants dans les boissons, doit ĂȘtre introduite dans la rĂ©glementation d'ici fin 2023 et les entreprises auront deux ans pour adapter leur Ă©tiquetage.
Dans le second article, Serge Hercberg, dont les travaux avaient servi de base à la création de l'indice, explique ce qui a motivé ces changements.
Ainsi, il explique que lân sait dĂ©sormais âque les Ă©dulcorants n'ont pas un intĂ©rĂȘt rĂ©el dans les boissons sans sucreâ et quâils âpourraient mĂȘme avoir un effet dĂ©lĂ©tĂšreâ. Par consĂ©quent le score des boissons Ă©dulcorĂ©es va passer de B Ă C. Dans le mĂȘme esprit, les boissons lactĂ©es aromatisĂ©es et les yaourts Ă boire ont Ă©tĂ© dĂ©classĂ©s car elles âcontiennent des quantitĂ©s de sucre non nĂ©gligeables, proches des sodasâ. Elles vont passer de A ou B Ă D ou E. Dans les boissons la seule ayant dĂ©sormais la note A est lâeau.
Les Ăchos, Comment les eaux minĂ©rales s'adaptent Ă la sĂ©cheresse, 23/04/2023
Câest un marchĂ© Ă 3 milliards dâeuros (pour 9 milliards de litres vendus).
Comme lâexplique lâarticle, les minĂ©raliers puisant lâeau dans âdes nappes ultra-profondes peu dĂ©pendantes de la pluviomĂ©trie à  court termeâ ne se sont jamais posĂ© de question par rapport au niveau de ces nappes. NĂ©anmoins, les sĂ©cheresses à  rĂ©pĂ©tition font que âle sujet s'invite à  leur tableâ.
Lâarticle prĂ©cise quâil faut âdes annĂ©es pour que l'eau de pluie traverse les couches de roches et de sĂ©diments avant de s'installer, chargĂ©e de minĂ©raux, dans les aquifĂšres servant de ressource aux minĂ©raliersâ. Ainsi, le manque de pluie est une vraie menace pour eux.
Contre toute attente, âl'exploitation de l'eau minĂ©rale ne reprĂ©sente qu'environ 0,3 % des prĂ©lĂšvements d'eau potable chaque annĂ©eâ. Toutefois, certains exploitants rĂ©duisent leur production par prĂ©caution. Câest le cas par exemple de Wattwiller, en Alsace, qui a annoncĂ© en dĂ©but d'annĂ©e qu'il plafonnait sa production pour prĂ©server sa source. Du cĂŽtĂ© de NestlĂ© Waters (Vittel, Contrex et HĂ©par), on a dĂ» rĂ©organiser les prĂ©lĂšvements suite aux arrĂȘtĂ©s rendus l'an dernier par la prĂ©fecture des Vosges.Â
Si âles mesures de restriction des prĂ©lĂšvements d'eaux de source et minĂ©rales restent prises au coup par coup par les prĂ©fectures en fonction de l'Ă©tat des ressourcesâ, l'urgence climatique fait que âde nouvelles pratiques commencent à  émergerâ.
LSA, La fumaison française de saumon menacée par la hausse des cours, 24/04/2023
Dans un communiquĂ©, les Entreprises du Traiteur Frais (ETF) sâalarment de la âflambĂ©e historique des coĂ»ts de production pour les entreprises françaises de fumaisonâ, qui fournissent prĂšs de 70 % du marchĂ© national.
DâaprĂšs le communiquĂ©, âle prix du saumon de NorvĂšge, Ă l'origine de 53 % du saumon fumĂ© en France, a ainsi quasiment doublĂ© en deux ans (+96,65 %), entre le premier trimestre 2021 et le premier trimestre 2023â. Cette augmentation des prix est due Ă la forte demande mondiale, en particulier de la Chine (+25 % d'exportations de saumon frais de la NorvĂšge vers la Chine), et Ă la baisse de l'offre, en raison de la baisse de la biomasse liĂ©e Ă la chaleur de l'Ă©tĂ© 2022 (-75 % de production en Ecosse sur les 3 derniers mois) et des difficultĂ©s sanitaires en AmĂ©rique latine.
Cette situation devrait se prolonger, car les cours historiquement Ă©levĂ©s du saumon frais s'inscrivent dans la durĂ©e, et la production risque de ne pas faire face, avec une baisse attendue notamment en NorvĂšge, principal pays producteur. Dans le mĂȘme temps, les entreprises de fumaison font Ă©galement face Ă la hausse gĂ©nĂ©ralisĂ©e de leurs charges (Ă©nergie, emballage, transport, main d'oeuvre...). Dans ce contexte, la filiĂšre, qui est composĂ©e d'une trentaine de Petites et Moyennes Entreprises (PME) et Entreprises de Taille IntermĂ©diaire (ETI), employant 2 600 personnes, appelle tous les acteurs Ă faire preuve de comprĂ©hension et de solidaritĂ©, comme en 2022.
LSA, Le plan de Getir-Gorillas pour survivre au redressement judiciaire, 27/04/2023
Getir France, qui a rachetĂ© son principal concurrent Gorillas lâan dernier, est dĂ©sormais en cessation de paiement et est engagĂ© dans une procĂ©dure de redressement judiciaire
Dans le cadre de cette procĂ©dure, LSA a rĂ©ussi Ă se procurer des documents confidentiels sur la situation du leader du Q-commerce. Le moins que lâon puisse dire câest que les finances sont au plus mal. Ainsi, âGorillas a perdu presque 38 millions d'euros en 2021 pour 9 millions d'euros de chiffre d'affaires, puis 57 millions en 2022, pour des revenus de 25 millions. Ces ratios sont pires encore chez Getir : 2,4 millions de chiffre d'affaires en 2021 et 22 millions d'euros perdus, puis 23 millions de CA en 2022, avec des pertes qui bondissent Ă 99 millions d'eurosâ. En cumulĂ©, cela donne plus de 215 millions d'euros de pertes depuis leur arrivĂ©e en France en 2021âŠ
Ainsi, dâaprĂšs lâarticle, Getir, perd âen moyenne plus de 6 millions d'euros par mois en Franceâ et Gorillas âprĂšs de 3 millions d'euros par moisâ. Les 2 entreprises reconnaissent quâelles ân'arrivent pas Ă atteindre le seuil de rentabilitĂ© permettant de passer d'un modĂšle dĂ©ficitaire de start-up en phase de croissance Ă un modĂšle Ă©conomiquement rentable sur le long termeâ.
Pour expliquer cette situation, les 2 entreprises expliquent quâelles subissent âles effets de l'inflation des produits alimentaires depuis fin 2022â et que âla frĂ©quence et le montant des commandes ainsi que le prix moyen des produits achetĂ©s ont fortement diminuĂ©â. Par ailleurs, lâarticle prĂ©cise que âleur parc de dark stores (est) surdimensionnĂ©â. Ainsi la moitiĂ© des dark stores de Getir France âne sont pas utilisĂ©s, tandis que d'autres ne sont pas adaptĂ©s au niveau d'activitĂ©â et chez Gorillas sur 30 dark stores âenviron la moitiĂ© (sont) inactifsâ. Or Getir et Gorillas ne peuvent pas rĂ©silier les baux de ces dark stores. DâoĂč ce passage en redressement judiciaire qui âdevrait ainsi permettre de trouver des solutions auprĂšs des bailleursâ.
Bref le secteur du Q-commerce aura brĂ»lĂ© beaucoup de cash depuis 2021 mais ne semble pas avoir trouver de marchĂ© dans lâHexagone.
Le Parisien, Sécheresse en Espagne : faut-il craindre une hausse des prix des fruits et légumes, voire une pénurie ?, 25/04/2023
La sĂ©cheresse prĂ©coce qui a sĂ©vi cette semaine en Espagne risque dâavoir des consĂ©quences dĂ©sastreuses sur lâagriculture du pays. Et par effet boule de neige elle aura des consĂ©quences sur les prix des fruits et lĂ©gumes en France.
En effet, lâEspagne est un fournisseur important du marchĂ© français : le pays produit âquatre fois plus de concombres que la France, dont elle est le premier fournisseurâ et exporte â100 000 tonnes de tomates dans l'Hexagoneâ. De plus, prĂšs de âdeux tiers des melons qui arrivent sur nos marchĂ©sâ proviennent du sud de l'Espagne.
Alors que les rendements seront infĂ©rieurs aux annĂ©es prĂ©cĂ©dentes pour cause de manque dâeau, âles prix vont forcĂ©ment augmenter pour les courgettes, les tomates, les salades, pĂȘches, nectarines et abricots qui doivent arriver en France en mai et juinâ selon le spĂ©cialiste de la grande distribution Olivier Dauvers.
Financial Times, Europeans shouldnât laugh about that $29 NYC sandwich, 24/04/2023
Cet article fait suite à un tweet publié il y a quelques qui montrait un simple sandwich jambon-fromage vendu 29$ dans un magasin de New York.
Comme dit dans le titre, cet article conseille aux EuropĂ©ens de ne pas trop sâen moquer car âil convient de se demander si (ce sandwich) n'est pas un avertissement pour les consommateurs europĂ©ensâ. En effet, selon lâarticle, âles EuropĂ©ens pourraient bientĂŽt ĂȘtre exposĂ©s aux mĂȘmes prix exorbitants pour les aliments frais, Ă mesure que le secteur agroalimentaire du continent s'oriente lentement vers le modĂšle amĂ©ricain consolidĂ©â.
Ainsi, il explique que depuis trois décennies, les consommateurs européens ont profité d'une abondance de produits à des prix abordables, disponibles toute l'année dans les supermarchés. Les grandes enseignes de la grande distribution européennes, telles qu'Aldi, Tesco ou Auchan, ont dicté les prix des produits frais grùce à leur contrÎle du marché européen, l'un des plus lucratifs et des plus compétitifs au monde.
Toutefois, deux tendances vont changer cette donne :
la consolidation du marché
le changement climatique.
En Europe, l'industrie agroalimentaire subit la mĂȘme transformation que celle qui s'est produite aux Ătats-Unis, oĂč les coĂ»ts Ă©levĂ©s de l'investissement en capital et de la conformitĂ© rĂ©glementaire ont poussĂ© les exploitations agricoles Ă se regrouper et Ă s'intĂ©grer Ă la chaĂźne de valeur. Cela a donnĂ© naissance Ă des entreprises familiales plus complexes et plus grandes, mieux Ă©quipĂ©es et disposant de plus de moyens pour nĂ©gocier avec les fournisseurs et les acheteurs. Cependant, cela signifie Ă©galement que le marchĂ© devient de plus en plus monopolistique, ce qui entraĂźnera une hausse des prix des denrĂ©es alimentaires.
Le changement climatique, avec une volatilité accrue, se traduira par des chocs plus fréquents dans la chaßne d'approvisionnement, ce qui aggravera la situation.
En fin de compte, il est probable que les produits frais seront bientĂŽt considĂ©rĂ©s comme un luxe en Europe, Ă l'image des Ătats-Unis, oĂč les consommateurs paient dĂ©jĂ des prix exorbitants pour un simple sandwich.
Modern Retail, As Amazon looks to invest in other grocery formats, the future of Whole Foods remains unclear, 20/04/2023
Dans sa lettre annuelle aux actionnaires de 2022, Amazon a fait allusion Ă ses projets d'investissement dans un modĂšle d'Ă©picerie de masse, mais a laissĂ© entendre que sa chaĂźne Whole Foods ne rĂ©pondait pas Ă ce besoin. Le PDG d'Amazon, Andy Jassy, a ainsi Ă©crit que Whole Foods est sur une âvoie encourageanteâ, mais que pour avoir un impact plus important sur les Ă©piceries physiques, ânous devons trouver un format d'Ă©picerie de masse qui, selon nous, vaut la peine d'ĂȘtre dĂ©veloppĂ© Ă grande Ă©chelleâ.
Selon les experts du secteur, bien que Whole Foods occupe un crĂ©neau haut de gamme dans le secteur de l'Ă©picerie, la chaĂźne ne sert pas vraiment le marchĂ© de masse de la mĂȘme maniĂšre que ses rivaux Kroger ou Albertsons. .
Comme lâexplique lâarticle, aprĂšs le rachat de Whole Foods en 2017, Amazon a concentrĂ© ses efforts sur l'innovation technologique dans l'Ă©picerie, ce qui a donnĂ© naissance notamment aux magasins de proximitĂ© Amazon Go en 2018. En 2022, Amazon a fait le pari dâun nouveau format d'Ă©picerie avec Amazon Fresh, qui compte dĂ©sormais 42 magasins.
Selon Sean Turner, directeur de la technologie de la startup Swiftly, les remarques dâAndy Jassy sont le signe qu'Amazon veut dĂ©sespĂ©rĂ©ment rĂ©ussir sur le marchĂ© de l'Ă©picerie. Selon lui, âAmazon est Ă la recherche d'un modĂšle lui permettant d'avoir une Ă©picerie qu'il peut utiliser pour servir les clients plus frĂ©quemment et Ă moindre coĂ»t que ce qu'il est capable de faire pour ses achats en ligneâ.
Wall Street Journal, Why Is It So Hard to Get the Wines We Really Want?, 02/03/2023
Un article sur la multiplicité de lois qui restreignent fortement le commerce de vin aux Etats-Unis.
Premier exemple avec le New Jersey oĂč il existe par exemple une loi qui empĂȘche les vignobles qui produisent (ou dĂ©tiennent une participation dans un vignoble qui produit) plus de 250 000 gallons (ou environ 105 000 caisses) par an, d'expĂ©dier du vin directement aux consommateurs.
De plus, les expĂ©ditions directes de vin entre Ătats par les dĂ©taillants et les consommateurs sont autorisĂ©es dans 13 Ătats et dans le district de Columbia. Certains Ătats limitent les livraisons directes d'alcool du dĂ©taillant au consommateur, que ce soit Ă l'intĂ©rieur ou Ă l'extĂ©rieur de l'Ătat. Toutefois, lorsqu'une cave, et non un dĂ©taillant, se charge de l'expĂ©dition, 47 Ătats autorisent les livraisons directes aux clients, bien que presque tous les Ătats posent des conditions, notamment en limitant le nombre de caisses qu'un consommateur peut acheter.
Cette approche de la vente d'alcool aux Ătats-Unis remonte en fait Ă la fin de la Prohibition, en 1933, lorsque chaque Ătat a Ă©tabli ses propres lois en matiĂšre de vente et de distribution d'alcool. Le systĂšme dit Ă trois niveaux, dans lequel une cave vend Ă un distributeur, Ă un importateur ou Ă l'autoritĂ© de rĂ©gulation des alcools de l'Ătat, qui vend Ă un restaurant ou Ă un magasin, qui vend Ă son tour aux consommateurs, est devenu le mode de distribution standard dans la plupart des Ătats.
Les détracteurs de ce systÚme sont de plus en plus nombreux. Ils affirment notamment que le systÚme à trois niveaux est devenu pénalisant pour les consommateurs et les établissements vinicoles, d'autant plus que les petits distributeurs disparaissent ou sont regroupés au sein d'une poignée d'entreprises de plus en plus grandes.
Wall Street Journal, Pepsiâs New Healthy Diet: More Potato Chips and Soda, 22/04/2023
Pendant des annĂ©es, le groupe PepsiCo a essayĂ© de mettre de cĂŽtĂ© ses racines dans la malbouffe et de rĂ©orienter ses activitĂ©s vers des produits plus sains comme le houmous, le yaourt, le kombucha, les chips de lĂ©gumes et les barres aux fruits et aux noix. Lâancienne PDG Indra Nooyi s'Ă©tait engagĂ©e Ă transformer le gĂ©ant des snacks et des sodas en un gĂ©ant de la santĂ© et a Ă©largi la gamme de produits "bons pour la santĂ©" de l'entreprise. Toutefois le groupe a constatĂ© que, si de nombreux consommateurs affirment vouloir manger plus sainement, ce qu'ils veulent en rĂ©alitĂ© ce sont des chips. DĂ©sormais Pepsico met les bouchĂ©es doubles sur ses produits stars comme Pepsi, Doritos et Lay's. Le PDG du groupe, Ramon Laguarta, affirme en effet que le fait de se concentrer sur les aliments que les gens veulent manger n'est pas seulement bon pour le business. Selon lui, cette stratĂ©gie aura Ă©galement des effets bĂ©nĂ©fiques sur la santĂ© publique.
Pepsico part en effet du principe que de nombreuses personnes continueront à manger des chips quoi qu'il arrive. Par conséquent, le groupe s'efforce discrÚtement de rendre ses en-cas et ses boissons un peu moins mauvais pour la santé. PepsiCo a ainsi progressivement réduit la quantité de sodium, de graisses saturées et de sucre dans ses produits, et affirme vouloir la réduire encore davantage, sans que les consommateurs s'en aperçoivent.
Lâarticle raconte comment une Ă©quipe d'une dizaine de dĂ©gustateurs professionnels est au cĆur de cet effort. Plusieurs fois par semaine, ces derniers essaient la derniĂšre tentative de PepsiCo pour rĂ©duire la teneur en sel de ses chips. Les membres du panel sensoriel, comme on les appelle, suivent des mois de formation afin de pouvoir Ă©valuer, sur une Ă©chelle de 0 Ă 15, les subtiles variations de saveur et de texture. Car rĂ©duire le sel dans les chips est un exercice pas si simple quâil y paraĂźt. Il faut en effet que celle-ci conserve un goĂ»t suffisamment savoureux pour que les consommateurs ne le remarquent pas.
Cette nouvelle approche de Pepsico n'est pas du goût des experts en nutrition, qui associent la consommation d'aliments ultra-transformés, de snacks salés et de boissons sucrées à toute une série de problÚmes de santé, allant du diabÚte aux maladies cardiaques.
Lâarticle sâinterroge donc : âQuelle est la meilleure approche? Encourager l'abstinence ou inciter les gens Ă opter pour des solutions moins risquĂ©es ?â
Selon le PDG, les marques plus petites et plus saines de PepsiCo, telles que les chips de lĂ©gumes Off the Eaten Path, sont des marques de niche qui attirent les consommateurs aisĂ©s. A propos de ces marques il dit notamment : âest-ce vraiment ainsi que nous changerons la façon dont les gens consomment les produits et l'impact sur leur rĂ©gime alimentaire ?â. Il explique que son objectif plus large est de donner aux consommateurs des âchoix positifsâ, Ă la fois pour leur santĂ© et pour la planĂšte.
Les experts en nutrition et les scientifiques de l'alimentation affirment de leur cÎté que les efforts de PepsiCo pour réduire le sucre, le sodium et les graisses saturées pourraient améliorer la santé publique à court terme, mais qu'il y a une limite à la quantité de sel que l'on peut retirer d'une chips avant qu'elle n'ait plus de goût. Selon eux, les gains à long terme en matiÚre de santé publique ne se matérialiseront pas tant que les gens n'abandonneront pas les aliments ultra-transformés au profit d'aliments complets tels que les noix, les céréales complÚtes, les légumes et les fruits.
The Economist, The cucumber Saudis: how the Dutch got too good at farming,
Un sous-titre évocateur : comment les Néerlandais sont devenus trop bons en agriculture?
Rappelons tout dâabord que les Pays-Bas, petit pays de 17,5 millions dâhabitants et avec une Surface Agricole Utile de 1,82 million dâhectares (26,8 millions pour la France), sont devenus le deuxiĂšme exportateur mondial de produits agricoles et agroalimentaires, derriĂšre les Ătats-Unis. MĂȘme si, sur les quelques 100 milliards d'euros dâexports une partie est constituĂ©e de denrĂ©es alimentaires qui sont importĂ©es puis rĂ©exportĂ©es, les NĂ©erlandais produisent par exemple deux fois plus de fromage par habitant que la France.
Lâarticle sâintĂ©resse notamment Ă une ferme laitiĂšre flottante Ă Rotterdam (oui oui vous avez bien lu) qui est dĂ©crite comme âl'apothĂ©ose de siĂšcles de rĂ©flexion nĂ©erlandaise sur la maniĂšre de produire beaucoup de nourriture dans un coin surpeuplĂ© du nord de l'Europeâ. Le projet se nomme Floating Farm.
Lâarticle explique que âla pĂ©nurie alimentaire qui a sĂ©vi pendant la Seconde Guerre mondiale a convaincu les NĂ©erlandais qu'ils devaient cultiver autant que leurs champs le permettaientâ.
Les limites du modĂšle agricole nĂ©erlandais sont soupçonnĂ©es depuis des dĂ©cennies. Ainsi, dĂšs les annĂ©es 1980, les autoritĂ©s ont compris que l'importation d'une grande quantitĂ© d'aliments pour animaux entraĂźnerait une grande quantitĂ© d'excrĂ©ments d'animaux. Pourtant, les limites de la terre n'ont cessĂ© d'ĂȘtre testĂ©es : chaque acre de la ferme nĂ©erlandaise accueille quatre fois plus d'animaux, en termes de poids, que les autres fermes d'Europe.
Un sondage Ă destination des 18-26 ans qui ne vous prendra que 3 minutes pour rĂ©pondre Ă la question : âQuel regard portez-vous sur les commerces de bouche ?â.Â
Un commerce de bouche : Boutique indĂ©pendante de quartier qui source, transforme ou vend des produits alimentaires (boucher, boulanger, poissonnier, caviste, fromager, Ă©picerie fineâŠ). Cela se passe ici.
Câest tout pour aujourdâhui.
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A la semaine prochaine!
O. Frey