đŸđđ Eat's business đđ·đ§ 2022-38
Bonjour Ă toutes et Ă tous, je vous propose cette newsletter dans laquelle vous trouverez quelques articles sur le monde de lâalimentaire qui mâont semblĂ© intĂ©ressants dans la semaine prĂ©cĂ©dente.Â
Pour ceux qui veulent la formule ristretto, les 3 articles que je vous conseille de lire en prioritĂ© cette semaine sont :Â
Les Ăchos, Naturalia et Biocoop, deux stratĂ©gies divergentes pour sortir de la crise du bio, 16/11/2022
Fast Company, Is regenerative agriculture the future of farming or the next greenwashing fad?, 15/11/2022
The Guardian, Can the world feed 8bn people sustainably?, 15/11/2022
Bonne lecture et bonne semaine Ă toutes et Ă tous!
Pour celles et ceux dâentre vous qui ont plus de temps pour la formule lungo :
Les Ăchos, La foodtech Standing Ovation signe avec le groupe Bel pour lancer des fromages sans origine animale,
Le groupe Bel vient de nouer un partenariat avec Standing Ovation, une foodtech qui produit de la caséine (la principale protéine du lait) sans aucune origine animale grùce à la fermentation de précision.
Pourquoi un tel partenariat pour Bel? Le groupe explique que âla rĂ©flexion que nous avons chez Bel c'est : 'comment allons-nous nourrir 10 milliards d'habitants en 2050 tout en prĂ©servant les ressources de notre planĂšte ?' Nous avons bien conscience que les protĂ©ines laitiĂšres ne seront pas suffisantesâ. Le groupe a choisi Standing Ovation car selon Anne Pitkowski, la directrice recherche et applications du groupe, âen termes de maturitĂ©, c'Ă©tait la start-up la plus avancĂ©e. Ils nous ont trĂšs vite remis des fromages fabriquĂ©s Ă partir de casĂ©ineâ. Bel a dâailleurs participĂ© Ă la derniĂšre levĂ©e de fonds de Standing Ovation.
Comme lâexplique lâarticle, ce partenariat se veut gagnant-gagnant. La start-up se concentre sur sa technologie, tandis que le grand groupe Ă©labore de nouvelles recettes, s'occupe de la production puis de la distribution via ses relais commerciaux. Les 2 entreprises visent une commercialisation en 2024 aux Etats-Unis car la rĂ©glementation sur les nouveaux aliments y est plus souple quâen Europe.
Le Figaro, Too Good Too Go rachÚte une start-up pour réduire encore le gaspillage alimentaire dans les magasins, 14/11/2022
La start-up danoise vient dâannoncer le rachat de CodaBene, une entreprise qui propose aux distributeurs un logiciel pour les aider Ă mieux gĂ©rer les dates de pĂ©remption de leurs produits.
Si Too Good Too Go travaille dĂ©jĂ avec de grands acteurs de la distribution comme Carrefour ou Leclerc pour les aider Ă Ă©couler une partie de leurs invendus, entre 1% Ă 3% du chiffre d'affaires des magasins alimentaires reste cependant gaspillĂ© et selon lâentreprise une grande partie pourrait ĂȘtre prĂ©servĂ©e si les distributeurs gĂ©raient mieux les dates de pĂ©remption des produits.
Le Figaro, «à consommer de préférence avant...» : cette mention va évoluer pour éviter le gaspillage alimentaire, 18/11/2022
VoilĂ une bonne initiative anti-gaspi : le gouvernement a donc choisi de mieux expliciter la date de durabilitĂ© minimum (DDM). En effet, il y a encore une confusion entre DDM et DLC chez de nombreux consommateurs, qui âtraitent de la mĂȘme maniĂšre ces deux dates et jettent l'aliment une fois la DDM atteinte, alors qu'il reste consommableâ.
Ainsi, afin d'Ă©viter encore plus de gaspillage alimentaire et la âforte chute des ventes de produits proches de leur DDMâ, un dĂ©cret vient d'ĂȘtre ajoutĂ© au Journal Officiel. Celui-ci laisse la possibilitĂ© aux fabricants d'ajouter une mention «informant les consommateurs que le produit reste consommable» sur leurs produits. Les fabricants pourront par exemple indiquer la mention âpour une dĂ©gustation optimaleâ avant l'indication de la DDM ou encore âce produit peut ĂȘtre consommĂ© aprĂšs cette dateâ.
Les Ăchos, SurgelĂ©s : Picard prendra sur sa marge pour contenir l'inflation, 16/11/2022
Picard va rogner sa marge pour son exercice qui se terminera en mars prochain ainsi que pour le suivant afin de limiter les effets de l'inflation et de rester compĂ©titif en termes de prix.  Comme le souligne la PDG, Cathy Collart Geiger, âcela durera peut-ĂȘtre deux Ă trois ansâ. Et cette derniĂšre assume sa stratĂ©gie en expliquant que âles fournisseurs subissent la hausse des matiĂšres premiĂšres, de l'Ă©nergie et des salairesâ. Elle prĂ©cise de plus que âcertains nous demandent des augmentations de 30 %, quelques-uns ne nous livrent plus en cas de refusâ.  Mais elle est rĂ©aliste lorsquâelle affirme que âsi nous passons toutes les augmentations, les prix de vente iront au-delĂ de ce que les clients peuvent accepterâ.Â
De leur cĂŽtĂ©, les magasins Picard subissent Ă©galement la hausse des prix de l'Ă©lectricitĂ© et Cathy Collart Geiger prĂ©voit dâailleurs une multiplication par trois des tarifs pour lâan prochain.
Jusqu'à présent, les tarifs Picard ont grimpé de 10 %, soit moins que ses principaux concurrents (+17,5 %).
Le Figaro, Face Ă lâinflation alimentaire, les barriĂšres se dressent, 16/11/2022
Dans le contexte actuel de conflit en Ukraine et dâinflation des prix, plusieurs organisations (Banque mondiale, FMI, OMC) mettent en garde contre les risques du protectionnisme qui aggravent lâinsĂ©curité alimentaire.
Ces derniers mois, plusieurs Ătats ont cherché à  se prĂ©munir contre la crise Ă©nergĂ©tique et alimentaire en Ă©rigeant des barriĂšres commerciales. Dans un rĂ©cent rapport, lâOMC affirme ainsi âĂ Â la mi-octobre, 52 restrictions à  lâexportation de denrĂ©es alimentaires, dâaliments pour animaux et de fertilisantsâ. Nous avions dĂ©jĂ Ă©voquĂ© ici le cas de lâIndonĂ©sie et de lâInde.
De son cĂŽtĂ©, la Banque Mondiale affirme que vingt-huit Ătats appliquent des embargos ou des limitations sur lâexport qui touchent en priorité les cĂ©rĂ©ales. Câest le cas de lâAfghanistan sur le blĂ©, le Bangladesh sur le riz, lâArgentine sur le soja, le Kazakhstan et le Pakistan sur le sucre ou le Burkina Faso sur le maĂŻs, le millet et le sorgho. La Chine cherche Ă prĂ©server sa production dâengrais avec la mise en place dâun embargo sur les phosphates. Â
Les Ăchos, Vin : un consommateur sur deux a plus de 55 ans, 16/11/2022 + Le Figaro, La filiĂšre vin bousculĂ©e par le rajeunissement de sa clientĂšle, 15/11/2022
En France, la consommation de vin est dĂ©sormais de 40 litres par tĂȘte et par an, bien loin des 100 litres dâil y a quelques dĂ©cennies.
DâaprĂšs une Ă©tude rĂ©alisĂ©e par IWSR et Wine Intelligence 1 Français sur 2 consomme du vin. Un tiers des plus de 55 ans dĂ©clarent en boire au moins trois à  cinq fois par semaine contre un quart dans les autres catĂ©gories dâĂąge.
Au niveau des frĂ©quences de consommation, celles-ci varient assez peu selon les classes dâĂąge (cela va de 7,5 Ă 9,6 fois par mois).
Au niveau du choix du vin, les jeunes consomment Ă parts Ă©gales rosĂ©s, rouges et blancs alors que la majoritĂ© des plus ĂągĂ©s gardent une prĂ©fĂ©rence (54 %) pour le rouge, quâils boivent notamment pendant les repas.
Ce sont surtout les parcours dâachat qui diffĂšrent selon les gĂ©nĂ©rations. Ainsi, plus de 40 % des 25-54 ans achĂštent leur vin chez le caviste, quand les plus ùgĂ©s ne sont que 32 % à  le faire. Par ailleurs, 53% des jeunes privilĂ©gient le e-commerce.
Une petite curiositĂ© : chez les 25 à  54 ans, la moitiĂ© des personnes interrogĂ©es ont dĂ©clarĂ© « aimer le goĂ»t du vin » alors que les 55 ans et plus sont moins nombreux (42 %) et quâils ne sont que 29% chez les moins de 25 ans.
Les Ăchos, Naturalia et Biocoop, deux stratĂ©gies divergentes pour sortir de la crise du bio, 16/11/2022
Alors que les ventes du bio sont en baisse depuis dĂ©but 2022, lâarticle sâintĂ©resse aux stratĂ©gise mises en place par les spĂ©cialistes du bio pour sortir de la crise.
Comme le dit bien Allon Zeitoun, directeur gĂ©nĂ©ral de Naturalia, âle passage d'une croissance de 15 % par an Ă une dĂ©croissance quasi Ă©gale, c'est trĂšs brutalâ.
Selon lâarticle, les acteurs du bio ont le mĂȘme diagnostic : les produits certifiĂ©s biologiques souffrent de leur prix (supĂ©rieur en moyenne de 54 % au produits non bios selon IRI). Autre constat fait par Allon Zeitoun âle secteur a Ă©tĂ© victime de la confusion des labelsâ. Pour Pierrick de Ronne, prĂ©sident de Biocoop, âune partie du public a perdu confiance quand il a vu que les marques internationales dĂ©clinaient toutes leurs gammes en version bioâ ou encore âque des produits bio affichaient des Nutri-Score E et Fâ.Â
Alors comment les acteurs vont-ils sâadapter Ă cette situation?
Chez Biocoop on compte rester fidĂšle au modĂšle militant. Lâenseigne explique ainsi avoir ârevu (son) modĂšleâ avec âdes amĂ©nagements moins coĂ»teux, plus simples, plus âcheapsâ. Pierrick de Ronne, prĂ©sident de Biocoop, insiste en affirmant ânotre rĂŽle est de ne pas laisser des imposteurs et opportunistes s'engouffrer dans la brĂšche pour dĂ©naturer et diluer la valeur du bioâ.
De son cĂŽtĂ©, Naturalia a lancĂ© un abonnement de 5,99 euros par mois qui propose en contrepartie une rĂ©duction de 5 % sur leurs achats. Mais en 2023 lâenseigne va surtout travailler sur son assortiment. Ainsi, si âle bio restera au centreâ, lâenseigne pourrait sâouvrir Ă plus de produits non bio, de sorte que le bio âne reprĂ©sentera peut-ĂȘtre plus les 95 % des ventes qui conditionnent la qualification en « magasin bio »â.
BBC, Vegan 'cheese' market booms as demand grows, 16/11/2022
Selon un rapport de Tranparency Market Research, les ventes dâalternatives vĂ©gĂ©tales au fromage devraient atteindre 7 milliards de dollars d'ici 2030 contre 2,5 milliards de dollars en 2020.
Lâarticle sâintĂ©resse Ă quelques startups qui se sont lancĂ©es sur ce crĂ©neau comme Willicroft ou encore I Am Nut OK. Le fondateur de Willicroft explique ainsi quâaprĂšs ĂȘtre passĂ© Ă un rĂ©gime Ă base de plantes il a eu du mal Ă abandonner le fromage mais quâil a eu du mal Ă trouver de bons substituts dans les supermarchĂ©s. MĂȘme son de cloche chez Nivi Jasa, qui a cofondĂ© I Am Nut Ok, aprĂšs ĂȘtre passĂ© Ă un rĂ©gime vĂ©gĂ©tal et avoir trouvĂ© les fromages de substitution vĂ©gĂ©taliens alors disponibles "assez Ă©pouvantables".
NĂ©anmoins, pour ces entreprises l'annĂ©e Ă©coulĂ©e a Ă©tĂ© difficile. Comme lâexplique Nivi Jasa, ânous n'avons pas connu de croissance. Il y a eu une augmentation des coĂ»ts de l'Ă©nergie, le coĂ»t des ingrĂ©dients comme l'huile de tournesol en provenance d'Ukraine est trĂšs cher, et les gens dĂ©pensent moinsâ.
Le leader mondial des fromages de substitution vĂ©gĂ©taliens est la sociĂ©tĂ© grecque Violife, dont les produits sont exportĂ©s dans plus de 60 pays, notamment aux Ătats-Unis, au Royaume-Uni, en Allemagne et aux Pays-Bas. L'une des raisons de son succĂšs, selon Victoria Slater, responsable de Violife pour l'Europe du Nord, est que la marque, dont les produits sont fabriquĂ©s Ă partir d'amidon de noix de coco, est "trĂšs adaptable aux diffĂ©rentes demandes rĂ©gionales" telles que âle halloumi Ă Chypre, le manchego en Espagne, et le cheddar au Royaume-Uniâ.
The Guardian, Can the world feed 8bn people sustainably?, 15/11/2022
Tout dâabord un constat : nous produisons actuellement assez d'aliments pour nourrir ces 8 milliards de personnes. NĂ©anmoins, la population mondiale devrait atteindre 10 milliards d'ici 2050 et il faut donc dĂ©sormais relever le dĂ©fi d'augmenter la production alimentaire sans exacerber la dĂ©gradation de l'environnement et la crise climatique, qui contribue elle-mĂȘme Ă l'insĂ©curitĂ© alimentaire dans lâhĂ©misphĂšre sud.
Les Nations unies prĂ©voient que la production alimentaire Ă partir de plantes et d'animaux devra augmenter de 70 % d'ici 2050, par rapport Ă 2009, pour rĂ©pondre Ă la demande croissante de nourriture. Or la production alimentaire est dĂ©jĂ responsable de prĂšs d'un tiers des Ă©missions de carbone. Alors que nous venons de passer le seuil symbolique des 8 milliards dâhabitants sur la planĂšte, lâarticle se demande donc sâil est possible de nourrir autant de personnes de maniĂšre durable.
Pour Tim Searchinger, chercheur Ă l'universitĂ© de Princeton, ânous ne pouvons pas rĂ©soudre le problĂšme actuel en passant Ă une agriculture plus intensive, car cela nĂ©cessite plus de terresâ. Au lieu de cela, une refonte Ă chaque Ă©tape de la chaĂźne de production alimentaire, depuis le moment oĂč les graines sont plantĂ©es dans le sol jusqu'au moment oĂč les aliments arrivent sur nos tables sera nĂ©cessaire.
Pour Crystal Davis du World Resources Institute, cela commence par exemple par âmettre un terme Ă la conversion des Ă©cosystĂšmes naturels en terres agricolesâ. Cela peut se faire âen partie en restaurant les terres dĂ©gradĂ©es pour qu'elles retrouvent leur intĂ©gritĂ© Ă©cologique et leur productivitĂ©â. Crystal Davis cite l'initiative 20 x 20, dans le cadre de laquelle 18 pays d'AmĂ©rique du Sud et des CaraĂŻbes, dont l'Argentine et le BrĂ©sil, se sont engagĂ©s Ă restaurer 50 millions d'hectares de terres d'ici Ă 2030. Cette initiative comprend un certain nombre de projets visant Ă introduire des pratiques agroforestiĂšres dans les exploitations de cacao et de cafĂ© en Colombie et au Nicaragua.
Des choses peuvent Ă©galement ĂȘtre faites au niveau des transports car le transport de marchandises contribue de maniĂšre significative Ă l'empreinte carbone des fruits et lĂ©gumes, libĂ©rant presque deux fois plus de gaz Ă effet de serre que le processus de culture. En d'autres termes, pour rĂ©duire l'impact environnemental de la production alimentaire, il va falloir augmenter les produits cultivĂ©s localement.
Par ailleurs, changer les habitudes alimentaires, notamment réduire la consommation de viande, est l'une des solutions les plus nécessaires à la crise climatique, mais c'est aussi l'une des plus controversées et des plus difficiles à introduire. Bamidele Raheem, chercheur à l'Université de Laponie, estime que des changements radicaux dans les habitudes alimentaires pourraient nécessiter un changement de génération.
Enfin, il sâagit de rĂ©duire le gaspillage alimentaire. Selon les Nations unies, on estime qu'un tiers des aliments produits ne sont jamais consommĂ©s. 14 % des aliments sont perdus entre la rĂ©colte et la vente au dĂ©tail, et 17 % sont jetĂ©s par les magasins, les restaurants et les consommateurs. Câest notamment problĂ©matique dans les pays Ă faible revenu oĂč les agriculteurs n'ont pas les moyens de se doter d'installations de stockage sĂ©curisĂ©es et de rĂ©frigĂ©ration. Un exemple de solution pourrait ĂȘtre l'initiative ColdHubs au Nigeria, qui permet aux agriculteurs d'accĂ©der Ă des chambres froides Ă Ă©nergie solaire payantes.
Fast Company, Is regenerative agriculture the future of farming or the next greenwashing fad?, 15/11/2022
Un article assez complet sur un concept qui est de plus en plus Ă la mode dans les mĂ©dias : lâagriculture rĂ©gĂ©nĂ©ratrice (ou rĂ©gĂ©nĂ©rative). Cette derniĂšre a pour objectif de restituer une partie du carbone dans le sol, grĂące Ă diverses techniques qui permettent de retenir le carbone que les plantes capturent naturellement par photosynthĂšse et transfĂšrent ensuite sous terre via leurs racines.
L'expression "agriculture rĂ©gĂ©nĂ©ratrice" a Ă©tĂ© utilisĂ©e pour la premiĂšre fois il y a au moins trente ans par l'Institut Rodale, un organisme Ă but non lucratif spĂ©cialisĂ© dans l'agriculture biologique, mais elle a suscitĂ© assez peu d'intĂ©rĂȘt jusqu'Ă il y a cinq ou six ans.
Le potentiel de l'agriculture rĂ©gĂ©nĂ©ratrice, Ă©galement appelĂ©e parfois "agriculture du carbone" ou "agriculture intelligente face au climat", a suscitĂ© une vague croissante de soutien. De grandes entreprises agroalimentaires ont investi des sommes considĂ©rables dans ce domaine. NestlĂ© a par exemple mis sur la table plus d'un milliard de dollars sur cinq ans pour accroĂźtre le recours Ă l'agriculture rĂ©gĂ©nĂ©ratrice dans sa chaĂźne d'approvisionnement. Unilever s'est associĂ© Ă l'assureur Axa dĂ©but 2022 pour crĂ©er un fonds de capital-investissement d'un milliard d'euros destinĂ© Ă investir dans des projets dâagriculture rĂ©gĂ©nĂ©ratrice. Le gĂ©ant de la chimie BASF commercialise certains de ses produits comme Ă©tant adaptĂ©s Ă une agriculture "intelligente sur le plan climatique". McDonald's investit dans la recherche sur l'agriculture rĂ©gĂ©nĂ©ratrice. General Mills prĂ©voit de dĂ©ployer l'agriculture rĂ©gĂ©nĂ©ratrice sur 1 million d'acres de terres agricoles d'ici 2030. PepsiCo veut porter les pratiques rĂ©gĂ©nĂ©ratives Ă 7 millions d'acres de terres cultivĂ©es d'ici la mĂȘme annĂ©e. Heineken teste des pratiques rĂ©gĂ©nĂ©ratives sur l'orge cultivĂ©e pour sa biĂšre. Et la liste est encore longue. MĂȘme engouement du cĂŽtĂ© des startups : Pitchbook estime que les startups dans ce domaine ont levĂ© plus de 700 millions de dollars dans le monde l'annĂ©e derniĂšre.
Mais Ă mesure que l'agriculture rĂ©gĂ©nĂ©ratrice se dĂ©veloppe, les critiques se demandent si elle n'est pas surestimĂ©e en tant que solution contre le rĂ©chauffement climatique. Certains scientifiques affirment qu'il est peu probable qu'elle permette de rĂ©duire les Ă©missions Ă grande Ă©chelle ; d'autres ne sont pas d'accord. Lâarticle sâinterroge donc : âComment les agriculteurs et les entreprises agroalimentaires doivent-ils aborder cette idĂ©e, et comment les consommateurs peuvent-ils savoir si les allĂ©gations relĂšvent du greenwashing ou si elles sont lĂ©gitimes ?â.
Reuters, World making little progress on food waste, a big climate problem, 15/11/2022
Chaque annĂ©e, le monde jette environ 931 millions de tonnes de nourriture, dont la plupart finissent dans les dĂ©charges, oĂč elles se dĂ©composent et produisent environ un dixiĂšme des gaz responsables du rĂ©chauffement climatique, selon les Nations Unies.
Les nations du monde entier se sont engagées en 2015 à réduire de moitié le gaspillage alimentaire d'ici à 2030, mais peu d'entre elles sont sur la bonne voie pour y parvenir, selon des responsables des Nations unies, des organismes de surveillance de la durabilité et des gouvernements interrogés par Reuters.
Parmi les cinq plus grands gaspilleurs de nourriture par habitant (Ătats-Unis, Australie, Nouvelle-ZĂ©lande, Irlande et Canada) les 3 premiers ont mĂȘme augmentĂ© leur gaspillage alimentaire depuis 2015 selon des estimations indĂ©pendantes que leurs gouvernements ne contestent pas (pour lâIrlande et le Canada on ne dispose pas dâinformations fiables). En Nouvelle-ZĂ©lande, par exemple, le pourcentage de nourriture jetĂ©e Ă la poubelle par les mĂ©nages est passĂ© de 8,6 % en 2021 Ă 13,4 % en 2022, selon un rapport du cabinet d'Ă©tudes Katar.
Selon une étude réalisée en 2020 par des chercheurs suisses et indiens, l'Américain moyen gaspille plus de 700 calories de nourriture par jour, soit environ un tiers de l'apport quotidien recommandé. L'USDA, l'Agence de protection de l'environnement et la Food and Drug Administration ont convenu en 2018 de s'attaquer ensemble au gaspillage alimentaire. Néanmoins, l'USDA et la FDA ont déclaré à Reuters n'avoir chacune qu'une personne à temps plein dédiée au gaspillage alimentaire.
Au moins une grande nation semble toutefois avoir réussi à réduire le gaspillage alimentaire : le Royaume-Uni a réduit le gaspillage alimentaire de 27 % entre 2007 et 2018, selon The Waste and Resources Action Programme.
Wired, A Lab-Grown Meat Startup Gets the FDAâs Stamp of Approval, 16/11/2022
Câest une premiĂšre Ă©tape importante qui a Ă©tĂ© franchie pour le secteur de la viande in-vitro aux Etats-Unis. La FDA vient en effet de finaliser le processus de consultation prĂ©alable Ă la commercialisation du poulet fabriquĂ© in-vitro par Upside Foods. Dans le cadre de ce processus de consultation prĂ©alable Ă la mise sur le marchĂ©, les fabricants de denrĂ©es alimentaires fournissent Ă la FDA des dĂ©tails sur leur processus de production et le produit qu'il crĂ©e, et une fois que la FDA est convaincue que le processus est sĂ»r, elle Ă©met une lettre âsans autre questionâ. Câest cette Ă©tape qui a Ă©tĂ© franchie.
Il ne reste dĂ©sormais plus que deux petites Ă©tapes rĂ©glementaires Ă franchir pour Upside Foods avant que la viande cultivĂ©e puisse ĂȘtre mise Ă la disposition du public : les unitĂ©s de production d'Upside Foods doivent encore recevoir une autorisation d'inspection de lâUSDA et les aliments eux-mĂȘmes devront recevoir une marque d'inspection avant de pouvoir entrer sur le marchĂ© amĂ©ricain.
Cette dĂ©cision de la FDA signifie que les produits Ă base de viande cultivĂ©e pourraient bientĂŽt ĂȘtre mis Ă la disposition du public. Toutefois il est peut probable que la viande cultivĂ©e sera largement disponible dans un avenir proche car les installations de production actuelles sont trĂšs petites, et de nombreux acteurs du secteur Ă©mettent de sĂ©rieuses rĂ©serves quant Ă la capacitĂ© de la viande cultivĂ©e en laboratoire Ă rĂ©duire Ă terme la consommation mondiale de viande.
Toutefois, si cette annonce de la FDA ne concerne que Upside Foods, lâarticle affirme quâil est probable que d'autres dĂ©clarations du mĂȘme type suivront bientĂŽt pour le secteur de la viande in-vitro.
Bouffons, #199 - Pizza hawaĂŻenne : l'ananas de la discorde
NĂ©e outre-Atlantique avec la dĂ©mocratisation des boĂźtes de conserve d'ananas, la pizza hawaĂŻenne porte en elle la trace de cette Ă©poque oĂč l'on « hawaĂŻennisait » les plats Ă tout bout de champ afin de leur offrir une dimension « exotique ».
Car au milieu du 19e siÚcle, l'ananas fascine : autrefois onéreux, ce fruit cultivé à Hawaï a longtemps été réservé aux tablées les plus riches avant de finalement débarquer dans les supermarchés d'Amérique du Nord.En ce sens, la pizza hawaïenne est un produit de la mondialisation des mets et des promesses de la grande distribution, bien éloigné du patrimoine culinaire italien.
TantÎt faute de goût ultime, tantÎt transgression revendiquée, la pizza à l'ananas devient le symbole d'une entente impossible entre respectables gourmets et indécrottables gourmands.
Pour discuter de purisme en cuisine et de transgression, de cible facile et de communautĂ©s culinaro-culturelles, Ămilie Laystary tend le micro Ă la doctorante en sociologie de l'alimentation Sophie Thiron qui Ă©tudie la question des normes en matiĂšre de cuisine, l'historien de l'alimentation Pierre Leclercq qui parle du nĂ©cessaire voyage des aliments et l'artisan mĂ©mier AĂŻtor Alfonso alias Sauce Gribiche qui raconte le consensus populaire autour de la haine pour "la moins napolitaine des pizzas".
CGAAR, Ăvaluation du coĂ»t du changement climatique pour les filiĂšres agricoles et alimentaires, 15/11/2022
Le CGAAER a Ă©tĂ© chargĂ© de conduire une mission relative Ă lâĂ©valuation du coĂ»t du changement climatique pour les filiĂšres agricoles et alimentaires. Lâenjeu pour la ferme France est majeur, en termes de souverainetĂ© alimentaire et de coĂ»t dâadaptation.
Les conclusions du rapport sont bien résumées dans cet article de Réussir.
Ainsi, les auteurs du rapport estiment que dâici Ă 2050, « au total, un surcoĂ»t estimĂ© global (charges nouvelles ou manques Ă gagner) de lâordre de 3 milliards dâ⏠par an affectera le modĂšle Ă©conomique de la ferme France et par voie de consĂ©quence sa compĂ©titivité » et la facture se dĂ©compose comme suit :
1 milliard dâeuros par an, pour les surcoĂ»ts liĂ©s Ă lâeau
1 milliard dâeuros par an, pour les surcoĂ»ts liĂ©s Ă lâaugmentation des alĂ©as
2 millions dâeuros, pour le surcoĂ»t de mise au point de diagnostics « climat »
190 millions dâeuros par an pour le conseil
600 millions dâeuros par an, pour renouveler 10% du verger français par an
Le CGAAER formule 3 recommandations :
Poursuivre la recherche et le développement sur la vulnérabilité et la résilience des produits agricoles en France, notamment sur les méthodologies de diagnostics « atténuation carbone » et « vulnérabilité des exploitations ».
Massifier sur le terrain un conseil stratégique en couplant les diagnostics « vulnérabilité » et « atténuation » et le soutenir via, par exemple le PNDAR (programme national de développement agricole et rural) ou un programme type Plan de relance ou PIA4.
Accompagner les agriculteurs dans la transition climatique en poursuivant le soutien financier aux investissements et aux actions mises en Ćuvre suite Ă ce diagnostic par des programmes tels que France Relance.
Le rapport complet est téléchargeable ici.
Un thread intĂ©ressant sur le comportement des consommateurs face Ă lâinflation.


Câest tout pour aujourdâhui.
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A la semaine prochaine!
O. Frey