🌾🍇🐄 Eat's business 🍕🍷🧀 2023-13
Bonjour à toutes et à tous, je vous propose cette newsletter dans laquelle vous trouverez quelques articles sur le monde de l’alimentaire qui m’ont semblé intéressants dans la semaine précédente.
Pour ceux qui veulent la formule ristretto, les 3 articles que je vous conseille de lire en priorité cette semaine sont :
Le Parisien, « Ce bleu est bluffant » : comment le fabricant du Babybel parie sur le fromage conçu par… ordinateur, 11/04/2023
The Economist, A different way to measure the climate impact of food, 11/04/2023
Washington Post, An extra 10 minutes at dinner may help kids eat more healthy foods, 18/04/2023
Bonne lecture et bonne semaine à toutes et à tous!
Pour celles et ceux d’entre vous qui ont plus de temps pour la formule lungo :
Les Échos, Commande publique : les collectivités face au casse-tête des achats alimentaires locaux, 11/04/2023
Une illustration du “pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué”.
Alors que de nombreuses métropoles souhaiteraient (logiquement) privilégier l’achat de produits alimentaires locaux, comme elles y sont incitées par la loi Egalim, mais elles font face à une impossibilité juridique.
En effet, le code de la commande publique qui régit l'achat en restauration collective dépend d’une directive européenne. Or celle-ci ne permet pas de favoriser l'approvisionnement local.
Les collectivités sont donc obligées de contourner cette contrainte “en fixant des exigences de qualité ou en préférant certains types de produits et en morcelant les marchés”. D’ailleurs, “le ministère lui-même donne des astuces permettant de s'affranchir de ces règles sans que cela se voie trop”.
Afin d’en finir avec une telle incohérence, le sénateur Frédéric Marchand suggère que “le cadre européen de la commande publique permette une exception alimentaire pour une alimentation locale issue du territoire du PAT”. Certaines villes ont d’ailleurs déjà pris les devants, à l’image de Toulouse qui a voté le principe de cette exception alimentaire en juin 2022.
Les Échos, Les métropoles veulent sauver leur agriculture avec les circuits courts, 11/04/2023
Plusieurs grandes villes françaises ont mis en place des programmes d'alimentation territoriale afin de préserver leurs terres agricoles et d’offrir des débouchés à leurs agriculteurs. Les circuits courts sont par ailleurs encouragés pour relocaliser l'alimentation et les collectivités actionnent plusieurs leviers pour protéger les terres agricoles.
La ville de Bordeaux a commencé par cartographier les terres disponibles pour les agriculteurs et envisage de faire de son marché d'intérêt national une vitrine des producteurs locaux. Elle étudie également la possibilité d'utiliser le fleuve pour acheminer des denrées alimentaires et envisage la construction d'un atelier de transformation de fruits et légumes.
La métropole de Lille, qui est la plus agricole de France avec 40 % de sa superficie consacrée aux surfaces agricoles, soutient les agriculteurs locaux en promouvant les circuits courts et en créant des jardins partagés. Elle a également lancé un projet de création d'une plateforme numérique permettant de mettre en relation les producteurs locaux et les consommateurs.
A Nantes, la ville a mis en place des périmètres de protection des espaces naturels et agricoles pour préserver le foncier. Elle encourage également l'agriculture urbaine et les circuits courts en soutenant la création de jardins partagés et en favorisant l'installation d'agriculteurs en périphérie de la ville.
A Grenoble, la ville soutient les agriculteurs en leur fournissant des terres à cultiver et en créant des circuits courts. Elle a également lancé un projet de création d'une plateforme numérique permettant de mettre en relation les producteurs locaux et les consommateurs.
Le Parisien, « Ce bleu est bluffant » : comment le fabricant du Babybel parie sur le fromage conçu par… ordinateur, 11/04/2023
Le groupe Bel (La Vache qui rit, Boursin, Kiri…) a signé un partenariat avec Climax Foods, une start-up californienne pour la commercialisation de fromages entièrement fabriqués à base de plantes d'ici fin 2024. Ces fromages seront conçus par l'intelligence artificielle et auront “le goût, la texture et la saveur” des fromages à base de lait. Le partenariat promet d'être “révolutionnaire” pour les deux entreprises. Climax Foods a constitué une base de données de plantes comestibles et de leurs attributs. Des algorithmes d'intelligence artificielle sont ensuite utilisés pour prédire des millions de combinaisons de plantes pouvant fonctionner ensemble, quel goût auraient certains alliages ou si les liquides finissent par coaguler pour faire du fromage. Les fromages seront élaborés à partir d’ingrédients tels que des haricots de Lima et des graines de citrouille.
Bel espère voir ces fromages végétaux dans les rayons des supermarchés aux États-Unis et en Europe d'ici la fin 2024. Parmi les “fromages” déjà proposés par Climax Foods : un bleu, une feta et un brie, dont les deux premiers ont été testés et présentent une texture et un goût similaires à ceux des produits laitiers. Les produits de la collaboration avec Climax Foods pourraient selon Bel être un moyen de réduire l'impact environnemental de l'industrie laitière et sont considérés comme un levier pour lutter contre le changement climatique.
Bel se défend toutefois de “jouer aux apprentis sorciers” et que ces produits soient le résultat de “manipulations en laboratoires”, soulignant que l'ordinateur ne remplace pas l'humain. Les fromages sont élaborés à partir de protéines végétales similaires à celles du lait mais, ce qui aurait pris des années à un humain pour trouver une formule parmi des milliers de plantes, est désormais beaucoup plus rapide à réaliser grâce à des algorithmes d’IA.
Bel estime que les fromages végétaux seront plus durables que les produits laitiers traditionnels, ce qui correspond à son engagement en faveur d'un avenir alimentaire plus durable.
Ouest France, Faudrait-il rendre le nutri-score obligatoire pour aider les Français à mieux manger ?, 12/04/2023
L'association de consommateurs UFC-Que Choisir demande que le système de notation nutritionnelle Nutri-Score devienne obligatoire en France.
UFC-Que Choisir considère en effet que le caractère facultatif du Nutri-Score “est un frein à l’amélioration des recettes” par les industriels de l’industrie agroalimentaire. Par ailleurs, UFC-Que Choisir demande à la France “de se mobiliser pour défendre le nutri-score auprès des autorités européennes” et la Commission européenne “de le rendre obligatoire dans l’Union”.
Toutefois, l’article rappelle que le Nutriscore a certaines limites. Comme l’explique Stanislas Trolonge, diététicien nutritionniste à Bordeaux, “il s’appuie sur l’idée que si un produit est sucré, gras et riche en sel, il est nocif. Mais certains aliments, comme les huiles, sont importants pour apporter certains nutriments indispensables”. De plus, il “ne note pas le degré de transformation ni la présence ou non d’additifs dans le produit alimentaire”.
Néanmoins, pour l’UFC-Que Choisir, “ce refus de pans entiers de l’industrie alimentaire d’afficher le nutri-score […] prive les consommateurs d’un outil d’autant plus nécessaire que l’offre est particulièrement déséquilibrée dans ces rayons”.
Le Figaro, Alimentation : les insectes vont-ils envahir nos assiettes ?, 10/04/2023
En deux ans, 6 types de produits alimentaires à base de larve de scarabée molitor, de grillon domestique ou de criquet migrateur ont été autorisés dans l’UE et, de nos jours, “les dossiers de ce type s’empilent” sur les bureaux de l’Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA). En effet, une loi datant de 1997 considère que “toute denrée n’ayant pas été consommée de manière significative dans l’UE avant cette année-là est considérée comme un « nouvel aliment »” et doit par conséquent faire l’objet d’une autorisation spécifique. Comme le précise l’article, les insectes ayant reçu le feu vert depuis 2021 “ne sont pas des insectes entiers mais des ingrédients comme de l’huile ou de la poudre”.
Par ailleurs, si en Europe ils sont considérés comme des nouveaux aliments, à l’échelle planétaire la consommation d’insectes est “loin d’être anecdotique”. Ainsi, selon la FAO, plus de 1900 espèces sont consommées dans le monde par au moins 2 milliards de personnes. Selon la FAO il s’agit même d’une des solutions “pour répondre aux défis de l’alimentation de demain face à l’insécurité alimentaire, les pressions démographique ou environnementale”.
Comme le souligne Monique Axelos, directrice scientifique Alimentation à Inrae, “les insectes sont très intéressants d’un point de vue nutritionnel. Ils fournissent des protéines, des acides gras insaturés que l’on retrouve par exemple dans les huiles végétales, ils sont également riches en fibres et en oligoéléments”. De plus, “les élever consomme beaucoup moins d’eau et génère bien moins de gaz à effet de serre que l’élevage classique”.
Reste l’acceptabilité des consommateurs. Pour Guillaume Daoulas, directeur commercial chez Ÿnsect, le problème du « dégoût » ne se pose pas vraiment quand on ne voit pas l’insecte entier. Comme il l’explique, “on ne vend pas des brochettes de scorpions. Quant au goût, assez neutre, on peut l’associer à des marqueurs connus comme des noix de cajou, la framboise...”. Néanmoins, comme le note l’article, “sur les réseaux sociaux, ces récentes autorisations de mise sur le marché ont déclenché un torrent de commentaires conspirationnistes, accusant l’Europe de mettre des insectes dans l’assiette des citoyens à leur insu”.
Le Figaro, Lactalis détrône Danone : les secrets d'une irrésistible ascension, 20/04/2023
Danone n’est désormais plus le premier groupe agroalimentaire français en termes de chiffres d’affaires. Lactalis a en effet réalisé un chiffre d'affaires de 28,3 milliards d'euros en 2022 (soit 600 millions d'euros de plus que Danone), en hausse de 28,4% grâce à l'inflation et aux acquisitions de Kraft Natural Cheese et Leerdammer. Il intègre désormais le Top 10 des groupes alimentaires mondiaux.
Son PDG, Emmanuel Besnier, attribue cette réussite à la stratégie de développement de la consommation de produits laitiers et à la réactivité face aux opportunités. L'article souligne également l'ambition d'Emmanuel Besnier, qui a mené une série d'acquisitions pour “accroître le poids de Lactalis sur la carte mondiale des fromages, des yaourts et des laits de consommation”. En 20 ans le groupe a ainsi réalisé 120 acquisitions.
La stratégie de Lactalis repose sur “le développement sur des produits plus valorisés comme les AOP et une approche très locale”. En conséquence, le groupe se différencie de ses rivaux car il a peu de marques mondiales, à l’exception de Président (2,5 milliards d'euros de chiffre d'affaires) et Galbani (1,8 milliard). Ainsi, seules quelques marques du groupe sont présentes dans plusieurs pays (Leerdammer, Lactel et les fromages de Kraft aux États-Unis), mais “la quasi-totalité de ses 250 marques restent locales”. Le groupe est d’ailleurs très internationalisé : le marché français pèse moins de 18% de son activité. L’article précise que dans les années 2010 “sa mondialisation à marche forcée a distendu les liens avec les éleveurs français et favorisé des crises récurrentes sur des prix du lait”.
Le Monde, En Haute-Savoie, la résistance des petites coopératives laitières face au géant Lactalis, 05/04/2023
En Haute-Savoie c’est un peu David contre Goliath dans la filière fromage.
En effet, Lactalis a récemment subi la résistance de coopératives laitières en Haute-Savoie. Lorsque le géant du lait a acquis via sa filiale locale Pochat & Fils le fromager haut-savoyard Verdannet, fabricant de Reblochon et acteur clé dans les appellations d'origine protégées (AOP) et les indications géographiques protégées (IGP), plusieurs coopératives de la région ont été alertées.
Lactalis a rapidement perdu de nombreux producteurs qui ont préféré rejoindre d'autres coopératives pour avoir plus de contrôle sur leur production. En conséquence, sur les 30 millions de litres avec lesquels travaillait Verdannet avant son rachat, quinze ont disparu au profit de fromagers locaux.
Dans la foulée de cette annonce, plusieurs coopératives ont fusionné, à l’image des coopératives d'Arbusigny et de Groisy-sur-l'Etang, tandis que d'autres ont été rejointes par des petits producteurs qui étaient jusque-là indépendants.
France Tv, Économie du vin : la filière viticole à l'assaut de la génération Z pour contrer la chute de la consommation, 16/04/2023
Face à la baisse de la consommation constante depuis 60 ans (-70% tout de même…), la filière viticole française cherche par tous les moyens à séduire les jeunes de la génération Z (ceux nés au début des années 2000 et qui sont désormais de jeunes adultes).
Plusieurs études (Ifop, Sowine, International Wine and Spirit Research) ont essayé de dresser un profil de ce consommateur(trice) à séduire : tout d’abord il/elle est hyper connecté(e) (entre quatre et six heures par jour sur les réseaux sociaux), il/elle joue au jeu vidéo (90% de cette génération, dont 30% tous les jours), et pourtant il est sensible aux questions environnementales.
La stratégie passe donc par plus de communication sur les réseaux sociaux, au premier rang desquels Instagram et TikTok. Certaines marques ont tenté “une approche plus fictionnelle”, à travers un podcast. Néanmoins, alors qu’on estime que 39% des 18-25 ans et 35% des 26-35 ans achètent un vin recommandé par un influenceur, l'association Addictions France a demandé aux députés d'interdire la publicité pour l'alcool par les influenceurs.
Autre axe à travailler : le packaging. Comme le dit bien l’article, on a vu émerger un corbières "Interdit aux snobs", un vin blanc moelleux baptisé "Pipi d'Ange", "L’ours mal léché", le "Vin de Merde"… d’autres misent sur la canette, qui est “bien adaptée aux vins frais et légers qu’on ne destine pas à la garde et permet d’avoir des petits volumes, 25 cl, facile à ouvrir, facile à stocker”.
Autre solution mise en avant : “la nécessité de désacraliser le vin en utilisant un vocable accessible à tous”. C’est ce que fait par exemple Émile Codens qui a accumulé près de 550 000 followers sur TikTok en moins de deux ans ou encore Nico L’Alchimiste.
Vitisphère, Tous les codes de la bière dans cette boisson à base de vin, 10/04/2023
La cave coopérative Cellier des Demoiselles a lancé une nouvelle boisson appelée "Rog & Rosat", qui mélange les codes de la bière et du vin. La boisson est élaborée en collaboration avec la brasserie biterroise la Gorge Fraîche et est composée de vin rouge et de vin rosé de la cave, aromatisés et gazéifiés, avec une faible teneur en alcool. Avec cette nouveauté la coopérative espère toucher une jeune clientèle qui n'est pas encore consommatrice de vin.
La boisson a été produite en édition limitée de 6 000 bouteilles de 33 cl chacune, pour une consommation estivale dans le réseau CHR régional et national. Elle a été testée auprès de jeunes consommateurs et a bénéficié d'un premier accueil favorable. Cependant, la grande distribution n'a pas donné suite en raison de la difficulté à positionner le produit entre les vins et les bières.
La coopérative considère pour l'instant ce produit comme étant éphémère, pour une consommation récréative estivale, mais elle espère pouvoir le pérenniser.
Le Monde, La Cour des comptes européenne souhaite intégrer le coût de la souffrance animale dans le prix de la viande, 17/04/2023
La Cour des Comptes européennes (CCE) vient de sortir un rapport sur le transport d’animaux vivants dans l’UE qui met en avant plusieurs lacunes importantes.
Pour poser le contexte : chaque année, près de 1,6 milliard d'animaux sont transportés entre pays de l'Union européenne (UE) et à destination ou en provenance de pays tiers. Dans le détail, il s’agit d’une majorité de volailles (1,4 milliard), 31 millions de porcs, 4,3 millions de bovins et 3 millions d'ovins. Or de tels transports entraînent du stress et des souffrances (faim, soif, blessures, stress thermique).
Selon la CCE, le transport d'animaux est avant tout motivé par des logiques économiques. Ainsi, comme des régions européennes entières se sont spécialisées dans l'élevage d'une espèce, mais aussi dans certaines étapes de production (reproduction, engraissement, abattage…), les mouvements d’animaux vivants se sont multipliés et sur des distances de plus en plus longues. L’article donne un exemple pour illustrer ce phénomène : “la France a par exemple exporté, en 2021, 350 000 veaux laitiers en Espagne (trois fois plus qu'en 2012), où ils ont été engraissés avant de prendre la mer, pour une partie d'entre eux, pour être abattus dans des pays extra-européens (Libye, Turquie, Israël…)”. D’ailleurs comme le souligne Eva Lindström, auditrice de la CCE, “très souvent, il est plus rentable de transporter des animaux plutôt que de la viande”.
Ainsi, pour la CCE, il faudrait “favoriser les transports de viande plutôt que d'animaux vivants”. Parmi ses recommandations, une va faire beaucoup parler : intégrer le coût de la souffrance animale dans le prix du transport et, in fine, le prix de la viande.
Le Figaro, La France, pays de la gastronomie devenu royaume du fast-food, 21/04/2023
Un article consacré à la montée en puissance des fast-foods en France, où plus d'un repas sur deux est pris hors domicile et près d'un sandwich sur deux est un burger.
Selon CHD Expert-Datassential on dénombre actuellement 52 500 restaurants rapides en France, contre 13 000 il y a vingt ans. Les ouvertures de nouveaux points de vente ont continué même pendant la crise du Covid, ce qui attire de nouvelles enseignes américaines qui se préparent à débarquer en France, convaincues que le marché est loin d'être saturé.
Ainsi, comme l’explique Nicolas Nouchi, directeur des études du cabinet CHD Expert-Datassential, “le fast-food représente aujourd'hui 26 % de l'ensemble de la restauration, contre environ 10 % au début des années 2000. Les chaînes ont beaucoup progressé, et de nombreux nouveaux thèmes de restauration ont émergé, au-delà du burger”. Au global, les fast-foods ont généré 23,4 milliards d'euros de chiffre d'affaires en France en 2022 (+ 19 % par rapport à 2019) et ne cessent de grignoter des parts de marché aux établissements traditionnels. De nos jours, ils représentent 26% de l'ensemble de la restauration, contre environ 10% au début des années 2000.
Parmi les leaders du secteur, on compte bien évidemment McDonald's qui, avec 1 550 points de vente accueille “près de 2 millions de clients par jour” pour environ 6 milliards d'euros de ventes en 2022. Burger King, qui est revenu en France en 2012, compte 490 restaurants. Parmi les nouveaux arrivants : Popeye’s, l’un des leaders du poulet frit aux Etats-Unis, qui a annoncé une quinzaine d'ouvertures d'ici la fin de l'année. Wendy’s, la troisième plus grande chaîne de restauration rapide au monde, a également annoncé vouloir tester le marché français.
L’article explique que les fast-foods ont un rôle structurant pour les jeunes, qui y trouvent un terrain de découverte et de socialisation, et sont de plus en plus nombreux à prendre des collations entre les repas, surtout devant un plateau-télé en regardant du contenu en streaming. Pour certains le Big Mac est carrément “comme une madeleine de Proust”.
Huffington Post, Les propriétaires de la boulangerie d’« Emily in Paris » répondent aux commentaires négatifs, 19/04/2023
Les affres d’un succès soudain (et le pouvoir d’attraction de plus en plus fort des séries télé).
La série télévisée "Emily in Paris" a mis en avant la boulangerie parisienne «Boulangerie Moderne» située dans le 5ème arrondissement. Depuis la diffusion de la série sur Netflix, cette boulangerie attire de nombreux clients du monde entier venus goûter les croissants et pains au chocolat qu'Emily affectionne tant dans la série.
Cependant, les propriétaires ont récemment été confrontés à une vague de commentaires négatifs sur internet, dénonçant la qualité des produits proposés. La fille du propriétaire, Inès, s'est exprimée sur TikTok pour s'excuser auprès des clients déçus et rappeler que la boulangerie est “classique et fait des bons produits”. Malgré ces commentaires négatifs, la boulangerie est encore majoritairement bien notée sur Google et les touristes représentent jusqu'à 40% de sa clientèle en semaine. Thierry Rabineau, le propriétaire, ne regrette toutefois pas d'avoir prêté ses locaux pour la série qui lui a apporté un succès international.
The Economist, A different way to measure the climate impact of food, 11/04/2023
On connaissait le fameux Big Mac Index lancé il y a de cela quelques années par The Economist. Voici désormais le Banana Index.
L’objectif de ce nouvel index est de “rendre l'impact relatif du carbone des aliments plus facile à digérer”. Il compare donc les aliments selon trois mesures (poids, calories et protéines) en utilisant la banane comme point d'indice. La banane est en effet un fruit qui a “un impact climatique moyen et une valeur nutritionnelle moyenne”. Cette indexation des émissions de gaz à effet de serre par rapport à un seul aliment donne ainsi une idée du classement des différentes denrées alimentaires.
Qu’est ce que cela donne concrètement? La production d'un kilogramme de hachis de boeuf provoque autant d'émissions que 109 kg de bananes (soit un « score de banane » de 109). Si l’on ajuste avec la valeur nutritive, le score de banane du bœuf tombe à 54 (en effet, une calorie de viande hachée de bœuf provoque 54 fois plus d'émissions de carbone qu'une calorie de banane). Ajuster avec la valeur protéine, le boeuf obtient un score de 7.
Pour la volaille, le score est de 11 bananes en poids et 4 en calories. Néanmoins, en tant que source de protéines, elle est plus respectueuse du carbone que les bananes car les protéines de volaille n'émettent que trois cinquièmes de la même quantité de protéines de banane.
Time Magazine, Italy Wants to be the First Country to Ban Cultivated Meat. That Would be a Big Climate Problem, 12/04/2023
Le nouveau gouvernement italien vient de proposer la première interdiction nationale au monde de la production et de la commercialisation de viande cultivée et envisage également une autre interdiction pour les protéines à base d'insectes.
Le projet de loi, qui vise à empêcher les aliments non conventionnels d'apparaître sur les tables italiennes, prévoit une amende pouvant aller jusqu'à 65 000 dollars pour les infractions commises par les détaillants ou les producteurs. Lors de la présentation du projet de loi au Sénat le 27 mars, Francesco Lollobrigida, ministre italien de l'agriculture et de la souveraineté alimentaire, a laissé entendre que les aliments dits "synthétiques" constituaient une menace pour les petits producteurs alimentaires, l'environnement, la culture alimentaire italienne et même la santé humaine.
Toutefois, l’article souligne que si ce projet de loi est adopté “il pourrait finir par exacerber la plus grande menace qui pèse sur le système alimentaire italien : le changement climatique”.
Washington Post, An extra 10 minutes at dinner may help kids eat more healthy foods, 18/04/2023
D’après une étude allemande publiée récemment, lorsque les familles prennent environ 10 minutes de plus pour dîner, les enfants mangent « significativement » plus de fruits et de légumes, soit en moyenne sept fruits et légumes supplémentaires.
De plus, le fait d'avoir des fruits et des légumes disponibles en petites portions permettrait aux enfants de manger plus facilement pendant ce temps supplémentaire.
Dans cette expérience, les 10 minutes supplémentaires représentaient une augmentation de 50% par rapport aux 20 minutes habituelles que les participants passaient généralement à dîner.
La co-auteure de l'étude Jutta Mata, professeur de psychologie de la santé à l'Université de Mannheim et chercheuse associée à l'Institut Max Planck a déclaré “nous devons envisager de nouvelles façons de prolonger les repas familiaux de manière à ce que tout le monde en profite, puis grignoter leurs fruits et légumes supplémentaires pendant le temps supplémentaire”. Elle insiste de plus sur le fait que cette augmentation de la consommation d'aliments nutritifs pourrait avoir “un impact substantiel sur la santé publique”.
The Economist, How the chocolate fondant became a ubiquitous indulgence, 19/04/2023
Comme l’explique l’article, le succès du fondant au chocolat “nous rappelle qu'en fin de compte, le plaisir reste une quête universelle”.
On y apprend que deux grands cuisiniers français revendiquent son invention. Le premier est Michel Bras, chef étoilé, qui a créé le coulant au chocolat en 1981 pour évoquer le souvenir du chocolat chaud que l'on buvait pour se réchauffer après un séjour au ski en famille. Le second est Jean-Georges Vongerichten, un autre chef français qui l’aurait inventé à New York en 1987. Si leurs techniques sont différentes, à eux deux, ils ont finalement créé une pâtisserie sophistiquée, qui est “devenue un phénomène, servie dans les établissements les plus huppés des deux côtés de l'Atlantique”.
En 1991, Alain Ducasse a déclaré au New York Times que le fondant avait atteint un point tel que les restaurants “étaient pratiquement obligés de le faire”. Ce fut l'un des desserts phares de cette décennie. Mais le vent a commencé à tourner. L’article souligne qu’à un moment donné Jean-Georges Vongerichten en produisait tellement que Mark Bittman, un écrivain américain spécialisé dans la gastronomie, l'a surnommé “le Big Mac des desserts”.
Néanmoins, comme l’explique l’article, “à l'instar de la crème brûlée et du tiramisu - également très populaires dans les années 1990 -, son omniprésence semble n'avoir causé que peu de dégâts”.
The Guardian, The disgusting food of TikTok: is it designed to eat, provoke – or arouse?, 18/04/2023
Un article sur un phénomène à l’opposé du foodporn et qui sévit sur TikTok.
Comment par exemple expliqué ce phénomène du croque monsieur cuit à l’aide d’un fer à repasser (iron toastie)? D’après l’article, “il fait partie d'une nouvelle génération de recettes TikTok qui incarnent une philosophie provocatrice et franchement dérangée du "pourquoi pas ?"”. Que s’est-il donc passé sur TikTok depuis les “feta pasta” devenues virales en 2021.
Aujourd'hui, en plus des toasts cuits au fer à repasser, vous pouvez voir une blonde au sourire béatifique passer des pâtes sèches au mixeur pour obtenir une farine approximative, puis ajouter un œuf pour créer une sorte de pâte. Cette dernière fabrique ensuite des nouilles grumeleuses et grasses, qu'elle fait bouillir, garnit de sauce tomate et déclare "exactement comme des pâtes fraîches". Et que dire de ces tacos préparés en faisant bouillir du bœuf, des œufs et du fromage dans un sac de Doritos ou de ces gens qui font bouillir des chips pour en faire de la purée (oui oui).
Comme l’explique Chris Stokel-Walker, expert en médias sociaux et auteur de TikTok Boom, “il y a une longue histoire de nourriture dégoûtante sur les médias sociaux”. Selon lui, TikTok est conçue pour “capter l'attention des gens lorsqu'ils font défiler ce flux infini de contenu” et l'un des bons moyens d'y parvenir est précisément “l'extravagant, le dégoûtant”. Selon Jonah Berger, professeur à la Wharton School en Pennsylvanie, “plus une chose est surprenante, plus nous sommes susceptibles de la partager avec d'autres. Et le dégoût est une émotion à fort taux d'excitation qui nous incite également à transmettre les choses”.
Si vous voulez aller un peu plus loin dans le dégoût culinaire allez donc faire un tour sur le compte TikTok @myjanebrain.
The Guardian, Spanish startup on ‘mission to save planet’s beer’ from climate crisis, 19/04/2023
La bière est menacée par le réchauffement climatique. En effet, la culture du houblon, dont les fleurs sont utilisées depuis des centaines d'années pour aromatiser et stabiliser la bière, est de plus en plus victime des effets du réchauffement climatique. Avec des étés plus chauds et un temps imprévisible les rendements et la qualité du houblon ont diminué. En Allemagne par exemple la production moyenne de houblon par hectare a diminué de 28 % en 2022 et dans certaines régions, 80 % de la récolte a été perdue.
Mais la start-up espagnole Ekonoke, qui s’est spécialisée dans l’agriculture indoor pense avoir trouvé une solution viable et durable. Le houblon qu'elle cultive en hydroponie ne produit pas seulement autant que ses homologues en plein air - environ 1 kg par plant - mais il est aussi plus riche en huiles essentielles et en acides alpha qui donnent à la bière son goût amer et son arôme si importants.
Par ailleurs, les méthodes d'Ekonoke (qui restent pour le moment un secret bien gardé) utilisent 15 fois moins d'eau que la culture traditionnelle et permettent d'obtenir une empreinte carbone globale 15 fois inférieure à celle de la culture en plein champ. En outre, comme le houblon est cultivé à l'intérieur dans des conditions strictement contrôlées, aucun pesticide n'est nécessaire.
Dans ce contexte, le projet de houblon hydroponique d'Ekonoke a suscité l'intérêt de sociétés de bière espagnoles et internationales et fait partie d'un programme d'accélération lancé par AB InBev, le plus grand brasseur du monde. Ekonoke a levé 4,2 millions d'euros l’an dernier.
France Culture, Yuka, Open Food Facts : que peuvent les apps face à l’industrie agro-alimentaire ?, 14/04/2023
Depuis 2017, le Nutri-score a officiellement été adopté en France, et depuis, il est de plus en plus présent sur les produits de nos supermarchés. Qu’est-ce que ce score alimentaire et en quoi est-il directement lié à la diffusion des applications de notation dans les années 2010 ? Comment les consommateurs ont-ils repris en main le contrôle de leur alimentation en s’emparant de ces outils numériques et de l’open source dès les années 2010 ? Qui sont les contributeurs du « wikipédia de l’alimentation » ?
Des questions auxquelles répondent Pierre Slamich, co-fondateur de l’association Open Food Facts, Marie-Eve Laporte, docteure en sciences de gestion et le sociologue, Bastien Soutjis.
Superpotion, Loi Evin vs. influenceurs : le débat qui divise l’industrie des boissons alcoolisées sur les réseaux sociaux, 07/03/2023
La première partie du podcast est consacrée à la réglementation entourant la publicité des boissons alcoolisées sur les réseaux sociaux. En effet, de plus en plus d’influenceurs et de marques utilisent Instagram et Tiktok pour promouvoir leurs produits, mais comment respecter la loi Evin et éviter de tomber dans l’illégalité ? Un avocat spécialisé en droit économique donne son éclairage sur ce sujet, ainsi que sur une décision de justice récente impliquant Meta et Addictions France.
Dans la deuxième partie, le podcast aborde les aspects juridiques et administratifs que doivent prendre en compte les nouvelles marques de boissons, de la création des statuts juridiques à la protection de leur nom et en passant par les questions de distribution et d’export.
IDDRI, Environnement, inégalités, santé : quelle stratégie pour les politiques alimentaires françaises ?, Avril 2023
Selon cette étude de l'Iddri (Institut du développement durable et des relations internationales), la stratégie actuelle pour une transition alimentaire durable en France ne donne pas les résultats escomptés.
La consommation de viande par habitant n'a pas diminué et le marché bio reste un marché de niche. L'attrait pour le local n'a pas non plus modifié les grandes masses de la consommation alimentaire et des circuits de distribution. Les recommandations nutritionnelles ne sont pas suffisamment mises en œuvre par les Français, et les inégalités sociales liées à l'alimentation persistent. Les sondages d'opinion semblent indiquer un écart entre ce que les citoyens déclarent attendre de leur alimentation et leur comportement de consommation.
Bref, le récit dominant du consommateur responsable ne fonctionne pas. Les habitudes alimentaires ne progressent donc pas, ou trop peu, vers une durabilité.
L'Iddri recommande donc une action publique beaucoup plus forte pour mener la transition alimentaire vers des régimes plus durables, en se concentrant sur les principaux acteurs qui façonnent les pratiques alimentaires plutôt que sur les consommateurs individuels. L'Iddri suggère d'utiliser des leviers tels que la réglementation, la fiscalité, les investissements publics et la commande publique pour encourager des pratiques alimentaires plus durables et pour contraindre les acteurs de l'industrie agroalimentaire à modifier leur offre. L'Iddri souligne également l'importance de mettre en place des politiques pour réduire les inégalités sociales liées à l'alimentation et pour lutter contre la précarité alimentaire. L'Iddri insiste sur la nécessité d'une approche interministérielle et de la coordination entre les différents niveaux de gouvernance pour atteindre ces objectifs. Enfin, l'Iddri souligne l'importance de la recherche et de l'innovation pour développer des pratiques alimentaires plus durables.
Changing Markets Foundation, Feeding Us Greenwash: An analysis of misleading claims in the food sector, Mars 2023
De nombreuses études ont montré que le greenwashing sévit dans tous les secteurs et qu'il est devenu un risque commercial majeur, en particulier pour les investisseurs.
Les autorités publiques du monde entier se préparent à une répression sans précédent du greenwashing avec plusieurs réglementations clés à venir dans l'UE, au Royaume-Uni et aux États-Unis, ainsi que des engagements visant à renforcer l'application des lois et à imposer des sanctions plus sévères.
Au cours de l'année écoulée, Changing Markets a mené une étude de marché pour évaluer la fiabilité des allégations écologiques sur les produits alimentaires, en mettant particulièrement l'accent sur la viande et les produits laitiers, étant donné que l'impact de ces produits sur le climat est plus important que celui de tout autre aliment.
Parmi les principaux résultats : le greenwashing est monnaie courante dans le secteur alimentaire. L’enquête a permis de découvrir toute une série d'allégations apposées sur les produits alimentaires à forte intensité de carbone, comme la viande de bœuf. Les allégations climatiques telles que "neutre en carbone", "positif pour le climat" et "net zéro", ainsi que les allégations spécifiques concernant la faible teneur en méthane, sont particulièrement répandues. Elle met également en avant des formes plus subtiles de greenwashing, telles que des images de vaches en train de paître ou de petites exploitations familiales avec des animaux heureux.
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O. Frey